FOCAL, ALE, AUX adj. et n. f. est un dérivé savant (1761) du latin classique focus « foyer » (→ feu, foyer) ; on relève en latin médiéval le dérivé focalis « qui concerne le bois à brûler » (1320) et en moyen français tenir focale résidence « avoir feu et lieu » (XVe s., attestation isolée).
❏
Focal s'emploie en physique, sans qu'il y ait un souvenir d'un emploi ancien, et signifie « qui concerne le foyer d'un instrument optique ». Distance focale (1761 au sens mod.) s'emploie aussi en photographie d'où la focale nom féminin pour « longueur focale ». Au figuré, l'adjectif signifie « central » (mil. XXe s.).
❏
FOCALISER v. tr. (1929, sans doute antérieur :
Cf. focalisation) s'emploie en physique et au figuré (1967) pour « concentrer en un point »
(focaliser son attention sur...).
■
En dérivent FOCALISATION n. f. (1877), FOCALISABLE adj., FOCALISATEUR, TRICE adj. (XXe s.), FOCALISEUR n. m. (mil. XXe s.).
◈
FOCUS n. m. est un emprunt du
XVIIe siècle au latin
focus « foyer », puis (
XXe s.) un anglicisme, l'anglais ayant employé ce latinisme dans la langue générale. Doublet savant de
foyer, en optique (1666), puis repris à l'anglais en photographie, pour « mise au point », au figuré pour « gros plan » et enfin, en informatique, « activation d'une zone de l'écran, dans un interface graphique ».
FOEHN n. m. est emprunté (1760, foen ; 1810, feune) au mot suisse allemand föhn, foen, issu du latin favonius « zéphir » (vent d'Ouest), dérivé de favere « être favorable » (→ faveur).
❏
Terme géographique ou régional, foehn désigne un vent soufflant dans les vallées du nord des Alpes. En français de Suisse, le mot s'emploie pour « sèche-cheveux ».
❏
En Suisse, le dérivé FOEHNER v. intr. est usuel.
FŒTUS n. m. est une réfection étymologique (1541 ; 1478, fetus) de fete (v. 1370), emprunté au latin classique fetus (foetus en bas latin) « enfantement », « portée (des animaux) » d'où « nouveau-né » et « génération ». Fetus est un nom d'action, différent de l'adjectif fetus, feta « fécondé », dont le radical fe- se rattache à une racine indoeuropéenne °dhē- « téter » (→ fécond, femme).
❏
Fœtus, mot savant, s'emploie au sens de « produit de la conception, chez les animaux vivipares, quand il commence à présenter les signes distinctifs de l'espèce ». Il est synonyme partiel d'embryon.
❏
En dérive
FŒTAL, ALE, AUX adj. « relatif au fœtus » (1813 ; 1890,
rythme fœtal).
◈
Le composé
FŒTOSCOPÎE n. f., apparu au début des années 1980, désigne une technique d'imagerie du fœtus en vision directe, in utero, par endoscopie.
❏ voir
FAON, SUPERFÉTATOIRE
L
FOI n. f. est l'aboutissement (XIIe s.) par une série de formes intermédiaires : feid (v. 1050), feit, fei (XIIe s.), du latin classique fides « foi, confiance », « loyauté », « promesse, parole donnée » ; le latin chrétien a spécialisé l'emploi du vocable au sens de « confiance en Dieu » ; le mot se rattache à une racine indoeuropéenne °bheidh- « avoir confiance ».
❏
Dès le
XIe s., le mot français apparaît avec ses deux valeurs fondamentales, d'engagement et d'assentiment. Dans un sens objectif,
foi contient l'idée d'engagement, de promesse (1080) ; la
foi dans le système féodal, est le serment de fidélité
(→ fidèle) prêté par le vassal et par extension la cérémonie symbolique qui liait le vassal à son seigneur ; ce sens de « fidélité » vit encore dans
foi conjugale (1636,
foi ; Cf. aussi la locution ancienne [1273] jurer sur sa foi) ; reste aussi la formule d'assertion
ma foi « certes » (fin
XVIe s.), autrefois
par ma foi (
XIIe s.),
sur ma foi, etc.
