HOVERCRAFT n. m. est un emprunt (1960) à l'anglais hovercraft (1959 ; enregistré comme marque en 1961), composé du verbe to hover (1400) « planer », « être suspendu en l'air », et craft « embarcation ».
❏
Malgré la présence d'aéroglisseur, hovercraft s'est imposé, soutenu par la prépondérance des entreprises britanniques pour le transport des passagers entre Calais et l'Angleterre ; le mot s'utilise plutôt comme nom propre (prendre l'Hovercraft) que comme générique.
❏
Le composé anglais HOVERPORT n. m. (de hovercraft et port) s'emploie aussi en France (1973).
H. S. → SERVICE (HORS SERVICE)
H. T. M. L. ou HTML → TEXTE (HYPERTEXTE)
?
HUBLOT n. m., attesté au XVIIIe s. (1773), est d'origine incertaine. Il représente peut-être une altération de l'ancien terme de marine hulot « ouverture pratiquée dans la muraille d'un navire » (1694), qui serait un dérivé du normand houle au sens de brèche, cavité (→ houle) ; on a supposé que le -b- venait de la rencontre de hulot avec le mot poitevin loubier « vasistas, lucarne » ou le nantais hubiau « sorte de cornet pour aérer les greniers ». On a également proposé de voir en hublot une altération de l'ancien français huvelot, dérivé de huve « coiffe, bonnet » (v. 1225), mais le sens de huvelot, attesté isolément, est peu clair.
❏
Hublot « fenêtre ronde qui permet de donner du jour dans un navire tout en assurant l'étanchéité », s'emploie par analogie dans le domaine de l'aviation (1933 ; on dit aussi fenêtre). Hublot désigne également (v. 1960) la partie vitrée d'un appareil ménager, qui permet d'en surveiller l'intérieur.
◆
Le mot se dit aussi familièrement pour « lunettes », et de là pour « yeux » (dans Queneau, 1959).
?
HUCHE n. f. attesté au XIIe s. (v. 1170) avec la variante huge, est issu du latin médiéval hutica (VIIIe s.) « coffre » ; la géographie du mot et de ses dérivés (Normandie, Picardie, Flandre) et le h initial suggèrent une origine germanique qui reste incertaine. P. Guiraud rapproche de ce mot huche, attesté au sens de « boutique où les marchands étalent leurs marchandises » (ancien et moyen français) et huche « réservoir à poissons » (mots d'habitude considérés comme distincts) ; il fait alors de hutica un dérivé gallo-roman du germanique °hutta (→ hutte), la huche étant un abri aménagé (Cf. par ailleurs l'ancien français huche « arche de Noé »).
❏
Huche désignait au moyen âge un grand coffre de bois à couvercle plat (distinct de bahut), qui tenait lieu d'armoire, de malle et de table. Un emploi spécial est huche à (au) pain « où l'on garde le pain », aussi appelée maie. Le mot a pris ensuite un sens technique (1573), désignant en minoterie un coffre où tombe la farine ; il se dit aussi d'une caisse percée de trous, que l'on immerge pour placer le poisson que l'on veut conserver.
❏
Le dérivé
HUCHIER n. m. (1226,
huichier) s'est dit pour « fabricant de huches ».
◈
HUCHER v. intr., d'abord
huchier (v. 1130), est issu du latin populaire
huccare « appeler », dont on suppose qu'il vient d'une onomatopée d'origine germanique. Le verbe, en ancien français, dans un emploi conservé en vénerie et dans plusieurs régions de France (Ouest), ainsi qu'en français de Suisse, s'emploie pour « appeler en criant » et « pousser de longs cris d'appel modulés ». Il s'est conservé en français d'Acadie comme transitif pour « appeler (qqn) de loin, en criant » et « pousser (un cri), crier (des paroles) ». Construit avec
de et l'infinitif, il correspond à
crier (hucher à qqn de...). Absolument, il équivaut à « hurler ».
◈
HUCHÉE n. f., vient de l'ancien français
huche (
XIIIe s.) ou de
hucher. On le lit chez Chateaubriand. Il est resté en usage en français de Suisse pour « long cri modulé », souvent « appel de berger » (aussi
HUCHEMENT n. m., XVe s.).
◆
De l'emploi en vénerie du verbe
hucher vient
HUCHET n. m. (1352), désignant une petite trompe de chasse et, en blason, une trompe figurée sans son attache.
+
HUE ! interj. est attesté à la fin du XIIe s. (v. 1180) mais dans un emploi obscur. Il représente une variante de l'onomatopée hu, relevée comme nom masculin en 1080 au sens de « clameur confuse », puis comme interjection pour faire peur (v. 1165), pour avertir (1176-1181) et pour exprimer le dédain (2e quart du XIIIe s.).
