HUMECTER v. tr. est un emprunt savant (1503 ; 1505, humetter) au latin classique humectare « mouiller », dérivé du radical de humectus, lui-même du verbe humere (→ humide).
❏
Le mot français conserve le sens du latin, également employé au pronominal (1636) ; par extension, s'humecter le gosier se dit pour « boire » (1845 ; 1718, s'humecter le pectoral).
❏
HUMECTANT, ANTE adj. s'est dit en médecine (v. 1560) de ce qui rend le sang plus fluide, et donc humecte les organes.
■
HUMECTAGE n. m. « action d'humecter » (1873) a remplacé HUMECTATION n. f., emprunté (v. 1314) au bas latin humectatio, du supin de humectare.
■
Le dérivé HUMECTEUR n. m. (1842) est un terme technique.
HUMER v. tr., apparu (av. 1105) en judéo-français, puis réattesté vers 1150, est probablement issu d'un radical onomatopéique hum-, exprimant l'aspiration ; P. Guiraud propose de rapprocher le verbe du latin classique humere (→ humide).
❏
Humer signifie d'abord « boire en aspirant », en emploi littéraire aujourd'hui ; mais le verbe s'est employé pour « boire en ivrogne » à l'époque classique (1611). Il se dit ensuite, en parlant d'un animal (1366), pour « flairer » et a signifié « aspirer la fumée du tabac » (1575).
◆
Le sens moderne d'« aspirer par le nez pour sentir » est attesté depuis 1611 ; puis humer prend le sens figuré d'« aspirer avec délices » (1644, Scarron).
❏
Du verbe dérivent HUMAGE n. m., d'abord « boisson » (XVe s.), aujourd'hui terme de médecine (1530), et HUMANT, ANTE adj. (1936), d'usage rare.
HUMÉRUS n. m. est un emprunt savant (1579, chez A. Paré) au latin humerus « épaule », généralement de l'homme (par opposition à armus), « partie supérieure du bras » et par métaphore « milieu » (d'un objet), « dos, flanc » (d'une montagne) à l'époque impériale ; on trouve au XIVe s., dans un texte italianisant, la forme humre pour désigner l'épaule d'un chien et la partie supérieure de l'aile d'un oiseau.
❏
Humérus, terme d'anatomie (d'abord écrit sans accent — graphie latine), se dit de l'os long qui constitue le squelette du bras, de l'épaule au coude.
❏
HUMÉRAL, ALE, AUX adj. est un dérivé savant (1541) du latin humerus. Terme d'anatomie signifiant « relatif à l'humérus » ; l'adjectif fait aussi partie du vocabulaire de la liturgie catholique : voile huméral désigne la bande d'étoffe couvrant les épaules du prêtre.
HUMEUR n. f. est emprunté (1119) au latin classique humor, humoris « humidité » (concret et abstrait), « élément liquide », « liquide, en général », « humeur » (du corps humain), dérivé de humere « être humide » (→ humide).
❏
Humeur a d'abord désigné l'eau (1119) comme élément nécessaire à la vie, symbolisant l'amour, puis a été employé pour « humidité » (apr. 1150) jusqu'au
XVIIIe siècle.
◆
Le mot s'est dit ensuite (v. 1175, B. Latini) au sens de « liquide organique du corps humain », le plus souvent au pluriel dans l'ancienne médecine ; le dosage des « quatre humeurs » (v. 1265) bile, atrabile, flegme et sang, était supposé déterminer le tempérament (
humeur atrabilaire, humeur noire, 1631). Le sens étendu de « sève » (
XIIIe s.) a disparu mais au sens de « liquide organique » (1314) le mot conserve aujourd'hui quelques emplois, comme
humeur aqueuse (1680),
humeur vitrée de l'œil (ou
corps vitré). L'hésitation entre masculin et féminin ne disparaît qu'au
XVIIe siècle.
■
Humeur, par extension, prend le sens, toujours en usage dans un emploi littéraire, d'« ensemble des tendances dominantes qui forment le caractère » (XVe s.), au pluriel les humeurs (1555, Ronsard, in T. L. F.) ; de là vient le sens, dans un usage aujourd'hui littéraire, d'« ensemble de tendances spontanées » (opposé à raison, volonté), usité dans un homme d'humeur « capricieux », devenu archaïque, et dans une critique d'humeur « écrite selon l'humeur du moment » qui s'emploie toujours.
