L FOSSE n. f. vient (1080) du latin classique fossa « excavation, trou » et « tombeau » en latin chrétien, participe passé féminin substantivé de fodere « creuser » (→ fouir).
❏  Fosse a le sens général de « cavité naturelle ou artificielle ». Désignant une cavité creusée pour servir de réceptacle (1080), le mot a des acceptions spécialisées ; il désignait (XIIe s.) un cachot : on disait basse-fosse (XVe s.) pour un cachot profond d'où cul (fond) de basse-fosse ; il s'emploie pour un trou constituant un piège (1690) ; la fosse aux ours, aux lions (1890) est l'emplacement creusé où l'on tient des ours, des lions en captivité ; la fosse d'aisances (1694), ou fosse, est le trou qui reçoit les matières fécales ; cette valeur très spécialisée est sémantiquement, sinon référentiellement, voisine de fosse d'orchestre (déb. XXe s.). Le mot désigne aussi (1802) l'ensemble d'une exploitation houillère.
■  Par spécialisation, fosse se dit (1170) du trou creusé en terre pour l'inhumation des morts (1872, fosse commune) ; de ce sens viennent les locutions figurées creuser sa fosse « préparer sa mort » (1829), être sur le bord de sa fosse et (1690) avoir un pied dans la fosse « être près de mourir » ; tombe est plus courant dans ces emplois.
■  Fosse désigne aussi une cavité naturelle en anatomie (1180-1190 ; par exemple fosses nasales), en géologie (1932 ; fosse marine).
❏  Le diminutif FOSSETTE n. f. (v. 1121) ne s'emploie plus au sens de « petite fosse » ; par analogie il signifie (1245) « petit creux dans une partie charnue du visage ou du corps » ; c'est aussi un terme d'anatomie (1611). Dans ces emplois modernes, il est sémantiquement détaché de fosse.
FOSSOYER v. tr. ne s'emploie aujourd'hui qu'au sens de « creuser une fosse » (XIIIe s.) ; au sens de « creuser un fossé », il est sorti d'usage.
■  En dérive FOSSOYEUR n. m. (1328) « celui qui creuse les fosses dans les cimetières » ; par métaphore, la fossoyeuse n. f. désigne la mort (av. 1834) ; par figure, fossoyeur s'emploie (av. 1872) pour « personne qui anéantit ».
FOSSOIR n. m. est issu (fin XIe s.) du bas latin fossorium « instrument pour creuser ou bêcher », neutre substantivé du bas latin fossorius « qui sert à creuser », du supin de fodere. Ce mot technique désigne une houe employée en viticulture ou (XXe s.) une charrue vigneronne.
FOSSÉ n. m., réfection (XIIe s.) de fosset (1080), est issu du bas latin fossatum « fossé », participe passé substantivé de fossare, fréquentatif de fodere. ◆  Fossé s'emploie au sens concret de « fosse creusée en long dans le sol », pour faire circuler des eaux ou, spécialement (1629), pour servir de défense. Par figure, en retenant l'idée d'obstacle — réalisé concrètement pour désigner les obstacles creusés sur un parcours hippique — fossé signifie (1916) « divergence de vues », « séparation » (le fossé des générations) ; il s'emploie aussi dans des locutions figurées, comme sauter le fossé « se décider » (1690).
❏ voir FOSSILE.
FOSSILE n. m. et adj. est un emprunt (1556) au latin fossilis « tiré de la terre », construit probablement sur fossum, supin de fodere « creuser » (→ fosse).
❏  L'emploi comme adjectif, au sens repris du latin, est sorti d'usage ; fossile se dit aujourd'hui (1713, adj. et n. m.) des débris ou des empreintes d'organismes conservés dans des dépôts sédimentaires. C'est alors l'un des mots clés d'une science qui apparaît au XVIIIe s., en relation avec les théories du déluge et des révolutions de la Terre, et se développe au XIXe s., la paléontologie*. La géologie tout entière est d'ailleurs tributaire des recherches sur les fossiles, connus sous d'autres noms avant le XVIIIe siècle. ◆  Au figuré, fossile signifie (1827) « démodé, suranné » (pour une personne ; 1833, n. m.).
