1 FRET n. m. est probablement un emprunt (XIIIe s.) au néerlandais vrecht, vracht « prix du transport » (Cf. allemand Fracht et anglais freight ; l'ancien provençal freit vient du français). P. Guiraud postule un ancien français fret au sens de « ce que coûte l'exécution ou l'entretien d'un ouvrage », en liant le mot à frais « somme fragmentée des dépenses » (→ 2 frais) mais il pourrait s'agir d'une confusion paronymique.
❏  D'abord en droit maritime, fret désigne le prix du transport par mer de marchandises (XIIIe s.) — aujourd'hui aussi par route, par avion —, par métonymie et couramment la cargaison elle-même (1596), le prix de location d'un navire (1606) et le louage d'un bateau de transport utilisé au transport des marchandises (1681, à fret), puis s'applique à tout moyen de transport. La variante 1 FRETTAGE n. m. (1723) a disparu.
❏  Le dérivé FRÉTER v. tr. signifie d'abord (XIIIe s.) « équiper un moyen de transport » puis (1639) « donner en location (un navire, puis tout moyen de transport) », en concurrence avec noliser, et « prendre à fret » (1690) ; il est utilisé abusivement pour son complémentaire (comme louer, qui a les deux valeurs).
■  Le préfixé AFFRÉTER v. tr., d'abord (1322) « équiper un navire », signifie aujourd'hui (dep. 1639) « prendre (un navire, puis XXe s., un avion, etc.) en location ».
■  Sur fréter ont été dérivés FRÈTEMENT n. m. (déb. XVe s.) et FRÉTEUR n. m. (1609 ; fin XVIe s., adj.).
■  Sur affréter ont été construits AFFRÈTEMENT n. m. (1366) « équipement » puis « location (d'un navire) » (1584) et AFFRÉTEUR n. m. (1678).
2 FRET, FRETTE → FROID
L FRÉTILLER v. intr. serait, selon Bloch et Wartburg, un dérivé (ap. 1150) de l'ancien français freter « frotter », issu du bas latin frictare (VIIe s.), dérivé de frictum, supin du latin classique fricare « frotter » (→ frayer) ; le sens moderne viendrait par analogie des mouvements qu'on fait en frottant. P. Guiraud trouve l'explication peu convaincante, remarquant que freter au sens de « frotter » n'est attesté que tardivement. Il rapproche frétiller de fretin « menus débris » (1193) et de fretille « paille hachée » (XVIe s.) ; le sens de frétiller viendrait alors d'une analogie avec les mouvements des débris de paille remués ou des petits poissons (sens de fretin).
❏  Le verbe signifie « remuer par petits mouvements rapides », au concret (poissons, etc.) et, en parlant des personnes, avec des connotations psychologiques d'excitation et de plaisir. Il a signifié en argot « danser » (1725, jusqu'au début du XXe siècle).
❏  Sur frétiller ont été dérivés FRÉTILLEMENT n. m. (1370-1372, fretilement), FRÉTILLANT, ANTE adj. (fin XVe s.) et FRÉTILLON n. m. (av. 1493) « personne qui ne cesse de s'agiter », sorti d'usage.
L FRETIN n. m. est un diminutif (v. 1193) de l'ancien français frait, fret « débris », participe passé de l'ancien verbe freindre, fraindre « briser » (1080), issu du latin frangere « briser » (→ enfreindre, fraction).
❏  Au premier sens de « menus débris » fretin est sorti d'usage ; par analogie, fretin désigne (XVIe s.) des poissons trop petits pour être pris en compte dans une pêche (une paronymie avec friture peut être évoquée), notamment en parlant des morues, menu fretin se disant encore (1606) des normes de dernière qualité (autrefois opposé à meilleur fretin). Au figuré, (menu) fretin s'emploie (1606) pour parler de personnes ou de choses considérées comme insignifiantes.
G FRETTE n. f. est une réfection tardive (1690) de frete (fin XIIe s.), probablement issu d'un francique °fetur « chaîne ».
❏  Le mot, d'emploi technique, désigne un anneau métallique dont on entoure une pièce pour l'empêcher de se fendre.
❏  Il a produit FRETTER v. tr. (1694), qui remplace freter (v. 1200) et dont dérive 2 FRETTAGE n. m. (1865).
