HARICOT n. m., pour le francophone d'aujourd'hui, évoque la gousse ou la graine comestible d'une plante légumineuse. C'est pourtant un sens tout différent, « ragoût », encore connu par l'expression haricot de mouton (voir ci-dessous), qui est à l'origine. Hericot (v. 1398), haricoq (déb. XVe s. ; l'altération en -coq est inexpliquée), enfin haricot (1596) semble être le déverbal (qui devrait être °harigot ou °haligot) de l'ancien verbe harigoter ou haligoter (v. 1175, Chrétien de Troyes) « couper en morceaux, mettre en lambeaux », dérivé probable d'un francique °hârion (une prononciation °harijôn serait à l'origine de l'allemand verheeren « ravager, détruire ») signifiant « gâcher », et peut-être « abîmer en cassant, en déchirant ». °Harion a donné en moyen français le verbe harier, herier « harceler, tourmenter », d'où haria, puis aria, nom masculin, « ennui, difficulté » (encore au XIXe s.). Harigoter, refait en HARICOTER v. tr. au XVIIIe s. a eu de nombreux sens, « perdre du temps à un travail difficile », « cultiver une mauvaise terre » (1769), « agir mesquinement » (1838), alors avec influence évidente de haricot « légumineuse ».
❏
Le
haricot, ragoût de mouton, était en général accompagné de fèves. Au début du
XVIIe s., on trouve en effet l'expression
feves d'aricot (1628),
febve de haricot, qui semble avoir produit la forme abrégée (attestée en 1640, par le dictionnaire français-espagnol de Oudin :
haricot, febve de haricot). On parlait aussi de
pois d'haricot (1701). Il faut cependant noter que le dérivé (déverbal) de
harigoter, sous diverses formes (
herigaut, v. 1300 ;
hergaut, 1354), a désigné une housse, un vêtement de dessous, et qu'une comparaison avec la gousse de légumineuse n'est pas absurde. On trouve d'ailleurs concurremment la variante rapidement éliminée
fève de callicot (1654) puis
calicot (
callicot, 1651) due à la croyance que ce légume venait des Indes,
Calicot étant le nom ancien de Calcutta. En fait, il provenait des Indes occidentales, c'est-à-dire d'Amérique centrale et méridionale, d'où il avait été rapporté en Italie (1528) et nommé
fagivolo (du latin
phaseolus ; → flageolet), d'où en provençal
fayol, qui a donné
fayot. C'est à la demande du pape Clément V que le haricot mexicain est cultivé en Italie, d'où il serait passé en France à l'occasion du mariage de Catherine de Médicis. Mais le
phaseolus latin était une plante différente. La traduction du latin par
haricot, aux
XVIIe-
XVIIIe s., n'est qu'un indice de la confusion entre la légumineuse antique et le haricot ; une autre confusion avec
faba et
fève (la féverole est un haricot) et même avec
pisum et
pois (
pois anglais et
pois d'Anjole, au
XVIIIe s., désignent des haricots en provenance des Antilles,
→ pois), rendent la terminologie très complexe. Cependant, le légume appelé
haricot, que l'on croyait autochtone, est bien identifié quant à son origine botanique dans la seconde moitié du
XIXe siècle. C'est à cette époque que l'on croit trouver son origine dans le mot indien du Mexique,
ayacotl : Heredia invente une forme
ayacot, aussi imaginaire que les
fabaricus, fabaricotus invoqués imprudemment par Ménage, en 1690 pour rattacher
haricot à
faba...
Le sens initial, « ragoût », seul en usage avant le
XVIIe s., ne survit que par le syntagme
haricot de mouton, qui n'est plus compris, le sens moderne (1640) l'éliminant peu à peu.
◆
Lorsque le haricot supplante en partie la fève, et que le mot
haricot devient très usuel pour désigner la graine, apparaissent des syntagmes pour désigner des variétés botaniques (
haricot noir, le dolic ;
haricot rouge, espèce réimportée d'Amérique) et surtout des états de la partie comestible :
haricots blancs (grains mûrs),
haricots verts (gousses vertes),
haricots mange-tout (gousses et graines non mûres).
◆
Le français moderne développe une opposition entre
haricot employé seul
(haricot blanc) et
haricot vert (1708, Académie), véritable composé donnant lieu à d'autres effets de sens (en argot « voleur jeune et hardi », 1849), puis « personne maigre » (
un vrai haricot, 1882 Zola) ; en locution,
être mince comme un haricot vert, la
ligne haricot vert.
◆
Employé seul, le mot a donc pour valeur dominante « graine mûre du haricot blanc » ; elle donne naissance par analogie de forme à
table haricot, au sens argotique d'« orteil » (1883), d'où « pied », qui explique en partie
courir, taper sur le haricot « ennuyer » (mais
haricot a pu signifier « testicule », comme l'atteste
haricocèle, nom masculin, « testicule atrophié », 1907).
◆
Des haricots « rien du tout » (1911) correspond probablement à l'emploi de haricots secs (ou de fèves) comme enjeu fictif, et aussi du verbe
haricoter (voir ci-dessus) ; de là vient peut-être aussi
la fin des haricots « la fin de tout » (dans une chanson de Georgius, 1936), expression devenue très courante pour exprimer l'idée du comble dans une situation pénible.
