2 FALOT, OTE adj. est peut-être une adaptation du moyen anglais fal(l)ow « compagnon » ; l'expression gentil fallot de la première attestation (v. 1450, n. m.) correspond à l'anglais good fellow « bon compagnon ». Par ailleurs, un jeu de mots de Rabelais dans le Tiers Livre et la présence d'archers écossais dans la garde des rois de France rendent l'emprunt plausible. Cependant P. Guiraud note la rareté des emprunts à l'anglais au XVe s. ; falot pourrait être mis en relation avec falourde, faloise « tromperie », l'assimilation du plaisant au trompeur étant régulière en français ; le mot viendrait alors du latin fallere (→ faillir) ; le radical fal-, désignant des choses vaines et trompeuses, est d'ailleurs présent dans plusieurs dialectes (Cf. faloter « faiblir », faleu « faible, médiocre » en Normandie, fallot, fallet « trompeur » en Saintonge et dans les Hautes-Alpes). On peut aussi évoquer faffelu (→ farfelu).
❏
Falot est employé comme substantif jusqu'à la fin du XVIIe s. au sens de « plaisant, drôle », avec une nuance souvent défavorable à l'époque classique. Comme adjectif, il était péjoratif au sens de « joyeux » et de « grotesque ». Le sens moderne, « insignifiant et quelque peu ridicule », est relevé au début du XIXe s. (1811-1814, œuvre falote).
FALSIFIER v. tr. est emprunté (1330) au latin médiéval falsificare « fausser, falsifier » (1re moitié XIIe s.), construit à partir de falsus « faux » (→ faux), participe passé de fallere « tromper, échapper à » (→ faillir).
❏
Falsifier, pour « altérer dans l'intention de tromper » (1330), se dit au propre et au figuré.
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Au XXe s., depuis les travaux en allemand puis en anglais de Karl Popper, il est aussi employé en logique (v. 1960), symétriquement à vérifier, par emprunt de sens à l'anglais to falsify qui, en plus des sens français, signifie « prouver la fausseté de » (1449) en parlant d'un énoncé. Le verbe français convenable serait infirmer.
❏
FALSIFIABLE adj. (1580) est surtout utilisé de façon didactique (v. 1960, par emprunt de sens à l'anglais
falsifiable), comme son contraire
INFALSIFIABLE adj. (1867 ; de
1 in-).
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FALSIFIABILITÉ n. f., terme de philosophie des sciences, emprunte (v. 1960) l'anglais
falsifiability (1937).
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FALSIFICATION n. f., emprunté au dérivé latin médiéval
falsificatio (1205), désigne (1369) l'action de falsifier, au propre et au figuré. L'anglicisme, en sciences, est remplaçable par
infirmation.
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FALSIFICATEUR, TRICE n. a été dérivé (1510) d'après le radical du latin falsificatum, supin de falsificare.
FALUCHE n. f., attesté à la fin du XIXe siècle, est pris à un mot régional de Lille, signifiant « galette ».
❏
Assez courant parmi les étudiants dans les années 1950 et 1960, le mot a désigné un vaste béret de velours noir, dont la mode a passé.
?
FALZAR n. m. semble être une formation populaire (Esnault donne plusieurs exemples de la finale -zar en argot de la fin du XIXe siècle, et on peut penser aux quat'zars), mais l'initiale fal- n'est pas expliquée. Dès lors, on peut supposer un emprunt.
❏
Le mot, argotique (1878, écrit phalzar par Jehan Rictus, 1897) est resté vivant pour « pantalon ».
?
FALUN n. m. reprend (1720) un mot dialectal d'origine inconnue. P. Guiraud propose d'y voir un composé de l'ancien français lum, lun « alluvion, limon », issu du latin limus « limon » et « sédiment », et de fale « pâle », falo « jaune clair », variante franco-provençale de fauve*.
❏
L'hypothèse s'appuie sur le fait que le falun est un dépôt sédimentaire calcaire, de couleur jaune pâle.
❏
Le mot, technique ou d'usage régional, a fourni FALUNER v. tr. (1720), d'où FALUNAGE n. m. (XIXe s.), et FALUNIÈRE n. f. (1720), techniques et rares.
