-IEN, -IENNE, suffixe, est issu du suffixe latin -anum (-ain en ancien français) précédé d'une palatale, comme dans doyen (de decanu), moyen (de medianu), ou d'un suffixe latin -ianum.
❏  Joint à des noms, ce suffixe sert à former des adjectifs ou des noms désignant la profession, la nationalité, etc. Ce suffixe, très productif au XIXe s., le demeure au XXe s., surtout pour les formations à partir de noms propres.
-IER, -IÈRE est issu du suffixe latin -arius, -aria, -arium et, dans quelques cas, du suffixe latin -aris, -are (par ex. ecoler, XIIIe s., écolier, 1206, de scolaris).
❏  Ce suffixe, très productif dès l'ancien français, sert à former des noms de métiers, des noms d'arbres (d'après celui du fruit), des noms exprimant un contenant, et des adjectifs. ◆  -ier tend à l'emporter sur -er à partir du XIIe s. ; en revanche, il s'est réduit à -er après g et ch (par ex. dangier devenu danger) ; cette évolution a commencé dès la seconde moitié du XIIe s., mais la diphtongue était encore prononcée au XVIe siècle ; la graphie correspondant à la prononciation ne s'impose qu'au XVIIe siècle.
G IF n. m. est issu (1080) du gaulois °ivos, attesté par l'irlandais eo, le cymrique yv et par plusieurs langues germaniques, où le morphème serait un emprunt au celtique (ancien haut allemand îwa, allemand Eibe et anglo-saxon îw, anglais yew) ; le breton ivin est peut-être emprunté au français.
❏  Le mot désigne un arbre décoratif à feuilles persistantes et à fruits rouges. Par analogie avec la forme de cet arbre lorsqu'il est taillé en pyramide, le mot se dit (1834) d'une pièce de charpente légère de forme triangulaire, montée sur pied, sur laquelle on dispose des lampions pour les illuminations ; on trouve aussi if à bouteilles (1858) pour « égouttoir ».
-IF, -IVE, suffixe, du latin -ivus, se développe surtout entre le XIVe s. et l'époque classique.
❏  Il est joint à des adjectifs (tardif), des verbes (pensif) ou des noms (productif) pour former des adjectifs.
IGLOO ou IGLOU n. m. est un emprunt (1865, igloo), adapté ensuite en iglou (1880), à l'anglais igloo, attesté dès le XVIIe s. et transcription d'un mot inuit (eskimo), iglo, signifiant « habitation ».
❏  Le mot désigne un abri en forme de dôme, construit avec des blocs de glace ou de neige. Les spécialistes utilisent aussi le féminin (une iglou), parfois au sens originel d'« habitation », le sens courant de l'emprunt correspondant à l'inuit iglouliak, de liak « neige ».
IGNAME n. m. apparaît d'abord dans les traductions ; la forme igname (1515) vient d'un texte italien, lui-même traduction d'un ouvrage portugais ; inhame (1602) vient d'un texte latin, lui-même du portugais ; iniamo (1605) du néerlandais ; on le retrouve dans une relation de voyage d'un Français (1654), alors emprunt par voie orale. Le mot est un emprunt au portugais inhame (v. 1500), première langue européenne à l'utiliser, d'après une langue bantoue d'Afrique, dont cette plante est originaire ; les Portugais l'ont introduite en Amérique du Sud (actuel Brésil).
❏  Le mot désigne une plante tropicale, vivace et grimpante, à gros tubercules farineux utilisés pour l'alimentation après cuisson ou torréfaction ; il est resté didactique ou pittoresque, sauf en français d'Afrique, d'océan Pacifique, où il est usuel.
IGNARE adj. et n. est un emprunt (1365, Oresme) au latin ignarus « ignorant », de i- négatif et gnarus « qui sait », de la famille d'une racine indoeuropéenne °genē, °gnō- « connaître » (→ connaître, gnose, ignorant).
❏  Ignare, au sens de « qui n'a reçu aucune instruction » (1365), est devenu littéraire ; le mot, d'abord substantivé, s'applique (XIVe s.) à une personne d'une ignorance complète, sorti d'usage dans la construction ignare de (1440-1475, ignaire de) ; rare jusqu'au XVIIIe s., il est usuel dans ce sens avec une valeur péjorative depuis le milieu du XIXe s., et constitue un quasi-équivalent de ignorant.
❏  Les dérivés IGNARDISE n. f. (1886, Vallès) et IGNARERIE n. f. (1906) sont à peu près inusités.
