HYPER-, préfixe tiré du grec huper « au-dessus, au-delà », entre dans la composition de nombreux mots scientifiques (en physique, en médecine, en biologie, etc.), le plus souvent pour exprimer le plus haut degré, l'exagération, l'excès (Cf. super-, sur-, ultra-). Hyper-, dans la langue courante, sert à former des adjectifs ou des noms, mais est moins employé que super-. L'opposition hyper-/hypo-, fréquente, n'est pas systématique.
❏  HYPERESTHÉSIE n. f. (1803) est emprunté au latin médical moderne hyperaestheses (1795) formé du grec aisthêsis « sensation, sensibilité », et se dit pour « sensibilité exagérée ».
■  HYPERALGIE n. f., synonyme de hyperalgésie (→ analgésie), du grec algos « douleur », n'est relevé qu'en 1957.
■  HYPERMÉTROPE adj. et n. (1866) est formé à partir du grec hupermetros « qui passe la mesure » (de huper, et metron « mesure ») et -ôpos « qui voit » (→ -ope) ; le mot, relativement courant dans le système myope-presbyte-hypermétrope, se dit d'une personne atteinte d'HYPERMÉTROPIE n. f. (1866) mot qui désigne l'état de l'œil dans lequel les rayons parallèles provenant d'une source éloignée vont converger au-delà de la rétine. Ce nom est, soit dérivé de l'adjectif, soit emprunté au latin savant hypermetropia, formé à partir du grec.
HYPERTÉLIE n. f. est emprunté (mil. XXe s.) à l'allemand Hypertelie (C. Brunner, 1873 ; passé en anglais, dès 1875), du grec hupertelês « qui s'élève au-dessus de », de telos « fin, terme » ; le mot désigne en biologie le développement excessif d'une structure anatomique ; il a été précédé par hypertélisme.
HYPÉRON n. m. (1953) est tiré de hyper- et de l'élément -on de électron (l'anglais hyperon est contemporain) ; il désigne une particule élémentaire peu stable, de masse supérieure à celle des nucléons.
HYPÉRONYME n. m. (v. 1960, de -onyme) se dit en linguistique d'un nom dont le sens inclut celui d'autres noms (il s'oppose à hyponyme).
Parmi les nombreux composés en hyper- avec un adjectif ou un nom, on peut signaler HYPERACTIF, IVE adj. et n. (déb. XXe s.) et HYPERACTIVITÉ n. f. (1900), ou encore HYPERÉMOTIF, IVE adj. et n. (1913) et HYPERÉMOTIVITÉ n. f. (1905).
HYPER adv. apparu dans les années 1980, concurrence super pour correspondre à « très », en général combiné à un adjectif (il fait hyper beau, c'est hyper top...).
❏ voir CORRECT (HYPERCORRECT, HYPERCORRECTION), HYPERBOLE, HYPERBORÉE, HYPERTROPHIE, et aussi MARCHÉ, RÉALISME, TEXTE, TENSION (HYPERTENSION), 2 SON (HYPERSONIQUE), TEXTE.
HYPERBOLE n. f., réfection graphique d'après le latin (1520) de yperbole (XIIIe s.), rare jusqu'au XVIIe s., est un emprunt au latin hyperbole, du grec huperbolê, dérivé de huperballein « jeter au-dessus », « dépasser la mesure », composé de huper « au-dessus, au-delà » (→ hyper-) et de ballein « lancer, jeter ».
❏  Terme de rhétorique d'usage relativement courant, hyperbole désigne une figure de style qui consiste à mettre en relief une idée en exagérant les termes employés (opposé à litote).
❏  Le dérivé HYPERBOLISER v. intr. « employer un style hyperbolique » (XVIe s.) est sorti d'usage.
■  HYPERBOLISME n. m. « emploi excessif de l'hyperbole » (1829) est d'emploi rare.
HYPERBOLIQUE adj. a été emprunté (1541) au bas latin hyperbolicus, du grec huperbolikos « excessif », dérivé de huperbolê. Il s'emploie en rhétorique pour « caractérisé par l'hyperbole » et, par analogie, signifie (1546) « qui a un caractère excessif ». Hyperbolique s'emploie parfois, par métonymie (1690), pour parler d'un auteur, d'une œuvre. ◆  En dérive HYPERBOLIQUEMENT adv., terme de rhétorique (1561).