◆
De l'idée de « spontanéité », on passe (XVIe s.) à celle de « fantaisie » (des humeurs imprévisibles).
◆
Humeur désigne aussi à partir du XVIe s. une disposition momentanée, qui ne constitue pas un trait de caractère (1578) ; en viennent plusieurs locutions : humeur de (suivi d'un nom ou de l'infinitif) « disposition à », vieilli ; être d'humeur à (1643), en humeur de (suivi d'un infinitif) « disposé à » ; mauvaise humeur (déb. XVIIe s., Malherbe) et de même sens, méchante humeur, humeur de chien, etc. ; bonne humeur (déb. XVIIe s.), belle humeur (1636), archaïque sauf dans (être) en belle humeur.
◆
Employé seul, humeur signifie (1643) « disposition à la plaisanterie » et (fin XVIIe s. ; au pluriel, 1583) « mauvaise humeur », d'où la locution prendre de l'humeur « se fâcher » (1788) ; les deux emplois antinomiques n'ont pas coexisté et seul le second est resté, le premier étant éliminé par humour (→ humour).
❏
HUMORAL, ALE, AUX adj. est un emprunt (v. 1370) au latin médiéval
humoralis, de
humor ; terme de médecine ancienne, le mot signifiait « relatif aux humeurs du corps ».
■
À partir du latin humor a été formé 2 HUMORISME n. m. (1825) pour désigner la théorie ancienne des quatre humeurs.
❏ voir
HUMORISTE, HUMOUR.
HUMIDE adj. est un emprunt au latin classique humidus « humide, mouillé », dérivé de humere « être humide », d'origine peu claire (→ humeur, humecter). La forme première est humiz au masculin (XIVe s.) et c'est la forme du féminin qui l'emporte pour les deux genres (1495).
❏
Humide s'est introduit en français avec un sens aujourd'hui archaïque, « qui tient de la nature de l'eau » (l'humide élément, « l'eau »). Il prend au XVIe s. (1528) le sens moderne, « chargé, sans en être pénétré, de liquide » (Cf. mouillé, trempé, de sens plus fort). Dans ce sens, l'adjectif est substantivé (l'humide et le sec) au XVIe siècle. Le mot entre dans la locution la paille humide des cachots « la prison ».
❏
HUMIDIFIER v. tr., terme aujourd'hui technique, signifie (1649, Scarron) « rendre (plus) humide » ; il correspond au bas latin
humificare, de
humere.
◆
En dérivent les termes techniques
HUMIDIFICATION n. f. (1875) et
HUMIDIFICATEUR, TRICE adj. et n. m. (1895) « appareil qui augmente le degré hygrométrique d'un milieu ».
◈
Le composé
HUMIDIFUGE adj. (1829 ; de
-fuge) est didactique.
◈
HUMIDITÉ n. f. est emprunté (2
e moitié
XIVe s.) au dérivé bas latin
humiditas ; il a suivi l'évolution de l'adjectif, de « nature aqueuse » à « caractère de ce qui est imprégné légèrement de liquide ».
HUMILIER v. tr. représente un emprunt (v. 1120) au latin ecclésiastique humiliare « abaisser, rendre humble », dérivé du latin classique humilis (→ humble).
❏
Au XIIe s., le verbe a le sens d'« abaisser (la tête, le front) avec soumission », aujourd'hui disparu, et celui de « rendre humble », employé dans le vocabulaire religieux ; humilier a aussi à partir du XIIe s. le sens d'« abaisser (qqn) d'une manière avilissante ou outrageante » dans un contexte profane, également au pronominal. Le verbe prend ensuite le sens plus faible de « couvrir de honte, de confusion ».
❏
Le verbe a fourni les dérivés :
HUMILIANT, ANTE adj., d'abord « humble » (
XIIe s.,
humeliant) « courtois, charitable », s'applique à ce qui cause de l'humiliation (1668).
■
HUMILIATEUR, TRICE adj. et n. (1904, Claudel) est rare et d'emploi littéraire.
◈
HUMILIATION n. f. est emprunté au latin chrétien
humiliatio « action d'abaisser » et au figuré « action d'humilier », par mortification, dérivé de
humiliare.
