HOMMAGE n. m. est un dérivé (XIIe s.) de homme qui a eu au moyen âge (comme en latin) le sens de « soldat » et celui de « vassal ».
❏  Son premier sens est « acte par lequel le vassal se déclare l'homme (homme lige) de son seigneur » (v. 1160, homage), d'où plus tard le sens de « fief pour lequel on prête hommage » (1463) et la locution foi et hommage, dans tenir en foi et en hommage (1549), tenir à foi et hommage (1671) « posséder une terre comme vassal » ; ces emplois subsistent en histoire du moyen âge (→ lige). ◆  À la même époque, le mot est employé au sens de « marque de déférence, de courtoisie (à une femme) » (v. 1165) et de « marque de vénération, de soumission (à Dieu) » (XIIe s.), sens général que l'on retrouve dans l'expression rendre hommage et dans plusieurs emplois attestés surtout au XVIIe siècle. Hommage se dit (1644, Corneille) en parlant d'un témoignage de respect, de reconnaissance, d'admiration, etc., d'où spécialement rendre hommage à la beauté d'une femme, « la célébrer », dans le vocabulaire précieux du XVIIe s., et en hommage « en signe d'hommage » (fin XVIe s.). Le mot prend par extension le sens de « don respectueux », aujourd'hui vieilli (1651, faire hommage de). ◆  Par affaiblissement de ce sens général, hommage s'emploie également au pluriel, au sens d'« actes, paroles par lesquels un homme donne à une femme un témoignage d'appréciation (notamment galante [1670]) » et désigne spécialement (XVIIIe s.) le fait d'avoir des rapports sexuels, considéré comme un hommage. Depuis la fin du XVIIe s., hommage s'emploie avec une valeur très affaiblie dans les formules de politesse (1694, présenter ses hommages). ◆  Par ailleurs, lié à certaines acceptions de homme, hommage s'est employé en ancien français pour « nature humaine » (XIIIe s.) et pour « salaire » (XIIIe s.).
❏  Du premier sens viennent les dérivés, aujourd'hui termes d'histoire du moyen âge, HOMMAGER adj. et n. m. (1552) « qui doit l'hommage » et HOMMAGÉ, ÉE adj. (v. 1570) « tenu en hommage », en parlant d'un fief, d'une terre.
L + HOMME n. m., attesté en 980 sous les formes hom et om (→ on), en ancien français hom, hume, home, est issu du latin classique hominem, accusatif de homo « être humain » ; à partir de ce sens général se sont développées plusieurs acceptions à l'époque impériale : « créature raisonnable » (par opposition à fera « bête féroce ») ; homo se substitue alors à vir (→ viril, vertu) ; au pluriel, le mot latin prend le sens de « soldats », spécialement de « fantassins » ; il signifie aussi (au singulier) « vivant », par opposition aux morts et aux dieux. Homo, littéralement « né de la terre », se rattache à une racine indoeuropéenne °ghyom- « terre ».
❏  L'essentiel des sens du latin est attesté en français avant la fin du XIVe s. À la fin du Xe s., homme s'emploie au sens d'« être humain » (mâle ou femelle), les hommes dans ce cas correspondant toujours aujourd'hui à les humains ; de ce sens viendra ensuite homme sauvage (v. 1700), puis homme des bois (1794), d'abord pour « orang-outan », aujourd'hui au sens d'« homme sauvage, primitif ». ◆  Depuis les premiers textes, homme s'emploie aussi au sens de « créature de Dieu », d'où les locutions, homme de péché « pécheur » et (1564) le vieil homme « l'homme qui a des habitudes de péché, le pécheur avant sa régénération par la grâce » (vocabulaire biblique), d'où se dépouiller du vieil homme (1694), et le fils d'homme (v. 1300) puis le fils de l'homme « Jésus » (1364). ◆  Également depuis la fin du Xe s., homme se dit pour « être humain de sexe masculin » : l'emploi individuel (un, des hommes) l'emporte sur le général (les hommes). ◆  Vers 1050, hume est attesté au sens de « mari » ; l'emploi assez fréquent du mot en ce sens n'a pas entraîné sa lexicalisation au même niveau que femme au sens d'« épouse » : mon (ton...) homme est toujours en usage, mais d'emploi populaire, puis familier. ◆  Dans La Chanson de Roland (1080), hume est utilisé au sens de « guerrier » ; le mot est toujours usité pour « soldat », opposé à « gradé, sous-officier, officier », aussi dans homme de troupe. ◆  Le sens féodal de « vassal » est aussi attesté en 1080 (XIIe s., homme lige ; → lige et le dérivé hommage).
