?
HEURTER v. apparaît au XIIe s. sous la forme hurter (1119) ; la forme en heur- est attestée à la fin du XIVe s. et ne s'impose qu'au XVIe s., époque où le son u s'est ouvert en œ devant r, notamment en Picardie. Le mot est probablement dérivé d'un francique °hûrt que l'on peut restituer d'après l'ancien scandinave hrûtr « bélier » ; le verbe aurait donc signifié proprement « cogner à la façon d'un bélier ». Cette étymologie est discutée par P. Guiraud qui, d'après certaines formes romanes comme l'italien urtare, rapproche hurter d'un ancien mot huron, issu du latin urus « bison », ce qui permettrait de supposer un gallo-roman °uritare « frapper comme un bison », l'adjonction d'un h initial ayant soit une valeur expressive soit une origine germanique.
❏
Les principaux emplois du verbe apparaissent dès le XIIe s. ; il a le sens propre d'« entrer rudement en contact avec », en emploi intransitif (1119 ; hurter à la porte, v. 1135) puis transitif (1160) et pronominal : soi hurter à « se cogner à » (v. 1170). Le sens figuré de « contrecarrer » est attesté vers 1180 (intr.), celui de « contrarier (qqn) » vers 1280 (tr.), d'où par la suite la locution heurter de front (1668, Molière) et pronominalement se heurter « se contrarier mutuellement » (av. 1662).
❏
L'adjectif
HEURTÉ, ÉE s'applique (
XVIIe s.) spécialement au domaine de la perception auditive (
voyelle heurtée, Boileau,
Art poétique) et plus tard visuelle (1752,
dessin heurté et
couleurs qui se heurtent) pour caractériser une œuvre d'art (aussi
style heurté).
◈
Tous les dérivés de
heurter apparaissent d'abord, comme le verbe, avec la voyelle
u.
■
HEURT n. m. (v. 1450) remplace hurt (v. 1120). Le mot est d'abord attesté au sens propre de « choc, coup donné en heurtant » d'où (1694) « marque laissée par un coup » (rare). Les emplois figurés apparaissent au XIXe s. avec le sens général d'« opposition », (av. 1846) en parlant des sons de l'harmonie, (1882) d'une opposition entre deux tempéraments, (1897) dans le domaine de l'esthétique picturale, poétique. Heurt s'est imposé en face de deux autres dérivés de heurter.
■
HEURTEMENT n. m. « fait de (se) heurter » (v. 1200, hurtement ; 1538, heurtement) et HEURTÉE n. f. « combat, mêlée » (XIIIe s., hurtee) sont aujourd'hui archaïques.
■
HEURTOIR n. m., sous la forme hurteuer (v. 1280-1290) puis hurtoir en picard en 1302, est un terme technique qui désigne d'abord une pièce (de métal, de bois) servant de butée à un objet mobile, puis (1345, hortoir) le marteau de la porte extérieure d'une maison.
◆
Le terme technique ancien HEURTEQUIN n. m. (1597), formé par substitution de suffixe à l'aide de l'élément -quin, issu du néerlandais -kijn (Cf. vilebrequin, troussequin), vient de heurter ou de heurtoir.
◈
À partir de
heurter ont été formés deux composés :
AHEURTER v. tr. et
S'AHEURTER v. pron. (mil.
XIIe s.) « heurter, arrêter devant un obstacle », devenu archaïque, comme son dérivé
AHEURTEMENT n. m. (mil.
XIIe s.).
■
ENTRE-HEURTER (S') v. pron. (XVe s. ; v. 1155, entrehurter), « se heurter mutuellement », est rare de nos jours.
HÉVÉA n. m. apparaît sous les formes hhévé (1751, La Condamine), puis hévé (1769) ; hévéa (1802) représente la forme, latinisée par les botanistes au XVIIIe s., d'un mot emprunté au quichua, hyeve « arbre à caoutchouc ». Le mot a été importé en France en même temps que caoutchouc*.
