L FRISSON n. m. est la réfection graphique (XVIe s.) de friçon (fin XIe s.), resté féminin jusqu'au XVIe siècle. Il est issu d'un latin populaire °frīctio, -onis « frisson », en bas latin frĭctio « action de frotter, friction* », rapproché par étymologie populaire de frigere « avoir froid » et au figuré « trembler ». Frigere dérive de frigus « le froid* ».
❏  Frisson a signifié « tremblements qui précèdent les menstrues » (fin XIe s.) et, par extension (v. 1170), se dit d'un tremblement accompagné d'une sensation de froid, par figure (v. 1131) d'un mouvement convulsif accompagnant une impression vive, pénible ou agréable. Par analogie, il désigne un léger mouvement se propageant par ondulation (frisson de l'eau) ou le bruit qui accompagne ce mouvement (1839, Balzac). Par figure (1859) frisson signifie « courant d'émotion qui se propage dans un groupe » ; on pense au frisson nouveau créé par Baudelaire, selon Hugo.
❏  FRISSONNER v. intr. (1368) a eu une évolution sémantique parallèle à celle de frisson.
■  En dérivent FRISSONNANT, ANTE adj. (v. 1540) et FRISSONNEMENT n. m. (v. 1540), qui est resté rare.
FRITTE est dérivé de formes en frit- du verbe frire. Il est antérieur à 1690.
❏  Le mot désigne un mélange de sable et de soude auquel on fait subir une demi-fusion.
❏  Le dérivé FRITTER v. tr. (1763) est plus courant au participe passé (verre, nickel fritté) et a pour dérivé FRITTAGE n. m. (1834) « vitrification préparatoire » et « agglomération de poudres métalliques par chauffage ».
FRITZ n. m. inv. est une dénomination péjorative (1914) pour « Allemand ». Fritz est un prénom allemand courant, diminutif de Friedrich (correspondant à Frédéric).
❏  Le mot a été altéré en FRISÉ n. m. (1914) et, pendant la Seconde Guerre mondiale (1940), en FRISOU n. m., par influence du verbe friser, peut-être dans des désignations ironiques, du type frise-à-plat (→ friser).
FRIDOLIN n. m., emprunt (1880) au prénom allemand Fridolin, diminutif de Friedo (de Fritz), s'est employé pour « homme drôle » ; repris pendant la Première Guerre mondiale (1917), ce surnom s'est diffusé de 1939 à 1945 comme variante de Fritz.
FRIVOLE adj. est un emprunt (v. 1265 ; 1246, n. f. pl.) au latin classique frivolus « vain, futile » (personnes) et « sans valeur » (choses), surtout utilisé en latin impérial et chez les auteurs chrétiens. Frivolus, d'origine incertaine, est peut-être rattaché à friare « casser, concasser » (→ friable), d'origine indoeuropéenne incertaine (par l'idée de petitesse, d'élément insignifiant).
❏  Frivole conserve les sens du latin. Le mot a désigné des choses futiles (1246) ; comme adjectif, il s'applique à ce qui a peu de sérieux (v. 1265) ou à une personne qui s'occupe de choses futiles (1678), qui est volage (1832).
❏  Le dérivé FRIVOLEMENT adv. (1384) est demeuré rare et littéraire.
■  FRIVOLITÉ n. f. signifie (av. 1718) « caractère de ce qui est frivole » ; le sens de « choses, propos frivoles » (1760) est aujourd'hui peu en usage. ◆  Au sens concret, frivolité (au pluriel) se dit d'objets dont on considère qu'ils n'ont pas grande utilité d'où, par extension (1829), de petits articles de mode, de parure. Frivolité désigne aussi (1812) un type de dentelle dont on fait des ornements.
G FROC n. m. est issu (v. 1138) d'un francique °hrokk (Cf. ancien haut allemand rock « tunique », allemand Rock « habit » ; latin médiéval hroccus, 817, « froc de moine »).
❏  Froc, attesté isolément au sens de « manteau » (v. 1138), a longtemps désigné (v. 1155) ce qui dans l'habit du moine couvre la tête, les épaules, la poitrine puis par extension (1608) l'habit monacal tout entier, le froc (XVe s.) s'appliquant abstraitement à l'état monacal ou ecclésiastique ; de là les expressions prendre le froc « se faire moine ou prêtre », porter le froc et quitter le froc (XVe s.), aujourd'hui (depuis le XVIe s.) jeter le froc aux orties « quitter les ordres » (pour un homme ou une femme), qui s'emploie aussi par analogie pour « abandonner sa profession ». Froc, par référence à l'habit du moine, a désigné (1547) un lainage grossier.
■  Du sens d'« habit », on est passé (d'abord en argot, 1905) à celui de « pantalon » ou « culotte » — d'où des locutions comme baisser son froc « se soumettre » (1917, dans l'argot des poilus).
❏  FROQUER v. tr. (fin XVIe s.) « faire entrer (qqn) en religion » et FROCARD n. m. (fin XVIIe s.) « moine » sont sortis d'usage.