FAMA n. m. est un mot mandingue employé en français de cette région d'Afrique (Haut Sénégal, Mali, Guinée...) pour désigner un roi, un chef militaire.
FAMÉ, ÉE adj. dérive (v. 1450) de l'ancien français fame (v. 1160), « bruit qui court, renommée, réputation », du latin fama (mêmes sens) qui se rattache comme le verbe fari « parler » à une racine indoeuropéenne °bhā- (→ fable).
❏
Utilisé avec les adverbes bien (XVe s.), mal (1690) ou des adverbes de sens équivalent, famé qualifiait autrefois des personnes.
❏
Seul
MAL FAMÉ, ÉE ou
MALFAMÉ, ÉE adj. est courant aujourd'hui, pour parler d'un lieu (1831).
◈
FAMEUX, EUSE adj. est emprunté (déb.
XIVe s.,
famose) au latin
famosus « connu, renommé (en bien ou en mal) », dérivé de
fama. Il a gardé le sens du latin et signifie aussi (1730) par extension « remarquable dans son genre » (la valeur positive ou négative dépendant du sens du nom).
◆
L'adjectif a fourni
FAMEUSEMENT adv., peu usité pour « d'une manière remarquable » (1642) et familier (1834) avec une valeur intensive.
■
FAMOSITÉ n. f., formation savante sur le latin famosus (1488), est archaïque.
FAMILIER, IÈRE adj. et n. est une réfection (v. 1240) de famelier (v. 1155), emprunt au latin familiaris « qui fait partie de la maison », d'où par extension « ami, intime », dérivé de familia (→ famille). Le mot a divergé par le sens de famille qui met l'accent sur la parenté biologique.
❏
Au premier sens du latin, l'adjectif (v. 1155) est aujourd'hui vieilli ou littéraire, et le substantif (XIIIe s.) n'est plus en usage. Il reste vivant au second sens (1240, adj. ; 1370, n.) et, par extension, signifie « qui vit habituellement avec qqn » (1530), mais seulement quand on parle des rapports sociaux (relations familières) ou par métaphore. Par extension, familier signifie (v. 1265) « simple, sociable » — c'est-à-dire « libre dans ses rapports, comme dans une famille » ; il en vient à signifier « qui est trop libre » (XVIIe s.).
◆
Ce qui est familier est « ce qui est bien connu » (1580), et familier a le sens figuré (XVIIe s.) d'« usage habituel ». Le mot s'emploie également (1680, adj. ; 1764, n. m.) en parlant de langage avec le sens de « qu'on dit ou écrit naturellement en dehors des relations hiérarchiques, officielles, etc. ».
❏
L'adjectif a fourni
FAMILIÈREMENT adv. (fin
XIIe s.).
◈
FAMILIARISER v. tr., dérivé (1551) du latin
familiaris, ne s'emploie couramment qu'avec un complément de chose (1657) ; en dérive
FAMILIARISATION n. f. (1855).
◈
FAMILIARITÉ n. f., emprunt au latin
familiaritas (de
familiaris), est employé au singulier au sens d'« amitié, intimité » (
XIIe s.) d'où, par extension, « liberté qu'on a avec qqn » (1318) ; de là il est utilisé, au pluriel surtout, de façon péjorative pour parler des façons trop libres qu'on a avec qqn (1690), spécialement avec une femme (1865).
FAMILLE n. f. est un emprunt assez tardif (1337) au latin classique familia, dérivé de famulus « serviteur », mot italique isolé dans l'ensemble indoeuropéen. La familia romaine est étymologiquement l'ensemble des famuli, esclaves attachés à la maison du maître, puis tous ceux qui vivent sous le même toit, maîtres et serviteurs, et sur qui règne l'autorité du pater familias, le chef de famille. Enfin, familia s'applique à la parenté et, en latin médiéval (VIIIe s.) désigne un ménage de serfs.
❏
Famille a mis du temps à s'imposer face aux autres termes usités en ancien français :
parenté, parentage (→ parent), lignée*,
mesnie (dérivé du latin
mansio qui a donné aussi
maison*), terme de féodalité : « ceux qu'unit le lien de vassalité à un seigneur ».