❏
C'est le nom communément donné à un arbre de grande taille originaire de la Guyane et d'Amérique tropicale, puis cultivé en Asie du Sud-Est, dont on extrait la gomme élastique (Cf. caoutchouc).
HEX-, HEXA- est le premier élément, tiré du grec hex « six », que l'on rattache à une racine indoeuropéenne 'eks (Cf. latin ex-), de mots composés savants. Beaucoup, d'attestation ancienne, ont été empruntés au grec, directement ou par l'intermédiaire du latin.
❏
HEXAMÈTRE adj. et n. m. (1488 ; d'abord sous la forme
exametre, 1450) est emprunté au latin classique
hexameter, du grec
hexametros (de
metron « mesure, mètre »). Terme de versification grecque et latine, le mot désigne un vers de six pieds
(adj. et n. m.). Il est employé pour
alexandrin, défini alors comme vers de six pieds de deux syllabes chacun.
■
HEXACORDE n. m. (1690, Furetière), emprunt au latin hexachordas, formé sur le grec hexa et chordê (→ corde), désigne, en musique, une gamme de six sons.
■
HEXAÈDRE adj. et n. (1701, exaedre) est un terme de géométrie emprunté, par l'intermédiaire du bas latin hexahedrum, au grec hexaedros « à six côtés », de hedra « base ».
◆
En dérive HÉXAÉDRIQUE adj. (1846).
■
HEXAPODE adj. et n. m., terme de zoologie, est emprunté (1762) au grec hexapous, hexapodos « à six pieds ; long de six pieds », de pous, podos (→ -pode).
◈
Plus récemment,
hex-, hexa- a servi à former des termes de chimie désignant des composés dont la molécule contient six atomes d'un élément. Par exemple :
HEXOSE n. m. (1905), suffixe
-ose ; HEXAFLUORURE n. m. (
XXe s.) ;
HEXOL n. m., contraction de
HEXALCOOL n. m., lui-même formé de
alcool.
❏ voir
HEXAGONE.
HEXAGONE adj. et n. m. est emprunté (1377, Oresme, exagone), par l'intermédiaire du latin impérial hexagonum ou hexagonus, au grec hexagônos « à six angles » (de hex « six » [→ hexa-] et gônia « angle »).
❏
Hexagone désigne (1651, n. m.) un polygone à six côtés et, par analogie (1690), un ouvrage de fortification composé de six bastions.
◆
Au XXe s., par métonymie, le mot est employé (1934, De Gaulle) pour désigner la France métropolitaine à cause de la forme de sa carte (d'où absolument, l'Hexagone).
◆
Le mot est sorti d'usage en tant qu'adjectif (1377).
❏
Il est remplacé par son dérivé HEXAGONAL, ALE, AUX adj. (1632) qui, outre son sens en géométrie, s'emploie (XXe s.) en parlant, parfois avec une valeur péjorative ou ironique, de ce qui concerne la France métropolitaine ; de là l'HEXAGONAL n. m. (v. 1969) « la langue française telle qu'elle est pratiquée par les médias de masse, l'administration ».
HIATUS n. m. est un emprunt (1521) au latin hiatus « ouverture » et, en rhétorique, « rencontre de deux voyelles », dérivé de hiare « s'entr'ouvrir, béer » et, en rhétorique, « présenter des rencontres de voyelles ». Hiare peut être mis en relation avec d'autres formes indoeuropéennes, mais son origine reste obscure.
❏
En français, le mot reprend d'abord le sens technique du latin (1521, attestation isolée, « élision » ; 1690, « rencontre de deux voyelles »). À la fin du XVIIe s. (1690 au théâtre) apparaît le sens figuré de « décalage dans l'espace ou le temps » en parlant de personnes, de notions abstraites ; par analogie, le mot prend le sens de « solution de continuité entre deux choses » (1835). Il est aussi employé (XIXe s.) en anatomie, pour désigner un orifice étroit et allongé.
❏
De cette acception dérive le terme didactique HIATAL, ALE adj. (v. 1900).
