G
HÉRAUT n. m. est attesté d'abord sous la forme hyraut (d'armes) chez Chrétien de Troyes (1176-1181). Le mot est issu du francique °heriwald, forme infléchie de °hariwald, proprement « chef d'armée », composé de °hari « armée » (d'où vient °haribergon → auberge, héberger) et de °wald « qui règne » que l'on trouve dans le nom Chariovalda, chef batave chez Tacite, ou l'anglo-saxon Harald, etc. Passé tardivement en gallo-roman sous la forme °heriwald, le mot français est à l'origine de l'italien araldo, de l'espagnol heraldo, de l'allemand Herold, de l'anglais herald.
❏
Héraut (ou héraut d'armes) désignait au moyen âge un officier de l'office d'armes, chargé de transmettre des messages importants, de régler les cérémonies, de s'occuper des blasons. Le mot prend (XVe s.) le sens figuré de « personne qui a pour charge d'annoncer la venue de qqn ou de qqch. », d'emploi littéraire aujourd'hui.
❏
De héraut dérive HÉRAUDERIE n. f. qui a désigné l'héraldique (v. 1570) et ensuite en histoire (1802) une province dont un héraut portait le nom.
L +
HERBE n. f. est l'aboutissement (1080) de l'évolution du latin classique herba « herbe », et également « mauvaises herbes », « jeune pousse » (spécialt en parlant des céréales) et « plante » en général ; en latin, herba est souvent accompagné d'un nom au génitif (par ex. herba Herculis) ou d'un adjectif (par ex. herba admirabilis) qui en précise le sens ; mot rural prélatin d'origine inconnue, herba a donné en italien erba, en espagnol yerba.
❏
Herbe est introduit avec le sens de « plante à tige non ligneuse » et en même temps, en emploi singulier à valeur collective, avec celui de « végétation naturelle de plantes herbacées », d'où la locution
male herbe (
XIIIe s.), puis
mauvaise herbe (1316), pour désigner une herbe sans utilité pour l'homme, locution qui prend un sens métaphorique dans la seconde moitié du
XVIIe s.
(Cf. mauvaise graine), d'après des expressions du type
pousser comme de la mauvaise herbe.
◆
Vers 1160,
herbe est attesté au sens de « plante qui a des vertus médicinales » ; aujourd'hui, en ce sens, le mot est qualifié par
médicinale (
XVe s.),
officinale ; Cf. simple.
◆
À partir du
XIIIe s.,
herbe est souvent qualifié, comme en latin, pour désigner une plante spécifique ; les syntagmes, extrêmement nombreux, contiennent un élément qui rappelle une caractéristique de la plante, parfum, forme, couleur, usage domestique, etc. :
herbe à balais (érica) ;
herbe à cailler (gaillet) ;
herbe au citron (mélisse) ;
herbe aux murailles (pariétaire) ;
herbe aux neuf chemises (ail) ;
herbe à teinture (genêt), etc. ; l'élément ajouté peut aussi indiquer un usage médicinal :
herbe à dartre (cassia) ;
herbe aux engelures (jusquiame) ;
herbe à la gale (solanum) ;
herbe à tous les maux, herbe sacrée (verveine), etc. ; dans ce cadre les noms de saints ont été largement mis à contribution :
herbe de Saint-Benoît ou
herbe bénie / benoîte, herbe de Saint-Paul (primevère),
herbe de Sainte-Marie (basalmine), etc. ;
herbe de la Saint-Jean désignait des herbes cueillies le jour de la saint Jean, auxquelles on attribuait des vertus magiques. De là la locution aujourd'hui vieillie
employer toutes les herbes de la Saint-Jean (mil.
XVIe s.) « employer tous les moyens possibles pour réussir ».
◆
Les expressions formées avec
herbe sont encore bien plus nombreuses si l'on y ajoute celles qui sont propres aux usages régionaux, soit archaïques, soit issues des dialectes, et celles des divers usages du français dans le monde (par exemple, en français de Nouvelle-Calédonie,
herbe à bengalis, à piquants, à puces, à lapin, à grenouille...).
En herbe se dit (1225-1230, G. de Lorris) des céréales encore jeunes, vertes et courtes comme de l'herbe, puis au sens figuré (1558) pour « en puissance, virtuel » (1558, cocu en herbe) et pour « qui a des dispositions pour qqch. », en parlant d'un enfant. Herbe s'emploie seul, au pluriel, pour désigner (1306) les herbes aromatiques utilisées comme assaisonnement, dites ensuite fines herbes (1540).
◆
Le mot a eu le sens général de « légumes verts et salades » (1414), d'où bouillon aux herbes « de légumes », marché aux herbes, la locution ancienne l'herbe lui manque sous les pieds « il manque de moyens d'existence », et couper l'herbe sous le pied (à qqn) « le frustrer d'un avantage en le devançant » (XVIe s.), devenu couper l'herbe sous les pieds de qqn (1611) toujours en usage.