Depuis le XIIe s. (v. 1155), homme se dit d'un être humain considéré dans les qualités et les défauts propres à la nature humaine (v. 1155, ce n'est qu'un homme) ; il se dit également d'un être humain par rapport à son origine sociale ou ethnique (1160-1175). Par extension (v. 1260, ome), le mot se dit d'un individu caractérisé par sa fonction, sa situation ; à partir de cet emploi, homme de suivi d'un nom ou d'un adjectif a donné naissance à de nombreux syntagmes, dont certains sont lexicalisés : homme de guerre « militaire » (1530), précédé par homme d'armes ; homme politique (1552), homme de lettres* (1580), homme de métier « artisan » (1606), homme de robe « magistrat » (1636), remplacé par homme de loi (1718) ; homme d'État (1593), homme d'épée « militaire de carrière » (1659), sorti d'usage comme homme de cheval « cavalier », homme de qualité, de condition (av. 1675), opposé à homme du commun (remplacé aujourd'hui par homme du peuple) ; homme d'Église (1690), homme d'affaires (1690), autrefois « financier, intendant » et aujourd'hui « homme qui a une fonction de direction ou de décision dans l'économie privée ». On peut encore citer homme de mer, archaïque, homme de chambre « valet » (1560), disparu alors que femme de chambre est en usage, puis homme (1596) en ce sens. Le mot désigne plus largement (1690) un exécutant dans une hiérarchie. Par ailleurs, des expressions professionnelles comme femme de ménage ont suscité homme de ménage (1972). En français de la Réunion, homme de cour se dit d'un gardien, d'un jardinier, assurant divers services. ◆  Au XXe s. sont formées les expressions l'homme de la rue (1935), après l'homme dans la rue (1933) traduisant l'anglais the man in the street, 1931 (l'italien dit uomo qualunque « l'homme quelconque »), et aussi l'homme du jour « qui a la notoriété du moment ». De nombreux syntagmes de ce type n'ont pas de correspondant avec femme, mais femme d'État, d'affaires commencent à s'employer.
Dans la dernière partie du XIVe s. est attesté le sens d'« être mâle ayant atteint sa maturité, physiquement et moralement » (1383, omme), d'où homme à femmes (1837) « qui séduit les femmes », et celui d'« individu considéré par rapport aux qualités et aux défauts dont il fait preuve » (1391, homme de bien) ; de ce sens viennent les locutions disparues, homme de rien, homme de Dieu « dévot » et honnête homme (→ honnête) ou grand homme qui équivaut à « personne, être humain remarquable et célèbre ». ◆  Du sens d'« être humain mâle » est issu mon (ton, son, etc.) homme au sens de « l'homme dont il est question » (XVe s. ; voilà mon homme), employé aussi à l'époque classique au sens d'« homme qui ne cède pas » (1663, trouver son homme « son maître »), puis de « l'homme qui convient » (1866, c'est votre homme) et aussi de « mari, amant », emploi populaire. L'argot a donné au mot (mil. XIXe s.) la valeur d'individu fort, viril, appartenant au milieu, quasi synonyme dans cet emploi de mec. ◆  La locution d'homme à homme « directement » est attestée au milieu du XVIe s., être (un) homme à « être capable de » en 1647.
Le syntagme jeune homme pour « homme jeune » est relevé au XVIe s. ; il s'emploie couramment aujourd'hui pour « jeune homme célibataire » ou « garçon pubère », d'où par extension populaire au sens de « fils » (XXe s., avec un possessif : son, votre jeune homme) et pour appeler un adolescent trop jeune pour qu'on lui dise « Monsieur ». Voir aussi le schéma.
❏  Le dérivé HOMMASSE adj. est attesté en 1535 (homace) comme nom féminin au sens de « femme virile » ; le mot est sans doute antérieur puisqu'on relève l'adverbe hommassement « à la manière d'un homme » (en parlant d'une femme) à la fin du XIVe s. (1393), mot sorti d'usage. L'emploi adjectivé de hommasse, seul vivant, est relevé en 1584.
BONHOMME n. m. (au pluriel bonshommes), composé de 1 bon et homme, est attesté au XIIe s. au sens d'« homme bon » (v. 1175), aujourd'hui archaïque. Il s'emploie aussi au moyen âge (XIIIe s.) pour « paysan, manant », sens disparu dont il reste le surnom donné au paysan français de l'Ancien Régime, Jacques Bonhomme (1359, Jaques écrit ; → Jacques). ◆  C'est l'idée d'infériorité sociale qu'on retrouve dans les emplois aujourd'hui désuets au sens d'« homme naïf et crédule » (1665) et comme appellatif (à un homme d'une condition inférieure, XVIIe s.). Le mot s'est employé aussi pour « mari trompé » (XIVe s.), « homme d'âge mûr ou avancé » (1536) et reste au sens d'« homme » dans le discours familier. Petit bonhomme (1762) se dit pour « petit garçon ». ◆  Dans la locution aller (continuer, etc.) son petit bonhomme de chemin (1803), le renforcement de chemin par petit bonhomme reste inexpliqué. ◆  Par figure, bonhomme signifie (1831) « forme humaine dessinée ou façonnée grossièrement » (bonhomme de neige). Le pluriel enfantin des bonhommes s'est répandu au XXe siècle.
■  Le dérivé BONHOMIE n. f., tardivement attesté (1736, bonhommie ; v. 1300, bonomia en ancien provençal), signifie « simplicité dans les manières liée à la bonté du cœur ».
SURHOMME n. m. est attesté en 1892 (aussi superhomme), formé de sur, et homme, d'après l'allemand Übermensch répandu par le Zarathoustra (1885) de Nietzsche, qui avait pris le mot chez Goethe (Faust, I, 1). Surhomme, chez Nietzsche, désigne le « type d'homme supérieur » qu'engendrera l'humanité quand elle se développera selon la « volonté de puissance ». Le mot, au début du XXe s., se dit pour « homme mythique, supérieur à l'homme actuel » (→ superman), puis pour « homme supérieurement doué ».