❏
Hue est relevé au XVIIe s. (1680 ; 1653, hu) comme cri pour faire avancer un cheval, le faire tourner à droite (dia, pour la gauche), d'où la locution ancienne il n'entend ni a hue ni a dia (1721) « on ne parvient pas à lui faire entendre raison » ; aujourd'hui on dit tirer à hue et à dia « aller dans des directions opposées » et, au figuré (1835) « agir sans esprit de suite ».
◆
On trouve aussi la forme HUHAU (1866, T. L. F.) de hu et ho, hau, autre interjection.
❏
Le verbe dérivé
HUER, dans son premier emploi attesté (v. 1160) signifiait « lancer (un chien) par des cris » puis, en particulier (1174-1200) « crier pour faire sortir le gibier » (au
XIIIe s. en parlant d'un loup). Le verbe se dit aussi (1174-1176) pour « couvrir (qqn) de huées », sens courant aujourd'hui. En emploi intransitif,
huer signifie (v. 1175) « crier » et, spécialement (1279), seul sens encore vivant, « pousser son cri », en parlant du hibou, de la chouette (→ chat-huant).
◆
On a employé aussi
HÔLER v. intr. (
XIIIe s.,
hoiler), mot d'origine onomatopéique.
◈
HUARD n. m., dérivé de
huer à cause du cri de l'oiseau, a désigné le milan (fin
XIIIe-déb.
XIVe s.,
hüart), la buse (1611) et, régionalement, d'autres rapaces.
◆
Le mot québécois
huard « plongeon arctique », oiseau palmipède (1632 ; 1613,
huat), est à rapprocher de l'ancien et moyen français
hua « chat-huant, hibou, milan » (v. 1200) dérivé lui aussi de
huer. Ce mot, en français du Canada, désigne aussi le dollar canadien, à cause du huard gravé sur la pièce de 1 dollar.
■
HUÉE n. f. s'est dit (v. 1119) pour « clameur de la foule ». Le mot est ensuite usité en vénerie au sens général, aujourd'hui vieilli, de « cri », pour faire lever le gibier (1376), le rabattre (1550), indiquer que le sanglier est pris (1690). Par spécialisation de sens, huée désigne des cris de dérision ou de réprobation (1621), le mot étant aujourd'hui courant au pluriel ; le singulier (1630) est vieilli ou d'emploi littéraire.
■
HUETTE n. f. (1555), autre dérivé du verbe huer, est une désignation régionale de la hulotte.
HUERTA n. f. est emprunté (1907, Claudel) à l'espagnol huerta « vaste terrain pour la culture des légumes et des arbres fruitiers » (v. 1140), féminin de huerto « jardin », lequel est issu du latin classique hortus « jardin » (→ horticole).
❏
Le mot garde le sens de l'étymon, pour désigner une réalité espagnole.
HUGUENOT n. et adj. est emprunté (mil. XVIe s.) au genevois eyguenot « confédéré genevois adversaire du duc de Savoie ». Eyguenot (1520), avec des variantes (aguynos, 1519 ; lidgnot 1520) est une altération du suisse alémanique Eidgnosse(n) « confédéré(s) », correspondant au moyen haut allemand de même sens eitgenôz (d'où en français esguenotz désignant des soldats, 1483). Le mot, dès 1315, désigne officiellement les membres de la Confédération suisse : il se dit d'abord de ceux qui luttent contre les tentatives d'annexion du duc de Savoie.
◆
Huguenot devient, du XVIe au XVIIIe s., un terme de mépris par lequel les catholiques désignaient les Réformés (la majorité des confédérés était favorable à la Réforme) ; avec ce sens, il se répand en Suisse romande puis en France. La forme française huguenot viendrait de Touraine, où les habitants rattachèrent le mot eyguenot à un roi Hugon, populaire auprès des Réformés de Tours, ou selon d'autres, au nom d'un chef genevois Hugues de Besançon. Le mot, péjoratif à l'origine, signifie « protestant calviniste » (1552, n.) puis il est employé comme adjectif (1570) et dans à la huguenote « à la manière des huguenots » (1572).
❏
HUGUENOTTE n. f. a désigné (1660) une petite marmite de terre sans pieds, parce que les huguenots se servaient de ce type de marmite pour cuire leur nourriture, les jours de jeûne. Le mot, dans tous ses emplois, a vieilli ou est devenu un terme d'histoire.
◆
Les dérivés HUGUENOTERIE n. f. (1852, Sainte-Beuve) et HUGUENOTISME n. m. (1900, Francis Jammes), attestés isolément, sont restés très rares au XXe siècle.
L
HUILE n. f. est issu dans la première moitié du XIIe s. sous la forme oile (variante olie) du latin classique oleum (→ oléo-) « huile (d'olive) », latinisation du grec elaion ; le grec a une origine méditerranéenne pré-indo-européenne reconstituable en °elaiwon (Cf. olive, de même famille). En français, uile est attesté au XIIIe s., huile en 1260 : le h a été introduit pour éviter la lecture [vil], u notant aussi v.