Au XIXe s., Baudelaire appelait le haschisch herbe (1860, Les Paradis artificiels) ; le mot, dans l'argot de la drogue, se dit aujourd'hui, d'après l'anglais grass, d'une tige végétale qui se fume (marijuana).
◆
Herbe s'est employé aussi pour tabac, seul ou qualifié (autrefois herbe à Nicot, herbe aux grands prieurs).
❏
Les dérivés et composés sont liés aux diverses acceptions.
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HERBAGE n. m. se dit (v. 1135) d'une prairie naturelle où paissent les troupeaux. Herbage a désigné plus généralement à la fin du XIIIe s. des herbes de toutes sortes (au singulier collectif ou au pluriel), puis l'ensemble des herbes cueillies (fin XVe s.) et spécialement les plantes potagères (1599), sens encore en usage au XIXe siècle.
◆
Herbage était aussi le nom (XIIIe s.) d'un droit perçu sur les pâturages jusqu'au XVIIIe siècle.
■
Du premier emploi viennent HERBAGER v. tr. (1420) « mettre à paître dans un herbage » et HERBAGER, ÈRE n. et adj. « éleveur qui engraisse des bestiaux » (1732) ; au sens de « marchand d'herbes (de légumes verts) » (1832), le mot est tombé en désuétude ; comme adjectif, herbager signifie (1842) « caractérisé par des herbages ».
■
Le dérivé HERBAGEUX, EUSE adj. « couvert d'herbages » (1611) est archaïque.
◈
HERBER v. tr. a eu en ancien français le sens d'« aromatiser avec des herbes » (v. 1170 au participe passé, Beroul,
vinz herbez) et, comme intransitif, celui de « pâturer » (v. 1290). Le verbe est repris au
XVIe s. par Rabelais (1534,
pron.) pour « s'étendre sur l'herbe », acception qui ne survit pas, et à nouveau au
XVIIIe s. au sens technique d'« exposer (de la toile) au soleil, sur l'herbe » (1723), aujourd'hui archaïque.
■
Il en va de même pour un autre dérivé de herbe, HERBERIE n. f. « lieu où l'on herbe la toile » (1730). Herberie avait désigné (XIIIe s.) une collection d'herbes et un marché aux herbes (potagères, aromatiques et médicinales), puis un jardin potager (1555).
◈
HERBETTE n. f. s'est dit d'une herbe courte et fine (v. 1170, Beroul) et s'employait pour « herbe médicinale » (1611) ; le mot, au pluriel, équivaut en Suisse romande à
fines herbes.
■
HERBIER n. m. a eu en ancien et en moyen français le sens de « terrain herbeux » (v. 1165) et est encore employé en Normandie et en Picardie comme synonyme de herbes et de mauvaises herbes. Il a désigné un herboriste (XIIIe s.) jusqu'au XVIIe s. et un ouvrage qui traite des plantes (XVe s.), sens emprunté au bas latin herbarium, qui donne celui de « collection de plantes conservées séchées » (1704) puis de « collection de dessins représentant des plantes » (1783, herbier [artificiel]).
◆
Au XVIIIe s. également, herbier désigne un banc d'herbes au milieu des eaux (1769), sens voisin de l'ancien français ; herbier a signifié aussi « endroit où l'on conserve l'herbe coupée pour le bétail » (1771).
◆
Le mot a désigné (1690) la poche de l'estomac des ruminants, où s'accumule l'herbe.
■
HERBIÈRE n. f. (XIIIe s.), comme d'autres dérivés d'herbe, a signifié en ancien français (1230) « pré, gazon ». Les emplois aux sens de « femme qui recueille des herbes médicinales » (v. 1245), puis de « femme qui vend des herbes » (1596), ont disparu.
◆
L'acception « poche de l'estomac des ruminants » a été remplacée par herbier (ci-dessus).
◈
HERBU, UE adj. (1080) s'applique à un endroit où l'herbe est abondante. Comme substantif,
un herbu désigne dans plusieurs régions (par exemple en Normandie, dans la baie du Mont-Saint-Michel) un terrain couvert d'herbe.
◆
HERBUE n. f. désigne une terre utilisée pour les pâturages (1264) ; le mot, repris au
XVIIIe s. (1761,
harbue), se dit d'un fondant argileux mêlé au minerai de fer dans les hauts fourneaux.
◈
HERBEILLER v. intr. « brouter l'herbe » (1279) ne s'emploie plus qu'en vénerie (1561).
◈
Le composé
DÉSHERBER v. tr. « enlever les mauvaises herbes » est attesté en 1837 (préfixe
dés- ; → dé-) ; en dérivent
DÉSHERBAGE n. m. (1907) puis
DÉSHERBANT, ANTE n. m. et adj. (
XXe s.), de même sens que le composé savant
HERBICIDE n. m. et adj. (1903 ; de
-cide).
■
Ont été aussi formés sur herbe, HERBICOLE adj. (1828 ; de -cole), au sens de « qui vit dans l'herbe » et, beaucoup plus courant, HERBIVORE adj., au sens de « qui se nourrit d'herbe » (1748 ; de herbe, ou du latin herba), puis n. m. pl. chez Cuvier (1805) pour « ensemble des espèces animales qui se nourrissent de végétaux » (opposé à carnivore).