■
C'est d'abord un mot du vocabulaire religieux (av. 1449) désignant le fait de s'humilier devant Dieu. Il prend ensuite le sens, hors d'un contexte religieux (1495), d'« action d'humilier ou de s'humilier », d'où ensuite (XVIIe s.) « sentiment d'une personne humiliée » et « ce qui blesse l'amour-propre » (1683, Bossuet).
❏ voir
HUMBLE.
HUMORISTE n. et adj. est apparu à diverses périodes, avec des origines différentes. Il est d'abord emprunté (1578) à l'italien umorista « capricieux, fantasque », dérivé de umor, équivalent à humeur et de même origine.
❏
Comme nom, il signifie alors « personne de caractère difficile, d'humeur fâcheuse », sens disparu aujourd'hui, comme celui de « commentateur malveillant » (1785, Beaumarchais).
■
Au XVIIIe s. (1752), un nouvel emprunt au latin savant humorista, formé par le médecin flamand Van Helmont à partir du latin humor (→ humeur), désigne un médecin partisan de la théorie des humeurs ou humorisme : dans cet emploi, c'est aujourd'hui un terme d'histoire de la médecine.
■
Le dernier emploi, qui a supplanté les autres, est attesté en 1793 comme adjectif ; humoriste est alors une francisation de l'anglais humorist ou humourist (attesté en français en 1788 ; → humour), emprunté lui-même au français humoriste (dans son premier sens) ou à l'italien umorista et qui a pris la valeur de « personne facétieuse, enjouée » en 1599. Le français humoriste, substantivé (1831), est rattaché à humour*, mais semble plus détaché de son origine britannique. Son emploi récent pour « comédien qui fait des spectacles comiques » et « chroniqueur politique qui cherche à faire rire » n'a plus beaucoup de rapport avec la notion originelle d'humour.
❏
HUMORISTIQUE adj. est emprunté (1801 ; 1869,
humouristique, Sainte-Beuve) à l'anglais
humoristic (fin
XVIIIe s.), dérivé de
humorist, et signifie « relatif à l'humour », « empreint d'humour » et plus généralement « drôle » (
XXe s.). Balzac l'emploie (1847) au sens de « relatif aux humeurs », qui n'a pas survécu. C'est alors un dérivé savant du latin
humor ou de
humoriste.
◆
Le dérivé
HUMORISTIQUEMENT adv. « avec humour » (1874) est d'emploi rare.
■
1 HUMORISME n. m. (1818) est sorti d'usage.
HUMOUR n. m., attesté isolément en 1725 (houmour) puis repris en 1745, est un emprunt à l'anglais humour, lui-même de l'ancien français humeur et ayant eu la même évolution (→ humeur). L'anglais a repris au français le sens de « disposition à la gaieté » (XVIIe s.) ; le français humeur ne conservant que celui de « disposition à l'irritation ». En anglais, le sens du mot a évolué pour désigner dans le courant du XVIIIe s. la faculté de présenter la réalité de manière à en montrer les aspects plaisants, insolites ou parfois absurdes, avec une attitude empreinte de détachement.
❏
En français, humour a d'abord un sens proche d'« esprit » ; Littré définit encore le mot par « gaieté d'imagination, verve comique » ; le sens propre de l'anglais est utilisé à la fin du XIXe siècle. Si la notion est adoptée en France, l'humour est toujours considéré comme une spécialité anglaise (on emploie souvent le mot dans le syntagme humour anglais), alors que humoristique est relativement plus autonome.
❏ voir
HUMORISTE.
HUMUS n. m. est un emprunt savant (1765, Encyclopédie) au latin humus « terre, sol », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °ghyom « terre ».
❏
Le mot signifie « matière organique du sol, issue de la décomposition des végétaux ».
❏
En dérivent les termes didactiques
HUMIQUE adj. (1834), d'emploi rare, et
HUMINE n. f. (1866, suffixe
-ine).
■
Les composés HUMIFICATION n. f. (1922), HUMIFÈRE adj. (XXe s.) et HUMICOLE adj. (mil. XXe s.) sont aussi d'emploi didactique.
HUNE n. f. est un emprunt effectué en Normandie (v. 1180) à l'ancien scandinave hûnn, terme de marine désignant une plate-forme arrondie à l'avant, reposant sur les bas-mâts.