Une autre série d'emplois apparaît au XVIIe siècle. Hyperbole est, depuis Descartes (1637), le nom d'une courbe à deux foyers. ◆  Il a dans ce sens pour dérivés HYPERBOLIQUE adj. (1646), notamment dans fonctions hyperboliques, et HYPERBOLOÏDE, d'abord usité comme adjectif (1765) puis comme nom masculin (1830, Cauchy).
HYPERBORÉE adj. est emprunté au latin hyperboreus, lui-même, puis au grec huperboreos « situé à l'extrême nord », composé de huper (→ hyper-) et de boreas, qui désigne le vent du nord et, par extension, les régions du Nord. Iperbore, nom d'une montagne de la Grèce du Nord est attesté dès le XIIIe s. (v. 1265) et Yperborée « Extrême nord » au XIVe s. (1372).
❏  Le mot, repris en 1728 comme adjectif, signifie « situé à l'extrême nord » ; il est d'usage littéraire.
❏  HYPERBORÉEN, ENNE adj. et n., attesté en 1542 comme nom masculin pluriel, est un emprunt au dérivé bas latin hyperboreanus ; le mot signifie, dans un emploi didactique ou littéraire, « des régions du Grand Nord » (Cf. arctique), comme HYPERBORÉAL, ALE, AUX adj. (1891, P. Loti), de boréal. ◆  Hyperboréen, nom, désigne aussi un habitant du Grand Nord.
HYPERTROPHIE n. f. est composé (1818) de hyper- et de -trophie, littéralement « excès de nutrition ».
❏  Ce terme médical désigne l'augmentation de volume d'un organe, avec ou sans altération anatomique (Cf. atrophie). Par analogie, hypertrophie s'emploie (1865) au sens de « développement excessif », au concret, puis à l'abstrait (hypertrophie du moi).
❏  Liés à ces deux acceptions, en dérivent HYPERTROPHIER v. tr. (1833) et HYPERTROPHIQUE adj. (1832).
HYPNOTIQUE adj. est un emprunt au bas latin hypnoticus, hellénisme du grec hupnôtikos « du sommeil », dérivé de hupnos « sommeil », mot de la famille indoeuropéenne en °sup-nos à laquelle appartiennent le latin somnus, le vieux slave sŭnŭ, le verbe sanskrit svápiti, au participe suptá.
❏  On trouve hypnotique, comme adjectif et nom masculin, « médicament qui provoque le sommeil », dans un passage d'Ambroise Paré édité en 1628 (Paré étant mort en 1590). Bloch et Wartburg date le mot de 1549 ; le sens est alors « narcotique, somnifère » et le mot semble rare à l'époque classique, comme hypnologie (grec hupnologia) « régime du sommeil », créé par Linden au XVIIIe s. (Encyclopédie, 1765). ◆  C'est un siècle plus tard que le médecin britannique J. Braid crée neuro-hypnotism (1842), abrégé en hypnotism (1843), sur le grec hupnos et d'après l'adjectif hypnotic (de même formation que le français), pour désigner le processus par lequel on plonge une personne par suggestion dans un état comparable à un profond sommeil. Le mot est alors en relation avec somnambulism, magnetism... Il passe dans les principales langues européennes et le français HYPNOTISME n. m. est attesté en 1845, avec la même valeur que l'anglais.
❏  D'après l'anglais to hypnotize (1843, Braid), on trouve HYPNOTISER v. tr. (1855), et le sens nouveau de hypnotic (1843) donne sa valeur actuelle à hypnotique (1855). Les trois mots, hypnotique, hypnotisme et hypnotiser, deviennent courants avec le développement des recherches médicales et psychologiques sur le sommeil provoqué. ◆  À preuve les nombreux dérivés : HYPNOTIQUEMENT adv. (1924, chez Valéry ; certainement antérieur) ; HYPNOTISANT, ANTE adj. (1886), HYPNOTISABLE adj. (même date), HYPNOTISATION (1894), HYPNOTISEUR n. m. (1860) ; HYPNOTISTE (1890) est un anglicisme.
■  En 1862, Danjais emploie HYPNOSE n. f. pour distinguer l'état provoqué du processus qui le provoque et des phénomènes qui l'accompagnent (appelés depuis 1860 environ hypnotisme). En 1893, Breuer et Freud créent en allemand l'adjectif hypnoid, adapté plus tard en HYPNOÏDAL adj. (1903) et HYPNOÏDE adj. (1900), pour qualifier un état proche du sommeil. À la même époque, hypnotique, hypnotisme et surtout le verbe hypnotiser prennent des valeurs extensives (s'hypnotiser sur qqch., 1897) évoquant un état psychique de fascination. ◆  Cette série est le témoin d'un stade essentiel de la psychologie expérimentale, avec Charcot et Janet en France, et de la naissance de la psychanalyse.
