FREAK n. m. est un mot emprunté (1966) à l'anglais freak « monstre » (1847 ; 1563, « saute d'humeur ») ; aux États-Unis, le mot s'est surtout appliqué aux monstres exhibés dans les foires ; freak a été largement diffusé par la bande dessinée de G. Shelton, The Freak Brothers.
❏  Freak se dit d'une personne jeune qui refuse les valeurs de la société sans pour autant appartenir à un mouvement ou adopter une tenue, un style de vie précis (comme les punks ou les hippies) ; le mot s'emploie aussi (v. 1980) pour désigner un toxicomane adepte des drogues dures.
? FREDAINE n. f., réfection (1420) de fridainne (v. 1310), représenterait le féminin de l'adjectif fredain « mauvais », emprunt avec affaiblissement de sens à l'ancien provençal fradin (v. 1060) « scélérat » (Cf. ancien provençal fradel, v. 1060, « pauvre » et « scélérat »), peut-être issu du gotique °fra-aitheis « rebelle dissident » (Cf. ancien haut allemand freidic, id.). P. Guiraud relève que fredaine a signifié « tromperie, moquerie » (XVIe s.), sens que l'on retrouve dans fredain et l'ancien provençal ; le mot se rattacherait selon lui à farder « déguiser la vérité » (→ farder ; Cf. refarder « tromper », 1234 ; raffarder « se moquer », XIVe s.). Fredain viendrait alors d'un latin populaire °fardanis, avec métathèse de l'r, comme pour bredaine dans calembredaine (fradin et fradel provenant de °fardinus et °fradellus). La fredaine serait une tromperie, une dissimulation, image qui aboutirait au sens moderne.
❏  Le mot est attesté au sens de « chose sans importance » (v. 1310) et dans faire des fredaines « faire l'important » ; le sens de « tromperie » (XVIe s.) n'a pas vécu. Il désigne aujourd'hui (1547) un écart de conduite sans gravité, en général dans le domaine sexuel.
L FREDON n. m. est sans doute issu (XVe s., puis 1546) par l'intermédiaire d'un dialecte du Midi (Cf. ancien provençal fredoun « motif, air ») du latin classique fritinnire « gazouiller, bredouiller » (avec changement de suffixe, déjà en bas latin), verbe « expressif » rattaché à fringillus « pinson ».
❏  En français, le mot a d'abord désigné un ornement mélodique improvisé par le chanteur, en particulier au refrain, puis par analogie (1890) un refrain, une chanson, également un air chanté à mi-voix (fin XIXe s., concurrencé par fredonnement), un bruit indistinct. Dans ces diverses acceptions, le mot a vieilli.
❏  FREDONNER v. (1549) signifie d'abord « orner (un air) de fredons » ; il s'emploie aussi intransitivement dans ce sens (1665). Le verbe a pris dès le XVIe s. sa valeur actuelle de « chantonner à mi-voix sans articuler les paroles » (mil. XVIe s.), se détachant alors de fredon, qui vieillissait, alors que fredonner devenait plus courant, aussi comme transitif (1834, fredonner un air, etc.).
■  Il a pour dérivé FREDONNEMENT n. m. (1546, Rabelais).
FREE... Élément de mots composés en anglais, empruntés par le français, et qui signifie « libre ».
FREE-JAZZ n. m. (1965) est un emprunt à l'expression, en anglais des États-Unis, désignant un style de jazz sans contrainte harmonique, avec une grande liberté d'improvisation. On dit par abréviation le free.
FREE-LANCE adj. et n. attesté vers 1970, est un emprunt à l'anglais, composé de free et de lance « lance libre », mot de Walter Scott (1820) pour « chevalier sans suzerain, chevalier errant », appliqué à partir de 1840 à des journalistes indépendants. Il qualifie en français les personnes indépendantes dans leur profession, qui n'ont pas de contrat de longue durée (journaliste free-lance, des free-lances). Le free-lance : ce type d'activité.
FREEWARE n. m., anglicisme, est en anglais un mot-valise, de free et software, pour un logiciel gratuit mis à disposition par son auteur qui en conserve la propriété intellectuelle. Le français du Québec évite l'anglicisme avec un mot-valise français, gratuiciel « logiciel gratuit ».
