IMMACULÉ → MACULER
IMMANENT, ENTE adj. est un emprunt (v. 1370, Oresme) au latin scolastique immanens (v. 1300), participe présent du latin classique immanere « demeurer dans », de im- « dans » (→ 2 in-) et manere « demeurer », « rester, être dans » (→ manoir).
❏  Immanent est attesté isolément chez Oresme pour « qui demeure dans la pensée », valeur reprise au XVIe s. (1570) et sortie d'usage. L'adjectif s'applique ensuite en théologie (1690) à ce qui réside dans le sujet agissant (cause immanente). ◆  En philosophie, il signifie « qui est impliqué dans », d'où immanent à (1867, Littré ; immanent à la nature) et justice immanente (1865, Proudhon) « dont le principe est contenu dans les choses elles-mêmes ». Dans ces emplois didactiques, l'adjectif s'oppose à transcendant.
❏  Sur l'adjectif ont été formés les termes de philosophie IMMANENCE n. f. (1840, P. Leroux), l'expression principe d'immanence étant attestée à la fin du XIXe s. (1893), et IMMANENTISME n. m. (av. 1907, Bergson), d'où vient IMMANENTISTE n. (1920) et adj. (1936).
IMMARCESCIBLE adj. est un emprunt (1482, écrit inmarcessible) au latin ecclésiastique immarcescibilis « qui ne se flétrit pas », formé de im- (→ 1 in-) et du latin classique marcescibilis, dérivé de marcescere « se flétrir », de marcere « être fané » au propre et au figuré, verbe d'origine expressive. La graphie immarcessible, encore utilisée par quelques auteurs, a été abandonnée par l'Académie en 1878.
❏  D'emploi didactique ou littéraire, immarcescible conserve le sens du latin, au propre et au figuré.
IMMATRICULER → MATRICULE
IMMÉDIAT, ATE adj. et n. m. a été emprunté (1382) au bas latin immediatus, formé de im- (→ 2 in-) et d'un dérivé du latin classique medius « central », « intermédiaire », « moyen » (→ médiat), qui se rattache à un thème indoeuropéen °medhyo « qui est au milieu ».
❏  Immédiat s'applique d'abord à ce qui précède ou suit qqch. sans intermédiaire, dans l'espace. Puis, le mot est attesté en moyen français comme terme de droit (1474) dans seigneur immédiat, pour parler d'un seigneur relevant directement du souverain. Au sens abstrait de « qui opère, se produit sans intermédiaire », il apparaît au XVIIe s. chez Pascal (av. 1662, sentiment intérieur et immédiat). De là viennent les emplois en philosophie et en logique dans cause immédiate, déduction immédiate ou dans le titre bergsonien Essai sur les données immédiates de la conscience (1888). ◆  Immédiat est aussi employé (1830, Balzac) pour « sans intervalle (dans le temps) », d'où l'emploi courant (XIXe s.) pour « qui est du moment présent, a lieu tout de suite » et la substantivation l'immédiat « le moment même » (1864, Sainte-Beuve), fréquente sous la forme dans l'immédiat « dans un avenir bref » ou « pour le moment ».
❏  IMMÉDIATEMENT adv. a suivi une évolution sémantique parallèle à celle de l'adjectif ; le mot signifie « directement, sans intermédiaire » (1534) et « tout de suite avant ou après », dans le temps (1602) ou dans l'espace (1616).
■  IMMÉDIATETÉ n. f. a d'abord été employé comme terme de droit féodal (av. 1688), puis pour « qualité de ce qui est immédiat » (1721). Le mot est didactique ou littéraire.
IMMÉMORIAL → MÉMOIRE
IMMENSE adj. est emprunté (1360) au latin immensus « sans limite, infini », formé de im- (→ 1 in-) et de mensum, supin de metiri « mesurer », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °me- (→ mesurer, mètre).
❏  Immense est attesté d'abord au sens de « total, sans réserve » dans donation immense, emploi aujourd'hui disparu. ◆  L'adjectif signifie ensuite (av. 1453, Villon) « dont l'étendue, les dimensions sont considérables » et « qui est considérable en son genre par la taille, la quantité », concrètement et abstraitement ; par affaiblissement, il s'emploie pour « très grand ». ◆  Immense s'est employé (XVIe s.) au sens latin d'« infini » (Dieu est immense). Le mot s'est appliqué au XIXe s. à qqn dont la personnalité, les aptitudes sont très grandes. Ces deux emplois ont disparu.
