FARNIENTE n. m. est introduit sous la forme italienne far niente (1676, Mme de Sévigné), littéralement « ne rien faire », de fare « faire » et niente « rien » (Cf. le français fainéant).
❏
Le mot est employé en bonne part : l'oisiveté agréable s'oppose à la fainéantise.
❏
FARNIENTER v. intr., familier (1899), est sorti d'usage.
L
1 FAROUCHE adj. provient (v. 1200, faroche) de l'altération de l'ancien français forasche (XIIIe s.) par métathèse des voyelles. Forasche était l'aboutissement du bas latin forasticus « extérieur, étranger » (VIe s.), d'où « sauvage », opposé à domesticus et dérivé du latin classique foras « dehors », « au dehors ». Cet adverbe se rattache, comme foris, (→ hors), à une racine indoeuropéenne °dhwer- « porte », la notion étant régulièrement exprimée par des formes signifiant « à la porte ».
❏
Farouche se dit d'un animal non apprivoisé (v. 1200) et d'une personne qui craint les rapports humains (v. 1398), par extension, du comportement, des manières (XVe s.). Le mot s'applique à qqn de rude, qui peut agir avec violence (v. 1398), et à ce qui a un aspect hostile, est sauvage (mil. XVIe s.), notamment chez Hugo. Par extension, il qualifie ce qui se manifeste avec vigueur (1644 ; haine farouche).
❏
FAROUCHEMENT adv. apparaît au
XIVe s. (av. 1380,
ferouchement) mais, rare à l'époque classique, il n'entre dans les dictionnaires qu'au
XXe siècle, après son usage fréquent dans la poésie de Hugo, dep. 1842.
■
FAROUCHERIE n. f., littéraire, n'est attesté qu'au XXe siècle.
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Le composé
EFFAROUCHER v. tr., « effrayer de manière à faire fuir », s'utilise en parlant des animaux (1495), puis des humains (1585) ; il a voulu dire « déplaire à (qqn) » (
XVIe s.) et, à l'époque classique, « irriter (qqn) » (1641 ; v. 1550,
pron.).
2 FAROUCHE n. m., écrit farouch en 1795, est un emprunt au provençal ferouge, lui-même pris au catalan, farratge, et altéré sous l'influence du mot rouge, couleur de la fleur de cette plante. Le mot catalan est issu du latin farrago « mélange de grains », dérivé de far « blé » (→ farine). Le mot FARRAGO n. m. s'est employé (1600, Olivier de Serres : farrage au XIXe s.), au sens propre et, au figuré (1578), pour « mélange confus, fatras ».
❏
Farouche, mot régional, désigne le trèfle incarnat cultivé comme fourrage. De ce sens, vient le titre de l'œuvre surréaliste à quatre auteurs (André Breton, Lise Deharme, Julien Gracq, Jean Tardieu) intitulée « Farouche à quatre feuilles ».
FART n. m. est un emprunt (1904) au norvégien, mot peut-être identique à fart « voyage, vitesse », apparenté à l'allemand Fahrt « voyage, marche ».
❏
Ce terme de ski est le nom d'une substance dont on enduit les skis pour améliorer le glissement.
❏
Il a fourni FARTER v. tr. (1908) dont dérive FARTAGE n. m. (1932).
FAR WEST n. m. est un emprunt (1849) à un mot anglo-américain attesté depuis 1830, composé de far « éloigné » et de west « Ouest ».
❏
Il désigne les États de l'extrême ouest des États-Unis, d'abord les terres situées à l'ouest des Appalaches, ces limites reculant au fur et à mesure de la conquête. Le mot ne s'est répandu en France qu'au début du XXe s. quand la légende du Far West devint un des thèmes favoris du cinéma (avec les westerns).
FASCICULE n. m. est emprunté (XVe s.) au latin fasciculus « petit paquet », spécialement « petit ouvrage littéraire », diminutif de fascis (→ faix, fascisme).
❏
Il a été employé avec le premier sens du latin et a désigné (1532) un chapitre d'un ouvrage littéraire, d'où l'emploi (1793) à propos d'un petit paquet de feuilles, de cahiers formant une partie d'un ouvrage.
◆
Terme de pharmacie (1690), il désignait une quantité déterminée d'herbes.
FASCINER v. tr. est emprunté (XIVe s.) au latin fascinare « faire des charmes, des enchantements », de fascinum « charme, maléfice ». Le latin avait abouti à l'ancien français fesnier, faisnier ; on trouve encore dans l'ouest de la France le verbe fainer « porter malheur ».
❏
Le premier sens d'« ensorceler par un charme » est vieilli ; restent vivants celui de « maîtriser par la puissance du regard » (XIVe s.) et au figuré le sens atténué de « captiver par la beauté, le prestige, etc. » (fin XVIe s.).