◆
Au sens de « garantie (résultant d'un engagement) »,
foi est encore employé dans des expressions comme
sur la foi de (qqn, qqch.) [1273],
sous la foi de, sous la foi du serment, faire foi (1283),
en foi de quoi (attesté
XVIIe s.) dans le domaine juridique ; le mot survit aussi au sens de « loyauté » dans
bonne foi (v. 1180) et
mauvaise foi (
XVIe s. ; 1283,
male foi).
Dans un sens subjectif, le mot foi (la foi de qqn en, pour...) signifie « fait de croire (qqn) » — d'où homme de foi (XIVe s.) et depuis l'époque classique ajouter foi à (1541) — cette acception se retrouvant aujourd'hui dans quelques emplois comme digne de foi, et « confiance absolue » (v. 1180), surtout avec le verbe avoir (avoir foi en, dans, mil. XVIIIe s.).
◆
Il s'emploie surtout couramment au sens de « croyance en une religion ». Employé absolument, foi désigne dans le monde occidental les dogmes du christianisme. Par métonymie (1539), le mot désigne la religion elle-même (article de foi, 1632) et s'emploie dans les locutions n'avoir ni foi ni loi (1667), la foi du charbonnier (1656) et, ironiquement, il n'y a que la foi qui sauve.
◆
Profession de foi signifie d'abord « déclaration de sa foi » (1593, Henri IV) puis l'expression se laïcise et correspond à « déclaration de principes ».
◆
Par analogie, foi se dit (1817) de toute croyance fervente, hors d'un contexte religieux (la foi dans la vie). Cependant, l'importance religieuse du mot qui désigne dans le christianisme l'une des trois vertus théologales est toujours sensible dans ses emplois.
❏ voir
FÉAL, FIDÉICOMMIS, FIDÈLE.
L
FOIE n. m. est l'aboutissement (XIIIe s.) du bas latin ficatum, d'abord « foie gras », puis en général « foie », formé sur ficus « figue ». Ficatum est un calque du grec (hêpar) sukôton, littéralement « (foie) de figues » (de sukon « figue »), c'est-à-dire « foie d'un animal engraissé avec des figues ». Le mot grec est resté longtemps connu dans les pays de langue latine et sa prononciation selon les lieux explique la variété des formes romanes issues de ficatum : par exemple, déplacement de l'accent en espagnol d'où higado ; la métathèse des consonnes c et t (°feticum) donne le catalan fétge, le wallon féte. En français, par changement d'accentuation, ficatum devient ficitum, d'où la forme figido (VIIIe s.), puis, par métathèse des consonnes, fidicum, à l'origine du picard fie et de la forme firie, avec changement du -d- en -r- (1080, Chanson de Roland) ; parallèlement, ficatum s'était altéré en °fecatum (ī s'ouvre en ĕ), à l'origine du français feie (XIIe s.) puis foie (XIIIe s.), avec l'évolution habituelle de la prononciation oye-wé-wa. Pour Bloch et Wartburg, l'ancien français fieger « coaguler (du sang) » — plus tard figer, sous l'influence du picard fie — viendrait du type °fecatum, feticum. Pour P. Guiraud, au contraire, ficatum, figatum aurait perdu tout lien avec figue — ce qui est très probable, l'engraissement des oies avec des figues n'étant que méditerranéen — et a été compris comme « sang figé », « sang moulé », par référence aux verbes latins figere « fixer » et fingere « modeler, façonner » (→ figer).
❏
Foie désigne d'abord un viscère humain puis (
XVIe s.) celui de certains animaux
(Cf. la répartition de rognon et rein). Le mot est utilisé dans plusieurs locutions : le foie, organe vital, a été considéré dans de nombreuses cultures comme le symbole du courage et sa perte de couleur supposée comme un signe de peur ; de là viennent
avoir les foies blancs, d'où
avoir les foies (1872 ; v. 1840,
foie blanc « traitre ») « avoir peur »,
donner (ficher, foutre etc.) les foies à qqn. Cependant c'est
cœur, dont
courage est un dérivé, qui assume ce rôle de manière privilégiée en français.