DÉFROQUER v. tr. (XVe s., deffrocquer) signifie « faire quitter le froc », c'est-à-dire « l'état ecclésiastique » et se défroquer (1563) « l'abandonner ». Le participe passé DÉFROQUÉ, ÉE adj. (1563) est aussi substantivé.
■  Le déverbal DÉFROQUE n. f. est sorti d'usage aux sens de « malheur » (XVe s.), « dépouillement, pillage » (1611), « vieux habits et objets que laisse un moine en mourant » (1680).
■  Le mot est devenu courant au sens étendu de « vieux vêtements » (1623) et désigne par extension, péjorativement, un habillement bizarre.
L FROID, FROIDE adj. et n. m., d'abord écrit froit, froide (XIIe s.) puis froid (XIVe s.), est la réfection des formes freit, freide (1080) issues du latin classique frigidus « froid », dérivé de frigus, -oris « froid » au propre et au figuré (frigor à partir de saint Augustin) ; en bas latin, le i long de la première syllabe est devenu bref, ce qui explique l'évolution phonétique. Frigus est apparenté au grec rhigos « froid vif », ce qui permet de poser une racine indoeuropéenne °srig- ; l'hypothèse d'un rapprochement avec des mots baltes est plus douteuse.
❏  Comme le mot latin, froid est employé au sens concret de « qui est à une température inférieure à celle du corps humain », en parlant de l'atmosphère et plus généralement (v. 1196). Une valeur un peu différente est « qui est habituellement froid » (1121). En français du Québec, l'adjectif s'emploie aussi pour « frais, rafraîchi » (une bière froide). ◆  Le nom s'emploie en parlant de la température ambiante (1080, les grands froids) et d'une manière générale (v. 1240). L'expression coup de froid fait allusion aux effets d'un brusque refroidissement sur l'organisme et, au figuré (v. 1990) correspond à « brusque baisse d'activité ». Ce nom est souvent qualifié et les intensifs sont nombreux, y compris des loc. figurées, comme un froid de canard (de chasse au canard) attesté en 1907 chez Hector France, ou encore un froid de gueux. Le nom s'emploie aussi pour la sensation provoquée par le manque de chaleur (1273, avoir froid) ou par une émotion vive (1677). Cette notion, en physique, donne lieu à l'expression froid absolu (1793, Lavoisier) car le froid, à la différence de la chaleur, tend vers un « zéro* absolu ». L'évolution technique a ajouté au froid naturel le domaine du froid artificiel ou industriel (1872).
■  Par analogie, froid s'applique (1273) à d'autres domaines de perception (lumière, couleur froide, son froid). Par extension, l'adjectif se dit de ce qui s'est refroidi (XIIIe s.) et par analogie de ce qui n'a pas fonctionné depuis longtemps (1890, en parlant d'un moteur).
■  Dans le domaine de la cuisine, froid signifie « qui a été cuit puis refroidi » (1835), d'où « composé de plats froids » à propos d'un repas (1865) et l'emploi adverbial manger froid ; par figure l'expression viande froide a pris en argot la valeur de « cadavre ». En biologie, le mot n'est plus utilisé : l'opposition animaux à sang froid (1791) / à sang chaud est remplacée par à température variable, constante.
Froid, en ancien français au figuré, pour « triste » (v. 1150), s'emploie à propos de personnes, au sens de « qui ne s'émeut pas aisément » (v. 1223), par suite du contrôle exercé sur soi (v. 1360) — d'où vient (av. 1696) garder, avoir la tête froide — ou à cause de son tempérament (1791) et dans le domaine sexuel « dépourvu de sensualité » (1771) ; comme frigide. Par extension, froid se dit (v. 1360) d'une personne, puis (1580) du comportement dont la réserve marque l'indifférence, la distance ; sens retenu dans des locutions comme laisser qqn froid (1699), ça ne me fait ni chaud ni froid, battre froid à qqn (1690), anciennement faire froide mine à qqn et avec le nom masculin jeter un froid (XXe s. ; anciennement, 1890, jeter du froid). De là vient le sens d'« insensible » (1732) et l'emploi comme nom masculin pour « situation où l'on se traite froidement » (1667), d'où la locution être en froid avec qqn et (1669) la valeur de « qui ne suscite aucune émotion » (personnes, œuvres).
■  La locution guerre froide (1924) traduit l'anglais cold war pour désigner des hostilités sans opérations militaires puis (apr. 1945) l'état de tension entre les puissances capitalistes et socialistes.
❏  Froid a de nombreux dérivés.
■  FROIDEUR n. f., réfection (XVIe s.) de froidour (fin XIIe s.), freidur (v. 1121), s'emploie pour « froid » ou « impression de froid », surtout à propos d'autres domaines que celui de la température (par ex. : la froideur d'une lumière). ◆  Froideur s'utilise parallèlement à froid pour « absence de sensibilité » (av. 1559), « manque d'empressement » (1580), spécialement pour « manque de sensualité » (av. 1799) et dans le domaine esthétique « manque de chaleur, d'émotion » (1664).