❏  FOSSILISER v. tr. s'emploie dans un contexte didactique (1832, pron. ; 1867, tr.), souvent au participe passé (av. 1850) et aussi au figuré (1845, pron.) ; en dérivent des termes d'emploi didactique comme FOSSILISATION n. f. (1832).
■  FOSSILIFÈRE adj., formé avec -fère du latin ferre « porter », signifie (1837) « qui contient des fossiles » (d'un terrain).
L + FOU (et FOL), FOLLE n. et adj. est issu (1080, fol) du latin classique follis « soufflet pour le feu » et « outre gonflée, ballon » qui a pris par métaphore ironique le sens de « sot, idiot » en bas latin (Cf. en français ballot) ; follis repose sur une forme indoeuropéenne °bhol-, d'une famille de mots avec °bhl- à l'initiale, que l'on suppose de formation onomatopéique — les bilabiales b et f exprimant et produisant le souffle — et qui exprime l'idée de « souffler », « gonfler ».
❏  Fol s'est employé (XIIe s.) jusqu'au XVe s. au sens latin de « soufflet », mais depuis l'origine le sens dominant et courant (1080, n. et adj.) est « personne atteinte de troubles mentaux ». Fol n. m., encore employé par archaïsme ou par plaisanterie, est considéré comme vieilli à partir du XVIIe s. ; l'adjectif masculin s'écrit fol devant une voyelle ou un h aspiré, ou dans des locutions toutes faites (bien fol est qui s'y fie). C'est au XXe s. que fou, comme folie, a disparu de la terminologie médicale, où dément a par ailleurs une valeur spécifique, différente de l'emploi usuel et où l'on utilise malade mental et des termes spécifiques, tel psychotique ; on disait autrefois maison de fous (1890 ; av. 1662, hôpital de fous) pour « asile d'aliénés » (aliéné étant devenu le terme administratif au XIXe s.) ; aujourd'hui, par exagération, maison de fous désigne un lieu où les habitants agissent hors des normes reçues (Cf. aussi histoire de fous « histoire absurde » ou « incroyable »).
■  Pour l'ensemble des emplois du nom ou de l'adjectif, c'est l'idée de « hors des normes », par l'opposition raison-folie, qui domine. Cette idée est très anciennement exprimée par l'adjectif pour « extrême » (déb. XIIe s., fole pöur « peur folle »). Comme un fou s'emploie pour « exagérément, extrêmement » ; de même on retient l'idée d'excès dans fou de « plein de » (XVIIe s., fou de joie, de colère ; 1669, fou d'amour) ou « qui a une passion pour » (1669 ; il est fou de musique).
■  Fou désigne encore une personne dont le comportement est jugé extravagant, parfois sans idée de péjoration, et l'adjectif qualifie ce qui est estimé contraire à la raison, à la sagesse (1080), par exemple dans la folle du logis « l'imagination » ou dans tête folle (1690). ◆  Fou a signifié « dévergondé » (v. 1200), d'où en particulier folle femme « prostituée » (XIIIe s.), encore dans la locution femme folle de son corps (XIXe s.) ; aujourd'hui, FOLLE n. f. (1914 dans Carco) se dit d'un homosexuel qui se comporte de façon très efféminée (comparer avec la métaphore de l'anglais gay ; → gai). Le mot a été diffusé par la pièce de Jean Poiret et le film (1978) La Cage aux folles.
■  Fou s'emploie par extension pour désigner une personne d'une gaieté exubérante (1690 ; faire le fou), d'où le proverbe plus on est de fous plus on rit.
■  Par exagération, l'adjectif équivaut (1793, prix fou) à « extraordinaire, énorme » (ex. un monde fou [1813], passer un temps fou).
■  Par analogie, fou s'emploie pour qualifier un mécanisme dont le mouvement est irrégulier ou incontrôlable (roue folle ; aiguille folle d'une boussole) et, par extension, dans d'autres domaines : folle avoine « qui bouge au vent » (1547), folle farine (1611), folle brise « dont la direction change sans arrêt » (1845), patte folle (familier) « jambe qui semble ne plus obéir aux ordres de la tête » (fin XIXe s.), herbes folles (av. 1891).