■  SOUS-HOMME n. m. (1859) désigne péjorativement celui qui n'a ni les qualités ni la liberté requises par la dignité d'homme. Voir aussi humain (sous-humain, sous-humanité).
Homme est utilisé comme premier élément de mots, composés à partir de la fin du XIXe siècle.
■  HOMME-SANDWICH n. m. (1881) traduit l'anglais sandwich-man (1864), de sandwich* et man « homme » ou elliptiquement sandwich (1836-1839 en ce sens) ; il a remplacé homme-affiche (1833, Th. Gautier) ; HOMME-RÉCLAME n. m. (1921 ; de réclame) ne s'est pas imposé.
■  HOMME-ORCHESTRE n. m. (de orchestre) est attesté en 1842 au sens propre de « musicien qui joue simultanément de plusieurs instruments », en 1920 au figuré « homme qui accomplit des fonctions diverses dans un domaine ».
■  HOMME-OISEAU n. m. a désigné un être mythique (1828, Sainte-Beuve), mi-homme mi-oiseau ; le mot a été repris vers 1935 et fut à la mode jusque vers 1940, pour désigner un homme qui, largué d'un avion, effectuait de longs vols planés au moyen d'une voilure dorsale.
■  HOMME-GRENOUILLE n. m. (1949) se dit d'un plongeur qui travaille sous l'eau, muni d'un scaphandre autonome.
■  Homme, comme premier élément, s'emploie aussi dans de nombreux composés libres, tous noms masculins, comme HOMME-LOUP (1831, Michelet), équivalant à loup-garou, HOMME-FÉE (1877, Hugo), l'HOMME-DIEU « Jésus-Christ » (1920), HOMME-MACHINE, pour « robot, androïde » (1948, Cendrars), HOMME-SERPENT (1948, Cendrars) « d'une souplesse de serpent, dans les spectacles de foire ». ◆  HOMME-LÉOPARD n. m. se dit d'un membre d'une société secrète africaine, qui agissait vêtu d'une peau de léopard et armé de griffes de métal. Dans les légendes de Centrafrique, homme ayant le pouvoir de se changer en félin pour punir des coupables.
1 HOMO n. m., mot emprunté au latin homo, hominis « homme », est un terme didactique utilisé pour désigner l'espèce zoologique formée par l'homme au sein des Primates ; homo est surtout utilisé dans des syntagmes latins (tel Homo sapiens créé par Linné, 1735), Homo faber, Homo erectus en particulier pour désigner des hommes fossiles (Homo neandertalensis) ou pour qualifier des aspects de l'activité humaine au XXe s. (homo oeconomicus, homo ludens formé par Huizinga, etc.).
❏ voir GENTILHOMME, HOMINIEN, HOMMAGE, HOMONCULE, HUMAIN, ON, PRUD'HOMME (art. PREUX).
⇒ tableau : Homme
2 HOMO → SEXE
HOMMOS → HOUMMOUS
HOMO- est un premier élément, tiré du grec homos « semblable » servant à former des mots composés. L'adjectif grec homos est d'origine indoeuropéenne (sanskrit sámaḥ-, vieux perse hama-, vieux slave samŭ, gotique sa, sama, etc.), apparenté au latin similis et à sa famille (→ sembler, similitude).
❏  HOMOGRAPHE adj. et n. m. (1823, de -graphe) se dit des mots qui ont la même orthographe. ◆  HOMOGRAPHIE n. f. (de -graphie) et le dérivé HOMOGRAPHIQUE adj. sont des termes de géométrie, formés par Chasles (v. 1850), comme HOMOTHÉTIE n. f. (du grec thesis « position ») et le dérivé HOMOTHÉTIQUE adj. (attesté en 1846).
■  HOMOGAME adj. (1866, de -game ; Cf. anglais homogamous, 1842), terme de botanique, signifie « qui ne comprend que des fleurs du même sexe ».
■  HOMOPTÈRE adj. et n. m. (1866, n. m. pl. pour l'ordre ; adj., 1873) est emprunté au grec homopteros, composé de homos et pteron « aile ». Le mot désigne des insectes qui ont quatre ailes de dimension ou de consistance analogues.
HOMOMORPHISME n. m., de -morphisme, terme de sciences et de mathématiques (Cf. anglais homomorphism, 1872), est attesté au début du XXe s. (v. 1935, en mathématiques), comme son synonyme HOMOMORPHIE n. f., qui a aussi le sens de « homogénéité des formes » et HOMOMORPHE adj. (attesté 1903 ; Cf. anglais homomorph, 1886 ; homomorphous, 1854).
HOMOPHILE n. m. (v. 1970, de -phile ; Cf. anglais homophile, 1960), terme didactique, signifie « homme qui éprouve une affinité sexuelle pour les personnes de son sexe, sans avoir forcément des pratiques homosexuelles ».
❏ voir HOMOGÈNE, HOMOLOGUE, HOMONYME, HOMOPARENTAL (art. PARENT), HOMOPHONE, HOMOSEXUEL (art. SEXE), HOMOZYGOTE (art. ZYGOMA) ; GREFFE.
HOMOGÈNE adj. est emprunté (1503, homogénée) au latin scolastique homogeneus (av. 1200), lui-même emprunté au grec homogenês « de même race, de même sorte », composé de homos « semblable » (→ homo-) et de -genês, de genos « race, genre » (→ -gène).