■  FROIDURE n. f., réfection (XIIIe s.) de freidure (v. 1120) ne s'emploie plus au sens de « saison froide » (v. 1120), mais s'utilise encore pour « température froide » (v. 1160), notamment en français du Canada.
Le verbe FROIDIR (v. 1165, intr., « devenir froid ») est aujourd'hui sorti d'usage ; au sens concret de « rendre froid » (XIIe s., tr.) comme au figuré « rendre moins actif (un sentiment, etc.) » (XIXe s.) il a été remplacé par le préfixé.
■  Celui-ci, REFROIDIR v. (1080, refreidier « se reposer »), est attesté très tôt au sens concret (XIIe s.) puis au figuré (v. 1355, tr.) ; d'où les locutions laisser refroidir qqch. « attendre que les passions soient apaisées » (XVIIe s.) et refroidir qqn, le cœur de qqn « le décourager » (déb. XVIIe s.).
■  Par figure refroidir signifie familièrement (1828) « tuer », et en argot un refroidi (1836, n. m.) a signifié « un cadavre ».
■  Ce verbe a servi à former REFROIDISSANT, ANTE adj. (1611), employé au propre et au figuré, et REFROIDISSEMENT n. m. « abaissement de la température » (1314 ; XIIe s., refroidement). Le mot se dit par extension (1762) d'une indisposition causée par cet abaissement de chaleur ; au figuré le mot désigne (1636) une diminution de la force des sentiments.
FROIDEMENT adv. (déb. XIVe s.) n'est plus en usage au sens concret ; il s'emploie au figuré avec les sens de « avec calme » (av. 1370), « avec froideur » (mil. XVIe s.), « avec insensibilité » (1832) et « sans éclat, terne » (1663).
L'adjectif FRET (t prononcé), FRETTE, courant en français du Canada, correpond à une prononciation ancienne de froid, frouet', réduite à fret' dans des usages régionaux et ruraux de France. Il s'emploie normalement, à l'oral, pour « froid » (de l'eau frette, il fait fret, un fret noir).
❏ voir CHAUD-FROID (art. CHAUD) ; PISSE-FROID (art. PISSER) ; SANG-FROID (art. SANG) ; FRIGIDAIRE, FRIGIDE, FRIGORIFIQUE, FRILEUX, FRIO.
L FROISSER v. tr. est la réfection (XIIIe s.) de fruisser (1080), issu d'un latin populaire °frustiare « mettre en pièces », dérivé du latin classique frustum « morceau (surtout à propos d'aliments) » ; ce dernier semble indoeuropéen (irlandais bruid « il brise », mots slaves, etc.).
❏  Le verbe a longtemps signifié, comme en latin, « briser » (1080) et « battre qqn » (v. 1165), puis par extension « meurtrir par un heurt, blesser » (v. 1319-1322) ; par affaiblissement de sens, froisser signifie à l'époque classique et depuis le moyen français (v. 1360) « meurtrir par un choc violent », aujourd'hui « contusionner » (1651 ; se froisser un muscle). ◆  Le verbe s'emploie en parlant d'un tissu, d'un papier (v. 1456-1467) pour « faire prendre de nombreux plis, des faux plis » (déformation sans déchirure). ◆  Froisser, comme blesser, signifie figurément (1829) « offenser par un manque d'égards » ; ce sens n'a rien à voir avec la valeur figurée de l'ancien français (v. 1180) « vaincre, dominer » et constitue une métaphore de « plisser en désordre », non plus de briser.
❏  FROISSIS n. m., d'abord « heurt » (v. 1155, froisseïz), est littéraire pour « bruit de choses froissées » (mil. XVIe s.).
■  FROISSURE n. f., autrefois « brisure, fracture » (fin XIIe s.), reste rare pour désigner la trace laissée par un froissement (1803).
■  FROISSEMENT n. m., en ancien français (v. 1275) « action de mettre en morceaux » puis « fatigue, peine » (fin XIVe s.), se dit en emploi concret de l'action de froisser (v. 1560) et par métonymie (1827) du bruissement de ce qui est froissé ; au figuré froissement signifie « vexation » (1829), « friction, heurt » (1831).
■  Le dérivé FROISSABLE adj., autrefois (XVIe s.) « peu robuste » en parlant du corps, s'emploie au propre et au figuré (1865).
■  Le contraire préfixé INFROISSABLE adj. a seulement une valeur concrète (1912).
■  Le verbe préfixé DÉFROISSER v. tr. (1911) est usuel ; il a pour dérivé DÉFROISSABLE adj. (attesté 1964).
FROISSANT, ANTE adj. (1845) est surtout employé au sens figuré de « blessant ».