Autrefois le substantif masculin, dans fou du roi ou fou de cour (1580, Montaigne), désignait un bouffon* attaché à la personne d'un haut personnage dont il parodiait le comportement et celui de son entourage. Ce sens se rattache sans doute à des pratiques anciennes, comme la Fête des fous, fête bouffonne au moyen âge où étaient parodiés les offices religieux (Cf. pour l'Antiquité, les Saturnales).
Au jeu d'échecs, fol (v. 1275), puis fou (1613), a remplacé alfin, aufin (du XIe s. au XVe s.), emprunté à l'arabe al fil (probablement par l'intermédiaire de l'espagnol alfil ; Cf. encore l'italien moderne alfiere), « l'éléphant », la pièce ayant été représentée à l'origine par un éléphant. La dénomination vient sans doute de la position de la pièce, auprès du roi et de la reine, et de son type de déplacement « irrégulier », en diagonale.
Par ailleurs, fou désigne (1725 ; av. 1677, fol ; aussi fou de Bassan) un oiseau palmipède, par référence au fait qu'il se laisse approcher imprudemment par l'homme (Cf. pour un comportement analogue, le dodo). Une autre explication du nom concerne le comportement imprévisible ou incompréhensible de l'oiseau, seul et en groupe.
❏  FOUFOU, FOFOLLE adj. et n. (XXe s. par redoublement) et TOUTFOU adj. m. et n. m. (XXe s., de tout) se disent de qqn d'un peu léger, FOLINGUE adj. (1935 ; formé avec le suffixe populaire -ingue) correspond à « un peu déséquilibré ». ◆  FOLDINGUE adj. est plutôt un jeu sur folingue (follingue, 1934) et dingue qu'un emploi de l'ancienne forme fol. Il est devenu assez usuel, en France, à propos d'un comportement bizarre, souvent comique. ◆  Le nom donné au colibri en Guadeloupe, foufou, est probablement dû à son vol.
Plusieurs mots sont formés à partir de la forme fol :
2 FOLIE n. f. (1080) a suivi une évolution sémantique parallèle à celle de fou. On l'emploie toujours couramment au sens de « trouble mental » (1080), par exemple dans la locution courante folie furieuse aujourd'hui aussi au figuré, mais il est sorti d'usage au XXe s. en psychiatrie où par ailleurs démence, qui a pris une valeur spécifique, ne l'a pas remplacé ; le terme le plus général est psychose.
■  Par extension, folie désigne couramment (XIIIe s.) le manque de jugement, de bon sens, d'où en interjection vieillie c'est folie !, folie ! « c'est de la folie » et la locution adverbiale à la folie (av. 1704) « extrêmement » (aimer à la folie).
■  Par extension, une folie s'emploie pour désigner toute idée ou action estimée extravagante (v. 1283), spécialement dans dire des folies (mil. XVIe s.), faire une (des) folie(s) « une sottise » (XVIe s.), en particulier « une dépense excessive » (1843, Balzac) [→ 1 folie]. Par exagération, folie désigne dans l'usage courant un état d'exaltation où semble avoir disparu tout contrôle du comportement, ce qui correspond à peu près en psychiatrie à l'emploi de manie. ◆  Par extension, folie se dit (1690) de ce qui échappe ou semble échapper au contrôle de la raison (absolt, la folie « l'irrationnel »).
FOLLEMENT adv. (v. 1135) s'emploie aussi comme intensif (mil. XVIe s.) : il est follement doué.
■  FOLLET, ETTE adj. et n. (v. 1165, n. m. « lutin »), diminutif de fol et sorti d'usage au sens d'« un peu fou » (v. 1175), s'emploie encore dans esprit follet « lutin malicieux » (1677), d'abord follet n. m. (v. 1265), et s'applique à ce qui a quelque chose de capricieux (mil. XVIe s. ; 1530, n. m., « duvet d'un oiseau »). ◆  Feu follet (1611 ; 1549, follet n. m.), à cause de son mouvement agité, désigne une petite flamme née de la combustion de gaz issus de la décomposition de matières organiques ; par figure, feu follet désigne une chose fugace, une personne insaisissable, instable.
