IMPROUVER v. tr. est un emprunt, adapté d'après prouver (1370-1372, Oresme), au latin improbare « désapprouver », « rejeter, réfuter », formé de im- (→ 1 in-) et de probare qui a donné prouver.
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Le verbe a signifié « réfuter (une opinion) » (1370-1372), puis « contredire » (v. 1450), « blâmer, désapprouver » (1582) ; il est quasiment sorti d'usage.
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IMPROBATION n. f. a été emprunté (1458) au latin classique
improbatio « désapprobation » puis « réfutation » en bas latin et en latin médiéval, dérivé du supin de
improbare.
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Le mot, vieilli, est très littéraire, comme son dérivé
IMPROBATIF, IVE adj. (1792-1793).
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IMPROBATEUR, TRICE n. et adj., emprunt au dérivé latin improbator « celui qui désapprouve », est sorti d'usage comme nom (av. 1654, Guez de Balzac) et est vieilli comme adjectif (1776, Holbach), remplacé par désapprobateur.
IMPROVISER v. tr. est un emprunt (1642) à l'italien improvvisare, dérivé de improvviso « qui arrive de manière imprévue », lui-même emprunté au latin improvisus. Ce dernier est formé de im- (→ 1 in-) et de provisus, participe passé de providere « prévoir », de pro- et videre (→ voir).
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Le verbe, reprenant le sens de l'italien, signifie dans son premier emploi « chanter ou composer sans préparation », le complément désignant une création musicale et, par extension, langagière (1779).
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Par extension, improviser s'emploie (1829) pour « organiser sur-le-champ, à la hâte » puis, dans la construction improviser qqn (suivi d'un nom désignant une fonction), au sens de « pourvoir inopinément (qqn) d'une fonction à laquelle il n'est pas préparé » (1823, pron.).
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IMPROVISADE n. f., « œuvre d'improvisation » (1731, aussi
à l'improvisade, loc. adv.), a été supplanté par
impromptu.
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IMPROVISATEUR, TRICE n. et adj. est attesté (1765) sous la forme improvisteur, comme nom féminin et adjectif en 1776 (Cazotte) et au masculin en 1787 ; le mot dérive du verbe, d'après l'italien improvvisatore, -trice (attesté au XVIIIe s. av. 1729).
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Le nom d'action IMPROVISATION n. f. est relevé chez Mme de Staël (1807) désignant une œuvre improvisée et l'action, art d'improviser. Il s'emploie spécialement en musique (en jazz, milieu XXe s., improvisation collective, ainsi que l'abréviation une IMPRO n. f.) et a pris, dans son acception générale, la valeur péjorative du verbe.
❏ voir
(À L')IMPROVISTE.
IMPROVISTE (À L') loc. adv. est emprunté à la Renaissance (1528) à l'italien all'improvvista « d'une manière inattendue, par surprise » (1476) ; la locution italienne est formée du féminin de improvvisto « imprévu » (→ improviser).
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À l'improviste, qui a conservé le sens de l'italien, a éliminé les anciens a despourveu (→ dépourvu) et à l'impourveu(e) (XVIe-XVIIe s.).
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Improviste s'est employé à l'époque classique comme adjectif (1575), qualifiant ce qui est improvisé.
IMPUDENT, ENTE adj. est emprunté (v. 1500) au latin impudens « effronté », formé de im- (→ 1 in-) et de pudens « qui a de la pudeur », « modeste », participe présent de pudere (→ pudeur).
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L'adjectif, vieilli ou littéraire, s'applique à une personne sans retenue, effrontée (v. 1500 ; 1664, n.) ou à ce qui marque l'effronterie (XVIe s.).
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Le dérivé
IMPUDEMMENT adv. (1461,
impudamment) est assez usuel dans l'usage soutenu.
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IMPUDENCE n. f., emprunt (1539 ; 1511, selon Bloch et Wartburg) au latin impudentia, dérivé de impudens, est lui aussi un mot vieilli ou littéraire. Il désigne une effronterie audacieuse ou cynique et, plus rarement (1680, Richelet), une action, une parole impudente.
IMPULSION n. f. est un emprunt savant (v. 1315) au latin classique impulsio « action de pousser », « incitation, excitation » et « choc, heurt ». C'est un dérivé de impellere « heurter », « pousser vers », « inciter à », formé de im- (→ 2 in-) et de pellere, pulsum « pousser » (avec l'idée accessoire de « frapper »), puis « chasser » et dans la langue militaire « repousser » (Cf. Pellonia « déesse qui met l'ennemi en fuite »). Pellere se rattache à une racine indoeuropéenne °pel- « agiter », comme le grec polemos « guerre » (→ polémique).