◆
Le mot a eu en français d'Europe et d'Amérique le même développement sémantique que
familia ; avant le
XVIe s., il désigne les personnes vivant sous le même toit et encore souvent les domestiques seuls. L'idée de proche parenté apparaît tard (1580) et ce n'est qu'aux
XVIIIe et
XIXe siècles que le mot évoque à la fois la parenté et la corésidence. Aussi, la
Sainte Famille, en peinture, comprenait initialement sainte Anne et saint Jean avant de se restreindre à la triade formée par l'Enfant Jésus, la Vierge et saint Joseph.
◆
L'évolution sociale a suscité des expressions nouvelles, comme
famille monoparentale, recomposée, etc., où
famille vaut pour « parents et enfants ». La famille au sens traditionnel peut alors s'appeler
famille biologique.
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L'expression des familles, jointe à un nom, semble issue d'une formule commerciale valorisante (Cf. familial) et s'associe souvent à petit, petite dans une expression hypocoristique (un petit gueuleton des familles).
◆
Plusieurs expressions confèrent à famille la valeur de « procréation », par exemple dans attendre famille (français de Belgique) ou, au Québec, être en famille, et familier, partir pour la famille « être enceinte ».
◆
D'autre part, dans les civilisations africaines et donc, en français d'Afrique, le mot recouvre une notion très élargie, parfois précisée, par rapport à l'emploi panfrancophone, avec l'expression grande famille, pour « ensemble des personnes solidaires ayant des liens, non seulement de parenté biologique mais aussi d'alliance, de relations amicales, de patronage ». Cette notion entraîne des valeurs élargies pour des mots comme frère, sœur.
Par extension, famille désigne la succession des individus ayant une origine commune (1611), puis un ensemble de personnes qui présentent des caractères communs (1658) ; de là viennent l'emploi du mot en histoire naturelle (1676) — d'où SOUS-FAMILLE n. f. (1904) — et les sens figurés.
❏
C'est le sens moderne qui fournit l'adjectif
FAMILIAL, ALE, AUX (v. 1830) et son dérivé
FAMILIALEMENT adv. (v. 1950). Mais
familial, dans la langue commerciale, acquiert des valeurs positives avec le sens de « destiné à toute la famille » ; certaines automobiles spacieuses étaient dites
familiales (aussi substantif, vers 1930 et ensuite :
une familiale).
◆
FAMILIALISME n. m. « tendance à exalter le rôle de la famille » et
FAMILIALISTE adj. sont des dérivés récents (v. 1973).
◈
De l'expression
sans famille, diffusée par le roman d'Hector Malot (1878), vient
SANS-FAMILLE n. (1953).
❏ voir
FAMILIER.
FAN n., FANA adj. → FANATIQUE
FANAL, AUX n. m est emprunté (1554) à l'italien fanale « feu placé au sommet d'une tour », en marine (v. 1308), du grec byzantin phanarion « lanterne » ou de l'arabe fanār qui en provient, eux-mêmes du grec classique phanos « lanterne » (→ 1 falot). Le mot s'est écrit phanars (1369), fanar (1372) et phanal (1548, Rabelais). L'hésitation entre le r et le l finaux marque les deux sources. En arabe, la finale nār est en rapport avec l'idée de « feu ».
❏
Fanal a repris le sens de l'italien, sorti d'usage (→ phare) comme celui de « lanterne pour éclairer les lieux publics » (1756) ; le mot désigne (déb. XXe s.) la lanterne servant de signal fixée sur un véhicule.
◆
En français du Sénégal, après s'être appliqué à une grande lanterne de bois et de papier, pour les retraites aux flambeaux, il se dit d'une représentation en bois, en papier, de personnages, promenée en cortège lors d'une fête. Fanal se dit aussi du lieu de tels cortèges.
FANATIQUE adj. et n. est emprunté (1532, Rabelais) au latin fanaticus « serviteur du temple » puis « inspiré », en parlant des prêtres de Cybèle, d'Isis, etc., parce qu'ils se livraient à des manifestations d'enthousiasme ; fanaticus dérive de fanum « temple » (d'où profanus → profane), qui se rattache à une racine italique à valeur religieuse °fès-, fàs-.