FOLÂTRE adj. (1394, folastre « un peu fou ») est vieilli pour qualifier une personne qui aime à plaisanter (1528), mais on dit encore une humeur folâtre. Le mot est formé avec le suffixe péjoratif et approximatif -astre, -âtre.
■  En dérivent FOLÂTREMENT adv. (1539), vieilli, et FOLÂTRER v. intr. (XVe s.), d'abord au sens de « divaguer », « sortir de ce qui est raisonnable », puis « jouer, s'agiter ». ◆  Le dérivé FOLÂTRERIE n. f. « action folâtre » (v. 1540), vieilli ou littéraire, a remplacé folastrie, folâtrie et la variante folâterie (1534, Rabelais).
FOLICHON, ONNE adj. (1637 ; 1615, n. f., « petite fille folâtre »), avec le suffixe diminutif -ichon, signifie « léger, gai » et ne s'emploie aujourd'hui que dans un contexte négatif (ce n'est pas folichon). La paronymie avec polisson est probablement active.
■  Le dérivé FOLICHONNER v. intr. (1786), analogue à folâtrer, est vieilli, comme FOLICHONNERIE n. f. (1858).
FOLASSE adj. d'abord régional et ancien, comme nom pluriel, pour « herbes folles » (1536), a été reformé, avec le suffixe péjoratif -asse, et s'applique à une femme un peu déséquilibrée, aussi comme nom.
Le composé AFFOLER v. tr. a d'abord eu les sens de « rendre fou », « commettre des folies », « devenir fou » (intr.) [1174] et l'ancien français a connu foler « devenir, être fou », « se conduire comme un fou » (XIIe s.). Affoler s'emploie par affaiblissement de sens pour « faire perdre la tête à qqn par l'effet d'une émotion violente », spécialement et vieilli « rendre amoureux de qqn » (1845).
■  C'est aussi un terme technique qui signifie « rendre libre (une partie d'un mécanisme) », d'où aussi s'affoler « se dérégler » ou « s'emballer » ; dans ce sens, il s'emploie par exemple en physique (affoler une boussole, 1863 ; boussole affolée, 1690), Cf. déboussolé.
■  La variante AFFOLIR v. intr. « devenir fou » (1694 ; afolir, tr. « rendre fou », XIVe s.) est sortie d'usage. ◆  Affoler a plusieurs dérivés.
■  AFFOLEMENT n. m. (1217) « fait de s'affoler » signifie par extension « hâte, précipitation ».
■  AFFOLANT, ANTE adj. (fin XVIIe s.) se dit de ce qui trouble beaucoup, d'où le sens particulier d'« excitant érotiquement » qui correspond à AFFOLEUSE n. f. (mil. XXe s.) « femme qui cherche à susciter le désir ». Dans un contexte négatif, ce n'est pas très affolant, il correspond à « passionnant ».
■  AFFOLAGE n. m. (1842 ; XVe s., « folie », emploi isolé) est un terme de botanique désignant l'état d'une plante qui présente des anomalies génétiques.
Le composé RAFFOLER v. tr. ind. a signifié « être fou » (XIVe s.), « rendre amoureux » (XVIe s.) ; il s'emploie avec de au sens d'« aimer follement qqch. ou qqn » (1762 ; Cf. être fou de).
2 FOU n. m. « hêtre » → FOUET
L FOUACE n. f. est issu (v. 1200) d'un latin populaire °focacia, de focacium (panis) « (pain) cuit sous la cendre », dérivé du latin classique focus « feu* ».
❏  Le mot reste vivant régionalement à côté de fouée n. m. (1680).
❏  Son dérivé FOUACIER n. m. (1307) est sorti d'usage sauf par allusion à une anecdote de Rabelais.
