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IAMBE ou ÏAMBE n. m. est un emprunt savant du XVIe s. (1555, J. Peletier du Mans, pié Iambe ; l'emploi de Jambus, par Rabelais, 1532, est douteux quant au sens). Il est pris au latin iambus, du grec iambos dont les sens sont repris en français. Littré notait que le tréma était inutile ; les spécialistes ne le conservent pas, cependant il est maintenu par la plupart des écrivains et des dictionnaires.
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Le mot désigne, en parlant de la versification antique, d'abord comme adjectif puis comme nom (1605), un pied composé de deux syllabes, l'une brève, l'autre longue. Par extension (av. 1589, A. de Baïf), le mot se dit d'un vers grec ou latin de six pieds, dont le deuxième, le quatrième et le sixième sont des ïambes ; ce vers était d'abord utilisé dans la poésie satirique. Par métonymie, le mot désigne un poème formé d'ïambes.
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Par référence aux ïambes des poètes anciens, le mot désigne depuis A. Chénier, dans la littérature française, une pièce de vers satiriques, composée d'alexandrins et d'octosyllabes à rimes croisées.
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ÏAMBIQUE adj. (1486) est un emprunt au latin
iambicus, lui-même emprunté au grec
iambikos « composé d'ïambes ».
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À partir de
ïambe ont été formés des termes didactiques, uniquement employés à propos de la métrique ancienne,
ÏAMBÉLÉGIAQUE adj. (1867, Littré ; de
élégiaque) et
ÏAMBO-TROCHAÏQUE adj. (1893 ; de
trochaïque, de
trochée).
IATR-, IATRO- sont des éléments tirés du grec iatros « médecin », entrant dans la composition de mots scientifiques et indiquant une relation avec le médecin ou la médecine.
❏
IATROCHIMIE n. f. (1752 ; de
chimie), aujourd'hui terme d'histoire des sciences, désigne une doctrine médicale du
XVIIe s., selon laquelle tous les actes vitaux dépendent de combinaisons chimiques (fermentation, distillation, etc.) ; le dérivé
IATROCHIMIQUE adj. est attesté en 1803.
■
IATROPHYSIQUE n. f. (1803 ; de physique), terme sorti d'usage, désignait la physique dans ses applications à la médecine.
■
IATROGÉNIE n. f., création récente (apr. 1950 ; de -génie), se dit d'une pathogénie d'origine médicale ou médicamenteuse ; en dérive IATROGÈNE ou IATROGÉNIQUE adj. (av. 1970).
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-IATRE, -IATRIE, éléments de même origine, sont utilisés pour désigner des médecins spécialistes
(Cf. psychiatre) et des spécialités
(psychiatrie).
IBÈRE adj. et n. est un emprunt savant (1552) au latin Iberus ou Hiberus, « d'Ibérie », lui-même du grec Ibêr, Ibêros.
❏
Il qualifie ce qui est relatif à l'Ibérie, ancien nom de la péninsule hispanique et au peuple qui l'habitait. Le mot s'est employé en poésie (av. 1719) pour « espagnol ».
❏
IBÉRIQUE adj. est un emprunt (1765) au latin impérial
ibericus ou
hibericus « d'Ibérie », du grec
ibêrikos. Le mot, didactique au sens de « relatif à l'Ibérie antique », s'emploie couramment pour « relatif à l'Espagne et au Portugal » (1840,
péninsule Ibérique) et spécialement pour « espagnol ».
◆
Une race de porcs élevés en Espagne, appréciée pour la saveur de sa chair, est appelée
ibérique. Par extension, on parle de
jambon, chorizo... ibériques.
■
IBÉRIEN, IENNE adj. et n. (1797, Chateaubriand), dérivé de Ibérie, est sorti d'usage.
■
IBÉRISME n. m. (1839, Mérimée), tiré de ibérique « particularité ibérique », est didactique comme IBÉRISER v. tr. (XXe s.).
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IBÉRO-, premier élément, représente l'adjectif
ibérique et entre dans la composition de termes didactiques, comme
IBÉRO-ROMAN, ANE adj. et n. m. (
XXe s.) « ensemble des parlers romans de la péninsule Ibérique »,
IBÉRO-AFRICAIN, AINE adj. (
XXe s.).
❏ voir
aussi CELTIBÈRE (à CELTE).
IBIDEM adv. est un emprunt (1693 selon Bloch et Wartburg) au latin ibidem « ici même », adverbe dérivé de ibi « dans ce lieu » qui se rattache à un thème indoeuropéen °ei-, °i- (→ idem).