❏
Sortant du bassin méditerranéen,
huile désigne rapidement d'autres liquides gras que celui qu'on extrait des olives. Le mot est qualifié dès 1260, et on relève dès l'ancien français
huile d'olive, d'amande, de noix, de chènevis, de pavot ; on trouve plus tard
huile d'arachide (1801),
huile de ricin (1831), utilisée comme laxatif,
huile de foie de morue (1836), etc.
◆
Par allusion à la fluidité de l'huile, le mot est utilisé dans des locutions :
mer d'huile « sans vagues » (comme une nappe d'huile) ;
tache d'huile, au
XVIIe s. « chose irréparable » (à cause de la difficulté à nettoyer l'huile), d'où « affront, atteinte à l'honneur » (à cause des connotations morales de
tache) ; ces valeurs de l'expression ont disparu et la locution se dit maintenant (1872) de ce qui se propage de façon insensible mais continue.
◆
Par référence au caractère combustible de l'huile, on trouve
jeter (mettre, verser) de l'huile sur le feu « envenimer une dispute » (
XVIIe s.).
◆
L'allusion à l'huile d'éclairage existe dans la locution, aujourd'hui vieillie (
XVIe s.),
sentir l'huile « porter la marque de longs efforts », en parlant d'une œuvre (par allusion aux nombreuses veilles devant la lampe qu'elle avait dû coûter à son auteur).
Il n'y a plus d'huile dans la lampe se disait familièrement au
XVIIe s. à propos d'une personne proche de la mort (l'huile désigne alors métaphoriquement l'énergie vitale).
Huile de bras (1867) « force musculaire » est concurrencé aujourd'hui par
huile de coude (dans Zola, 1877).
■
Au XVIe s., saint huile se disait pour « extrême-onction » ; dans la liturgie romaine, les saintes huiles désignent encore les huiles réservées aux divers sacrements ; ensuite huile sainte, huile consacrée ou huile désignent (XVIIe s.) l'huile à onction utilisée pour sacrer les rois dans les religions chrétienne et juive, où l'huile est signe de bénédiction, symbole d'énergie vitale.
Huile, employé seul, désigne également un mélange d'huile de lin ou d'œillette et d'une matière colorante (qui se substitue à la détrempe dès le
XVe s.) ; cet emploi n'est attesté qu'au
XVIIIe s. dans
peindre à l'huile (1752),
peinture à l'huile (1768), puis
une huile (fin
XIXe s.) pour « un tableau peint à l'huile ».
■
Huile, qualifié, désigne le produit obtenu à partir d'une huile fine et de substances végétales ou animales : huile aromatique, huile camphrée, huile solaire, etc. Huile minérale désigne un liquide gras naturel dénommé selon son origine, sa qualité, etc. : huiles lourdes (1857), huiles de pétrole, huile de schiste, etc.
◆
De l'emploi technique récent de certaines huiles pour la lubrification des mécanismes et des moteurs viennent mettre de l'huile dans les rouages « apaiser les dissensions » et (mil. XXe s.) baigner dans l'huile « fonctionner parfaitement, aller bien », souvent elliptiquement baigner*. D'après l'anglais oil, on parle au Québec d'huile de chauffage pour fioul (emploi critiqué).
Huile s'emploie familièrement de nos jours pour « personne importante, influente » et, en particulier, pour « officier supérieur », en argot militaire. Cet emploi vient de la locution, aujourd'hui disparue, nager dans (parmi) les huiles (« fréquenter des personnes influentes », 1887), d'origine obscure, mais qu'on peut rapprocher d'un sens argotique ancien du mot huile (1725) pour « argent ».
❏
Le dérivé
HUILER v. tr. apparaît avec le sens général de « frotter, oindre avec de l'huile » (
XIVe s.,
huyler les plaies ; 1488,
se frotter d'huile).
Huiler « assaisonner avec de l'huile comestible » (1546) s'utilise surtout de nos jours au participe passé. Dans un emploi technique (agriculture), le verbe signifie « laisser suinter un liquide gras », dans
plante qui huile (1771,
intr.).
■
Le dérivé HUILAGE n. m. (1838) et le préfixé DÉSHUILER v. tr. « enlever de l'huile » (1838) sont des termes techniques, comme les dérivés du verbe préfixé, DÉSHUILEUR n. m. (XXe s.) et DÉSHUILAGE n. m. (v. 1960).
◈
De
huile dérivent aussi quelques mots plus courants.
■
1 HUILIER n. m. « fabricant d'huile » (1260) puis « ustensile contenant deux burettes pour l'huile et le vinaigre » (1693).
■
HUILEUX, EUSE adj., « qui a la consistance, l'aspect de l'huile » (1538 ; 1474 selon Bloch et Wartburg), est usuel.
◆
De là HUILEUSEMENT adv. (1905) peu usité.
■
HUILERIE n. f. (1547), « lieu où l'on fabrique l'huile », aujourd'hui appliquée à une usine.
■
Enfin 2 HUILIER, IÈRE adj. (1867 ; poisson huilier « qui fournit de l'huile ») a été repris pour « relatif à la fabrication de l'huile ».
