IMPLUVIUM n. m. est emprunté (1837) au latin impluvium qui dérive du verbe impersonnel impluere « pleuvoir dans », formé de im- (→ 2 in-) et de pluere « pleuvoir* ».
❏
Le mot désigne, dans l'Antiquité romaine, un bassin creusé au milieu de l'atrium des maisons pour recueillir les eaux de pluie.
1 IMPORTABLE → 1 IMPORTER
2 IMPORTABLE → 2 IMPORTER
+
1 IMPORTER v. intr. et tr. ind., attesté chez Rabelais (1536) au sens de « nécessiter, comporter », représente sans doute une réfection, d'après l'italien importare ou d'après le latin, de l'ancien français emporter « comporter, avoir pour conséquence » (1283), sens encore relevé au XVIe siècle. L'italien importare « comporter, impliquer, entraîner » (fin XIIIe-déb. XIVe s., Dante), puis « nécessiter, réclamer » (déb. XIVe s.), emprunte le latin classique importare « porter dans », d'où « causer », « entraîner ». Ce verbe est composé de im- (→ 2 in-) et de portare (→ porter). Le verbe italien signifiait aussi « concerner, présenter de l'intérêt » (XVe s.) ; de ce sens viennent les valeurs de importanza et importance.
❏
Seul ce sens propre à l'italien « avoir de l'importance, concerner », lié à importance, subsiste en français où il est attesté en 1543 ; importer à (qqn, qqch.) est relevé en 1552, l'emploi absolu en 1587.
◆
Qu'importe que, suivi de l'indicatif, apparaît chez Montaigne (1595) ; on relève ensuite il importe de, suivi d'un infinitif (1611), il importe que, suivi d'un subjonctif (1636), il n'importe et n'importe (XVIIe s.). N'importe fait partie de locutions pronominales indéfinies (mil. XVIIIe s.), comme n'importe qui, quoi, lequel, de locutions adjectivées, comme n'importe quel, quelle (1782, Rousseau), et adverbiales (n'importe comment, où, quand). Parmi ces expressions, n'importe quoi s'est figé pour exprimer la désapprobation d'une proposition ou d'un acte déraisonnable (avec l'abréviation n'imp' et la substantivation : c'est vraiment du n'importe quoi !). Un développement de n'importe quoi, pour « chose absurde, action inepte », est seulement oral : n'import' quaouac.
❏
Le dérivé
1 IMPORTABLE adj. « qui a de l'importance » (1509) est sorti d'usage.
◈
IMPORTANCE n. f. est sans doute un emprunt (1440-1475) à l'italien
importanza « fait d'être important » (fin
XIVe-déb.
XVe s.), « autorité, influence, prestige » (1
re moitié
XVe s.), dérivé de
importare (ci-dessus).
■
Importance a d'abord désigné un événement remarquable, un accident (sens disparu) et s'est employé pour « autorité, influence d'une personne », que lui confèrent ses responsabilités, ses talents, etc.
◆
Le nom se dit ensuite (fin XVe s.) du caractère de ce qui a de grandes conséquences et de la valeur que l'on attribue à une chose. Au XVIIe s., la locution adverbiale d'importance, très fréquente, signifie « beaucoup, fortement » (1636) ; aujourd'hui littéraire, elle n'est plus employée avec un adverbe de quantité (assez, trop) ni avec une négation. Importance « autorité » est employé péjorativement au XVIIe s. (1659, Molière faire l'homme d'importance) ; de là vient (1772) le sens de « suffisance, arrogance », aujourd'hui vieilli (Cf. important).
◈
IMPORTANT, ANTE adj. et n. (1476, selon Bloch et Wartburg ; puis 1528) est lui aussi un emprunt à l'italien
importante « qui a de l'importance » et, spécialement, « de l'intérêt stratégique, politique » (attesté au
XVe s., au superlatif
importantissimo) ; c'est le participe présent adjectivé de
importare.
■
L'adjectif français s'applique d'abord à ce qui importe, qui a un grand intérêt, des conséquences notables, d'un point de vue qualitatif ou quantitatif. Il s'emploie également depuis la fin du XVIe s. en parlant de personnes, péjorativement comme nom au XVIIe s., dans faire l'important (1651 ; 1630, faire de l'important) et comme adjectif (XVIIIe s.).
◆
IMPORTANT n. m. « ce qui importe » est attesté chez Beaumarchais (1792).
2 IMPORTER v. tr., attesté au XIVe s. (1369 en Normandie, puis en 1382), est un emprunt au latin importare « porter dans » (→ 1 porter) et employé comme terme de commerce.
❏
Importer s'emploie d'abord pour « apporter (de l'argent) dans une entreprise commerciale », remplacé en ce sens par investir. Il reprend ensuite le sens du latin, « transporter dans un pays (des produits en provenance d'autres pays) » (1396) ; on trouve aussi au XVIe s. emporter dans cet emploi.