■
Les qualificatifs ci-dessus concernent surtout le français d'Europe. Des graines d'autres plantes ou de variétés sont, en français hors d'Europe, appelés haricot, tels le haricot sabre cultivé en Afrique, le haricot mungo (Afrique et Asie). En français d'Afrique, haricot ou haricot sauce est le nom donné au dolique (genre vigna), dont une variété à très longues gousses est appelée haricot-kilomètre ; le mot sert aussi à nommer une légumineuse dite pois de terre, qui forme ses gousses sous la terre. En Acadie, on appelle haricot le tsuga, arbre dit pruche au Québec.
?
HARIDELLE n. f. est attesté une première fois chez Villon dans un emploi figuré (v. 1460), pour « grande femme sèche et maigre », selon l'assimilation habituelle cheval / femme (Cf. jument). Utilisé au sens propre au milieu du XVIe s., haridelle est un mot d'origine discutée. Il est peut-être composé du radical germanique hârr « gris » (Cf. scandinave hârr « grisonnant ») qui exprime la notion de « cheval » dans de nombreux mots dialectaux (→ haras). Selon P. Guiraud, le mot serait plutôt dérivé de aride (1360), emprunt savant au latin aridus « desséché », d'où « décharné », « stérile ». La forme primitive de haridelle, « mauvais cheval efflanqué » (1558), serait aridelle au sens de « squelette » (1582), qui se serait croisé avec harin, harigne, harotte, harousse, harouque « vieux cheval », sans doute dérivés de harer « exciter (les chiens, les chevaux) » [→ haro], le « vieux cheval (squelettique) » étant un animal que l'on « harasse » (« harigne », « harotte ») de cris pour le faire avancer. Le mot aurait donc d'abord désigné un « squelette » par la même évolution sémantique que carcan « carcasse » et « vieux cheval ».
HARISSA n. f. est un mot emprunté (1930, arissa) à l'arabe harīsa, dérivé du verbe harasa « écraser, piler, broyer ».
❏
Il désigne une poudre ou purée de piments, employée comme condiment dans la cuisine tunisienne.
HARKA n. f. est un mot emprunté (1907) à l'arabe maghrébin ḥarka « expédition, opération militaire », issu de l'arabe classique ḥaraka « mouvement ».
❏
Harka a désigné en français (1907), employé à propos du Maroc, un coup de main organisé contre un poste ; ensuite le mot s'est dit par métonymie d'une troupe d'insurgés rassemblés pour opérer un coup de main, puis (1914, J. Jaurès) d'une troupe de supplétifs renforçant l'armée régulière, dans l'armée française d'Afrique du Nord.
❏
HARKI n. m., « membre d'une harka », est un mot arabe répandu en français vers 1960.
◆
Le mot a pris des connotations particulières avec la guerre d'indépendance algérienne, où les harkis combattaient aux côtés des troupes françaises.
HARLE n. m., d'abord herle (v. 1290) et attesté sous la forme actuelle au XVIe s. (1555), est un mot dialectal (nivernais) d'origine inconnue.
❏
Le mot désigne un oiseau palmipède ressemblant aux canards.
HARMATTAN n. m. est un emprunt (1753, harmatan, graphie moderne en 1840) au fanti haramata, nom donné au Ghana à un vent très chaud et sec qui souffle de l'est, en Afrique occidentale.
❏
Le mot, attesté en anglais dès le XVIIe s. (1671, harmetan), sans qu'on puisse affirmer que le français l'a pris à l'anglais, conserve le sens de son étymon.
HARMONICA n. m. est un mot emprunté (1765) à l'anglais harmonica (1762, armonica). C'est le nom donné par Benjamin Franklin à l'instrument de musique qu'il mit au point, d'après la forme féminine de l'italien armonico « qui est en harmonie, qui produit de l'harmonie », du latin harmonicus (→ harmonie) ; armonica a été latinisé en harmonica.
❏
L'instrument de Franklin était constitué de récipients de verre que l'on faisait résonner par frottement, et qui produisaient des sons différents. Le mot est repris ensuite pour désigner différents instruments à touche (
harmonica à clavier, 1788) et divers instruments nouveaux (
harmonica chimique, 1866), en particulier l'
eolharmonica (1859).
■
De là vient harmonica au sens moderne (1902 ; Cf. allemand Harmonika « accordéon », 1829) ; pour cet instrument, l'allemand a Mundharmonika « accordéon à bouche » d'où l'emploi autrefois en français d'harmonica à bouche (analogue à l'anglais mouth organ « orgue à bouche »). Aujourd'hui, le premier emploi est oublié et harmonica est redevenu monosémique ; pour l'instrument ancien, on dit harmonica de verre.
❏
Le dérivé HARMONICISTE n. (1953) désigne la personne qui joue de l'harmonica.