L +
HUIS n. m. est issu d'abord sous la forme us (1050) du bas latin ustium, altération du latin classique ostium « entrée, ouverture », d'où « porte ». Ce mot dérive de os, oris « bouche » et « entrée, orifice », remplacé dans les langues romanes par bucca (→ bouche) ; le thème os- se retrouve dans plusieurs langues indoeuropéennes (sanskrit ās(i)yam, vieil islandais óss « embouchure », irlandais á « bouche »). Le h a été introduit (1549) pour éviter la lecture vis, u notant aussi v.
❏
Le mot, apparu avec le sens de « porte », était devenu archaïque ou littéraire dès le XVIIe s. ; il est concurrencé par porte* dès l'ancien français — comme le latin ostium avait peu à peu éliminé ianus.
◆
Huis est encore employé dans la locution à huis clos « à portes fermées » (1549) et, au figuré, « en petit comité » ; huis clos est un terme juridique comme nom masculin (1835), opposé à publicité (Cf. demander le huis clos) ; à huis ouvert (1549) ne s'est pas maintenu.
❏
HUISSERIE n. f., sous la forme
uisserie en judéo-français (av. 1105) « chambranle de porte » puis
oiseries (v. 1160), est attesté sous la forme moderne d'après
huis en 1260. Le sens de « porte », encore employé au
XIXe s., est sorti d'usage.
◈
HUISSIER n. m., dérivé de
us (
ussier, v. 1140) devenu
huis, peut être rapproché du latin classique
ostarius « portier, concierge », en latin ecclésiastique « portier » (le dernier des ordres mineurs), et désigne en latin médiéval un officier de ménage, un dignitaire aulique.
◆
Le mot, qui est usuel en français moderne, à la différence de
huis, apparaît au sens de « gardien d'une porte » ; il désigne un navire de transport muni d'une grande porte à la poupe (1188), puis un fabricant de portes (v. 1260) ; tous ces emplois sont archaïques. Du premier sens vient l'acception d'« officier dont la charge était d'ouvrir et de fermer une porte ».
◆
Le mot désigne celui qui annonce et introduit les visiteurs (dans un ministère, par exemple). Par extension (
XIVe s.),
huissier se dit de celui qui est préposé au service de certaines assemblées (1320,
huissier de parlement) et spécialement (1538) d'un officier ministériel chargé de signifier les actes de procédure.
L
HUIT adj. et n. m. inv. représente sous la forme oit (v. 1130) puis uit, l'aboutissement de l'évolution phonétique du latin classique octo ; le h a été ajouté au XVIIe s. pour éviter la prononciation [vit].
❏
Huit, adjectif numéral cardinal, s'emploie par extension dans la locution
huit jours « une semaine » d'où
donner ses huit jours à qqn « le renvoyer et lui donner la rémunération d'une semaine de travail en dédommagement » et, pour un employé, « quitter son emploi » (en s'engageant à travailler encore une semaine ;
Cf. rendre son tablier) ; la locution fait référence à un état archaïque du droit du travail.
◆
Huit est aussi adjectif numéral ordinal invariable (ex :
page huit).
■
Nom masculin invariable, un, le huit désigne, en particulier, la carte à jouer marquée de huit points (1690) (le huit de pique) ; il se dit également (XIXe s.) du chiffre qui représente le nombre 8.
◆
Comme terme de sports, il s'emploie (1895) en patinage à propos d'une figure de base en forme de huit. Avec un autre sémantisme, il s'applique (1906) à une embarcation de huit rameurs en pointe et un barreur (une course à huit).
❏
HUITIÈME adj. et n. a remplacé (v. 1170,
huistieme) les formes
uitme, oisme, oitme (depuis 1130) formées d'après
setme, sesme (de
septimus ; → septième).
Huitième s'emploie dans la locution
la huitième merveille du monde, « chose qui paraît pouvoir s'ajouter aux sept merveilles traditionnelles ».
◆
Huitième s'emploie aussi comme nom (
XIIe s.) :
être le / la huitième ; il se dit également d'une fraction d'un tout divisé également en huit, comme adjectif et nom masculin :
un huitième « la huitième partie » (v. 1283). Dans cet emploi, un sens spécialisé (1932) en sports est
huitième de finale. Le dérivé
HUITIÈMEMENT adv. est attesté (1480 ; av.
XVe s.,
huytiesmement).
◈
HUITAIN n. m. s'emploie du
XIIe (v. 1160,
uitain) au
XIVe s., au sens de « huitième » ; le mot, d'emploi didactique, désigne ensuite un poème, ou une strophe, de huit vers (fin
XVe s.,
vers huytains, J. Molinet).
■
HUITAINE n. f., réfection (1437) de la forme huitiene (1260), signifie « ensemble de huit choses » (Cf. octave) ; en emploi absolu, une huitaine signifie « huit jours » et, par extension « semaine ».