◆
Le verbe devient courant à partir du XVIIe s. (1669, Colbert) avec le développement des échanges commerciaux et l'influence de l'anglais to import (1548, dans ce sens ; 1508, « introduire une chose venue de l'extérieur »), lui-même emprunté au moyen français. Il s'oppose alors à exporter.
◆
Par extension, importer signifie « introduire dans un pays (une espèce animale) pour l'y acclimater » (1755) ; le verbe s'emploie ensuite au figuré (1801) en parlant d'idées, de mœurs, de mots, etc.
❏
Le verbe a fourni deux dérivés.
IMPORTATEUR, TRICE n. et adj., employé au propre (1756-1758) et au figuré (déb.
XIXe s.).
Importeur (1764) au sens propre ne s'est pas imposé.
■
2 IMPORTABLE adj. est quasi contemporain (1802) du composé RÉIMPORTER v. tr. (1792) dont dérive RÉIMPORTATION n. f. (1835).
◈
IMPORTATION n. f. est un emprunt (1734) à l'anglais
importation « action d'importer » (1601) et « marchandise importée » (1664), dérivé de
to import. Importation, introduit en même temps que
exportation*, a eu une évolution sémantique parallèle à celle du verbe
importer ; terme de commerce (1734), il s'emploie au figuré (1770, Voltaire,
l'importation des idées) et désigne ce qui est importé (1770, Raynal) ; le mot reste d'emploi technique au
XVIIIe siècle.
◈
IMPORT-EXPORT n. m., anglicisme, provient d'un syntagme attesté chez J. Laforgue (1885,
import et export) ; le nom est composé des mots anglais
import (1690, « ce qui est importé » ; 1797, « action d'importer ») et
export (1690, « ce qui est exporté » ; 1804, « action d'exporter »).
■
IMPORT n. m., attesté chez Claudel en 1907, représente un nouvel emprunt à l'anglais import au sens particulier de « contenu, signification d'un mot, d'un texte » ; ce mot est didactique.
IMPORTUN, UNE adj. et n. m. est un emprunt (1327) au latin importunus, proprement « inabordable » et au figuré « incommode, désagréable », formé de im- (→ 1 in-) et d'un dérivé de portus « ouverture, passage », d'où « entrée d'un port » et « port, refuge » (→ port).
❏
L'adjectif a d'abord qualifié une demande, une supplication pressante, puis il s'est appliqué (v. 1450) à une personne dont la conduite n'est pas en accord avec le rang.
◆
Par extension, importun signifie « qui poursuit d'une manière continue, répétée », d'où « qui ennuie par une présence ou une conduite hors de propos », en parlant d'une personne (1540) ou d'une chose (1558). L'adjectif est d'emploi littéraire, seul le nom (1542) est courant. Être importun à soi-même « être pour soi-même une cause d'embarras » (XVIIe s.) est sorti d'usage.
❏
Le dérivé
IMPORTUNÉMENT adv., « de manière importune », est littéraire et rare (1527). Ce dérivé existait déjà en ancien français (
XIIIe s.) au sens de « subitement » ; isolément le mot a aussi signifié « d'une manière pressante » (1400-1450).
■
IMPORTUNER v. tr. (1456-1467), peut-être pris au latin médiéval importunare (1220), signifie « ennuyer par ses assiduités, gêner par une présence ou un comportement lassant » ; le verbe est d'emploi littéraire ; s'importuner « être contrarié » (1637, Malherbe) est sorti d'usage.
■
IMPORTUNITÉ n. f. est emprunté (1326) au dérivé latin classique importunitas « difficulté d'accès d'un lieu » et par figure « caractère désagréable d'une personne », puis en latin médiéval « sollicitation pressante » (v. 1090).
◆
Le mot est introduit avec le sens du latin médiéval qui a vieilli (une, des importunités). Il désigne ensuite (1572) le caractère de ce qui est importun puis (v. 1600) une chose importune.
+
IMPOSER v. tr. est une réfection (1302), par latinisation du préfixe, de la forme emposer (1119), francisation d'après poser ; le verbe est emprunté au latin imponere « placer sur » et « établir sur », « donner (à qqn) la charge de (qqch.) », « rendre obligatoire (un tribut, une loi) » et « abuser (qqn) ». Imponere est formé de im- (→ 2 in-) et de ponere « poser, déposer » (→ pondre), issu de °po-sinere ; sinere, situs signifiait à l'origine « laisser, placer », puis à l'époque classique « permettre » (→ situer).