HIBERNER v. intr. est un emprunt (1805, Cuvier) au latin classique hibernare « être en quartier d'hiver » (à côté de hiemare « passer l'hiver », issu de hiems, hiemis « mauvaise saison, hiver »), dérivé du latin classique hibernus « d'hiver », lui-même de hiems, d'une base indoeuropéenne °g'hi-m qui désignait l'hiver, la neige. Le bas latin hibernum a remplacé hiems et est passé dans les langues romanes.
❏
Hiberner s'emploie en parlant de certains animaux qui passent l'hiver dans un état d'engourdissement.
❏
Son dérivé
HIBERNANT, ANTE adj. (1824 ; 1808,
hybernant) qualifie les animaux qui hibernent.
■
Hibernare a donné en bas latin hibernatio « hivernage », emprunté en français sous la forme HIBERNATION n. f. (1829). Ce nom, employé d'abord en parlant des animaux, s'applique par extension à l'homme, en particulier dans le domaine médical (hibernation artificielle) et se dit au figuré (1966) pour « inaction, passivité ».
■
HIBERNAL, ALE, AUX adj., attesté (1532) chez Rabelais, est un emprunt savant au bas latin hibernalis, de l'adjectif hibernus « d'hiver ».
■
Cette série de mots didactiques possède des valeurs spécifiques par rapport à la série de hiver, hiverner.
❏ voir
HIVER.
HIBISCUS n. m. est emprunté (1786) au latin scientifique moderne hibiscus (1798, Linné), du latin impérial hibiscum « guimauve » (→ guimauve) ; on suppose que ce mot est emprunté au celtique.
❏
Hibiscus désigne un arbre tropical.
HIBOU n. m. apparaît sous la forme huiboust (1530), hybou (1535, Rabelais), enfin hibou. Le mot est probablement d'origine onomatopéique (Cf. les variantes dialectales houbou en Normandie, hourou en Gascogne), à rattacher à une base ou-, u- exprimant le cri du loup et de certains oiseaux, notamment des rapaces nocturnes, comme en latin upupa « huppe », ulula « chat-huant ».
❏
Hibou, nom de rapaces nocturnes s'emploie au figuré à partir du XVIIe s., sous forme de locutions, en parlant de l'aspect (avoir des yeux de hibou) ou du comportement de certaines personnes (1561, être un vieux, un vrai hibou, faire le hibou) ou de l'aspect d'un lieu (1690 ; un nid de hiboux « une vieille maison inhabitée »).
HIC n. m. reprend (1690) un mot latin signifiant « ici » dans la locution hic est quaestio « c'est là la question » (→ ici).
❏
Dans la langue du Palais, il était employé dans la marge d'un acte pour attirer l'attention sur un point important et en éviter ainsi la lecture dans son entier. De là l'emploi du mot au sens de « point difficile (d'une chose, d'une affaire) », notamment dans les expressions voilà le hic, c'est (bien) là le hic.
❏
HIC ET NUNC loc. adv., mots latins signifiant « ici et maintenant », attesté en 1750 au sens de « sur-le-champ » ; cet emploi est aujourd'hui didactique ou littéraire. Au XXe s., hic et nunc s'emploie en philosophie au sens latin comme locution adverbiale et nom masculin (1949).
HIDALGO n. m. apparaît d'abord sous les formes hydale (av. 1525, dans un récit historique) puis indalgo (1534, Rabelais) ; la forme actuelle, celle de la source, est attestée en 1579. C'est un mot emprunté à l'espagnol hidalgo (XVIe s.) « gentilhomme, noble », qui représente une contraction de hijo de algo, proprement « fils (hijo) de quelque chose (algo ; du latin aliquus) », c'est-à-dire « personne pourvue de biens, d'une naissance » (Cf. en espagnol les formes fijo dalgo, v. 1140 ; fidalgus, v. 1197).
❏
En français, le mot, autrefois francisé en hidalgue (1640) désigne un noble espagnol de vieille souche chrétienne ; il équivaut plus ou moins à cavalier pour l'italien ; c'est un type social bien caractérisé aux XVIIe et XVIIIe s.
