HELVÉTIQUE adj. est un emprunt (1656) au latin helveticus « de l'Helvétie », dérivé de Helvetii « les Helvètes », lui-même de Helvetia « Helvétie », partie orientale de la Gaule qui correspond à peu près aujourd'hui au territoire de la Suisse.
❏  Helvétique « relatif à la Suisse » s'emploie surtout dans des contextes juridiques ou politiques (Confédération helvétique) ; dans l'usage courant on dit plutôt suisse.
❏  L'adjectif a fourni HELVÉTISME n. m. (1845) qui désigne une tournure française propre aux habitants de la Suisse (Cf. suissisme).
Par ailleurs on relève HELVÈTE adj. et n. (1831), terme d'histoire qui renvoie à une réalité ancienne, l'Helvétie, et est emprunté au latin Helvetii. ◆  Son dérivé HELVÉTIEN, IENNE n. « personne de nationalité suisse » (XVIIIe s.) est sorti d'usage.
HEM interj. est relevé chez Marot (av. 1544 ; n. m., 1646) ; cette onomatopée est certainement antérieure, hem servant à attirer l'attention étant déjà attesté en latin (→ hein). Avec des emplois proches, on relève aussi hum (1611, humhum) et la variante hom (1680) qui n'est plus en usage.
HÉMA-, HÉMAT-, HÉMATO-, HÉMO- sont des éléments tirés du grec haima, haimatos « sang », utilisés pour former de nombreux composés savants, en particulier en biologie, en médecine et en chimie.
❏  Les plus répandus sont HÉMATURIE n. f. (1771) de -urie ; HÉMATOLOGIE n. f. (1803) de -logie ; HÉMATOME n. m. (1855) de -ome ; HÉMOPHILIE n. f. (1855) de -philie ; d'où HÉMOPHILE adj. et n. (1866)*. Ces deux termes s'appliquent à une anomalie héréditaire impliquant un défaut de coagulation du sang et pouvant entraîner des conséquences dramatiques (hémorragies, notamment) ; la dernière en cause est, de par la nécessité de transfusions, le risque de transmission du sida. ◆  HÉMOGLOBINE n. f. (1873), du radical de globuline, désigne la substance contenue dans les globules rouges du sang ; il a pour dérivés HÉMOGLOBINIQUE adj. (1904), par composés HÉMOGLOBINURIE n. f. (1888) et HÉMOGLOBINÉMIE n. f. (1904) « présence d'hémoglobine dans l'urine, le sang ». ◆  HÉMOCYANINE n. f. (av. 1892) du grec kuanos « bleu » ; HÉMOLYSE n. f. (1901) de -lyse ; HÉMODIAGNOSTIC n. m. (1904) de diagnostic ; HÉMOGRAMME n. m. (1938) de -gramme. ◆  Récemment, on peut signaler : HÉMODIALYSE n. f. (apr. 1947) de dialyse ; HÉMATOCYTOLOGIE n. f. (mil. XXe s.) de -cytologie ; HÉMOBIOLOGISTE n. (1962) de biologiste ; HÉMOCOMPATIBLE adj. (v. 1970) de compatible (dans le contexte des transfusions sanguines).
Plusieurs mots contenant l'élément haima sont empruntés au grec ou au latin.
■  HÉMATOSE n. f. (1628) est emprunté au grec haimatôsis, issu du verbe haimatoun « ensanglanter, transformer en sang ».
■  HÉMOPTYSIE n. f. (1694), emprunt au bas latin haemoptyicus, lui-même du grec haimoptuikos « qui crache le sang », de ptuein « cracher ».
■  HÉMOSTASE n. f. (1812 ; 1748, hémostasie) est emprunté au grec haimostasis, de stasis « arrêt » et HÉMOSTATIQUE adj. et n. (1748) qui s'applique à un agent de coagulation capable d'arrêter les hémorragies, au dérivé grec haimostatikos.
■  HÉMATOPOÏÈSE n. f. (1888), d'abord hématopoèse (1873), est un emprunt au grec haimatopoiein « changer en sang », de haima et poiein « faire ».
❏ voir HÉMORRAGIE, HÉMORROÏDE.
HÉMÉROCALLE n. f., réfection graphique (1628) de hémerocallis (1573), est emprunté au latin impérial hemerocalles, transcription du grec hêmerokalles littéralement « belle d'un jour », nom d'un lis jaune dont les fleurs ne durent chacune qu'un jour, de hêmera « jour », et kallos « beauté », dérivé de kalos « beau » (→ cally-).