❏
Hune conserve ce sens en français.
❏
En dérive HUNIER n. m. (1557), « voile du mât de hune ».
L
HUPPE n. f. est issu (1121-1134) du bas latin uppa, lui-même du latin classique upupa « huppe » par syncope (Cf. ancien français hupupe), d'origine onomatopéique ; le h a une valeur expressive. Le u du bas latin aurait dû aboutir à ou, attesté dialectalement avec les formes heupe, houppette ; il s'est peut-être maintenu à cause d'un croisement avec l'ancien verbe huper, hupper « crier haut et loin », la huppe étant criarde. Huppe, par ailleurs, a été altéré en dupe (→ dupe).
❏
Le mot désigne d'abord un oiseau passereau portant une touffe de plumes. Au début du XIVe s., huppe prend le sens de « touffe de plumes que certains oiseaux (dont la huppe) ont sur la tête » ; le mot est peut-être antérieur en ce sens (Cf. huppé) qui provient probablement d'un croisement avec houppe (→ houppe).
◆
Par analogie, le mot s'emploie (1598) pour « touffe de cheveux hérissés » (Cf. houppe).
❏
HUPPÉ, ÉE adj., d'abord attesté sous la forme
dupé (1280, en anglo-normand) au sens de « portant une houppe », signifie (v. 1420) « de haute taille », sens sorti d'usage, et figurément (déb.
XVe s.) « de haut rang, haut placé », spécialement « riche ». À l'époque classique, le mot ne s'employait qu'au comparatif et au superlatif relatif
(les plus huppés ; il est des plus huppés) et dans le syntagme
haut huppé, maintenant disparu. À partir du
XVIe s.,
huppé s'est dit pour « qui porte une touffe de plumes » (1532).
■
HUPPART n. m. désigne un aigle d'Afrique de petite taille, portant une longue huppe.
?
HURE n. f., attesté isolément au XIIe s. (v. 1175), est d'origine inconnue, probablement germanique en raison de la répartition des formes dialectales (France du Nord). P. Guiraud suggère d'en faire un dérivé du latin urus « bœuf sauvage » (mot cité par César, probablement d'origine germanique), par l'intermédiaire de l'ancien verbe hurer « hérisser la crinière », prolongé par les verbes dialectaux hourer, se hurer « se ruer tête baissée ».
❏
Hure apparaît avec le sens de « bonnet de fourrure » et signifie (v. 1200) « tête hirsute » (d'un sanglier), puis en parlant d'un homme (XIIIe s.) « tête ébouriffée », sens aujourd'hui littéraire.
◆
Le mot désigne ensuite la tête coupée d'un sanglier ou d'un autre animal. Il se dit par extension du museau de certains poissons à tête allongée (1660), comme le brochet. Par métonymie (1866), il désigne une préparation de charcuterie faite avec des morceaux de hure (de sanglier ou de porc).
◆
Hure s'emploie aussi pour « tête » (Cf. gueule), mais cet usage, apparu au moyen âge (XIIIe s.), est resté rare.
❏
HURON, ONNE n. et adj. est attesté (1360) au sens de « qui a la tête hérissée », sens disparu, et qui correspond à l'ancien français
hurepé (1135).
Huron a été utilisé pour désigner un paysan insurgé dans une jacquerie (1360), puis une personne grossière (1380). À la fin du
XIVe s., le mot s'emploie à propos d'un soldat qui pose des mines pendant un siège (cette valeur précise est inexpliquée).
■
Huron est repris au XVIIe s. pour dénommer un « sauvage » d'Amérique du Nord (1625 au Canada ; attesté en français de France en 1671, Mme de Sévigné, hurone), à cause de la coiffure de plumes des Indiens. Ensuite huron désigne une langue de la famille de l'iroquois parlée par ce peuple (n. m. et adj.).
◈
Le verbe
AHURIR s'emploie aujourd'hui au figuré ; il est d'abord attesté au participe passé (v. 1270,
ahuri « qui a une tête hérissée ») puis au
XVe s. à l'infinitif au sens de « jeter (qqn) dans la stupéfaction », « le déconcerter » et, par extension, « rendre (qqn) stupide » (1596,
ahuri).
