FISC n. m., réfection (fin XVe s.) de fisque (1278) en usage jusqu'au XVIIe s., est un emprunt au latin fiscus « panier pour recevoir l'argent », d'où au figuré « trésor public » (→ faisselle).
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Le mot a désigné le trésor de l'État, du souverain et est aujourd'hui, depuis le XVIIe s. (attesté 1690), le nom courant de l'ensemble des administrations chargées des impôts.
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FISCAL, ALE, AUX adj. (1461), rare avant le XVIIIe s., est emprunté au latin impérial fiscalis (de fiscus) et a donné FISCALITÉ n. f. (1749), « régime des impôts », FISCALEMENT adv. (1791), FISCALISTE n. (mil. XXe s.) et le verbe FISCALISER v. tr. (mil. XXe s.), d'où FISCALISATION n. f. et DÉFISCALISER v. tr., mots techniques.
FISSA adv., est l'un des emprunts oraux faits à l'arabe dialectal d'Algérie par l'armée coloniale française. Sans doute employé en français avant 1870, il est attesté par écrit à partir de 1909. En arabe, il signifie « dans l'heure ».
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Le mot s'emploie pour « vite ». Il est usité aussi en interjection et dans faire fissa « se dépêcher ».
FISSILE adj. est emprunté (1566) au latin fissilis « qui peut être fendu », dérivé de fissum, supin de findere (→ fendre).
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Le mot, isolé au XVIe s., est repris au XVIIIe s. en minéralogie au sens de « qui tend à se fendre ». L'emploi du mot en physique (v. 1950), appliqué à des éléments chimiques susceptibles de subir la fission nucléaire, est emprunté à l'anglais.
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FISSION n. f. est aussi emprunté à l'anglais, pour désigner la rupture d'un noyau d'atome (1942 ; v. 1940 en anglais), sens répandu après 1945. L'anglais
fission emprunte le latin
fissio, -onis « action de fendre », de
findere, et a été utilisé d'abord en biologie (1841) pour « division cellulaire par scissiparité », sens passé en français plus tard (attesté 1938).
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Fission a fourni en physique (v. 1950) FISSIBLE adj., synonyme de fissile, et FISSIONNER v.
FISSURE n. f. est une réfection (v. 1500) de fixure (1314), emprunt au latin fissura, de fissus, participe passé de findere « fendre », dont il garde le sens de « fente, crevasse » ; rare avant le XVIIIe s., il s'emploie aussi au figuré (v. 1770), comme brèche, rupture.
❏
FISSURER v. tr. (1610), repris au
XIXe s., s'utilise au propre et au figuré (fin
XIXe s.) et a fourni
FISSURATION n. f. (1834).
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Le composé
MICROFISSURE n. f. est un terme de géologie (v. 1968).
FISTULE n. f. est un emprunt (1314), d'abord sous la forme latine (XIIIe s.), au latin fistula « tuyau (d'eau), conduit », d'où « flûte de Pan », utilisé aussi comme terme de médecine pour désigner un canal anormal donnant passage à un produit physiologique.
❏
Fistule demeure un terme de médecine.
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Il a servi à former FISTULISATION n. f. (1896 ; 1878, fistulation). FISTULEUX, EUSE adj. est emprunté (1490) au latin classique fistulosus, FISTULAIRE adj. (XVe s.) au bas latin fistularis, et FISTULAIRE n. f. (1803) au latin classique fistularia, pour nommer un poisson très allongé au museau tubulaire, dit aussi bouche en flûte.
FIVÈTE n. f. est l'acronyme, répandu dans les années 1980, de fécondation in vitro et transfert d'embryon, la fécondation elle-même s'exprimant par le sigle F. I. V. (1983).
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Dans cette technique, un ovule est prélevé, fécondé in vitro et replacé dans l'utérus.
FIX ou FIXE est apparu dans l'argot de la drogue (1971) comme emprunt à l'anglais fix « piqûre », à côté de shoot.