D'autres formations sont issues du grec hupnos.
■  HYPNAGOGIQUE adj. (1855) « qui précède ou suit l'endormissement » et HYPNOPOMPIQUE adj. (XXe s., créé en anglais hypnopumpic, par Myers, 1901) « relatif à l'état précédant le réveil » ont vieilli.
■  HYPNOTHÉRAPIQUE adj. (1911) et HYPNOTHÉRAPEUTE (1912), avec le recul de l'hypnose, ont eux aussi vieilli. ◆  Liés à l'étude scientifique du sommeil, HYPNOGÈNE adj. (1939) et HYPNOGRAMME n. m. (attesté 1974) sont très didactiques mais vivants.
HYPO-, préfixe tiré du grec hupo « au-dessous, en-deçà », entre dans la composition de nombreux mots scientifiques (chimie, biologie, médecine) et exprime la diminution, l'insuffisance, la situation inférieure, au propre et au figuré. Il se rattache à une racine indoeuropéenne °upo- (Cf. sanskrit úpa).
❏  HYPOGASTRE n. m. est emprunté (1536) au grec hupogastrion « le bas-ventre », substantivation de hupogastrios « qui est sous (hupo) le ventre », adjectif formé sur gastêr, gastros « ventre, estomac ». Le nom désigne la région médiane inférieure de l'abdomen appelée communément bas-ventre.
■  En dérive HYPOGASTRIQUE adj. (v. 1560).
HYPOGLOSSE adj. est un emprunt (1752) au grec hupoglôssios « placé sous la langue », de glôssa « langue » ; le mot signifie en anatomie « qui est sous la langue » (ex : nerf grand hypoglosse).
HYPODERME n. m. (1884, en botanique) aurait, selon P. Larousse, été créé en allemand en 1877 (Pfitzer) ; on relève en anglais hypoderma en entomologie dès 1826. Terme de botanique, le mot désigne le tissu situé sous l'épiderme ; en anatomie (1893), hypoderme se dit du tissu sous-cutané.
■  Son dérivé HYPODERMIQUE adj., attesté en 1854, est devenu relativement usuel dans seringue hypodermique.
HYPOTROPHIE n. f. (1855), de -trophe, se dit du développement insuffisant de l'organisme, avec retard de la croissance (Cf. atrophie et hypertrophie) ; en dérive HYPOTROPHIQUE adj. (XXe s.).
■  HYPOALGÉSIE n. f., (1897) du grec algêsis « douleur », signifie en médecine « diminution anormale de la sensibilité à la douleur » ; hypalgesia ou hypalgia ont été proposés en allemand ou en anglais par Eulenberg (1881).
HYPONYME n. m. (v. 1960) de -onyme, terme de linguistique, désigne un nom dont la compréhension logique est incluse dans celle d'un autre mot ; le mot a été employé auparavant en taxinomie botanique (1904, en anglais).
■  Il s'oppose à hyperonyme et a pour dérivé préfixé COHYPONYME n. m. qui désigne un parmi plusieurs hyponymes du même mot.
❏ voir HYPALLAGE, HYPOCONDRIAQUE, HYPOCORISTIQUE, HYPOCRISIE, HYPOGÉE, HYPOSTASE, HYPOTÉNUSE, HYPOTHÈQUE ; voir aussi GLUCO- (hypoglycémie), TENSION (hypotension), THALAMUS (hypothalamus).
HYPOCONDRIAQUE adj. et n. est un emprunt (av. 1560) au grec hupokhondriakos « malade des hypocondres », de ta hupokhondria, désignant la région du corps située sous les fausses côtes. Le mot est composé de hupo (→ hypo-) et de khondros « cartilage des côtes ».
❏  Dans la médecine ancienne, le mot signifiait (av. 1590) « qui a rapport à la partie du corps appelée hupokhondria ». ◆  Il s'applique aussi (av. 1572, mélancolie hypocondriaque) à une personne qui a une crainte pathologique des maladies, puis qui est d'humeur triste et capricieuse ; dans ce sens, il est aussi substantivé.