◈
HERBACÉ, ÉE adj. signifie « qui a les caractères de l'herbe » (1542 ; 1762,
plante herbacée) ; c'est un emprunt au latin impérial
herbaceus « de couleur d'herbe », dérivé de
herba.
■
HERBEUX, EUSE adj. est un emprunt ancien resuffixé (1080, herbous) au latin impérial herbosus « couvert d'herbe », dérivé de herba.
❏ voir
HERBORISTE.
HERBORISTE n. est un emprunt (1442, herboliste) aux parlers d'oc, où il correspond à un dérivé de erbola, dérivé du latin herbula « petite herbe », diminutif de herba ; on trouve en ancien provençal erbolaria, erboliera (1366) « marché aux herbes », erbolestier (1379) « marchand de légumes verts ». Les formes en -ar (1499, arboliste) viennent d'une hésitation en moyen français entre -ar et -er ; le h initial est une réfection étymologique d'après herbe ou d'après le latin, et le changement du l de herboliste en r (1545, herboriste) est dû à une influence de arbre ou à l'assimilation de ce l au r précédent.
❏
Herboriste a d'abord désigné celui qui connaît les vertus médicinales des plantes, puis équivaut (1545) à notre actuel botaniste, acceptions sorties d'usage. C'est à partir du XVIIe s. que le mot désigne une personne qui vend des plantes médicinales (1690, Furetière) ; jusqu'au début du XXe s., un herboriste vendait aussi des drogues simples, des produits hygiéniques.
❏
Le dérivé
HERBORISER v. intr. a gardé le premier sens attesté, « recueillir des plantes pour les étudier, les collectionner ou les vendre » (1611, d'abord écrit
arboriser ; 1534, Rabelais) ; le verbe ne s'emploie plus au sens de « soigner avec des plantes » (1634).
◆
En dérivent
HERBORISEUR, EUSE n. (1636), synonyme de
HERBORISATEUR, TRICE n. (1845), d'emploi rare, et
HERBORISATION n. f. (1719).
■
Le dérivé HERBORISTERIE n. f. « commerce d'herboriste » (1838) s'emploie aussi au XXe s. comme terme didactique au sens d'« étude des propriétés médicinales des plantes ».
HERCHER v. intr. est d'abord un mot wallon (v. 1385, heirchier « traîner »), issu d'un bas latin °hirpicare (d'où proviennent aussi des formes italiennes comme erpicare) dérivé du latin classique hirpex, -icis (→ herse).
❏
Le verbe est attesté en français central (1769) sous la forme hiercher au sens de « pousser les wagons contenant le minerai » ; il est écrit ensuite herscher (1873), puis hercher (1875).
❏
Comme le dérivé
HERCHEUR, EUSE n. (1769,
hiercheur ; forme moderne en 1774, et variante
herscheur en 1873),
hercher, mot du Nord, s'est répandu en France par Zola, avec
Germinal (1885).
■
Les autres dérivés sont HERCHAGE n. m. (1769, hierchage) et HERCHE n. f. (XIXe s.), déverbal.
HERCULE n. m. est emprunté comme nom commun par Ronsard (1550) au latin Hercules (Cf. grec Hêraklês), nom d'un demi-dieu de la mythologie gréco-latine, fils de Jupiter et d'Alcmène, poursuivi par la jalousie de Junon, l'épouse de Jupiter, et réputé pour sa force et pour les épreuves que lui imposa Junon (les douze travaux d'Hercule, comprenant des luttes contre des monstres, etc.) ; le mot est attesté comme nom propre vers 1150.
❏
Hercule désigne un homme d'une force physique exceptionnelle, par analogie avec le personnage mythologique, et au XIXe s. un lutteur qui fait des tours de force (hercule de foire). Il a eu pour synonyme un alcide.
◆
Par figure, le mot a signifié en argot (déb. XXe s.) « forte somme », « billet de mille francs » ; ce sens a disparu.
❏
HERCULÉEN, ÉENNE adj. signifie « digne d'Hercule, d'un hercule » (1520 ; variante herculien en 1512) ; il continue le dérivé latin herculaneus.
HERD-BOOK n. m., emprunté à l'anglais (v. 1839) et signalé par Littré (1866), signifie « livre généalogique des races bovines » ; l'anglais herd-book (1822), littéralement « livre de troupeau », est composé de book « livre » et de herd « troupeau » (→ 1 harde).
?
HÈRE n. m. est sorti d'usage sauf dans la locution pauvre hère, attestée chez Rabelais en 1534 (pouvre hayre) et signifiant « homme misérable ». Le mot est d'origine incertaine. On a fait de hère un emprunt à l'allemand Herr « seigneur », employé par dérision ; le suisse alémanique en arme her correspond au français un pauvre hère et on relève par ailleurs l'ancien français herre, here au sens de « seigneur » (1314 ; Cf. variante her chez Rabelais, 1534). Hère pourrait être, au sens de « pèlerin qui porte la haire », un emploi métonymique du nom féminin haire, ou — cette dernière hypothèse paraît plus plausible — un emploi substantivé de l'adjectif haire « malheureux, pauvre » (v. 1250), issu de ce nom (→ haire).
