L FLAQUE n. f. est la réfection (1564) de flasque (fin XIIIe s.) qui représente la forme picarde de flache « lieu plein d'eau et de boue » (1341), substantivation de l'ancien adjectif flache « mou, creux ». Il s'agit du féminin de flac (v. 1180), issu du latin flaccus, de même sens. Cet adjectif, probablement indoeuropéen, a un dérivé flaccidus qui est à l'origine de 1 flétrir et a donné le mot didactique FLACCIDE adj. « flasque » (1611) d'où FLACCIDITÉ n. f. (1756). Dans le nord de la France, flache a pu être rapproché du moyen néerlandais vlacke « étang maritime ».
❏  Flaque désigne une petite nappe de liquide stagnant. Dans le Centre, on emploie encore le mot pour « creux dans une route ».
❏  FLACHE n. f. reste d'emploi régional (Rimbaud l'utilise) et a aussi des sens techniques.
De l'ancien flache « mou » dérive FLACHERIE n. f. (1870-1871), nom d'une maladie mortelle des vers à soie, qui les rend flasques.
❏ voir 1 FLASQUE.
FLAQUER → FLAC
FLASH n. m. est emprunté (1923 ; 1918 comme mot anglais) à un nom anglais signifiant « éclair, lueur soudaine » (1566), du verbe to flash d'origine onomatopéique.
❏  Terme de cinéma (1923) d'après un emploi récent de l'anglais flash (1913), flash « éclair » est pris au sens temporel (Cf. en français une guerre éclair), désignant une scène rapide d'un film. Par extension, il équivaut à « courte nouvelle transmise en priorité » (1939) et, spécialement, à « bref compte rendu » (à la radio, à la télévision). Dans le domaine photographique (v. 1950), il signifie « éclair lumineux » (l'anglais emploie flashlight, 1890).
■  Par réemprunt à l'anglais, flash se dit (v. 1973) d'un état de plaisir provoqué par la drogue d'où FLASHÉ, ÉE adj., FLASHER v. intr. (v. 1980) et FLASHANT, ANTE adj. « qui fait flasher ». Flasher a plusieurs emplois : « être séduit par qqch. » (flasher sur...), « produire un flash, un éclair » et, pour un radar « repérer un véhicule en excès de vitesse ». Un réemprunt à l'anglais flashy « voyant, criard » existe sous la forme FLASHY adj.
❏  FLASH-BACK n. m. s'est introduit dans le vocabulaire du cinéma (1923) pour parler d'un retour en arrière dans un film — par extension dans un récit (1955). Le mot est composé en anglais de flash et back « en arrière ».
FLASH BALL n. m. est le nom d'une marque déposée, formée de deux mots anglais, flash et ball au sens de « balle de fusil ». Ce faux anglicisme désigne (années 1990) un type d'armes à balles souples, supposé non létal et utilisé pour la répression policière.
1 FLASQUE adj. serait selon Bloch et Wartburg une simple variante de flaque* (1421), le s ayant été prononcé pour rendre le mot plus expressif. Pour rendre compte de ce s, P. Guiraud suggère l'existence de dérivés gallo-romains de flaccere « devenir mou » (dérivé de flaccus → flaque) sous les formes °flaccitare, °flaccicare ; on connaît plusieurs variantes de flasque : flac, flache, flaque, flacque encore au XVIe siècle.
❏  Flasque est utilisé d'abord en parlant de l'eau, probablement au sens de « stagnant » (1421). Aujourd'hui il se dit (1540) d'une personne sans force morale, d'un style « mou » et qualifie (1592) ce qui manque de fermeté.
❏ voir FLAGADA (art. FLAC).
G 2 FLASQUE n. f. réfection (XVIe s.) de flaische (v. 1200), flaske (1322), vient probablement, comme flacon, du bas latin flasco « bouteille pour le vin » (aussi flasca, VIIe s.), dérivé du germanique *flaska.