❏  À partir de hemer(o)-, tiré du grec hêmera « jour », ont été composés des mots didactiques comme HÉMÉRALOPE n. et adj. (1755) et HÉMÉRALOPIE n. f. (1755) où hêmera a la valeur de « jour » opposé à « nuit » et de ôps, opos « œil », d'après nyctalopie pour « qui ne voit que pendant le jour », ou encore HÉMÉROLOGIE n. f. (1866) du grec hêmerologein « compter jour par jour », de hêmera « jour » et legein « compter ».
HÉMI- est un élément tiré du grec hêmi « demi », mot ancien attesté en composition, qui correspond au latin semi-, au sanskrit sāmi-, etc. Tous ces mots se rattachent à une racine indoeuropéenne °sem- « un », qui semble avoir été employée très tôt pour exprimer l'identité (→ similitude) et, par ailleurs, l'unité (mais le latin utilise unus ; → un).
❏  Hémi- sert à former des noms et des adjectifs dans le vocabulaire scientifique. L'élément apparaît dans des mots empruntés au grec par l'intermédiaire du latin.
❏ voir HÉMICYCLE, HÉMIONE, HÉMIPLÉGIE, HÉMISPHÈRE, HÉMISTICHE.
HÉMICYCLE n. m. a été emprunté (1547) au latin hemicyclum « demi-cercle, amphithéâtre », transcription du grec hêmikuklion, désignant tout objet en forme de demi-cercle, composé de hêmi « demi » (→ hémi-) et de kuklos « cercle » (→ cycle).
❏  Hémicycle s'emploie d'abord au sens de « construction en demi-cercle », puis est repris au XVIIIe s. avec la valeur d'« amphithéâtre » (1762) et pour désigner les rangées de gradins destinées à des spectateurs ou aux membres d'une assemblée (en 1844, hémicycle de l'Assemblée nationale).
HÉMIONE n. m. est emprunté (1793) au latin scientifique (equus) hemionus, du grec hêmionos « mulet », proprement « demi-âne », de hêmi (→ hémi-), et onos « âne ».
❏  Le mot désigne un mammifère qui tient de l'âne et du cheval, propre à l'Asie occidentale.
HÉMIPLÉGIE n. f., réfection étymologique (1707) de émiplegie (1658), d'abord hemiplexie (1573), est un emprunt au grec hêmiplêx, -êgos « à moitié frappé », composé de hêmi (→ hémi-) et de -plêx, de plettein « frapper, battre ».
❏  Hémiplégie, qui désigne une paralysie partielle ou complète d'une moitié latérale du corps, a été en concurrence avec la forme hémiplexie jusqu'à la fin du XIXe siècle.
❏  Le dérivé HÉMIPLÉGIQUE adj. et n. apparaît en 1795. ◆  D'autres composés avec l'élément -plégie ont été formés depuis (paraplégie, tétraplégie, etc.).
HÉMISPHÈRE n. m. représente un emprunt (v. 1320), d'abord sous la forme emispere, au latin hemisphaerion, variante hemisphaerium « moitié quelconque de sphère ; coupole », lui-même du grec hêmisphairion, de hêmi (→ hémi-) et sphaira « corps rond » (→ sphère).
❏  Le mot, introduit pour parler d'une moitié quelconque du globe terrestre, retrouve le h étymologique en 1544 (M. Scève). Hémisphère désigne aussi à partir du XVIIe s. chacune des deux moitiés du globe limitée par l'équateur et chacune des deux moitiés d'une sphère limitée par un des plans passant par le centre, ces deux acceptions étant relevées par Furetière (1690). Le mot est ensuite utilisé en anatomie (1776, hémisphères cérébraux). ◆  Au XIXe s., hémisphère devient également (1866, Littré) un terme d'astronomie au sens de « moitié de la sphère céleste ». ◆  En physique, les hémisphères de Magdebourg désignent les demi-sphères creuses utilisées en 1654 par Otto de Guerick, bourgmestre de Magdebourg, pour démontrer l'existence de la pression atmosphérique.
❏  Le dérivé HÉMISPHÉRIQUE adj. « qui a la forme d'un hémisphère » est un emprunt (1551) au latin médiéval hemisphericus, de même sens (v. 1115).
■  HÉMISPHÉROÏDE adj. et n. m. (de -oïde) est formé d'après sphéroïde (1716).
HÉMISTICHE n. m. est emprunté (1548) par Thomas Sébillet dans son Art Poétique, au bas latin hemistichium « moitié de vers », lui-même pris au grec hêmistikhion, composé de hêmi (→ hémi-) et de stikhos « rangée », « ligne » et particulièrement « ligne d'écriture », d'où « vers » (→ stichomythie).
❏  Terme de versification, hémistiche désigne jusqu'au XIXe s., la moitié d'un vers, et spécialement un alexandrin, d'où son emploi par métonymie pour césure (1690, Furetière). C'est la transformation des règles qui aboutit à ce qu'hémistiche se dise également des deux parties d'un vers, qu'elles soient ou non égales (1843).