❏
En dérive
FASCINANT, ANTE adj. (1834, Balzac).
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Deux mots ont été empruntés à des dérivés latins du supin de fascinare. FASCINATEUR, TRICE adj. et n., attesté au XVIe s. (1550) au sens du bas latin fascinator « celui qui fascine », a été repris au XIXe s. et s'emploie seulement comme adjectif.
◆
FASCINATION n. f. (1488), emprunt au dérivé latin fascinatio, a des emplois analogues à ceux du verbe.
FASCISME n. m. est un emprunt (1921) à l'italien fascismo, mot dérivé de fascio « faisceau », utilisé comme symbole politique en Italie (→ faisceau), du latin fascis de même sens (→ faix).
❏
Le mot a servi à désigner d'abord le mouvement politique fondé en 1919 par B. Mussolini, établi en Italie d'octobre 1922 à juillet 1943. Il s'est employé pour tout système ou doctrine politique de totalitarisme étatique et nationaliste.
◆
Fascisme a pris, à partir des années 1960, des valeurs affectives dans le discours politique ; il s'emploie aujourd'hui pour toute attitude politique ultra-conservatrice et autoritaire souvent réactionnaire, raciste, et, de façon polémique, pour toute doctrine ou comportement opposé à la « gauche » ; plus largement encore, hors de tout contexte politique, il s'utilise pour parler d'une autorité imposée.
❏
FASCISTE adj. et n. (1921), emprunt à l'italien
fascista « partisan du fascisme » (lui aussi dérivé de
fascio), a suivi la même évolution sémantique.
◆
On trouve les formes familières
FACHO (v. 1968, à partir de la prononciation à l'italienne
[faʃist]) et l'altération
FAF, où le second
f est inexpliqué. Ces mots sont passés du sens strict, en rapport avec le fascisme mussolinien, à l'emploi élargi pour « réactionnaire, d'extrême droite ».
◈
Du radical de
fascisme a été dérivé
FASCISER v. tr. (v. 1930) qui a fourni
FASCISATION n. f. (1930, Eluard) et
FASCISANT, ANTE adj. (1936).
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ANTIFASCISTE adj. et n. (1924) et
ANTIFASCISME n. m. (1933) sont d'abord attestés, le second chez Paul Morand, à propos de l'opposition au régime de Mussolini.
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NÉO-FASCISTE adj. et n. (1945) et
NÉO-FASCISME n. m. s'appliquant à des mouvements politiques inspirés par le fascisme mussolinien, qu'ils se revendiquent ou non comme tels.
FASHION n. f. est emprunté (1698) à l'anglais, lui-même emprunt au français façon*, fasoun (v. 1300), faciun qui avait pris les sens de « mode » (déb. XVIIe s.), « gens à la mode » (fin XVIIe s.).
❏
Fashion, attesté isolément pour désigner le ton et les manières du beau monde, a été repris dans un contexte anglais (1819) puis employé avec le sens de « société élégante » (1830). Il est sorti d'usage, comme ses dérivés.
❏
FASHIONABLE n. et adj. désigne une personne élégante (1793) puis s'est employé comme adjectif (1804) et répandu vers 1820 à l'époque du dandysme. Ce dérivé anglais (1607, au sens de « façonnable ») était devenu un terme de mode au début du
XVIIe siècle.
■
On relève chez Th. Gautier le dérivé rare FASHIONABLEMENT adv. (1835).
1 FASTE n. m. est un emprunt de la Renaissance (1540) au latin fastus « orgueil » et « air orgueilleux », mot de la langue écrite, d'origine inconnue.
❏
Le nom désigne le déploiement de magnificence, la pompe, et s'est employé (1554, fast) à l'époque classique au sens de « vaine ostentation ». Il est normalement au singulier mais la forme pluriel (les fastes) est devenue fréquente par confusion avec fastes (→ 2 faste).
❏
FASTUEUX, EUSE adj. reprend (1537) le dérivé latin impérial
fastosus, en bas latin
fastuosus « superbe, dédaigneux » ; il s'applique à une personne qui aime le faste ou à ce qui évoque le luxe (1674). Il s'est employé à l'époque classique pour ce qui s'étale avec ostentation (fin
XVIe s.).
■
Il a fourni FASTUEUSEMENT adv. (1558) et FASTUOSITÉ n. f. (1865), littéraire et rare.
2 FASTE adj., attesté au XIVe s. (v. 1355, fauste) et au XVIe s. et repris au XIXe s. (1838), probablement sous l'influence de fastes (ci-dessous), est un emprunt au latin fastus dans fastus dies « jour où il est permis de rendre la justice ». Cet adjectif latin dérive de fas désignant l'expression de la volonté divine, le droit divin (par opposition à jus « droit humain ») et, par extension, ce qui est licite, juste. Fas se rattache peut-être à une racine °fes-, fas-, à valeur religieuse, que l'on a dans fanum (→ profane), feriae (→ férié, foire). La graphie fauste s'explique par une confusion avec le latin faustus « heureux, favorable », dérivé de favere « être favorable » (→ faveur) ; fauste est attesté chez Rabelais et Baïf au sens latin.