◈
HUITANTE adj. et n. est issu (v. 1140,
oitante) du latin
octoginta, « huitième dizaine », correspondant à la quatrième vingtaine de
quatre-vingts. En ce sens, le mot ne s'utilise aujourd'hui qu'en Suisse (terme officiel dans le canton de Vaud ;
Cf. octante) ; il n'est plus employé en Belgique, où il était en usage jusqu'au
XIXe s. (par emprunt au wallon
ûtante, de
ût « huit »). En France,
quatre-vingts, malgré l'abandon du type de numérotation vicésimale (par 20), s'est maintenu.
◈
Sur
huit ont été formés plusieurs composés.
HUIT-RESSORTS n. m. inv. (1866, de
ressort) s'est dit d'une voiture à chevaux de luxe, suspendue sur huit ressorts.
■
HUIT-REFLETS n. m. inv. (1907, de reflet) désigne un chapeau de soie haut de forme, sur le fond duquel on distingue huit reflets.
■
Du format en huit millimètres au cinéma, vient SUPER-HUIT adj. et n. m. (attesté 1965), qualifiant et désignant un format de cinéma d'amateur intermédiaire entre le huit et le seize millimètres.
❏ voir
SIX (SIX-HUIT), TROIS (TROIS-HUIT).
L
HUÎTRE n. f. représente, sous les formes oistre, uistre (v. 1270) l'aboutissement de l'évolution phonétique du latin classique ostrea, du grec ostreon (→ ostréo-), apparenté au nom de l'os, ostoun, ces mots désignant des objets durs. La forme oistre est en usage jusqu'au début du XVIIe s. ; le h initial a été ajouté pour éviter la lecture vitre, le u et le v se confondant (XVe s., huistre).
❏
Tout en gardant le même sens, le mot a subi deux évolutions quant à ses applications. D'une part, l'ostrea edulis, espèce que désignait le mot latin, puis français (aussi nommée gravette), dépérit en France entre 1750 et 1850. C'est au milieu du XIXe s. que l'élevage apparaît, alors même qu'un autre mollusque, importé par hasard des Indes au Portugal (XVe s.), se fixa, aussi par accident, dans la Gironde et les Charentes (1868). Engraissées et affinées en bassins (appelées claires), ces huîtres portugaises ou huîtres creuses se sont développées aux dépens des anciennes espèces, dès lors nommées huîtres plates (celles de Belon sont célèbres), avant d'être elles-mêmes menacées par un virus et remplacées par une nouvelle espèce importée du Japon, la « giga » (1971). Dès lors le mot désigne plusieurs espèces, l'ostrea initiale étant minoritaire. — Par ailleurs, l'huître, mangée crue à Rome et en Gaule, fut longtemps l'objet de préparations culinaires élaborées : civé d'oittres (Ménagier, v. 1393), pastez d'huistres (1604), ragoût, beignets d'huistres et huistres rosties (1664). Au XVIIIe s., on mange l'huître soit crue, soit au gril (huîtres saucées, 1774). C'est au XIXe s. que l'huître crue l'emporte en France, alors que les anciennes recettes, passées par la Louisiane, sont pratiquées aux États-Unis ; cependant, les sauces d'huîtres à la mode chinoise et les huîtres chaudes se sont récemment imposées en France, à côté des huîtres crues, largement majoritaires et consommées par douzaines.
◆
Huître s'emploie, par référence au comportement du mollusque, dans plusieurs locutions : bâiller comme une huître « en ouvrant largement la bouche », se fermer comme une huître « se replier sur soi », être plein comme une huître « être ivre ».
◆
Il s'est employé pour « personne sotte » (1660).
❏
Le dérivé
1 HUÎTRIER n. m. est d'un emploi rare (1718,
huistrier) pour
ostréiculteur ; le mot désigne aussi (1781) un oiseau échassier qui se nourrit surtout d'huîtres ; on dit aussi
huîtrier pie.
■
2 HUÎTRIER, IÈRE adj. « relatif aux huîtres, à leur élevage, etc. » est attesté en 1801.
■
HUÎTRIÈRE n. f. signifie « banc d'huîtres » (1546, huistriere) et « établissement où se fait l'élevage des huîtres » (1867).
HULOTTE n. f., attesté au XVIe s. (1530), est dérivé du verbe (ancien et moyen français) uller puis huller, huler « pousser des cris stridents » (v. 1165), issu du latin impérial de même sens ululare (→ hululer) ; le latin impérial ulula avait déjà le sens de « chouette, effraie ».
❏
Hulotte désigne un oiseau rapace nocturne appelée aussi huette (de huer → hue !).
HULULER v. intr. est un emprunt (XVe s.) au latin impérial ululare « hurler » d'origine onomatopéique (→ hurler).
❏
Le verbe, écrit aussi ululer, s'emploie pour « crier », en parlant des oiseaux de nuit.
❏
Il a pour dérivé HULULEMENT (aussi ululement) n. m. (1541).