❏
L'ensemble des sens du latin a été repris en français. Emposer signifiait « donner (un nom) à » puis au XIIe s. (av. 1150) « placer sur ». Dans son premier emploi attesté (1302), imposer signifie « attribuer faussement (qqch. à qqn) » (Cf. imputer), acception disparue mais encore courante à l'époque classique. De là vient ensuite le sens de « faire croire une chose fausse » (1536 ; 1596, « tromper »), vieilli aujourd'hui, mais courant au XVIIe s. où imposer en emploi absolu équivalait à mentir (→ imposteur).
◆
Au XIVe s., se développe le sens général de « contraindre » ; le verbe se dit pour « prescrire à qqn (une action, une attitude difficile, désagréable) », sens devenu courant (1342, imposer silence).
◆
Il s'emploie aussi pour « faire payer autoritairement » (→ impôt), spécialement « assujettir à l'impôt » (1332, impouser à qqn « soumettre à un impôt » ; puis 1422, imposer qqn) ; il est sorti d'usage pour « frapper (qqn) d'une peine » (1370-1372) mais s'est étendu aux choses avec sa valeur fiscale, pour « percevoir une taxe sur » (1690, Furetière).
◆
Le sens de « mettre sur » apparaît dans imposer un nom (à une chose, etc.), qui reprend le sémantisme initial, « la désigner par un nom spécial » (1499), puis dans l'emploi général (1530), encore attesté chez Furetière en 1690 et encore vivant dans le vocabulaire liturgique (1541, Calvin ; imposer les mains, dans certains sacrements).
◆
Le verbe signifie aussi (XVIe s.) « faire une forte impression, commander le respect, l'admiration », dans la construction (1538) imposer à qqn, remplacée par en imposer à qqn (1735). À ce sens correspond le dérivé imposant (ci-dessous).
◆
S'imposer au sens moderne de « se faire admettre, reconnaître » est attesté depuis Guizot (1828). L'idée de contrainte se retrouve dans l'emploi pronominal s'imposer qqch. (1552) « s'en faire une obligation », dans l'acception « faire accepter par une contrainte morale » (1564) puis, au XVIIe s., « faire accepter (qqn) par force, autorité, etc. » (1664).
◆
Le verbe s'emploie en imprimerie par spécialisation du sens de « mettre sur » : imposer une feuille (1690), c'est grouper les pages de composition.
❏
La famille du mot est importante.
■
IMPOSEUR n. m. s'est employé (1340) au sens de « celui qui règle la répartition de l'impôt » ; le mot désigne aujourd'hui (1802) l'ouvrier imprimeur qui impose la feuille.
■
Le dérivé IMPOSABLE adj., « qui peut être soumis à l'impôt », est relevé dès 1454. Il est aussi substantivé, en français moderne.
■
IMPOSANT, ANTE adj., tiré du participe présent, ne retient qu'une valeur du verbe ; il signifie, en parlant d'une personne ou de son comportement, etc., « qui fait une forte impression, inspire le respect » (1715, Lesage, air imposant), puis prend le sens de « qui impressionne par la quantité, l'importance » (1732, faste imposant) et, par extension, équivaut à « important » (1825). Imposant se dit aussi d'une personnalité de forte corpulence, qui en impose par sa taille (1855).
■
Imposer a fourni deux verbes préfixés. RÉIMPOSER v. tr. (1549), terme technique aujourd'hui spécialisé en imprimerie, dont dérive RÉIMPOSITION n. f. (1683) ; SURIMPOSER v. tr. « frapper d'un impôt supplémentaire » (1674), vieilli au sens de « placer par-dessus » (1766) ; en dérive SURIMPOSITION n. f. (1611).
◈
IMPOSITION n. f. est emprunté au latin
impositio « action de mettre sur », « application », dérivé de
impositum, supin de
imponere.
■
Le nom a suivi une évolution sémantique parallèle à celle d'imposer, mais ses emplois sont plus restreints. Il est d'abord attesté au sens de « charge financière » (v. 1228, imposicion ; fin XIVe s., au pluriel ; 1538, « action d'imposer ») ; il a vieilli comme terme technique synonyme d'impôt (1288).
◆
Il désigne ensuite l'action de donner un nom (fin XVIe s. ; 1317, en parlant de l'action d'imposer un sceau), valeur qui subsiste de nos jours en parlant des mains (1535 ; calque du latin impositio manuum).
◆
Imposition entre également dans le vocabulaire de l'imprimerie (1690).
◆
Aux sens d'« action de contraindre » (1694) et d'« injonction » (av. 1755), il est sorti d'usage.
❏ voir
IMPOSTE, IMPOSTEUR, IMPÔT.
IMPOSTE n. f. est emprunté (1545) à l'italien imposta, féminin substantivé de imposto « placé sur », participe passé du verbe imporre « mettre sur », du latin imponere « mettre sur » (→ imposer). Imposta désigne (v. 1465) une tablette saillante posée sur un pilier de nef, puis (av. 1574) la partie supérieure d'une baie de porte ou de fenêtre.