■
En dérivent AHURISSEMENT n. m. (1853) et AHURISSANT, ANTE adj. (fin XIXe s.).
HURLER v. est emprunté (v. 1385) au bas latin urulare « hurler » (personnes ou animaux), « appeler par des hurlements », issu par dissimilation du latin classique ululare (→ hululer), d'origine onomatopéique, qui a abouti en ancien français à ul(l)er, usler (v. 1175). Le h dans huler, huller, puis hurler est d'origine expressive.
❏
Hurler conserve le sens latin « pousser des cris prolongés » (en parlant d'un animal, d'une personne), d'où la locution figurée hurler avec les loups (v. 1385) « faire une action cruelle, s'acharner comme ceux avec qui on se trouve ». Le verbe a pris par extension le sens de « protester violemment », surtout dans la locution à hurler « qui incite à hurler d'indignation », valeur reprise par l'emploi récent, qui conserve l'idée de force, de hurler de rire « rire bruyamment ».
◆
Depuis le milieu du XVIe s., hurler s'emploie transitivement pour « dire en criant très fort » (comme beugler, brailler), puis au milieu du XVIIe s., le verbe en emploi intransitif signifie « parler, chanter, crier de toutes ses forces ».
◆
Par analogie, hurler s'emploie en parlant de choses (1672, intr. ; par ex. sirène qui hurle).
◆
Hurler se dit aussi pour parler de choses incompatibles qui produisent un effet violemment discordant (1778).
❏
HURLÉE n. f. (v. 1340,
urlee « tumulte, mêlée ») a disparu au bénéfice de
hurlement, comme
hulée « hurlement » (
XVIe s.).
■
HURLEMENT n. m. (v. 1175, uslement, de usler ; XIIIe s., ulement, de uler ; puis 1509, urlement) a suivi une évolution sémantique parallèle à celle du verbe, comme HURLANT, ANTE adj. (1553) devenu usuel au figuré.
■
HURLEUR, EUSE n. et adj. est attesté sous la forme hulleur (v. 1350) au sens disparu de « crieur public » ; il est repris (1606, hurleur) au sens de « personne qui hurle » ; il devient aussi adjectif (1766). En zoologie hurleur ou singe hurleur (Buffon) désigne l'alouate. Au XXe s., par analogie, le mot désigne un appareil de signalisation électrique muni d'un puissant haut-parleur.
■
HURLADE n. f. (1680), d'emploi rare et littéraire, se dit du fait de hurler, en parlant de personnes.
?
HURLUBERLU n. m. est attesté sous la forme hurluburlu en 1564, comme nom d'un saint imaginaire (Rabelais), puis comme interjection en 1581 (A. du Baïf, hurlu burlu) ; il est aussi relevé comme adverbe au sens de « brusquement » (1640, Oudin) et comme adjectif par Furetière (1690, hurlubrelu). Enfin la forme hurluberlu adverbe, adjectif et substantif, se trouve en 1718 dans le dictionnaire de l'Académie. Le mot est d'origine incertaine ; on y a vu un composé de °hurelu « ébouriffé », dérivé de hure ; hurel (1511) « homme aux cheveux hérissés » est isolé et ensuite interprété comme une forme lorraine de hiraut « héraut ». Berlu « qui a la berlue, excentrique » est dérivé de berlue, comme berluer « voir mal » (1549 ; → berlue). Le mot pourrait être aussi un croisement de l'ancien français hurepé « qui a la tête hérissée » (1135 ; → hure) et de « hurler ». On a enfin proposé un emprunt à l'anglais hurly-burly « confusion, tumulte » (attesté en 1539), altération de hurling and burling (v. 1530), de hurling « trouble » (de to hurl « lancer violemment ») et burling, réduplication expressive de hurling.
❏
Hurluberlu est de toute façon une formation expressive ; il désigne une personne extravagante, qui se comporte de façon bizarre, inconsidérée (Cf. écervelé, farfelu). On relève le mot au féminin vers 1770.