HUM, onomatopée attestée par écrit au début du XVIe s., imite le bruit produit en s'éclaircissant la gorge, souvent émis pour attirer discrètement l'attention. Comme interjection, hum, souvent répété, exprime le doute, la réticence.
HUMAGNE n. m. (1313, Humagny) semble issu d'un latin supposé hylomanea (vitis), « vigne qui pousse en bas », du grec hulê (→ hylo-). C'est le nom d'un cépage du Valais, et du vin rouge produit avec ce cépage.
+
HUMAIN, AINE adj. et n. m. est un emprunt (v. 1160) au latin humanus « propre à l'homme » d'où « cultivé, policé », « bienveillant » et « qui peut arriver à un homme mortel », d'origine obscure : humanus correspond à homo, inis très précisément pour le sens et l'usage, mais est indépendant quant à l'étymologie (comme publicus par rapport à populus, rappellent Ernout et Meillet). Cependant, au niveau plus ancien où homo serait lié à humus, par l'idée de « terrestre », un rapport formel entre homo et humanus est plus que vraisemblable.
❏
Humain reprend (v. 1160) le sens « propre à l'homme » (comme dans :
respect humain) ; par extension, il s'applique (v. 1165) à ce qui possède les caractéristiques de l'homme
(un être humain) ; de là l'emploi analogique dans
voix humaine pour nommer un jeu d'orgues qui imite les voix humaines (1680) et la locution
n'avoir plus figure humaine « être laid, difforme » (1718). Depuis le
XIIe s., l'adjectif se dit (v. 1175) pour « composé d'hommes » :
la race puis
l'espèce humaine.
◆
Le sens de « bienveillant », réemprunté au latin, est attesté vers 1200, d'où ensuite l'emploi, aujourd'hui archaïque, en parlant d'une femme « accessible » (1558 ;
XIIe s., en ancien provençal) par opposition à
prude, inhumaine.
■
Humain s'emploie à partir du XIVe s. comme nom masculin au pluriel (1340, li humains) pour « les hommes » ; il est rare en ce sens au singulier (1630, l'humain « la nature humaine »).
■
Par spécialisation du premier sens, humain, adjectif, signifie « qui a l'homme pour objet » (1552, Rabelais, les lettres humaines « la littérature profane », par opposition aux Écritures) et a signifié « cultivé » (1636). C'est dans un autre sens qu'apparaît sciences humaines, opposées à divines, désignant un savoir humain et non pas inspiré ; le syntagme sera repris avec une autre valeur (→ science).
◆
Au début du XVIIe s., le nom masculin désigne ce qui appartient à l'homme (l'humain et le divin). Dans le vocabulaire religieux, l'adjectif s'applique à ce qui est conforme à la nature humaine, en tant qu'imparfaite (1671), d'où moyens humains « moyens pour parvenir au salut sans la grâce » (1690).
❏
HUMAINEMENT adv. signifie (v. 1180,
humeinement) « selon la nature de l'homme », d'où la locution
humainement parlant (
XVe s.), et surtout « avec bonté » (fin
XIIe s.,
humainement).
■
HUMANISER v. tr. dérivé savant de humain (1554) d'après le latin humanus, a d'abord le sens de « rendre humain », de nos jours d'emploi littéraire ; il se dit ensuite (1559) pour « mettre à la portée des hommes » (humaniser une doctrine) et, en théologie (1584), « donner la nature humaine », en parlant d'un sacrement. Au XVIIe s. (1657, Scarron), le verbe prend le sens de « rendre bienveillant, plus sociable » ; cette valeur, on l'a vu, correspond au latin humanus et à l'adjectif humain, comme à humanité (ci-dessous).
◆
Le dérivé HUMANISABLE adj. est attesté en 1834 ; HUMANISATION n. f. en 1845.
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Sur humaniser a été composé DÉSHUMANISER v. tr. (1647, repris déb. XXe s.), d'où dérivent DÉSHUMANISATION n. f. (1936, Martin du Gard ; 1870, selon Dauzat) et DÉSHUMANISANT, ANTE adj. (1944).
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À partir d'
humain ont été formés plusieurs adjectifs préfixés.
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SURHUMAIN, AINE signifie d'abord (1555, sur-humain) « qui apparaît au-dessus des forces et des aptitudes normales » (un effort surhumain), puis dans un emploi littéraire (1601) « qui relève ou semble relever d'un autre monde que le monde humain ». Il est (rarement) substantivé (le surhumain, 1926).
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En dérivent, liés au premier sens, SURHUMANITÉ n. f. (av. 1896 « société formée d'hommes supérieurs », Goncourt) formé d'après humanité, « état du surhomme » (1910) et SURHUMAINEMENT adv. (1900, après un exemple isolé v. 1615), tous deux d'usage littéraire.
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SUPRAHUMAIN, AINE adj. (1907, Paulhan) est une variante littéraire de surhumain, avec une valeur sémantique distincte.
