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HOCHE n. f., réfection (1590), sous l'influence de 2 hocher, des formes osche (v. 1170), oche (v. 1260), pourrait être issu, selon Wartburg, d'un terme d'origine gauloise, °osca, déduit du cymrique osg « entaille, coche » et du breton ask de même sens ; l'hypothèse s'appuie sur le fait que le mot est présent dans l'ensemble du domaine gallo-roman, par l'ancien provençal osca « entaille » (v. 1228), l'ancien gascon osca « brèche dans un terrain » (1384), des formes du nord de l'Espagne et du nord de l'Italie ; le basque osca serait un emprunt à une langue romane. On a rattaché cette famille à une racine préromane °oska, les mots du domaine gallo-roman remontant alors à un substrat pré-indoeuropéen. P. Guiraud, qui met en doute cette origine, évoque un déverbal du verbe hocher, issu d'un gallo-roman °oscicare, doublet du latin classique oscitare « ouvrir la bouche ».
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Hoche a eu le sens d'« entaille sur une lame » (v. 1170), encore dans Littré, aujourd'hui disparu. Le mot, usuel en ancien et moyen français, désigne encore régionalement une entaille naturelle (XIIe s.) et spécialement (v. 1260) une entaille faite sur une planchette pour tenir le compte des denrées vendues à crédit.
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1 HOCHER v. tr. « marquer d'une hoche » est tombé en désuétude (v. 1160, au participe passé oschié ; oschier « ébrécher », v. 1210 ; déb. XIVe s., hoschier). Si l'on adopte l'hypothèse de Guiraud, il serait d'origine gallo-romane et c'est hoche n. f. qui en serait issu.
G
2 HOCHER v. tr., d'abord sous la forme hochier (1155), est issu du francique °hottisôn « secouer », dérivé de °hotton « faire balancer », que l'on restitue par le moyen néerlandais hutselen, hutsen et le néerlandais hutsen « secouer, balancer ».
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Hocher a eu en ancien français le sens de « remuer, secouer », encore employé régionalement (Champagne, Lorraine : hocher un arbre) et un emploi érotique (Cf. branler).
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Le verbe s'emploie encore dans la locution hocher la tête (XIIIe s. ; v. 1170, hoquer le chief) ; la locution hocher du nez « manifester son mécontentement » est sortie d'usage.
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Le dérivé
HOCHET n. m. a désigné autrefois (1381) un jeu d'osselets (que l'on secoue). Le mot se dit ensuite (1391) d'un jouet d'enfant, qui est secoué pour faire du bruit. Par figure
hochet signifie (1745) « chose futile qui console l'esprit ».
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HOCHEMENT n. m. « action de secouer, d'agiter » (1er tiers du XIVe s., hoquement) a eu aussi le sens de « coït » (1550). Le mot s'emploie dans la locution hochement de tête (1552).
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De
hocher viennent des composés aujourd'hui d'emploi régional.
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HOCHEPOT n. m. (v. 1220, de pot) désigne un ragoût de bœuf et de volaille (on remue le pot pour que le contenu n'attache pas). Il ne s'emploie plus que dans des usages régionaux.
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HOCHE-QUEUE ou HOCHEQUEUE n. m. (1549, hoque-queue ; variante hausse-queue, 1557, par confusion avec hausser) est un des noms de la bergeronnette (qui remue la queue en sautillant).
HOCKEY n. m. est un emprunt (1876) à l'anglais hockey (1527, attestation isolée ; hockie, puis hockey, 1785), probablement issu de l'ancien français hoquet « bâton recourbé », du francique °hôk.
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Le mot désigne un jeu d'équipe où l'on utilise une crosse aplatie dans sa partie courbe pour faire passer une balle de cuir entre deux poteaux (Cf. crosse) ; de là, hockey sur glace, où la balle est remplacée par un palet (1897, hockey sur la glace). C'est devenu, notamment en français du Québec, le sens dominant du mot, prononcé à l'anglaise (usage anglo-canadien), usuel et entraînant un vocabulaire propre (rondelle, et non palet ; bâton et non crosse, ce bâton étant appelé par métonymie un hockey). Équipe, club de hockey.
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HOCKEYEUR, EUSE n. (1924 ; hockeyer, n. m. 1910) est un dérivé français ; l'anglais dit hockey player.
HOLDING n. m. et f. représente (1930) l'abréviation de l'anglais holding company (1906), de holding « qui possède, contrôle », dès le XVIe s. au sens de « propriétaire de parts » (de to hold « tenir, détenir ») et company « compagnie ».
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Holding apparaît en français en même temps que son équivalent société de portefeuille ; société de participation est plus récent (1948).