+
HARMONIE n. f., d'abord
armonie (v. 1120-1150 et jusqu'au
XVIe s.), est un mot emprunté, par l'intermédiaire du latin
harmonia, au grec
harmonia « cheville, joint », par exemple en maçonnerie, d'où « assemblage », « juste rapport » et en particulier « accord des sons », qui se rattache à une racine indoeuropéenne
°are- ou
°re- « adapter, ajuster »
(→ art), sous la forme élargie
°ar-sm-o-, que l'on retrouve par exemple dans le latin
arma (→ arme).
Dans la Grèce classique, harmonia se dit de la disposition type des tons qui contiennent l'octave et de la succession caractéristique des intervalles qui séparent les tons ; la musique grecque sélectionnait sept sons, en fonction des intervalles obtenus par la division d'une corde vibrante (par moitié, tiers, etc.), ce qui aboutit à la gamme diatonique (harmonie dorienne), échelle juxtaposant deux groupes de structure identique, de chacun quatre notes ; ce mode dorien reste à la base du plain-chant médiéval.
❏
Harmonie, jusqu'à la fin du
XVIe s., se rapporte à l'ordonnance et à la perception des sons. Le mot se dit (v. 1120-1150) de l'ensemble des sons perçus de manière agréable par l'oreille, puis, de manière plus technique, de l'accord de divers sons perçus dans leur simultanéité (1377). L'évolution — de la succession à la simultanéité — vient de la superposition et de l'enchaînement de lignes mélodiques indépendantes les unes des autres, en particulier à partir de Guillaume de Machaut.
◆
Du premier emploi viennent
l'harmonie des sphères (1555, Ronsard) « sons harmonieux que les pythagoriciens croyaient produits par le mouvement des corps célestes », puis plus tard
l'harmonie de la nature, qu'exalta le romantisme et qui participe aussi du sens élargi. À la fin du
XVIe s.,
harmonie reprend ce sens de « juste rapport », usuel en grec hors de la musique (par exemple chez Aristote), et se dit des rapports, envisagés d'un point de vue esthétique, existant entre des éléments d'une œuvre d'art, d'un objet, etc. (1574, Amadis Jamin).
C'est à partir de ces deux sens, dans le domaine musical et hors de ce domaine, que les emplois du mot se développent ensuite. Les harmonies désigne les accords conformes aux règles de l'harmonie (1662, Racine ; exemples plus tardifs harmonies consonantes et harmonies dissonantes) ; par analogie, le mot désigne l'ensemble des caractères — combinaison de sons, rythmes, accents — qui font qu'un discours est agréable à l'oreille (1672, Boileau).
◆
Harmonie s'emploie également au sens de « rapports justes entre les parties d'un tout, qui font que ces parties concourent à un même effet » (dictionnaire de Richelet, 1680) ; de là, par extension, l'emploi au sens de « bonnes relations entre des personnes » (1689, Racine) et en philosophie, l'harmonie préétablie de Leibniz (1716, Fontenelle).
◆
C'est dans le Traité de l'harmonie (1722) de J.-Ph. Rameau que sont fixés les sens musicaux d'harmonie, « ensemble de principes sur lesquels est basé en musique l'emploi des sons simultanés » et « théorie des accords et des simultanéités ». Le concept d'harmonie musicale ne sera modifié qu'avec B. Bartok au début du XXe s., en particulier par la combinaison d'un mode de fa et d'un mode de ré ; la rupture avec l'harmonie classique s'opère surtout, au début du XXe s., avec l'utilisation des douze sons du total chromatique, par A. Schönberg (le dodécaphonisme*).
Du sens général de « juste rapport » viennent la locution en harmonie (1802, Chateaubriand) et l'emploi du mot dans les doctrines économiques et sociales du XIXe s. : Les Harmonies économiques de Bastiat (1849), l'harmonie (sociale) « l'époque de prospérité qui doit succéder, selon les fouriéristes, à l'enfance de l'humanité » (av. 1866).
◆
De là vient le dérivé didactique HARMONIEN, IENNE adj. (1822, Fourier, union harmonienne ; le mot est attesté isolément au sens d'« harmonieux », à la fin du XIVe s.).
◆
Harmonie est devenu aussi au XXe s. un terme de mathématiques, au sens de « relation caractéristique entre plusieurs grandeurs ».
En musique apparaît cor, trompette d'harmonie (1820), permettant de produire les sons de la gamme (opposé à cor de chasse, à trompette de cavalerie) ; l'harmonie d'un orchestre désigne par métonymie (1866) les bois, les cuivres et les percussions, d'où musique d'harmonie et une harmonie, l'harmonie municipale, etc. (dep. 1821), « orchestre composé de ces instruments ».
❏
HARMONIEUX, EUSE adj. apparaît au
XIIIe s. dans le syntagme
armonieus sons et sous la forme actuelle au
XVIe siècle. D'abord appliqué aux sons agréables à l'oreille, puis à un instrument qui produit des sons agréables (1671, Molière), le mot qualifie par extension le langage, le style (1669, Boileau). À partir du
XVIIIe s., il s'emploie par figure en parlant de ce qui forme un ensemble équilibré (ainsi dans les arts plastiques,
couleurs harmonieuses, 1765).
◆
De l'adjectif dérive
HARMONIEUSEMENT adv. (1636 ; 1512,
armonieusement).