❏
L'adjectif est didactique dans jour faste, terme d'antiquité romaine ; il s'emploie couramment (attesté 1893 Goncourt) pour « favorable ».
❏
FASTES n. m. pl. conserve les sens du latin fasti. Il désigne les tables chronologiques des Romains, d'abord (1488 ; 1570, fastes consulaires) dans le Livre des Fastes, traduction d'un ouvrage d'Ovide intitulé Fasti, et équivaut à « annales » (1620).
❏ voir
NÉFASTE.
FAST-FOOD n. m. et adj. est un emprunt récent (1972) à l'anglais des États-Unis ; le mot, désignant une restauration rapide et à bon marché, et l'établissement offrant ce type de repas, est composé de fast « rapide » et de food « nourriture ».
❏
On a proposé comme équivalents français restauration rapide, restaurant rapide, prêt-à-manger, mais on se sert plus souvent du nom des chaînes, marques déposées en anglais, souvent d'origine américaine. Fast-food s'emploie par figure et péjorativement (v. 1980) pour qualifier ce qui est conçu pour la consommation de masse.
❏
C'est d'après fast-food qu'a été créé en Italie le mouvement de résistance à ce mode de nourriture, appelé SLOW FOOD.
FASTIDIEUX, EUSE adj. est un emprunt (v. 1380) au latin fastidiosus « qui éprouve ou cause du dégoût », dérivé de fastidium « dégoût » et « dédain, mépris », lui-même de fastus « orgueil, morgue » (→ 1 faste). Fastidium a été repris en moyen français sous la forme fastide « dégoût » (du XIVe au XVIe s.).
❏
L'adjectif s'applique à ce qui rebute en provoquant l'ennui.
❏
Il a fourni FASTIDIEUSEMENT adv. (1762), littéraire.
FAT, FATE adj. et n. m. est un emprunt (1534, Rabelais) à l'ancien provençal fat « sot » (XIIe s., provençal moderne « fou »), issu du latin fatuus « qui n'a pas de goût » (→ fade), employé également à propos d'une personne, et par extension au sens de « sot, imbécile ».
❏
L'adjectif équivalait à « sot », d'où son usage à l'époque classique (1661) comme terme de mépris.
◆
En français moderne, il s'applique (déb. XVIIe s., adj. ; 1666, n. m.) à une personne qui a peu d'esprit mais beaucoup de prétention, et se dit spécialement (1834) d'un homme qui se croit irrésistible auprès des femmes. Il a vieilli et est devenu littéraire, sauf dans certains usages régionaux.
❏
FATUITÉ n. f. reprend (v. 1355) le latin fatuitas « sottise », dérivé de fatuus. Le mot conservait à l'époque classique le sens latin ; il désigne la satisfaction de soi-même qui s'étale d'une manière ridicule (v. 1688). Il a vieilli pour parler de l'attitude prétentieuse du fat (1694) ; on relève avec ce sens FATUISME n. m. (fin XVIIe s.) qui a disparu.
❏ voir
INFATUER.
FATAL, ALE, ALS adj. est emprunté (v. 1355) au latin fatalis « du destin », « prophétique », et « fixé par le destin », « funeste, mortel », dérivé de fatum « prédiction », « le destin », et spécialement « destin funeste », « temps fixé pour la vie ». Fatum serait à l'origine une énonciation divine et se rattache, comme fari et le grec phanai « parler », à une racine indoeuropéenne °bhā « parler » (→ fable ; faconde). Il avait abouti à l'ancien français fé « démon » (→ fée), à l'ancien provençal fat « destin », au portugais fado (→ fado).
❏
L'adjectif conserve le sémantisme du latin. Appliqué à ce qui concerne le destin (v. 1355) ou à ce qui est marqué par le destin (av. 1615), il est d'usage littéraire, et s'applique spécialement au moment fixé à l'avance où doit se produire un événement, le plus souvent malheureux.
◆
Fatal à, pour (1640) qualifie ce qui a des conséquences désastreuses et en particulier ce qui est signe de mort (XVIIe s.).
◆
Il s'emploie plus couramment pour « inévitable » (av. 1880).
❏
FATALEMENT adv. signifiait à l'époque classique « par le sort » (dep. 1549) ; il est littéraire au sens de « d'une manière désastreuse » (1852) et courant pour « inévitablement ».
