LES LANGUES GERMANIQUES
Les langues germaniques font partie de la famille des langues indoeuropéennes. Elles dérivent d'un germanique commun, non attesté, qui s'est développé — indépendamment de l'indoeuropéen — vers 500 av. J.-C. Le plus ancien témoignage d'une langue germanique remonte au Iers. av. J.-C.
On distingue trois groupes parmi ces langues : septentrional, oriental et occidental. Le groupe septentrional ou « nordique » est le plus anciennement attesté ; le plus ancien stade de la langue appartenant à ce groupe est appelé norrois. Dès le XIe s., ce groupe comprend cinq grands dialectes : le danois, le féroïen (langue des îles Féroé), le norvégien, le suédois et l'islandais. — Le groupe oriental ou « ostique » est constitué de langues aujourd'hui disparues : celle des Goths, le gotique, celle des Longobards, des Burgondes et celle des Vandales. Très tôt (av. 250), les Goths se scindent en deux peuples : les Ostrogoths et les Wisigoths. Le seul document que nous possédions en gotique consiste en des fragments de la Bible, traduite par l'évêque wisigoth Wulfila (mort en 383). En Occident, la langue des Goths persista jusqu'au début du VIIIe s. (Ostrogoths en Italie et Wisigoths dans le sud-ouest de la Gaule et en Espagne), époque où elle se fond rapidement avec les idiomes romans. En Orient, une variété de gotique a été relevée encore en 1560 en Crimée. Le longobard a laissé quelques traces en italien. Le burgonde, quant à lui, ne se retrouve que dans des noms de lieux du sud-est de la Gaule.
Le troisième groupe est le germanique occidental ou « westique ». Font partie de ce groupe le francique ainsi que le haut allemand (base de l'allemand moderne) et ses dialectes : bavarois et alémanique, le bas allemand auquel se rattachent le hollandais, dialecte de base du néerlandais, le flamand et le frison ; enfin, l'anglais. Il faut également rattacher aux langues germaniques le yiddish, langue des Juifs ashkénazes établis en Allemagne (et en France) dès Charlemagne. Cette langue composite, qui apparaît au XIe s. en Rhénanie, est la fusion de trois composantes : l'hébréo-araméen, langue de la vie religieuse (→ hébreu), les dialectes du haut allemand, parlers de la population environnante, et des vestiges d'un parler antérieur des communautés juives, à base de français et d'italien. Au XVIIIe s., l'allemand évince le yiddish, mais ce dernier a survécu dans les communautés juives d'Europe centrale et des États-Unis.
❏ voir
langue ALLEMANDE, langue ANGLAISE, langue BURGONDE, langue FRANCIQUE, langue GOTIQUE, langues ROMANES
M.-J. Brochard