HOLD-UP n. m. a été emprunté (1925) à l'anglo-américain hold-up, désignant dès 1837 une obstruction à l'avance d'un véhicule (de to hold « retenir, empêcher »), puis en 1878 un vol à main armée ; le hold-up dans un lieu public apparaît dans les villes, aux États-Unis, au début du XXe siècle. Hold-up est la substantivation de to hold up, littéralement « tenir, retenir vers le haut », attesté en 1851 au sens de « voler sous la menace d'une arme à feu (dans une diligence, un train) » ; l'explication du nom à partir de hold up your hands !, de to hold up one's hands « tenir les mains en l'air », convient mal, haut les mains ! se disant hands up ! en anglais.
❏
Le mot a conservé le sens de l'étymon.
HOLISME n. m. est un emprunt (attesté en 1939) à l'anglais holism, terme forgé en 1926 par le biologiste sud-africain J. C. Smuts, à partir du grec holos « tout entier, complet », correspondant au sanskrit sárva-, au latin salvus « intact » (→ sauf).
❏
Le mot, d'emploi didactique, désigne la théorie selon laquelle l'homme est un tout indivisible qui ne peut être expliqué par ses différents composants isolés les uns des autres (Cf. globalisme).
❏
HOLISTE adj. et n. (mil.
XXe s.) a été formé sur le grec
holos ; on dit aussi
HOLISTIQUE adj. (mil.
XXe s.), emprunté à l'anglais
holistic, de même origine.
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HOLO-, premier élément tiré du grec
holos, entre dans la composition de nombreux mots savants.
HOLOPHRASTIQUE adj. (1866), du grec
phrastikos « qui concerne la parole », dérivé de
phrazein « dire »
(→ phrase), terme de grammaire, se dit d'une langue dans laquelle une phrase entière s'exprime par un seul mot.
■
HOLOCÈNE adj. et n. m. (1907, de -cène), du grec kainos « nouveau, récent », est un terme de géologie, concernant la période la plus récente de l'ère quaternaire.
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HOLOGRAMME n. m. a été formé en anglais (hologram, 1949, D. Gabor).
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À noter que les formations holo- + -graphe, -graphie ont désigné à l'époque classique un document entièrement écrit par la main de l'auteur (par le bas latin olographus) : testament holographe (1603 ; altéré en orographe, 1275).
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HOLOGRAPHIE n. f. (v. 1950, de [photo]graphie), d'après hologramme, désigne une méthode de photographie restituant le relief des objets.
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En dérivent HOLOGRAPHIQUE adj. (v. 1970 ; anglais holographic, 1964), HOLOGRAPHIER v. tr. et HOLOGRAPHISTE n., apparus tous deux vers 1975.
❏ voir
HOLOCAUSTE.
HOLLYWOODIEN, IENNE adj. est tiré du nom de ce lieu voisin de Los Angeles où les studios des principales firmes cinématographiques des États-Unis sont implantés et où vivent de nombreuses vedettes.
❏
Outre son emploi technique, qualifiant le cinéma produit par les grandes compagnies (« majors ») de cinéma américain, l'adjectif qualifie ce qui évoque les moyens financiers, et souvent le luxe jugé tapageur de la vie des stars d'Hollywood.
HOLOCAUSTE n. m. représente un emprunt (v. 1200) au latin chrétien holocaustum « sacrifice dans lequel la victime offerte à Dieu est entièrement consumée par le feu » (en parlant des Hébreux des temps bibliques), du grec ecclésiastique holokauston, de holos « entier », et kauston, adjectif verbal de kaiein « allumer, faire brûler », peut-être pour évoquer le terme hébraïque ῾ōlāh désignant ce sacrifice.
❏
Holocauste est introduit avec le sens de « sacrifice » ; le mot est masculin ou féminin jusqu'à l'époque classique. À la fin du XVIe s., holocauste désigne un sacrifice total, de caractère religieux ou non ; cet emploi littéraire reste vivant dans des locutions verbales : s'offrir en holocauste (à une cause, etc.), faire l'holocauste de ses goûts. Au XVIIe s., le mot, par extension du premier sens, signifie « sacrifice sanglant, de caractère religieux » (1691) et, par métonymie, « victime », dans un sacrifice (1690). Au XIXe s., holocauste est repris au sens de « massacre, génocide » (1855, Sand) ; au XXe s., en emploi absolu avec l'article défini, il sert à désigner l'extermination des Juifs par les nazis (attesté 1958, Mauriac), en concurrence avec le mot hébreu shoah.
HOLOTHURIE n. f. est un emprunt savant de la Renaissance (1572) au latin holothuria, lui-même pris au pluriel grec holothouria, de holothourion, désignant un animal marin, aujourd'hui identifié comme Échinoderme, muni de ventouses sur la face ventrale et de papilles rétractiles sur la face dorsale. Une espèce d'holothurie, vivant dans les mers de Chine, est comestible.