❏  1 HYPOCONDRE adj. est un dérivé régressif de hypocondriaque. Il a eu comme nom masculin le sens d'« hypocondrie » (1609), qui a disparu. ◆  Comme adjectif, il est d'abord attesté avec la valeur de « déraisonnable, fou » (1667) qui a disparu ; le mot subsiste mais est rare, pour « atteint d'hypocondrie » (1653, Molière). ◆  2 HYPOCONDRE n. m. est attesté au XIVe s. au pluriel ; c'est alors un emprunt au bas latin (pluriel neutre) hypochondria, emprunté au grec. Le mot désigne en anatomie chacune des parties latérales de la région supérieure de l'abdomen ; en médecine ancienne, il s'appliquait aux organes situés au niveau des hypocondres.
■  HYPOCONDRIE n. f., attesté isolément au XVe s. (ipocondrie), écrit hypo- avant 1478, a été repris en 1781 (d'Alembert) avec la variante disparue hypocondrerie. C'est un dérivé de hypocondre ou un emprunt au bas latin hypochondria. Il désigne une disposition obsessionnelle caractérisée par un état d'anxiété du sujet à propos de sa santé.
HYPOCORISTIQUE adj., attesté en 1893 (l'anglais hypocoristic date de 1796), est un emprunt au grec tardif hupokoristikos « caressant » et, chez les grammairiens, « diminutif ». Cet adjectif grec vient de hupokorizesthai « parler avec des diminutifs », composé de hupo « sous » (→ hypo-) et korizesthai « cajoler », dérivé de korê « jeune fille ».
❏  Le mot, didactique, conserve le sens de l'étymon.
? HYPOCRAS n. m., d'abord sous la forme ipocras (1377), représenterait une altération, d'après les mots en hypo-, de l'ancien borgeraste « boisson aromatique », variante boucrast(e) (v. 1275), peut-être d'un bas latin °hippocrasticum (vinum) « (vin) hippocratique », du nom d'Hippocrate auquel on attribuait l'invention de ce breuvage. Une autre hypothèse, à considérer avec prudence, veut que boucrast(e) soit une altération du grec byzantin hupokeraston « légèrement mélangé », adjectif verbal de hupokerannunai « mélanger légèrement », terme très rare.
❏  Le mot désigne un vin sucré où l'on a fait infuser de la cannelle ou du girofle.
HYPOCRISIE n. f. est un emprunt (1176, ypocrisye) au bas latin hypocrisis, du grec hupokrisis, proprement « réponse » dans un dialogue de théâtre, d'où « jeu de l'acteur » puis « feinte, faux-semblant ». C'est un dérivé du verbe hupokrinesthai « répondre », « jouer un rôle » et « mimer, feindre ». Le jeu de ressemblance de l'acteur, du mime, est dénommé d'après la caractérisation imparfaite de l'objet imité.
❏  Hypocrisie en français, change de registre : de l'idée de l'imitation volontaire, on passe à celle d'artifice, de fausse apparence, sur le plan moral, et le mot désigne le caractère d'une personne qui déguise ses pensées, ses opinions, et spécialement (XVIIe s.) l'attitude qui consiste à affecter des sentiments religieux, illustrée par Molière dans le personnage du faux dévot Tartuffe. ◆  Le mot s'emploie aussi à partir du XVIIe s. pour « acte hypocrite » (1669), aujourd'hui littéraire et vieilli, et ensuite au sens de « caractère de ce qui est hypocrite » (1775 ; l'hypocrisie d'un procédé).
❏  HYPOCRITE n. et adj. a été emprunté (1176, ipocrite) au bas latin hypocrita « mime », du grec hypokritês « celui qui interprète (un songe, une vision) », puis « acteur » et, tardivement, « fourbe », issu du verbe hupokrinesthai. ◆  En hypocrite s'emploie dans l'usage familier pour « en douce, discrètement » (années 1930).
■  Le mot a eu une évolution sémantique parallèle à celle d'hypocrisie ; en dérive HYPOCRITEMENT adv. (1584).
HYPOGÉE n. m., attesté chez Rabelais (1564), est un emprunt au latin hypogeum, du grec hupogeios « souterrain », composé de hupo « sous » (→ hypo-) et de « terre ».
❏  C'est un mot d'archéologie signifiant « construction souterraine » et désignant spécialement une sépulture souterraine (1765). Par métaphore, il s'emploie ensuite pour « abri souterrain » (1611, « partie souterraine d'une maison » à propos de l'Antiquité).
