FOOTING n. m. est peut-être un emprunt (1892) à la forme anglaise footing, qui n'existe pas dans cette langue au sens de « marche ou course à pied en terrain libre », mais signifie « position stable, fondement ». Le mot anglais a pu être formé à partir de foot « pied », tiré de foot-ball, mais en français les composés en -ing ont pour racine un verbe. Le verbe to foot (XVIe s.), vu la date de l'emprunt, n'est pas en cause ; on dit to go on foot « aller à pied », « marcher ». Ce pseudo-anglicisme a été quelque peu évincé par jogging.
FOR n. m. est un emprunt (1611) au latin classique forum qui a sans doute désigné l'enclos autour de la maison, puis a pris le sens de « place publique, marché » ; les affaires publiques ou privées se discutaient sur le forum, d'où la valeur de « convention », « tribunal, juridiction » puis, en latin ecclésiastique, « juridiction de l'Église ». C'est de cette spécialisation religieuse que vient le sens figuré de « jugement de la conscience » (Cf. aussi en ancien provençal for « juridiction, loi », et l'espagnol fuera « loi, statut »). Forum se rattache à une racine indoeuropéenne °dhwer- « porte » (où le w aboutit à f) [→ forum].
❏
En histoire, par emprunt à l'ancien provençal, for signifie « coutume, privilège » (XVIe s.), en parlant des régions françaises méridionales. Le mot a désigné une juridiction ecclésiastique (1694) et une cour de justice (1611).
◆
La locution figurée for intérieur (1635 ; aussi for de la conscience) a signifié « tribunal intime de la conscience » ; for ne s'emploie plus aujourd'hui que dans la locution dans (en) mon (ton, son) for intérieur « dans le secret de ma (ta, sa) pensée ».
❏ voir
FUR.
L
FORAIN, AINE adj. et n. est issu (v. 1155) du bas latin foranus « qui dépasse à l'extérieur », d'où « étranger », du latin classique foris « dehors », avec attraction probable de foire (Cf. la forme dialectale foirain). Du même mot latin vient l'ancien provençal foran « étranger » (→ dehors, fors).
❏
Forain s'est d'abord appliqué à ce qui est à l'extérieur (v. 1155, de forain), encore en ce sens au XVIIe s. dans rue foraine « écartée » (dep. XIIe s.) et aujourd'hui dans rade foraine « ouverte au large » (1770). Parallèlement, le mot a signifié (v. 1170) « qui vient de l'extérieur », éliminé au bénéfice d'étranger, aussi comme nom (1179).
◆
Il ne s'emploie aujourd'hui qu'au sens de « qui vend sur les foires, les marchés », les marchands forains étant à l'origine des marchands « venant d'ailleurs » (v. 1400-1417), puis parcourant les villages (1549), aujourd'hui qui installent leur étal sur les marchés et les foires (1757). Par extension, le forain n. m. est celui qui se produit dans une foire (1738, « bateleur »), d'où la spécialisation de l'adjectif dans théâtre forain « de foire » (1836) et dans fête foraine (déb. XXe s.).
FORAMINIFÈRE n. m., composé savant (1820) du latin foramen, -inis « trou, percement d'un trou » et de -fère, désigne en sciences naturelles un protiste marin protégé par un test calcaire percé de trous par où passent des pseudopodes.
❏ voir
FORER.
FORBAN n. m. est dérivé (1247) de l'ancien français forbannir « bannir, reléguer » (XIIIe s.), d'un francique °firbannjan « bannir » (moyen néerlandais et allemand moderne verbannen). Le préfixe fir- (Cf. allemand ver-) a été altéré sous l'influence de la préposition fors (→ fors). Le bas latin connaissait forbannire (VIe s.), de même sens.