HÉRÉDITÉ n. f. est un emprunt (v. 1050) au latin hereditas « ce dont on hérite » (sens abstrait et concret), dérivé de heres, heredis « héritier », nom masculin jusqu'à l'époque impériale, seul l'enfant mâle pouvant hériter.
❏
Hérédité a désigné comme en latin l'ensemble des biens laissés par une personne en mourant (1050, au pluriel,
ereditez ; puis déb.
XIIe s., au singulier,
heredite) ; dans ce sens il est resté terme juridique jusqu'au
XIXe s. (Code civil ; 1804), supplanté ensuite par
héritage. Toujours en droit,
hérédité désigne ensuite (1538) la qualité d'héritier et le droit de recueillir une succession
(accepter l'hérédité), puis (
XVIIe s.) la transmission par voie de succession (attesté 1690).
Le mot est repris en biologie (1821) pour désigner la transmission des caractères d'un être vivant à ses descendants. Le développement de la génétique* donne à la notion un contenu plus précis ; ce n'est qu'au début du XXe s. que l'on met au jour les lois de l'hérédité, liées à l'organisation cellulaire des êtres vivants ; on distingue ensuite l'hérédité mendélienne, le matériel génétique chromosomique étant transmis lors de la fécondation par les gamètes, et l'hérédité non mendélienne, qui vient de la présence d'A. D. N. dans certains organites cellulaires.
◆
Dans la seconde moitié du XIXe s., hérédité s'emploie au sens figuré d'« ensemble des dispositions, des aptitudes, etc. qu'une personne reçoit de ses aïeux », largement attesté chez les écrivains naturalistes (Cf. en particulier Zola, Le Roman expérimental). Par extension le mot désigne les caractères propres à un milieu social, géographique, etc., qui semblent se transmettre de façon héréditaire (XXe s.).
❏
HÉRÉDITAIRE adj. est emprunté (1459) au dérivé latin
hereditarius « qui se transmet par droit de succession » et « qui se transmet des parents aux descendants ». Le mot est probablement antérieur, son dérivé
HÉRÉDITAIREMENT adv. étant attesté en 1323.
◆
Le premier sens latin est repris en 1459 ; de ce sens vient
monarchie héréditaire (1549) ; le second est introduit en 1549
(aptitudes héréditaires). Par extension le mot a pris le sens large de « qui est transmis par habitude, par tradition, etc. » (
XVIIe s. ;
Cf. ennemi héréditaire).
◆
Héréditaire est repris comme terme de biologie au
XIXe s. selon l'évolution de
hérédité (patrimoine héréditaire, caractères héréditaires).
◈
L'élément
HÉRÉDO- est tiré de
heres, heredis « héritier » ; il a été utilisé, représentant l'adjectif
héréditaire, pour composer des mots en médecine, à la fin du
XIXe et au début du
XXe siècle. Ces mots sont sortis d'usage ou vieillis à partir des années 1940-1950 : les travaux de la génétique ont distingué précisément ce qui est transmis héréditairement (lié aux gènes et aux chromosomes) et ce qui est acquis pendant la grossesse ou les premières années de la vie.
■
Parmi les composés qui furent le plus en usage, on relève : HÉRÉDOCONTAGION n. f. (1897, de contagion), HÉRÉDOSYPHILIS n. f. (1899, de syphilis), d'où le dérivé HÉRÉDOSYPHILITIQUE adj. et n., par abréviation HÉRÉDO (1916), qui a eu les deux valeurs (la maladie et surtout le malade), avant de sortir d'usage.
❏ voir
HÉRITER, HÉRITIER.
HÉRÉSIE n. f., réfection étymologique (v. 1140) de eresie (1121-1134), est un emprunt savant au latin classique haeresis « doctrine, système », spécialement en latin ecclésiastique « doctrine contraire aux dogmes de l'Église catholique » ; le latin représente le grec hairesis « choix » puis, en grec tardif, « école philosophique », « secte religieuse » d'où « hérésie », dérivé du verbe hairein « prendre, choisir ».
❏
Hérésie, qui s'oppose à orthodoxie, garde le sens du latin ecclésiastique ; au cours des siècles, les hérésies condamnées par l'Église catholique ont été nombreuses, comme les noms d'hérésie : celles des adamiens (ou adamisme), des albigeois ou cathares (catharisme), des ariens (arianisme), des bogomiles, des manichéens (manichéisme), des quiétistes (quiétisme), des sociniens, des unitaires ou unitariens, etc. Les convictions religieuses de Calvin et de Luther, qui ont abouti au protestantisme, comme celles de Jansénius, sont pour le catholicisme, surtout depuis la Contre-Réforme et jusqu'à une époque récente, des hérésies. Par analogie, hérésie désigne très tôt (fin XIIe s., iresie) une doctrine, une opinion contraire aux opinions généralement admises ; on relève là aussi un parallélisme avec orthodoxie.