❏  Le mot est introduit en français avec le sens de « de même nature en toutes ses parties » (en parlant d'un tout). Il est employé comme terme de mathématiques par Pascal (1657-1658, grandeurs homogènes ; ensuite fonction homogène, espace homogène). Au XVIIIe s., homogène se dit de ce qui présente une grande harmonie, une grande unité entre ses divers éléments (1733, un groupe, une œuvre homogène).
❏  Le dérivé HOMOGÉNÉISER v. tr. (1837) signifie « rendre homogène (qqch.) », d'où lait homogénéisé (XXe s.).
■  Du verbe dérivent le terme technique HOMOGÉNÉISATEUR, TRICE adj. et n. m. (1907) et le terme didactique HOMOGÉNÉISATION n. f. (1907), rendu plus usuel par les techniques.
HOMOGÉNÉITÉ n. f. est un emprunt savant (1503) au dérivé latin scolastique homogeneitas (v. 1360) ; le mot désigne le caractère de ce qui est homogène et, par extension dans un contexte abstrait (1769), signifie « cohésion, harmonie, unité ».
HOMOLOGUE adj. et n. est un emprunt savant (1585) au grec homologos « qui exprime par la parole un accord », « qui est en harmonie », « qui correspond à », composé de homos « semblable » (→ homo-) et de -logos, de logos au sens de « rapport, proportion ».
❏  Homologue est d'abord utilisé en géométrie (1585) dans termes homologues « qui se correspondent exactement » puis (1680) dans côtés homologues (de deux triangles semblables). ◆  Le mot s'emploie ensuite, à partir du XIXe s., au sens d'« équivalent, semblable » (1803), emploi courant aujourd'hui, et dans des domaines spéciaux (en chimie, 1844 ; en anatomie, 1866). Au XXe s., homologue, nom, se dit d'une personne dont la fonction, l'activité est semblable à celle d'une autre personne (l'homologue de X, son homologue).
❏  HOMOLOGIE n. f. est un emprunt savant (1822) au grec homologia « accord », « convention », « concession » (de homologos). Terme de sciences, homologie est employé en mathématiques (1822) et en chimie (1844). ◆  En dérive HOMOLOGIQUE adj., spécialisé en géométrie (1822) et en chimie (1858), d'où vient HOMOLOGIQUEMENT adv. (1866).
HOMOLOGUER v. tr., réfection (1461) de emologuer (1329) par dissimilation, est un emprunt au latin médiéval homologare (1268), lui-même emprunté au grec homologein « être d'accord, reconnaître », de homologos. ◆  Le verbe, d'abord terme de droit, signifie « approuver (un acte) par une mesure qui lui donne une force exécutoire » (homologuer une adoption). Homologuer est aussi employé au début du XXe s. (1902) dans le domaine des sports, au sens de « reconnaître (un record), après vérification de la conformité à certaines normes ».
■  L'adjectif dérivé HOMOLOGATIF, IVE (1839), terme didactique, a seulement le sens juridique.
■  HOMOLOGATION n. f. s'emploie en droit (1611 ; 1313, emologation) et en sports (1886), comme HOMOLOGABLE adj. (1866, en droit).
HOMONCULE n. m. est un emprunt savant (1611) au latin homunculus « petit homme », diminutif de homo (→ homme) ; on trouve les variantes homuncule (1873) et, par emprunt intégral au latin, homonculus ou homunculus.
❏  Aujourd'hui terme d'histoire des sciences, le mot a désigné un petit être vivant à la forme humaine, que prétendaient fabriquer les alchimistes (1611), puis au XVIIIe s. (1749, Buffon) le petit être préformé que les biologistes croyaient voir dans l'ovule ou le spermatozoïde. Par extension, homoncule s'est dit (apr. 1750) pour « petit homme contrefait » (Cf. avorton), emploi sorti d'usage.
HOMONYME adj. et n. m. est un emprunt (XVe s.) au latin homonymus « de même prononciation mais de sens différent » (à propos des mots), lui-même du grec homônumos « qui porte le même nom, qui emploie la même dénomination », composé de homos (→ homo-) et de onoma « nom », qui correspond au latin nomen (→ nom).
❏  Homonyme apparaît dans le syntagme vers homonyme « vers léonin » ; il est utilisé ensuite (1534) au sens de « personnes, villes, etc., qui portent le même nom » puis, devenu terme de grammaire, se dit comme en latin de mots phonétiquement identiques mais de sens différents (n. m., 1572 ; adj., 1616). ◆  Homonyme devient au XIXe s. un terme de médecine ; l'adjectif employé au pluriel se dit de troubles, de lésions localisées symétriquement par rapport à la ligne médiane du corps (1866).
❏  HOMONYMIE n. f., emprunté au latin impérial homonymia (du grec homônumia « similitude de nom » et « sens ou mot équivoque »), apparaît en 1534 (Rabelais) au sens de « calembour », aujourd'hui sorti d'usage. Un peu plus tard (1582), le mot signifie « caractère de ce qui est homonyme », en particulier en parlant des unités lexicales, mots et locutions ; par extension, il s'emploie au sens d'« identité des noms ». ◆  En dérive HOMONYMIQUE adj. (XXe s.).