❏
L'adverbe signifie « dans le même passage » (d'un ouvrage déjà cité) et est abrégé en ibid. ou ib. (Cf. idem) ; il est surtout écrit.
IBIS n. m., réfection du XVIe s. (1537) de ibex (1121-1134), ibe (v. 1265), est emprunté par l'intermédiaire du latin au grec ibis. Le mot grec vient lui-même de l'égyptien hīb et désigne un oiseau adoré par les Égyptiens.
❏
Le mot désigne un oiseau de l'ordre des Échassiers, caractérisé par son bec long, mince et recourbé.
IBUPROFÈNE n. m. est un emprunt (années 1970) à l'anglais, où le mot est adjectif, qualifiant acid (acide) ; de isobutyphenyl propionic (acid). Le mot désigne un acide entrant dans la composition de médicaments aux propriétés voisines de celles de l'aspirine.
ICAQUE n. f. est un emprunt (1658) à l'espagnol icaco, lui-même pris au taïno, langue amérindienne des Caraïbes. Le mot désigne un arbrisseau de la famille des Rosacées, dont les fruits sont comestibles, et ces fruits.
◆
Le dérivé ICAQUIER n. m. désigne lui aussi cet arbre.
ICARIEN, IENNE adj. est dérivé (1721) de Icare, du latin Icarus, emprunt au grec Ikaros, nom d'un héros de la mythologie grecque. Fils de Dédale, il put s'échapper du Labyrinthe de Minos en Crète grâce aux ailes que lui fabriqua son père, mais comme il s'approchait trop du soleil, la cire qui maintenait ses ailes fondit : il tomba dans la mer qui porte son nom.
❏
L'adjectif qualifie ce qui a rapport à l'Icarie, île de la mer Égée (mer icarienne, 1721), et ce qui est relatif à Icare ou à sa légende (1829, jeux icariens « exercices de voltige » ; 1832, ailes icariennes).
ICEBERG n. m. est attesté isolément comme emprunt direct à une langue nordique (1715, ysbergh), puis sous la forme ice-berg (1819 ; 1839, iceberg) comme emprunt à l'anglais iceberg ; le mot anglais est une adaptation (1774) d'une des formes de langues germaniques nordiques (néerlandais ijsberg, danois isbjerg, suédois isberg), composé de is « glace » et de berg « montagne » ; il a d'abord désigné un glacier côtier en forme de colline et a pris son sens actuel au XIXe s. (on disait ice island « île de glace »). La forme abrégée berg (1823) est apparue aussi comme variante en français (1853).
❏
Iceberg, « masse de glace flottante, détachée d'un glacier polaire ou de la banquise », s'emploie dans la locution figurée la partie cachée de l'iceberg, inspirée par un emploi métaphorique du mot en anglais (1962, Webster).
❏
Le terme ICEBLOC n. m. a été employé (1906) par J. B. Charcot pour désigner les petits icebergs de la Nouvelle-Zemble.
ICE-CREAM n. m. est un emprunt (1895) à l'anglais ice cream (1769), déformation de iced cream « crème glacée », composé du participe passé de to ice (de ice « glace », vieil anglais is) et de cream « crème* » ; ice cream a produit par ailleurs le calque crème glacée.
❏
Cet anglicisme ne sert qu'en parlant des réalités des pays anglophones. Il désigne une glace à base de crème (en français, un parfait) ou une glace, au sens strict, par opposition à sorbet. Crème glacée en est le calque.
ICHNEUMON n. m. est un emprunt des zoologistes au latin, langue où le mot est pris au grec, avec le sens de « qui suit à la piste ». Le mot a d'abord été appliqué à la mangouste (1547), avant de se fixer (1562) sur un insecte dont la larve est parasite des chenilles.
ICHTY-, ICHTYO- sont des éléments tirés du grec ikhthus, uos « poisson », mot qui a des correspondants en arménien et en lituanien et doit donc relever d'une racine indoeuropéenne. La graphie ichthyo- est courante jusqu'au XIXe siècle.
❏
ICHTYOPHAGE adj. et n. est un emprunt (v. 1265,
ictiofagi ; 1532,
ichthyiophage, Rabelais) au latin
ichtyophagus, du grec
ikhthuophagos « qui se nourrit de poisson » (de
phagein qui sert d'aoriste à
esthiein « manger » ;
→ -phage) ; en dérive
ICHTYOPHAGIE n. f. (1546,
ichthyophagie, Rabelais).
■
ICHTYOLOGIE n. f. (1649), emprunt au latin scientifique ichthyologia (1540), formé sur ichtyo- et -logia (→ -logie), désigne la partie de la zoologie qui traite des poissons.