HÉMO- → HÉMA-
HÉMORRAGIE n. f. est emprunté sous la forme emoragie (v. 1370) au latin impérial haemorrhagia « flux de sang », emprunt au grec haimorrhagia, de haimorrhagês « dont le sang se répand à flots », adjectif formé de haima « sang » et de rhêgunai « rompre », « faire jaillir (en parlant de pleurs, de sources, de sang) » (→ -rragie). La réfection étymologique aboutit à hemorragie (1539) ; on trouve aussi le calque du latin hémorrhagie (1768, Géraud), graphie reçue au XIXe s. et recommandée par Littré.
❏  Hémorragie désigne un épanchement de sang ; par figure (1767), le mot prend le sens d'« écoulement abondant » puis, au XIXe s., de « perte de vies humaines » (1862, Hugo), et enfin, dans la première moitié du XXe s., le sens large de « perte de biens, de moyens ».
❏  HÉMORRAGIQUE adj. (1795 ; variante -rrh- dans Littré) est un terme médical usuel.
HÉMORROÏDE n. f. est une réfection (1549) de emoroyde (XIIIe s.) ; le mot est écrit hemorrhoïde par A. Paré vers 1560 par réfection étymologique, graphie encore relevée dans Bescherelle en 1845. Le mot est emprunté au latin impérial haemorroïda n. f. pl. « qui souffre d'un afflux de sang », de haemorrhoïs emprunt au grec haimorrhois, -idos, composé de haima « sang » et de rhoos « écoulement », du verbe rhein « couler ». Rhein a des correspondants dans diverses langues indoeuropéennes et on le rattache à une racine °srew- « couler », sans doute liée à °ser- « ramper » (→ herpès, serpent).
❏  Le mot s'emploie surtout au pluriel pour désigner les tumeurs formées par la dilatation des veines de l'anus et du rectum.
❏  Les dérivés HÉMORROÏDAL, ALE, AUX adj. (1559) et HÉMORROÏDAIRE adj. et n. (1795) restent d'emploi didactique.
■  HÉMORROÏSSE n. f. apparaît dans les traductions de l'Évangile (1598), par emprunt au latin ecclésiastique haemorrhoissa « femme qui a des hémorroïdes » (du grec haimorrhois) ; il ne s'emploie que pour parler de la femme guérie par le Christ (Évangile selon saint Matthieu, IX, 18-22) ; on trouve avec le même sens la graphie étymologique hémorrhoïsse (encore chez Claudel, 1947). ◆  HÉMORROÏDESSE n. f. est dérivé de hémorroïde (1874, Flaubert).
HENDÉCA-, élément tiré du grec hendeka « onze », de hen « un » et deka « dix », entre dans la composition de mots savants empruntés.
❏  HENDÉCASYLLABE n. m. se trouve chez Du Bellay (1549 ; de syllabe) ; c'est un terme didactique pour désigner un vers de onze syllabes. ◆  HENDÉCASYLLABIQUE adj. en a été dérivé au XVIIIe siècle.
HENDÉCAGONE n. m. (1676, endécagone ; avec h- initial en 1762 dans le dictionnaire de l'Académie ; depuis 1652, d'après Bloch et Wartburg) est emprunté au bas latin hendecagonus « polygone de 11 côtés », formé à partir du grec hendeka et gônia « angle ».
HENNÉ n. m., d'abord henne (1541), puis henné (1681), est un emprunt à l'arabe ḥinnā᾿ « henné », par l'intermédiaire du latin médiéval henne (XIIIe s.), dans la traduction d'un médecin arabe du IXe siècle. On trouve au moyen âge les formes alchanne (XIIIe s.), encanne (1240-1244), alcanne (1256), adaptations du latin médiéval alchanna (mil. XIIe s.), qui traduisait l'arabe āl-ḥinnā᾿ « le henné » (avec article agglutiné), d'un texte du Xe s. du médecin persan Razi. La graphie henneh est relevée par Littré et utilisée par Flaubert (1862).
❏  Le mot désigne une plante nommée par les botanistes lawsonia, dont l'écorce et les feuilles fournissent une poudre colorante, et par métonymie cette poudre (1835), utilisée pour la teinture des cheveux, des doigts, etc., notamment dans les pays musulmans. ◆  Une extension de sens, en français d'Afrique, donne à henné le sens d'une opération préalable à certaines cérémonies, où l'on passe au henné les membres des participants.
HENNIR v. intr. est un emprunt (1080, henir) au latin hinnire « hennir » (en parlant du cheval), onomatopée avec un h initial d'origine expressive.
❏  Dans La Chanson de Roland, le verbe s'emploie en parlant d'êtres humains, puis il s'utilise en parlant du cheval (v. 1121-1134). Par analogie, hennir a pris le sens de « faire un bruit évoquant le cri du cheval » (XIXe s.) et, spécialement, celui de « rire bruyamment » (XXe s.).