FREUDIEN, IENNE adj. est dérivé (1910) du nom de Freud (1856-1939), fondateur de la psychanalyse.
❏  Le mot désigne ce qui est relatif à Freud.
❏  Un autre dérivé, FREUDISME n. m. (1913), désigne l'ensemble des théories et des méthodes psychanalytiques de Freud et de ses disciples.
Comme pour tous les adjectifs de ce type, des composés préfixés (pré-, post-, anti-) sont apparus.
G FREUX n. m. est une réfection (1493) par resuffixation des formes anciennes fru (v. 1280), frox (v. 1220) d'un francique °hrôk (Cf. ancien haut allemand hruoh).
❏  Le mot désigne une espèce de corneille, parfois en apposition (corbeau freux).
FRIABLE adj. est un emprunt (1535) au latin impérial friabilis, dérivé du latin classique friare « réduire en morceaux, broyer », terme technique.
❏  Il s'applique à ce qui peut se réduire en menus fragments.
❏  FRIABILITÉ n. f. est un dérivé savant (1641), d'après le radical latin.
FRIAND, ANDE adj. et n. m. représente (v. 1179) l'ancien participe présent de frire (→ frire).
❏  Il signifie d'abord « avide, ardent au plaisir », par une métaphore claire (« chaud, brûlant »). Les valeurs culinaires de frire ont pu l'entraîner vers le sens devenu archaïque de « qui apprécie la fine cuisine » (XIIIe s.). L'adjectif est couramment employé depuis le XIIIe s. au sens figuré avec un complément en de pour « qui aime qqch. avec empressement » (v. 1265). Il se dit aussi (v. 1300, frilans) d'un aliment délicat au palais et, à l'époque classique, d'une femme attirante (1665), souvent dans le syntagme un morceau friand. Tous les sens de l'adjectif ont vieilli.
■  Substantivé en nom masculin, le mot désigne (1906) une pâtisserie, salée (garnie de viande) ou sucrée.
❏  FRIANDISE n. f. (1342, comme personnification de la gourmandise) a disparu de l'usage au sens de « goût pour la bonne cuisine » (v. 1380), remplacé par gourmandise. ◆  Le mot désigne depuis le XVIe s. (1541) une sucrerie et au figuré (1837) équivaut à « chose très agréable, régal ».
? FRIC n. m. est peut-être (1879) une abréviation (apocope) de fricot (→ fricasser) « bombance », à cause de l'argent nécessaire à des festivités, mais cette origine n'est pas prouvée. On peut penser aussi à un dérivé de fricasser, frire, désignant la nourriture (Cf. blé, galette pour « argent ») et à l'ancienne expression de fric « par acquisition malhonnête », qui survit dans fric-frac, mais n'est pas expliquée.
❏  Fric, familier et très usuel, signifie « argent ». Être au fric a signifié en argot (1901, Bruant) « être riche ».
❏  Le dérivé FRIQUÉ, ÉE adj. correspond à « riche » (v. 1930).
FRICADELLE n. f. est tiré très probablement du radical de fricasser, avec une finale en -elle qu'on a pu rapprocher de celle de l'italien fritadella « pâte frite à la poêle », lui aussi de la famille du latin frigere « frire ».
❏  Le mot, régional en français de France, désigne en Lorraine une tranche de foie de porc entourée d'une crépine et cuite à la poêle. ◆  Il est d'emploi généralisé en français de Belgique, pour une petite boulette de viande hachée, mie de pain, œufs, poêlée ou frite.
? FRICANDEAU n. m. serait dérivé (1548) selon Bloch et Wartburg de fric-, radical obtenu, contre l'étymologie effective, en interprétant le verbe fricasser comme un dérivé en -asser. P. Guiraud rapproche fricandeau « morceau de viande cuit dans son jus » de fricasser et fricot (→ fricasser). De toute façon l'élément -andeau n'est pas expliqué.
❏  Le mot s'est spécialisé pour désigner, soit une noix de veau lardée et braisée, soit un pâté. Il garde des connotations régionales du terroir.