FOUGASSE n. f., équivalent de fouace dans la partie occitane de la France, est emprunté (1601) à l'ancien provençal fogatza (1135), fogasa (1182) de même origine.
FOUAILLER → FOUET
FOUCADE → FOUGUE
FOUCHTRA, forme empruntée à l'occitan auvergnat, d'abord transcrite fouchetra (1829), correspond à foutre et à fichtre en français.
❏  Ce juron a eu du succès au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe pour caractériser les Auvergnats, notamment à Paris.
L 1 FOUDRE n. f. et m. est l'aboutissement phonétique (fin XIIe s.) de fuldre (1080) issu du latin populaire °fulgura, neutre pluriel pris pour un féminin, dérivé du latin classique fulgur « éclair », de fulgere « briller » (en parlant de l'éclair et des astres). Ce verbe appartient à une famille issue d'une racine indoeuropéenne °bhel-, °bhleg- « briller ». Fulgur en bas latin élimine le latin classique fulmen « foudre » (→ fulminer), de même origine indoeuropéenne ; son dérivé fulgurare a donné fulgurant*.
❏  L'idée de décharge électrique qui se produit entre deux nuages, retenue dans le sens propre, explique diverses acceptions de foudre : par comparaison (au masculin, 1604) le mot désigne le faisceau enflammé attribut de Jupiter ; par analogie avec la puissance destructrice, foudre s'est dit de la puissance de feu d'une arme. ◆  Au figuré, par allusion à la soudaineté de la foudre, coup de foudre (1642 ; déb. XVIIe s., foudre n. f.) a désigné un événement qui déconcerte ; aujourd'hui (dep. 1813) l'expression s'emploie pour « amour subit et violent ». ◆  Par allusion aux anciennes croyances, où la foudre représentait une manifestation de la colère divine, le mot signifie (1594) « condamnation, reproches », aujourd'hui au pluriel (1728) ; par extension, on dit les foudres de l'éloquence (1690) en parlant des arguments de l'orateur qui confondent l'adversaire.
■  Par analogie avec la puissance de la foudre, le mot s'est employé au masculin (1559) au sens de « guerrier de génie », aujourd'hui ironiquement et seulement dans l'expression un foudre de guerre.
❏  FOUDROYER v. tr., formé avec le suffixe verbal -oyer, s'emploie au sens propre de « frapper de la foudre » (1180-1190) et, par analogie, pour « anéantir avec soudaineté et violence » (1316-1328), par extension au sens de « tuer soudainement » et d'« anéantir moralement » (1651). Par métaphore du premier sens, foudroyer signifie (1838) « sembler lancer des éclairs (de haine, de colère) » — le sujet est alors regard, yeux. ◆  Un usage technique, au sens concret, correspond à « faire s'écraser par explosifs (une galerie de mines) ».
■  FOUDROIEMENT n. m. (XIIIe s.) est littéraire.
■  FOUDROYANT, ANTE adj. (1552) s'emploie pour parler de ce qui a la soudaineté, la violence, etc. de la foudre.
■  FOUDROYAGE n. m. est technique (1893).
❏ voir FULGURANT ; FUSER, FUSION.
2 FOUDRE n. m. est emprunté (1669) à l'allemand Fuder « voiture de charge » et « mesure de liquide » (Cf. ancien haut allemand fotar, fodar « charrette », moyen haut allemand vuoder « charretée » et « mesure pour les liquides »). On relève en picard voder « sorte de mesure » (XIIIe s.) et aussi isolément voudre (XVe s.) « tonneau pour le vin du Rhin », issu du moyen néerlandais voeder « mesure pour le vin », lui-même emprunté à l'allemand.
❏  L'homonymie avec 1 foudre n'a pas éliminé le mot, mais il est resté technique ou rare pour « grand tonneau » (de 50 à 300 hectolitres).
FOUDROYER → 1 FOUDRE
L FOUET n. m. représente (2e moitié XIIIe s.) le diminutif de l'ancien français 2 FOU « hêtre » (v. 1200) encore d'usage dialectal, aboutissement du latin fagus ; éliminé par hêtre, d'origine germanique (→ hêtre), surtout quand 1 fou se substitue à fol, il subsiste dans des toponymes (fage, faye, faie).