?
HIDEUX, EUSE adj., réfection (1273) des formes hisdos, hydus (v. 1140), est un mot d'origine discutée : il peut être issu du latin classique hispodosus attesté chez Catulle, dérivé de hispidus « hérissé, velu », ou être un dérivé de l'ancien français hisde, hide « horreur, frayeur ». Ce dernier est classiquement considéré comme issu de l'ancien haut allemand °egisida « horreur » (devenu eiisde en gallo-roman), dérivé du verbe °egisôn « effrayer ». Mais selon P. Guiraud, l'ancien français hisde serait issu du latin hispidus, le h- initial, normalement effacé dans un mot d'origine latine, étant ici de nature expressive.
❏
Hideux a conservé le sens fort qu'il avait au XIIe s. (hydus « qui inspire l'horreur ») : « qui est horrible à voir », « d'une laideur repoussante » et au figuré (1694) « qui provoque le dégoût moral » ; il garde plus de force qu'affreux ou horrible, sauf dans un emploi étendu, en parlant de ce qui choque le bon goût.
❏
En dérive
HIDEUSEMENT adv. (v. 1185,
hisdosement, hidusement « d'une manière effrayante »).
■
De l'ancien français hisde est issu HIDEUR n. f. qui apparaît, comme hideux, au début du XIIe s. sous la forme hisdur « effroi, horreur », puis hidor « laideur extrême » (v. 1210) et sous la forme actuelle vers 1240 au sens d'« effroi », d'où celui de « chose horrible, hideuse » (v. 1393).
◆
Hideur, peu usité après le XVIe s., qualifié par Littré d'« ancien mot fort nécessaire » (1866) et donné comme vieilli par Hatzfeld à la fin du XIXe s., est rappelé à l'usage par l'Académie (1935) ; il a dû être repris littérairement autour de 1900 (Bloy écrit : des hideurs sociales). Il reste cependant d'emploi littéraire.
HIE n. f. est emprunté (v. 1220) au moyen néerlandais heie « bélier » ; il a été importé en français par des Néerlandais occupés à des travaux hydrauliques en France. Le passage du -ei- à -i- peut s'expliquer par l'influence des verbes à alternance vocalique comme preier / prier. Le déverbal de hier (Cf. ci-dessous), hie « coup », était usité en ancien français dans les expressions a hie « avec force, à coups redoublés » (1176-1181) et a une hie « d'un coup » (1174-1177). Sa date d'attestation laisse supposer que le verbe est plus ancien et donc directement emprunté au moyen néerlandais, hie venant soit de cette langue par emprunt, soit du verbe.
❏
Hie, d'abord « maillet de fer pour défoncer les murs », désigne un instrument servant à enfoncer les pavés (v. 1415), aussi nommé dame, demoiselle.
❏
Le verbe 1 HIER (v. 1200, hiier) signifie en emploi intransitif « frapper avec un maillet, un bélier » (Cf. moyen néerlandais heien, de même sens) ; il est peu usité au sens technique (1611, tr.) d'« enfoncer avec la hie ».
◆
Le dérivé HIEMENT n. m., terme technique (1549), peu usité, s'écrit aussi himent (XXe s.).
L
HIÈBLE ou YÈBLE n. f., attesté sous la forme ybles au XIIe s. (hieble, déb. XIVe s.), est issu du latin ebulum, mot d'origine incertaine qui a donné l'italien ebbio, l'ancien provençal evol. Le h initial est apparu au moyen âge pour éviter la prononciation jèble.
❏
Hièble désigne comme le mot latin un sureau à tige herbacée, communément appelé petit sureau.
HIÉMAL, ALE, AUX adj. apparaît au XIIIe s. sous la forme hyemal (1246-1248), graphie qu'il conserve jusqu'au XVIe s. (1580, hiemal). C'est un emprunt savant à l'adjectif latin hiemalis, dérivé de hiems « hiver » (→ hiberner, hiver).