FREESIA n. m. vient (1872, freesa) du nom d'un médecin allemand, Freese, par suffixation en -a, puis -ia. Le mot a été formé par le botaniste Ecklon en l'honneur de son ami. On relève les variantes fraisia (1872) encore en usage, écrit d'après fraise, freesea (1886), fresia.
❏  Le mot désigne une plante ornementale à bulbe, originaire d'Afrique du Sud.
FREEZER n. m. est emprunté (v. 1955) à l'anglais freezer (1860) « glacière », « réfrigérateur puissant », de to freeze « geler », spécialisé ensuite au sens de « partie d'un réfrigérateur où se forme la glace ».
❏  C'est cette valeur que le français a repris, cet anglicisme étant concurrencé par congélateur. On pourrait franciser la finale en FREEZEUR, ce qui ne résout par l'anomalie des ee prononcés i.
FRÉGATE n. f. est un emprunt (1525 ; 1536, frégatte) à l'italien fregata, mot diffusé à partir de l'Italie méridionale (napolitain et sicilien fragata) dans tous les ports de la Méditerranée, d'où la variante fraguate (1525), le provençal fragato, le catalan, l'espagnol et le portugais fragata. L'origine du mot italien est obscure ; on a supposé un type °fargata, du latin médiéval infarchatum « pourvu d'un bordage mobile », calque du grec aphraktos « non enclos », d'où « sans pont », mais sans résoudre les difficultés morphologiques et phonétiques. La frégate étant à l'origine un bâtiment à rames non ponté, destiné à alléger une galère ou à en recueillir l'équipage en cas de naufrage, on a aussi supposé naufragata (participe passé du latin classique naufragare, dérivé de naufragus ; → naufrage), avec chute de la première syllabe identique au substantif nau « bateau » (nef) ; mais le sens de naufragata « qui fait naufrage » convient très mal. Pour P. Guiraud, l'italien fragata représenterait plus simplement un latin populaire °fragata, participe passé de °fragere « briser », doublet de frangere (Cf. l'ancien provençal fragar « briser » ; → fraction), ce qui suppose que la poupe du bateau était coupée pour former un plan incliné ; mais nous ignorons les caractéristiques des premières frégates.
❏  Le mot est emprunté avec le sens de l'italien, puis s'est appliqué à divers types de navires. Aux XVIIIe et XIXe s., la frégate était un bâtiment de guerre à trois mâts ; aujourd'hui c'est un bâtiment d'escorte anti-sous-marin.
■  Par analogie avec la rapidité du bateau, frégate désigne un oiseau de mer (1637).
■  Par allusion au navire « à voiles » (Cf. à voiles et à vapeur), frégate s'est dit en argot (1821) d'un jeune homosexuel.
❏  Le mot a fourni FRÉGATON n. m. « grand navire en usage dans la marine vénitienne » (1643), sorti d'usage, et FRÉGATER v. tr. « affiner les formes de (un bateau) pour le rendre plus rapide » (v. 1680), aussi au participe passé adjectif FRÉGATÉ, ÉE.
L FREIN n. m. représente l'aboutissement (1080) de l'évolution du latin frenum « bride de cheval », « mors », employé aussi au figuré, « ce qui arrête », dérivé de frendere « broyer » (→ fraiser).
❏  Frein a désigné comme le mot latin le morceau de la bride qui entre dans la bouche du cheval, dont la pression sur les barres sert à le retenir ; la langue courante a conservé ce sens dans la locution figurée ronger son frein « contenir son impatience, sa colère », comme un cheval impatient (déb. XVe s.). Par figure et comme en latin, frein s'est dit dès l'ancien français (1172) de ce qui ralentit le développement de qqch. (le frein de la loi, etc., sans frein « sans limites »). Par analogie de fonction, le mot a pris au XVIIe s. (1690) en anatomie le sens de « repli ou ligament qui sert à retenir un organe » (le frein de la langue).
■  Par extension frein se dit, d'abord en meunerie (1680, frein d'une roue de moulin), d'un dispositif servant à ralentir, éventuellement à arrêter le mouvement d'un ensemble mécanique, et couramment du dispositif adapté aux roues d'un véhicule hippomobile puis (fin XIXe s.) automobile, le référent technique devenant de plus en plus complexe. De là vient la locution figurée coup de frein (XXe s.) « action qui vise à diminuer une évolution ». Par extension, on désigne par frein moteur la résistance opposée par le mouvement du moteur à la rotation des roues.