❏  Le mot est probablement passé du sens de « petit hêtre » à celui de « baguette de hêtre » puis de « fouet » (v. 1379 ; deuxième moitié du XIIIe s. au sens de « brigand », attestation isolée et mal expliquée). Fouet, nom de l'instrument fait d'une corde, d'une lanière attachée à un manche (pour conduire les animaux, frapper), désigne par métonymie une petite corde (1680) et, par analogie, un instrument destiné à battre des sauces (déb. XXe s. ; aujourd'hui concurrencé par les batteurs et autres mixers). Par métonymie, fouet désigne (XVIe s.) un châtiment ancien infligé avec un fouet (donner le fouet) et, au figuré, une critique violente (XVIIIe s. ; le fouet de la satire), sens devenu archaïque. Le mot entre dans des locutions figurées : de plein fouet « horizontalement » (1835, en parlant d'un tir) et au figuré « carrément, violemment » ; coup de fouet « ce qui stimule », utilisé également (1845) au sens de « vive douleur » (provenant par exemple d'une déchirure musculaire).
❏  FOUETTER v. s'emploie au sens général de « frapper à l'aide d'un fouet » (1514) ; de là viennent les locutions il n'y a pas de quoi fouetter un chat (1690), fournir des verges pour se faire fouetter (1865), aujourd'hui vieilli (à cause de verge) et remplacé par des bâtons pour se faire battre. L'expression fouette, cocher !, incitation à partir ou à aller plus vite, figure chez Marivaux (1734). Par métaphore, fouetter s'est employé (1580) pour « critiquer de façon acerbe » ; par analogie quant au résultat de l'action, il se dit encore pour « stimuler » (1784 ; avec un complément abstrait, déb. XIXe s.). ◆  Par extension, fouetter s'emploie au sens de « battre vivement » (1690, en cuisine), parallèlement à l'acception spéciale de fouet et, par analogie de mouvement, pour « frapper de plein fouet » (1690).
■  En emploi intransitif, fouetter signifie « frapper comme le fait le fouet » et, par métaphore très familière réalisée aussi par les verbes cogner et taper (idée du « coup sur le nez »), « puer » (1878) ; il se dit aussi (1946, argot des lycéens) au sens d'« avoir peur », peut-être à partir de « sentir mauvais », la personne effrayée lançant de mauvaises odeurs (Cf. péteux), ou par comparaison avec une pièce mécanique qui tremble quand elle fouette, c'est-à-dire tourne à vide.
■  FOUETTÉ, ÉE adj., du participe passé, s'est appliqué à des fleurs ou à des fruits tachetés de raies (1690) ; il est courant dans crème fouettée (1690) et s'emploie en chorégraphie dans pirouette fouettée, nommée aussi FOUETTÉ n. m. (av. 1872).
■  FOUETTEMENT n. m. a une valeur concrète (1564) ; il est rare pour « excitation » (av. 1896 ; Cf. coup de fouet).
■  FOUETTAGE n. m. (1781) est un terme technique.
Le dérivé avec le suffixe péjoratif -ard, FOUETTARD adj. m., ne s'emploie que dans une locution, comme pseudo-nom propre. Le père Fouettard, la mère Fouettard (XVIIIe s., frère foëtard) sont des personnages dont on menace les enfants (Cf. croquemitaine). ◆  Substantivé, fouettard a pris le sens (1935) de « postérieur » (endroit fouetté ou qui fouette, sent mauvais).
Un verbe antérieur à fouetter, FOUAILLER v. tr., vient de fou « hêtre » et du suffixe à valeur itérative -ailler. Il a signifié (v. 1330, pron., foueillier) « se frapper les flancs de sa queue (d'un animal) » ; le sens de « fouetter » (1680) a donné naissance à des métaphores : « animer, exciter » et « fustiger par des critiques » (1848, Hugo). Mot littéraire, démotivé, fouailler n'est plus compris ; on le confond plus ou moins avec fouiller dans ses emplois figurés, le sens concret ayant à peu près disparu.