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Il a pour dérivés ICHTYOLOGISTE n. (1765), ICHTYOLOGUE (1840), ICHTYOLOGIQUE adj. (1770, ichtiologique).
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ICHTYOSAURE n. m. (1828, ichthyosaure) est un emprunt au latin scientifique ichthyosaurus (1824) du grec sauros « lézard » (→ saurien) ; ce terme de paléontologie désigne un grand reptile fossile de l'époque secondaire.
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ICHTYOSE n. f. est un emprunt (1813 ; 1810, ichtyosis) au latin scientifique moderne ichthyosis formé en anglais (1801) avec -ose* ; le mot désigne une maladie congénitale de la peau, caractérisée par un épaississement de l'épiderme et la formation de grosses écailles.
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ICHTYORNIS n. m. a été formé en latin moderne par Marsh (1872 ; de ornis, -ithos « oiseau ») pour désigner un oiseau fossile (→ ornitho-).
ICI adv. est composé (v. 1050) de ci* et d'un i- initial provenant de l'ancien français iluec « là », adverbe (2e moitié Xe s., illo ; XIe s., iluec) ; iluec est issu du latin illoc « là-bas, là ». Ci a été renforcé d'autres façons, par exemple en champenois (toutci), en wallon (droitci). La forme phonique [isit], régionale, est parfois écrite icite, icitte, notamment en français québécois.
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Dans ses premiers emplois (v. 1050),
ici adverbe de lieu signifie « dans cet endroit », « dans le lieu où se trouve celui qui parle » (1080,
d'ici qu'en « depuis ce lieu jusqu'à », forme disparue).
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Ici est également employé (v. 1130) comme adverbe de temps, combiné avec
de, pour marquer le point de départ dans le temps, le point d'aboutissement étant indiqué par une date ou un adverbe
(d'ici à demain).
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L'adverbe de lieu désigne par extension (fin
XIIe s.) un endroit précis, d'où les emplois avec un autre adverbe de lieu (
d'ici là « d'ici à cet endroit-là »,
d'ici à, v. 1180), avec une préposition (
d'ici « de ce lieu », v. 1265, « de ce pays ») ;
ici dedans, ici autour, encore employés à l'époque classique, sont sortis d'usage ou devenus régionaux.
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Au milieu du
XVIe s. (Ronsard),
ici est employé au figuré pour désigner, en corrélation avec
là, des actions, des circonstances successives et opposées.
Ici, joint à un substantif désigné par un démonstratif (1580, Montaigne,
ce monde ici), a été remplacé par
ci ; au
XVIIe s. cet usage, selon Vaugelas ne se maintenait que dans la langue parlée. La locution adverbiale
ici-bas (1544) a disparu au sens de « ci-dessous, par la suite » et a pris le sens (1668) de « sur la terre », par opposition à
là-haut désignant l'au-delà.
Ici s'emploie (1637, Descartes) au sens de « à l'endroit où l'on se trouve », que l'on désigne dans un discours, un écrit (opposé à
ailleurs), d'où par extension (1674, Racine) « dans ce domaine ».
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Ici ! s'emploie seul en exclamation pour
viens ici ! (1668, Molière), surtout aujourd'hui pour appeler un chien.
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Avec
là, l'adverbe permet d'opposer deux lieux, sans idée d'éloignement ou de présence (1668 ;
ici... là, ici et là) ;
par ici équivaut à « dans les environs, dans ce pays » (1668), « dans cette direction » (fin
XVIIe s.).
◆
Ici adverbe de temps, souvent au sens de « en ce moment, maintenant » au
XVIIe s., notamment chez Molière, s'emploie encore aujourd'hui avec cette valeur dans
jusqu'ici « jusqu'à présent » (1667, Racine). Au
XIXe s. sont attestés
d'ici là (av. 1850, Balzac) et
d'ici peu (1869, Flaubert). Au
XXe s.,
ici adverbe de lieu s'emploie, notamment au téléphone suivi du nom, pour indiquer l'identité de celui qui appelle ;
d'ici « de ce lieu » entre dans la locution figurée
je vois cela (ça) d'ici « j'imagine la chose ».
On trouve en argot les formes ICIGO (1821 ; suffixe -go propre aux adverbes de lieu) et ICICAILLE (1862), toutes deux sorties d'usage.
ICITE, ICITTE adv., prononciation rurale de ici, est d'usage normal en français du Canada, aussi dans par icitte et employé avec un substantif (le chemin icitte), emploi identique à celui de ici pour ci, après un démonstratif (cette maison-ici, ou -icitte).