❏  FREINER v. est une réfection de frener, issu du latin frenare « brider », au propre et au figuré ; il s'emploie (2e moitié XIIIe s.) au figuré pour « réfréner » (sous la forme frener, du XIIIe au XVIe s. ; Cf. réfréner) et au propre « ralentir qqn, qqch. dans son mouvement » ; en ce sens (attesté 1899, mais antérieur) le verbe s'oppose à accélérer (comme frein à accélérateur) et a servi à former freinage.
■  FREINAGE n. m. (1892), « action, manière de freiner » et « système de freins », est employé aussi au figuré dans le domaine économique.
■  FREINEUR n. m. (1885), « ouvrier chargé de ralentir la marche des wagons » puis « personne qui commande les freins de voie », est peut-être dérivé de frein, le verbe semblant un peu plus tardif en ce sens.
❏ voir EFFRÉNÉ, RÉFRÉNER.
FRELATER v. tr. est emprunté (apr. 1350) au moyen néerlandais verlaten « transvaser (du vin) ».
❏  Il est utilisé en ce sens puis, le vin étant transvasé pour des motifs commerciaux peu recommandables, au sens d'« altérer la pureté d'une substance en y mêlant une substance étrangère », le seul conservé aujourd'hui (1660). Frelater s'emploie aussi au figuré (1546, Rabelais) pour « faire perdre sa pureté à (qqch.) ».
❏  Du verbe dérivent FRELATÉ, ÉE adj., au propre (1690, boissons frelatées) et au figuré (sentiments frelatés), FRELATAGE n. m. (1684 ; 1655, « action de transvaser »), FRELATERIE n. f. (1792), sorti d'usage, et FRELATEUR, EUSE n. (1660 ; 1604, n. m., « celui qui transvase le vin »), mot peu usité.
L FRÊLE adj. est une réfection tardive (XVIe s., fresle), peut-être sous l'influence de graisle, gresle, de frelle (XIIe s.), fraisle (mil. XIe s.), issus du latin impérial fragilis « friable », « fragile » au propre et au figuré (→ fragile).
❏  Frêle s'emploie d'abord au figuré pour qualifier ce qui est facile à ébranler, périssable (mil. XIe s., à propos de la vie) ; l'adjectif s'applique ensuite à une personne qui semble manquer de force (1135), seul emploi usuel, et se dit de qqch. (mil. XVIe s.) dont l'aspect ténu donne une impression de fragilité.
❏  Le dérivé FRÊLEMENT adv. (1841) est rare.
G FRELON n. m. est issu (v. 1180, frelun) d'un francique °hurslo (Cf. moyen néerlandais horsel) par le bas latin furlone (VIe s.), cas régime de °furlo.
❏  Le mot désigne une grosse variété de guêpe. Il a été employé au figuré (v. 1664, La Rochefoucauld) au sens de « personne incapable qui, dénigrant les travaux d'autrui, cherche à en tirer profit », car on pensait que les frelons pillaient le miel des abeilles.
FRELOT n. m. succède (1926) à frelin (1797) comme équivalent argotique de frère, dont il dérive, à côté de frangin. Il a vieilli.
? FRELUQUET n. m. serait un dérivé (1609) de freluque n. f. (attesté v. 1478) « mèche (de cheveux) », variante de freluche (1611, « ornement, petite chose de peu de valeur »), venu de fanfreluche par aphérèse de la première syllabe (→ fanfreluche). P. Guiraud conteste cette origine, et propose de voir en freluche un dérivé de fresler « briser », de fresle (→ frêle) ; la freluche serait alors une frange (de cheveux, de vêtements), et le freluquet un homme paré d'ornements vains, prétentieux, la valeur au sens étymologique pouvant être attestée par le mot dialectal normand ferluquet « mince, grêle ».
❏  Freluquet a désigné un jeune homme de mise soignée. Le mot est aujourd'hui péjoratif et s'applique à un personnage frivole et prétentieux (1660).
L FRÉMIR v. intr. est issu (1080) d'un latin populaire °fremire, altération du latin classique fremere « gronder » (pour tout bruit grave et violent), d'origine expressive.
