L
FUIR v. est l'aboutissement (fin IXe s., tr.) du bas latin fugire (IIIe s.), altération du latin classique fugere « fuir, s'enfuir », « être exilé, banni ». Ce verbe se rattache à une racine indoeuropéenne °bheug-, attestée en sanskrit, en grec, dans les langues baltes.
❏
Fuir qui est aussi intransitif (1080) a conservé le premier sens latin. Il a pris au
XIIe s. (v. 1176-1181) le sens de « céder sous l'effet d'un contact »
(le sol fuyait sous lui). C'est l'idée d'« éloignement » qui est retenue dans les diverses acceptions, quand on parle d'une chose qui s'éloigne par un mouvement rapide (1640) ou par analogie de ce qui est éphémère (1640 ;
le jour fuit).
Fuir s'emploie (av. 1704) en parlant de ce qui paraît s'éloigner, par l'effet de la perspective dans un tableau ou par le mouvement de qqn qui regarde (av. 1841 ;
voir fuir les arbres).
■
Par analogie, le verbe s'emploie à propos d'un contenant (1762) dont le contenu liquide s'échappe et par extension (1872) signifie « s'échapper par une issue étroite » en parlant d'un contenu (Cf. ci-dessous fuite).
◆
Les sens figurés, « échapper » (1538, tr. ; par exemple dans le sommeil me fuit) et « chercher à échapper à des difficultés d'ordre moral » (1549) sont devenus assez littéraires.
❏
FUITE n. f. représente (v. 1190-1200) une réfection d'après
suite de l'ancien français
fuie, issu de
°fugita, féminin du participe passé du bas latin
fugire, du latin classique
fugere ; l'ancien
FUIE n. f. (v. 1135), d'abord « fuite », puis « refuge », désigne encore régionalement une petite volière (1248).
◆
Fuite désigne figurément l'action de fuir par figure en parlant du temps (av. 1662) ; dès le
XIIIe s.,
fuite désignait aussi au figuré (v. 1270) l'action de se dérober (à une difficulté).
◆
Il se dit aussi, dans l'usage familier, de la disparition de qqn qui a fui, d'où en droit
délit de fuite et les valeurs argotiques d'« évasion » (1898) et de « libération (d'un soldat appelé) » (v. 1905), ce dernier jusqu'à la fin du service militaire obligatoire, en France.
Cf. la quille. La locution figurée (1968)
fuite en avant correspond à « accélération d'un processus politique ou économique ».
■
D'après fuir, fuite se dit d'un écoulement de fluide par une issue (1845, fuite de gaz) et, par métonymie, de l'issue elle-même ; il s'emploie, surtout au pluriel (1899 ; sens répandu à partir de l'affaire Dreyfus), pour « disparition de documents qui devaient demeurer secrets ». Fuite est aussi employé en peinture et en géométrie (1802, point de fuite).
■
Sur fuite a été dérivé le verbe familier FUITER intr. et pron. « fuir » (1910, surtout se fuiter).
◈
FUYARD, ARDE adj. et n. m., formé sur le verbe (
fuyant, il
fuyait...) avec le suffixe
-ard, désigne la personne qui s'enfuit (1538) et spécialement (1610) le soldat qui abandonne son poste. L'adjectif est peu utilisé au sens propre (1690, « qui fuit ») et est d'emploi littéraire au figuré (1792,
yeux fuyards ; 1834, à propos du temps).
■
FUYANT, ANTE, participe présent de fuir, est d'abord attesté comme nom (1213), emploi où il a été éliminé par fuyard. Comme adjectif, il se dit (1539) de ce qui s'enfuit, êtres animés et choses et, au figuré (XVIIIe s.), de ce qui semble se dérober, s'éloigner (alors en relation avec fuir et fuite, employés en art). De là un emploi courant pour « qui est incurvé vers l'arrière » (1838, Stendhal). À l'abstrait, fuyant s'applique (1884, Zola) à ce qui se dérobe, en parlant des regards, des pensées et aussi des personnes (fin XIXe s.).
