INCIVIL → CIVIL
INCLÉMENT → CLÉMENT
INCLINER v. est un emprunt savant (1213) au latin inclinare « faire pencher », « pencher », « dévier », employé au physique et au moral, et formé de in- « vers » (→ 2 in-) et de clinare. Ce dernier n'apparaît que dans des formes préfixées et provient d'une racine indoeuropéenne °klei- « incliner », « pencher ». Incliner est le doublet de l'ancien français encliner « baisser », « incliner vers » (1080, encliner qqn « le saluer en inclinant la tête »), qui s'emploie jusqu'au XVIIe s., soutenu par le déverbal enclin*.
❏  C'est avec cette dernière valeur, disparue, que le verbe incliner est d'abord attesté ; à la fin du XIIIe s., le verbe se dit pour « pencher, baisser, diriger vers le bas », d'abord dans incliner la tête. ◆  Il s'emploie ensuite avec une valeur abstraite (1327, incliner qqn à) et signifie « rendre enclin à » puis au figuré (1358) dans l'intransitif incliner à « être favorable à », d'où « être porté (vers qqch.) » (1370-1372, Oresme) et, à partir du XVIIe s., « évoluer, tendre vers » en parlant de choses (1636). ◆  Par métaphore, incliner signifie (déb. XVIe s.) « inciter », valeur devenue littéraire. ◆  Au pronominal, le verbe prend le sens (1532) de « se pencher, se baisser » (saluer en s'inclinant) et, par extension, le transitif signifie (1596) « mettre dans une position oblique ». ◆  Incliner est attesté au XVIIe s. au sens propre intransitif d'« aller en s'inclinant » (1671) et, en parlant de choses (1680), s'incliner correspond à « se placer, être placé obliquement par rapport à l'horizon ou à un plan ». Par figure s'incliner devant qqn signifie (1683) « lui donner des marques de respect », « reconnaître son autorité », et s'incliner (fin XIXe s.) s'emploie par extension pour « s'avouer vaincu, renoncer à contester ».
❏  Le dérivé INCLINAISON n. f. désigne couramment (1661) l'état de ce qui est incliné et, dans un emploi didactique, la relation d'obliquité ; de ces sens viennent des emplois spéciaux, en géométrie (1691), en astronomie (1721), en physique (fin XVIIIe s., inclinaison [magnétique]), en anatomie (1805). Le nom désigne aussi la position inclinée d'une partie du corps (1831, Nodier, inclinaison de tête).
INCLINATION n. f. est un emprunt au dérivé latin inclinatio « action de pencher, inclinaison » et « tendance, penchant ». ◆  Le nom est d'abord attesté (1236, inclinacion) pour désigner un mouvement affectif, spontanément orienté vers un objet ou une fin. Il s'est opéré un partage des valeurs entre inclinaison et inclination. Si ce dernier s'emploie encore (v. 1393) avec la valeur concrète pour « action d'incliner le corps ou la tête » (pour saluer, acquiescer), il est sorti d'usage pour « état de ce qui est incliné » (1547) et rare au sens concret, « action de pencher (qqch.) » (1575) ; le mot a connu, parallèlement à son doublet, des emplois didactiques (mil. XVIe s., en physique). ◆  Depuis le milieu du XVIe s., inclination désigne le mouvement qui porte à aimer qqn ; courant dans la langue classique, ce sens est devenu littéraire ; désignant par métonymie la personne qui est l'objet de l'inclination (1650), le mot est complètement sorti d'usage.
INCLUS, USE adj. représente un emprunt savant (1394) au latin inclusus, participe passé de includere « enfermer », « renfermer », de in- (→ 2 in-) et claudere (-cludere en composition) « fermer » (→ clore) qui appartient à un ensemble de mots latins se rattachant à une base clau-, exprimant l'idée de fermeture (→ occlusion). Une forme francisée enclus, nom (1193-1197), s'est employée pour « reclus ».
❏  L'adjectif signifie d'abord (1394) « qui est contenu, compris (dans) », sens d'où viennent ci-inclus, ci-incluse « placé ici » (1521), locution adverbiale, ainsi que les emplois en botanique (1802, étamines incluses) et en art dentaire (1925, dent incluse).
❏  INCLURE v. tr., formé (fin XVIe s.) sur l'adjectif et d'après exclure, signifie d'abord « contenir, comprendre ». Le verbe, rare jusqu'au XIXe s., est repris (1823) au sens de « mettre (qqch.) dans, insérer », puis en emploi abstrait figuré (1866) de « comprendre en soi, impliquer ». Le pronominal s'inclure est attesté (1827).