❏  Ce sens fort, aujourd'hui sorti d'usage, est le premier en français, le verbe voulant dire « vibrer, retentir » avec un sujet désignant le vent, les armes. En parlant d'une personne (v. 1120), frémir se dit pour « être agité d'un tremblement » ; il est assez rare en emploi concret et concurrencé par trembler ; par figure, frémir (de colère, etc.), c'est « ressentir une vive émotion, une agitation morale » (v. 1130).
■  Par affaiblissement, frémir signifie « être agité d'un faible mouvement qui produit un son confus » (déb. XIIe s.), spécialement en parlant d'un liquide sur le point de bouillir (fin XIVe s.), d'où par extension (1721) « cuire doucement ».
❏  Construits sur la forme longue du radical, frémiss-, les dérivés FRÉMISSEMENT n. m. (v. 1120) et FRÉMISSANT, ANTE adj. (1480, « retentissant ») ont eu une évolution sémantique parallèle à celle du verbe. Frémissement a reçu un sens figuré « léger mouvement (de l'opinion, d'un marché) ».
L FRÊNE n. m. est une réfection (1501, fresne) de freisne (v. 1180), fraisne (1080), formes à diphtongues issues du latin classique fraxinus, mot sans origine connue.
❏  Le mot désigne un arbre des régions tempérées et, par métonymie, le bois de cet arbre.
❏  En dérive FRÊNAIE n. f. (XVIIe s. ; 1600, fresnaie), dont l'ancienne forme fregnee (1280) correspond à une variante ancienne et qui pourrait continuer le dérivé bas latin fraxinetum, latin populaire °fraxineta.
■  Le diminutif FRÉNETTE ou FREINETTE n. f. (1930) est le nom d'une boisson fermentée à base de feuilles de frêne.
Le latin fraxinus sert à former plusieurs termes de botanique en fraxin-.
FRÉNÉSIE n. f. est un emprunt (v. 1223) au latin médiéval phrenesia, du latin classique phrenesis, repris au grec phrenêsis, lui-même dérivé de phrên « esprit » (→ phréno-).
❏  C'est jusqu'au XVIIIe s. un terme médical, désignant un délire provoqué par une affection cérébrale ; de là vient par analogie (XVIe s.) l'emploi vieilli d'« état d'agitation fébrile, d'égarement » (comparable à l'état du malade atteint de délire). Depuis le XVIe s. (1544) le mot désigne le degré extrême atteint par un sentiment, un comportement.
❏  FRÉNÉTIQUE adj. (v. 1200) est emprunté au latin d'origine grecque phreneticus ; l'ancien français fernicle « violent, hardi » provient (v. 1185) d'une forme syncopée °frenicus. ◆  Frénétique a suivi l'évolution sémantique de frénésie. Terme d'histoire littéraire (XXe s.), il qualifie les membres d'une école littéraire qui a porté à leur paroxysme certaines tendances du romantisme, et leurs textes.
■  En dérive FRÉNÉTIQUEMENT adv. (1615).
FRÉQUENT, ENTE adj. est un emprunt (fin XIVe s.) au latin frequens, -entis, terme d'agriculture signifiant « bien garni, abondant », puis adjectif d'usage courant au sens de « assidu », « fréquent » et, par la suite, de « nombreux », « peuplé ».
❏  Fréquent a signifié « fréquenté, peuplé ». L'adjectif, qui s'oppose à rare, a pris (XVe s.) un des sens du latin, « qui se reproduit souvent », d'où par extension « courant, ordinaire » (opposé à exceptionnel). En médecine, pouls fréquent signifie « qui bat à un rythme rapide » (1694). ◆  En français, il se dit d'une personne qui vient, se manifeste fréquemment (il n'est pas fréquent ici).
❏  Il a fourni FRÉQUEMMENT adv. « d'une manière fréquente » (v. 1380), mot usuel.
FRÉQUENCE n. f., emprunté au latin frequentia « affluence, foule » et par extension « abondance, fréquence », « fréquentation » (de frequens), a eu le sens de « foule, grande assemblée » (v. 1190) jusqu'à la fin du XVIIe siècle.