◈
Le composé
S'ENFUIR v. pron. (1080,
s'en fuir) a, dans ses différents emplois propres et figurés, le sens de « s'en aller, s'échapper ». Comme
fuir, il se dit du temps qui passe, de ce qui est éphémère, de la vie.
❏ voir
FAUX-FUYANT, FUGACE, -FUGE, FUGITIF, FUGUE.
FULGURANT, ANTE adj. est un emprunt (1488) au latin fulgurans, participe présent de fulgurare « faire des éclairs », de fulgur « foudre* ».
❏
Du sens de « qui produit des éclairs » et d'un emploi didactique et rare, on est passé par analogie des idées de vivacité, de rapidité, de soudaineté, à l'emploi en médecine (1564, fièvre fulgurante) et couramment (XIXe s.) aux sens de « qui frappe soudainement l'esprit » et de « rapide comme l'éclair ». Par ailleurs, l'adjectif a la valeur moins précise et plus courante (d'après fulguration) de « qui jette une lueur vive et rapide comme l'éclair » (XIXe s.).
❏
FULGURATION n. f., emprunt au dérivé latin
fulguratio « lueur de l'éclair », en conserve le sens (1532) et par extension (1755) se dit d'un éclat lumineux ; au figuré (1843), une
fulguration est une illumination soudaine qui traverse l'esprit.
◈
FULGURER v. intr. (1845) soit est un emprunt au latin
fulgurare, soit a été refait à partir de
fulgurant. Le verbe a les valeurs propres et figurées de
fulgurant et a donné
FULGURANCE n. f. (1866), synonyme littéraire de
fulguration.
FULIGINEUX, EUSE adj. a été emprunté (1549) au bas latin fuliginosus « couvert de suie », dérivé du latin classique fuligo, -inis « suie » qui se rattache à une racine indoeuropéenne °dhūlī-.
❏
Fuligineux, introduit avec le sens de « qui a la couleur noirâtre de la suie », est utilisé en médecine (1814) pour parler de la bouche quand elle est recouverte d'un enduit noirâtre et s'emploie au figuré pour obscur (1842), comme fumeux*. Le mot est littéraire ou (au figuré) plaisant.
FULL n. m. est un emprunt (1884) à l'anglais, sens spécialisé de full « plein », pour désigner au poker l'ensemble formé par un brelan et une paire. Full aux as, où le brelan est fait d'un as, d'un roi et d'une reine.
FULLERÈNE n. f. est emprunté (v. 1990) à l'anglo-américain fullerene, mot créé par R. Curl, H. Kroto et R. Shalley, prix Nobel 1996, et dérivé du nom de l'architecte américain R. Buckminster Fuller, auteur du dôme géodésique de l'exposition de Montréal, en 1967.
❏
Le terme s'applique à un type de molécules stables, formées de 60 atomes de carbone et plus, en nombre pair, et assemblés en hexagones et pentagones, eux-mêmes disposés en feuillets — comme le graphite — et refermés sur eux-mêmes. Ces molécules ont des propriétés spécifiques importantes en chimie industrielle.
FULMINER v. est emprunté (1330) au latin classique fulminare « lancer la foudre », en latin médiéval « lancer les foudres de l'excommunication », « donner des arguments foudroyants ». Ce verbe dérive de fulmen « foudre », qui se rattache comme fulgur (→ foudre) à une racine indoeuropéenne °bhel-, °bhleg- « briller ».
❏
Fulminer s'est employé (1330, intr.) au sens du latin classique. Par emprunt au latin du droit canon, il signifie en emploi transitif (1368) « lancer une condamnation dans les formes » et par extension « formuler avec véhémence » (XVIe s.), d'où « se laisser aller à une explosion de colère » (av. 1655). Par analogie, le verbe a pris dans le domaine de la chimie (mil. XVIIIe s.) le sens de « faire explosion ».
❏
FULMINANT, ANTE adj. a signifié « qui lance la foudre » (fin
XVe s.), puis « qui est chargé de menaces » (1663). Par analogie, il s'applique en chimie (1690) à ce qui détone.