IGNÉ, ÉE adj. est un emprunt (mil. XVe s.) au latin igneus « de feu, enflammé », « étincelant, ardent », dérivé de ignis « feu », concurrencé par focus, plus courant, seul représenté dans les langues romanes (→ feu). Le mot indoeuropéen correspond au sanskrit agniḥ, de caractère religieux, et au vieux slave ognjĭ, au lituanien ugnis.
❏  Au sens étymologique de « qui est de feu, a les caractères du feu », l'adjectif est d'emploi littéraire. Fluide igné désignait dans la physique ancienne un liquide en fusion issu du Soleil, alimentant toute vie sur la terre et occupant l'univers (l'éther) ; il s'est employé au figuré (1616) pour « ardent ». ◆  Le mot s'emploie encore en géologie (1835) au sens de « produit par l'action du feu » (roches ignées).
❏  IGNESCENT, ENTE adj., tiré du participe présent latin ignescens, de ignescere « prendre feu, s'enflammer » (dérivé de ignis), est attesté au figuré pour « ardent » chez Beaumarchais (av. 1789) ; il est rare au sens de « qui prend feu, est en feu », apparu à la fin du XVIIIe s.
■  IGNITION n. f. est formé à partir du bas latin ignitum, supin de ignire « brûler », de ignis. Le mot est attesté isolément aux sens de « brûlure » (1370) et de « combustion » (XVIe s.) ; il s'est employé ensuite en chimie (1611) pour désigner l'état d'un métal chauffé au rouge sans se fondre ; ignition se dit en physique depuis le XVIIIe s. (1765) de l'état d'un corps en combustion.
IGNI-, élément tiré du latin ignis, sert à former des mots savants.
■  IGNICOLE adj. et n. (1732) de -cole, « qui adore le feu », et IGNIFÈRE adj. (1817) de -fère, « qui transmet le feu », sont rares. ◆  Le composé IGNICOLORE n. m., formé des éléments latins signifiant « couleur de feu », est le nom d'un oiseau du Sahel dont le plumage, chez le mâle, est rouge vif mêlé de noir pendant la période de la reproduction.
■  IGNIFUGE adj. (1890) de -fuge*, « qui rend ininflammables les matières combustibles », est beaucoup plus courant, du fait de l'évolution des techniques (amiante, etc.). ◆  Il a servi à former IGNIFUGÉ, ÉE adj. (1894), le plus courant de la série, puis IGNIFUGER v. tr. (1900) dont dérivent IGNIFUGATION n. f. (1900), IGNIFUGEAGE n. m. (1906) et IGNIFUGEANT, ANTE adj. et n. m. (1907).
■  IGNIPUNCTURE n. f. est un terme de médecine (1870), formé sur le modèle d'acupuncture, pour désigner une méthode de cautérisation.
IGNITRON n. m. (1931), de la finale d'électron, désigne un tube redresseur dans lequel l'amorçage est renouvelé périodiquement par une électrode spéciale.
■  Celle-ci est nommée IGNITEUR n. m. (1962), francisation de l'anglais igniter (1887) ou ignitor, dérivé de to ignite « chauffer au rouge », du latin ignitus.
IGNOBLE adj. est un emprunt savant (fin XIVe s.) au latin ignobilis « de basse naissance », d'où « inconnu, obscur », formé de in- négatif (→ 1 in-) et de nobilis (→ noble).
❏  Ignoble a d'abord signifié étymologiquement « roturier, non noble », ceci jusqu'à l'époque classique. Par analogie, le mot est devenu (XVe s.) un terme de fauconnerie qualifiant les oiseaux de proie qui refusent de se laisser dresser pour la chasse. Il a repris au XVIe s. le second sens du latin, « inconnu », qui a disparu. Ignoble s'applique à une personne sans distinction et à des manières (1694, Académie), puis s'oppose ensuite à noble au sens moral par transfert de la hiérarchie sociale à la morale ; dans ce sens, il est enregistré par l'Académie (1718), mais doit être très antérieur (Cf. ignobilité ci-dessous).
■  Il s'est répandu avec la valeur de « qui est moralement bas » ; opposé à beau, l'adjectif s'applique aussi à ce qui est d'une laideur affreuse, d'une saleté repoussante (1835), d'un goût détestable, comme hideux et immonde. Par exagération, il signifie « très déplaisant » ; la valeur de l'adjectif est plus forte en français moderne qu'à l'époque classique et proche de répugnant, dégoûtant.