❏
Forban signifiait « bannissement » en droit féodal. Par ailleurs, il désignait (v. 1273, forsban ; 1505) un marin qui exerçait la piraterie pour son propre compte (sens voisin de corsaire) ; par extension, le mot sortant du domaine maritime a pris le sens d'« homme sans scrupule », par exemple dans forban littéraire (fin XVIIIe s.), puis de « bandit » (1831).
FORÇAT n. m. est un emprunt (1528) à l'italien forzato « galérien » (XVIe s.), participe passé substantivé de forzare « forcer* » au sens de « condamner » ; forzato a été aussi adapté sous la forme forcé (1534, Rabelais) et l'on a employé forsaire (XVIe s., de l'italien forzaro).
❏
Forçat a désigné autrefois le criminel condamné aux galères, puis le condamné aux travaux forcés (XVIIe s.), en concurrence avec bagnard, d'où la locution travailler comme un forçat (1865). Forçat s'emploie aussi au figuré pour « homme réduit à un travail pénible » (apr. 1850).
L +
FORCE n. f. est issu (1080) du bas latin fortia « actes de force ou de courage », d'où « force » dans la langue de l'Église, pluriel neutre pris pour substantif féminin de l'adjectif fortis « fort, courageux » (→ fort).
❏
Force désigne (1080) la puissance d'action physique d'un individu, un ensemble d'énergies particulières et, par extension à l'époque classique (1669), la capacité de l'esprit dans l'ordre intellectuel et moral. Ces emplois sont illustrés par de nombreuses locutions et expressions :
à la force du (des) poignet(s), au figuré « sans aide »,
ne pas sentir sa force, être dans la force de l'âge (1764), etc., la locution adverbiale
de force (1865,
tour de force, travail de force) ;
faire force à « faire violence à » (
XVIe s.) était déjà archaïque à l'époque classique.
◆
Par extension,
force désigne « la puissance, le pouvoir d'un groupe » (par ex., dans
être en force) et, au pluriel (1176), un ensemble de troupes, d'où
forces politiques, forces conservatrices (1797, au singulier), etc.
■
En parlant des choses, force signifie « intensité, pouvoir d'action » (v. 1200, la force d'un sentiment ; 1690, la force du sang ; Cf. aussi force du style, 1690, et la locution dans toute la force du terme) et, par extension (1566), « efficacité », au concret (la force d'un ressort) comme à l'abstrait (force d'un argument).
■
Dans le contexte des rapports sociaux, force s'emploie au singulier pour « pouvoir de contrainte » (1080), seul ou dans des expressions avec de (1176), par exemple coup de force ou camisole de force (1834) ; de cette acception dépendent les emplois la force publique, la force armée (distinct de les forces, ci-dessus) et récemment force de frappe (1959). Par extension, force de (qqch.) signifie « caractère irrésistible », par exemple dans cas de force majeure (1690). De ce sens viennent plusieurs locutions adverbiales, de force, par force, à toute force. En force s'emploie dans passer, revenir en force et passage, retour en force, à la fois « en nombre » et « d'une manière forte, efficace ».
■
Dans des spécialisations de plus en plus précises et scientifiques, force, qui désigne très tôt (XIIIe s.) le degré de puissance d'un agent physique, signifie aussi « principe d'action, physique ou morale », correspondant à une énergie ou à un travail (1580, force attractive, Montaigne). Ces notions se sont mises en place avec l'évolution de la physique et, aujourd'hui, force correspond à « cause qui déforme un corps, en modifie le mouvement, etc. », spécialement en dynamique (force vive, 1740 ; force tangentielle, 1806, Biot ; force centrifuge, par exemple).
◆
Dans un sens général et non scientifique, le mot s'emploie au propre (1783, les forces de la nature) et au figuré par métonymie : c'est une force de la nature « une personne énergique, indomptable » ; la valeur est alors proche de celle de pouvoir, puissance.
Enfin, force s'emploie comme adverbe de quantité (v. 1200) ; force moutons « beaucoup de » (XIIIe s.), à force « beaucoup » sont sortis d'usage ; restent en français moderne la locution prépositive à force de (déb. XIVe s.) et la locution adverbiale à force « à la longue », qui a pris une valeur temporelle.