HOLSTER n. m. est un emprunt du langage militaire (attesté en 1968 en français) à un mot anglais désignant à l'origine les fontes d'un cavalier (holsters, 1663), d'un radical germanique hel-, hol- (idée de « recouvrir »).
❏
Le mot désigne un étui d'arme à feu caché sous le vêtement et utilisé notamment par les policiers.
HOMARD n. m., variante (1547) de hommars, houmar (1525), est probablement emprunté au bas allemand hummer, issu de l'ancien nordique hummarr, pour désigner un grand crustacé marin.
❏
Homard désigne un crustacé comestible d'une autre espèce que la langouste. Par allusion à la couleur du crustacé quand il est cuit, il s'emploie dans la locution rouge comme un homard (Cf. écrevisse).
◆
Il s'est dit (1847) des soldats anglais à cause de la couleur rouge de leur uniforme.
❏
Du mot dérivent les termes techniques HOMARDERIE n. f. (1904) et HOMARDIER n. m. (1907).
HOMBRE n. m. représente un emprunt (1657) à l'espagnol hombre « homme » de même origine que homme*, attesté comme nom d'un jeu de cartes à partir du XVIe siècle.
❏
Hombre désigne un ancien jeu de cartes fondé sur l'alliance de deux ou plusieurs joueurs contre un seul, l'hombre, qui mène le jeu. Le mot s'écrit aussi ombre.
HOME n. m. est emprunté (1807, Mme de Staël) à l'anglais home, de l'ancien anglais ham « village » (→ hameau) ; en anglais le mot conserve des emplois larges, qui vont du foyer au pays tout entier, parfois opposé à abroad « à l'étranger ».
❏
Mme de Staël, dans Corinne, lui donne le sens de « chez nous », qui n'a pas vécu ; ensuite le mot s'emploie (v. 1815) au sens de « domicile », considéré sous son aspect intime et familial. Introduit en même temps que confort, confortable, il a servi à parler des intérieurs anglais, puis s'est appliqué aux intérieurs français, avec une pointe de snobisme. L'emprunt at home « à la maison, chez soi » est attesté en 1826. Puis, home est utilisé comme équivalent de « foyer » (1895) et, par extension, au sens de « centre d'accueil » dans home d'enfants (1939), home de semi-liberté (apr. 1960). Cet emploi est courant en français de Belgique (un home pour personnes âgées) et du Luxembourg, pour « local de réunion » (home de scouts).
❏
HOME CINÉMA n. m., emprunt à l'anglais, de home, la maison, le chez-soi, et cinema (avec l'ajout de l'accent aigu du français cinéma), mais l'expression anglaise normale est home entertainment system.
❏
Le mot, entré en français en 1995 par la langue publicitaire, désigne un ensemble audiovisuel (télévision et système sonore) censé créer les effets acoustiques et visuels d'une projection de cinéma.
HOMÉLIE n. f. est un emprunt (fin XIIe s., omelie) au latin ecclésiastique homilia « entretien familier », désignant en particulier l'explication simple d'un texte biblique, donnée du haut de la chaire aux fidèles rassemblés ; homilia est emprunté au grec homilia « réunion » et, en grec tardif, « conversation, entretien familier, leçon d'un maître », de homilos « troupe, rassemblement ». Homilos est composé de homos (→ homo-), mais on ne s'accorde pas sur la seconde partie du mot, qui est soit ilê « troupe », soit un suffixe inexpliqué -ilos.
❏
Homélie est introduit avec le sens religieux, qu'il conserve. Par extension, dans un emploi littéraire, le mot a pris (1815, Chateaubriand) le sens de « longue et ennuyeuse leçon de morale ».
❏
HOMILAIRE n. m., réfection étymologique (1866) du dérivé ancien omeliaire (XVIe s.), « recueil d'homélies », est tombé en désuétude.
HOMÉO-, premier élément, tiré du latin homeo, lui-même du grec homoios « semblable » (→ homo-), sert à composer des termes didactiques dont le second élément est le plus souvent tiré du grec.
❏
HOMÉOPATHIE n. f., introduit en français (1827) par J. Bigel, est adapté de l'allemand
Homöopathie, terme créé par S. Hahnemann (1796) à partir du grec
homoios et
pathos « ce que l'on éprouve »
(→ -pathie). La graphie
homœopathie (Claude Binet) ne s'est pas imposée. Le terme désigne une méthode thérapeutique qui consiste à soigner les malades au moyen de remèdes qui seraient capables, à des doses plus élevées, de produire sur l'homme sain des symptômes semblables
(homoios) à ceux de la maladie à combattre. Au figuré, le mot signifie (1846, Proudhon) « traitement du mal par le mal » ; une autre valeur figurée est attestée chez Balzac (1833).