❏
Hiémal est un terme d'emploi aujourd'hui littéraire au sens latin d'« hivernal », et didactique en parlant de plantes ou de certains animaux comme synonyme de hibernal.
❏
HIÉMATION n. f., emprunté (1866) au dérivé latin hiematio, est un terme didactique et se dit spécialement de la propriété qu'ont certaines plantes de croître en hiver.
L
2 HIER adv. et n. m., réfection (1176-1181) des formes ier, er (1080), est issu du latin heri (adv.) « hier ». Les formes venues de l'indoeuropéen sont simples, comme celles du latin, ou comportent un groupe initial : sanskrit hyáḥ, irlandais in-dí. Le h initial a été rétabli au moyen âge pour éviter la lecture jer.
❏
Hier se dit d'abord du jour qui précède immédiatement celui où l'on est (1080,
adv. ; 1350,
n. m.) ; cet emploi est souvent précisé par d'autres indications temporelles :
hier soir, hier matin (1080,
ier main), et (
XXe s.) en français d'Afrique,
hier nuit. Dès la fin du
XIIe s., par extension, le mot s'emploie à propos d'un passé récent (av. 1188,
ier « à une date récente »), ceci jusqu'au
XVIe s. et les expressions
je m'en souviens comme si c'était hier, il me semble que c'était hier, et les locutions familières
(ne pas) être né d'hier « avoir de l'expérience » (1756),
ne pas dater d'hier « être ancien ».
C'est pour hier, pour avant-hier, se dit d'un projet extrêmement urgent (répandu dans les années 1990).
Le composé AVANT-HIER adv. est une réfection graphique (v. 1220) de avant ier (v. 1170), désignant le jour qui a précédé hier (aussi employé comme substantif).
HIÉRARCHIE n. f. est une réfection étymologique (1545) de gerarchie (1332), mais la prononciation gerarchie se maintient jusqu'à la fin du XVIIe s. ; le mot est emprunté au latin ecclésiastique hierarchia (IXe s.), du grec ecclésiastique hierarkhia « gouvernement des choses sacrées », composé de hieros « sacré » (→ hiératique, hiéroglyphe, hiérophante) et de arkhê « commandement » (→ -archie).
❏
Au début du XIVe s., hiérarchie est un terme de théologie ; il se dit de l'ordre et de la subordination des chœurs des anges (1332 ; 1521, ierarchiez celestes), puis (v. 1389) des divers degrés de l'état ecclésiastique. En même temps apparaît (v. 1389), par extension, le sens d'« ordre et subordination des rangs, des pouvoirs, dans une société », d'où plus tard l'expression hiérarchie militaire (mil. XIXe s.). Le sens figuré de « classification selon une échelle de valeur, de grandeur ou d'importance » est attesté au XVIIIe s. (1784).
❏
HIÉRARCHISER v. tr., dérivé de
hiérarchie, est attesté en 1834 (chez Balzac) avec le sens d'« organiser selon une hiérarchie » ; il signifie par extension « classer selon un ordre de valeur ou d'importance » ; le participe passé est adjectivé (1840).
◆
En dérive
HIÉRARCHISATION n. f. (1840).
◈
Deux autres mots sont empruntés au latin.
HIÉRARCHIQUE adj. (
XVIe s.) apparaît d'abord sous les formes
ierarcicque (
XIVe s.),
iherarchique (
XVe s.) ; c'est un emprunt au latin ecclésiastique
hierarchicus (v. 1238) « relatif à la hiérarchie », dérivé de
hierarchia ; il est employé dans un sens religieux jusqu'au
XVIIIe siècle. L'extension au domaine profane apparaît avant 1752 (Voltaire).
◆
Le dérivé
HIÉRARCHIQUEMENT adv. (1690) est assez usuel.
◈
HIÉRARQUE n. m. est emprunté (1551,
hierarche) au latin ecclésiastique
hierarcha (
IXe s.), titre honorifique employé pour un évêque, du grec
hierarkhês « grand prêtre du culte impérial dans les provinces de l'Empire romain » ; le mot désigne les hauts dignitaires de l'Église orthodoxe puis, par figure (
XXe s.) dans un emploi littéraire, un personnage important dans une hiérarchie.