❏
Imposte a repris les sens de l'italien, en architecture (1545) et au XIXe s. en menuiserie (1828).
IMPOSTEUR n. m. représente un emprunt (1542, Rabelais) au latin impérial impostor, -oris « trompeur », dérivé du latin classique imponere au sens d'« abuser (qqn) » (→ imposer). On trouve aussi chez Rabelais la forme francisée emposteur (1532).
❏
Le nom désigne d'abord une personne qui abuse de la crédulité d'autrui par des discours mensongers ; il s'est dit dans la langue classique pour « calomniateur » et désigne (1669) celui qui cherche à en imposer par de fausses apparences. Ces emplois correspondent à ceux du verbe imposer et sont comme eux sortis d'usage.
◆
En revanche, l'acception contemporaine (1668) « personne qui usurpe un nom, une qualité qui ne lui appartient pas » est restée vivante.
❏
IMPOSTURE n. f. a été emprunté une première fois au XIIe s. (1174-1176), sous la forme adaptée emposture, au latin impérial impostura « tromperie », dérivé de imponere.
◆
Imposture est à nouveau emprunté au XVIe s. (1534, Rabelais) et désigne l'action, le fait de tromper (par des discours mensongers), sens qui correspond aux emplois d'imposteur et du verbe imposer ; ce sens a vieilli. Le nom a désigné au XVIIe s. une imputation mensongère, une calomnie (1643) et une fausse apparence, une illusion. Il reste littéraire aux sens de « tromperie d'une personne qui se fait passer pour ce qu'elle n'est pas » (1670) et d'« apparence trompeuse ».
IMPÔT n. m. est un emprunt adapté (1399, impost) au latin impositum « ce qui est imposé », neutre de impositus, participe passé de imponere (→ imposer). Il a été francisé comme dépôt.
❏
Le nom désigne tout d'abord le prélèvement que l'État opère sur les ressources des particuliers ; sous l'Ancien Régime, ce prélèvement était en nature (corvée, dîme) ou pécuniaire (aide, capitation, gabelle, taille). Le mot s'applique ensuite (1767) à l'ensemble de ces redevances ; on distingue au XVIIIe s. les impôts indirects (1768) des impôts directs (appelés Droits réunis sous l'Empire). Ces derniers seuls sont appelés impôts dans la langue courante.
◆
Par figure, impôt s'emploie (1817-1823, Lamennais) pour « contribution, obligation » ; l'impôt du sang désignant (1842, Balzac) l'obligation du service militaire.
◆
Par métonymie, le mot s'emploie au pluriel (XIXe s.) pour désigner l'administration chargée de déterminer et de recouvrer les prélèvements ; il est alors synonyme de fisc.
IMPOTENT, ENTE adj. et n. est un emprunt (1319) au latin classique impotens « impuissant, incapable, faible », formé de im- (→ 1 in-) et de potens, potentis « puissant », « maître », qui servait de participe présent à posse « pouvoir ». Potens a servi de base à la création du latin populaire °potere (→ pouvoir), qui a remplacé posse ; le mot se rattache à un thème indoeuropéen °poti-, qui désignait le chef d'un groupe social (famille, clan, tribu).
❏
Impotent s'applique d'abord à une personne qui ne peut se mouvoir ou ne se meut qu'avec difficulté, substantivé tardivement (1798) ; par extension, il s'emploie (1835) en parlant d'un membre (jambe impotente).
❏
IMPOTENCE n. f., emprunté (1269-1278) au dérivé latin impotentia « impuissance, faiblesse », désigne l'état d'une personne impotente et s'emploie spécialement en médecine (impotence fonctionnelle, 1894).
IMPRÉCATION n. f. est un emprunt savant (v. 1355, imprecacion) au latin imprecatio, « prière par laquelle on vouait qqn aux dieux de l'Enfer » puis « bénédiction » (Ier s.), dérivé de imprecari « prier pour obtenir (un bien ou un mal pour un ennemi) ». Ce verbe est formé de im- (→ 2 in-) et de precari (→ prier), dérivé de prex, precis « prière ».
❏
Le nom perdant sa valeur positive, vivante en moyen français (1374) où imprécation désignait le fait d'appeler la bénédiction de Dieu sur soi-même, a conservé le sens de « malédiction » dans le contexte de l'Antiquité (v. 1355). Par analogie, imprécation désigne (1564) un souhait de malheur (contre qqn) ; par référence à cette valeur, le mot s'emploie en histoire littéraire à propos des malédictions proférées par un personnage dans une tragédie (1680).