❏  IGNOBLEMENT adv., réfection de la forme ignobilement (1576), a le sens moderne au XVIIIe s. (1762, Académie) ; il est usuel.
■  IGNOBILITÉ n. f. est emprunté (1509 ; 1482, innobilité) au latin ignobilitas « naissance obscure », d'où « qualité inférieure », « absence de renom », composé de in- négatif et de nobilitas « noblesse », dérivé de nobilis. ◆  Sorti d'usage aux sens anciens de l'adjectif, « condition non noble » (1482), « qualité de l'homme qui n'est pas connu » (1509), il n'est guère plus usuel pour « caractère de ce qui est vil » (1547-1549). Les quasi-synonymes infamie, ignominie ou abjection ne lui ont pas laissé de place.
❏ voir IGNOMINIE.
IGNOMINIE n. f. est un emprunt savant (av. 1475), avec une variante ignomenie (1587), au latin ignominia « déshonneur », « honte », formé de in- négatif (→ 1 in-) et de gnomen, ancienne forme de nomen « nom* ». Le rapport entre ignobilis « non noble » et ignominia « absence de nom » est évident, au moins sémantiquement dès le latin (→ ignoble).
❏  Ignominie, mot d'emploi littéraire, désigne un déshonneur extrême causé par un outrage public, une action infamante et (1587 ; une ignominie) une action, une situation qui cause l'ignominie.
❏  IGNOMINIEUX, EUSE adj. (1455, mais antérieur) est un emprunt au dérivé latin ignominiosus « qui cause de l'ignominie ». ◆  Le dérivé IGNOMINIEUSEMENT adv. est relevé avant 1429.
IGNORER v. tr. est un emprunt savant (v. 1330) au latin ignorare « ne pas connaître », dérivé de ignarus, de in- (→ 1 in-) et gnarus « qui sait » (→ ignare).
❏  Ignorer s'est introduit en français avec le sens du latin, « ne pas connaître », et avec une valeur objective et subjective ; il a signifié « être négligent » (fin XIVe s., intr.). Il s'est spécialisé aux sens de « ne pas connaître l'existence, ou le mérite, de qqn » (1564), d'où « faire semblant de ne pas connaître » (1714), et de « ne pas vouloir se mêler de qqch. » (1690). La construction avec de (ignorer de qqch.) est un archaïsme littéraire, comme en ignorer « n'en rien savoir » (1579), encore vivant en emploi négatif surtout dans l'usage juridique (pour que nul n'en ignore). S'ignorer « ne pas se connaître soi-même » (av. 1662, Pascal) signifie aussi « se juger trop modestement » (1707). Ignorer les hommes s'est dit pour « ne pas connaître le cœur humain » (1787).
❏  IGNORANCE n. f. est un emprunt (1re moitié XIIe s.) au latin ignorantia « état d'ignorance », le plus souvent volontaire et blâmable, en latin chrétien « ignorance de la religion, de Dieu » et « faute, erreur » ; ignorantia est dérivé de ignorans (ci-dessous ignorant).
■  D'abord terme de religion, ignorance a eu le sens du latin chrétien, mais il désigne dès le XIIe s. (v. 1165) en général l'état d'une personne qui ne sait pas, ne connaît pas (dans l'ignorance de) et, spécialement (fin XIVe s.), l'état de qqn qui n'est pas averti des réalités de la vie, en particulier de la vie sexuelle. Depuis le début du XVIIe s., il se dit d'une faute qui indique le manque de connaissances (1607). ◆  Ignorance a pris par extension (1611) le sens de « manque d'instruction, de savoir », « absence de culture générale » ; par métonymie, une ignorance désigne une manifestation, une preuve d'ignorance.
IGNORANT, ANTE adj. est un emprunt (1re moitié XIIIe s.) au latin ignorans, -antis, participe présent de ignorare. L'adjectif s'est d'abord appliqué aux personnes qui sont dépourvues d'instruction, de savoir ; dans ce sens il est substantivé (2e moitié du XIVe s.). ◆  Il signifie ensuite (v. 1355) « qui n'est pas au courant (de qqch.) », d'où faire de l'ignorant (fin XVe s.), sorti d'usage, puis faire l'ignorant « faire semblant de ne rien savoir (de qqch.) » (1643). ◆  L'adjectif qualifie à partir du XVIe s. une personne qui n'a pas de connaissances dans un certain domaine (1549), spécialement, à l'époque classique, qui est inhabile dans sa profession (1668, Molière, d'un médecin). ◆  Le dérivé IGNORAMMENT adv. (v. 1283), « par ignorance », s'est utilisé jusqu'au XVIIe siècle.