◈
FULMINATION n. f. (1406, d'après le latin classique
fulminatio) et
FULMINATOIRE adj. (1636 ; 1512, « qui lance la foudre », d'un dieu ;
Cf. latin médiéval fulminatorius) sont des termes de droit canon.
◈
Enfin,
FULMI-, élément tiré du latin
fulmen, -inis « foudre », entre dans la composition de quelques mots savants :
FULMINATE n. m. (1823),
FULMINIQUE adj. (1824),
FULMICOTON n. m. (1847 ; de
coton), nom d'un puissant explosif.
L +
1 FUMER v. est issu (v. 1120, intr.) du latin fumare « dégager de la fumée », dérivé de fumus « fumée », sans origine connue.
❏
Fumer a conservé le sens latin ; par extension, il signifie très tôt (1178) « laisser passer la fumée » et « exhaler de la vapeur ». En emploi transitif, il s'utilise pour « enfumer » (1565) et, spécialement (1611), « exposer (une denrée) à la fumée, à la vapeur ».
◆
Par spécialisation il s'emploie (1664, intr.) pour « faire brûler du tabac, etc. en aspirant la fumée par la bouche ». Cette valeur, liée à une habitude sociale (Cf. tabac, pipe, cigare et dérivés), est devenue dominante, en emploi transitif et absolu (défense de fumer) et (fin XXe s.) dans l'avertissement imprimé sur les paquets de cigarettes, fumer tue. Des expressions familières intensives évoquent le comportement des grands fumeurs : fumer « comme un bateau à vapeur, comme un gros poêle » (George Sand, 1840), comme une locomotive (1871), comme une cheminée d'usine (1880 dans Maupassant). Plus courantes, les locutions fumer comme un pompier, un sapeur (de sapeur-pompier) sont métonymiques, la fumée n'étant pas celle des « soldats du feu », mais celle de l'incendie qu'ils doivent éteindre.
◆
Le fait que l'on fume des substances autres que le tabac, tels le haschisch, la marijuana, etc., a suscité le dérivé FUMETTE n. f. « fait de fumer une drogue » (années 1970).
◆
Au figuré, le verbe intransitif signifie aussi « s'exciter » (fin XIVe s.) et par extension (1456-1457) « se mettre en colère ». Voir ci-dessous fumasse.
❏
FUMÉE n. f., déverbal de
fumer, s'emploie au propre (déb.
XIIe s.), éliminant l'ancien français
fum (ci-dessous
1 fumage), d'où plusieurs locutions figurées comme
se dissiper en fumée (1640),
s'en aller en fumée (1671),
il n'y a pas de fumée sans feu (déb.
XVe s.,
onques feu ne fut sans fumée). Le mot désigne spécialement au pluriel la griserie due à des causes morales (v. 1230,
fumée de l'orgueil), les vapeurs supposées monter au cerveau sous l'effet de l'alcool (déb.
XVe s., au singulier) et, par métaphore, (av. 1559) des choses fugitives ou des propos imprécis. Le sens propre est très vivant, surtout en parlant de la fumée des foyers et des industries, ou encore de celle du tabac (1690).
◈
1 FUMAGE n. m., qui vient de l'ancien mot
fum « fumée » (déb.
XIIe s., du latin
fumus ; Cf. italien fumo, espagnol humo), a désigné (1321) un droit levé sur certains étrangers faisant feu et fumée.
■
Son homonyme usuel dérivé de fumer, 2 FUMAGE n. m., signifie « action d'exposer à la fumée » (pour une denrée, 1845) ; dans ce cas on dit aussi 1 FUMAISON n. f. (1856 en français du Canada).
◈
Le participe présent a fourni
FUMANT, ANTE adj., au
XVIe s. (av. 1559) pour « qui émet de la fumée, de la vapeur » et au figuré « qui exprime une vive colère » (1586).
◆
Le sens familier de « spectaculaire, sensationnel »
(un coup fumant) viendrait du langage du billard où
bloc (blocage)
fumant désignait un coup qui bloquait une bille en produisant un petit nuage de poussière. Mais les emplois de
fumer, fumée, à propos de coups de feu peut suffire à expliquer cet emploi.
◈
Plusieurs dérivés sont liés à l'emploi du tabac (ou d'autres substances).