◆
Au sens de « foie d'animal », le mot entre dans de nombreux syntagmes courants :
foie de veau, de génisse, de canard, d'oie, de volailles, notamment dans
foie gras (1690) qui s'applique surtout au foie d'oie et de canard engraissés par gavage, ainsi que dans
pâté de foie qui a des emplois figurés, comme
avoir les jambes en pâté de foie « molles ».
Le mot est resté isolé ; on s'est servi en anatomie, en médecine, de l'élément hépat(o)-, tiré du grec.
L +
1 FOIN n. m. reprend (fin XVe s.) une forme dialectale de l'Est (Bourgogne, Lorraine) issue, comme l'ancien français fein (1re moitié du XIIe s.) ou foens (fin XIIe s.), du latin fenum « foin » ; le mot est peut-être lié (radical fe-) à fetus (→ fœtus), signifiant alors littéralement « produit (du pré) ». La forme fein, fain a été utilisée jusqu'au XVe s. ; l'adoption de foin a pu être facilitée par le fait qu'elle évitait l'homonymie avec faim.
❏
Du sens d'« herbe fauchée (ou destinée à l'être) pour servir de fourrage » viennent des emplois en locutions ; c'est l'idée d'« élément de peu de valeur » qui est retenue dans
bête à manger du foin (mil.
XVIIIe s.) ou celle de « densité », de « tas important » par exemple dans
chercher une aiguille dans une botte de foin (1690) ;
de foin « de pacotille », courant au
XVIe s., était vieilli au
XVIIe siècle.
Rhume des foins (1873,
fièvre des foins) s'emploie couramment pour désigner un type d'asthme.
◆
Dans des expressions comme
avoir, mettre du foin dans ses bottes (fin
XVIIIe s.), le mot, dans un contexte agricole, a voulu dire « argent, biens matériels ». Le sens « argent » est resté vivant en français du Canada.
Faire du foin « faire du tapage » (1903 ; fin XIXe s. « du scandale ») reste inexpliqué. On a évoqué, sans argument décisif, le masculin disparu de fouine, Cf. chafoin. Il est vraisemblable qu'il s'agit d'un mot différent. On comprend mieux l'expression homonyme, en français du Canada, pour « gagner beaucoup d'argent ».
❏
FANER v. tr. (v. 1360) est une altération de
fener (v. 1200), issu d'un latin populaire
°fenare (de
fenum).
◆
Du sens de « retourner un végétal fauché pour le faire sécher » proprement agricole, on est passé à celui de « flétrir » (déb.
XIIIe s.) ; l'emploi intransitif du verbe (
XVIe s.,
fanir, fener) correspond pour le sens à
se faner et à
fané, plus courants dans cette valeur extensive.
◈
Le déverbal
FANE n. f. a désigné le foin (déb.
XIIIe s.), une feuille sèche (1385) ; aujourd'hui,
fane signifie couramment, au pluriel, « tiges et feuilles (laissées après la récolte) » (1690) et « feuille sèche tombée d'un arbre » (1829).
◈
Sur
faner et
fener ont été dérivés des termes techniques d'agriculture :
FANEUR, EUSE n., réfection, d'abord sous la forme
fanour (1402), de
feneor (
XIIe s.) sur
fener, s'emploie aujourd'hui beaucoup moins que
FANEUSE n. f. (1855) « machine à faner ».
■
FANAGE n. m. (1690 ; 1411, fanaige) reprend fenage (1312).
■
FENAISON n. f. (1275, fenoisons) a pris le sens de « époque où l'on fait le foins » et reste le seul mot de la famille à conserver le e de fener et du latin : la variante normalisée fanaison (1762) n'a pas vécu.
◈
FENIL n. m. (
XIIe s.) « réserve à foin » est emprunté au latin
fenile dérivé de
fenum, et reste attaché à l'agriculture traditionnelle.
◈
Le composé
ABAT-FOIN n. m. (1803, en architecture ; de
abattre) est un terme d'agriculture.
■
SAINFOIN n. m. (1572 ; 1549, sainct-foin, par confusion de sain et saint) est le nom d'une plante herbacée utilisée comme fourrage.