❏  Il a désigné une bouteille (1322), aujourd'hui (1872) un petit flacon plat.
Le sens ancien de « poire à poudre » (1535) est un emprunt au catalan flasco, de même origine.
G FLATTER v. tr. vient (v. 1165, flater) d'un francique °flatjan « passer le plat de la main », de °flat « plat » (Cf. l'ancien haut allemand flaz, l'anglais flat) ; l'ancien français avait aussi le verbe flater, flatir « jeter à plat » (v. 1155).
❏  Flatter, d'abord au figuré, a signifié « chercher à tromper en déguisant la vérité » d'où à l'époque classique se flatter « se bercer d'illusions » (av. 1559), aujourd'hui flatter qqn de qqch. « laisser qqn faussement espérer » (1669). Par extension flatter signifie « louer excessivement ou faussement (qqn) pour le séduire » (1200), d'où vient le sens de « faire paraître plus beau que la réalité » (1667) et se flatter « tirer orgueil de » (1661).
■  Flatter signifie concrètement (XVe s.) « caresser avec le plat de la main » d'où, par extension et sorti d'usage, « manier (qqch.) avec douceur » (1532), spécialement à l'époque classique « apaiser une douleur morale » (1580) et « traiter (qqn) avec trop d'indulgence » (1580), aujourd'hui « encourager avec une complaisance blâmable » (XVIIe s.). ◆  Par extension, le verbe correspond à « affecter agréablement les sens » (1550 Ronsard) et « causer une vive satisfaction » (1643).
❏  Les dérivés FLATTERIE n. f. (1265), qui désigne la qualité de flatteur et (une flatterie) une parole flatteuse, et FLATTEUR, EUSE n. (1342), resuffixation de flateour (1220), aussi adjectif (1558 ; mil. XVe s., flateresse), ne s'utilisent pas à propos de caresses mais seulement en parlant de louanges. L'adjectif est souvent employé en négation (ce n'est pas flatteur). ◆  Il a servi à former FLATTEUSEMENT adv. (1552).
FLATULENT, ENTE adj. est un dérivé savant (1575), peut-être sur le modèle de féculent, du latin flatus « souffle, vent » et « gaz accumulés dans l'intestin », nom dérivé de flare « souffler » (→ enfler).
❏  L'adjectif est un terme de médecine, qualifiant les gaz intestinaux.
❏  Son dérivé FLATULENCE n. f. (1747) appartient au même usage.
■  Avec d'autres suffixes, FLATUEUX, EUSE adj. (1538) qui correspond au latin médiéval flatuosus (XIVe s.) et FLATUOSITÉ n. f. (1552) sont plus rares.
FLAVESCENT, ENTE adj., est tiré de l'adjectif latin, participe présent de flavescere « jaunir », de flavus « jaune ».
❏  Ce mot très littéraire (1831) signifie « qui tire sur le jaune ».
❏  Du même radical latin, FLAVINE n. f. (1878) désigne en biochimie un pigment jaune qui intervient dans les processus d'oxydoréduction.
■  Le composé RIBOFLAVINE n. f. concerne la vitamine B2, autrement appelée (1952) LACTOFLAVINE.
FLAVEUR n. f. est un emprunt (v. 1970) à l'anglais flavour, du même radical latin fla- que le français fleurer « sentir », croisé avec savor. → saveur.
❏  Ce mot didactique de gastronomie désigne la sensation complexe que procure un aliment sur le goût et sur l'odorat. Cf. bouquet.
L FLÉAU n. m. est l'aboutissement (XIIIe s.) de flaiel (fin Xe s.), flael (XIIe s.), formes issues du latin classique flagellum « fouet » et au figuré « calamité » (diminutif de flagrum « fouet », sans origine connue) ; il se spécialise en bas latin (IVe s.) au sens d'« instrument à battre le blé », de « punition (venue de Dieu) » et de « peine » en latin chrétien.