+
1 ICÔNE ou ICONE n. f. est un emprunt (1838) au russe ikona « image », lui-même du grec byzantin eikona prononcé avec i initial, du grec classique eikôn, onos « image », mot qui n'est pas représenté dans les autres langues indoeuropéennes. L'ancien français icoine « image » (v. 1220) était un emprunt au bas latin iconia (VIe s.), du grec byzantin eikonia, pluriel de eikonion « petite image » ; la forme ancone « enseigne des Byzantins » (v. 1208) est probablement un emprunt à l'italien.
❏
Le mot désigne une peinture religieuse sur panneau de bois (et non pas une fresque) dans l'Église d'Orient.
❏
ICONISER v. tr., « représenter figurativement », introduit par Saint-Paul-Roux (1901), est un terme didactique et rare.
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1 ICONIQUE adj., attesté isolément en 1562 au sens de « relatif à l'image » (sens qui sera repris au
XIXe s.), est employé à nouveau dans l'
Encyclopédie (1765) ; le mot est un emprunt au latin
iconicus « fait d'après nature », du grec
eikonikos « qui reproduit les traits », dérivé de
eikôn.
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L'adjectif qualifie une statue grecque antique de grandeur naturelle, érigée en l'honneur d'un vainqueur aux jeux sacrés.
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2 ICONE n. m. ou n. f. est un emprunt récent à l'anglais
icon, terme introduit par le philosophe américain Ch. S. Peirce à la fin du
XIXe s. et formé comme
1 icône à partir du grec classique
eikôn « image ».
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Le terme, chez Peirce, désigne un signe qui renvoie à ce qu'il dénote (l'objet) en vertu de ses caractères propres, et qui a avec cet objet des caractères communs, d'ordre abstrait et relationnel, c'est-à-dire concrètement une similitude, une ressemblance. Il s'oppose à indice et à symbole.
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2 ICONIQUE adj. (v. 1970) est emprunté à l'anglais iconic, dérivé de icon, pour qualifier un signe ayant les caractères de l'icône chez Peirce.
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ICON(O)-, élément tiré du grec
eikôn « image », sert à former des mots savants.
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ICONOLOGIE n. f. est un emprunt (1636) à l'italien iconologia, adaptation du grec eikonologia « langage figuré », formé de eikôn et de -logia (→ -logie). Le mot désigne l'art de représenter des figures allégoriques avec leurs attributs distinctifs, la connaissance de ces attributs et, par métonymie, le répertoire de ces représentations. Par extension, iconologie se dit (XXe s.) de l'étude des modes de la représentation en art, théorisée en anglais par le critique Erwin Panofsky.
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En dérive ICONOLOGUE n. (1756) ou ICONOLOGISTE (1834).
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ICONOGRAPHIE n. f. est une adaptation (1680) du grec tardif
eikonographia « peinture de portraits » (d'où le latin
iconographia « art du dessin »), composé de
eikôn et de
graphia (→ -graphie).
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Le mot désigne l'étude des représentations d'un sujet et, par extension, l'étude des sujets, des thèmes, des allégories de l'art figuratif puis, par métonymie (1873), l'ensemble de ces représentations, en particulier l'ensemble des représentations plastiques d'un personnage, d'un sujet. Iconographie a pris au XXe s. le sens d'« ensemble d'images (dans un livre) » et, par métonymie, celui de « recueil de ces images », ainsi que « métier, travail de l'iconographe ». Dans le sens courant « ensemble d'images », il est abrégé en ICONO (Cf. illustration).
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En sémiotique, le mot désigne (v. 1970) le code des représentations visuelles en usage dans un groupe social à une époque donnée.
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En dérivent les termes didactiques ICONOGRAPHIQUE adj. (1762) et ICONOGRAPHE n. (1803) qui désigne au XXe s. le spécialiste de la recherche des documents figurés.
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ICONOSCOPE n. m. de
-scope* a désigné (1866) un appareil d'optique donnant l'impression du relief ; le mot s'est dit ensuite (1902) en photographie du dispositif à lentille divergente d'un viseur, permettant de voir l'image réduite d'une scène à photographier. Il désigne aujourd'hui (1947) le tube qui analyse les images dans les caméras de télévision.
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ICONOPHILE adj. et n. (1801 ; de
-phile*), sorti d'usage au sens d'« amateur d'images, d'estampes », a été repris au
XXe s. pour « qui est favorable aux représentations figuratives ».