❏
Imprécation a fourni les dérivés IMPRÉCATOIRE adj. (fin XVIe s.), littéraire, et IMPRÉCATEUR, TRICE n. (1664), mot très rare, repris dans le titre d'un roman de R. V. Pilhes (1974), où il faisait figure de néologisme.
L
IMPRÉGNER v. tr. est la réfection (1500), d'après le latin, de empreignier (1121-1134) ou empreigner (1130-1140), pour éviter la confusion avec certaines formes de empreindre. Le verbe sous ses deux formes est issu du bas latin impraegnare « féconder », formé de im- (→ 2 in-) et de praegnans, -antis « qui est près de produire », « enceinte » — emprunté par l'anglais pregnant —, « gros, gonflé ». C'est un composé de prae « avant » et de gnasci, forme archaïque de nasci (→ naître).
❏
Le verbe a signifié comme intransitif « être fécondée, devenir enceinte » (1121-1124) et comme transitif « rendre enceinte, féconder » (1130-1140) ; il s'est employé au figuré en ancien français (XIIIe s.) pour « remplir (qqn d'un sentiment) ».
◆
Par confusion avec certaines formes du verbe empreindre, qui en retour est attesté au sens d'« engrosser » (1530), imprégner prend au début du XVIIe s. (1620) le sens de « pénétrer (un corps) dans toutes ses parties », en parlant d'une matière quelconque (1671), puis d'un liquide (1762), seul emploi moderne, en concurrence avec imbiber en ce sens. Au figuré (1740-1755, Saint-Simon), le verbe signifie « pénétrer, influencer profondément ».
❏
Du verbe dérivent
IMPRÉGNABLE adj. (1803), rare, et
IMPRÉGNANT, ANTE adj. (
XXe s.).
■
IMPRÉGNATION n. f. est emprunté (fin XIVe s., impregnacion) au dérivé latin impraegnatio « action de concevoir », dérivé de impraegnare, ou est un dérivé savant du verbe latin.
◆
Ce nom a eu une évolution sémantique parallèle à celle du verbe ; il s'est employé (fin XIVe s.) pour « fécondation » jusqu'au XVIIIe s., par exemple chez Buffon ; puis il a désigné (1690, Furetière) la pénétration d'une substance dans une autre et la pénétration d'un fluide dans un corps quelconque (1765). Au XIXe s., le mot s'emploie au figuré (1858, Michelet). La valeur en biologie (1858) pour « influence héréditaire » vient du premier sens et n'est plus vivante qu'en histoire des sciences.
◆
Du sens propre viennent des emplois spéciaux en technique (1859, imprégnation des bois), en biologie (1923) où imprégnation désigne une méthode de coloration des cellules, en pathologie (1928) où le mot se dit de la pénétration d'un agent nocif dans l'organisme (1933, imprégnation alcoolique) ; imprégnation est également devenu un terme d'éthologie.
IMPRESARIO n. est un emprunt (1753, Grimm) à l'italien impresario « entrepreneur » (1644-1683) et spécialement « organisateur de spectacles » (déb. XVIIIe s.). Ce nom est dérivé de impresa « entreprise » (d'où en moyen français imprese, 1578), féminin substantivé de impreso, participe passé de imprendere « entreprendre », issu du latin populaire °imprehendere, composé du latin classique prehendere (→ prendre). On trouve aussi la graphie francisée imprésario qui semble récente (1949).
❏
Le mot a désigné le directeur d'une troupe théâtrale ; il désigne aujourd'hui (1867, Taine) une personne qui s'occupe de la vie professionnelle d'un artiste, d'un groupe artistique.
+
IMPRESSION n. f. est un emprunt (mil. XIIIe s.) au latin impressio « action d'appuyer », « irruption, choc, attaque », « pression » et, au figuré, « effet qu'une cause produit dans l'esprit ». Le nom est dérivé de impressum, supin de imprimere (→ imprimer).
❏
En ancien français,
impression s'emploie concrètement pour désigner la marque laissée par un corps pressé sur une surface, l'action de presser (mil.
XIIIe s.) et, abstraitement, l'effet qu'une cause extérieure produit dans l'esprit de qqn (1269-1278) ; ce sens aujourd'hui courant sera repris au
XVIIe s. après une période où il n'est plus représenté. Un autre sens figuré, « acte de contrainte » (1359), est sorti d'usage.
◆
Dans la dernière partie du
XVe s. le mot s'introduit dans le vocabulaire de l'imprimerie naissante (voir l'histoire du verbe
imprimer*, dont il est alors le substantif) ;
impression désigne l'action d'imprimer un livre (1475 ;
Cf. imprimerie), le résultat de l'opération (1497) puis équivaut à « production des livres » (1500), sens sorti d'usage et remplacé par
édition.