❏ voir FAYARD ou FOYARD, 2 FOU, FOUINE.
FOUFOU n. m., emprunt à une langue africaine, désigne en français d'Afrique une pâte de céréales, de manioc, d'ignames, servie en boulettes, et aussi du plat de viande ou de poisson servi avec le foufou. Un synonyme est calalou.
? FOUFOUNETTE n. f. est un diminutif de foufoune, attesté lui aussi, réduplication de °foune, qui n'est pas expliqué. On peut penser à fouinedé, mot d'argot, variété de fignedé, de figne « anus », qui a de nombreuses variantes argotiques. Si figne est d'origine obscure, les variantes en fou-, syllabe initiale de fouine, et de fouiller, peuvent suggérer la pénétration. Le redoublement de fou donne au mot une valeur hypocoristique.
❏  Diffusé dans les années 1980, le mot s'applique au sexe, à la vulve d'une femme jeune.
❏  FOUFOUNES n. f. pl., en français québécois, désigne les fesses (années 1960).
L FOUGÈRE n. f. est une réfection (1600) de fougiere (v. 1175) ou fouchiere, fulgiere (v. 1140), issus du latin populaire °filicaria « fougeraie » (attesté en latin médiéval, 892), dérivé du latin classique filix, filicis « fougère », sans origine connue.
❏  C'est un terme de botanique désignant aujourd'hui un concept classificatoire précis (filicinées ou filicophytes), incluant de nombreuses plantes fossiles.
■  Par métonymie, la cendre de fougère entrant dans la composition du verre, fougère a désigné un verre à boire (1671 ; verre de fougère, 1690 ; de feugière, XIVe s.).
❏  Il a produit FOUGERAIE n. f. (1611, -aye) et FOUGEROLE n. f. (1817).
? FOUGUE n. f. est traditionnellement tenu pour un emprunt (1580, Montaigne) à l'italien foga « fuite précipitée » et par extension « ardeur » (fin XIIIe s.), du latin fuga « fuite » (→ fugue) ; cependant, comme le souligne P. Guiraud, la fougue n'est pas une « fuite » mais un « feu » (« ardeur », « enthousiasme »). Le mot pourrait alors être le déverbal du provençal fouga « s'emporter » qui suppose un latin populaire °focare « faire du feu », dérivé de focus « feu » (→ feu).
❏  Fougue s'emploie dans un style soutenu au sens d'« ardeur impétueuse » — d'où à l'époque classique « délire, transe » (1622) — et, par extension, au sens de « mouvement hardi qui anime un artiste ou une œuvre » (1835).
❏  Le dérivé FOUGUEUX, EUSE adj. (1615) et son propre dérivé FOUGUEUSEMENT adv. (1840) sont d'un style soutenu.
FOUCADE n. f. (1614, mettre en foucade « mettre en folie ») « emportement passager » (1835), mot vieilli, est une altération de fougade (fin XVIe s. ; seulement régional aujourd'hui) dérivé de fougue.
? 1 FOUILLE n. f. apparaît sous la forme fueille « bourse » au XVe s. (av. 1463 ; 1486, foulle). Il est peut-être issu par métonymie de fueil « doublure de bourse » (v. 1260), déverbal de foillier « mettre une doublure », dérivé de fueille, feuille* ; on trouve parallèlement feuillouze « bourse » (1455), follouse (1527), devenu fouillouse (1546, Rabelais). On en fait traditionnellement le déverbal de fouiller ; ce verbe a certainement motivé les formes en fouill-, mais cela n'explique pas les formes du type fueille même si la proximité sémantique de poche avec fouiller est en cause.
❏  Le mot est un équivalent argotique, puis très familier, de poche, par exemple dans c'est dans la fouille, au figuré, « c'est facile à réussir » (1935).
2 FOUILLE → FOUILLER
L FOUILLER v., réfection (XVIe s.) de fooillier (v. 1250), est l'aboutissement d'un latin populaire °fodiculare, dérivé du latin classique fodicare, de fodere « percer, creuser » (→ fouir).