■
FUMEUR, EUSE n. (1690) « personne qui fume » désigne spécialement un fumeur de tabac (un grand fumeur) ; sur le mot a été composé NON-FUMEUR n. m. (mil. XXe s.), en une opposition liée à l'usage du tabac et à son interdiction de plus en plus fréquente.
■
FUMERIE n. f. (1786) désigne l'action de fumer et, par métonymie (1863), le lieu où l'on fume l'opium.
■
FUMABLE adj. (1829) signifie « qui peut être fumé », d'où le composé INFUMABLE adj. (1868).
■
FUMOIR n. m. se dit d'une pièce où l'on se tient, à l'origine pour fumer (1859 ; 1846, salon-fumoir). Le mot s'emploie également (1821) pour désigner le local où l'on fume des denrées.
◈
Le verbe
fumer ayant eu dans l'usage populaire le sens de « devenir dangereux »
(Cf. chauffer, barder), un dérivé populaire
FUMASSE adj. correspond à « furieux, en colère » et comme nom, à « colère », dans
être en fumasse (1929).
Cf. Fumer de colère, au XVIIe s. (Oudin). On écrit aussi
fumace.
◈
FUMEUSE n. f. (v. 1868, par abréviation de
chaise fumeuse) « siège bas muni d'un coffret contenant l'attirail du fumeur », est vieilli.
■
FUMAILLER v., c'est « fumer un peu » (1883 ; en ce sens, aussi FUMASSER, 1918) ; le verbe s'emploie aussi pour « dégager un peu de fumée » (1843).
■
FUMETTE n. f. (1978 ; du radical de fumer) se dit pour « drogue » (« herbe » à fumer) et désigne le fait de fumer du haschisch, de l'opium.
◈
À partir de
fumer ont été aussi composés
FUME-CIGARETTE n. m. (1891) et
FUME-CIGARE n. m. (1871).
◈
D'autres dérivés renvoient à des valeurs différentes du verbe
fumer.
■
FUMET n. m. désigne (1558) l'odeur agréable émanant d'un vin puis d'une préparation culinaire (1670), d'une viande (1690). Cette formation radical verbal plus -et est rare et correspond plutôt à un nom d'instrument (foret, de forer) ; -ette est plus normal (allumette, etc.).
■
FUMERON n. m. désigne (1611) un morceau de charbon de bois insuffisamment carbonisé, qui jette encore de la fumée et familièrement (1913) une petite lampe portative (qui fume). Au XIXe et au début du XXe siècle, fumeron a eu le sens familier de « jambe » (1833) et de « pied » (1883).
◆
Le dérivé FUMERONNER v. intr. (déb. XXe s.) est rare.
◈
FUMISTE n. m. (1735) « personne qui installe ou répare les cheminées et, par extension, les appareils de chauffage », signifie depuis 1885 (mais
fumisterie semble antérieur) « personnage peu sérieux » ; on pense en général que ce sens vient de l'expression
c'est une farce de fumiste, répétée par le héros d'un vaudeville (
La Famille du fumiste, 1840), un fumiste enrichi qui se vante de ses bons tours. Mais P. Guiraud a fait remarquer que le
fumiste peut être qqn qui produit de la fumée, une parole trompeuse
(Cf. le latin fumator « trompeur, hâbleur », c'est-à-dire « qui débite de la fumée »). Par une évolution de sens qui passe par l'idée de « mauvais travail saboté »,
fumiste, en français d'Afrique, se dit pour « personne méprisable, salaud ».
■
De fumiste dérive FUMISTERIE n. f., employé au propre pour « métier, activités du fumiste » (1845) et au figuré (1852).
◈
FUMEUX adj. est emprunté au dérivé latin
fumosus « qui rejette de la fumée ». Il en conserve le sens (v. 1175). Il s'est employé au figuré au sens de « violent, querelleur » (v. 1370) et en parlant d'une substance enivrante (1377 ; av. 1590,
vin fumeux). Il s'emploie par métaphore, comme
fuligineux, pour « peu clair » (1777 ; 1840,
poète fumeux).