HOMOPHOBE → SEXE (HOMOSEXUEL)
HOMOPHONE adj. et n. m. est un emprunt savant (1822, Champollion) au grec homophônos « qui parle la même langue » et « qui rend le même son, qui est à l'unisson », composé de homos « semblable » (→ homo) et de phonê « son », « voix, langage » (→ phonétique).
❏  Ce terme didactique signifie d'abord « qui a le même son », également nom masculin pour « son homophone » (1824) ; il s'emploie ensuite comme terme de musique, au sens de « qui correspond exactement au même son ».
❏  HOMOPHONIE n. f., emprunt savant (1752) au dérivé grec homophonia « identité de langage » et « ressemblance de sons », est d'abord employé pour désigner la musique de l'Antiquité qui s'exécutait à l'unisson ; il s'oppose à polyphonie. Champollion l'emploie ensuite (1822) pour désigner l'identité de sons représentés par des signes différents. Au XXe s., le mot se dit également du caractère homophone de deux notes.
HOMOSEXUEL → SEXE
HONGRE est attesté comme nom masculin au XIVe s. (1372) ; le mot représente une spécialisation de Hongre, Ongre « Hongrois » (1080), du latin d'Allemagne Hungarus, ungarus. Le mot est d'origine turque ; l'ethnie elle-même se désigne par le mot Magyar. Le grec byzantin correspondant, onogouroi, permet en effet de reconnaître le turc on « dix » ; l'identité du second terme est incertaine, mais il paraît s'agir du nom propre d'un groupe qui devait compter dix tribus.
❏  La spécialisation du mot en français vient du fait que l'usage de châtrer les chevaux a été emprunté à la Hongrie ; hongre s'emploie aussi comme adjectif (cheval ongre, 1538). Le mot est sorti d'usage au sens d'« homme châtré » (1611), aujourd'hui réservé à castrat, eunuque.
❏  Le dérivé HONGRER v. tr. (1613) « châtrer (un animal) » est d'emploi technique, comme son dérivé HONGREUR n. m. (mil. XIXe s.).
HONGROIS, OISE adj. et n. est un dérivé (XIIIe s., J. Bodel) de Hongre, au sens ancien de « Hongrois ». Hongrois, nom pour « personne d'ethnie magyare ou habitant la Hongrie » (XIIIe s.) et adjectif pour « qui se rapporte à la Hongrie » (apr. 1250), désigne aussi comme nom masculin (1701) la plus importante des langues finno-ougriennes, qui s'écrit en caractères latins.
HONGROYER v. tr. dérive (1734) de Hongrie dans cuir de Hongrie, par suffixation -oyer, peut-être d'après corroyer. Terme technique, le verbe signifie « préparer (le cuir) à la manière des cuirs dits de Hongrie ». ◆  Il a fourni HONGROYEUR, EUSE n. (1734) et HONGROYAGE n. m. (1804).
HONGROIS → HONGRE
HONNÊTE adj. et n. m. est emprunté (mil. XIe s.) au latin honestus « digne de considération, d'estime », « juste, conforme à la morale », « beau, noble », dérivé de honos, honoris d'après une flexion °honos, honeris (→ honneur).
❏  Le mot s'utilise d'abord en français au sens de « juste, honorable ». Au XIIe s., il qualifie ce qui est conforme aux bienséances, aux convenances (v. 1160) et ce qui est noble, digne d'estime, en parlant de personnes (v. 1174-1176), valeur sortie d'usage comme l'emploi extensif pour « magnifique » (1440-1475), qui subsiste jusqu'au XVIIe siècle. ◆  Par extension, il prend le sens (v. 1280) de « courtois, civil », devenu lui aussi archaïque. ◆  Au milieu du XVe s. (honnestes femmes), se rattachant à son premier emploi, honnête s'applique à une femme qui pratique la vertu en matière sexuelle ; le mot tend à vieillir en ce sens ; avec l'évolution des mœurs sexuelles, il est appliqué au XIXe s. à une femme qui, ayant eu des relations extra-conjugales, a su sauver les apparences. ◆  Dès le début du XVIe s., honnête se dit de ce qui convient à l'usage auquel on le destine (1501) et, en particulier (1508), de ce qui convient à la condition sociale d'une personne. Cette valeur se développe, spécialement avec l'expression honnête homme, attestée en 1538 ; elle se répand au sens d'« homme affable, de conversation agréable » (chez Montaigne, 1580), mais désigne aussi une notion complexe : l'honnête homme idéal, selon Faret dans L'Honnête Homme ou l'Art de plaire à la Cour (1630), était un gentilhomme qui joignait à la « naissance » les dons du corps, la culture de l'esprit, le goût de la poésie, le courage, la probité, les vertus chrétiennes ; on emploie aussi honnêtes gens en ce sens (Académie, 1694). Dans cette acception, le mot est aujourd'hui d'emploi didactique pour parler du XVIIe s. en France. ◆  De l'idée de « convenance » viennent d'autres emplois, surtout à l'époque classique ; on parle d'un prétexte honnête « fondé sur une apparence de raison » (v. 1550), d'un habit honnête « encore assez bon pour être porté » (1690), d'une naissance honnête (1690) ; le sens de « convenable, approprié » a vieilli (1680, un cadeau honnête), mais on qualifie encore d'honnête un vin, etc. ◆  C'est aussi au XVIIe s. que le mot prend le sens (1669) de « qui respecte le bien d'autrui » (en locution trop poli pour être honnête).