■  D'après le sens temporel pris par l'adjectif, il désigne (1587) le caractère de ce qui arrive plusieurs fois et, spécialement, de ce qui se reproduit périodiquement (fin XVIIe s.) ; de cette acception viennent plusieurs emplois spéciaux : en médecine (1704, fréquence du pouls « rapidité anormale »), dans des domaines techniques (1753 en physique, 1890 en électricité), « nombre de cycles identiques d'un phénomène par unité de temps » (d'où haute fréquence, 1895) et aussi en statistique.
De fréquence en physique vient le composé AUDIO-FRÉQUENCE n. f. (1942). RADIOFRÉQUENCE n. f. est un calque de l'anglais radio frequency, formé pendant la guerre de 1914-1918 (1915), désignant la fréquence d'une onde électromagnétique.
FRÉQUENTER v. est emprunté (v. 1175) au latin frequentare « être assidu quelque part », « employer fréquemment », « célébrer en foule », dérivé de frequens. Le verbe français, qui a signifié « célébrer » (v. 1190), est détaché par le sens de fréquent-fréquence. Il s'emploie au sens d'« aller habituellement dans (un lieu) » (v. 1175) et signifie par extension « rencontrer, voir habituellement (qqn) » (v. 1380) avec des emplois spéciaux (1848, « avoir des relations amoureuses ») sens usuel dans plusieurs régions de France et en Belgique, aussi absolument (il, elle fréquente). Au figuré (v. 1530) fréquenter un auteur « le lire souvent ». ◆  En français d'Afrique, en emploi absolu, il se dit pour « aller à l'école ».
■  FRÉQUENTÉ, ÉE adj. (fin XVe s.) s'est spécialisé pour « où il y a habituellement du monde » (1629). ◆  Le préfixé INFRÉQUENTÉ, ÉE adj. (1571) est beaucoup moins usuel.
■  Le dérivé FRÉQUENTABLE adj. (1838) « que l'on peut fréquenter » s'emploie le plus souvent dans des constructions négatives ou restrictives. Le mot avait existé en moyen français (av. 1526) au sens de « fréquent ».
■  INFRÉQUENTABLE adj., proposé comme néologisme au XIXe s. (1842), est ensuite attesté au début du XXe siècle.
FRÉQUENTATIF, IVE adj. est emprunté (XIVe s.) au latin impérial frequentativus « qui marque la répétition », devenu terme de grammaire (dérivé du supin de frequentare) ; l'adjectif français s'applique à une forme qui exprime la répétition.
FRÉQUENTATION n. f. (déb. XIVe s., « fréquence, manière d'être ») est un emprunt au latin frequentatio « abondance, emploi fréquent » et sert de substantif à fréquenter ; il a le sens général d'« action de fréquenter » (v. 1350), se dit en particulier des rapports sociaux habituels et par extension (1853) des personnes que l'on fréquente, souvent au pluriel ; figurément, il équivaut à « pratique » (1580, la fréquentation des livres).
L FRÈRE n. m. est issu (1080), par l'intermédiaire de la forme romane fradre (842), du latin frater « frère par le sang » (au sens large, la parenté étant précisée par une épithète : pour le frère consanguin, frater germanus, ou germanus ; Cf. espagnol hermano, portugais irmao) et « frère par alliance » ; frater s'employait aussi comme terme d'amitié (dans la langue érotique « amant »), au sens d'« allié », « membre d'une confrérie » et pour désigner des objets de même nature. Frater représente en latin une forme indoeuropéenne °bhrater (Cf. le sanskrit bhratar, le grec phratêr, le vieil irlandais brathir, le vieux slave bratru, etc.) ; dans le système patriarcal ancien, le mot désignait sans doute les hommes appartenant à une même génération mais qui n'étaient pas issus nécessairement d'une même mère et d'un même géniteur : la notion de frère se définissait par rapport à celle de père, le mot ne désignant pas toujours le géniteur. On trouve des rapports comparables, sous l'influence des langues africaines, en français d'Afrique. C'est pour désigner le lien fraternel au sens étroit, exprimé par rapport à la mère, qu'apparaissent de nouvelles formes : par exemple le grec adelphos se substitue à phratêr, désignant le membre d'une « phratrie ».