❏
L'étude des hérésies a donné naissance à une discipline, l'
HÉRÉSIOGRAPHIE n. f. (1846 ; de
-graphie) ou
HÉRÉSIOLOGIE n. f. (1892, Renan ; de
-logie), et à des spécialistes, nommés
HÉRÉSIOGRAPHE n. (1846) ou
HÉRÉSIOLOGUE n. (1920).
◈
HÉRÉTIQUE adj. et n. a remplacé les formes issues du latin
herite (1080, d'après
sodomite auquel il était souvent associé) et
erege, herege (v. 1165) ;
hérétique est emprunté au latin ecclésiastique
haereticus « (personne) qui professe ou soutient une hérésie », du grec
hairetikos « qui choisit » et, tardivement, « sectaire », « tenant d'une hérésie », dérivé de
hairesis.
◆
Hérétique, attesté comme substantif au
XIVe s.
(hereticque) avec le sens du latin (1656, à propos d'écrits, d'opinions), se dit par analogie de ce qui est contraire aux opinions admises (1647), par exemple
un hérétique en médecine.
■
HÉRÉTICITÉ n. f. « caractère de ce qui est hérétique » est un terme didactique, dérivé savant (fin XVIIe s.) du latin haereticus.
◈
HÉRÉSIARQUE n. m. est emprunté (fin
XVIe s. ; 1524,
erarsiarge) au latin ecclésiastique
haeresiarches, mot grec lui-même composé de
haeresis et de
arkhein « commander »
(→ -archie). Terme didactique,
hérésiarque signifie comme en latin « auteur d'une hérésie », « chef d'une secte hérétique ».
❏ voir
DIÉRÈSE.
L
HÉRISSER v., d'abord écrit hericer (v. 1140), est issu d'un latin populaire °ericiare, dérivé du radical du latin classique ericius (→ hérisson) ; on relève au IXe s. le latin médiéval iriciatus, participe adjectivé. Le h initial « aspiré » est peut-être d'origine expressive mais on peut penser à l'influence du latin hirsutus (→ hirsute) sinon au fait que le latin archaïque a un h initial.
❏
Hérisser s'emploie d'abord au sens de « dresser ses poils, ses plumes » comme intransitif (v.1140), pronominal (v.1160) et transitif (v.1165) ; hérissé (fin XIIe s.) prend le sens d'« épineux ». Depuis le XVIe s., le verbe s'applique aux personnes (1595, au pronominal chez Montaigne). Le verbe pronominal a également et très tôt (fin XIIe s.) le sens figuré de « s'opposer, se révolter », d'où celui de « s'indisposer, s'irriter ». Au transitif, hérisser signifie « garnir de choses pointues, aiguës » (fin XIIe s., au participe passé héricé), sens tiré du latin ericius ; au XVIe s., le verbe est attesté en ce sens à la forme pronominale (1558). Il prend par extension comme le verbe intransitif (le poil hérissé) le sens de « se dresser » (1585) ; seul le transitif (1674) et le pronominal se hérisser (1794) sont vivants avec cette valeur.
◆
Le verbe s'emploie aussi au figuré pour « garnir de choses rébarbatives, difficiles, choquantes », d'où au participe passé adjectivé (1586) le sens de « parsemé de difficultés » et la valeur archaïque « qui affiche d'une manière désagréable son érudition » (être hérissé de grec).
❏
Par analogie (présence de piquants),
HÉRISSÉ n. m. est le nom donné à divers poissons,
HÉRISSÉE n. f. celui de la chenille de noctuelle.
■
Le dérivé HÉRISSEMENT n. m. (1418, héricement) s'emploie au propre et au figuré.
❏ voir
HÉRISSON.
HÉRISSON n. m. est un dérivé (déb. XIIe s., heriçun) d'une forme °eriz (avec le suffixe -on), attestée indirectement par l'ancien provençal aritz, l'italien riccio, l'espagnol erizo, mots issus du latin classique ericius « hérisson » et « machine de guerre faite d'une poutre garnie de pointes de fer » ; une forme du latin populaire °ericio, -onis aurait abouti à °erçon. Ericius est dérivé de er, eris avec une forme archaïque her, heris ; apparenté au grec khêr, nom rare du hérisson couramment appelé ekhinos (→ échino-). Le mot semble en relation avec une série de termes désignant des piquants durs (ancien haut allemand grot « pointe de rocher, arête de poisson », irlandais garb « rude », etc.), que l'on rattache ordinairement à une racine indoeuropéenne °gher(s) « se raidir, se hérisser ». Dès les premiers emplois, le mot a dû être senti comme un dérivé en -on du verbe hérisser, de même origine.
❏
Hérisson conserve le sens (déb. XIIe s.) de « petit mammifère couvert de piquants » ; en ce sens le féminin hérissonne, d'emploi rare, n'est attesté qu'en 1937 (Giraudoux).