❏
FORCER v. vient (
XIe s.) d'un latin populaire
°fortiare, dérivé de
fortia. Le verbe s'emploie d'abord dans
forcer une femme « la violenter » ; plus généralement,
forcer signifie « faire céder (qqn, qqch.) par la force » (v. 1200), sens réalisé dans le domaine militaire (1230) et par les locutions figurées
forcer le succès, le destin (1552),
forcer la main à qqn (
XVIIe s.).
◆
Par extension,
forcer signifie « obtenir le passage », par exemple dans la locution
forcer la porte de qqn (1573).
◆
De l'idée de « faire céder », on passe à celle de « soumettre à une pression » (mil.
XVe s.) et à celle d'« obtenir par la contrainte ou par son ascendant »
(forcer l'estime). Par extension,
forcer signifie « passer au-delà de la limite normale » (1210) dans des emplois spécialisés variés :
forcer un animal « le poursuivre en l'épuisant » (1573) et, abstraitement,
forcer l'allure, forcer son talent (1668),
son style (1690),
forcer le sens d'un mot « le déformer »
(Cf. aussi forcer la vérité). Une autre spécialisation concrète est
forcer des plantes (1605) « les faire pousser plus vite »
(→ ci-dessous forcerie).
◆
Dans un emploi intransitif,
forcer s'utilise surtout aujourd'hui avec un sujet nom de personne, au sens de « faire un gros effort, physique ou moral » (1859).
◈
Le dérivé
FORÇAGE n. m. a signifié « violence » (v. 1174) jusqu'au
XVe s. ; il s'emploie dans
forçage des plantes (1873) et pour l'action de forcer (
XXe s.).
■
FORCÉMENT adv. est construit (fin XIIIe s., forcieement « de force ») à partir du participe passé forcé et s'emploie aujourd'hui (1792) au sens logique de « d'une manière nécessaire », d'après les emplois figurés de forcé : c'est forcé « c'est obligatoire, nécessaire » (et non plus « imposé par la force », sinon par celle du destin, des lois naturelles).
■
FORCEMENT n. m. n'est plus utilisé aux sens de « viol » (1341) ou de « contrainte » (XVIe s.), mais seulement dans un sens concret (1611).
■
FORÇANT, ANTE adj. s'emploie en français québécois pour « qui fatigue physiquement, pénible » (un travail forçant).
◈
FORCERIE n. f., autrefois « violence » (v. 1233), est sorti d'usage.
◆
Le mot a été reformé à partir du sens spécial du verbe, désignant une serre chauffée pour « forcer » les plantes (1862).
■
FORCEUR, EUSE n., autrefois « celui qui attaque par force » (1507, n. m.), désigne en français moderne une personne qui dirige une forcerie (1905) et un chasseur, un animal qui force le gibier (déb. XXe s.).
◈
Le composé
S'EFFORCER v. pron. (v. 1050,
se esforcer) s'emploie au sens de « mettre toutes ses forces pour atteindre un but, vaincre une résistance », il est littéraire en emploi absolu (v. 1165) pour « faire effort sur soi-même ».
■
Le déverbal EFFORT n. m. (1547 ; 1080, esforz) désigne toute activité d'un être conscient qui utilise ses forces pour résister (ou vaincre une résistance), dans l'ordre psychique ou physique : effort au XVIIe s. pouvait signifier « atteinte, coup ». Par extension le mot, depuis la Renaissance (1547), signifie « action énergique ». Spécialement, dans la langue classique se faire un effort correspondait à « se faire violence » ; aujourd'hui, faire un effort s'emploie dans de nombreux contextes ; en matière d'argent, l'expression équivaut à « apporter une aide financière ».