❏  Fléau a repris ces deux valeurs du latin. Il est d'abord attesté au figuré, au sens de « peine » (fin Xe s.) et désigne encore depuis le XVIe s. (1580) une personne ou une chose funeste qui semble être l'instrument de la colère de Dieu, d'après le latin flagellum domini « fléau de Dieu », notamment employé à propos d'Attila. ◆  Depuis l'ancien français, fléau désigne l'instrument servant à battre les grains de céréales (1178), ainsi qu'une arme de guerre de forme analogue, dite fléau d'armes (v. 1130). Le mot s'applique aussi (1549) au levier d'une balance.
G 1 FLÈCHE n. f. est probablement issu (fin du XIe s.) d'un francique °fliugika, forme restituée d'après le moyen néerlandais vlieke « penne, arme de trait » et l'ancien bas allemand fliuca « arme de trait », du verbe °fliugon « voler ». Le mot francique se serait appliqué à l'arme de trait, par une métaphore très naturelle. Pourtant P. Guiraud propose de voir dans flèche le déverbal de fléchir*, d'un latin populaire °flecticare, issu du latin flectere « plier » parce que le verbe signifiait aussi « imprimer une direction », la flèche étant aussi ce à quoi on imprime une direction. Quoi qu'il en soit, le mot flèche a éliminé l'ancien français saiete, saete (mil. XIIe s.), issu du latin classique sagitta (Cf. les mots savants sagittaire, sagittal).
❏  Flèche « trait qu'on lance » (fin XIe s.) a pris dès le moyen âge le sens figuré de « ce qui avance en pointe » (1380, flesche ; Cf. attelage en flèche) et plus tard (XVIIe s.) celui de « pointe d'un clocher ». ◆  Par métaphore de la flèche et de l'arc, flèche est employé en géométrie (1690 ; 1553, attestation isolée) au sens de « perpendiculaire abaissée au milieu d'un arc de cercle sur la corde qui le sous-tend ». ◆  L'idée de vitesse se retrouve dans partir comme une flèche et celle de projectile dans les locutions faire flèche (faire flèche de tout bois, 1611, déjà v. 1300, faire flèche du meillor fust) et en flèche ; l'emploi métaphorique (1690) dans les flèches de l'amour, de Cupidon, etc. est vieilli ; au figuré (1701), le mot désigne une attaque aiguisée, un trait que l'on lance à la fin d'une conversation (Cf. aussi la flèche du Parthe), par allusion aux Parthes qui tiraient en fuyant. ◆  Par analogie, le mot désigne un symbole représentant une flèche notamment pour indiquer une direction (1853), d'où les dérivés flécher, fléchage (ci-dessous). ◆  L'argot a exploité l'idée de « flèche de direction », ainsi que celle de l'attelage en flèche, avec des chevaux placés l'un derrière l'autre, dans l'emploi de flèche pour « équipier d'un policier » (d'où faire flèche « faire équipe »), et « personne intelligente et habile » (où la rapidité de la flèche est en cause), avec une valeur proche de celle de l'argot une épée. Ne pas être une flèche « être médiocre » est entré dans l'usage familier (années 2000).
❏  FLÉCHETTE n. f. diminutif de flèche, est employé au propre (1895) et au figuré (1896). Le mot au pluriel désigne aussi par métonymie le jeu qui comporte des fléchettes lancées sur une cible.
FLÉCHER v. tr. « atteindre d'une flèche » (1573), sens disparu, signifie aujourd'hui « garnir de flèches (un itinéraire) » (av. 1933) et a fourni FLÉCHAGE n. m. (mil. XXe s.) et le participe adjectivé FLÉCHÉ, ÉE adj. (1913, Proust), par exemple dans parcours fléché. ◆  Fléché, adj. a une autre valeur en français du Canada : « orné de motifs en forme de pointes de flèche » (1824), par exemple dans ceinture fléchée.