◆
Par extension, le mot se dit d'un procédé de reproduction par pression d'une surface sur une autre, qui en garde la marque (1570, en parlant de la frappe de la monnaie), cette marque se nommant
empreinte*. À la fin du
XVIe s.,
impression est employé chez Montaigne (1588) au sens aujourd'hui disparu d'« action d'un corps sur un autre ». Le mot s'utilise ensuite en peinture (1636) pour désigner l'enduit mis sur une toile, avant que le peintre y exécute son œuvre.
C'est en 1630 qu'est repris le sens abstrait psychologique, utilisé alors dans la locution faire impression (1639, Rotrou), sens qui se développe à l'époque classique. Impression s'est dit aussi (1647, Corneille) de l'action qu'exerce sur qqn un objet, un sentiment ; donner l'impression, une impression est vieillie au sens de « transmettre à qqn sa façon de juger (une personne ou qqch.) » (1656, Pascal), la locution ayant pris les sens de « faire l'effet de » et de « donner le sentiment, l'illusion (de qqch. dont on éveille l'idée) ». Impression au milieu du XVIIe s. désigne aussi une forme de connaissance élémentaire, immédiate et vague, que l'on a de qqn ou de qqch., sens aujourd'hui usuel, et qui se retrouve dans plusieurs locutions : faire bonne (mauvaise) impression (à, sur qqn) [1669].
◆
Le mot désigne également (1678, La Fontaine) l'action d'un agent extérieur qui atteint un organe sensoriel et y provoque une modification ; cet emploi est aujourd'hui un archaïsme littéraire, impression se disant en psychologie de l'ensemble des états physiologiques qui provoque l'apparition d'une sensation. La locution avoir l'impression de (suivie de l'infinitif), attestée chez Goncourt (1856), signifie « avoir la sensation, le sentiment de ».
Dans le domaine technique et au sens concret, impression s'applique depuis le XVIIIe s. (1723) à la technique par laquelle on imprime les étoffes et les tissus ; ce sens procède de celui qu'a pris imprimer* à la fin du XVIe siècle. Puis, par analogie avec les autres techniques de reproduction, le mot désigne au début du XXe s., d'après le verbe impressionner, le processus de formation d'une image photographique sur une surface sensible.
◆
Enfin, impression, comme imprimer, s'applique (apr. 1962) au produit d'une imprimante d'ordinateur.
❏
Le dérivé
IMPRESSIONNER v. tr. est attesté au
XVIIIe s. au sens d'« affecter (qqn) d'une vive impression » (1741,
impressionner tous les cœurs ; 1762,
impressionner qqn).
◆
Le verbe est ensuite employé en physiologie (1812, M
me de Staël), puis en photographie (1859,
impressionner une plaque photographique).
■
Impressionner a plusieurs dérivés. IMPRESSIONNABLE adj. signifie (1780) « susceptible de recevoir de vives impressions » et « facilement impressionné », sens le plus courant ; l'adjectif est vieilli comme terme de photographie (1857) où l'on emploie sensible ; en dérive le terme didactique IMPRESSIONNABILITÉ n. f. (1809 ; 1857, en photographie).
■
IMPRESSIONNANT, ANTE adj. s'applique à ce qui produit une impression vive et forte (av. 1801, Restif de La Bretonne) et, par extension, à ce qui est très remarquable, considérable (1896, J. Renard) ; ce sens, critiqué par les puristes mais admis par Littré et l'Académie (1935), est aujourd'hui usuel.
■
IMPRESSIONNISTE n. et adj. est un mot créé par le critique Louis Leroy dans un article du Charivari du 25 avril 1874, « L'exposition des impressionnistes » ; il est forgé par dérision d'après le titre d'un tableau de Monet, Impression : soleil levant, mais a vite perdu sa valeur péjorative ; impressionniste se dit des peintres qui, présentant leurs œuvres dans des expositions communes entre 1874 et 1886, avaient le projet d'exprimer les impressions que les objets et la lumière suscitent dans la conscience. On est passé de cette caractéristique de la représentation à des traits communs de la technique (emploi des couleurs pures juxtaposées, importance de la lumière, refus du sujet anecdotique, etc.). Par analogie, dans un emploi didactique ou littéraire, le mot se dit au XXe s. d'un écrivain, d'un musicien proche du groupe des impressionnistes.
◆
Enfin, l'adjectif s'emploie de façon dépréciative (XXe s.) pour « qui ne se fonde que sur l'impression » (Cf. subjectif).
■
IMPRESSIONNISME n. m., dérivé d'impression d'après impressionniste, s'emploie en peinture (1874), puis par analogie (1885) dans d'autres arts, et de façon dépréciative sur le plan intellectuel (1923). Au sens initial, un souvenir transmis par témoignage oral (A. Proust, Souvenirs, in Revue blanche, 1927 [D. D. L.]) fait remonter le mot à 1858, ce qui en enlèverait la paternité, sinon la mise en usage, à Louis Leroy.