◆
Par métonymie, effort a le sens de « résultat de l'effort » (1559) ; il s'employait à l'époque classique pour « résultat important » d'où « haut fait » (un bel effort), et coup d'effort valait pour « coup d'éclat ». Il est vieilli au sens métonymique de « douleur musculaire due à un trop grand effort » (1678). Effort est aussi un terme de sciences correspondant à « force exercée par un corps ».
◈
DÉFORCER v. tr. s'emploie en français de Belgique pour « affaiblir ou détruire une idée, un argument, etc. », en les privant de leur force.
❏ voir
FORT, FORCING, FORCIR (art. FORT), RENFORCER.
G
FORCENÉ, ÉE adj. et n. représente la modification (v. 1175) de forsenede adj. (v. 1050), participe passé de l'ancien verbe forsener « être hors de sens, rendre fou » (attesté v. 1119), composé de la préposition fors (→ fors) et du substantif sen « raison, intelligence », du germanique °sinno « sens » et « direction dans laquelle on marche », emprunté par le latin de l'époque impériale (Cf. ancien provençal forsenar, italien forsennare) ; le -c- vient (XVIe s.) d'un rapprochement erroné avec force.
❏
Forcené, au sens de « personne en proie à une crise de folie furieuse », ne s'emploie aujourd'hui que comme nom (v. 1175 ; v. 1050, adj.) et signifie par extension « personne qui semble folle » (fin XIIe s.).
◆
L'adjectif signifie par exagération « fou de colère » et, par extension, « emporté par une folle ardeur » (1580) et « passionné ». Il équivaut aujourd'hui quasiment à enragé (→ rage) et a gardé une valeur très forte. Le nom est l'appellation conventionnelle de tout auteur de violences dont on ne comprend pas les motivations.
FORCEPS n. m. est emprunté (1692) au latin médical forceps, -ipis « tenailles (de forgeron) » et « pinces (de dentiste) ». Ce mot semble apparenté à forfex, -icis, qui désigne un instrument analogue, et dont la racine a été rapprochée de celle du sanskrit bardhakaḥ « coupant », et du grec peptein « détruire », avec, pour le latin, des phénomènes de déformation ; ainsi Festus le rapproche de formus « chaud », mot indoeuropéen apparenté au grec thermos.
❏
Le mot désigne un instrument en forme de pince à branches séparables, spécialisé en obstétrique.
L
FORCES n. f. pl. est issu (av. 1135 ; aussi au singulier en ancien français, 1176) du latin forfices « cisailles », pluriel de forfex, qui se rattache peut-être au sanskrit bardhakaḥ « coupant » (→ forceps).
❏
Forces désigne de grands ciseaux utilisés pour tondre les moutons, couper les étoffes, etc.
FORCING n. m. est un emprunt (1912) à l'anglais forcing, participe du verbe to force « forcer » ; forcing n'est nominalisé qu'en français.
❏
Il s'emploie dans tous les sports au sens d'« action d'attaquer sans répit » (premier emploi en boxe) et par figure, hors du domaine sportif, (1968) pour « attaque à outrance ». Il s'utilise aussi au figuré (1953) au sens d'« entraînement intensif ».
FORER v. tr. est emprunté (fin XIIe s.), peut-être par l'intermédiaire de l'italien forare (ou du provençal forar), au latin forare « percer, trouer » qui se rattache à l'ancien haut allemand borōn « percer », au grec paros « terre labourée ».
❏
Forer a gardé le sens de « percer (un trou, une excavation) ».
❏
Les dérivés FORAGE n. m. (v. 1330) « action de forer », FORET n. m. (XIIIe s.) « instrument pour forer », FOREUR n. m. et adj. m. (1838), FOREUSE n. f. (1884, foreuse électrique) et FORURE n. f. (v. 1280 ; repris en 1676) « trou fait avec un foret », sont des termes techniques.
◆
Les quatre premiers se sont diffusés avec le développement de la prospection pétrolière (fin XIXe s.).
❏ voir
FORAMINIFÈRE, PERFORER.