❏ voir
2 FOIN.
?
2 FOIN interj. (XVIe s.) est d'origine incertaine ; il représente une altération de fi* ou un emploi particulier de 1 foin dans la locution bailler foin en corne (XVIe s.) « vendre une mauvaise bête » ou « tromper » ; l'expression vient de la coutume de signaler les taureaux dangereux par une touffe de foin liée aux cornes, habitude qu'avaient déjà les Romains : habet fenum in cornu « il a du foin aux cornes » se disait d'une personne dangereuse.
❏
Cette interjection, courante en français classique, marque le mépris ou le dédain ; elle se construit avec de...
L
1 FOIRE n. f. est l'aboutissement (XIIIe s.) de feire (v. 1130), issu du bas latin feria « marché, foire », du latin classique feriae n. f. pl. « jours consacrés au repos » d'où « jours de fête », les foires ayant lieu les jours de fêtes religieuses. Le latin médiéval avait conservé feria pour désigner cette réalité sociale et commerciale (VIIIe s.-IXe s.). Feriae se rattache à une racine indoeuropéenne °fes-, °fas- à valeur religieuse, qu'on ne trouve qu'en italique (→ férie [et feria], férié).
❏
Foire désigne d'abord un grand marché public en milieu rural, tenu à date et lieu fixes, où se vendent des marchandises diverses, des outils, des animaux, spécialement où l'on vend un certain genre d'articles (Cf. foire aux puces, fin XIXe s.) puis, avec le développement de l'industrie, une grande réunion où l'on présente des marchandises, hors du contexte rural (déb. XXe s. on dit aussi foire-exposition). Alors que la foire rurale a de nombreux synonymes régionaux, cette extension est normalisée en français d'Europe. Cependant, le mot s'emploie en français de l'île Maurice pour un marché hebdomadaire.
◆
On a retenu du premier emploi l'idée de « fête » et foire a pris aussi (fin XIXe s.) le sens de « fête locale », généralement annuelle et accompagnée d'attractions diverses, d'où des syntagmes comme un Hercule de foire, et la locution figurée faire la foire « faire la fête » à propos de laquelle on peut évoquer l'ancien français mettre son corps en foire « se prostituer », où foire fait allusion au commerce, à la vente. Dans ce sens et dans le précédent, foire est en relation sémantique avec forain*, qu'il a probablement influencé. Par analogie avec l'animation, le désordre, etc., de la foire, le mot signifie (1922) « lieu bruyant », « tumulte, désordre » en concurrence avec bordel en français contemporain, et, par une métaphore plus voisine, avec cirque, cinéma.
❏
Le dérivé FOIRAIL ou FOIRAL n. m. (1864), altération du provençal fieiral, fieral attesté dès le moyen âge, désigne régionalement (limite sud du domaine d'oïl) le champ de foire.
L
2 FOIRE n. f. est l'aboutissement (fin XIIe s.) par la forme feire (1165) du latin foria « diarrhée », d'origine obscure.
❏
Le mot n'est plus utilisé que dans la locution figurée et familière avoir la foire « avoir peur » (attesté 1865), qu'on rapprochera de avoir la colique, faire dans sa culotte.
❏
FOIRER v. intr. (1576), précédé par le composé intensif
tresfoirier (fin
XIIe s.), ne s'emploie plus qu'au figuré en parlant d'un explosif qui fait long feu (v. 1600), évolution de sens à comparer à celle de
péter*, et par extension dans d'autres domaines au sens de « mal fonctionner » (1865). Dans un contexte abstrait, il signifie « échouer » et, en parlant de personnes, « renoncer » (1886) ; cet emploi est le seul resté courant, dans l'usage familier.
◈
FOIREUX, EUSE adj. signifie d'abord « qui a la diarrhée » (fin
XIIe s.,
foiroux), acception sortie d'usage ; il s'emploie au figuré pour « peureux » (1388 ; repris 1812), en relation avec
péteux, et pour « sans valeur », « qui échoue » (1872 ;
un projet foireux).