2 FLÈCHE n. f. représente (2e moitié du XIVe s.) un croisement entre l'ancien picard flec « pièce de lard » (v. 1250), emprunté au moyen néerlandais vlecke, et l'ancien français fliche (v. 1175). Ce dernier mot est une réfection du normand flique, issu de l'ancien nordique flikki se rattachant à un type germanique °flaiskoz, comme l'anglais flesh et l'allemand Fleisch « chair ». L'influence de 1 flèche, s'agissant d'une pièce allongée, n'est pas exclue.
❏  Ce terme technique désigne une pièce de lard levée sur le côté du porc.
3 FLÈCHE n. m., ancien mot d'argot en usage après la guerre de 1870 et encore connu après 1950, semble être la francisation du slang flatch pour half penny, « demi-penny », verlan de l'anglais half, substantivé en ce sens.
❏  Le mot désignait une petite pièce de monnaie, d'où « monnaie, argent », notamment dans les expressions sans un flèche, pas un flèche, équivalant alors à sou, à rond.
L FLÉCHIR v. intr. est une variante (v. 1160), avec changement de conjugaison, de l'ancien français flechier (v. 1130), issu d'un latin populaire °flecticare, fréquentatif du latin classique flectere « courber, ployer », « faire céder qqn » et aussi « infléchir, diriger » (→ flèche).
❏  Le verbe conserve les sens propre (v. 1175) et figuré (v. 1160) du latin, d'où les emplois pour « cesser de résister » (v. 1190) — aussi fléchir à, encore à l'époque classique — et « diminuer d'intensité, de valeur » (1580). ◆  Par extension il a signifié « modifier (une forme linguistique) par une flexion » (XXe s.), valeur conservée par FLÉCHI, IE adj. (1916).
❏  FLÉCHISSEMENT n. m. est aussi employé au propre (1314, flecissement) et au figuré.
■  FLÉCHISSEUR adj. et n. m. (1575) est un terme d'anatomie, désignant un muscle qui « fait plier ».
❏ voir FLEXIBLE (et FLEXION), INFLEXION (et INFLÉCHIR).
FLEGME n. m. représente (XIIIe s., en ancien liégeois ; 1538, phlegme) une réfection étymologique, par emprunt au latin, de l'ancien français fleume (1256) ou fleugme (1273), du bas latin phlegma « humeur, mucus », repris par la langue médicale au grec phlegma (→ phlegmon).
❏  Dans la médecine ancienne, flegme désignait l'une des quatre humeurs du corps (Cf. lymphe) attachée à un type de comportement (Cf. humeur) et, comme en latin, une mucosité (av. 1593 ; 1510, fleume). Le flegme, humeur froide, correspond à « comportement calme », sens devenu courant (1651, Scarron).
❏  FLEGMATIQUE adj., réfection (1495) de fleumatique (1210), est emprunté au bas latin phlegmaticus, lui-même pris au grec phlegmatikos, dérivé de phlegma. ◆  Le mot s'est employé en médecine et a suivi l'évolution de flegme, prenant (1674) le sens de « calme et froid ». Aujourd'hui détaché de la physiologie des humeurs, flegmatique était autrefois lié à bile (bilieux), atrabile (atrabilaire), sang (sanguin). Culturellement, le flegme caractérisait à l'époque classique les Espagnols, ce caractère passant au XIXe s. aux Britanniques.
■  Il a pour dérivé FLEGMATIQUEMENT adv. (1772).
■  FLEGMATISME n. m. (1946, Mounier) est d'abord un mot didactique de caractérologie.
❏ voir FLEMME ; PHLEGMON.
1 FLEMME n. f. est un emprunt (1821, flème ; fin XVIIIe s., en apposition) à l'italien flemma « lenteur, placidité » (XVIe s.), désignant d'abord l'une des quatre humeurs du corps (XIIIe s.), lui-même emprunté au bas latin phlegma (→ flegme).
❏  En français moderne, le mot signifie familièrement « paresse ».