L
FORÊT n. f. est probablement issu (v. 1121, forest) du bas latin (silva) forestis (encore attesté dans les capitulaires de Charlemagne) qui signifiait « forêt relevant de la cour de justice du roi ». Forestis est en effet un dérivé de forum « tribunal » (→ for) et a désigné (648) le territoire dont le roi se réservait la jouissance. Cette valeur juridique des premiers emplois rend peu probable une origine francique, à partir de °forhist « futaie de sapins » (Cf. allemand Föhre « pin sylvestre »). On a aussi rapproché forestis silva de l'italien et de l'ancien provençal forestiero « qui est en dehors (de la commune) », dérivé du latin foris (→ fors) ; la silva forestis aurait été un bois hors des limites, et donc de la juridiction, de la commune (opposé à silva communalis). La graphie actuelle n'apparaît qu'au XVIIe siècle.
❏
Forêt, en concurrence avec bois, a éliminé l'ancien français selve, du latin silva « forêt », qui ne subsiste que dans des noms de lieux (à partir de silva ont été construits plus récemment des termes techniques ; → sylv-). Le mot désigne une vaste étendue couverte d'arbres (v. 1121), avec des expressions qualifiant des types de forêt, forêt équatoriale, forêt dense, forêt-galerie. Par analogie, forêt de... se dit (XIVe s.) d'une grande quantité d'objets longs et serrés (comme les arbres d'une forêt).
◆
Par métaphore, le mot signifie (1857) « ensemble complexe et inextricable ».
❏
FORESTIER, IÈRE adj. et n. est dérivé (v. 1140) de l'ancienne forme
forest ou vient du bas latin
forestarius (667) « régisseur d'une forêt royale ou seigneuriale » ; le nom désigne aujourd'hui celui qui exerce une charge dans une forêt, souvent en apposition dans
garde forestier ou
ingénieur forestier, courant au Québec ; l'adjectif signifie « qui est couvert de forêt, qui est relatif à la forêt » (1538 ;
Cf. le Code forestier, 1887).
◆
Substantivé, le mot désigne parfois un exploitant de bois en forêt, notamment en français d'Afrique où il peut s'appliquer à un habitant des zones de forêts.
■
FORESTERIE n. f., qui a signifié en moyen français (1467) « office du forestier », a été repris (1946), d'abord sous l'influence du français québécois où il est usuel, pour désigner les techniques et connaissances nécessaires à l'exploitation rationnelle des forêts, en concurrence avec arboriculture forestière et sylviculture.
◈
DÉFORESTATION n. f. « action de détruire une partie de forêt » semble emprunté (1877) à l'anglais
deforestation (1874) de
forest, tiré du bas latin
forestis.
◆
On a aussi en sylviculture le contraire
AFFORESTATION n. f. (1908) ou, plus couramment,
REFORESTATION n. f. (1932).
2 FORFAIT n. m., réfection (1639) de fayfort (1580), est composé de fait, forme verbale de faire, et de for, altération de fuer (v. 1160), fur* (XIVe s.) « taux », sous l'influence de 1 forfait.
❏
Le mot désigne une convention par laquelle il est stipulé un prix fixé par avance pour l'exécution d'une prestation, d'où couramment à forfait, au forfait, loc. adj. et adv., et l'emploi en droit fiscal.
❏
Forfait a produit FORFAITAIRE adj. (1910), dont dérive FORFAITAIREMENT adv. (1934), et FORFAITISER v. tr. (v. 1965), terme technique d'économie.
3 FORFAIT n. m. est une adaptation (1829) de l'anglais forfeit, emprunté lui-même (XIVe s.) à l'ancien français forfet, forfait « crime » (→ 1 forfait).
❏
Il désigne, dans le vocabulaire des courses (XVIIe s. en anglais), une indemnité que doit payer le propriétaire s'il ne fait pas courir un cheval qu'il avait engagé dans une course.