❏  HONNÊTEMENT adv., dans sa première attestation (1121-1134, onestement) signifiait « selon la morale », d'où ensuite (v. 1485) « selon le devoir, la probité, etc. ». ◆  L'adverbe correspond ensuite (1174-1176, honestement) à « selon les normes moyennes ou raisonnables ». De là honnêtement payé « suffisamment » (1611). ◆  Aux sens de « selon les bienséances » (fin XIIe s.), de « en honnête homme », le mot est aujourd'hui vieilli.
HONNÊTETÉ n. f. représente la réfection (v. 1265), d'après honnête, de l'ancien onesté (v. 881), emprunt au dérivé latin classique honestas, -atis « honneur, considération, beauté morale, vertu ». ◆  Le mot a eu une évolution sémantique parallèle à celle d'honnête. Au XIIIe s., il s'emploie au sens de « bienséance, convenance », d'où les emplois aujourd'hui vieillis pour « témoignage de politesse » (1532, Rabelais) et pour « civilité, bienveillance », « ensemble des qualités de l'honnête homme » (1538). ◆  Il s'est dit aussi (1275-1285) pour « dignité, noblesse », valeur aujourd'hui archaïque mais d'où viennent le sens demeuré courant de « fait d'être conforme à la probité » (1538 ; XIIe s., honesté), et celui de « décence, pudeur » (1538), qui ne subsiste aujourd'hui que dans des expressions (choquer, blesser l'honnêteté).
DÉSHONNÊTE adj., composé au XIIIe s. (de dés- ; → 1 dé-), a signifié « vilain, affreux » (en parlant d'une chose) puis (v. 1265) a pris le sens d'« inconvenant, contraire à la pudeur », encore en usage, et ceux de « déshonorant » (XVe s.) et « improbe » (1538), disparus.
■  Le dérivé DÉSHONNÊTETÉ n. f. (XIVe s. ; XIIIe s., déshonesté) est noté comme vieux par l'Académie en 1798.
■  DÉSHONNÊTEMENT adv. (v. 1230) est rare.
MALHONNÊTE adj., dans son premier emploi attesté (1406, de mal, adv.), signifie « délabré ». L'adjectif s'emploie ensuite (v. 1462) au sens de « qui manque à la décence », aujourd'hui archaïque en parlant d'une personne. Au XVIIe s., malhonnête acquiert plusieurs valeurs : malhonnête homme « qui manque aux usages de la société » (1668) s'oppose à honnête homme et l'adjectif s'applique à quelqu'un qui manque à la civilité ; ces emplois, sauf le dernier, marqué comme populaire (Cf. malpoli), ont disparu aujourd'hui. ◆  Enfin le mot signifie « qui manque à la probité » (1674), sens le plus courant aujourd'hui.
■  Le dérivé MALHONNÊTETÉ n. f. est attesté au XVIIe s. (1676) aux sens de « manque de politesse », archaïque, et de « manque de probité », d'où viennent par extension celui d'« acte contraire à la probité » (1864), d'emploi rare, et celui de « mauvaise foi » (1883, malhonnêteté intellectuelle). Le sens tardif (1902) d'« indécence » est tombé en désuétude.
■  MALHONNÊTEMENT adv. est relevé en 1665.
L HONNEUR n. m., apparu dans la deuxième moitié du Xe s. (honor), est issu du latin impérial honor, honorem, en latin classique honos, « honneur rendu aux dieux, décerné à qqn » (le sentiment de l'honneur étant plutôt désigné par honestum), « charge honorifique » (au pluriel honores « les honneurs »), « magistrature, fonction publique ». Les formes onor, enor, eneur de l'ancien français sont devenues honneur par réfection étymologique. L'essentiel des sens du latin est repris avant la fin du XIIe s.
❏  Depuis le VIe s., honor se dit de charges octroyées à un comte, à un duc, aux officiers royaux, qui s'accompagnent de revenus fonciers ; avec le temps, l'honneur se confond avec le bénéfice, devenu héréditaire ; aussi trouve-t-on au Xe s. honneur avec le sens d'« office, charge », puis de « possession, fief » (1080 ; IXe s., honor). Ces emplois ont disparu, mais il en reste les honneurs « les titres, les charges, les décorations, etc. qui sont appréciées dans la société » (par ex., dans être comblé d'honneurs). Spécialement, le mot reprend le sens du latin cursus honorum « carrière des honneurs », hiérarchie des fonctions publiques, avec le sens de « dignité d'une carrière » ; par métonymie, il signifie « insignes honorifiques » (pour la célébration de grandes cérémonies) et désignait une personne qui porte ces insignes (1752).
■  Dans la seconde moitié du Xe s., honneur a le sens général de « marque de vénération, de considération » (attachée à la vertu, au mérite, etc.), d'où en ancien et moyen français celui d'« action honorable » (depuis le XIe s.). De ce sens viennent acquérir de l'honneur, sorti d'usage et remplacé par s'en tirer avec honneur ; pour l'honneur « de façon désintéressée » ; rendre honneur à « célébrer » (comme rendre hommage) ; au XVIIe s., en honneur se dit à propos de choses pour « apprécié, estimé » (mettre qqch. en honneur). D'honneur s'emploie depuis le XVIIIe s. dans champ d'honneur « champ de bataille » (où l'on acquiert de l'honneur) ; la locution a été reprise dans le domaine des sports, dans faire un tour d'honneur.