❏
Le mot s'applique à la piqûre d'héroïne, d'où SE FIXER v. pron. (1975) et FIXETTE n. f. (Cf. piquouse), au figuré « obsession » (de idée fixe).
FIXE adj. est un emprunt (v. 1265, fix) au latin fixus, participe passé de figere « enfoncer » (→ 1 ficher) et au figuré « attacher ».
❏
Fixe a été utilisé en alchimie (v. 1265), appliqué à un gaz qu'on ne pouvait liquéfier. Il s'emploie pour qualifier ce qui ne change pas de position (XIVe s., des étoiles) et en parlant du regard (1680). De là, l'interjection fixe ! (1845) comme commandement militaire et le sens « établi d'une manière durable dans un état déterminé » (1835), par exemple dans beau fixe, au propre et au figuré, ou dans la locution idée fixe « dont on ne peut se détacher » (XIXe s.).
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Par ailleurs, fixe s'applique (1690) à ce qui est réglé d'une façon définitive (revenir à date fixe) d'où le sens de « régulier », comme dans revenu fixe (1844, n. m.).
❏
FIXER v. tr., autrefois « taxer (qqn) » (1330), a eu une évolution sémantique parallèle à celle de
fixe. Fixer, c'est « établir d'une manière durable dans une position déterminée », d'où
fixer les yeux (sur qqn, sur qqch.) [
XVe s.] et par extension
fixer qqn (1760).
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Le verbe signifie aussi « déterminer qqch. » (1672 ;
fixer un rendez-vous) et « établir d'une manière durable dans un état déterminé » (1690), d'où son utilisation en photographie (1895). Avec un complément nom de personne,
fixer signifie « faire qu'une personne ne soit plus inconstante, qu'une chose ne soit plus changeante » (1878 ; 1680,
se fixer à).
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Fixer a une nombreuse dérivation.
FIXATION n. f. (1432, en alchimie ; repris au
XVIIe s.) a le sens général d'« action de déterminer, de régler » (1669) et celui d'« action de fixer » (1862). De là le sens de « dispositif servant à fixer » (1879) spécialisé en ski et diverses acceptions didactiques (1923, en psychanalyse).
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FIXEMENT adv. (1503) ne s'utilise couramment qu'avec des verbes comme regarder.
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FIXITÉ n. f. (1603) s'emploie pour parler du regard ou de ce qui est constant.
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FIXISME n. m. (1922 ; 1894 en apiculture) et son dérivé FIXISTE adj. et n. (1931 ; 1878, en apiculture) sont des termes didactiques (histoire des sciences) concernant les théories qui défendaient, après Cuvier, la fixité des espèces vivantes, s'opposant au transformisme, à l'évolutionnisme.
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Les autres dérivés du verbe sont des termes techniques :
FIXABLE adj. (v. 1516, en alchimie, repris 1872),
FIXAGE n. m. (1845),
FIXATEUR, TRICE adj. et n. m. (1824,
adj.) surtout employé comme nom (1865, en photographie ;
XXe s., en biologie) et
FIXATIF, IVE adj. (1803) et
n. m. (1853).
❏ voir
CRUCIFIX.
FJORD ou FIORD n. m. est emprunté (1795) au norvégien fjord « golfe s'enfonçant profondément dans les terres ». Le mot est très ancien, comme le montre la forme archaïque fjorör (ancien islandais).
❏
Le mot s'emploie en géographie pour toute formation analogue mais l'usage courant ne l'applique qu'à la Scandinavie ou à l'Écosse.
FLA n. m. inv. est une onomatopée (1815, écrit ffla) désignant un double coup de baguette frappé sur un tambour et, par extension, évoque (1853, Goncourt) le bruit d'un choc (Cf. flac !). Elle est sortie d'usage.
❏
FLAFLA ou FLA-FLA n. m., familièrement « recherche de l'effet » (1830), est considéré comme un redoublement de fla avec influence du radical de flatter* « louer » (Wartburg).
FLAC interj. est une onomatopée (1464) imitant le bruit de l'eau qui tombe, d'un corps qui tombe dans l'eau ou à plat (1549, faire un flac). L'influence de la famille de flaccus (→ flaque) est probable.