■
FOIRADE n. f. au propre (1793) et au figuré (1920) a vieilli, comme FOIRARD, ARDE adj. (1534). FOIRON n. m. « derrière » (1837) est sorti d'usage.
◈
ENFOIRER v. tr. est d'abord attesté au passif et au factitif
(se faire enfoirer), dans le contexte de l'homosexualité passive (1931, dans Chautard). Il s'est aussi employé pour « emmerder ».
ENFOIRÉ, ÉE adj. et n. plus courant que le verbe, est attesté dans l'usage populaire (1905, Chautard) pour « souillé d'excréments » et, semble-t-il plus tard (1928, Lacassagne) pour « homosexuel passif ». Le sens est alors passé de « emmerdé » (concret) à « enculé ». Vulgaire jusqu'aux années 1980, il est alors repris et largement diffusé par Coluche, comme apostrophe neutre ou même amicale, ce qui correspond à une levée des tabous sexuels
(Cf. les emplois positifs, de con, de ma couille, en appellatif), les enfoirés finissant par faire allusion à la solidarité des « restos du cœur ». Le composé est alors démotivé par rapport à
2 foire et
foirer.
❏ voir
ENFOIRÉ.
L
FOIS n. f. est l'aboutissement (XIIe s.) par la forme feiz (v. 1050 ; fin Xe s., ancien provençal vez ; Cf. l'espagnol vez) du latin classique vices, nominatif et accusatif pluriel de vix « place occupée par qqn, succession » (→ vice-), seulement utilisé à certains cas et dans des locutions adverbiales comme (in)vicem « à la place de » puis « au tour de » — d'où l'emploi du mot en latin impérial pour « tour, fois ». Vix se rattache à une racine indoeuropéenne °weik- « céder » (Cf. en germanique °wikon « céder la place, succéder »).
❏
Le mot, employé avec ou sans préposition, marque le degré de fréquence d'un fait (v. 1050, une feiz, soventes feiz ; 1080, ceste feiz). Il entre dans de nombreuses locutions : à cette fois (1080), sorti d'usage, une fois pour toutes (v. 1360), toutes les fois que (1230), à la fois « en même temps » (1530 ; « parfois » en ancien français). Une fois (v. 1170) a une valeur temporelle forte, par exemple dans il était une fois pour commencer les contes de fées (1697, Ch. Perrault) ; une fois que (XIXe s.) correspond à « à partir du moment où » ; des fois pour « certaines fois » (1853), familier, s'emploie dans des formules de protestation (non, mais des fois...).
◆
Fois s'emploie aussi, précédé d'un numéral, pour marquer le degré de grandeur ; le mot sert d'élément multiplicateur (1487) ou équivaut à un superlatif (1661 ; avoir cent fois, mille fois raison).
❏
À partir de
fois ont été formés plusieurs adverbes préfixés.
■
AUTREFOIS adv. (1160, autrefeiz), de autre, signifie « dans un temps passé » ; il est attesté comme nom au sens de « temps passé » (1848 ; on dit encore dans le Sud-Ouest les autrefois pour « autrefois »).
■
TOUTEFOIS adv., formé avec tout (1456 ; toutefois que, 1370, est sorti d'usage), veut dire « en considérant toutes les raisons et malgré elles » ; il a une valeur logique et non plus temporelle.
■
QUELQUEFOIS adv. (1539 ; variante quelquesfois) s'est écrit quelque fois (1490), quelques fois (XVIe s.) ; au sens de « une fois, un jour », il est sorti d'usage. En français moderne, quelquefois s'emploie pour « parfois ».
❏ voir
PARFOIS.
L
FOISON n. f. est issu (fin XIe s.) du latin fusio « écoulement, action de se répandre » (→ fusion), de fusum, supin de fundere « fondre ».
❏
Le mot s'est complètement détaché de son origine. L'emploi de foison au sens de « grande quantité », c'est-à-dire « ce qui se répand », n'est aujourd'hui courant que dans la locution adverbiale à foison (v. 1140, a fuison).
❏
Le dérivé
FOISONNER v. intr. (v. 1160-1170 ; v. 1155,
ne pooir fuisoner « ne pouvoir suffire ») s'emploie au sens d'« abonder » d'où
foisonner en, de (v. 1360). Avec une valeur didactique, il signifie « augmenter de volume » (1864 ; 1771, en cuisine).