❏  Le dérivé IMMENSÉMENT adv. (déb. XVIIIe s., Saint-Simon) est assez rare, sauf dans quelques syntagmes, avec le sens d'« énormément » (immensément riche).
■  IMMENSITÉ n. f., emprunt (1374, immansité) au latin immensitas, dérivé de immensus, signifie d'abord « état de ce qui est immense », « grandeur sans bornes ». Le nom désigne ensuite (1495) une étendue trop vaste pour être aisément mesurée, puis la grandeur considérable de qqch. (1671), seul emploi aujourd'hui usuel.
IMMERGER v. tr. est un emprunt isolé du début du XVIe s. (1501), à nouveau au XVIIe s., au latin immergere « enfouir », « plonger dans », de im- (→ 2 in-) et mergere, mersus « plonger », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °mezg- que l'on retrouve par exemple dans le sanskrit majjáti « il plonge », et madgúḥ désignant un oiseau aquatique.
❏  Immerger est attesté isolément (1501) au sens d'« enfouir », dans un emploi figuré. Le verbe actuel apparaît au participe passé au XVIIe s. (v. 1650, Pascal) puis à l'actif (1823) au sens de « plonger dans l'eau ». ◆  Par figure, immerger signifie (attesté 1895, Huysmans) « plonger (dans un milieu, une atmosphère, etc.) », d'où l'emploi au pronominal (s'immerger dans le travail).
❏  IMMERSION n. f. est emprunté (1374) au latin immersio, de immersum, supin du verbe immergere. Le mot signifie « action d'immerger » et « état de ce qui est immergé », au propre et au figuré. Il s'emploie spécialement en astronomie (1691) pour « début d'éclipse », puis en optique (1865, point d'immersion ; 1902, objectif à immersion).
■  De là IMMERGENT, ENTE adj. (1873 ; de immerger) « qui pénètre dans un milieu », en parlant d'un rayon lumineux.
■  IMMERSIF, IVE adj. (1690), de immersion ou du latin immersum, « qui se produit par immersion », est un terme didactique.
❏ voir ÉMERGER.
IMMEUBLE → MEUBLE
IMMIGRER v. tr. représente un emprunt (1840) au latin immigrare « venir dans, s'introduire dans », formé de im- (→ 2 in) et de migrare « changer de résidence » (→ migrer).
❏  Le verbe transitif, relativement récent (1840) qui signifie « entrer dans un pays étranger », est resté rare ; la spécialisation de sens s'est effectuée en rapport avec le sens d'émigrer*.
❏  En revanche, le participe IMMIGRÉ, ÉE adj. et n., d'abord (1769) au sens de « qui est venu de l'étranger », se dit plus couramment aujourd'hui (mil. XXe s.) d'un ouvrier étranger, souvent issu d'un pays peu développé, qui travaille dans un pays industrialisé.
■  IMMIGRATION n. f., formé à la même époque (1768) à partir du verbe latin d'après émigration, désigne l'entrée dans un pays de personnes non autochtones qui viennent généralement pour trouver un emploi. On dit par analogie immigration interne, régionale (XXe s.). Par métonymie, le mot désigne (mil. XXe s.) un ensemble d'immigrés de même origine.
■  IMMIGRANT, ANTE adj. et n. (1787, n.), désignant la personne qui arrive de l'étranger, le futur immigré, est peu employé comme adjectif (1845).
❏ voir ÉMIGRER, MIGRER.
IMMINENT, ENTE adj. est un emprunt (fin XIVe s.) au latin imminens, participe présent adjectivé de imminere « s'élever au-dessus », « être très proche » et « menacer », formé de im- (→ 2 in-) et de minere « avancer, être en saillie ». Ce verbe se rattache au latin minae « saillie, surplomb », à minax (→ menace, menacer), à eminere (→ éminent). Tous ces mots remontent à une racine indoeuropéenne °men- « être saillant », qui figure aussi dans le lat. mons, montis (→ mont, monter).
❏  Imminent apparaît (fin XIVe s.) avec le sens étymologique de « qui va se produire dans un avenir très proche », en parlant de ce qui menace (péril imminent). L'adjectif est ensuite employé (1831) sans idée de menace (une arrivée imminente).
❏  IMMINENCE n. f., emprunt au bas latin imminentia, dérivé de imminens, désigne le caractère de ce qui est imminent, avec l'idée d'une menace (1787, Necker) puis (1821, Hugo) sans cette idée de menace. Ce nom est plus didactique que l'adjectif.