❏
On emploie aussi
1 FLOC interj. (v. 1480), d'où (
XIXe s.)
faire floc, et
FLIC FLAC interj. (1646), qui suggère un clapotement.
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Flac a fourni
FLAQUER v. « jeter violemment (un liquide) » (v. 1560,
tr.) et « clapoter » (1583,
intr.), sens disparus. Le verbe demeure comme terme technique de pêche dans
flaquer la morue « l'ouvrir et l'aplatir » (1872).
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En argot, flaquer signifie (1835) « déféquer », d'où flaquader (1876), et FLAQUANT, ANTE adj. (1893, présent chez Bruant), qui correspond à chiant, pour « ennuyeux » et à l'emploi figuré de flaquer (1896) pour « s'ennuyer ».
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Flaquader a été resuffixé en FLAGADA ! « merde ! » (1917), passé de l'argot des Poilus à l'usage familier comme adjectif pour « mou, fatigué » (1936), alors avec influence de flasque*.
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À part flagada, les mots de cette série, vivants en argot et dans l'usage vulgaire au XIXe et au début du XXe siècle, ont disparu vers 1920-1930.
FLACON n. m. est issu (1260, flascon) du bas latin flasco « bouteille pour le vin », qui représente le germanique °flaska « bouteille clissée » (Cf. allemand Flasche).
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Le mot a d'abord désigné une bouteille et désigne (1314) un récipient plus petit, de forme non cylindrique et par extension (1690) certains récipients de verre.
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Le mot a fourni des termes techniques, comme FLACONNAGE n. m. (1894), FLACONNIER n. m. (1907).
❏ voir
2 FLASQUE.
FLAGELLER v. tr. est un emprunt (v. 1350), précédé par la forme latine flagellar (v. 980), au latin impérial flagellare « battre avec le fléau » et « fouetter », aussi « agiter », dérivé du classique flagellum « fouet », diminutif de flagrum (→ fléau). Flagellare avait abouti par voie orale à flaeller (XIe s.), encore en usage au XVe siècle.
❏
Flageller garde le sens latin de « fouetter », notamment dans le contexte des punitions religieuses, et signifie, au figuré et littéraire, « attaquer violemment » (1835), et « traiter durement » (mil. XIXe s.).
❏
En dérivent
FLAGELLATEUR, TRICE n. et adj. (1587) et
FLAGELLANT, ANTE adj. (1598,
frères flagellants) et
n. m. (1694) « membre d'une secte religieuse (
XIIIe et
XIVe s.) qui se flagellait en public ».
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FLAGELLATION n. f. reprend le dérivé latin chrétien flagellatio ; le mot a signifié « action de battre le grain » (1282) ; rare avant le XVIIe s., il désigne l'action de flageller (1382) et de se flageller (1770).
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Ces mots sont entrés dans le vocabulaire des perversions érotiques, avec les préfixés AUTOFLAGELLATION n. f., s'AUTOFLAGELLER v. tr., attestés en 1978 et 1982, au sens figuré de « autocritique excessive et complaisante », le sens concret pouvant entrer dans le vocabulaire du masochisme (mais flagellant correspondait déjà à ce contexte).
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FLAGELLE n. f. (1910) ou
FLAGELLUM n. m. (1873 ; 1868, en allemand), emprunt savant au latin, est un terme de biologie.
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De là FLAGELLAIRE adj. (1834) et FLAGELLÉ, ÉE adj. (1878) et n. m. pl. en zoologie.
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FLAGEOLER v. intr. apparaît au milieu du XVIIIe s. (1752), antérieurement (1604) sous la forme flaioller. Le mot, d'origine incertaine, pourrait être un dérivé de flageolet « flûte à bec » au sens ancien de « jambe grêle » (→ 1 flageolet), mais cet emploi n'est attesté qu'au XIXe s. ; un ancien verbe flageoler (XIIIe s.) « jouer de la flûte » (→ flagorner) a disparu. P. Guiraud propose de le rapprocher de l'ancien français flaeller « être agile, palpiter », du latin impérial flagellare « battre avec le fléau » (→ flageller), d'où « agiter ».