❏
Fanatique s'est appliqué à une personne qui se croyait inspirée de l'esprit divin. Par extension, le mot qualifie (1580) qqn qui est animé d'un zèle aveugle envers une religion, une doctrine, d'où l'emploi étendu (1764) pour « enthousiaste, passionné ».
◆
L'abréviation familière FANA adj. (XXe s.), qui a vieilli, n'a que ce dernier sens, mais elle fut utilisée à la fin du XVIIIe s. (1793) pour désigner les royalistes.
❏
FANATISME n. m. (1688) a suivi l'évolution sémantique de
fanatique. Au
XVIIIe s., le mot est opposé à
philosophie.
◈
FANATISER v. tr., d'abord au sens de « faire l'inspiré » (1752,
intr.), a son sens moderne depuis 1793, contemporain de la formation de
FANATIQUEMENT adv. (1769).
◈
FAN n. (1923 ; une première fois en 1909, depuis 1913 à Québec) est un emprunt à l'abréviation de l'anglais
fanatic ; le mot se répand vers 1950 pour « admirateur d'une vedette ».
◆
FAN-CLUB n. m. « groupe de fans », attesté en français dans les années 1970, est emprunté à l'anglais
fan club (1941).
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FANANDEL n. m. est un mot d'argot disparu, en usage au moins depuis 1628 (lexique de Chéreau), repris par Hugo en 1829, et qu'on trouve parfois encore dans les premières décennies du XXe siècle. L'origine provençale, de farandel « tête en l'air », ne convainc pas.
❏
Le mot a désigné un compagnon, dans le milieu des délinquants.
FANCHON n. f. est l'emploi (1828) comme nom commun de Fanchon (1680), diminutif de Françoise.
❏
Le mot désigne un fichu ou une dentelle que les femmes se mettaient sur la tête, les pointes en étant nouées sous le menton. Il reste d'usage régional.
❏
Le diminutif FANCHONNETTE n. f. (déb. XIXe s.) est sorti d'usage.
FANCY n. m. et adj. est un anglicisme, le mot anglais étant une contraction (XVe s.) de fantasy, emprunt à l'ancien français fantasie (→ fantaisie). Employé rarement comme terme de mode et, en français québécois, comme adjectif, pour « capricieux, fantaisiste », le mot est devenu assez courant en français d'Afrique, comme nom, à propos d'un tissu de coton imprimé.
❏
Un composé FANCY FAIR n. f. s'emploie par anglicisme en français de Belgique, et aussi à l'île Maurice, pour « fête (de bienfaisance) ».
FANDANGO n. m. reprend (1756) un mot espagnol (1705) d'origine obscure. On y a vu une altération du portugais fado (→ fado), un dérivé de l'arabe fandura « luth à trois cordes », qui correspond au grec pansoura et, par l'espagnol du Pérou, un mot d'origine quichua.
❏
Fandango, comme en espagnol, est le nom d'une danse d'origine andalouse.
FANFARE n. f. est sans doute d'origine onomatopéique. Cependant, l'espagnol fanfarria viendrait de l'arabe fanfara « agiter ses ailes ». Dans ses premiers emplois (Rabelais), le mot évoque une parade en musique. Dans ce cas, fanfare serait apparenté à fanfaron.
❏
Outre son sens courant (1532, Rabelais) d'« orchestre composé d'instruments de cuivre », il désigne (1587) par analogie, dans un emploi littéraire, un ensemble de bruits éclatants, une démonstration bruyante (→ fanfaronnade). Par analogie visuelle, on parle (XIXe s.) de reliure à la fanfare.
FANFARON, ONNE adj. n. est emprunté (1609) à l'espagnol fanfarrón, formation onomatopéique, comme l'arabe farfâr « bavard, léger » (Cf. aussi l'italien fanfarone « hâbleur »), et peut-être emprunt à l'arabe. Dans cette langue, farfār signifie « léger, inconstant », farfāra « inconstance » et farfāra(t) « girouette ».
❏
Le mot se dit d'une personne qui se vante de sa bravoure, réelle ou supposée.
❏
Le sémantisme « hâbleur » se retrouve dans les dérivés FANFARONNADE n. f. (1598), FANFARONNERIE n. f. (1598), sorti d'usage, et FANFARONNER v. (1642), littéraire.
❏ voir
FANFARE.