■  IMMINER v. intr. (1896, Willy), du radical de l'adjectif, est très rare.
IMMISCER v. tr. est un emprunt, d'abord au pronominal (1482, soy imiscer), au latin immiscere « mêler à » (aussi se immiscere), formé de im- (→ 2 in-) et de miscere, mixtus « mêler* ».
❏  S'immiscer a le sens de « s'introduire mal à propos ou indûment (dans une affaire, etc.) », d'où vient l'emploi juridique (1583) s'immiscer dans une succession. L'emploi transitif (1599), pour « mêler (qqn) à une affaire », est rare.
❏  IMMIXTION n. f. est emprunté au bas latin immixtio « action de mêler », « fréquentation », de immixtum, supin de immiscere. Le nom, attesté isolément (1573, imixtion) avec le sens de « mélange, mixture », est repris en droit (1701), puis au sens d'« action de s'immiscer » en général (1748).
IMMOBILE adj. est un emprunt (1370-1372, Oresme) au latin immobilis « qui ne bouge pas » (→ immeuble), au figuré « inébranlable », de im- (→ 1 in-) et mobilis « mobile* ». On relève isolément immobil, nom masculin, « immobilité », antérieurement (XIIIe s.).
❏  L'adjectif a conservé le sens général du latin s'appliquant à des choses ou à des personnes ; par extension, immobile signifie (1636, Corneille) « qui reste sans mouvement, sous l'effet d'une émotion violente ». Il qualifie, comme en latin, ce qui est fixé une fois pour toutes, invariable (1580) et s'applique à une personne ferme, inébranlable (1573). ◆  Immobile à qqch. « insensible » s'est dit dans la langue classique et a disparu.
❏  Le dérivé IMMOBILEMENT adv. (XVe s.) est rare.
■  IMMOBILISER v. tr. est attesté en 1654 (Cyrano de Bergerac) au sens de « rendre immobile, arrêter » ; on trouve au XVIe s. la forme immobiliter, verbe transitif, avec ce même sens (1507) ; s'immobiliser n'est relevé qu'à la fin du XIXe s. chez les Goncourt. ◆  Le verbe est employé en droit (1802) au sens de « convertir fictivement en immeuble », du sens spécial de immobilis en latin. Immobiliser s'emploie ensuite spécialement en médecine (1864 ; immobiliser un membre fracturé). ◆  La valeur générale a donné les sens figurés « empêcher le progrès » (1839, G. Sand), « rendre incapable d'agir, paralyser » (1857, pron., Flaubert), et l'emploi dans le domaine économique (av. 1902 ; immobiliser des capitaux). Le verbe a plusieurs dérivés.
■  Le nom d'action IMMOBILISATION n. f., d'abord terme de banque (1819), puis d'emploi général (1832, Balzac), a des sens parallèles à ceux du verbe.
■  IMMOBILISABLE adj. et IMMOBILISANT, ANTE adj. (XXe s.) sont surtout vivants dans des emplois spéciaux (droit, finances pour le premier ; médecine pour le second).
■  IMMOBILISME n. m., attesté chez Fourier (1829), comme IMMOBILISTE adj. et n. désigne la disposition à se satisfaire de l'état présent des choses, notamment dans le domaine économique et social.
IMMOBILITÉ n. f., emprunté (1314) au latin impérial immobilitas, dérivé préfixé de mobilitas d'après immobilis, désigne l'état de ce qui est immobile, au propre et (1658) au figuré.
IMMOBILIER → MOBILE
IMMOLER v. tr. est un emprunt (v. 1460) au latin immolare, de im- (→ 2 in-) et de molare, dérivé de mola « meule », d'où « farine », spécialement employé pour désigner la farine de blé torréfiée que l'on mélangeait de sel pour la répandre sur la tête des victimes au cours d'un sacrifice. Mola se rattache à une racine indoeuropéenne °mel- « moudre ».
❏  Immoler, dans toutes ses acceptions, est didactique ou littéraire. Le verbe apparaît d'abord dans un contexte religieux (v. 1460) en parlant du sacrifice de Jésus, sur la croix, et renouvelé dans la messe. Par extension (1538), immoler signifie « tuer (une personne, un animal) en sacrifice à une divinité ». Le verbe est ensuite employé (déb. XVIIe s.) au figuré au sens de « renoncer à » (XVIIe s.). Cet emploi (immoler ses intérêts, etc.) [1640], comme celui de s'immoler (1668, Molière), a vieilli puis a disparu. Par extension du premier sens, immoler a le sens « faire périr » (1691), sorti d'usage, alors que s'immoler (par le feu, etc.) peut encore se dire. Dans tous les emplois, sauf en histoire des religions, le verbe est remplacé par sacrifier.