◈
HARMONISER v. tr., attesté au milieu du
XVe s. au sens de « mettre en harmonie (des choses) », est très peu usité dans la langue classique. Le verbe est repris (1893,
pronom., « se mettre en harmonie »), après la création de
HARMONIER v. tr. (1784), aujourd'hui sorti d'usage, classé parmi les « nouveaux verbes complètement barbares » par Necker, mais fréquemment employé par Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand et Balzac.
◆
Harmoniser s'emploie comme terme de musique au sens de « combiner (une mélodie) avec d'autres parties en vue de réaliser un ensemble harmonique » et, spécialement (1839), de « régler le timbre des tuyaux d'orgue ».
■
À partir du XIXe s. sont dérivés des termes qui se rattachent à l'un des deux sens ou aux deux sens du verbe : HARMONISANT, ANTE adj. « qui harmonise » (1839 ; participe présent du verbe), repris comme terme de biologie au XXe s. pour « qui régularise » ; HARMONISATION n. f., en 1842 en musique (1873 en phonétique, harmonisation vocalique) ; HARMONISATEUR, TRICE n., attesté en 1846 en musique (emploi figuré en 1878, Cl. Bernard, systèmes nerveux et musculaire harmonisateurs) ; plus récemment, apparaît HARMONISABLE adj. « qui peut être harmonisé, s'harmoniser » (1949).
◈
HARMONISTE n. m. est d'abord attesté comme terme de musique (1767, Rousseau) et de peinture (av. 1784, Diderot) ; le mot n'est plus usité dans ce dernier emploi. Au
XIXe s.
harmoniste a été repris dans le domaine de la religion pour désigner celui qui montre l'harmonie des Évangiles (1863, Renan).
◆
Harmoniste se dit par ailleurs (1866, Littré) d'un membre d'une société réligieuse et communiste fondée aux États-Unis par G. Rapp en 1803 ; le mot est alors emprunté à l'américain
harmonist, issu de
Harmony, nom donné à la ville de Pennsylvanie créée par cette communauté.
◈
HARMONIUM n. m., mot savant, a été créé (1840) d'après
harmonie par A. Debain pour désigner un instrument à clavier et à soufflerie comme l'orgue, mais muni d'anches libres au lieu de tuyaux.
■
Le composé HARMONICORDE n. m. (1819 ; probablement d'après l'allemand) a désigné un instrument inventé à Dresde par Kaufmann, puis cet instrument perfectionné par A. Debain (1854).
◈
Sur
harmonie a été composé le terme didactique
INHARMONIE n. f. « défaut d'harmonie » (1765, Diderot) ; en dérive l'
adj. INHARMONIQUE (fin
XVIIIe s.), employé au propre et au figuré.
■
DYSHARMONIE n. f. (1839) ou DISHARMONIE (XXe s.), de dys-, terme didactique au sens d'« absence d'harmonie », est employé spécialement en médecine (mil. XXe s.).
◆
Il a pour dérivé DYSHARMONIQUE adj. ou DISHARMONIQUE (1925), terme didactique.
◈
PHILHARMONIE n. f., autrefois « amour de la musique » (1845), aujourd'hui « société philharmonique », est issu de
PHILHARMONIQUE adj. composé de
phil(o)- et
harmonia, d'après l'italien
filarmonica. Philharmonique a autrefois désigné par emprunt (1739,
n. m.) un membre d'une société littéraire de Vérone.
◆
Comme adjectif (1797) il qualifie les personnes qui aiment la musique, puis une société d'amateurs de musique (1805), enfin une formation musicale locale et (par réemprunt) certains grands orchestres de musique classique.
◈
HARMONIQUE adj. et n., attesté en 1377 chez Oresme, est emprunté au latin
harmonicus « bien proportionné, harmonieux », lui-même pris au grec
harmonikos, en musique « conforme aux lois des accords », dérivé de
harmonia.
■
Le mot conserve chez Oresme le sens du latin et est aussi employé comme terme de mathématiques pour qualifier une bonne proportion entre des nombres (proportionnalité double ou triple). Au XVIIe s., on emploie harmonique avec le sens de « dont toutes les parties sont en harmonie » (1662, La Rochefoucauld).
◆
C'est à partir du XVIIIe s., surtout d'après le Traité de l'harmonie de J.-Ph. Rameau (voir ci-dessus), que le mot se spécialise en musique et en acoustique : division harmonique est attesté en 1703, son harmonique (1732) s'emploie au sens de « son musical simple dont la fréquence est un multiple entier d'un son de référence », dit fondamental (d'où un harmonique, n. m.).
◆
Le mot est repris en mathématiques (1704), au début de ce qui aboutira à l'analyse harmonique (traitement des fonctions périodiques, et leur représentation par des séries trigonométriques). Au XXe s., les harmoniques, n. f. pl. désigne figurément ce qui produit un effet comparable à celui d'un harmonique d'un son fondamental (1922, Proust ; Cf. résonance).
◆
Le mot est utilisé par extension en ethnologie, comme adjectif, pour qualifier une structure de parenté où la règle de filiation et de résidence sont semblables.