◆
Le mot reprend également un sens technique du latin (v. 1155, hériçon), désignant un élément mobile d'un réseau barbelé.
◆
Par analogie, c'est le nom donné à des animaux de mer garnis de piquants (XIVe s., hérisson de mer « oursin » ; en latin, echinus désigne à la fois l'oursin et le hérisson comestible). En français d'Afrique, on appelle hérisson un autre animal, l'athérure, au corps couvert de piquants. Le mot s'applique plus tard à l'enveloppe de la châtaigne (1866 ; Cf. bogue).
◆
Du sens technique viennent des emplois variés pour désigner par analogie de forme (1370, hireçon) des briques dressées de chant sur un mur, et pour nommer des appareils, des instruments ou des dispositifs garnis de pointes : « roue dentelée » (1676), « égouttoir à bouteilles » (1680), « ensemble de pointes garnissant le haut d'une grille ou d'un mur » (1840), « rouleau pour écraser les mottes de terre » (1840), « outil de ramoneur » (1866).
◆
Le mot a pris, comme terme de marine (1678), le sens de « grappin à 4 becs », avec influence de ruchon de même sens (1512), mot d'origine obscure, devenu roisson (1521), resson (1525) puis risson (1539), ainsi remotivé.
◆
Au XVIIIe s., hérisson, par analogie de forme, a désigné une coiffure de femme dans laquelle les cheveux étaient relevés au-dessus de la tête (1780).
◆
Au XXe s., il revient dans le domaine militaire pour « point fortifié d'un front discontinu » (1940, se mettre en hérisson).
❏
Le dérivé HÉRISSONNER v. tr. a eu le sens de « garnir d'objets pointus » (v. 1175, heriçonné ; Cf. hérisser) ; il signifie ensuite, d'après la valeur technique du nom (XVe s.), « couvrir d'une couche de mortier qu'on garde avec ses aspérités ».
◆
Comme terme de fauconnerie, il s'emploie comme intransitif (1721), puis au pronominal, pour « hérisser ».
L
HÉRITER v. tr. doit représenter une réfection (v. 1140) de °hereter, issu du latin chrétien hereditare « donner ou recevoir en héritage », dérivé du latin classique heres, heredis « héritier », d'après érité n. f. « héritage » (v. 1105), de hereditas (→ hérédité) ; les formes ireter, eriter se maintiennent jusqu'au XVe siècle.
❏
Hériter s'emploie d'abord pour « donner (qqch.) en héritage à qqn » puis pour « recevoir (qqch.) en héritage » (1160-1174, eriter), d'où l'emploi moderne sans complément direct (1655, hériter de qqn).
◆
Par figure, hériter se dit pour « recevoir, recueillir » (1650), par exemple hériter une tradition, des idées ; par extension il signifie « recueillir la jouissance, l'usage de (qqch. qui a été donné) » [1690].
❏
Le dérivé
HÉRITAGE n. m. désigne d'abord (v. 1135,
eritage) un patrimoine transmis par succession. Par extension, le mot s'est dit (1228) d'un bien immeuble faisant ou non l'objet d'une succession, sens toujours vivant à l'époque classique, où il désignait aussi un domaine, un fonds de terre, à chaque fois qu'il s'agissait d'une possession durable (dont le type est la propriété héréditaire) ; l'emploi est alors analogue à celui de
patrimoine.
◆
Par figure,
héritage s'emploie comme terme religieux (1189-1193,
iretaige) dans
l'héritage du Seigneur pour « la Terre sainte »,
l'héritage céleste pour « le Paradis », expressions encore usitées à l'époque classique. Par métaphore,
héritage prend ensuite le sens de « ce qui est transmis par tradition, comme par succession »
(héritage culturel).
◈
Sur
hériter a été composé
DÉSHÉRITER v. tr. (v. 1130) « priver (qqn) de la succession sur laquelle il pouvait compter ».
Déshériter, qui a pour dérivé
DÉSHÉRITEMENT n. m (v. 1160,
deseritement), rare, s'emploie aussi au figuré (av. 1203) au sens de « priver (qqn) de ses avantages naturels ».
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CO-HÉRITER v. tr. (1866) est un terme de droit qui correspond à co-héritier (→ héritier).
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On emploie dans le vocabulaire juridique EXHÉRÉDER v. tr. (1468), emprunt savant au latin exheredare (de ex- « hors » et heres, heredis « héritier »), et EXHÉRÉDATION n. f. (1437), du latin exheredatio.
HÉRITIER, IÈRE n. est issu (v. 1135, eritier) de l'adjectif latin classique hereditarius « héréditaire, reçu par héritage », puis en latin médiéval « héritier » (1012-1018, n.), dérivé de hereditas (→ hérédité). On relève au moyen âge les formes iretier, iritier (XIIIe s.). Le h étymologique a été restitué en moyen français (heretier, 1324).