La forme homonyme HYPOGÉ, ÉE adj., empruntée (1831) au bas latin hypogaeus, de même origine que hypogeum, signifie « situé au-dessous du niveau du sol » et se dit en botanique pour « qui se développe sous la terre » (cotylédons hypogés).
HYPOPHYSE n. f. est un emprunt (1818) au grec hupophusis « croissance en dessous », dérivé de hupophuein « naître ou croître sous », lui-même formé de hupo (→ hypo-) et de phuein « pousser ».
❏  Terme de biologie, le mot désigne un organe neuro-glandulaire situé à la base du crâne.
❏  Il a fourni le dérivé HYPOPHYSAIRE adj. (1894) et les composés HYPOPHYSECTOMIE n. f. (1907) et ANTÉHYPOPHYSE n. f. (mil. XXe s.), d'où vient ANTÉHYPOPHYSAIRE adj. (mil. XXe s.).
HYPOSTASE n. f. a été emprunté (1398, ypostasie) au grec hupostasis « action de placer en dessous » d'où « support, sédiment » en médecine, et « substance » en philosophie, dérivé du verbe huphistanai « placer sous » (→ hypo- ; et stase).
❏  Le mot est sorti d'usage au sens médical (1398) de « dépôt d'un liquide organique ». ◆  En philosophie, il reprend le sens de « substance » et en théologie (1541, Calvin), il désigne dans le dogme chrétien, comme le latin ecclésiastique hypostasis, chacune des trois personnes de la Trinité, en tant que substantiellement distincte des deux autres. ◆  Hypostase est repris au XXe s. en philosophie (1926) au sens d'« entité fictive » et, en linguistique (1933), pour désigner la substitution d'une catégorie grammaticale à une autre.
❏  En dérive HYPOSTASIER v. tr. (1907) « considérer comme une substance (ce qui n'est qu'une idée) ».
HYPOSTATIQUE adj. (1474, ypostatique) est emprunté au latin médiéval hypostaticus (apr. 1300), du dérivé grec hupostatikos.
■  D'abord terme de médecine, le mot est ensuite utilisé dans le vocabulaire de la théologie (1674).
HYPOTÉNUSE n. f. est emprunté (1520) au latin hypotenusa, transcription du grec hupoteinousa « l'hypoténuse », proprement « se tenant sous (les angles) », participe présent du verbe hupoteinein « tendre au-dessous », composé de hupo « au-dessous » (→ hypo-) et de teinein « tendre ».
❏  Hypoténuse désigne, dans un triangle rectangle, le côté opposé à l'angle droit ; le mot est usuel en géométrie élémentaire.
HYPOTHÈQUE n. f., d'abord sous la forme ypoteque (XIIIe s.), est emprunté au latin hypotheca, du grec hupothêkê, littéralement « qui sert de fondement », d'où « gage », de hupotithenai, composé de hupo « sous » (→ hypo-) et de tithenai « placer ».
❏  Hypothèque, « droit réel accessoire accordé à un créancier sur un bien », s'emploie dans le langage juridique et dans l'usage courant. Il s'utilise au figuré (comme gage), notamment dans la locution prendre une hypothèque sur l'avenir « disposer d'une chose avant de la posséder » et, récemment, dans le vocabulaire politique au sens d'« obstacle qui empêche l'accomplissement de qqch. ».
❏  Le dérivé HYPOTHÉQUER v. tr. (1369, ypothequer) s'emploie au propre, en droit, et au figuré (1580) ; en est issu HYPOTHÉCABLE adj. (1675).
HYPOTHÉCAIRE adj. est emprunté (1305) au dérivé bas latin hypothecarius. Comme pour hypothèque, son emploi en droit est fixé par le Code civil (1804). Terme de droit, il signifie « relatif à l'hypothèque », « qui est garanti par une hypothèque ». ◆  Le dérivé HYPOTHÉCAIREMENT adv. (1414) est rare.
HYPOTHÈSE n. f. est un emprunt (1539, J. Canappe) au latin hypothesis « argument », lui-même au grec hupothesis « action de mettre dessous », « base d'un raisonnement », « supposition » ; ce mot est dérivé de hupotithenai, composé de hupo « sous » (→ hypo-) et de tithenai « placer » (→ thèse).
❏  Hypothèse est d'abord employé dans un contexte médical et désigne une proposition relative à l'explication des phénomènes naturels et admise provisoirement, concept qui joue un rôle essentiel dans les sciences exactes et les sciences humaines. Jusqu'à la fin du XVIIIe s., le mot s'est employé pour toute proposition reçue pour en déduire d'autres, sans souci de sa vérité ou de sa fausseté. Dans l'usage courant (XVIIe s.), il se dit d'une conjecture sur la possibilité d'un événement, ou propre à l'expliquer. Enfin, il s'est spécialisé en grammaire.