■
Le dérivé HARMONIQUEMENT adv., d'abord « avec harmonie » dans un contexte politique (1576), s'emploie en musique (1705) et au sens d'« harmonieusement » (1837, Balzac), puis aussi en mathématiques (1866).
■
L'adjectif préfixé ANHARMONIQUE (1837 ; préfixe an-) est un terme de mathématiques.
◈
ENHARMONIQUE adj. est un emprunt (v. 1360-1377, Oresme) au composé bas latin
enharmonicus, lui-même pris au grec
enharmonikos « harmonieux ». Ce terme qualifie l'un des trois genres de la musique grecque et s'applique, dans la musique moderne (1755), à des notes de noms distincts et de caractères harmoniques différents (par exemple do dièse et ré bémol), représentés dans les instruments par un son unique intermédiaire.
◆
Le dérivé
ENHARMONIE n. f. (1849) est formé d'après
harmonie.
❏ voir
HARMONICA.
G
HARNAIS ou HARNOIS n. m. est une réfection (1230) de herneis (1155) ; la graphie harnais ne s'impose qu'au XVIIIe s., mais harnois subsiste par archaïsme dans quelques expressions. Le mot représente une adaptation de l'ancien scandinave °hernest « provisions pour l'armée », issu d'une forme °harinest, composée du francique °hari, °heri « armée » (Cf. allemand Heer) et de nest « provisions » ; la seconde syllabe a été modifiée sur le modèle du suffixe -eis/ -ois. C'est à cause du prestige de la chevalerie française que le mot a été emprunté par d'autres langues ; italien arnese, espagnol arnes, anglais harness, allemand Harnisch.
❏
Harnais, attesté une seule fois en 1155 avec le sens étymologique de « suite d'une armée, bagages », s'est spécialisé pour désigner l'équipement complet d'un homme d'armes (v. 1160-1174), d'où le sens moderne d'« habit militaire », d'« uniforme » (av. 1825) ; de là viennent les locutions
endosser le harnais / le harnois (1636),
blanchir sous le harnais (ou le harnois, par souci d'archaïsme, 1669). Par extension du sens d'« équipement »,
harnais se dit au moyen âge pour « vêtements, atours » (1228), d'où les locutions aujourd'hui tombées en désuétude
suer dans son harnais « être trop vêtu »,
s'échauffer dans son harnais « s'énerver » (1552) et, plus tard, la valeur péjorative de « vêtement peu commode ou ridicule », qu'on relève par exemple chez Balzac (1841).
C'est au XIIIe s. que le sens d'« équipement » s'emploie par extension à propos du cheval (1230), puis de tout animal de trait (fin XVIIe s.) ; aujourd'hui, dans l'usage courant, harnais se dit surtout des pièces souples de l'équipement.
◆
Le mot a eu la valeur métonymique de « voiture avec son attelage » (1301) et « ensemble formé par les chevaux et la voiture » (1694).
◆
À partir du XVIIIe s., par analogie, harnais prend des acceptions techniques : il désigne par exemple l'ensemble des pièces d'un métier à tisser (1765 ; aussi harnat, n. m.) et, récemment, un système de sécurité utilisé par les alpinistes (v. 1960 ; Cf. baudrier, ceinture).
❏
HARNACHER v. tr. est une réfection (1564), qui semble postérieure à celle du dérivé
harnachement, au moins sous la forme
arnechement, de
harnessier (fin
XIIIe s.), lui-même de
haneker « carguer (les voiles) » (fin
XIIe s.), au participe passé
harnesié (v. 1230).
◆
Le verbe s'emploie d'abord (déb.
XIIIe s.) en parlant d'un cheval puis par analogie de personnes : « accoutrer » (1493), d'où
HARNACHÉ, ÉE adj. « affublé, accoutré » relevé chez C. de Bergerac (1651).
◆
Un emploi québécois très spécial (et critiqué) est « aménager (un cours d'eau) pour l'hydroélectricité » (aussi
harnachement).
■
Le dérivé HARNACHEMENT n. m. (1561 ; harnasment au XIVe s.) désigne d'abord (1494-1495, arnechement) l'équipement des chevaux et animaux de selle, puis l'action de harnacher (1636) et par extension un habillement lourd et incommode (1834, Stendhal).
■
HARNACHEUR n. m., qui a disparu au sens de « fabricant de harnais » (fin XVIe s. ; 1402, harnicheur), désigne depuis 1611 un palefrenier qui harnache les chevaux. Ce nom, sans féminin attesté, est archaïque.
G
HARO interj. et n. m. inv., attesté vers 1180, est comme les variantes harou, hareu (v. 1360) un dérivé de hare (1204), mot issu du francique °hara « ici, de ce côté » restitué par l'ancien haut allemand hera et le moyen néerlandais hare (Cf. allemand her de même sens). C'était le cri par lequel on marquait la fin d'une foire ou de la vente d'une denrée (1204) ; l'interjection fut ensuite utilisée (1373) dans le vocabulaire de la chasse pour exciter les chiens. Le composé harlou (1569) ou harloup (1604) est une contraction de hare-loup, interjection qu'on utilisait à la chasse au loup.