◆
Par extension, la locution déclarer forfait (1892, cyclisme) signifie « abandonner une épreuve » et au figuré (XXe s.) « abandonner », en emploi général.
FORFANTERIE n. f. est un dérivé (1582 ; 1578, opposé à poltronnerie) de forfant, forfante « coquin » (1546) puis « fanfaron », emprunt à l'italien forfante, furfante (même sens), participe présent adjectivé de furfare, lui-même emprunté à l'ancien français forfaire au sens de « faire du mal, du tort » (1080 ; → faire).
❏
Forfanterie a signifié à l'époque classique « tromperie » (1582) et une forfanterie « un acte de violence » (1600) ; ces valeurs ont disparu quand le sens moderne s'est imposé.
◆
Le mot désigne une action de vantard (XVIe s.) ; sous l'influence sémantique de fanfaron, il s'emploie (1669) à propos du caractère d'une personne qui se montre impudemment vantarde ; son sémantisme est très proche de celui de vantardise. Le passage a pu s'opérer dans le contexte de la comédie italienne, comme pour matamore.
L
FORGE n. f. est issu (v. 1160) du latin fabrica « atelier » et spécialement « atelier de forgeron » (→ fabrique) ; on relève aussi faverge (v. 1175). Fabrica est dérivé de faber « artisan qui travaille les corps durs » ; la spécialisation a d'abord été précisée par un adjectif (faber aerarius « fondeur de bronze »), puis faber ne s'est employé que pour le travail des métaux (Cf. orfèvre).
❏
Dès l'ancien français,
forge désigne un atelier où l'on travaille les métaux puis, par métonymie, le fourneau de la forge (1690). Par extension, avec le développement des techniques,
forge prend au
XVIIe s. le sens de « grand fourneau où l'on fond le minerai », d'où (1770) celui d'« installation où l'on façonne les métaux ». Cette acception a vieilli avec l'expansion progressive de la métallurgie lourde et de sa terminologie (
haut fourneau*, etc.) ; le sens d'« entreprise de fabrication du fer » (1690), lié à un état de l'industrie, est sorti d'usage. Le syntagme
maître de forges (1669 au Canada), employé notamment au
XIXe siècle pour « entrepreneur en métallurgie », est cependant encore connu.
FORGER v. tr. est une réfection (
XIIIe s.) de
forgier (v. 1120), issu du latin
fabricare « façonner, fabriquer* » ; les formes
favrechier, favargier sont aussi attestées.
◆
Le verbe s'est spécialisé au sens de « travailler (un métal) à chaud », « façonner un objet de métal » (v. 1130). Au sens figuré de « créer » (v. 1120),
forger n'est plus en usage ; il reste littéraire pour « imaginer, inventer » (v. 1120), plutôt avec l'idée d'« effort » et souvent de « tromperie » (1580).
■
Les principaux dérivés se rattachent au sens concret du verbe. FORGEUR, EUSE n. (XIIIe s., forgeor) s'emploie aussi au figuré (1559).
■
FORGERON n. m. (1538 ; XIVe s., forjeron), aussi adj. au XVIe s., a éliminé l'ancien français fèvre (fin XIIe s.), du latin faber. Verbe et substantif dérivé ont servi à former un proverbe : c'est en forgeant qu'on devient forgeron (fin XVIe s., à forger on devient forgeron), traduction du bas latin fabricando fit faber. Outre ses emplois historiques, forgeron s'emploie en français d'Afrique et en ethnologie pour les membres d'un groupe dont le travail traditionnel est l'artisanant des métaux.
◆
FORGEABLE adj. (1627) et FORGEAGE n. m. (1755) sont des mots techniques.
FORGERIE n. f. a signifié « machination » (1379) et « métier de la forge » (XVIe s.). Il conserve le sens de « ce qui est fabriqué, imaginé » (1870), peut-être sous l'influence de l'anglais forgery « contrefaçon ».
Le composé REFORGER v. tr. (1416, reforgier) ne s'emploie qu'au propre.