❏  HYPOTHÉTIQUE adj. reprend le bas latin hypotheticus (grec hupothêtikos) ; d'abord (1290) nom féminin pour « hypothèse » et écrit ypotetique, il s'emploie ensuite comme le nom, avec une valeur didactique (fin XIVe s.) et dans l'usage courant (XIXe s.).
■  Son dérivé HYPOTHÉTIQUEMENT adv. (1617) est didactique, comme le composé récent (mil. XXe s.) HYPOTHÉTICO-DÉDUCTIF, IVE adj. qualifiant une science fondée sur l'hypothèse et la déduction (logique, mathématiques).
HYSOPE n. f., réfection (v. 1170) de ysope (v. 1120), est un emprunt au bas latin hyssopus, du grec hussôpos, lui-même d'une langue sémitique et apparenté au babylonien zūpu et à l'hébreu ᾿ezôb qu'il traduit dans la Bible.
❏  Hysope désigne un arbrisseau vivace, à feuilles persistantes et à fleurs bleues ; la locution figurée depuis le cèdre jusqu'à l'hysope « du plus grand au plus petit » (v. 1170) est tirée du premier Livre des Rois ; elle a été usuelle, mais n'est plus qu'une allusion érudite à la Bible.
HYSTÉRÉSIS n. f. est un emprunt (1890 ; 1903, hystérèse) à l'anglais hysteresis, formé en 1881 par le physicien J. A. Ewing (1855-1935) à partir du grec tardif husterêsis « manque, dénuement », dérivé de husterein « être en retard, rester en arrière ».
❏  Terme de physique, hystérésis se dit de la persistance d'un phénomène quand la cause qui le produit cesse (hystérésis diélectrique, 1925).
HYSTÉRIQUE adj. et n. est emprunté (1568, hystéricque) au bas latin hystericus, du grec husterikos « qui concerne la matrice », « (femme) malade de l'utérus » de hustera « utérus ». Il se rattache peut-être à une racine indoeuropéenne concernant « ce qui est en arrière » (→ hystérésis), qu'on retrouverait dans l'anglais out « dehors », mais le sens fait difficulté, de même que pour le sanskrit úttara- « ce qui est au-dessus ». Par ailleurs, le rapport avec le nom du ventre (grec uderos, sanskrit udaram) n'est pas éclairci.
❏  Hystérique s'est d'abord employé uniquement en parlant des femmes, au sens de « qui présente des troubles psychiques », parce qu'on pensait que cette maladie avait son siège dans l'utérus et qu'elle était liée à des accès d'érotisme morbide. Puis le sens s'étend aux hommes avant l'évolution de la notion, qui devient essentielle en psychiatrie et en psychanalyse, à la fin du XIXe siècle.
❏  Au XVIIIe s. en effet était formé (1731, puis 1771) le dérivé régressif HYSTÉRIE n. f. qui désigne d'abord l'ensemble des troubles. Par analogie avec ces troubles, le mot prend (1834) le sens d'« exaltation », par exemple dans c'est de l'hystérie !, « de la rage, du délire ». ◆  Depuis les travaux de Charcot, hystérie désigne (v. 1880) un ensemble de symptômes prenant l'apparence d'affections organiques sans lésions décelables ; le mot s'emploie ensuite en psychiatrie, puis en psychanalyse pour parler d'un type de névrose.
■  De même, l'adjectif HYSTÉRIQUE s'emploie en relation avec le sens correspondant du nom, pour « excessif » (1837) et « nerveux, exalté » (1844), en parlant d'une personne, avant de suivre, en psychiatrie, puis en psychanalyse, l'évolution de sens du nom.
■  HYSTÉRIQUEMENT adv. (1893, Verlaine) est lié à l'emploi figuré de hystérique, ainsi que le verbe HYSTÉRISER (1864, pron. ; 1874, tr., Goncourt), d'emploi littéraire.
■  HYSTÉRISME n. m. (1768), dérivé de hystérie au premier sens, était un terme didactique ; il est sorti d'usage.
■  HYSTÉROÏDE adj. (XXe s.) de -oïde, terme de médecine, signifie « qui a les caractères de l'hystérie » (crise hystéroïde).