■
En dérivent FOISONNANT, ANTE adj. (1551) et FOISONNEMENT n. m. « action de foisonner, son résultat » (1554).
1 FOLIE n. f. représente (1185 dans des noms de lieux) une altération, d'après 2 folie (→ fou), de feuillée « abri de feuillage » (→ feuille) ; on relève en picard des formes anciennes comme foillie, fullie.
❏
Le mot a désigné (1690) une riche maison de plaisance ; le rattachement à 2 folie a été justifié par l'idée de dépense extravagante liée à ces constructions.
FOLIÉ, ÉE adj. est un emprunt du XVIIIe s. (1713) au latin foliatus « garni de feuilles », dérivé de folium (→ feuille).
❏
Il conserve le sens latin en botanique et s'applique aussi (1821) à ce qui a la forme, l'épaisseur d'une feuille.
❏
FOLIACÉ, ÉE adj. (1751) calque un autre dérivé de
folium, foliaceus ; l'adjectif est aussi un terme de minéralogie (1865,
roche foliacée).
◈
Sur
folium ont été formés d'autres termes didactiques, comme
FOLIAIRE adj. (1778) et
FOLIATION n. f. en botanique (1757) et en minéralogie (
XXe s.).
■
Ce dernier a produit DÉFOLIATION n. f. (1801) « chute prématurée des feuilles d'un arbre » ; le mot a pris au XXe s. un sens technique, « destruction artificielle des feuilles d'un arbre » (v. 1965), emprunt à l'anglais des États-Unis defoliation, de to defoliate (Cf. latin defoliare « défeuiller »), en même temps que DÉFOLIANT adj. et n. m. (emprunté à l'anglais defoliant) ; le verbe correspondant DÉFOLIER v. tr. (v. 1965) reprend le latin d'après to defoliate.
◈
FOLIOLE n. f., terme de botanique (1749), est une adaptation du latin scientifique
foliolum (1744, Linné), emprunt au latin impérial
foliolum, diminutif de
folium.
FOLIO n. m. est un latinisme de la Renaissance (1571), mais l'abréviation fol. est déjà employée au milieu du XVe siècle. Le latin folio est l'ablatif de folium « feuille » (→ feuille).
❏
Folio désigne en français un feuillet de registre (spécialt, des manuscrits) et (1757) le chiffre numérotant chaque page d'un livre.
❏
Sur le dérivé
FOLIOTER v. tr. « numéroter (un feuillet, une page) » (1832) ont été formés des termes techniques,
FOLIOTAGE n. m. (1845),
FOLIOTEUR n. m. (1892),
FOLIOTEUSE n. f. (1872), plus courant, et
FOLIOTATION n. f. (v. 1950).
◈
IN-FOLIO adj. et n. m. (1560 comme
adj.), formé avec le latin
in « dans », est un terme d'imprimerie et signifie « dont la feuille d'impression est pliée en deux » ; par métonymie, le mot qualifie un livre in-folio (1688) et est substantivé (1885), recevant dans la langue courante la valeur de « gros livre ancien ». Ce format, le plus grand, est en effet plus répandu dans l'édition ancienne (
XVIe-
XVIIIe s.) que de nos jours.
◈
INTERFOLIER v. tr. est composé (1798, selon Bloch et Wartburg) à partir du latin
inter- (→ inter-) et
folium ; l'anglais
to interfoliate est plus ancien (1696).
◆
D'emploi technique, le verbe signifie « intercaler des feuilles de papier blanc entre les feuillets (d'un livre, d'un manuscrit, etc. à brocher) ».
◆
Il a produit
INTERFOLIAGE n. m. (1873).
FOLKLORE n. m. est un emprunt (1877) précédé par folk-lore (1872 ; folk lore, 1871) à l'anglais folk-lore « science du peuple » (1846), de folk « peuple » (1000), d'un germanique °folkom (Cf. allemand Volk) et de l'ancien mot lore « savoir, connaissance », d'un germanique °laizā (Cf. allemand Lehre, anglais to learn).