■  IGNORANTISSIME adj. et n. est un calque (1593) du superlatif italien ignorantissimo, de ignorante ; le mot s'est surtout employé à l'époque classique.
■  IGNORANTIN, INE n. m. et adj. est dérivé d'ignorant avec le suffixe péjoratif -in*, par analogie avec augustin, capucin et peut-être sur le modèle de l'italien Ignorantelli, qui désignait les Frères des écoles chrétiennes. Frères ignorantins (1752), et les ignorantins (1829, n. m.), nom pris par humilité par les Frères des écoles chrétiennes, a été utilisé péjorativement aux époques d'anticléricalisme, l'enseignement des Frères n'étant d'ailleurs pas d'un niveau remarquable. ◆  Avant l'apparition du dérivé, Frères ignorants a désigné aussi les Capucins (1594) et les Frères de la Charité (1690).
■  IGNORANTISME n. m. (1829), variante rare d'obscurantisme, désigne la doctrine de ceux qui considèrent l'instruction nuisible ; le nom a fourni IGNORANTISTE adj. et n. (1842).
IGUANE n. m., qui apparaît au XVIe s. sous les formes iuana (1533), iguanné (1579), yquane (1598), est un emprunt à l'espagnol iguana (1519, yaguana), lui-même emprunt à l'arawak, langue indienne des Caraïbes ; la forme isolée iuana viendrait du taino, les formes avec -g- du goaxiro, autre langue indienne. Le mot est d'abord introduit en français (1553, 1579) par des traductions de textes italiens ; la forme actuelle apparaît au XVIIe s. (1658).
❏  Le mot désigne un reptile saurien herbivore de l'Amérique tropicale et des îles du Pacifique, ayant l'aspect d'un lézard de grande taille.
❏  IGUANODON n. m. (1825) est un emprunt à l'anglais iguanodon, mot composé de l'anglais iguana « iguane », et du grec odous, odontos « dent » d'après mastodon « mastodonte ». ◆  En paléontologie, le mot désigne un reptile dinosaurien fossile, de l'époque crétacée.
IKEBANA n. m. est la transcription (attestée en 1969) d'un mot japonais signifiant « fleurs vivantes », de bana « fleurs » et du verbe ikeru « garder en vie ».
❏  Cet emprunt culturel désigne l'art japonais traditionnel de l'arrangement floral.
L IL, ILS pron. pers. m. est issu (842) du bas latin illi « celui-là », altération du latin classique ille démonstratif, sous l'influence de qui. Devant consonne, on trouve en français la forme i au singulier (v. 1178) ; le cas sujet du pluriel (937-952, il) a pris un -s vers le milieu du XIIIe s., par analogie avec la flexion nominale. Le pronom neutre sujet il vient du latin populaire illum (latin classique illud) ; la forme el, avec les variantes al, ol en ancien français, a été éliminée par il (mil. XIe s.). Ille se rattache sans doute à une base indoeuropéenne voyelle + l, indiquant l'objet éloigné et réalisé dans alius, alter (→ autre) ; ultra (→ outre) et, par ailleurs, dans l'irlandais t-all « là », le vieux slave lani « l'année dernière ». Au XVIIe s., la prononciation courante ils ont était ilon, la prononciation soignée izon, la prononciation aujourd'hui normale ilzon a été répandue par l'école. Cependant, l'usage familier actuel élimine la consonne, au singulier et au pluriel, devant consonne (idi pour il dit) et au pluriel devant voyelle izon pour ils ont, retrouvant la diction soignée du français classique.
En latin classique, ille (illa, illud) s'emploie pour désigner l'objet éloigné, opposé à hic, iste ; le pronom n'était usité que pour mettre en valeur le sujet, puisque la désinence verbale suffisait à marquer la personne ; cependant, dans la langue parlée, par exemple celle de la comédie, ille tenait souvent le rôle de la 3e personne.