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ANTIHUMAIN, AINE (1795 ; de
anti-) se dit pour « contraire à la nature de l'homme », « hostile à l'homme ».
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ANTÉHUMAIN, AINE, terme didactique (1864, de anté-), signifie « qui a précédé l'apparition de l'Homo sapiens ».
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A-HUMAIN, AINE (v. 1920), « qui n'a rien d'humain », est utilisé, dans un emploi littéraire, pour éviter inhumain, qui a aussi le sens de « cruel ».
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SOUS-HUMAIN, AINE (mil. XXe s.), terme didactique, signifie « qui est incompatible avec la nature de l'homme », alors que SUBHUMAIN, AINE adj. (mil. XXe s.) suppose un état de l'évolution des Hominiens antérieur à l'Homo sapiens.
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PRÉHUMAIN, AINE adj. (attesté 1904) semble influencé par l'anglais prehuman (1863) pour qualifier ce qui est antérieur à l'apparition d'Homo sapiens et le prépare. L'adjectif peut correspondre au nom préhominiens, mais sa substantivation, les préhumains, a une valeur plus large.
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L'adjectif le plus ancien où l'on retrouve
humain n'est pas formé en français.
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INHUMAIN, AINE adj. (1373) est un emprunt au latin inhumanus pour « qui manque d'humanité », devenu archaïque. Au XVIe s., le mot s'emploie au sens de « qui semble ne pas appartenir à la nature humaine » (1546, cris inhumains) d'où par extension « très pénible » (un travail inhumain).
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Il se dit aussi d'une femme qui ne répond pas à l'amour qu'on lui porte (1555, Ronsard, n. ; XVIIe s., adj.), d'abord opposé à humaine, disparu plus vite en ce sens ; le mot s'emploie maintenant par plaisanterie ; d'où (1867) cette femme n'est pas inhumaine « elle accorde facilement ses faveurs ».
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INHUMAINEMENT adv., d'emploi littéraire, est attesté au milieu du XIVe siècle.
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HUMANITÉ n. f., attesté avant
humain (v. 1119,
humanitet), est emprunté au latin classique
humanitas « ensemble des caractères qui définissent la nature humaine », « sentiment de bienveillance » et « culture » (ce qui est propre à l'homme), dérivé de
humanus.
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C'est le premier sens du latin qui est d'abord repris, aujourd'hui en usage en philosophie et en anthropologie, puis le second, « bienveillance » (v. 1170,
humanited) : de là, à la fin du
XVIIe s. dans un contexte religieux, l'acception de « faiblesse humaine ».
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Le mot a désigné les parties sexuelles du
XIIIe (1244) jusqu'au
XVIe s. ; Rabelais emploie
petite humanité pour « pénis » (1564).
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Une autre acception concernait une autre caractéristique de l'homme, les biens du monde terrestre (v. 1270).
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Par extension du premier sens, le mot, resuffixé en
humanité, se dit (v. 1450) pour « ensemble des hommes » ; ce sens, courant de nos jours, est rarement attesté avant le
XVIIe s., époque où
humanité prend d'autres valeurs influencées par celles d'un mot de la Renaissance,
humaniste (voir ci-dessous).
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Humanité s'emploie dans ce contexte, au singulier (1615, Pasquier), puis au pluriel, pour « langue et littérature grecques et latines » et pour leur étude (1671,
faire ses humanités ; Cf. déb. XVIe s., le latin moderne studia humanitas). Le mot s'emploie par extension au sens d'« études secondaires », vivant en français de Belgique, du Zaïre.
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SOUS-HUMANITÉ n. f. (1938) correspond à sous-humain (ci-dessus) et à sous-homme (→ homme).
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Le dérivé HUMANITAIRE adj. « qui vise au bien de l'humanité », propre à la période romantique, est relevé en 1835 (Lamartine) ; le mot a été employé péjorativement, surtout dans la seconde moitié du XIXe s. d'où le dérivé HUMANITAIRERIE n. f. (1836, Musset), aujourd'hui sorti d'usage.
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Par suite, l'adjectif humanitaire a pris un sens plus précis, à propos des activités d'intervention dans un conflit ou une situation d'urgence, entreprises pour assister les populations, sauver des vies humaines. Les associations et organisations humanitaires sont souvent non gouvernementales (ONG) ; les interventions peuvent relever du « droit d'ingérence ». Humanitaire peut aussi qualifier des réalités concrètes liées à ces activités (convoi, couloir humanitaire). Le mot s'emploie aussi comme nom, à propos du personnel employé aux activités humanitaires et de l'action, de l'aide humanitaire (l'humanitaire n. m.).
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De humanitaire dérivent aussi (1837, Balzac) les termes didactiques, souvent péjoratifs, HUMANITARISME n. m. et HUMANITARISTE adj. et n., en concurrence au XIXe s. avec philanthropisme et philanthrope.