❏  Le dérivé HENNISSEMENT n. m. (XIVe s.), d'abord hanissement (v. 1120), s'emploie au sens propre et au sens analogique du verbe.
HEP interj. d'origine onomatopéïque, servant à appeler, est attestée dans le dictionnaire de l'Académie en 1694 ; elle est employée aussi comme nom masculin (XIXe s.).
HÉPATIQUE n. et adj., réfection étymologique (1538) des formes epatic (1240, aloes epatic), epatique (1314), est un emprunt au bas latin hepaticus « relatif au foie », « qui a le foie malade », lui-même pris au grec hêpatikos, dérivé de hêpar, hepatos « foie ».
❏  Le mot désigne d'abord une plante dont une variété (anémone hépatique ou herbe de la Trinité) était employée pour soigner les affections du foie. ◆  Le sens médical, « qui a rapport au foie », repris au latin, est attesté en 1314 (vaine epatique) puis le mot s'applique (1561, A. Paré) à une personne qui a le foie malade. Hépatique entre ensuite, comme terme d'anatomie ou de médecine, dans des syntagmes comme canal hépatique (1770), colique hépatique (1863). ◆  Comme nom féminin, hépatique (1314 au singulier) désigne une classe de plantes cryptogames.
❏  De hépatique au sens médical dérivent des termes didactiques de médecine, comme HÉPATISATION n. f. (1820), HÉPATISME n. m. (1887).
■  1 HÉPATITE n. f. est une adaptation, attestée en 1660, du bas latin hepatites, hepatitis « de la nature du foie », emprunt au grec hêpatitis, -itidos « du foie », dérivé de hêpar, hêpatos « foie ». Hépatite désigne une affection inflammatoire du foie ; ce mot médical est employé couramment dans le syntagme hépatite virale.
Un autre mot 2 HÉPATITE n. f., attesté à partir de 1542, pour désigner une pierre précieuse dont la couleur rappelle parfois celle du foie, est un emprunt au latin impérial hepatites, de même sens.
L'élément HÉPAT-, HÉPATO-, tiré du grec hêpar, hepatos, entre dans la composition de termes de pathologie et de médecine, parmi lesquels : HÉPATOLOGIE n. f. (fin XVIIIe s.), d'où HÉPATOLOGUE n. ou HÉPATOLOGISTE, abrégés en HÉPATO, et HÉPATOGRAPHIE n. f. (1866).
HEPT-, HEPTA- est un élément tiré du grec hepta « sept », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °septṃ (→ sept), utilisé dans la composition de mots savants ou contenu dans des mots empruntés au latin.
❏  HEPTAGONE n. m. est emprunté (1542) au bas latin heptagonus « figure qui a sept angles égaux », du grec de même sens heptagonos, formé de hepta et de gônia « angle ».
HEPTAMÉRON n. m., mot qui entre dans le titre (1559) d'un recueil de récits de Marguerite de Navarre, est composé du grec hepta et de hêmera « jour », d'après décaméron. Ce nom désigne un récit en sept parties distribuées en sept journées.
HEPTACORDE adj. et n. m. est un emprunt au bas latin heptacordus « à sept cordes », « à sept sons », du grec heptakhordos, composé de hepta et de khordê « corde ». En musique ancienne (1578, eptachorde et heptachorde), le mot désigne l'échelle musicale de 7 notes composant l'octave (1721, adj., « qui se chante sur 7 notes »). ◆  Le sens de « lyre à 7 cordes » est attesté dans le Dictionnaire de la musique de Rousseau (1768, eptacorde ; on trouvait en 1634 lyre heptacorde).
HEPTAÈDRE n. m., terme de géométrie, est composé (1772) à partir du grec hepta et du grec hedra « siège, base » (→ -èdre).
■  On trouvera d'autres composés au second élément (→ par exemple syllabe).
HEPTAMÈTRE n. m. (1816) est emprunté au bas latin heptametrum pour « (vers) de sept pieds ».
HEPTANE n. m. (1890), de -ane, désigne en chimie un hydrocarbure saturé à sept atomes de carbone.
HÉRALDIQUE adj. et n. f. est un dérivé savant (1680) du latin médiéval heraldus (XIIIe s.), transposition de héraut (→ héraut).
❏  Signifiant « relatif au blason » (1701, colonne héraldique), le mot entre dans le syntagme art héraldique « art du blason » (1839), puis est utilisé seul comme nom féminin avec ce sens (1845), éliminant l'ancien hérauderie, dérivé de héraut.
❏  HÉRALDISTE n. « personne versée dans l'héraldique », formé aussi à partir de heraldus, n'apparaît qu'au XIXe s. (1873).