HUSSARD n. m., attesté sous cette forme en 1605, se trouve sous les graphies housard, houssari (1532), houssar (1624), housart (1660) ; le mot est emprunté, par l'intermédiaire de l'allemand Husar, Husser « cavalier de l'armée hongroise » (1re moitié XVIe s.), au hongrois huszar qui signifie « le vingtième » d'où « cavalier » (déb. XVIe s.), parce que le gouvernement hongrois ordonna la levée d'un homme sur vingt pour former une cavalerie légère, au moment de l'invasion turque en Hongrie, en 1458. Le mot est connu en France avec ce sens au moment de la guerre de Trente Ans ; les variantes avec l'alternance u et ou correspondent aux deux voies de l'emprunt (écrit pour u, oral pour ou).
❏
Hussard conserve le sens de l'étymon, puis se dit par extension (1721) pour « soldat de la cavalerie légère », dans diverses armées ; de cet emploi vient la locution sortie d'usage
hussards de la guillotine pour « gendarmes » (1841, Balzac).
◆
Le mot est utilisé au féminin dans la locution
à la hussarde signifiant « à la manière des hussards » ; cette locution vient de la formation en France (1691) d'un régiment de hussards :
couper les crins de chevaux à la hussarde (1718), puis
danse à la hussarde, pantalon à la hussarde (1798). La locution s'emploie au figuré (1815,
à la housarde) au sens de « brutalement, sans retenue ni délicatesse », notamment en parlant du comportement amoureux.
◆
Au début du
XXe s., on a appliqué l'expression figurée
les hussards noirs de la République, lancée par Péguy (1913), aux instituteurs de l'école laïque et publique.
■
Hussard est aussi employé comme terme technique, pour désigner un grain de malt dont la plumule dépasse le grain, par analogie avec le chapeau à plumes de certains hussards.
■
Le sens initial a été repris en littérature pour désigner un groupe de jeunes écrivains.
❏
Le dérivé
HUSSARDER v. intr., disparu de nos jours, est attesté en 1765 au sens de « se battre à la manière des hussards » ; il est repris par Huysmans d'après l'expression
à la hussarde, pour « agir avec hardiesse, violence dans les entreprises galantes » (1884).
■
HUSSARDE n. f. (1721) « danse hongroise », vient de danse à la hussarde.
HUTTE n. f. est un emprunt (XIIe s., hute) à l'ancien haut allemand hutta « cabane » à l'origine d'une famille de mots germaniques (anglais hut, par exemple) ; c'est probablement une désignation de constructions militaires provisoires. La racine hud-, hid est celle de l'anglais to hide « cacher » (ancien anglais hydan).
❏
Le mot a d'abord désigné un dispositif (une espèce de chaumière) permettant aux eaux fluviales de s'écouler dans les pâturages ; on en trouve la trace dans des toponymes.
◆
Le sens moderne d'« abri rudimentaire » (de bois, de branchages, etc., grossièrement assemblés et servant parfois d'habitation) n'est attesté qu'en 1358 ; le mot est peu utilisé en ancien français dans la langue littéraire, où ce genre de construction était désigné par feuillée (hutte couverte de branchages) ou loge.
❏
En dérivent HUTTER v. tr., sorti d'usage (1594 au participe passé ; 1635, se hutter « se loger », en parlant d'un fantassin), et les termes techniques HUTTIER n. m. « chasseur dissimulé dans une hutte » (1874) et HUTTEAU n. m. « petite hutte, abri démontable » (1877).
❏ voir
CAHUTE.
HYACINTHE n. f. est emprunté (1523, hiacinte) au latin hyacinthus, lui-même du grec huakinthos désignant la jacinthe (→ jacinthe et aussi 2 jargon, zircon) ainsi qu'une pierre précieuse et, tardivement, une étoffe de couleur bleue ou rougeâtre. Une légende fait naître la fleur du sang du jeune Laconien Huakinthos, aimé d'Apollon qui le tua involontairement avec son disque ; le personnage représente sans doute une divinité préhellénique évincée par Apollon.
❏
Hyacinthe a d'abord désigné une pierre précieuse, variété de zircon d'un jaune tirant sur le rouge. Le mot s'est employé ensuite (1559, Ronsard) pour désigner la fleur, emploi où jacinthe l'a emporté.
◆
C'est aussi à partir du XVIe s. (1564) qu'il désigne une étoffe couleur hyacinthe et par extension, dans un usage littéraire, une couleur jaune rougeâtre. Au sens de « bleu tirant sur le violet » (1840), hyacinthe ne se trouve que dans des traductions de la Bible (du latin chrétien hyacinthus « étoffe de couleur pourpre-violet »).