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INHUMANITÉ n. f. est un emprunt au latin classique
inhumanitas, de
humanitas. Le mot est d'emploi littéraire au sens de « caractère d'une personne ou d'une chose inhumaine » (1312) ; il est archaïque au sens d'« acte inhumain » (1376), didactique pour « caractère non humain ». Il signifiait « impolitesse » (1530) jusqu'au début du
XVIIIe siècle.
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HUMANISTE n. et adj. est un emprunt de la Renaissance (1539) au latin moderne
humanista (attesté en 1490), dérivé de
humanus.
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Le mot désigne d'abord un lettré qui a une connaissance approfondie de la langue et de la littérature antiques, grecques et latines, domaines dont l'étude est appelée studia humanitas et, plus tard en français, humanités (voir ci-dessus). Humaniste, pris spécialement, devient (1677, n.) le nom donné aux lettrés des XVe et XVIe s. et a désigné celui qui enseignait les humanités (1740).
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Au XIXe s., humaniste, appuyé par humanisme, devient adjectif (1848), puis est utilisé en philosophie au sens de « penseur qui prend l'homme comme valeur suprême » (1873).
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Il a un préfixé antonyme ANTIHUMANISTE adj. (1936).
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HUMANISME n. m. est attesté isolément en 1765, au sens de « philanthropie » ; il est alors en relation avec humain et humanité au sens latin de « bienveillant, bienveillance ».
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Puis le mot, dérivé de humaniste, est repris vers 1840 (1846, chez Proudhon), probablement sous l'influence de l'allemand Humanismus « humanisme » (dérivé de l'adjectif human « humain »). Le mot désigne la doctrine qui prend pour fin la personne humaine puis (1877) le mouvement représenté par les humanistes de la Renaissance. Le sens général (L'Existentialisme est un humanisme, titre de Sartre) et la valeur spéciale, historique, coexistent aujourd'hui.
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C'est cette dernière valeur, liée à humaniste, qui se réalise dans HUMANISTIQUE adj. (1924, écriture humanistique), terme didactique qui s'applique à l'écriture utilisée par les humanistes de la Renaissance italienne pour transcrire des œuvres de l'Antiquité.
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Humanisme a pour contraire le préfixé ANTIHUMANISME n. (1936).
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En français d'Afrique, humaniste et humanisme s'emploient pour la qualité de respect de la personne, de compassion appelée humanité en français d'Europe.
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HUMANOÏDE adj. et n. est un dérivé savant (1851) du latin classique
humanus, avec le suffixe
-oïde. L'adjectif, d'emploi didactique, s'applique à ce qui rappelle l'homme, d'un point de vue zoologique ; le nom est d'usage plus courant et désigne un être voisin de l'homme, le plus souvent en parlant d'êtres imaginaires, dans un contexte de fiction scientifique
(Cf. extra-terrestre). Dans ces deux emplois, le mot a pu transiter par l'anglais :
humanoid est employé par F. G. Ritchie (1918) et comme nom en 1925 (J. A. Thomson) en anthropologie ; l'emploi en science-fiction semble américain (Nabokov, 1952).
HUMBLE adj. est la modification (v. 1120) des formes humele (1080), humle (v. 1120), emprunt au latin classique humilis « bas, près de la terre », d'où au figuré « modeste, faible » et, surtout en latin chrétien, « conscient de sa faiblesse » ; humilis dérive de humus « terre » (→ humus).
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Humble reprend (1080) le sens de « qui s'abaisse par humilité » (à propos de personnes), d'où en parlant de choses (1636) « qui marque de l'humilité », dans un contexte chrétien et éthique. Par extension, l'adjectif s'applique (1564) à une personne qui est d'une condition sociale inférieure ou à une chose qui en est la caractéristique ; il s'emploie en ce sens comme nom, le plus souvent au pluriel (1564 ; les humbles).
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Dans un emploi aujourd'hui littéraire, humble, adjectif, prend au XVIe s. (1576) le sens de « sans éclat », « médiocre ».
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HUMBLEMENT adv., réfection (v. 1175) de
humelement (
XIIe s.), signifie « avec humilité » et s'est aussi employé pour « dans l'humilité » (1611).
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HUMILITÉ n. f. est emprunté (
XIIe ; 2
de moitié
Xe s.,
humilitiet) au dérivé latin classique
humilitas « faible élévation, petite taille » et au figuré, « état modeste, bassesse », puis en latin chrétien « modestie, abaissement devant Dieu ».
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C'est ce dernier sens qui apparaît d'abord en français ; le mot s'est employé (v. 1120) pour « humiliation », encore au XVe s., dans faire humilité à qqn « se soumettre » (1440-1475).
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Puis (1606), le mot signifie « état d'infériorité de la nature humaine (“bassesse”) ou d'une condition sociale », « obscurité » et par extension du premier sens « grande déférence », d'où les emplois péjoratifs pour « servilité » et dans l'expression en toute humilité « le plus humblement possible » ; humilité au sens de « platitude » (s'abaisser à des humilités) est archaïque.
❏ voir
HUMILIER.