❏  En dérivent FLEMMARD, ARDE adj. et n. (1874, flémard) sur lequel a été formé FLEMMARDER v. intr. (1905), qui a éliminé FLEMMER v. intr. (1894) dérivé direct de flemme. Le dérivé FLEMMARDISE n. f. (v. 1950) est vivant. ◆  Flemmard a produit l'adjectif 2 FLEMME « paresseux » (1879), encore en usage (ce que tu es flemme !).
Le dérivé plaisant FLÉMINGITE n. f. est formé d'après méningite pour désigner familièrement une paresse « aiguë » comme une grave maladie.
? FLÉTAN n. m. est d'origine incertaine (1554) ; il pourrait être emprunté au néerlandais °vleting, dérivé du moyen néerlandais vlete « sorte de raie » ; ce dernier a été emprunté en français sous la forme flet n. m. (XIIIe s.), nom d'un poisson plat comestible, dont pourrait dériver flétan.
❏  Le mot désigne un grand poisson plat comestible des mers froides, plus connu dans le nord de l'Europe qu'en France : de là l'emploi sporadique de l'anglais halibut pour le désigner.
L 1 FLÉTRIR v. tr. est un dérivé (v. 1120, fleistrir, intr. ; v. 1160, flestrir) de l'ancien adjectif flaistre, flestre « flasque » (XIIe s.), aboutissement oral du latin flaccidus, de même sens, dérivé de flaccus (→ 1 flasque).
❏  Il signifie « faire perdre sa forme, ses couleurs (en parlant d'une plante), sa fraîcheur (en parlant du corps) » ; il s'emploie dès l'origine au figuré, au sens de « faire perdre la pureté » (à un sentiment, etc.).
❏  Le dérivé 1 FLÉTRISSURE n. f. (XVe s., fletrisseure) a des sens parallèles à ceux du verbe.
■  FLÉTRISSEMENT n. m. (1912) s'emploie pour une plante qui flétrit à cause d'une maladie et, à propos de personnes, au sens de « vieillissement » (1935).
G 2 FLÉTRIR v. tr. représente une altération (mil. XVe s., flestrir), d'après 1 flétrir, de flastrir (1250), lui-même de l'ancien verbe flatir « tomber ou jeter par terre » (v. 1175), issu probablement d'un francique °flatjan « passer le plat de la main sur... » (→ flatter), de °flat « plat », radical qu'on retrouve dans plusieurs langues germaniques, notamment l'anglais.
❏  Le verbe signifie d'abord (1250, flastrir) « marquer d'un fer rouge en punition d'un crime », spécialisation liée au droit criminel médiéval. Par extension — et comme l'expression marquer au fer rouge — et par influence de flétrir pour la péjoration, il a pris le sens de « vouer à l'opprobre » (1611, flétrir).
❏  Le dérivé 2 FLÉTRISSURE n. f. a suivi l'évolution sémantique du verbe : « marque au fer rouge » (1404, flastrissure), « grave atteinte à l'honneur » (1611, flestrisseure).
L + FLEUR n. f. est l'aboutissement (XIIe s.) de flor, flur (1080) issu du latin florem, accusatif de flos, floris « fleur » et « partie la plus fine de qqch. » (par analogie, la fleur étant à la sommité de la tige) d'où « partie la meilleure », « partie supérieure » et « surface ». Le radical de ce mot italique apparaît sous la forme *bhlo- dans des dérivés germaniques et celtiques, par exemple le gotique blōma « fleur » (Cf. allemand Blume, anglais bloom).