Dès le milieu du XIe s., honneur est attesté au sens de « considération, estime dont on jouit » et est employé (1080) pour « bien moral, sentiment qu'on a de sa dignité ». De là viennent veuve d'honneur « femme qui a perdu son honneur », en usage à l'époque classique, et l'honneur d'une femme (v. 1145), expression vieillie aujourd'hui, pour désigner la réputation attachée au caractère irréprochable de ses mœurs ; de là l'expression rendre l'honneur à une femme « l'épouser après l'avoir eue pour maîtresse », sortie d'usage. Reste de cette acception la locution moderne en tout bien tout honneur. Honneur (d'un homme) au sens de « réputation liée au comportement de sa femme » est archaïque et honneur « parties sexuelles de la femme » (1690) n'a pas vécu. Ces valeurs sociales sont liées dans la langue classique au sens correspondant de honnête. ◆  On emploie aussi honneur en parlant d'une collectivité, d'une profession, etc. (l'honneur de la famille, l'honneur militaire, etc.).
■  Du premier usage sont issues de nombreuses locutions, en particulier à l'époque classique, où l'honneur fait partie intégrante de la morale : point d'honneur « chose essentielle quant à l'honneur » est attesté en 1580 (se faire un point d'honneur de) ; la locution se piquer d'honneur (1657, Pascal) est vieillie aujourd'hui, comme piquer d'honneur qqn (fin XVIIe s.) ; affaire d'honneur « où l'honneur est engagé » (1690) prend le sens spécial de « duel » au XVIIIe s. ; en l'honneur, d'honneur, devenues archaïques, ont cédé la place à sur mon honneur (1690), elliptiquement sur l'honneur (1835). Parole d'honneur est attesté en 1694, auparavant avec une valeur spéciale, dans porter à quelqu'un une parole d'honneur « l'appeler en duel » (1671). On relève aussi mettre son honneur à (qqch.) et sauver l'honneur, cette dernière locution étant utilisée aujourd'hui dans le domaine des sports, en parlant d'une rencontre qui a tourné au désavantage d'une équipe.
En emploi absolu, honneur (1080), parfois écrit avec une majuscule, se dit du sentiment qui pousse à obtenir le bien moral qu'est l'honneur. De là viennent homme d'honneur, d'abord « homme d'un certain rang » (1461) et ensuite « personne animée par le sentiment de l'honneur », d'où par extension « homme de probité » (1592), et bandit d'honneur « celui qui est devenu bandit par honneur », spécialement en parlant des bandits corses (Cf. vendetta). ◆  Honneurs au pluriel se dit pour « éloges » (XIIe s.). De ce sens viennent, de nos jours, des syntagmes littéraires, honneurs funèbres, suprêmes (1552), aussi en emploi absolu à partir du XVIIe s. (1642), conservé dans certaines régions, et les derniers honneurs (fin XVIIe s.). Autrefois, avoir les honneurs du Louvre (1672, Mme de Sévigné) se disait de ceux qui avaient certains privilèges, en particulier celui d'entrer à cheval dans la cour du Louvre. ◆  Au XVIIIe s., les honneurs de la guerre (1732) désignent la condition stipulant que la garnison qui se rend peut se retirer libre d'une place ; au figuré, sortir d'une discussion avec les honneurs de la guerre signifie « en sortir sans rien perdre de sa dignité ». Honneurs militaires (1823) se dit encore aujourd'hui des saluts, salves d'artillerie, etc., rendus à des chefs d'État, des drapeaux, etc.
Depuis le XIIe s., honneur a aussi le sens de « traitement destiné à honorer qqn », par exemple dans la locution en l'honneur de qqn (XIIe s., en l'onor de) « en vue de lui rendre honneur » (à l'honneur de, de même sens, est sorti d'usage) ; en l'honneur de a pris aujourd'hui le sens d'« à cause de » dans un registre familier (Cf. aussi en quel honneur ? « à cause de qui, de quoi ? »). Tenir à l'honneur « considérer comme un honneur » est archaïque ; avoir, faire à qqn l'honneur de (suivi de l'infinitif) « l'honneur qui consiste à » est devenu par affaiblissement une formule de politesse (en particulier dans le style épistolaire). ◆  D'honneur, après un substantif (XVIIIe s., relevé par Richelet, 1680) marque à l'origine que la personne ou la chose est destinée à recevoir ou à conférer un honneur (président d'honneur). ◆  Faire l'honneur à qqn (mil. XVIIe s.) correspond à « lui valoir de l'honneur » ; dans le même sens, faire de l'honneur est sorti d'usage. Faire honneur à une dette signifie « garder la considération qu'on a en la payant » (1679), faire honneur à qqch. (av. 1690) « y rester fidèle, s'en montrer digne » se dit familièrement par extension quand la chose semble être traitée de façon flatteuse (faire honneur à un repas « en manger largement », 1694). ◆  Honneur ! est en français d'Haïti, une formule à l'adresse d'un hôte.