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L'adjectif
HOMÉOPATHIQUE s'emploie au propre (1827) et au figuré pour « infime » (
dose homéopathique, 1846, Baudelaire).
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Cet adjectif a pour dérivé
HOMÉOPATHIQUEMENT adv. (1830, Mérimée,
oméopathiquement).
◆
HOMÉOPATHE n. et adj. (médecin homéopathe) est attesté en 1827.
◈
HOMÉOTHERME adj. et n., terme de biologie (1878,
homoeotherme de
-therme ; Cf. anglais homoeothermal, 1870), d'après l'allemand
homöotherm (C. Bergmann, 1847), se dit des animaux qui présentent une température constante.
◆
En dérive
HOMÉOTHERMIE n. f. (attesté
XXe s.).
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HOMÉOSTASIE n. f. (av. 1945) est emprunté au latin moderne, forgé en anglais,
homoeostasis (1926, Camon) puis
homeostasy (1945), de
homoeo- (équivalent de
homéo-) et
-stasis « position »
(→ stase) ; le mot signifie « stabilisation des différentes constantes physiologiques ».
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HOMÉOSTATIQUE adj. (1954), d'après
statique en est dérivé, ainsi que la variante
HOMÉOSTASIQUE adj. (1963).
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HOMÉOSTAT n. m. désigne un système ou une machine homéostatique ; le mot a été forgé en anglais par Ashby (1948) pour désigner un mécanisme autocontrôlé (dans le cadre de la cybernétique*).
HOMÉRIQUE adj. est un emprunt (1548) au latin homericus « propre à Homère, relatif à Homère », du grec Homêrikos, dérivé de Homêros « Homère ».
❏
Homérique est introduit avec le sens du latin puis, à partir du XIXe s., employé dans la locution rire homérique (1825) « fou rire bruyant », semblable à celui que prête Homère aux dieux de l'Olympe à la vue du boiteux Hephaïstos (Vulcain) [Iliade, I]. Par extension, homérique se dit ensuite (1833) de ce qui est digne d'Homère (style, personnage homérique) et, par figure, de ce qui est plein d'événements spectaculaires, digne des scènes décrites par Homère (1842, une bagarre homérique).
❏
HOMÉRIDE n. m., terme didactique (1810, Chateaubriand) emprunté au dérivé grec
homêridês, est employé au sens étymologique de « rapsode qui chantait les poèmes d'Homère » et s'emploie ensuite pour « descendant présumé d'Homère ».
◈
HOMÉRISME n. m., dérivé didactique (1865, Sainte-Beuve) de
Homère, désigne la théorie aujourd'hui abandonnée qui attribue le corpus homérique à un seul auteur et, par ailleurs, une particularité linguistique propre à Homère (1901).
1 HOMICIDE n. et adj. a été emprunté (v. 1150, omicide) au latin homicida « personne qui tue (a tué) un être humain », composé de homo « homme » (→ homme) et de caedere « tuer » (→ -cide).
❏
Homicide conserve le sens du latin comme nom (v. 1150) puis comme adjectif (XIVe s.), par archaïsme littéraire de nos jours ; par extension (XVIe s.), homicide adj. se dit en emploi littéraire de ce qui tue ou sert à tuer (un poignard homicide ; au figuré un regard homicide ; Cf. assassin, meurtrier). Au XVIIe s., homicide prend au figuré le sens de « personne qui cause la perte morale de qqn » (1643).
❏
L'homonyme 2 HOMICIDE n. m., réfection (1160-1174) de omecide (v. 1155), est un emprunt au latin homicidium « action de tuer un être humain », dont il garde le sens ; homicidium est composé de homo et de caedere.
HOMINIENS n. m. pl. est un dérivé savant (1877), avec le suffixe zoologique -iens, du latin homo, hominis « homme » (→ homme).
❏
Hominiens désigne le sous-ordre de primates qui comprend plusieurs genres fossiles et la famille des hominidés (ci-dessous), avec un seul représentant actuel, l'homme.
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HOMINIDÉS n. m. pl. (1845), succédant à
hominides (1834), dérivé savant de même origine qu'
hominiens, signifie « famille de primates qui comprend le genre
homo avec une seule espèce vivante (l'
homo sapiens sapiens) et plusieurs groupes fossiles ».
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HOMINISATION n. f., dérivé savant (v. 1950) de même origine, se dit de l'ensemble des processus qui caractérisent le passage du primate à l'homme (homo sapiens) et qui sont l'objet central de l'anthropologie préhistorique.
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On en a tiré HOMINISÉ, ÉE adj. et HOMINISER v. tr. (1955).
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PRÉHOMINIENS n. m. pl. (années 1950) désigne, parmi les ancêtres d'
Homo sapiens, ceux qui sont le plus proches des hominidés, antérieurement à leur apparition.