HIÉRATIQUE adj. et n. m. est un emprunt savant (1562) au latin impérial hieraticus, du grec hieratikos « de prêtre » ou « qui concerne les usages sacrés », de hieros « sacré ».
❏
Hiératique, « qui concerne les choses sacrées, la liturgie », a qualifié au milieu du
XVIe s. une sorte de papier utilisée dans l'Antiquité pour les livres sacrés.
◆
Au
XIXe s., l'adjectif (1822, Champollion) se dit de l'écriture cursive ancienne des Égyptiens (opposé à
écriture démotique et à
écriture hiéroglyphique).
◆
L'adjectif s'emploie aussi (1843, Gautier) en art, à propos d'un style imposé par une tradition sacrée puis, par extension, hors de tout formalisme religieux, de ce qui semble réglé par une tradition, un rite, etc. (1862, Flaubert) :
un visage hiératique.
◆
HIÉRATIQUEMENT adv. est attesté en 1855 et
HIÉRATISME n. m. en 1858 (Goncourt).
■
HIÉROGRAMME n. m. est un composé savant (1811) du grec hieros et de -gramme, du grec gramma, pour « caractère de l'écriture hiératique ». Toute la série est d'emploi didactique ou littéraire.
❏ voir
HIÉROGLYPHE, HIÉROPHANTE.
HIÉROGLYPHE n. m. est un dérivé régressif (1546) de l'adjectif hiéroglyphique, emprunt savant (1529) au bas latin hieroglyphicus, hellénisme, du grec hierogluphikos désignant l'« écriture sacrée » des anciens Égyptiens, mot composé de hieros « sacré » et d'un dérivé du verbe gluphein « graver ».
❏
Hiéroglyphe s'emploie en parlant du caractère des anciennes écritures égyptiennes et par extension (1690) des signes de l'écriture utilisée en Asie Mineure, du XIVe au VIIe s. av. J.-C. en Syrie du Nord. Le mot désigne ensuite tout signe d'une écriture qui fait usage de figures ou d'idéogrammes. Le sens figuré de « signe, écriture impossible à déchiffrer » apparaît à la fin du XVIIe s. (1689, Mme de Sévigné), d'où l'emploi littéraire du mot pour parler d'une chose obscure, énigmatique.
◆
L'étude des hiéroglyphes égyptiens au XVIIIe s. et surtout leur déchiffrage par Champollion (1822) aboutissent à une meilleure analyse de ce type de caractères, mi-idéographique, mi-phonétique et donnent au mot une valeur plus précise (distincte de pictogramme, idéogramme).
❏
HIÉROGLYPHIQUE adj. est directement emprunté au grec et est attesté (1529) avant
hiéroglyphe. L'adjectif qualifie une écriture formée d'hiéroglyphes égyptiens
(escriptures hieroglyphiques) et ce qui apparaît énigmatique.
◈
Tous les dérivés français sont postérieurs à Champollion, ce qui manifeste aussi la diffusion des mots
hiéroglyphe et
hiéroglyphique.
■
À partir d'hiéroglyphe ont été formés les termes didactiques HIÉROGLYPHITE n. m. (1858, Th. Gautier), nom donné, en parlant de l'Antiquité égyptienne, à un savant expert en hiéroglyphes, mot sorti d'usage.
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HIÉROGLYPHISME n. m. (1872), « système d'écriture qui fait usage d'hiéroglyphes », est aujourd'hui archaïque.
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Les adjectifs HIÉROGLYPHÉ, ÉE « couvert d'hiéroglyphes » (1851, Murger) et HIÉROGLYPHIÉ, ÉE « transformé en hiéroglyphes » (1830, Balzac) sont attestés une seule fois.
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De l'adjectif hiéroglyphique dérive HIÉROGLYPHIQUEMENT adv. (1822, Champollion).