❏  IMMOLATION n. f., « action d'immoler », est antérieur au verbe (1re moitié du XIIe s.). C'est un emprunt au latin immolatio, de immolatum, supin du verbe latin ; le mot est didactique ou littéraire comme immoler.
■  IMMOLATEUR, TRICE n. (1534, au masculin), emprunt au latin immolator « sacrificateur », du supin de immolare, est quasiment sorti d'usage.
IMMONDE adj. est un emprunt (v. 1225) au latin immundus « sale », « impur », formé de im- négatif (→ 1 in-) et de mundus « propre, soigné » (→ émonder).
❏  L'adjectif s'applique d'abord à ce qui est impur selon la loi religieuse, et à ce qui a un caractère d'impureté morale, d'où les locutions l'esprit immonde « le démon » (2e moitié du XIVe s., esperit immonde) et le péché immonde « le péché de la chair » (1767, Voltaire). ◆  Immonde signifie depuis le XVIe s. « d'une saleté ou d'une laideur qui soulève le dégoût » (Cf. ignoble), sens aujourd'hui courant. Au figuré, l'adjectif qualifie (1835, Flaubert) ce qui est d'une extrême immoralité ou d'une grande bassesse.
❏  IMMONDICE n. f. est un emprunt (v. 1225, au pluriel ; v. 1265, au singulier) au latin immunditia « saleté », « ordures », dérivé de immundus. Immondices désigne au pluriel les détritus, les déchets de la vie humaine. Au singulier (v. 1265), au sens de « chose répugnante ou impure », le mot est d'emploi littéraire ou appartient au vocabulaire religieux (1564). Immondices s'emploie par figure (1778, Diderot) pour « horreurs, saletés ».
■  Le dérivé IMMONDICITÉ n. f. (fin XIVe s., inmundicitez) « saleté, ordure », ensuite au singulier et au figuré (apr. 1450), est littéraire et rare. V. Hugo a employé l'adjectif immondiciel dans Les Misérables (1862).
IMMORTEL, ELLE adj. et n. est emprunté (v. 1314, Mondeville) au latin immortalis « qui n'est pas sujet à la mort », formé de im- (→ 1 in-) et de mortalis, dérivé de mors, mortis (→ mort).
❏  Immortel s'est d'abord employé au sens de « qui n'entraîne pas la mort » (plaies immortelz) comme contraire de mortel ; ce sens a disparu. ◆  L'adjectif s'applique ensuite (v. 1330) à ce qui n'est pas sujet à la mort, d'où l'emploi nominal, un immortel « un dieu » (1578, Ronsard). Par extension, immortel prend le sens de « qui survit dans la mémoire des hommes » (1352-1356, Bersuire), puis signifie au XVIe s. (av. 1525, G. Crétin) « qu'on suppose ne devoir jamais finir ». ◆  De là vient IMMORTELLE n. f. (1665), nom d'une plante dont l'involucre ne change pas avec le temps quand la fleur se dessèche. ◆  Par référence au sceau portant la formule À l'immortalité, donné par Richelieu à l'Académie française, immortel, nom, désigne (1833) un académicien, le féminin étant normal dès lors que l'Académie admet les femmes.
❏  IMMORTELLEMENT adv. (XVe s.) est littéraire.
■  Le dérivé IMMORTALISER v. tr. signifie d'abord (1544, M. Scève, se immortaliser) « rendre immortel », sens aujourd'hui rare. Au figuré, il signifie (1554, Tahureau) « rendre immortel dans la mémoire des hommes », emploi vieilli avec un sujet de personne. ◆  Ce verbe a fourni IMMORTALISATION n. f. (1580, Montaigne).
IMMORTALITÉ n. f. est un emprunt (fin XIIe s.) au latin immortalitas, dérivé de immortalis. Le mot d'abord écrit immortaliteit, puis (v. 1220) immortalité, désigne d'abord l'état d'une chose, d'une personne immortelle ou considérée comme telle, d'où spécialement l'immortalité de l'âme (av. 1662, Pascal). Au figuré, il désigne (1532, Rabelais) la qualité de ce qui survit longtemps dans la mémoire des hommes, d'où la formule donnée par Richelieu à l'Académie française, À l'immortalité (Cf. ci-dessus, immortel). ◆  Au début du XXe s., par extension du premier sens, immortalité se dit d'une durée dont on ne voit pas le terme.