◈
FUMIGÈNE adj. et n. m. (1909,
adj. ; 1932,
n. m.) « qui produit de la fumée » et
FUMIVORE adj. (1799 ; terme d'alchimie, au
XVIIe s.) « qui absorbe la fumée » sont formés sur le radical de
fumus.
◈
FUMETERRE n. f. est emprunté (v. 1350) au latin médiéval
fumus terrae (av. 1250), littéralement « fumée de la terre », le jus de cette plante faisant pleurer les yeux comme la fumée, selon O. de Serres.
◈
ENFUMER v. tr. (v. 1150) signifie « emplir, environner de fumée » (le contraire est
DÉSENFUMER v. tr. [1845]), d'où par extension « noircir par la fumée » (emploi technique) et « incommoder par la fumée » (1636). Au figuré
enfumer s'est dit (1674) pour « troubler l'esprit » par des vapeurs d'alcool, des bouffées d'orgueil, etc.
■
Dérivent du verbe les termes techniques ENFUMAGE n. m. (1846) et ENFUMOIR n. m. (1845).
❏ voir
FUMEROLLE, FUMIGER.
L
2 FUMER v. tr. est une réfection (XIVe s.), par attraction de 1 fumer, de femer (v. 1180), issu, comme l'ancien provençal femar, d'un latin populaire °femare, du bas latin °femus, altération du latin classique fimus « fumier », sans origine claire.
◆
C'est la confusion entre femus et son homonyme issu de femur (→ fémur) qui a motivé l'emploi d'un mot issu de coxa (→ cuisse).
❏
Le verbe a signifié « faire du fumier » en parlant d'un animal (v. 1180), aujourd'hui « répandre du fumier » (v. 1200).
❏
Les dérivés
3 FUMAGE n. m., altération de
femage (1356), et
2 FUMAISON n. f. (1865), moins courant, désignent l'action de fumer une terre.
■
FUMURE n. f. désigne l'amendement d'une terre que l'on fume (1327 en picard) et par métonymie la quantité de fumier incorporé (1357).
◈
FUMIER n. m. est lui aussi l'altération (v. 1175) de l'ancien français
femier (v. 1155), issu d'un latin populaire
°femarium « tas de fumier », de
°femus. Ce dernier avait abouti (
XIIe s.) à
fiens, employé jusqu'au
XVIe s. et plus tard régionalement ;
Cf. fiente.
◆
Le mot désigne le résultat de la décomposition des litières et des déjections des bestiaux, des chevaux et par extension des détritus pouvant servir d'engrais (1690). Par métonymie, il se dit pour « amas, tas de fumier ».
◆
Par métaphore
fumier est le symbole de la misère (1690,
le fumier de Job), de la saleté et de la corruption morale ; le mot est courant comme terme d'injure (1881,
Cf. ordure). Il est aussi adjectif, très péjoratif, au sens d'« ignoble » (1904), par exemple
il, elle est vraiment fumier.
■
Son dérivé FUMIÈRE n. f., autrefois « fumier » (v. 1530), désigne régionalement une fosse à fumier (1869).
FUMEROLLE n. f. est une adaptation (1826), d'abord sous la forme fumaroles (1824), du napolitain fumar(u)ola « orifice de cheminée », utilisé depuis le XVIe s. pour parler des dégagements de gaz naturel de Pouzzoles. Le mot correspond au toscan fumai(u)olo et est issu du bas latin fumariolum, diminutif de fumarium « cheminée », dérivé de fumus (→ 1 fumer). Cependant on trouve en Normandie et dans le centre de la France fumerolle, formé en français comme fumeron (→ 1 fumer), dont il a le sens.
❏
Le mot désigne l'émanation de gaz qui s'échappe d'un volcan ; au sens de « crevasse d'un volcan d'où sort de la fumée », il n'est plus en usage.
FUMIGER v. tr. représente un emprunt (v. 1300), rare jusqu'au XVIIIe s. où il est repris d'après fumigation, au latin fumigare « faire de la fumée » et terme de médecine, dérivé de fumus (→ 1 fumer).
❏
Fumiger « soumettre à des fumigations » est didactique et rare.