? FRÔLER v. tr., variante graphique (1670, Molière) de frauller (1458), a peut-être une origine onomatopéique, la séquence f-r-l- évoquant le bruit d'un objet qui passe. P. Guiraud relève dans les dialectes les sens de « frotter », « effeuiller », « émietter » et dans l'argot ancien celui de « médire de qqn » ; frôler représenterait peut-être un latin populaire °fraudulare au sens d'« endommager », du classique fraudare « faire du tort » (Cf. aussi frotter), sans que soient exclues les connotations onomatopéiques.
❏  Le verbe serait passé du sens de « frotter », non attesté, à celui de « battre » (1458), puis à ceux de « toucher légèrement, effleurer » (1670), « passer très près de » au propre (1877) et au figuré (déb. XXe s.).
❏  FRÔLAGE n. m. (XXe s.) « action de frôler » est moins courant que FRÔLEMENT n. m. (1700), de même sens.
■  FRÔLEUR, EUSE adj. et n. (1876, branches frôleuses), « qui frôle », désigne qqn qui cherche à frôler d'autres personnes pour obtenir des émotions érotiques (1879), spécialement une femme provocante (1882, n. f.).
L FROMAGE n. m. procède (v. 1135) d'un bas latin (caseus) formaticus « (fromage) fait dans une forme », formaticus dérivant du latin classique forma (→ forme, fourme). Fromage, à côté de la forme attendue formage attestée en 1180, provient d'une métathèse qui a détaché le mot de son origine.
❏  Le mot désigne un aliment solide ou pâteux produit par la coagulation du lait, suivie ou non de fermentation. Le vocabulaire français des fromages est immense, tant dans la phraséologie de la fabrication (fromage fermenté, à pâte pressée, à croûte lavée, frais, de (lait) de vache, de chèvre [Cf. un chèvre], de brebis...) que dans les noms de fromages particuliers. Le mot s'emploie comme nom de substance alimentaire (du fromage) et nom d'une masse de fromage moulée (un fromage). Outre les noms de fromages de France, de Belgique, de Suisse francophone, du Québec, de très nombreux emprunts à l'italien, à l'anglais, à l'allemand, à l'espagnol... désignent, en français, des fromages. Fromage entre dans des locutions comme entre la poire et le fromage (av. 1660) « à la fin du repas, quand les propos sont moins sérieux » ou en faire tout un fromage « grossir l'importance d'un fait » (1928). Fromage et dessert évoque l'abondance, sans avoir à choisir. ◆  Au figuré, fromage se dit (1932) pour « situation de tout repos », « travail insignifiant et bien rémunéré », d'abord dans se retirer dans un fromage (1873), d'après Le rat qui s'est retiré du monde, fable de La Fontaine. Dans l'argot des théâtres, le mot désigne (1905) l'emplacement d'une affiche où le nom d'une vedette est inscrit en grosses lettres. ◆  Par retour à son origine, fromage désigne des plats que l'on prépare dans un moule, une forme : fromage de cochon (1803), fromage de tête (1835). Ce pâté ou terrine de tête de porc en gelée s'est appelé absolument fromage (1804), dans un contexte où on ne consommait pas de fromage (par exemple en français de Bretagne). Au Québec, il est nommé tête de fromage ou tête fromagée.
D'autres emplois argotiques et péjoratifs désignent des personnes, en particulier les jurés de la cour d'assise (1969) et, de manière hostile, une personne de race blanche (1980). ◆  Au figuré, et sous l'influence de syntagmes concrets tels fromage mou, fromage blanc, l'expression avoir du fromage (blanc, mou) dans la tête « être abruti, sans réflexes et sans idées » semble apparaître dans l'argot de la guerre de 1914. ◆  C'est la télévision qui a promu la locution les fromages qui puent (Guignols de l'info) comme sobriquet péjoratif désignant les Français vus par les États-Unis.
❏  1 FROMAGER, ÈRE n. et adj. désigne le fabricant ou le vendeur de fromages (1254, fromaiger ; 1313, formagiere, fromagiere) et FROMAGIÈRE n. f. un appareil pour faire le fromage blanc (XXe s.) ; en moyen français (XVIe s.), fromagier avait désigné un égouttoir à fromage. L'adjectif signifie « relatif au fromage » (1846 ; 1571, sens obscur).
■  Sont aussi dérivés de fromage : FROMAGERIE n. f. (1636 ; formagerie, av. 1320, nom de rue à Paris) et FROMAGEUX, EUSE adj. (XVIe s.).
2 FROMAGER n. m. est la dénomination (1724 ; 1664, fromagier) d'un arbre tropical, par comparaison de son bois très mou avec le fromage.
Par apocope populaire, fromage a donné FROM ou FROME n. m. (1856 et 1867), suffixé en FROM(E)GI n. m. (1878), FROM(E)TON n. m. (1888), encore employés, et aussi FROMGOM (1928), FROM(E)TEGOM n. m. (1948), moins courants ou même oubliés aujourd'hui.