❏  Fleur reprend (1080) l'emploi initial du latin ; de là viennent le sens de « plante cultivée pour ses fleurs » (1680), fleur artificielle (1865) et de nombreuses locutions : dire qqch. avec des fleurs, couvrir qqn de fleurs, une vie semée de fleurs, etc., être fleur bleue « être sentimental » (dans le langage des fleurs, le bleu pâle exprime la tendresse) ; c'est aussi l'origine d'emplois figurés : comme une fleur « doucement », faire une fleur « accorder une faveur » d'où le sens argotique (1954) de une fleur « cadeau intéressé ». ◆  Fleur de lis (XIIe s., écrit fleur de lys) désignait l'emblème de la royauté (d'où le dérivé FLEURDELISÉ, ÉE adj. [1502], « orné de fleurs de lis »), par exemple, au XXe s., avec le drapeau fleurdelisé du Québec (aussi le fleurdelisé n. m.).
■  Par figure, fleur se dit d'une femme jeune et jolie (par plaisanterie fleur de macadam « prostituée ») et équivaut aussi à « éclat, fraîcheur », valeur aujourd'hui vivante seulement dans en fleur « dans la fraîcheur de la jeunesse » (v. 1360) et dans (à) la fleur de (l'âge, la jeunesse, etc.) [XVe s.]. Par métaphore, fleur se dit en rhétorique d'un ornement poétique (1680). ◆  Fleur signifie aussi « élite » (1080). ◆  Avec la même valeur que bouquet, fleur se dit (depuis les années 1930) pour « gratification, cadeau ». ◆  L'expression comme une fleur (1916) a d'abord la valeur de « comme si les choses allaient de soi, avec naïveté », fleur, appliqué à une personne, impliquant naïveté ou sottise (être fleur, en argot, a voulu dire aussi « sans argent » [vers 1880]). Quant à fleur de nave (1901, Bruant), avec l'idée du « navet », il signifie « imbécile ». Comme une fleur vaut ensuite pour « sans encombre, avec facilité », sans idée péjorative.
■  Au sens spécialisé de « fine farine », fleur est attesté (v. 1119) avant même que n'apparaisse le mot farine. On parle aussi de fleur pour des éléments qui se forment à la surface de certaines substances, la crème, le sel (fleur de sel est à la mode à partir des années 1970). C'est de ces emplois que vient 2 FLEURETTE, en Île-de-France et dans l'ouest de la France, qui désigne la première crème, très fluide, qui se forme à la surface du lait. En apposition, crème fleurette, adopté par le commerce, est courant dans toute la France.
■  Au sens général de « surface », le mot n'est usité que dans la locution prépositive à fleur de (v. 1354), par exemple dans à fleur d'eau (XIVe s., à la fleur de l'eau) et pour parler de la face tannée d'une peau (1611), opposé à poil. Cette acception se retrouve dans affleurer et effleurer (ci-dessous).
■  Par analogie, le mot s'emploie (1611) pour désigner des champignons microscopiques (mycodermes) qui se développent à la surface du vin ou du vinaigre.
❏  Le dérivé 1 FLEURETTE n. f., réfection (v. 1540) de florete (v. 1119), est sorti d'usage au sens de « petite fleur » ; au figuré, il se disait d'un propos galant (1633), sens encore vivant dans conter fleurette (XVIIe s.). ◆  FLEURETER v. intr. signifiait en moyen français (XVIe s.) « voler de fleurs en fleurs ». Son emploi pour « faire la cour, conter fleurette » vient de l'anglicisme flirter* — et non l'inverse, comme on le croit souvent.
FLEURIR v. est une réfection (XIIIe s.) de florir (XIIe s.), d'abord attesté au participe passé dans barbe fleurie (1080), attribut traditionnel de l'empereur Charlemagne dans les chansons de geste. Ce verbe est issu d'un latin populaire °florire, altération du classique florere « être en fleur », au propre et au figuré, dérivé de flos.
■  Le verbe apparaît en emploi métaphorique et signifie « s'épanouir » au propre (v. 1160, intr.) et au figuré à propos des arts, des talents, etc. (v. 1160). Il veut dire également (v. 1180, tr.) « orner de fleurs », aussi au figuré surtout au participe passé (1680, style fleuri).
■  Les dérivés FLEURISSANT, ANTE adj. (1539) et FLEURISSEMENT n. m. (1604 ; déb. XIVe s., florissement) sont littéraires.