❏
Haro, comme terme de droit (v. 1180), s'est employé pour exprimer l'appel à l'aide qui rendait obligatoire l'intervention de ceux qui l'entendaient ; de là vient par extension (1529) la locution crier haro sur qqn « dénoncer qqn à l'indignation de tous, s'élever contre » ; crier haro sur le baudet, popularisé par La Fontaine, signifie « dénoncer un innocent, désigner un bouc émissaire ».
❏
2 HALER v. tr., terme de chasse sorti d'usage, est dérivé de hare par dissimilation des deux r dans certaines formes verbales ; le mot apparaît d'abord sous la forme harer (1377), l'altération haler étant attestée vers 1460.
❏ voir
HALLALI, HARASSER.
HARPAGON, ONNE n. m. et adj. est attesté comme nom commun en 1696 et comme adjectif en 1719 ; il vient du nom propre Harpagon, personnage principal de L'Avare de Molière (1668), emprunt au latin harpago « harpon » et au figuré « rapace », lui-même formé sur le grec harpagê « rapine », « proie », « rapacité », de harpazein « piller », « enlever », mot d'origine indoeuropéenne, de la racine signifiant « crochu » (→ 1 harpe, harpon).
❏
Harpagon, terme littéraire, se dit d'un homme d'une grande avarice.
❏
Le dérivé HARPAGONNERIE n. f., attesté chez Balzac (1850), n'a pas de vie réelle.
G
1 HARPE n. f. est issu (fin XIe s.) du germanique °harpa « instrument de musique à cordes » restitué par l'ancien haut allemand harfa et le moyen haut allemand hârpe (Cf. allemand Harfe ; anglais harp), introduit en bas latin par les légionnaires d'origine germanique (harpa, VIe s.). P. Guiraud rapproche le mot du roman harpa « griffe » et de l'ancien français harper « saisir » (→ harpon), la harpe étant un instrument dont on pince les cordes en les saisissant du bout des doigts ; la racine harp- « crochet » est à la fois latine et germanique.
❏
La forme de la harpe change au cours des siècles ; au XVIe s., le mot désigne un instrument analogue à la lyre et au luth. C'est au début du XIXe s. que harpe désigne le grand instrument à cordes que nous connaissons, perfectionné par Érard. Le nom de cet instrument de musique apparaît dans des syntagmes comme harpe de David, désignant par métaphore, comme lyre dans le contexte grec, la poésie (1820, « poésie sacrée », Lamartine), les harpes célestes.
◆
Par analogie de forme avec l'instrument ancien, harpe est aussi le nom (1742) d'un mollusque.
❏
1 HARPER v. intr. (
XIIe s.) « jouer de la harpe », est aujourd'hui sorti d'usage.
■
HARPISTE n. (1677) s'est maintenu contre le terme concurrent plus tardif HARPEUR, EUSE n. (1808).
■
Par analogie avec le mouvement du bras d'un harpiste, un autre verbe 2 HARPER v. intr., terme technique, a signifié (fin XIIIe s.), en parlant d'un cheval, « lever une jambe de derrière plus haut que l'autre sans plier le jarret » ; il s'emploie encore avec le sens de « fléchir les jarrets dans le pas et le trot » (1678).
HARPIE n. f., d'abord arpe au XIVe s., suffixé en erpie vers 1420, arpye en 1537, et sous la forme actuelle chez Ronsard (1555), est un mot emprunté, par l'intermédiaire du latin Harpyia, ordinairement au pluriel Harpyiae, au grec Harpuia (plus souvent au pluriel, Harpuiai).
❏
C'est le nom donné, dans la mythologie grecque, à des divinités des tempêtes, monstres à corps d'oiseau comme les sirènes, aux griffes acérées, et à tête de femme ; en ce sens, le mot s'est parfois écrit harpye, harpyie.
◆
Dès le XVIe s., harpie est attesté avec le sens figuré de « personne avide, rapace » (1585), déjà utilisé en latin, spécialisé pour désigner une femme méchante, acariâtre, au début du XVIIe s. chez d'Aubigné (Cf. furie, mégère).
◆
À la fin du XVIIIe s., harpie est le nom donné à un genre de chauve-souris (1775 ; du latin scientifique harpyja, 1767) puis (1808) à un oiseau rapace vivant en Amérique du Sud.
G
HARPON n. m. est un dérivé (v. 1130) du verbe harper (XIIe s.) « saisir », qui serait issu d'un germanique °harpan « saisir », ou du latin harpe « faucille » et « espèce d'oiseau de proie », du grec harpê « objet crochu », « faucon » (à rattacher à harpazein ; → harpagon), avec une influence phonétique de l'ancien scandinave harpa « action de tordre, crampe » (dans munn-harpa « tordre la bouche »), du verbe °harpan.
❏
Harpon est d'abord apparu en anglo-normand au sens d'« agrafe (de parure) » ; le mot est rare jusqu'au XVe s., où il est employé comme terme technique (1474, herpon) au sens de « pièce métallique coudée qui relie deux pièces de maçonnerie ». Le mot désigne ensuite (1516) un instrument en forme de flèche pour prendre certains gros poissons et les cétacés, sens toujours vivant, puis un grappin tranchant utilisé pour l'abordage d'un vaisseau ennemi (1611). Par analogie de forme, harpon se dit également (mil. XIXe s.) d'une arme connue dès la préhistoire, flèche terminée par un crochet ou munie de crocs latéraux, et au XXe s. d'un double-croc employé comme grappin par les sapeurs-pompiers.