❏
Du verbe ont été dérivés les mots savants
FUMIGATOIRE adj. (1503) et
FUMIGATEUR n. m. (1803) « celui qui fumige » puis (1929) « appareil pour fumigations ».
◈
FUMIGATION n. f. est emprunté (1314) au dérivé bas latin
fumigatio et se dit d'une production de vapeurs (pour désinfecter un local ;
XVe s., pour traiter certaines maladies, etc.).
FUN n. m. est un emprunt graphique du français d'Europe à l'anglais
fun « amusement », alors que le français du Canada, par emprunt oral, dit et écrit
FONNE n. m. En français de France, le mot est aussi adjectif
(il, elle est fun ; c'est fun).
Au début du XXIe siècle, on voit apparaître l'expression pour le fun « pour le plaisir, sans raison utilitaire ».
❏
FUNBOARD n. m. est pris au composé créé aux États-Unis, de fun et (surf)board, à propos d'une petite planche à voile sans dérive, permettant sauts et acrobaties.
FUNAMBULE n. m. est un emprunt (av. 1528) au latin funambulus, composé de funis « corde », sans origine connue, et de ambulare « marcher » (→ aller).
❏
Le mot désigne une personne qui marche sur une corde raide et, au figuré (XXe s.), une personne qui se tire d'affaire par son habileté.
❏
FUNAMBULESQUE adj. (1857), « qui a rapport à l'art du funambule », signifie par figure « extravagant » (1907) ; cette valeur peut provenir du titre des Odes funambulesques de Th. de Banville (1857).
FUNÈBRE adj. est un emprunt (XIVe s.) au latin funebris « relatif aux funérailles », dérivé de funus (→ funérailles, funeste).
❏
Funèbre conserve en français le sens de funebris, par exemple dans oraison funèbre (1514), pompes funèbres (1835) ; par extension il signifie « qui évoque l'idée de la mort » (1562 ; des idées funèbres) et « qui se rapporte à la mort » (1801, lit funèbre « lit de mort »).
FUNÉRAILLES n. f. pl. est emprunté (XIVe s., puis 1406) au latin ecclésiastique funeralia (Xe s.), pluriel neutre du bas latin funeralis, adjectif dérivé du classique funus « funérailles », souvent employé au pluriel collectif funera, le deuil comprenant plusieurs cérémonies ; funus se disait en poésie pour « mort » puis « destruction ». Le mot est sans origine connue.
❏
Funérailles « ensemble des cérémonies pour rendre les derniers devoirs à un mort » s'emploie abusivement par extension pour « mise en terre ».
◆
Le mot est utilisé dans le midi de la France (il n'est attesté par écrit qu'en 1935) de façon exclamative, pour marquer la déception, le dépit.
❏
FUNÉRAIRE adj. est un emprunt (1565) au bas latin
funerarius, dérivé de
funus. De « relatif aux funérailles », on est passé par extension (1807) à « relatif aux tombes, qui commémore les morts » (ex. :
dalle funéraire) ; le mot s'emploie aussi figurément pour « triste » (1866). Au Canada
salon funéraire (d'après l'américain
funeral home ou
funeral parlor) désigne le local d'une entreprise de pompes funèbres, où l'on expose les cadavres embaumés.
◈
FUNÉRARIUM n. m. est construit (v. 1970) sur
funérailles, d'après
crématorium, pour désigner, surtout au Québec, l'établissement où les familles des défunts se réunissent avant les obsèques.
FUNESTE adj. est un emprunt (v. 1355) au latin funestus « funèbre », « mortel », « sinistre », dérivé de funus « funérailles » (→ funérailles).
❏
Funeste, littéraire, conserve les sens du latin : il s'est appliqué à une personne dans le deuil (v. 1355), valeur conservée à propos de choses. Repris au sens de « mortel » (1564), il se dit (1596) de ce qui évoque des idées de mort, inspire le désespoir. Par extension, le mot s'emploie aux sens de « qui porte avec soi le malheur » (1660, une guerre funeste), « qui annonce un malheur » (1666, présages funestes) ; par affaiblissement de sens (1611), l'adjectif équivaut à « mauvais, nuisible » (influence funeste).