IMMUABLE → MUER
IMMUNITÉ n. f. est un emprunt (1341 ; dès 1276, selon Bloch et Wartburg) au latin immunitas « exemption, dispense, remise », dérivé de immunis « dispensé de toute charge, d'impôt », formé de im- privatif (→ in-) et de munus « charge » (→ commun, municipal, munificence), le pluriel munera signifiant « fonctions officielles » et « cadeau que l'on fait » ; munus se rattache à une racine indoeuropéenne °mei- « changer », « échanger ».
❏  Immunité est introduit en français avec le sens latin, « exemption », en parlant de charges, d'impôts ; à l'époque franque, l'immunité est une des institutions qui annoncent la féodalité. L'idée de « franchise » explique que le mot ait eu en moyen français le sens de « droit d'asile » (1367). ◆  Immunité, toujours avec l'idée de « franchise », devient ensuite (1890) un terme de droit constitutionnel (immunité parlementaire) et international (immunité diplomatique). ◆  Le mot a été repris au XIXe s. en biologie (1865, Littré et Robin) pour désigner la propriété que possède un organisme d'être réfractaire à certains agents pathogènes, par exemple immunité acquise (1867).
❏  De ce sens vient IMMUNITAIRE adj. (mil. XXe s.), sur le modèle communauté/communautaire, et la formation d'une série de mots, ainsi que le sens nouveau de immun (ci-dessous).
■  IMMUNISER v. tr. est en effet un dérivé savant (1894, au participe passé, A. Calmette) du latin immunis. Formé en relation avec le nom immunité*, ce verbe a le sens de « rendre réfractaire aux agents pathogènes » ; il s'emploie figurément pour « protéger ». ◆  Sur le verbe ont été formés IMMUNISATION n. f. (1894, A. Calmette), IMMUNISANT, ANTE adj. et n. m. (1895) qui s'applique à un effet ou à une substance (un sérum, par exemple).
Le latin immunis avait été emprunté sous la forme IMMUN, UNE adj. et n. m., qui a eu en droit ancien (1431) le sens latin de « non soumis à (une obligation) », « exempt (d'impôts) » et a signifié aussi en moyen français « indemne » (v. 1480).
■  La même forme, en biologie (1916), correspond à un emprunt de sens à l'anglais immune (1881), de même origine que le français, sous l'influence d'immunité ; l'adjectif qualifie un organisme immunisé ou une substance immunisante.
IMMUNO-, premier élément tiré du latin immunis et du radical d'immunité, a servi à former de nombreux mots en biologie et en médecine, surtout avec le développement des études portant sur les réactions immunitaires.
■  IMMUNOGÈNE adj. (1906) ; IMMUNOLOGIE n. f. (1924), dont dérivent IMMUNOLOGIQUE adj. (1928) et IMMUNOLOGISTE n. (mil. XXe s.).
■  IMMUNOTHÉRAPIE n. f. (1927) ; IMMUNOTRANSFUSION n. f. (écrit immuno-transfusion en 1927) concerne les traitements destinés à provoquer ou stimuler l'immunité de l'organisme ; IMMUNOSUPPRESSION n. f. (mil. XXe s.) désigne la disparition de l'immunité ; IMMUNOGLOBULINE n. f. (v. 1958) ou IMMUNOGLOBINE n. f. ; IMMUNOCHIMIE n. f. (1959) ; IMMUNODÉPRESSEUR adj. et n. m. (1967), du radical du latin depressus « abaissé » (→ dépresseur ; sida), est (abusivement) synonyme de IMMUNOSUPPRESSEUR n. m. (1967).
RADIOIMMUNOLOGIE n. f. (v. 1970) dénomme les méthodes de dosage des macromolécules biologiques par des anticorps « marqués » à l'aide d'anticorps radioactifs.
IMMUTABLE adj. est un emprunt (1410) au latin immutabilis « qui ne change pas », formé de im- privatif (→ 1 in-) et de mutabilis, dérivé de mutare « changer » (→ muer, muter).
❏  Le mot, qui a repris le sens du latin, reste inusité jusqu'au XIXe s. et demeure rare.
❏  IMMUTABILITÉ n. f., emprunt au dérivé latin immutabilitas, est d'usage didactique ou littéraire (1470), ou employé comme terme de droit (1804).