❏
Le dérivé
HARPONNER v. tr. « accrocher avec un harpon » (1613) s'emploie au figuré pour « arrêter, saisir brutalement » (« accaparer », Balzac, 1830 ;
Cf. les emplois figurés de grappin), puis simplement « arrêter (qqn) au passage » (1883).
■
Du verbe dérivent des termes de pêche, comme HARPONNAGE n. m. (1769) ou, rare, HARPONNEMENT n. m. (1886) propre ou figuré.
◆
HARPONNEUR n. (1613, Champlain) est plus courant.
◈
Le verbe
2 HARPER tr., sorti d'usage aux sens de « saisir » (1376) ou au figuré de « voler », en argot (attesté en 1882, mais sans doute plus ancien), est lui aussi un terme technique de pêche, comme ses dérivés attestés au
XXe s., tel
HARPAGE n. m.
■
Le dérivé HARPAILLER v. tr., proprement « mal saisir », a eu le sens de « malmener » (1556) d'où l'emploi pronominal pour « se quereller » (1718), encore relevé par le dictionnaire de l'Académie en 1878. Le verbe est entré dans le vocabulaire de la vénerie (1794), au sens de « prendre le change sur des biches, en chassant le cerf » (donc, « mal saisir »).
◈
2 HARPE n. f. est aussi un dérivé du verbe
harper ; c'est depuis ses premiers emplois un terme technique, qui a le sens général d'« instrument ou élément de forme crochue », « fer coudé » (1409), « saillie d'une pierre de taille » (1485) ; en vénerie (1549), il est emprunté au provençal
harpa « griffe de chien », lui-même du latin
harpe.
G
HART n. f. est issu (1160-1174) selon Bloch et Wartburg du francique °hard « filasse » (Cf. moyen néerlandais hede « fibre de lin », allemand Haar « filasse », peut-être apparenté à Haar « cheveu » ; → haire) ou du francique °hard « branche » (Cf. ancien haut allemand hard, moyen néerlandais hart « forêt », et le nom géographique allemand Hardt, désignant un massif boisé au nord des Vosges).
❏
Hart s'est dit d'abord d'une corde avec laquelle on pendait les condamnés, sens qui ne subsiste que dans certaines formules judiciaires au XVIIe s. (à peine de la hart), encore au XIXe s. par archaïsme littéraire, chez Hugo par exemple. Par métonymie, hart a eu le sens de « pendaison » (1265). Le mot a aussi désigné (fin du XIIe s. ; v. 1200, hard) un lien de bois flexible pour attacher les fagots, aujourd'hui d'emploi régional. Enfin, hart fut le nom donné (1704) dans le milieu des peaussiers et des gantiers à un instrument servant à étirer les peaux.
❏
2 HARDE n. f. (1391) représente la forme féminine de
hart. Le mot signifie d'abord « corde », comme
hart, et spécialement en vénerie (
XVIIe s.) le lien servant à attacher les chiens par couples (1671) et, par métonymie, un groupe de chiens de chasse ainsi attachés (1625, au figuré).
◈
De
harde dérivent les termes techniques
HARDER v. tr. (1561) avec un composé de
hart, ENHARDER v. tr., « lier avec une corde », attesté plus tôt (v. 1200), et
HARDILLIER n. m. (1723), nom d'un crochet de métal utilisé dans la tapisserie de haute lice.
HASARD n. m. représente un emprunt (v. 1150, hasart) à l'arabe az-zahr, « jeu de dés », par l'intermédiaire de l'espagnol azar (1283) « jeu de dés » et « coup défavorable au jeu de dés ». Le mot arabe vient de zahr « fleur » (espagnol azahar « fleur d'oranger »), les dés ayant porté une fleur sur l'une des faces, soit du verbe yasara « jouer à un jeu de hasard ». Le h- est dû au fait qu'au moyen âge les mots à initiale vocalique, d'origine étrangère, étaient régulièrement écrits avec h.
❏
Hasard a désigné au moyen âge un jeu de dés et s'est dit (1200) d'un coup heureux à ce jeu (le six). C'est de ce premier sens que vient l'expression
jeu de hasard (1538), mais aujourd'hui la référence au jeu de dés est oubliée,
hasard étant toujours compris au sens absolu et philosophique.
Hasard prend dans le premier quart du XIIIe s. le sens figuré de « mauvais coup », d'où celui de « risque, danger » (XVe s.), sens vieilli dans l'emploi au singulier — Voltaire n'admettait dans cette acception que mettre au hasard ; la locution être au hasard (1538) est tombée en désuétude. Restent aujourd'hui les hasards de la guerre et, comme terme technique de golf, les hasards « les obstacles naturels », mais dans cet emploi le mot a été emprunté (1906) à l'anglais hazard ; cependant, un sens analogue est attesté en 1717 au jeu de mail.