❏  Fouiller signifie « creuser (la terre) », spécialement « pour trouver qqch. » (v. 1250, d'un animal), d'où « explorer soigneusement en tous sens » (1559). Plus tard, se fouiller signifie « chercher dans ses poches » (av. 1709) ; au figuré, il peut se fouiller ! (1872) correspond à « il n'aura pas ce qu'il pense obtenir » (et donc ne peut le trouver sur lui qu'en se fouillant). Quand la recherche est d'ordre intellectuel (fouiller les bibliothèques, les archives, etc.), le verbe correspond à « faire des recherches minutieuses dans » (1784). Par figure, fouiller s'est employé pour « étudier à fond » (1580 ; fouiller un problème). ◆  Par analogie, le verbe s'emploie (1704) en sculpture, concrètement, au sens de « creuser pour accentuer le relief ». ◆  Dans l'usage érotique, fouiller s'est employé pour « pénétrer sexuellement » (1642). Voir aussi le schéma.
❏  FOUILLIS n. m., d'abord (fin XIVe s.) « action de fouiller », s'emploie pour parler d'un entassement d'objets disparates, au propre (fin XVIIIe s.) et au figuré (av. 1803). ◆  Il s'emploie familièrement comme adjectif (1836, Gautier).
■  FOUILLEUR, EUSE adj. et n. (1511) se dit de celui qui fouille, spécialement pour des recherches archéologiques (1854) et aussi au figuré (1862). ◆  FOUILLEUSE n. f. (1874) désigne une femme (services de Police, des Douanes) chargée de fouiller les femmes.
2 FOUILLE n. f. (1578, faire fouille « fouiller »), déverbal de fouiller, a des sens parallèles à ceux du verbe : « action de fouiller la terre » (1655), « excavation pour mettre à jour ce qui est enfoui » (1704 ; au pluriel, 1811, en archéologie), « action d'explorer pour découvrir ce qui est caché » (av. 1825), d'abord « chercher sur (qqn) ce qu'on le soupçonne de cacher » (1794).
■  À partir du verbe ont été composés FOUILLE-MERDE n. m. inv., synonyme familier de bousier (1542) et aujourd'hui, au figuré, « personne indiscrète qui recherche des histoires scandaleuses » (1690) ; FOUILLE-AU-POT n. m. inv., autrefois « petit marmiton » (fin XVIIe s.) et rare pour « mauvais cuisinier » (XXe s.).
Plusieurs verbes préfixés ont été formés.
■  FARFOUILLER v. (v. 1546) avec l'élément initial far qui porte l'idée de mouvement, c'est « fouiller en bouleversant tout » et, au figuré, « s'occuper de façon embrouillée ». En dérivent FARFOUILLAGE n. m. (XXe s.) ou FARFOUILLEMENT n. m. (1852) et FARFOUILLEUR, EUSE n. (1872) « qui aime à farfouiller ».
■  TRIFOUILLER v. (v. 1808) vient du croisement de fouiller et de tripoter (Cf. tripatouiller) ; il signifie « mettre en désordre en remuant ». ◆  Les dérivés TRIFOUILLAGE n. m. (1878) et TRIFOUILLEUR, EUSE n. et adj. (1904) sont peu employés ; TRIFOUILLÉE n. f. est sorti d'usage au sens de « suite de coups rapprochés » (1877) ; il s'emploie pour « grande quantité » (1964).
■  REFOUILLER v. tr. « fouiller de nouveau » (XVIe s.) est aussi un terme de sculpture (1834).
■  AFFOUILLER v. tr. (1835) est didactique ; il se dit, en parlant des eaux, pour « creuser par l'effet des courants (sur la rive, etc.) » ; en dérive AFFOUILLEMENT n. m. (1835).
2 FEUILLER v., variante de fouiller (1357, fueller), est un terme technique signifiant « entailler par une rainure ». ◆  Il a produit FEUILLURE n. f. (1334, feuilleure).
❏ voir BAFOUILLER, CAFOUILLER.
⇒ tableau : Fouiller