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Héritier désigne, comme le mot du latin médiéval, le parent qui recueille la succession d'un défunt ; en ce sens le mot est en concurrence en ancien français avec
heir (1080),
HOIR n. m., issu du latin populaire
°herem pour le classique
heredem (heres, heredis).
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Hoir, au féminin
hoiresse (
XIIe s.), n'est plus utilisé que par archaïsme littéraire ou comme terme d'histoire, sauf en Suisse où il signifie « héritier direct ».
Héritier, appuyé par héritage, a supplanté hoir. Le mot prend le sens large (v. 1360) de « personne qui reçoit des biens en héritage », d'où le composé CO-HÉRITIER, IÈRE n. (1411), terme de droit.
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Il acquiert d'autres valeurs au XVIIe s. : « enfant » (1648), aujourd'hui seulement par plaisanterie ; enfin, héritier désigne (1668) une personne qui continue une tradition (les héritiers d'une civilisation). À la fin du XVIIe s., le mot s'utilise au féminin en parlant d'une fille unique qui doit hériter d'une succession importante.
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D'hoir dérive, après la disparition de érité n. f. « héritage », HOIRIE n. f. (1318, haerie), qui ne s'utilise plus que comme terme de droit, dans la locution juridique avancement d'hoirie et, en français de Suisse, au sens d'« ensemble des héritiers indivis ».
HERMAPHRODITE n. m. et adj. est la réfection étymologique (1551) de ermefrodis (XIIIe s.), hermofrodite (XVe s.), empruntés au latin impérial Hermaphroditus, du grec Hermaphroditos, nom d'un personnage mythologique, fils d'Hermès (messager d'Apollon) et d'Aphrodite (Vénus), représenté comme bisexué ; le mot est déjà adjectivé en grec et en latin.
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Le mot se dit d'un être humain qui a les deux sexes ; on distingue au sens étroit l'hermaphrodite qui porte un ovaire et un testicule, et au sens large (pseudo-hermaphrodite) l'individu qui a les glandes génitales d'un sexe et les caractères secondaires de l'autre sexe. L'adjectif, attesté plus tard, s'emploie d'abord en parlant d'un animal (1562, jumens hermafrodites), ensuite d'un humain (1573).
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Hermaphrodite s'emploie aussi au figuré (1615, n. m.) pour « ce qui présente une ambiguïté, une double nature ».
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Le mot est utilisé ensuite en botanique (1704, adj.), en parlant des espèces (très normales) où le même sujet porte les fleurs mâles et femelles, ou dont les fleurs sont hermaphrodites ; le mot s'emploie également en zoologie.
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Le dérivé HERMAPHRODISME n. m. s'emploie au propre (1765) et au figuré (1797, Beaumarchais) ; une variante HERMAPHRODITISME n. m. (v. 1780) est utilisée par Huysmans et Proust.
HERMÉNEUTIQUE adj. et n. f. est un emprunt savant (1777) au grec hermêneutikê (tekhnê) « art d'interpréter, de faire comprendre », du verbe hermêneuein « interpréter, expliquer ».
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Le mot est introduit dans l'Encyclopédie pour désigner l'art de découvrir le sens exact d'un texte, d'où son emploi spécial en théologie (1803, n. f. : l'herméneutique sacrée, « l'interprétation de la Bible, des textes sacrés », et adj.) ; on le relève à la fin du XIXe s. au sens large d'« interprétation des symboles » (1890, Huysmans).
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Au XXe s., le mot signifie spécialement dans le contexte de la sémiologie, « système d'interprétation d'une séquence de signes (symboles, etc.) et des codes qui l'organisent » ; dans le domaine des textes, l'herméneutique moderne, développée après les travaux de Husserl et, en français, de Ricœur, insiste sur la divergence et la multiplication des sens.
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HERMÉNEUTE n., terme didactique (1900), désigne (n. m.) un spécialiste de l'Écriture et par extension (apr. 1960) la personne (n. m. et f.) qui interprète un système signifiant.
HERMÈS n. m. représente un emprunt savant (1732) au latin Hermae (pluriel de Hermes) « gaines surmontées d'une tête d'Hermès » et par extension « buste ou tête surmontant une gaine ». Hermês est le nom d'une divinité grecque correspondant à Mercure, messager des dieux, mais aussi dieu du commerce et des voyages, interprète des oracles, etc. Ces deux sens du mot viennent peut-être d'une confusion avec herma, nom de la borne aux carrefours des routes, où l'on représentait ce dieu.
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Ce terme de sculpture conserve en français les sens du latin.
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HERMÉTIQUE adj. (
hermetic, mil.
XVIe s.) correspond aux deux sens du latin.
Colonne hermétique, « colonne surmontée d'un buste » (1694), est un terme technique d'architecture.
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Hermétique, lié au nom du dieu Hermès, est surtout un terme d'alchimie, parce que cette divinité représentait chez les Grecs le maître des arts, de la science des nombres et des signes, et a été assimilé (sous le nom d'Hermès Trismégiste « trois fois très grand ») au dieu égyptien Thot, considéré comme le fondateur de l'alchimie ; pour Platon, le nom d'Hermès venait de hermêneus « celui qui interprète » (→ herméneutique).