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En français, le mot reprend d'abord le sens général du latin, « action de pousser » et « mouvement donné à qqch. », puis il désigne (1370-1372) la force qui pousse qqn à faire qqch. Cet emploi est aujourd'hui borné à des emplois restreints (impulsion du désir, de la raison, etc.). Impulsion passe au XVIIe s. dans le vocabulaire abstrait (1686) aux sens de « ce qui anime », « fait d'inciter » ; en parlant d'une personne, il signifie (déb. XVIIIe s.) « tendance spontanée à l'action », d'où les emplois récents (XXe s.) en psychologie et en psychanalyse.
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Dans le domaine concret, impulsion désigne spécialement en sports (1830) la tension provoquée par un mouvement de bras, de jambes, utilisé pour déclencher un saut, un lancer, etc. ; le mot s'emploie également en physique (impulsions électriques), en mécanique, en biologie.
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Le dérivé
IMPULSIONNEL, ELLE adj., terme didactique (
XXe s.), s'emploie en physique, en électricité et en psychologie.
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IMPULSIF, IVE adj. est un emprunt au bas latin
impulsivus « qui donne une impulsion », dérivé de
impellere.
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L'adjectif, sorti d'usage au sens du latin (
XVe s.), sauf en physique (1829), s'applique à qqn qui agit sous l'impulsion de mouvements spontanés, irréfléchis (1876,
adj., Goncourt). Il est substantivé (1866,
un impulsif), spécialement en psychologie (
XXe s.).
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Impulsif a servi à former IMPULSIVEMENT adv. (1881, dans une traduction de Darwin) et IMPULSIVITÉ n. f. (1907).
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IMPULSER v. tr. est un dérivé savant d'impulsion ou un emprunt au bas latin impulsare « pousser contre », formé de im- (→ 2 in-) et de pulsare « pousser violemment ». Pulsare, construit sur pulsus « choc » (→ pouls), s'est substitué à pellere comme étant plus expressif.
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Le participe passé IMPULSÉ, ÉE adj. (v. 1500) a le sens d'« incité, excité ».
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Le verbe est ensuite attesté (1531) aux sens de « pousser vivement (un corps) » et d'« inciter (qqn) à » (1542).
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Impulser, sorti d'usage, a été repris après 1945 au sens de « donner une impulsion à », par emprunt à l'anglais to impulse (donné comme archaïque jusque vers 1930), de même origine que le verbe français.
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Un dérivé récent du verbe est IMPULSEUR n. m., « dispositif qui donne des impulsions » (1975). Un homonyme s'était employé pour « instigateur » au sens concret (1524) et moral (1549), par emprunt au latin impulsor (dérivé du supin de impellere).
IMPUNÉMENT, IMPUNI, IMPUNITÉ → PUNIR
IMPUTER v. tr., réfection (mil. XIVe s.) de emputer (2e moitié du XIIIe s.), forme semi-populaire, est emprunté au latin impérial imputare « porter en compte », « mettre en ligne de compte », « attribuer », formé de im- (→ 2 in-) et de putare. Ce verbe, lié à l'adjectif putus « pur » (appliqué à l'argent) et sans étymologie connue, aurait le sens général de « nettoyer » ; il se serait spécialisé dans des acceptions techniques, « émonder (les arbres) », « épurer (un compte) », d'où le sens de « compter, calculer ».
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Le verbe français est d'abord attesté chez Rutebeuf au sens d'« attribuer (à qqn) une chose digne de blâme », imputer à, avec un nom sans article (1370-1372, Oresme, imputer a mal), signifiant « considérer (l'action que l'on impute) comme ». Le verbe est ensuite employé (1541) en religion pour « attribuer à l'homme (les mérites de Jésus-Christ) » et « tenir compte (d'une faute) ».
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Au XVIe s. (1587, au figuré), il signifie « porter (qqch.) au compte de qqn, en déduction », d'où « porter en compte, appliquer à un compte déterminé » (1636).
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Imputer a signifié à l'époque classique (av. 1628, Corneille) « attribuer (qqch.) à qqn », sans idée de blâme ou même avec éloge. La plupart de ces acceptions ont vieilli ou sont littéraires (imputer à...) ou techniques (en finances).
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Le dérivé
IMPUTABLE adj. signifie d'abord (1370-1372, Oresme) « qui peut ou doit être attribué » ; il est repris comme terme de finances (1829) et de droit ; il est alors didactique comme son dérivé
IMPUTABILITÉ n. f., signifiant « responsabilité » (1759), puis employé en finances (1829) et en droit (1872).
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IMPUTATION n. f. a été emprunté au latin chrétien imputatio « compte, calcul », « action de mettre en compte » et « accusation », dérivé de imputare.
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Le nom a eu une évolution sémantique parallèle à celle d'imputer désignant d'abord l'action de mettre sur le compte de qqn (qqch. de blâmable) [2de moitié du XVe s.] et une accusation fondée ou non, c'est aussi un terme de religion (1541, Calvin), de finances (1690, Furetière) et de droit (1804).
IMPUTRESCIBLE → PUTRÉFIER
IN adj. inv. est un anglicisme introduit vers 1965 ; l'anglais in, adverbe et adjectif, de la préposition d'origine germanique apparentée au latin in (→ 2 in), a pris au début du XIXe s. le sens de « de saison », en parlant de fruits, et « à la mode ».