L FROMENT n. m. est issu (XIVe s.), par les formes frommant (v. 1268), furment (v. 1121), du latin frumentum, terme général pour toutes les céréales à épi et, spécialement, le blé. Le mot est lié sémantiquement à fruges qui désigne les produits issus de la terre, par opposition à fructus (→ fruit) pour les produits des arbres ; il appartient à la même famille que frui (dont dérive fructus) « avoir la jouissance de », « jouir des produits de ».
❏  Froment ne s'emploie aujourd'hui que dans le vocabulaire agricole pour blé, et (1342) grain du blé. Par extension, le mot s'emploie (1872) dans des syntagmes pour désigner diverses graminées (froment des haies, froment de vache, etc.). Adjectivement, il s'applique par métonymie à la couleur blonde de certains bovidés (déb. XXe s.).
❏  FROMENTAL, ALE, AUX adj. et n. m., dérivé de froment ou emprunté au bas latin fromentalis « de blé », est rare au sens latin (fin XIIe s., formentail). Comme nom, le mot désigne l'avoine fourragère (1761).
■  FROMENTÉE n. f. « bouillie de farine de froment » (v. 1280) est sorti d'usage.
■  FROMENTACÉ, ÉE adj. et n. f. est un terme de botanique (1732) d'après le bas latin frumentaceus « de blé » ; il a vieilli et a été remplacé par FRUMENTACÉ, ÉE adj. et n. f. (1865, Littré).
G FRONCE n. f. est donné habituellement comme issu (fin XIe s.) d'un francique °hrunkja « ride », mot restitué par le moyen néerlandais fronse, ronse « pli, ride », l'ancien scandinave hrukka et l'allemand Runzel, de même sens. P. Guiraud voit plutôt dans fronce le déverbal de froncer, mot roman dérivé de front*, par une forme populaire °frontiare « agir avec le front » au sens de « plisser le front ».
❏  Fronce au sens de « pli de la peau » (fin XIe s.) est sorti d'usage ; le mot reste employé (fin XIe s.) en couture.
❏  FRONCER v. tr., réfection (av. 1191) de froncier (fin XIe s.) « plisser, rider en contractant », est surtout utilisé dans froncer le(s) sourcil(s) (la bouche ; v. 1155, le nez) et est aussi employé en couture (fin XIe s., froncer une étoffe) comme le préfixé DÉFRONCER v. tr. (XIIIe s.).
■  Le verbe a pour dérivé FRONCEMENT n. m. « action de froncer (en général le sourcil), son résultat » (1530).
■  FRONCIS n. m. (1563) « suite de plis faits à une étoffe » est dérivé de fronce au sens moderne.
■  FRONÇURE n. f. (1606) est demeuré rare.
FRONDAISON n. f. est un dérivé (1823) de 1 FRONDE n. f. (XVe s.), terme de botanique (disparu au sens de « frondaison »), emprunt au latin frons, frondis « feuillage », singulier collectif (sans rapport avec frons, frontis « front* » et d'origine inconnue).
❏  Frondaison se dit en botanique de l'apparition des feuilles sur les arbres et, plus couramment (av. 1850), du feuillage lui-même.
❏  FRONDESCENT, ENTE adj. (1865), emprunté au participe présent de frondescere « avoir des feuilles », inchoatif de frondere (dérivé de frons), signifie « qui se couvre de feuillage » ; il est didactique et rare.
1 FRONDE → FRONDAISON
L 2 FRONDE n. f. est probablement issu (v. 1240 ; variante flondre, XIIIe s.) d'un latin populaire °fundula, diminutif du classique funda « fronde », mot « dont l'origine indoeuropéenne est douteuse » (Ernout et Meillet) et qui a donné l'ancien mot fonde (déb. XIIe s.), encore employé au XVIIe siècle. Funda désignait par analogie tout objet comparable à la fronde (chaton de bague, bourse, etc.).
❏  Fronde a conservé les sens du latin : « arme de jet » (v. 1240) et par analogie de forme « jouet d'enfant » (1678), passant du sens initial, où le projectile est lancé par rotation, à « lance-pierre ». Le mot désigne aussi (1732) un bandage (la forme du bandage rappelant celle de la fronde).
❏  FRONDER v. s'est substitué (1611) à fonder (XIIe s., « jeter » ; de fonde) ; le verbe n'est plus utilisé au sens propre de « lancer un projectile avec une fronde » (1611, tr.). ◆  Par métaphore, fronder signifie (av. 1662) « attaquer (qqn ou qqch.) en usant de la satire, de la moquerie » ; cet emploi est littéraire ; en histoire, fronder (1649, intr.) est lié au sens spécialisé du substantif (ci-dessous).
3 FRONDE n. f. (1649 ; avec F majuscule) est la dénomination de la sédition qui éclata contre la reine Anne d'Autriche, régente, et contre Mazarin pendant la minorité de Louis XIV ; par extension (1651) le mot a désigné le parti des insurgés. Au figuré et tardivement (1873) un esprit de fronde équivaut à « un esprit de révolte ».