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L'adjectif a d'abord qualifié une manière particulière de boucher les récipients, réalisée par les alchimistes (1554, hermetic vase ; 1620, fermeture hermétique). Hermétique a été un équivalent d'alchimique (1610, pierres hermétiques) ; il signifie ensuite « relatif à la partie occulte de l'alchimie », d'où hermétique n. f. (1762) « alchimie occulte », parfois aussi employé comme nom masculin au sens de « personne versée dans l'hermétisme » ; on dit plus tard HERMÉTISTE n. (1884, Péladan).
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Par extension, hermétique se dit de ce dont le caractère peu compréhensible vient d'une volonté de secret (déb. XIXe s.) ; l'adjectif équivaut ensuite (1843, Gautier) à « difficile ou impossible à comprendre », en parlant d'un texte, d'une œuvre, etc., et à « impénétrable » à propos d'une personne, spécialement d'une expression, d'un visage.
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Le mot s'emploie couramment depuis le XIXe s. (1837, Balzac) pour qualifier une fermeture aussi parfaite que le sceau hermétique des alchimistes et, figurément, ce qui empêche toute communication (des frontières hermétiques). C'est à ce sens concret que se rattache le dérivé HERMÉTIQUEMENT adv. (1608).
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HERMÉTISME n. m. n'est attesté qu'au XIXe s. pour désigner l'ensemble des doctrines des alchimistes (1832, Hugo) ; par extension, le mot signifie « caractère de ce qui est incompréhensible, obscur », sens relevé chez J. Péladan (1884).
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HERMÉTICITÉ n. f. (1866) est très didactique.
❏ voir
HERMAPHRODITE.
HERMINE n. f. représente (v. 1140, ermine) le féminin substantivé de l'ancien adjectif ermin, hermin (XIIe s., « d'hermine »), issu du latin classique Armenius « arménien », dans l'expression °mus Armenius « rat d'Arménie », pour désigner un animal qu'on trouvait en quantité en Asie Mineure.
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Le mot désigne (v. 1140) ce mammifère carnivore et, par métonymie, sa fourrure blanche.
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Hermine, avec une forte valeur symbolique liée à sa couleur (« pureté »), est un terme d'héraldique (fin XIIe s.) et se dit d'une des deux fourrures du blason (Cf. vair), d'où le composé CONTRE-HERMINE n. f. (1690). Le mot désigne aussi une bande de fourrure fixée au costume d'apparat de hauts dignitaires de l'État, de l'Église, de l'Université.
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Par analogie, hermine (ou blanche hermine) s'emploie comme symbole de l'innocence et de la pureté (XIXe s.).
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HERMINÉ, ÉE adj. est sorti d'usage au sens de « fourré d'hermine » (1228), mais le mot subsiste comme terme de blason (1285).
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1 HERMINETTE n. f., diminutif d'hermine attesté (v. 1223, erminete) au sens de « petite hermine », est repris au XXe s. pour désigner l'hermine quand elle a sa fourrure fauve d'été. Le mot est aussi utilisé (1949) comme nom commercial du lapin blanc.
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2 HERMINETTE n. f. (1518), aussi écrit ERMINETTE (1835), désigne une hachette à tranchant recourbé, par analogie de forme avec le museau de l'animal.
HERNIE n. f. représente un emprunt savant (v. 1370) au latin hernia « tumeur formée par un organe sorti par un orifice, naturel ou accidentel, de la cavité qui le contient ». On relève aussi en ancien français des formes « populaires », issues de l'évolution phonétique de hernia : herne « bosse, défaut » (fin XIIe s.), puis les variantes hergne (1538) et hargne (1564), encore en usage au XVIIe siècle.
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Le mot garde le sens du latin et, par analogie, se dit (XXe s.) d'une excroissance formée par une chambre à air.
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1 HERNIAIRE adj. « relatif à la hernie » (1704,
chirurgien herniaire) est un terme de médecine, comme
HERNIEUX, EUSE adj. et n. « atteint d'une hernie » (1545) et
HERNIÉ, ÉE adj. « sorti par hernie » (1836).
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2 HERNIAIRE n. f. se dit (1611) d'une plante vivace, appelée aussi HERNIOLE n. f. (v. 1600), qu'on utilisait pour traiter les hernies.
2 HÉROÏNE n. f. est probablement emprunté (1903) à l'allemand Heroin (1898), la substance ayant été d'abord mise au point en Allemagne ; le mot a été formé à partir du grec hêrôs (→ héros), par analogie entre la fougue du héros et l'exaltation provoquée par la drogue.
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Héroïne désigne un médicament et un stupéfiant, tiré d'un ester de la morphine ; le mot a été abrégé familièrement en HÉRO n. f. (1943).
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En dérive HÉROÏNOMANE n. et adj. (1906, de -mane), « intoxiqué par l'héroïne », d'où HÉROÏNOMANIE n. f. (1906, de -manie), didactique.