❏ voir
JACINTHE.
HYAL-, HYALO- est un élément tiré du grec hualos « matière transparente », désignant l'albâtre, le cristal ou le verre, et que l'on trouve dans quelques termes didactiques.
❏
HYALIN, INE adj. est attesté isolément au
XVe s. (1450-1452,
ialin « qui a l'aspect du verre ») ; il est repris au début du
XIXe s. en minéralogie (1801,
quartz ialin) au sens de « transparent » ; c'est un emprunt au bas latin
hyalinus « de verre », et « vert », du grec
hualinos, dérivé de
hualos.
◈
HYALOÏDE adj. est emprunté (1541) au bas latin
hyaloides « qui ressemble à du verre », grec
hualoeidês, composé de
hualos et de
eidos « forme ». Le mot, au sens de « qui a la transparence du verre » (1541) est attesté isolément ; il est repris au
XVIIIe s. en anatomie pour qualifier l'humeur vitrée de l'œil (1765) ; il s'emploie ensuite dans
membrane hyaloïde ou
hyaloïde, nom féminin (1805, Cuvier), déjà dénommée en grec médical moderne
hyaloeides (1670, en contexte anglais).
◈
HYALE n. f., emprunt savant au grec
hualos (1805, Cuvier), désigne en zoologie un mollusque à coquille réduite et à corps transparent.
◈
HYALOGRAPHE n. m., terme didactique (1839 ; de
-graphe), désigne un instrument formé d'un carreau de verre servant à dessiner selon la perspective.
◆
En dérive
HYALOGRAPHIE n. f. (1866).
◈
HYALOPLASME n. m., terme didactique (1903) qui a supplanté
hyaloplasma (1908), de
-plasme, se dit de la substance du cytoplasme formée d'une masse gélatineuse transparente ; c'est probablement un emprunt à l'anglais
hyaloplasm (Dallinger, 1886).
HYBRIDE adj. et n. m. est un mot emprunté (1596, hibride) au latin classique ibrida « bâtard, de sang mêlé », et spécialement « produit du sanglier et de la truie », devenu hybrida par rapprochement avec le grec hubris « excès ».
❏
Hybride signifie d'abord « qui provient de deux espèces différentes », et aujourd'hui en biologie « de deux espèces ou de deux variétés différentes » ; le mot est réservé en zootechnie aux hybrides d'espèces comme le mulet, hybride de l'âne et de la jument ; il s'est dit des animaux, puis des humains (XVIIIe s.) et des plantes (Hybrida en latin scientifique, 1788).
◆
Dès le XVIIe s., l'adjectif s'utilise (1647, ibride) dans mots hybrides, pour parler de mots formés d'éléments issus de deux langues différentes, notamment latin et grec.
◆
Il est employé depuis le XIXe s. (1832, Hugo) pour qualifier ce qui est composé de deux éléments de nature différente anormalement réunis et ce qui participe de deux ou plusieurs ensembles.
❏
HYBRIDATION n. f. s'est d'abord employé en botanique (1826), en zootechnie (1842) puis en biologie. Il s'emploie aussi en physique et en chimie. Le sens figuré correspondant à celui de l'adjectif est attesté en 1884.
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HYBRIDITÉ n. f. est un terme didactique (1828, en botanique ; 1840, en grammaire) comme HYBRIDISME n. m. (1826, en botanique) « hybridation entre espèces très voisines », en biologie ; il a eu (1866) la même valeur que hybridité.
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Ce nom a servi à former le composé POLYHYBRIDISME n. m. (1904, de poly-).
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HYBRIDER v. tr. (attesté en 1862) s'emploie en élevage, en agriculture, mais le composé RÉHYBRIDER v. tr. (relevé en 1830) est un terme de biologie ; la variante HYBRIDISER est un emprunt à l'anglais to hybridize (1845). Hybrider a pour dérivé le terme technique HYBRIDEUR, EUSE n. (1925), utilisé en agriculture et précédé en anglais par hydridizer et hybridist (1849).
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HYBRIDOME n. m. est un emprunt (av. 1980) à l'anglais (v. 1975), où il a été formé du radical grec de hybride et du suffixe -ome ; ce mot de biologie désigne une formation cellulaire hybride.