FRONDEUR, EUSE n. et adj., dérivé de fronder (1648), a désigné autrefois un soldat armé de la fronde (1290, fondaour, fondeur ; de fonde). ◆  Il ne s'emploie plus qu'au figuré au sens historique (1662) de « personne appartenant au parti de la Fronde » et pour désigner (1690, n. ; déb. XIXe s., adj.) une personne qui critique sans retenue les personnes au pouvoir, les autorités, etc.
L + FRONT n. m. est issu (1080) du latin frons, frontis « front » (de l'homme, des animaux), mot obscur (sans rapprochements indoeuropéens) qui reprend tous les sens du grec langue où le front était considéré comme le miroir des sentiments (en particulier de la pudeur et de l'impudence) ; frons avait aussi le sens de « devant d'une chose », notamment dans le domaine militaire.
❏  Au sens propre, front désigne (1080) la partie supérieure de la face humaine (ou de certains animaux, 1668), d'où par métonymie (1121-1134) la tête, le visage, surtout dans des emplois figurés du type courber le front. Le mot s'emploie aussi (fin XIIe s.) pour désigner le siège de la pensée et du sentiment et par extension se dit du visage dans ce qu'il a d'expressif (1611). ◆  À l'époque classique, front signifiait par métonymie (1559) « air, apparence » et, spécialement, « air intrépide » (1662) ; il en reste des expressions comme avoir le front de... ◆  Le même sémantisme se retrouve dans deux expressions québécoises, avoir un front de bœuf (front d'beu) et avoir du front tout autour de la tête « être effronté » et « audacieux » ; on dirait en France culotté.
■  Le mot a repris le sens latin de « face antérieure d'une chose » (v. 1225), « proue d'un navire » et, dans le domaine militaire (v. 1165), de « troupe rangée face à l'ennemi » ; de là viennent outre le mot frontière* les locutions faire front « faire face » (mil. XVIe s.) au propre et au figuré, de front (v. 1170 ; loc. adv.) « du côté de la face » (1635, emploi figuré : attaquer qqn, une opinion de front « directement ») et « sur la même ligne » (XIVe s. au propre, 1716 au figuré, mener de front).
■  L'expression front de mer « avenue, promenade en bord de mer » (qui fait face à la mer) semble récente.
■  Employé absolument, le front (1914) désigne la zone des batailles, d'où le composé ARRIÈRE-FRONT n. m. (1922) « en arrière de la zone des combats ».
■  Par analogie, front se dit (XXe s.) de l'union entre des partis ou des individus qui s'accordent sur un programme (d'où plusieurs désignations, certaines étant des noms propres liés à l'histoire). Front national a désigné un mouvement de résistance français à l'occupation allemande, créé en 1941, et d'inspiration communiste, ce qui n'a pas empêché Jean-Marie Le Pen de reprendre ce nom pour son parti d'extrême droite (1972). Front de libération nationale désigne le parti nationaliste algérien créé en 1954 pour mener la guerre d'indépendance contre la France. Front populaire caractérise, d'après l'espagnol Frente popular, la coalition des partis de gauche, en France, en 1936. Le Front populaire pour la libération de la Palestine, FPLP, créé en 1967, coexiste avec le Front démocratique et populaire pour la liberté de la Palestine (FDPLP). Front islamique du salut (FIS) est le nom d'un parti islamiste algérien, dissous en 1992.
■  Front est également utilisé au sens de « face, plan vertical » (1875, dans une mine, front de taille) et en météorologie (XXe s. ; front froid, chaud).
❏  FRONTAL, ALE, AUX n. m. et adj. (av. 1105) vient à la fois de front au sens propre et du bas latin frontalis « fronteau, têtière des chevaux ». Il se dit (av. 1105) d'un bandeau de front et de la pièce de casque couvrant le front ; il a désigné (1594) un instrument de torture avec lequel on serrait le front et, par métonymie (1690), le supplice ainsi infligé. C'est aussi le nom d'une partie de la têtière du cheval, nommée également FRONTAIL n. m. (1762 ; 1559, « bandeau »). L'adjectif frontal « relatif au front » est attesté au XVIe s. puis (1611) dans os frontal.
■  Le dérivé FRONTALITÉ n. f. (fin XIXe s.) désigne le fait de se présenter de face et s'emploie en art.
FRONTEAU n. m. (1393), réfection de frontel (XIIe s.), lui-même doublet de frontal, possède diverses acceptions liées à l'idée de « front » ou de « face » : « bijou porté sur le front » (XIIe s.), « bandeau sur le front », spécialement (1704) « bandeau faisant partie du vêtement de certaines religieuses », « petit fronton » (1611), etc.
FRONTISTE adj. et n. est dérivé (1916) de front, d'abord au sens militaire, puis au sens politique du mot, en particulier à propos du Front national, parti d'extrême droite français (un élu frontiste ; des Frontistes).