❏  Dans les premiers textes français, l'emploi du pronom personnel sujet a une fonction d'insistance, de renforcement : aime correspond à notre il aime, et il aime à lui, il aime. Il au masculin singulier a pour variante el (apr. 950) par influence méridionale. Il pronom sujet représente un nom masculin ou féminin qui vient d'être exprimé ou qui va suivre (2e moitié Xe s.). Le pronom perd sa fonction de renforcement et devient la marque normale du pronom sujet au début du XIIIe s. dans les textes en prose. Il, employé en ancien français comme apposition au sujet (v. 1190, il et sa compaignie), sera remplacé ensuite par lui (v. 1200, lui et sa gent ; → lui). ◆  Le pronom masculin était également utilisé comme pronom complément tonique (937-952, au pluriel sous la forme els) et atone (mil. XIe s., au pluriel, els ; 1080, comme objet d'un verbe pronominal) ; dans ces fonctions on utilise ensuite lui (eux au pluriel) et se, alors que elle reste employé comme complément (v. 1160, pluriel, eles ; 1284, singulier, ele). ◆  Jusqu'au XVIIe s., le pronom sujet pouvait s'omettre, en particulier après et et tant ; aujourd'hui l'omission n'est régulière que dans quelques contextes administratifs (citations à l'ordre du jour, motifs de punition) où le nom de l'intéressé est généralement placé en tête et détaché du contexte. La langue classique employait souvent il en reprise ; cette construction se rencontre encore quand le nom et le verbe sont éloignés ou que l'on veut insister sur le nom sujet ; la langue parlée a tendance à ajouter le pronom même quand le sujet est proche du verbe (son fils, il gagne plus que lui). ◆  En ancien français et jusqu'au XVIe s., ils s'employait avec une valeur indéfinie ; le pronom pluriel désigne encore aujourd'hui un nombre indéterminé de personnes qu'on ne mentionne pas mais qu'on tient responsable d'une action désignée par le verbe (gouvernement, riches, etc. ; par exemple ils ont augmenté l'essence).
Le pronom neutre il introduit un verbe impersonnel ou employé impersonnellement (mil. XIe s.). En ancien français et jusqu'au XVIIe s., il neutre était souvent omis ; cet usage se maintient en français moderne dans des locutions figées telles que m'est avis, peu importe, reste que, etc. ◆  Jusqu'au XVIIe s., il était fréquent en valeur démonstrative et pouvait renvoyer à un pronom neutre (ce qui, ce que) ou à un indéfini ; cet emploi est aujourd'hui un archaïsme littéraire ; par ailleurs, l'usage littéraire emploie encore à peu près indifféremment il ou ce dans certains tours (il est possible / c'est possible).
1 -IL, suffixe représentant le latin -ile, a servi à former quelques noms indiquant le dépôt (par ex. fenil) ou l'abri (pour les animaux ; par ex. chenil).
2 -IL, suffixe représentant le latin -iculum, produisait des diminutifs (par ex. coutil, grésil). Par ailleurs, -iculum apparaît sous la forme -ICULE dans des mots empruntés (par ex. pédicule, ventricule) et sert à former quelques diminutifs savants comme animalcule.
ILANG-ILANG ou YLANG-YLANG n. m. est un mot de la langue indonésienne (forme de malais) qui, conservant son sens, désigne une plante des Moluques et, surtout, le parfum qu'on en tire. L'emprunt écrit avec y est attesté en 1874.
L ÎLE n. f. est issu (déb. XIIe s., isle) du latin insula « île » et « îlot de maisons ». L'étymologie du mot latin est ignorée ; insula viendrait peut-être d'un thème méditerranéen pré-indoeuropéen °nasa- ou °nsa- « île », représenté en grec par nasos en dorien, et nêsos en attique, mais cette hypothèse reste indémontrable.
❏  Île désigne une étendue de terre émergée d'une manière durable dans un océan, une mer, sens conservé depuis l'origine. La graphie île est attestée au XVIIIe s., mais isle reste employé jusqu'au milieu du XIXe s. et encore par archaïsme pittoresque au XXe s. (les Isles). ◆  Le mot a repris à la Renaissance (1520, dans une traduction de Suétone) le sens latin « îlot de maisons », mais cette acception est sortie d'usage (→ îlot). ◆  Îles au pluriel (XVIIe s.) a désigné spécialt, en français de France, les possessions françaises des Antilles et de l'océan Indien ; cet emploi est archaïque ou pittoresque, sauf dans les expressions oiseau des îles, bois des îles et anciennement tabac des îles. ◆  Le mot sert à former divers syntagmes, au sens propre (île déserte, île au trésor, etc.) et des désignations géographiques (les îles Sous-le-Vent, etc.). ◆  Divers emplois spéciaux ont cours dans les régions francophones insulaires. Ainsi, l'île sœur se dit à Maurice pour La Réunion, et à la Réunion pour l'île Maurice. En français de Nouvelle-Calédonie, de Vanuatu, l'expression les îles exclut l'île principale (le « caillou »). L'Île rouge, la Grande Île, « Madagascar ». ◆  Par extension, île de glace (XIXe s.) s'est dit pour « iceberg » ; il est sorti d'usage. ◆  Par analogie, île flottante (XXe s.) se dit d'un entremets formé de blancs d'œufs battus sur de la crème anglaise.