? FRICASSER v. tr. serait (XVe s.) selon Bloch et Wartburg le résultat du croisement de frire et de casser. On peut noter qu'en latin frigere « frire », friare « briser, concasser », fricare « frotter » sont paronymes et que le latin médiéval a pu fournir l'occasion d'un jeu sur les formes. P. Guiraud part du fait que ce modèle n'existe pas par ailleurs ; il relève que la série fricasser, fricandeau et fricot comporte une idée de bonne nourriture (« régal », « bombance ») — mais le dérivé fricasseur fournit un contre-exemple — et il y associe des formes du type frigoler « faire bonne chère », frigousse (1772, « bonne chère »). Dès lors, il postule une forme gallo-romane °frixicare construite d'après le verbe attesté frixare « cuire à point » (dérivé du supin frixum, du classique frigere « frire »), idée commune à tous ces mots.
❏  Le verbe fricasser signifie « faire cuire en ragoût » (XVe s.), d'où régionalement (nord de la France, Belgique) fricasser des œufs (1690). ◆  Il s'est utilisé au figuré (1611) au sens de « dépenser sans discernement, gaspiller », encore très vivant au début du XXe siècle. ◆  Avec un complément nom de personne, une autre métaphore, fricasser est relevé à l'époque classique au sens de « faire périr » (1636), de « battre ».
❏  FRICASSÉE n. f., au sens propre (v. 1450) « ragoût de viande cuite dans une sauce », s'est dit au figuré (1540) d'un mélange de choses confuses, par une métaphore fréquente (Cf. salade, par ex.). En français de Belgique, le mot désigne une omelette avec du lard, du jambon, des saucisses. Au Québec, c'est un hachis de lard grillé. ◆  En France, fricassée de museaux (1881) a signifié « embrassade générale » (l'idée de « mélange » est retenue). ◆  Fricassée a désigné (1808) une danse à figures irrégulières, puis une chanson formée de fragments d'autres chansons (XXe s.).
■  FRICASSEUR, EUSE n. se disait (déb. XVIe s.) d'un mauvais cuisinier et est rare pour désigner une personne qui fricasse qqch. (av. 1646).
FRICOT n. m., relevé (1767) au sens de « bombance », désigne (1800) une viande en ragoût et, par extension (1847), tout mets simplement cuisiné (faire le fricot « faire la cuisine »).
■  FRICOTER v. (1807, intr., « faire bombance ») signifie « faire la cuisine » (1825) ; le sens extensif de « dépenser en bombance » (1843) est sorti d'usage. ◆  Au figuré, en emploi intransitif, le verbe signifie (1867) « mener secrètement une affaire » et spécialement « falsifier des comptes » ; fricoter avec qqn a le sens (1868) d'« être de connivence avec qqn » et spécialement d'« être en relations amoureuses avec qqn » (1883), acceptions analogues à celles de mijoter.
■  C'est la valeur que conservent les dérivés FRICOTAGE n. m. (1895 ; 1856, fricotage de petits plats « trafic malhonnête ») et FRICOTEUR, EUSE n. « personne qui fricote » (1843 ; 1812, « soldat maraudeur » ; 1825, « mauvais cuisinier »).
■  Enfin le verbe qui correspond familièrement à « faire », comme fabriquer, a fourni le nom plaisant Fricotin rendu célèbre par la traduction française d'une bande dessinée américaine (Bibi Fricotin) et évoquant les petits méfaits d'un enfant turbulent.
FRICATIF, IVE adj. et n. f. est un dérivé savant (1873) à partir du latin fricatum, supin de fricare « frotter » qui a donné frayer*.
❏  En phonétique, une fricative est une consonne (par ex. f, v) dont l'articulation comporte un simple resserrement du canal vocal, le mouvement d'expiration déterminant un bruit de frottement.
FRIC-FRAC n. m. est une formation dite onomatopéique (1545, dans la locution ne fric ne frac « rien du tout ») et en fait mal expliquée, qu'on suppose devoir traduire un bruit fait en frappant d'un côté et de l'autre (d'où le premier sens). Ce qui vient de fric s'en va de frac (v. 1640) signifiait « ce qui est mal acquis se dissipe aisément ».
De là vient fric-frac n. m. « vol avec effraction » (d'abord argotique, 1836, « effraction »), spontanément rapproché de fric « argent ».