❏  Le composé DÉSHONNEUR n. m., attesté dans La Chanson de Roland (1080, de dés- ; → 1 dé-), signifie « perte de l'honneur », « état d'une personne qui a perdu son honneur », d'où la locution presser qqn de son déshonneur « lui faire commettre des actes qui le déshonorent », sortie d'usage. Le mot a désigné des paroles ou des actes outrageants (1425) et, par ailleurs, l'état d'une femme qui s'est laissé séduire (v. 1485).
HONORIS CAUSA loc. adj. et adv. est emprunté (1894) à la locution latine signifiant « pour l'honneur », de causa à l'ablatif, « pour cause de, en raison de », et du génitif de honos, honoris « honneur ». La locution s'emploie dans docteur honoris causa, titre conféré à des personnalités que l'on veut honorer, bien qu'elles ne remplissent pas les conditions normalement exigées.
❏ voir HONORABLE, 1 HONORAIRE, HONORER, HONORIFIQUE.
G HONNIR v. tr. est issu (1080, hunir) du francique °haunjan « railler, insulter » (→ honte), que l'on restitue d'après l'ancien haut allemand hônen et le moyen néerlandais honen « déshonorer », « corrompre » (Cf. allemand höhnen « railler, bafouer »).
❏  Le verbe est d'emploi littéraire au sens de « vouer au mépris public, couvrir de honte », venu du premier emploi, archaïque, de « déshonorer ».
❏  Le participe passé adjectivé HONNI, IE (1269-1278, honi) est également d'emploi littéraire, en particulier dans la formule honni soit qui mal y pense « honte à celui qui y voit du mal » ; cette formule enregistrée par Furetière (1690) est beaucoup plus ancienne : elle a été la devise en français de l'Ordre de la Jarretière, en Angleterre ; elle s'emploie avec ironie pour blâmer ceux qui verraient une allusion scabreuse dans les actes ou les propos les plus honnêtes.
HONORABLE adj. est emprunté (v. 1125) au latin honorabilis « qui fait honneur », « digne d'être honoré », employé comme titre honorifique en bas latin, dérivé de honorare (→ honorer).
❏  Honorable conserve le sens latin de « digne de respect » (v. 1125, en parlant d'une personne), d'où « noble » (qui subsiste dans la locution l'honorable compagnie), puis s'emploie comme épithète honorifique (1276, honorable homme), titre donné ensuite aux marchands et aux artisans, par opposition à la noblesse (1690) ; cet usage a disparu officiellement en 1791 par décision de l'Assemblée législative, qui supprime l'usage de honorable membre. En ancien français, l'adjectif a eu d'autres valeurs : « respectueux, disposé à faire honneur » (XIIIe s.) — d'où son emploi appliqué à une personne qui observe les règles de la bienséance (XVe s.) — et « vénérable » en théologie (XIIIe s.), encore au XVIe siècle. Amende honorable, relevé au XVIe s. (1549), désignait une peine infamante (susceptible de réparer la faute), puis une réparation faite à qqn (1636), valeur qui demeure affaiblie dans faire amende honorable (1672). ◆  Depuis le milieu du XVIe s., honorable qualifie une chose considérée comme attirant la considération, digne de respect (une profession honorable) ; au début du XVIIe s. est attesté le sens affaibli de « convenable, suffisant » (d'Aubigné). L'adjectif, en termes de blason (1690), conserve son premier sens, dans pièces honorables « pièces principales » (on dit aussi pièces de premier ordre). Depuis le XIXe s. (V. Hugo, 1829), honorable s'emploie comme terme de déférence, dans la langue parlementaire, d'où l'emploi du mot comme nom masculin au sens de « député, parlementaire » (1845) ; cet emploi est un emprunt à l'anglais honourable (lui-même issu de honorable) utilisé en ce sens depuis 1450 pour s'adresser à des personnages de haut rang ou appartenant à certains corps ; en anglo-américain, honourable se dit à partir de 1640 des magistrats. Le mot s'emploie en français de l'île Maurice, d'après l'anglais, comme titre des députés de l'Assemblée nationale mauricienne.
❏  HONORABLEMENT adv. est attesté au XIIe s. (1160-1174).
■  HONORABILITÉ n. f. apparaît sous la forme onorableté (v. 1265 ; usitée jusqu'au XVIe s.) aux sens de « caractère honorable (de qqn ou de qqch.) » et de « capacité d'honorer » ; la forme est refaite d'après le latin honorabilitas (de honorabilis) en onorabilité (1464, attestation isolée) au sens de « qualité de ce qui est honorable ». ◆  Le mot est repris au XIXe s. (honorabilité) et signifie « qualité d'une personne honorable » ; il s'emploie par métonymie, mais rarement, pour « personne honorable » (1857, Baudelaire ; Cf. notable).
1 HONORAIRE adj. représente un emprunt (1496) au latin honorarius « honorable », puis en latin juridique « donné à titre d'honneur », dérivé de honos, honoris (→ honneur).
❏  Honoraire s'applique à une personne qui, sans exercer une fonction, en a le titre « par honneur » (1496, tuteur honoraire) puis par extension (1680, conseiller honoraire) à une personne qui garde le titre d'une fonction, ayant cessé de l'exercer (Cf. en Belgique, émérite).
❏  En dérive le terme didactique HONORARIAT n. m. (1841, sur le modèle de notariat).