❏
Le mot a désigné (1877) la science des traditions populaires d'une région, d'un pays ; dans cet emploi, il est en relation avec l'ethnologie, l'histoire et l'étude des cultures et des traditions populaires. Couramment il se dit (1904) de l'ensemble de ces traditions et, par rejet de ce qui est considéré comme démodé, d'une chose pittoresque mais sans importance (1962 ; sens inconnu en anglais) ; de là vient la locution c'est du folklore « ce n'est pas sérieux ». Dans ce sens, l'apocope suffixée FOLKLO adj. qualifie un comportement fantaisiste, un objet démodé, une chose vieillotte (employé à partir de 1968).
❏
Le dérivé
FOLKLORIQUE adj. (1884) « relatif au folklore, de folklore » a pris familièrement le sens de « peu sérieux » (1963) ; l'abréviation
folklo (v. 1966) n'a que cette valeur figurée.
■
FOLKLORISTE n. et adj. est resté un terme didactique (1882) au sens de « spécialiste des traditions populaires ».
◈
FOLK n. m. et adj. est une forme abrégée (1966) de
folksong (1935, attestation isolée, repris en 1954), mot anglais pour « chanson populaire traditionnelle », de
folk « peuple »
(→ folklore) et
song « chanson ».
Folk désigne en français, d'après l'anglo-américain, une musique traditionnelle modernisée qui s'est répandue aux États-Unis, puis en Europe, à partir des années 1960 ; elle est liée à un retour aux cultures régionales, conjuguée avec l'influence généralisée des États-Unis ;
Cf. rock.
◆
Le dérivé français
FOLKEUX, EUSE n. (1980) désigne le musicien, le chanteur.
1 FOLLICULAIRE n. m. a été tiré (1759) par Voltaire du latin folliculus, diminutif de follis « enveloppe, sac » (→ 2 follicule), avec un jeu de mots sur folium (→ feuille).
❏
Il désigne un journaliste ou un écrivain médiocre, sans talent.
❏
1 FOLLICULE n. m. (1770) « œuvre d'un folliculaire », n'a pas eu le même succès.
2 FOLLICULE n. m. est un emprunt (déb. XIVe s., folicule) au latin folliculus « petit sac » qui s'employait en botanique et en anatomie, diminutif de follis « enveloppe, outre » (→ fou).
❏
C'est un terme didactique utilisé comme en latin en parlant des plantes (déb. XIVe s.) et en anatomie (1560).
❏
En dérivent
2 FOLLICULAIRE adj. (1814) après
FOLLICULEUX, EUSE adj. (1770),
FOLLICULINE n. f. (1932 ; 1827, « infusoire ») désignant une hormone produite par le follicule ovarien, d'où
FOLLICULINIQUE adj. (1951),
FOLLICULINOTHÉRAPIE n. f. (1951), etc.
■
FOLLICULITE n. f. (1836) concerne le follicule pilo-sébacé de la peau et en désigne l'inflammation.
FOMENTER v. tr. est une réfection (1314) de foumenter (v. 1220), emprunt au bas latin médical fomentare, du latin classique fomentum « calmant », au propre et au figuré, « cataplasme », dérivé de fovere « chauffer » ; le mot a déjà le sens figuré de « soulagement » en latin classique. Le verbe latin a des correspondants dans d'autres langues indoeuropéennes.
❏
Au sens médical, « appliquer un médicament chaud », fomenter est vieilli. Il prend des valeurs figurées : « exciter » (v. 1350, fomentir), « faire durer (la paix, l'amitié) » (XVIe s.) à l'époque classique et signifie aujourd'hui (1595) « entretenir, provoquer un sentiment ou une action néfaste ».
❏
FOMENTATION n. f. (1314), emprunt au bas latin
fomentatio « ce qui sert à réchauffer, à soulager », du supin de
fomentare, ne s'utilise qu'au figuré (1542), seulement de façon défavorable (1636), comme
FOMENTATEUR, TRICE n. (1613) ou
FOMENTEUR, EUSE n. (1864).
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Tous les mots de la série sont littéraires et archaïques.