? FRICHE n. f. apparaît au XIIIe s. (1251) ; on trouve aussi du XIIIe au XVIIIe s. et encore aujourd'hui dans des dialectes la forme fresche (v. 1280) ou freche (1287). Pour Bloch et Wartburg, le mot serait un emprunt au moyen néerlandais versch ou virsch « frais », employé régulièrement avec lant « terre » pour désigner la terre gagnée sur la mer grâce aux digues et destinée aux cultures ; la forme friche viendrait de l'influence des parlers rhénans où frisch s'appliquait à une terre nouvellement défrichée. P. Guiraud préfère rattacher le mot à fresche, féminin de freis « frais », attesté en ancien français au sens de « bien reposé » (de même freschir « restaurer les forces de qqn » ; → 1 frais) ; la variante friche, frisque « frais » est bien attestée en moyen français.
❏  Friche désigne depuis l'ancien français une terre qu'on laisse reposer, notamment dans l'expression en friche (v. 1270). Au figuré friche se dit (v. 1460) de ce qu'on laisse sans soins et spécialement d'un domaine intellectuel laissé inexploité.
❏  DÉFRICHER v. tr. (1356) s'emploie au propre et au figuré, comme ses dérivés DÉFRICHAGE n. m. (1519), DÉFRICHEMENT n. m. (1486), à peu près synonymes, le second plus courant, et DÉFRICHEUR n. m. (1541, deffricheur).
■  INDÉFRICHABLE adj. (1779) est rare.
? FRICHTI n. m. est considéré par Bloch et Wartburg comme un emprunt (1834) à l'alsacien fristick, correspondant à l'allemand Frühstück « déjeuner du matin ». P. Guiraud observe qu'aucun témoignage ne corrobore cette hypothèse, que le petit déjeuner français a rarement l'allure d'un bon repas, et on peut ajouter que le traitement phonétique de l'emprunt serait anormal. Il propose de rapprocher frichti de fricotis (1849) qu'on peut rattacher à fricot ; frichti et ses doubles fristi, fristille viendraient d'une variante d'un gallo-roman °frixicare (→ fricasser). Mais le passage de te- à ch- rend cette hypothèse douteuse.
❏  Frichti (1855), d'abord écrit fricheti (1834), a signifié « festin, repas d'extra », puis équivaut familièrement à repas (1864, en argot militaire), seulement dans le contexte de la préparation de la nourriture, de la cuisine (faire le frichti).
FRICTION n. f. est un emprunt (1538) au latin impérial frictio « action de frotter », dérivé de frictum, supin du latin classique fricare (→ frayer).
❏  Friction a conservé le sens général d'« action de frotter », en particulier en médecine (1538), en physique (1752), en mécanique. ◆  Par métonymie, une friction désigne le liniment administré par friction (1872) ; par analogie, il se dit du nettoyage des cheveux avec une eau aromatisée (1872).
■  Par plaisanterie le mot s'emploie pour « réprimande » (Cf. savon). Friction a pris couramment au figuré (1922) le sens de « désaccord » (un point de friction « un sujet de mésentente »).
❏  Le dérivé FRICTIONNER v. tr. (1782) s'utilise au sens de « soumettre à une friction » et dans la locution figurée (1946) frictionner la tête (les oreilles) à qqn « le réprimander » (Cf. laver, savonner la tête à qqn). ◆  Ce verbe est courant, à la différence de FRICTIONNEL, ELLE adj., « relatif à la friction », utilisé en mécanique et au figuré en économie (1962).
Le préfixé ANTIFRICTION adj. inv. (1845) qualifie un métal, un alliage qui atténue les frottements, en mécanique.
FRIDOLIN → FRITZ
FRIGIDAIRE n. m. est un emprunt francisé (1636) au latin impérial frigidarium « chambre froide (des Thermes) », dérivé du classique frigidus « froid » (→ frigide).
❏  Le mot, didactique, est abandonné au profit de la forme latine (voir ci-dessous) ; il a été repris en 1920 en anglo-américain, probablement sans connaissance de l'emploi en français classique, par la compagnie General Motors qui a déposé ce nom. Il s'est souvent appliqué à tout réfrigérateur (malgré l'opposition du propriétaire de la marque). La locution figurée mettre qqch. au frigidaire (1956) signifie « le mettre en attente » (pour l'utiliser plus tard), d'abord en argot, le mot désignant une cellule d'isolement dans un commissariat de police, en France.
❏  FRIGIDARIUM n. m. (1838) est utilisé pour désigner la partie des thermes où l'on prenait des bains froids dans l'antiquité romaine.
❏ voir FRIGO (art. FRIGORIFIQUE).