AFFRONTER v. tr., composé à partir de front, a eu en ancien français le sens (1160) d'« abattre en frappant sur le front » et par figure signifie (XIIIe s.) « aller hardiment au-devant d'une difficulté, d'un adversaire, etc. » et, par affaiblissement (1501-1516), « opposer face à face », « front à front », d'où en médecine (1835) affronter les bords d'une plaie « les mettre en contact ». Au figuré, le verbe a signifié aussi (déb. XVIe s.) « être limitrophe (d'une terre) ». ◆  De front « siège du sentiment » viennent pour ce verbe des emplois sortis d'usage : « couvrir de honte » (1221), « perdre toute honte » (fin XIIIe s.) et « tromper » (XVIe s.).
■  De là, le déverbal AFFRONT n. m. (v. 1560 ; 1588, « tromperie ») qui signifie « offense faite publiquement », d'où par métonymie (1690) « honte éprouvée par celui qui subit un affront » et par extension « échec humiliant ».
■  AFFRONTERIE n. f. (ap. 1535) « action de tromper impudemment » est sorti d'usage, ainsi qu'AFFRONTEUR n. m. (1536) au sens d'« imposteur ». Cependant, affronteur « personne qui affronte » (1589, d'un choc) est resté dans l'usage littéraire. Le mot désigne aussi un instrument chirurgical.
■  AFFRONTEMENT n. m. « rencontre face à face » (av. 1540), sorti d'usage au sens de « tromperie » (mil. XVIe s.), s'est spécialisé dans le domaine militaire (1587), en médecine (1846) et en technologie (1866).
EFFRONTÉ, ÉE adj. et n. (v. 1278, esfrontez) signifie proprement « sans front », le front figurant le siège des sentiments ; il qualifie et désigne comme nom une personne qui n'a honte de rien et manifeste sans honte sa liberté de mœurs, d'où le sens de « licencieux ».
■  En dérivent EFFRONTÉMENT adv. (fin XIIe s., effronteyement) et EFFRONTERIE n. f. (mil. XIVe s., enfronterie). Effronté et ses dérivés sont devenus moins usuels en français moderne.
❏ voir FRONTALIER, FRONTIÈRE, FRONTISPICE, FRONTON.
FRONTALIER, IÈRE adj. et n. est emprunté (1730 ; repris en 1827) au gascon frountalié (frountalé « habitant de zone frontière »), dérivé de froun « front », du latin frons (→ front).
❏  Le mot désigne un habitant d'une région frontière et, comme adjectif, se dit de ce qui est relatif à une frontière. Il est aujourd'hui senti comme le dérivé aberrant de frontière.
FRONTIÈRE n. f. est un dérivé (1213) de front (faire front), le sens moderne venant sans doute d'expressions du type pays de frontière, c'est-à-dire gardé par une armée, une place forte qui fait front à l'ennemi ; le moyen français connaît l'adjectif frontier, d'où ville frontière.
❏  En ancien français, le mot désigne le front d'une armée, puis (1292) une place fortifiée faisant face à l'ennemi. Frontière se dit aujourd'hui de la limite séparant deux États (v. 1360) et par extension de la limite d'un territoire. Par analogie, on parlera (1770) des frontières d'une région ou de frontières linguistiques, etc. Au figuré frontière s'emploie (1700) pour « limite » séparant des domaines abstraits ou concrets.
Parmi les composés préfixés, on peut signaler GARDE-FRONTIÈRE n. (1854, alors seulement n. m.) « militaire chargé de surveiller les passages aux frontières ». En français de Suisse, par calque de l'allemand, « membre du corps de police chargé de surveiller les frontières de la confédération ».
❏ voir FRONTALIER.
FRONTISPICE n. m. est emprunté (1529 ; 1528, variante altérée frontepie) au bas latin frontispicium « façade », composé de frons, frontis (→ front) et du verbe archaïque specere, spicere « regarder », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °spek- « contempler » (→ spectacle).
❏  Frontispice s'est employé en architecture au sens de « façade principale d'un bâtiment » ; il désigne aujourd'hui le grand titre d'un ouvrage, placé à la première page (1647), d'où par extension (1872) le titre. Il désigne en outre une gravure placée avant la page de titre ou face au titre (av. 1695).
FRONTON n. m. est emprunté (1624) à l'italien frontone, mot d'architecture (XVe s.), augmentatif de fronte « front » du latin frons, frontis (→ front).
❏  Le mot désigne un ornement de forme triangulaire ou en segment de cercle couronnant l'entrée principale d'un édifice et, par extension, la partie supérieure de la façade principale d'un bâtiment. Fronton s'emploie aussi pour désigner la partie supérieure du mur contre lequel on joue à la pelote basque (1897) et la plate-forme devant ce mur (1910).