❏  La complexité de la construction et de l'évolution du vocabulaire de la parenté explique les diverses acceptions du mot frère en français. Celui-ci désigne une personne de sexe masculin par rapport aux enfants de mêmes parents (XIIIe s., frères germains) ; dans le cas du même père (XIVe s., frère consanguin) ou de la même mère seulement (mil. XVe s., frère utérin), on dit plutôt demi-frère. De cette acception viennent ressembler à qqn comme un frère, vivre comme des frères ; par extension frère de lait (1538) se dit du fils d'une nourrice par rapport à celui (ou à celle) qu'elle a nourri. Les différences entre la notion de famille en Europe et, par exemple en Afrique, suscitent des emplois particuliers en français, au sud du Sahara, comme frère même père, même mère, le mot désignant aussi un parent de la même génération. D'après cet emploi, l'appellatif mon frère peut s'étendre à des relations amicales entre jeunes, et s'entend en France. Cf. cousin. ◆  Depuis l'ancien français (v. 1050), le mot se dit de l'homme en tant que membre de la « famille » humaine, en particulier en religion (1690) en parlant des hommes en tant que créatures du même dieu. Spécialement frère désigne (v. 1175) les membres de certaines communautés religieuses et est le nom que se donnent les francs-maçons (1764), parfois appelés frères trois points, d'après le symbole maçonnique (expression d'abord péjorative, vers 1900). Par extension frères au pluriel se dit, comme en latin, de l'homme par rapport à ceux qui partagent les mêmes sentiments, intérêts, etc. ; frères d'armes a désigné (mil. XVe s.) des guerriers unis entre eux par une alliance et s'applique aujourd'hui à ceux qui luttent pour la même cause, aux membres d'une association, etc. Les pirates des Antilles, aux XVIIe et XVIIIe s., se donnaient le nom de frères de la côte. Frères musulmans est le nom d'un mouvement islamiste créé en Égypte en 1928, anti-occidental et anticommuniste. ◆  Faux frère (1668) signifie « traître à ses associés » et, par extension, « hypocrite ». Enfin, le mot s'emploie en parlant d'une chose, d'une idée, liée à une autre par un rapport d'analogie (1678).
❏  FRÉROT n. m. (v. 1534, « compagnon ») est un diminutif familier de frère. Il est concurrencé par frangin*.
BEAU-FRÈRE n. m. (1386 ; de beau, terme d'affection), dans le système de parenté, désigne le frère du conjoint (pour l'autre conjoint) ou le mari de la sœur d'une autre personne. ◆  BEAUF n. m., abréviation, est attesté en 1956 comme titre d'un roman de Jean Vassal, avec la valeur nouvelle de type social : homme grossier, phallocrate, intéressé, borné et exprimant les idées les plus conventionnelles et rétrogrades. La forme du mot, répandue par les dessins de Cabu (années 1970) (Cf. B. O. F., bœuf), a facilité son succès.
❏ voir CONFRÉRIE, FRATERNEL, 1 et 2 FRATRICIDE, FRATRIE. FRANGIN, FRELOT.
FRESQUE n. f. est emprunté (1550, peinture à fresque) à l'italien (dipingere a) fresco « peindre à frais (sur le plâtre frais) », francisé au XVIe s. (1596, peindre à frais, au frais). L'italien fresco a la même origine que frais (→ 1 frais) ; la finale -que explique que fresque soit devenu féminin.
❏  Employé seul à partir du XVIIe s. (1669), le mot désigne un procédé de peinture murale consistant à peindre, à l'aide de couleurs délayées, sur un enduit frais ; par métonymie (1680), fresque se dit de l'œuvre peinte et, par une extension peu correcte dans le langage technique mais usuelle dans l'usage général, de toute peinture murale de grandes dimensions. Au figuré (1842, Banville), le mot se dit d'une composition littéraire qui présente l'ensemble d'une société, d'une époque, etc.
❏  Le dérivé FRESQUISTE n. et adj. « peintre de fresques » (1865) n'est pas entré dans l'usage général et courant.
L FRESSURE n. f. est une réfection (fin XIIIe s.) de froissure (v. 1230), issu du bas latin frixura « poêle à frire », « morceau à frire » (on faisait des fricassées avec ce morceau), dérivé du bas latin frixare « bien rôtir », fréquentatif du latin classique frigere « faire rôtir, frire* ». Le e est peut-être dû à l'influence de freser (→ 2 fraise).
❏  Fressure désigne les gros viscères d'un animal (v. 1230, aussi « viscères humains ») et n'est plus senti comme un nom de mets.