◈
POST-IMPRESSIONNISME n. m. et
POST-IMPRESSIONNISTE adj. et n. (
post-impressionism, post-impressionist sont employés en anglais dès 1905 et 1910, Holmes) concernent l'ensemble des courants de la peinture qui succèdent, d'abord en France, à l'impressionnisme, notamment Van Gogh, l'école de Gauguin.
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Le concept est distinct de
NÉO-IMPRESSIONNISME n. m. et
NÉO-IMPRESSIONNISTE adj. et n. (1886, Arsène Alexandre) qui s'appliquent à la doctrine et à la peinture de Seurat, Signac et des peintres « divisionnistes », employant des couleurs pures juxtaposées que l'œil combine.
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À partir d'impression ont été formés RÉIMPRESSION n. f., qui désigne (1630) l'action de réimprimer et, par métonymie, un livre réimprimé par le même éditeur et sans changement typographique (à la différence de réédition).
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SURIMPRESSION n. f. (1908), terme de photographie et de cinéma, qui entre dans la locution figurée en surimpression « perçu en même temps qu'autre chose » ; en dérive le terme technique SURIMPRESSIONNER v. tr. (1925) « montrer par surimpression ».
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IMPRESSIBLE adj. a été emprunté (1832, Balzac) à l'anglais
impressible « impressionnable » (
XVIIe s.), dérivé de
to impress « empreindre, impressionner », formé sur
impressum (Cf. ci-dessus). L'adjectif, qui qualifie une personne qui se laisse émouvoir par une impression, a été éliminé par
impressionnable. Son dérivé
IMPRESSIBILITÉ n. f. (1858, Littré et Robin), peut-être d'après l'anglais
impressibility (1715), didactique, est lui aussi sorti d'usage.
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IMPRESSIF, IVE adj. est un emprunt (1817, Mme de Staël) à l'anglais impressive, d'abord synonyme de impressible, puis employé pour « susceptible de faire une impression » (XVIIIe s.), dérivé de to impress « empreindre, impressionner ».
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Le mot est sorti d'usage dans ses deux emplois ; il a été éliminé par impressionnant et par impressionnable.
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Son dérivé IMPRESSIVEMENT adv. (1836, Barbey d'Aurevilly) a disparu avec lui et IMPRESSIVITÉ n. f. (1946, Mounier) semble inusité.
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IMPRIMER v. tr. est la réfection d'après le latin (v. 1355, Bersuire) de la forme adaptée emprimer (1270), emprunt au latin imprimere « appuyer sur », « faire (une figure) en pressant », « laisser une empreinte », formé de im- (→ 2 in-) et de premere « presser », « exercer une pression sur ». Imprimere a abouti par évolution phonétique à empreindre*.
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Imprimer a conservé en ancien français le sens général de « presser sur ». Le verbe s'est employé pour « inspirer, transmettre (un sentiment) » (v. 1355), d'où à l'époque classique
imprimer qqn « l'impressionner » (1553). C'est aujourd'hui un archaïsme, alors que
impression continue à avoir cette valeur.
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Le verbe est utilisé ensuite (1476) pour « reproduire (les caractères d'une écriture, des signes graphiques) par la technique de caractères encrés », sens devenu le plus courant, et contemporain de l'emploi général (1487) pour « faire, laisser (une marque, une empreinte) par pression », d'où imprimer la main sur la joue de qqn (1636).
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Par extension, le verbe signifie « faire paraître sous forme d'ouvrage imprimé » et, employé absolument, « faire imprimer des œuvres » (1666), puis équivaut à publier comme intransitif (1718) et transitif (1721), par exemple imprimer un auteur. Comme impression, le verbe s'applique (apr. 1962) au produit d'une imprimante (ci-dessous).
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Dans le domaine abstrait où il continue l'emploi du XIVe s. mais possède une valeur métaphorique par rapport à l'acception technique, imprimer signifie (1530, emprimer qqn de qqch.) « graver dans l'esprit, le cœur » comme imprégner, puis « donner, imposer une marque, un caractère à » (1580, Montaigne), en particulier à un ouvrage (1730).
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Par extension de l'emploi technique, le verbe s'emploie pour « reproduire des dessins, des couleurs sur une étoffe » (1599), puis en peinture où il signifie (1622) « préparer le fond du tableau avec certaines couleurs », ainsi que dans un sens général « reproduire (une figure, une image) par l'application et la pression d'une surface sur une autre » (1636).
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Le verbe, par extension du sens abstrait de « communiquer, donner », signifie aussi (1660-1666, Bossuet, imprimer un mouvement) « transmettre (un mouvement) », emploi condamné par Littré, mais courant en sciences.