? FROTTER v. est une variante graphique (XVIe s.) de froter (v. 1121-1134). Bloch et Wartburg, notant que l'ancien provençal fretar et l'ancien français freter ont le même sens, et évoquant l'existence de l'italien frettare « nettoyer avec un balai la partie submergée d'une barque », proposent pour origine à ces verbes un bas latin frictare « frotter » (VIIe s.), fréquentatif de fricare (→ frayer), mais le rapport entre les formes en -e- et celles en -o- reste obscur. P. Guiraud rapproche frotter de frôler, tous deux ayant eu le sens de « rosser », et suggère une forme gallo-romane °frauditare, dérivée du latin classique fraudare « tromper », « faire du tort » ; on serait passé de l'idée de « faire du tort à qqn » (Cf. latin fraudem ferre) à celle de « causer un tort physique » ; frotter, c'est alors user et détériorer la surface d'un objet ; mais cette hypothèse est sémantiquement faible.
❏  Au sens général, frotter signifie dès le début du XIIe s. « exercer sur qqch. une pression accompagnée d'un mouvement », spécialement sur le corps pour le laver (v. 1175) ; de là viennent des locutions comme se frotter les yeux, au figuré « être très surpris », se frotter les mains, au figuré « se réjouir », et frotter les oreilles à qqn « le punir » (1669) correspondant à un sens archaïque « donner des coups » (XIIIe s.) ; une autre valeur spéciale, érotique, est restée vivante en français moderne. Frotter qqn signifie par extension « le frictionner » (1273) et frotter qqch. « rendre qqch. plus propre en frottant » (1690), d'où par plaisanterie frotter le parquet « danser » et la locution figurée, en Belgique, frotter la manche « flatter » (avec le composé FROTTE-MANCHE « flatteur »). Le verbe s'emploie aussi avec un nom de chose pour sujet (1604).
■  Spécialement, frotter de (XIIIe s. ; se frotter de, v. 1160) correspond à « enduire par frottement », d'où au figuré (1839) être frotté de (connaissance, etc.) « avoir un vernis de... ».
■  Au figuré, frotter veut dire « faire entrer en relations » surtout au pronominal et se frotter à qqn a signifié « avoir commerce avec qqn » (av. 1613), auparavant « attaquer » (XVe s.). Ces emplois sont sortis d'usage, sauf le dernier dans quelques locutions (qui s'y frotte s'y pique, etc.). ◆  En argot ancien, frotter s'est employé (1808) pour « battre, cogner ». Ces valeurs ont disparu au XXe siècle, à la différence de celui d'« être en relation sexuelle » (1875) et plus explicitement, en retrouvant le sens érotique de frotter son lard (Rabelais, 1534), se frotter v. pron. (chez Bruant) et frotter v. intr., spécialement « danser en se serrant érotiquement » (1935). Ces contextes sont présents dans les dérivés : frotteur, frotti-frotta (ci-dessous).
❏  FROTTAGE n. m., attesté isolément (1327, frotaige) pour désigner un droit féodal, signifie « action de frotter » (1690 ; le frottage du linge) ; il se dit spécialement (XXe s.) d'un procédé pictural où l'on procède en frottant ou grattant et par métonymie de l'œuvre obtenue par ce procédé.
■  FROTTOIR n. m. désigne un objet utilisé pour frotter : « linge pour essuyer » (1423), frottoir à allumettes (1865), etc.
■  FROTTEMENT n. m. (1490) se dit du contact de deux corps dont l'un au moins se déplace par rapport à l'autre, d'où vient l'emploi du mot en physique. ◆  Au figuré, frottement ne s'emploie plus pour « fréquentation » (1820) mais pour « désaccord provenant de contacts difficiles » (1811).
■  FROTTIS n. m. est vieilli au sens général d'« action de frotter » (1611) mais s'utilise par métonymie pour désigner ce qui est frotté, au sens concret (1850, en peinture ; 1896, en biologie) et au sens figuré (1888, « connaissance superficielle »).
■  FROTTÉE n. f. désigne une tartine frottée d'ail (1611) et une volée de coups (1807) — d'où au figuré « défaite » (XXe s.). ◆  FROTTE n. f., est le déverbal (attesté 1861) de frotter, désignant l'action de frotter, emploi disparu, et (1866) une maladie de peau qui fait se frotter, se gratter, la gale. Par métonymie (1878) frotte s'est dit d'un mélange de pommade soufrée et de savon noir pour traiter la gale. ◆  Dans le sud-ouest de la France, d'après « pain frotté d'ail », une frotte se dit d'une tranche de pain avec de l'huile d'olive, frottée d'ail (aussi frotte à l'ail).
FROTTEUR, EUSE n. (1372) « personne qui frotte », spécialement « les parquets » (XVIIIe s.), est devenu aussi un terme technique (XXe s., n. m., « pièce destinée à produire un frottement »). ◆  Le mot désigne aussi (1883) celui qui cherche à aguicher par des contacts physiques plus ou moins furtifs.
■  Cette valeur sexuelle de frotter, demeurée vivante (voir ci-dessus), se retrouve dans le composé expressif FROTTI-FROTTA n. m. (1937 ; par redoublement) « frottement dans un sens puis dans un autre » et, spécialement, « contact érotique entre des personnes qui se frottent », notamment en dansant. À ce sens correspond FROTTING n. m. « dancing », en usage dans les années 1950.