◆
Par extension, on passe du sens de « risque » à celui de « cas, événement fortuit » (déb. XVIe s., hasart). Au milieu du XVIe s., comme sort et fortune, hasard s'emploie absolument pour « cause qu'on attribue à ce qui arrive sans raison apparente », d'où ensuite l'emploi en sciences (les lois du hasard). De l'idée de « fortuit » vient un ensemble de locutions adverbiales : au hasard (1580, Montaigne) signifie « sans direction déterminée » (aller au hasard) et « sans réflexion » (parler au hasard), puis « sans évolution prévisible » (1695, Fénelon) ; à tout hasard (fin XVIe s., d'Aubigné), d'abord pour « quoi qu'il puisse arriver », équivaut aujourd'hui à « en prévision de ce qui peut arriver » ; par hasard (1636) a remplacé l'emploi adverbial de hasard (1532, hazart) au sens de « fortuitement ». La locution prépositive au hasard de (1580, Montaigne) a signifié « au risque de » et aujourd'hui « selon les hasards de » (1883, P. Loti). De hasard s'est employé (1694) pour « d'occasion », c'est-à-dire « ce qu'on trouve par hasard » (marchandise de hasard) jusqu'à la fin du XIXe s. (encore chez Flaubert, 1869).
❏
Les dérivés sont usuels.
HASARDER v. tr. s'est employé au sens de « jouer aux dés » ; c'est la réfection de
haseter, intr. (1
re moitié du
XIIIe s.), d'abord au participe passé
hazardé.
◆
Comme pour le nom, on passe ensuite à l'idée de « risquer » (1389,
hazardé « hardi, impertinent ») avec le sens de « livrer aux aléas du sort » (1407), devenu d'usage littéraire ; de là viennent des emplois maintenant sortis d'usage,
hasarder qqn « l'exposer à un danger » (v. 1500 ;
pronom., v. 1460) et de
hasarder qqch. « risquer » (1622, d'Aubigné,
hasarder le combat).
◆
Le verbe s'emploie aujourd'hui au pronominal :
se hasarder à, construit avec un infinitif « se risquer à » (1642, Corneille) et
se hasarder « se risquer (en un lieu où il y a du danger) » (1835).
Hasarder signifie par extension (1532) « faire (qqch.) en risquant d'échouer », — emploi réalisé dans
démarche hasardée « dont l'issue est douteuse » (
XIXe s.) —, d'où (1579) « se risquer à exprimer une opinion qui peut déplaire » (exemple :
une idée hasardée « peu sûre »,
XVIIIe s.). Spécialement,
hasarder un mot, une expression signifie « l'utiliser alors que son usage n'est pas bien établi » (1670).
■
HASARDEUX, EUSE adj., tiré de hasard « risque », signifie, en parlant de personnes, « qui s'expose au risque » (1552) et, par ailleurs, « qui expose au risque, comporte des risques » (1580, Montaigne).
◆
L'adverbe dérivé HASARDEUSEMENT, au sens de « d'une manière risquée » (1554), d'emploi rare aujourd'hui, s'est dit aussi pour « fortuitement » (1624).
HAS BEEN n. est pris à une expression anglaise formée du passé du verbe have et du participe passé de (to) be, équivalant à « a été, a existé ».
❏
Cet anglicisme de mode, apparu en sport en 1932, à propos de boxeurs, s'applique à toute personne qui n'a plus le succès qu'elle a eu par le passé. Il est devenu courant dans les années 1970.
HA(S)CHI(S)CH n. m. est une adaptation de l'arabe ḥašīš « herbe, foin » et « chanvre indien ». Le mot est introduit, dans un récit de voyage en 1556, sous les formes ashy et hasis ; la graphie haschîsch est attestée en 1773, hachisch, hachich, hatschisch (Nerval), etc., au XIXe siècle.
❏
Le mot, abrégé en HASCH n. m. (v. 1968) et graphiquement en H (1973), conserve le sens étymologique de « chanvre indien » (il correspond à herbe).
❏
Haschisch a eu à partir des années 1840 des dérivés, qui n'ont pas vécu, exprimant les effets du haschisch :
HASCHISÉ, ÉE adj. (1845),
HASCHICHÉ, ÉE adj. (1871),
HASCHIDÉ, ÉE adj. (1886).
■
HA(S)CHISCHIN n. m. est l'étymologie traditionnelle, mais probablement erronée, de assassin (→ assassin) ; elle date du début du XIXe s. et a été reprise littérairement pour qualifier les musulmans ismaïliens censés s'adonner à l'usage du haschich. Le mot, emprunté à l'arabe ḥašīšī ou ḥaššāšī, signifie normalement « personne qui fume le haschich » ; il est littéraire et rare en français, tant comme nom (1860) que comme adjectif (1860, Baudelaire).
HASE n. f. représente un emprunt (1556 ; 1547 en wallon) à l'allemand Hase « lièvre » issu, comme l'anglais hare, d'un germanique °kazon-, qui se rattache à une base indoeuropéenne °kas- « sauter », représentée en sanskrit. Hâve* lui est apparenté.
❏
Le mot désigne la femelle du lièvre ou du lapin de garenne.
❏ voir
HÂVE.