❏  ÎLET n. m. (v. 1155, illet) « petite île » ne s'emploie plus qu'en français des Antilles ; le mot est sorti d'usage (1780) au sens d'« ensemble de maisons » au bénéfice de îlot.
■  ÎLETTE n. f. (v. 1225, islete ; XVIe s., illette) a également disparu ; ces mots ont été remplacés par îlot. ◆  On relève aussi islel (v. 1155) en ancien français et isleau (1575).
ÎLOT n. m., formé avec le suffixe -ot, est attesté au XVIe s. (1529, islot) au sens de « très petite île » et s'est substitué aux autres diminutifs de île. ◆  Il prend le sens (1834) de « petit groupe de maisons, isolé des autres constructions », et désigne un lieu (réel ou abstrait) où s'exerce une influence particulière, d'ordre culturel, politique (1838) ; puis, par analogie (1866, P. Loti), un espace, un objet, isolé dans un espace d'une autre nature (îlot de verdure). ◆  La même image s'applique en physiologie pour désigner un groupe de cellules dans un tissu de nature différente (1871, îlots hépatiques ; îlots pancréatiques ou, 1905, îlots de Langerhans). ◆  Au XXe s., îlot est utilisé dans divers domaines avec la valeur « élément isolé, espace réservé ». L'acception urbaine « groupe de maisons » (1791) reçoit une valeur spéciale avec îlot administratif, chef d'îlot (1942-1943) « responsable de la défense passive d'un groupe d'immeubles », d'où ÎLOTIER n. m. (1893) et ÎLOTAGE n. m. (v. 1972).
ÎLIEN, ÎLIENNE adj. et n. désigne (1800) une personne qui habite une île, spécialement sur le littoral breton (→ insulaire).
■  PRESQU'ÎLE n. f. (1546), composé de presque* et d'île, est le calque du latin paeninsula formé de paene « presque » et de insula (→ péninsule).
ILÉON → ILIAQUE
ILIAQUE adj. est un dérivé savant (v. 1370) du latin classique ilia, nom féminin pluriel, désignant les entrailles et plus généralement les flancs, mot sans origine connue. Un homonyme apparu plus tôt (XIIIe s., yliaque) est un emprunt au bas latin iliacus, adjectif, « qui concerne l'obstruction de l'intestin » (Ve s.), substantivé pour désigner l'occlusion et la personne qui en est atteinte ; iliacus est un dérivé de ileus « occlusion de l'intestin grêle », emprunté au grec eileos de même sens, dérivé de eilein « faire tourner, rouler » (→ hélice). Il s'est employé comme nom avec le sens latin et comme adjectif au figuré (XVIe s., ilyaque passion).
❏  Iliaque, terme d'anatomie, s'applique à ce qui est relatif aux hanches (v. 1370), notamment dans veine iliaque (1562), os iliaque (1814).
❏  ILION ou ILIUM n. m. est un emprunt au latin ilium « partie supérieure de l'os de la hanche », singulier refait de ilia, pris pour un mot grec. Le mot conserve le sens de l'étymon. D'abord adjectif (os ilion, 1562 ; os ilium, 1550), il s'emploie comme nom depuis A. Paré (1560).
ILÉON n. m., réfection (1562, A. Paré) de yléon (XVe s.), est un emprunt au latin médiéval ileum, ileon (v. 1210 dans le domaine anglais), dérivé du grec eilein « faire tourner, rouler », à cause des circonvolutions de l'intestin grêle. Ce terme d'anatomie désigne le troisième segment de l'intestin grêle.
■  Il a produit en médecine ILÉITE n. f. (1832) « inflammation de l'iléon », ILÉOSTOMIE n. f. (1938), ILÉAL, ALE, AUX adj. (v. 1970). ILÉOCOLIQUE adj. (1928 dans péri-iléocolique) qualifie ce qui concerne à la fois l'iléon et le côlon.