❏
En dérivent FUNESTEMENT adv. (1613), mot rare, et FUNESTER v. tr. « répandre le malheur sur » (XVIe s., puis 1756), sorti d'usage.
FUNICULAIRE adj. et n. m. est dérivé savamment (1725) du latin funiculus, diminutif de funis « corde » (→ funambule).
❏
Cet adjectif didactique signifie « qui fonctionne aux moyens de cordes » (1811, polygone funiculaire). Funiculaire est employé couramment comme nom (1890) par abréviation de chemin de fer (1872), tramway funiculaire.
FUNKY adj. et n. est un emprunt à l'anglo-américain funky (music) ou funk, d'un mot de slang signifiant « peureux ».
❏
Entré en français au début des années 1980, le mot qualifie et désigne des jeunes amateurs de musique funky, de rap, de disco, avec des comportement associés (patins à roulettes, par exemple).
L
FUR n. m., réfection (XIVe s.) de fuer (v. 1130), feur (v. 1268 ; encore déb. XVIIe s.), est issu du latin classique forum « marché », « opération faite au marché » et en latin médiéval « prix du marché » (744) [→ for].
❏
D'abord dans la locution figurée à nul fur « à aucun prix », le mot se dit jusqu'au XVIIIe s. pour « taux » (v. 1155 ; aussi al fuer de « au prix de ») ; l'expression au fur « à proportion » apparaît dans la seconde moitié du XIVe s. (au fuer ; 1561, au fur), précédée par au feur que « à mesure que » (v. 1306). Le mot ne s'utilise aujourd'hui que dans la locution au fur et à mesure « en même temps et proportionnellement, ou successivement » (XVIIe s.) ; du XVIIe s. au XIXe s., on trouve aussi à fur et à mesure, à fur et mesure. Cette locution pléonastique, où mesure reprend le sens de fur devenu obscur, est entrée dans la langue générale vers le milieu du XIXe s., avec l'emploi prépositif (au fur et à mesure de...).
L
FURET n. m. représente l'aboutissement (XIIIe s.) d'un latin populaire °furittus « petit voleur », dérivé du latin classique fur « voleur », mot sans doute emprunté par l'intermédiaire de l'étrusque. L'ancien français avait aussi fuiron (v. 1178), d'un latin populaire °furionem, accusatif de °furio, forme élargie du bas latin furo « furet » (dérivé de fur), qui a donné l'ancien provençal furon, l'espagnol huron. Voir le schéma.
❏
Comme
furo, furet désigne un mammifère carnassier, utilisé pour la chasse au lapin, qu'il poursuit ou fait sortir de son terrier. Par figure (et détournement du sens étymologique) il se dit d'une personne qui cherche partout pour découvrir qqch. (1636) et d'une personne curieuse ; cette valeur semble procéder du figuré de
fureter.
■
Par analogie avec le comportement du furet, le mot désigne aussi (1832) un jeu dans lequel les joueurs assis en rond se passent rapidement un objet (nommé par métonymie le furet), tandis qu'un autre joueur placé au milieu du cercle doit deviner qui le détient. Ce sens, comme le genre de jeux de société qu'il illustre, a vécu au XIXe s. et au début du XXe siècle.
❏
FURETER v. intr., d'abord « chasser le furet » (
XIVe s.), a pris au
XVIe s. (1547) la valeur figurée de « chercher avec curiosité » (comme
fouiner, de
fouine).
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FURETEUR, EUSE n. et adj., autre dérivé de furet, a été précédé par la forme fuireteor (1285) « officier de vénerie qui a soin des furets » ; il est sorti d'usage au sens de « celui qui chasse avec un furet » (1514, n. m.). Il se dit pour « curieux », dérivé alors de fureter, comme nom (1611) et est aussi adjectif (1806) ; Cf. fouineur.
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FURETAGE n. m., dérivé de fureter, s'emploie comme terme de chasse (1838 ; 1811, terme technique des Eaux et Forêts) et rarement au figuré (1865).
❏ voir
FURAX (art. FURIE), FURONCLE, FURTIF.