■
FATALISTE n. et adj. désigne une personne qui pense que les événements dépendent du destin (1584) ; le mot, sorti d'usage, a été repris (v. 1730) au moment où apparaît FATALISME n. m. (1724) et a été répandu au XVIIIe s. (Cf. Jacques le Fataliste de Diderot).
◈
FATALITÉ n. f. est emprunté (
XVe s.) au dérivé bas latin
fatalitas « nécessité du destin » et « force naturelle ou surnaturelle par laquelle tout ce qui arrive est déterminé d'avance ». Il désigne d'abord une suite de coïncidences inexpliquées qui semblent manifester une finalité supérieure à l'homme et reprend ensuite (av. 1559) les sens du latin.
◈
FATIDIQUE adj. est emprunté (fin
XVe s.) au latin
fatidicus « qui prédit l'avenir » et « qui indique une intervention du destin », composé de
fatum et de
dicere (→ dire). L'adjectif est didactique au premier sens du latin et courant avec la valeur du second (v. 1850) et comme équivalent de
fatal.
■
Le dérivé FATIDIQUEMENT adv. (1608) est rare.
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FATUM n. m. s'emploie (dep. 1584) avec le sens latin de « destin » dans le vocabulaire didactique ou littéraire.
FATIGUER v. est emprunté (déb. XIVe s.) au latin classique fatigare « faire crever (un animal) » et, par affaiblissements successifs, « accabler », « abattre par la dépense de force », en latin impérial « importuner », « vexer ». Ce verbe dérive probablement de fatis « fente, crevasse », dans l'expression ad fatim dont les éléments se sont joints pour former l'adverbe affatim « jusqu'à crever, éclater » puis « à satiété ».
❏
Fatiguer signifie d'abord « diminuer les forces de (un organisme) », « imposer un effort pénible à (un être vivant) », aussi en emploi intransitif (1549) où il signifie « s'épuiser ». Le pronominal est usuel ainsi que le participe passé adjectivé
FATIGUÉ, ÉE, qui peut avoir des valeurs variées selon les contextes, de la lassitude à l'épuisement. En outre,
fatigué s'emploie en français de Savoie, d'Auvergne, de Provence, par euphémisme, pour « malade »
(Cf. souffrant).
◆
Le verbe a repris aussi (av. 1660) le sens latin « rebuter par l'importunité » et, par figure, a signifié à l'époque classique « chercher à faire céder (la résistance, etc.) » (1669).
◆
Par analogie, il s'emploie en agriculture, par exemple dans
fatiguer un arbre (1752) et par extension dans
fatiguer la terre « la retourner à plusieurs reprises » (1773), d'où
fatiguer la salade (1845).
■
En technique, fatiguer, intransitif, se dit d'une poutre, d'un navire, etc. qui subit des déformations à la suite d'un effort excessif (1756) ou d'un mécanisme (1792) par la même métaphore que peiner.
❏
Le déverbal
FATIGUE n. f. a suivi une évolution parallèle, désignant l'état qui résulte d'un effort excessif (
XIVe s.), un travail pénible (1611), sens demeurés les plus usuels. Il a désigné spécialement le travail des forçats et, à l'époque classique, une source d'ennuis (1666). Il s'emploie également dans le vocabulaire technique (déb.
XXe s.).
◈
Le verbe a fourni également
FATIGANT, ANTE adj. au propre (1668) et au figuré (1666) et le composé
DÉFATIGUER v. tr. (1836).
■
FATIGABLE adj. reprend (1486) le bas latin fatigabilis « qui fatigue » ; ce sens est sorti d'usage. Lié au verbe, il s'applique (1504) à une personne sujette à la fatigue ; de là vient, d'après infatigabilité (ci-dessous), FATIGABILITÉ n. f. (1924).
■
L'adjectif a pour contraire INFATIGABLE adj., emprunté (1470) au latin classique infatigabilis, et qui est passé de l'idée de force inépuisable à celle d'activité soutenue, qui ne faiblit pas.
◆
Ses dérivés sont INFATIGABLEMENT adv. (1486) et INFATIGABILITÉ n. f. (1659), littéraire.
FATIHA n. f., transcription de l'arabe, désigne dans l'islam la première surate du Coran et, par extension, une prière dans certaines circonstances solennelles.
FATMA n. f. inv. reprend (1900) l'arabe Fāṭima, nom de la fille de Mahomet et prénom très répandu parmi les musulmanes.
❏
Dans le contexte colonial algérien, il désignait une femme du Maghreb et spécialement, dans le français d'Afrique du Nord colonisée, une employée de maison arabe (en français d'Algérie, on disait surtout mauresque dans ce sens).
◆
Ces valeurs ont disparu, mais l'argot français de France avait repris le mot, avec le même contenu xénophobe que mousmé ou niakoué, au sens général de « femme », qui a vieilli.