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Le développement de l'imprimerie explique le nombre et l'importance des dérivés d'
imprimer.
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IMPRIMEUR n. m. et adj. (1478, impremeur ; 1485, sous la forme moderne) désigne le propriétaire, le directeur d'une imprimerie ; le mot, anciennement employé pour « ouvrier qui travaille à la presse » (1498), se dit aussi (1793) pour « ouvrier travaillant dans une imprimerie », mais cette acception est plus courante pour l'adjectif (ouvrier, apprenti imprimeur, ce dernier dès 1571).
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IMPRIMEUSE n. f., attesté au sens de « femme possédant une imprimerie » (1651) et de « femme imprimeur », sens parfois repris aujourd'hui, désigne surtout (1872) une machine qui sert à imprimer artisanalement (distingué de presse).
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IMPRIMERIE n. f. est relevé vers 1500 pour désigner l'ensemble des techniques permettant la reproduction d'un texte par impression ; par métonymie, le mot se dit de l'établissement où l'on imprime (1523), du matériel servant à l'impression (1566), puis des ouvriers du livre (1823).
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Comme imprimeur, imprimerie tend à se spécialiser avec l'évolution des techniques ; d'abord confondue avec l'édition, et parfois avec la librairie, l'imprimerie s'en est complètement distinguée et se détache au XXe s. de la composition (en amont) comme de la reliure (en aval). En outre, on distingue les petits travaux « de ville » de l'impression des livres, journaux, périodiques et autres imprimés (le labeur).
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IMPRIMÉ, ÉE adj. et n. m. désigne (1532, Marot) un ouvrage imprimé, spécialement par opposition à manuscrit (1689, Mme de Sévigné) ; le mot s'est employé pour « petite brochure » (1611) ; à partir du XIXe s., il désigne les caractères imprimés (1856) et s'emploie au sens (1873) de « feuille imprimée », « formulaire » (remplir un imprimé).
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IMPRIMABLE adj., « qui mérite d'être imprimé » (1583), a pour contraire INIMPRIMABLE adj. (1845), rare.
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IMPRIMANT, ANTE adj. (1922, machine à calculer imprimante), « qui imprime », a fourni IMPRIMANTE n. f. (v. 1962), terme désignant un dispositif qui imprime le produit de sortie d'un ordinateur.
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Du verbe viennent les préfixés RÉIMPRIMER v. tr. (1538, Marot) et SURIMPRIMER v. tr. (1951, Queneau) qui correspondent respectivement à réimpression (plus récent) et à surimpression (plus ancien et qui a suscité le verbe) ; (→ impression).
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IMPRIMATUR n. m. est une forme latine (1844, Mérimée) signifiant « qu'il soit imprimé » et correspondant à la 3
e personne du singulier du subjonctif présent passif du latin classique
imprimere « imprimer ». Le mot a été employé par Mérimée, par plaisanterie, comme formule pour donner son accord ; c'est ensuite un terme didactique, surtout employé dans le domaine religieux, désignant (1866, Veuillot) l'autorisation d'imprimer accordée par l'autorité religieuse ou l'Université à un ouvrage soumis à son approbation.
❏ voir
IMPRESSION.
IMPROMPTU, UE n. m., adj. et adv. est un emprunt savant (1651) à la locution adverbiale latine in promptu « sous les yeux, sous la main », de promptus, nom d'action qui correspond au verbe promere et signifie « fait de mettre sous la main, sous les yeux de (quelqu'un) » (→ prompt). Promere est issu de °pro-(e)mere, le simple emere, emptus signifiant à l'origine « prendre », puis en latin classique « prendre contre de l'argent, acheter ».
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Impromptu est introduit pour désigner, aujourd'hui en histoire littéraire, une petite pièce poétique de circonstance, en principe non préparée, et une courte pièce de théâtre composée pour une occasion précise, ou traitant d'un sujet d'actualité (1663, Molière,
L'Impromptu de Versailles).
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Au sens général de « ce qui se fait sans préparation », le mot, employé au
XVIIe s. (1669), est sorti d'usage.
Impromptu adj. équivaut à « improvisé » (1673, Molière) ; la locution adverbiale
à l'impromptu (av. 1755, Saint-Simon) est sortie d'usage et l'emploi adverbial (1768, Rousseau,
chanter impromptu) est littéraire et rare.
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Le nom est repris en musique (av. 1849, Chopin) pour désigner une petite pièce instrumentale de forme libre, généralement composée pour le piano ; il est sans doute alors emprunté à l'allemand impromtu (lui-même du français), qui a ce sens dès 1827.
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Enfin, impromptu, en psychologie de groupe (XXe s.), équivaut à happening.