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Du sens d'« avoir les jambes qui tremblent », on passe par figure à celui de « prendre peur » (XXe s.).
❏
De flageoler dérivent FLAGEOLANT, ANTE adj. (1833, G. Sand) et FLAGEOLEMENT n. m. (1894, Goncourt).
1 FLAGEOLET n. m. est le diminutif (1230, flajolet) de l'ancien français flajol, flageol « flûte » (v. 1160), issu d'un latin populaire °flabeolum, dérivé du bas latin flabrum, du classique flabra, pluriel neutre signifiant « souffles (du vent) », de flare, flabellare « souffler ». Ce verbe se rattache à la racine indoeuropéenne °bhl- « souffler » (→ enfler, souffler).
❏
Flageolet « flûte à bec » a eu par analogie de forme le sens de « jambe grêle », attesté seulement au XIXe s. (1813) mais qui serait plus ancien s'il a servi d'origine à flageoler (voir ce verbe).
2 FLAGEOLET n. m., d'abord dans l'expression haricot flajolet (1813 en français général), est attesté régionalement depuis 1705 sous les formes flajolet, flageolle. Le mot vient peut-être d'un croisement entre fagiuolo (XIVe s.), emprunté à l'italien, et flageolet « flûte », par allusion aux propriétés flatulentes du haricot. Pour P. Guiraud, le recours à l'italien est inutile ; le croisement serait entre le nom de l'instrument et une forme régionale, soit le picard fageolet (diminutif de fageole), issue d'un latin populaire °fabeolus (de faba ; → fève), soit le franco-provençal fageolle, de °fabeola (Cf. dans l'Ain fajoula, dans le Rhône fiageola « petite fève ») [de faba]. On évoque aussi le latin phaseolus, variante de phaselus « haricot », emprunt au grec phasêlos (→ fayot), d'où l'ancien provençal falzol, l'italien fagiuolo.
❏
Le mot aurait donc désigné une variété de fève, avant d'être appliqué au légume d'origine américaine qui a progressivement remplacé la fève (→ haricot).
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FLAGORNER v. tr. est un mot d'origine incertaine (1464). On l'a rapproché de l'ancien français flageoler (XIIIe s.) « jouer du flageolet » et « dire des sornettes », « tromper » ; on y a vu un croisement entre flatter* et corner « souffler dans un cor » mais aussi « répandre une nouvelle avec insistance ». P. Guiraud suggère une composition à partir du moyen français flaer « souffler » (issu du latin flare ; → 1 flageolet) et « corner ».
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Flagorner a signifié « bavarder » (1464), « dire à l'oreille » (XVe s.). Il a pris la valeur spéciale de « flatter bassement » (1562) qu'il a conservée et a été utilisé dans la locution flagorner aux oreilles « rapporter des nouvelles avec malice ».
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Du verbe dérivent FLAGORNEUR, EUSE adj. (v. 1440) et FLAGORNERIE n. f. (1582, « mensonge »).
FLAGRANT, ANTE adj. est un emprunt (av. 1413) au latin classique flagrans « brûlant, enflammé », du participe présent de flagrare « flamber », utilisé au figuré (« visible et immédiat comme le feu ») en bas latin juridique dans la locution flagranti crimine « en flagrant délit ». Flagrare se rattache comme fulgur (→ foudre) à une racine indoeuropéenne °bhleg- « briller ».
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L'adjectif s'applique à ce qui est commis sous les yeux de la personne qui le constate, en parlant d'un délit (av. 1413, faict flagrant), d'où flagrant délit (av. 1615) abrégé plus tard en argot (1935) en FLAG ou FLAGUE n. m. Par extension (av. 1850), l'adjectif qualifie ce qui n'est pas niable.
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FLAGRANCE n. f., terme de droit (1611) repris au XIXe s., est demeuré rare.