■  FLORIR v. intr., rare depuis la fin du XVIe s., ne subsiste au sens de « prospérer » (v. 1160) qu'à l'indicatif et à l'imparfait, dans un usage archaïsant, et surtout dans le dérivé FLORISSANT, ANTE adj. (1530), réfection de flourissant (XIIIe s.), appliqué par extension à ce qui est sain (1849, mine florissante). Le nom d'un orchestre baroque, les Arts florissants, reprenant une désignation du XVIIe s., a redonné au mot une vie culturelle.
■  Le préfixé DÉFLEURIR v. (XIVe s.) s'emploie au propre et au figuré, opposé à REFLEURIR v. (v. 1120).
1 FLEURAGE n. m. désigne (1552) un ensemble de fleurs décoratives sur un tapis ou une tenture.
■  FLEURISTE n. et adj. a désigné dans la langue classique (1658 ; variante floriste, 1634) un amateur de fleurs ; c'est aujourd'hui la personne qui les vend (1680) et son magasin.
FLORAISON n. f. est une réfection d'après le latin (1731) de fleuraison (1669) qui avait été employé par Malherbe, lui-même modification d'après fleur de florison (1575), floroison (XIIIe s., estre en floroison « au comble du bonheur »). Le mot signifie « épanouissement » au propre et au figuré. ◆  Il a pour préfixé PRÉFLORAISON n. f. (1803 sous la forme préfleuraison) qui désigne la disposition des pièces du périanthe (calice, corolle) dans le bouton floral.
1 FLEURER v. tr., terme technique (1832) dérivé de fleur (de farine), signifie « saupoudrer (le pain) de son fin » — d'où 2 FLEURAGE n. m. (1832).
Deux mots apparentés sont formés d'après des dérivés de l'italien fiore « fleur », de même origine que le français.
■  FLEURON n. m., réfection (1312) de floron (1302), reprend probablement le sens de l'italien fiorone ; il désigne un ornement en forme de fleur en architecture (1312), en typographie (1680) ; au figuré (1872) il se dit d'une acquisition de haut prix, à partir du sens de fleur « la partie la meilleure ». ◆  Il a fourni FLEURONNER v. (v. 1440-1475).
■  FLEURET n. m. (1608 ; 1580, floret) est l'adaptation de l'italien fioretto « petite fleur » (déb. XIVe s.) et terme d'escrime, à cause du bouton du fleuret comparé à celui d'une fleur. Le mot désigne l'arme blanche et le sport d'escrime qui l'utilise.
■  Il a pour dérivé FLEURETTISTE n. (1901) et FLEURETTISME n. m. (1911), plus rare.
Le composé AFFLEURER v., de l'expression à fleur de (ci-dessus), s'est employé (fin XIVe s.) pour « effleurer » ; repris en technique, il signifie « mettre (deux choses) au même niveau » (1704, tr.) et couramment « être au niveau de qqch. » (1752, tr.) d'où, au figuré, « émerger, percer » (1845). ◆  Le dérivé AFFLEUREMENT n. m. (1593) s'emploie aussi au propre et au figuré.
EFFLEURER v. tr. (1549 ; esflourée, av. 1236) est sorti d'usage au sens de « dépouiller de ses fleurs » ; il signifie « entamer légèrement la surface de » (1611), de fleur « surface », d'où au figuré « faire une légère atteinte à » (1693) et « toucher légèrement », dans un contexte concret (1578) ou abstrait (1611 ; effleurer un sujet).
■  Son dérivé EFFLEUREMENT n. m. « action d'effleurer ; son résultat » (1578) est assez rare ou littéraire.
❏ voir FIORITURE, FLORAL (et FLORE, FLORILÈGE), FLORÈS, FLORIN ; DÉFLORER, EFFLORESCENCE ; CHOU (CHOU-FLEUR), MILLE (MILLEFLEURS).