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L'antonyme
ICONOPHOBE adj. et n. (de
-phobe*) est attesté en 1927.
■
ICONOGÈNE n. m. (1899), peut-être pris à l'allemand Iconogene (1889), se dit d'un sel de sodium employé comme révélateur photographique.
■
ICONOTHÈQUE n. f. (1968 ; de -thèque*) désigne une collection d'images, d'illustrations.
■
ICOPHONE n. m. (1970 ; de icono- réduit à ico-, et -phone) se dit d'un appareil qui permet une représentation graphique de la parole.
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ICONOCLASTE n. et adj. est un emprunt savant (1557 d'après Bloch et Wartburg, 1605, in
T. L. F.) au grec byzantin
eikonoklastês « briseur d'images », composé du grec classique
eikôn, eikonos (→ 1 icône) et d'un dérivé de
klan « briser » : on trouve aussi en latin moderne les formes
iconoclastae (1596) et
iconoclastes (1610).
■
Comme terme d'histoire religieuse, le mot désigne les partisans des empereurs byzantins qui, aux VIIIe et IXe s., s'opposèrent à l'adoration des images saintes. Iconoclaste se dit aussi d'une personne qui proscrit la représentation des personnes divines, des saints et, par extension, des œuvres d'art (1690, adj.). Le mot a pris au XIXe s. le sens péjoratif de « qui est hostile aux traditions, aux formes héritées du passé, jusqu'à les détruire ».
■
De iconoclaste dérivent ICONOCLASTIQUE adj. (1705), ICONOCLASME n. m. (1832) ou ICONOCLASTIE n. f. (av. 1868, Bürger).
◈
ICONOLÂTRE n. (1701, Furetière), attesté plus tôt en anglais (1654), a été emprunté au latin médiéval
iconolatres « adorateur d'images », lui-même du grec ecclésiastique
eikonolatrês, d'un dérivé de
latruein « adorer ». Ce terme didactique est le nom donné par les iconoclastes aux catholiques.
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Il a produit
ICONOLÂTRIE n. f. (1769), d'où
ICONOLÂTRIQUE adj. (1832).
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ICONOSTASE n. f. (1843) a été précédé par
ikonostas et
iconastus (1786) ; c'est un emprunt au russe
ikonostas, nom masculin, lui-même pris au grec tardif
eikônostasion, de
stasis « action de poser debout »
(→ stase).
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Ce mot didactique désigne, dans les églises orthodoxes, une cloison décorée d'icônes.
ICTÈRE n. m. est un emprunt savant (1578) au latin impérial icterus, du grec ikteros « jaunisse » et nom d'un oiseau censé guérir cette maladie.
❏
Ictère désigne une maladie dont le symptôme est une coloration jaune de la peau (Cf. jaunisse, d'emploi courant). Le mot se dit aussi en médecine (1902) d'une coloration jaune de la peau et des muqueuses, sans autre symptôme de maladie.
❏
ICTÉRIQUE adj. est une réfection (1579) des formes populaires iterite (2e moitié XIIIe s., nom, « personne atteinte d'ictère »), itherique (fin XIIIe s.), puis icterite (1495). Le mot est un emprunt au latin impérial ictericus « qui guérit l'ictère », puis « atteint de jaunisse », du grec ikterikos « relatif à la jaunisse », de ikteros. Ictérique, adjectif (1704), signifie « qui se rapporte à l'ictère ».
ICTUS n. m. apparaît isolément sous la forme francisée icte (1558, Rabelais), puis est repris en 1861 sous la forme du latin ictus « coup, choc » et « battement de mesure », dérivé de ictum, supin de icere « frapper », sans origine connue.
❏
Rabelais a employé le mot au sens de « coup ». Repris au XIXe s., le mot désigne en médecine une manifestation morbide violente et soudaine qui affecte le système nerveux.
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Ictus est ensuite introduit (1866, Littré) pour désigner, en versification antique, un battement de la mesure dans le vers puis, en musique, une note très accentuée soulignant le rythme (fin XIXe s.).
1 -IDE est un élément issu du grec -is, pluriel -ides, par l'intermédiaire du latin -ides ou idis ; suffixe patronymique, -ide indique l'appartenance, la descendance (par exemple la napoléonide « descendance de Napoléon Ier »), ou un être issu de cette descendance, notamment en mythologie (par exemple Euménides).
2 -IDE est un élément tiré du grec -eidês, de eidos « forme, apparence » (→ idée), qui entre dans la formation de nombreux mots savants indiquant des formes (en chimie, en médecine, etc.), sous la forme -ide ou -oïde.