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Le mot s'est répandu en français avec ce dernier sens (Cf. dans le vent). Il s'emploie ensuite dans spectacle in (v. 1972) pour désigner, dans un festival, une représentation officielle (opposé à spectacle off, présenté en marge).
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Dans le vocabulaire du cinéma, de la télévision une voix in est celle d'une personne visible sur l'écran (opposé à voix off).
1 IN-, préfixe négatif issu du préfixe latin in-, a pour variantes il- (par assimilation de [n] à [l]), im- (devant b ou p, par nasalisation de la voyelle et labialisation de [n] à [m]), ir- (par assimilation de [n] à [r]). Le in- latin, qui existe aussi sous la forme ne-, se rattache à une négation °ne- que l'on retrouve dans la plupart des langues indoeuropéennes, par exemple en grec sous la forme vocalisée a- (→ a- ; ne, ni, non, nul).
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En français, in- indique la négation, l'absence ou le contraire de qqch. Le préfixe, très vivant en latin, se retrouve dans les mots empruntés en in- ou en- (exemples : enfant, latin infans ; ingrat, latin ingratus). Il est très productif en français en combinaison avec des adjectifs et des participes ainsi qu'avec des adjectifs en -able où il marque l'impossibilité (exemples : indéchirable, indémaillable). Cette combinaison, pratiquement sans limites, admet des mots de formation très libre, d'emploi restreint ou isolé (exemple incueillissable, Proust, 1920).
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L'emploi du préfixe sous la forme in- à la place des formes assimilées il- et ir- est devenu courant pour les formations nouvelles (exemples : inracontable et auparavant inlassable).
2 IN-, préfixe, est tiré du latin in « dans, en, parmi, sur » qui appartient à la famille de l'indoeuropéen °in « dans ». In a abouti en français à en-, d'où l'existence de couples comme envahir / invasion, la forme in correspondant à des emprunts savants. In- a pour variantes il-, im-, ir-, dans les mêmes conditions que 1 in-*.
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Ce préfixe entre dans la formation de mots où il indique le mouvement vers l'intérieur ou la position intérieure, spatiale ou temporelle. Très vivant en latin, il apparaît en français dans de nombreux emprunts.
1 -IN, -INE, suffixe formateur d'adjectifs, vient du latin -inus (-ina, -inum). Il marque l'origine ou la provenance (exemple : angevin), la matière, la composition (exemple : sanguin), l'espèce (exemple : bovin ; dans ce cas, l'adjectif est en concurrence avec -idés), le caractère (exemples : enfantin, poupin) ; ce suffixe a été assez peu productif.
2 -IN, -INE, suffixe formateur de noms, vient de l'italien -ino, -ina ; il est diminutif (exemples : tambourin, bottine) ou péjoratif (exemples : cabotin, routine).
3 -IN, -INE, suffixe scientifique (chimie, biologie), a pour origine des emprunts au latin scientifique en -ina (exemple : résine ; 1250, rasinne, de resina). En chimie, le système de suffixation s'est construit à la fin du XVIIIe s. (exemple : alumine, 1782, Fourcroy, de alun ; albumine, 1792, etc.).
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Ce suffixe très productif (en particulier dans des appellations commerciales) indique l'origine, la nature d'un produit, une propriété (exemples : caféine, quinine).
INANITÉ n. f. est un emprunt (1495) au latin inanitas, dérivé de inanis « vide », « vain », qui a probablement signifié à l'origine « dénué de souffle vital », issu d'une racine indoeuropéenne °ane- « souffle vital » (→ âme, animal).
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Inanité s'emploie d'abord au sens de « caractère de ce qui est vide, sans réalité », inusité, encore que repris par Mallarmé (« aboli bibelot d'inanité sonore »).
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Plus courant au figuré (1580, Montaigne), le mot désigne le caractère de ce qui est futile.
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En religion, il a désigné (1719) la durée de l'univers jusqu'à la loi de Moïse, c'est-à-dire une période dénuée du souffle divin.
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INANE adj., emprunt au latin inanis, est attesté (1505) au sens de « sans force » ; l'adjectif, employé de nouveau au XIXe s. (1838, Barbey d'Aurevilly), s'applique à ce qui est sans intérêt, sans valeur ; il est extrêmement rare.
❏ voir
INANITION.
INANITION n. f. a été emprunté savamment (v. 1250) au bas latin inanitio « état de vide », formé sur inanitum, supin de inanire « vider », dérivé de inanis (→ inanité).
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Inanition s'emploie couramment pour désigner l'épuisement par défaut de nourriture (mourir d'inanition). Il s'est dit de l'action de réduire à rien (1564).
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Il est rare et littéraire au figuré pour « accablement (dû au manque de qqch.) » (1866, Amiel).
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Le dérivé INANITIÉ, ÉE adj. (1844), « qui souffre d'inanition », est à peu près inusité.