■  INCLUANT n. m. (av. 1971 ; du participe présent), terme didactique, désigne un mot qui, dans une définition, est dans une relation d'inclusion par rapport au défini.
INCLUSION n. f. est emprunté au dérivé latin classique inclusio « emprisonnement », employé en bas latin pour désigner un procédé de style et en latin chrétien au sens de « réclusion (d'un ermite) ».
■  Le nom, d'abord attesté isolément avec ce dernier sens (v. 1200), est repris en français classique (1605) pour désigner l'action de déclarer inclus, d'inclure, puis (1665) l'état de ce qui est inclus dans qqch., la relation entre ce qui est inclus et ce qui l'inclut ; au XIXe s., il se dit par métonymie, en logique, de ce qui est inclus (1851, Cournot ; relation d'inclusion). ◆  De ces acceptions viennent de nombreux emplois spéciaux en biologie (1858, Littré et Robin, inclusion fœtale), minéralogie (1892), cytologie (1897, inclusion cellulaire), géologie (1902, gite d'inclusion), histologie (1907), stylistique (1933, Marouzeau), mathématiques (1948), art dentaire (1957).
INCLUSIF, IVE adj. est emprunté au latin médiéval inclusivus « qui inclut », attesté (v. 900) après le latin chrétien inclusive « inclusivement » (Ve s.). Ce nom est formé sur inclusum, supin de includere.
■  Inclusif est d'abord attesté (1507) au sens d'« inclus », disparu. Il s'applique ensuite à ce qui renferme (qqch.) en soi (1688), sens repris au XIXe s. (1823) et employé spécialement en linguistique (av. 1873). ◆  Par emprunt de sens (v. 1970) à l'anglais inclusive « qui inclut » (de même origine que le français), l'adjectif s'emploie pour « tout compris » dans le vocabulaire de la publicité.
■  INCLUSIVEMENT adv., attesté en 1403, est formé sur le latin médiéval inclusivus, à moins que inclusif ne soit antérieur à 1507, puis normalement senti comme dérivé de l'adjectif.
INCOGNITO adv. et n. m. est un emprunt (1581) à l'italien incognito, proprement « inconnu » (1317-1321, Dante), lui-même emprunté au latin incognitus « non examiné (d'une affaire) » et « inconnu », formé de in- (→ 1 in-) et de cognitus, participe passé de cognoscere (→ connaître).
❏  Incognito s'emploie d'abord comme adverbe, avec la valeur de « en faisant en sorte qu'on ne soit pas reconnu (dans un lieu) » ; par extension, il signifie (1690) « sans que la chose soit sue », sens aujourd'hui sorti d'usage. L'incognito n. m. désigne depuis le XVIIIe s. (av. 1750) la situation d'une personne qui cherche à n'être pas reconnue, qui n'est pas connue.
INCOMBER v. représente un emprunt savant (1440-75) au latin classique incumbere « s'appuyer, se pencher sur », « s'abattre sur, peser », au figuré « s'appliquer à » et, en bas latin, « incomber à ». Le verbe latin est formé de in- (→ 2 in-) et de -cumbere « se coucher », forme à infixe nasal attestée seulement dans des composés et indiquant l'action par opposition à cubare « être couché » indiquant l'état (→ couver et incuber).
❏  Incomber a d'abord été employé aux sens de « s'abattre sur » (incomber à) et de « concerner » (v. tr.), valeur reprise en droit (attesté en 1842). ◆  Incomber à signifie (1789), par reprise d'un sens du bas latin, « retomber sur (qqn), être imposé à (qqn) », en parlant d'une obligation, d'une responsabilité.
INCOMBUSTIBLE → COMBUSTION
INCOMMENSURABLE adj. a été emprunté (1370-1372, Oresme) au bas latin incommensurabilis « qui n'ont pas de commune mesure », en parlant de deux grandeurs (terme de mathématiques), dérivé du bas latin commensurabilis par préfixation en in- (→ 1 in-) ; le mot dérive du bas latin commensurare « donner une mesure égale », du latin classique mensurare (→ mesurer) et pour traduire le grec asummêtros (→ symétrie).
❏  Le mot est introduit en mathématiques. Par extension, il s'applique (1738, Voltaire) à ce qu'on ne peut mesurer, faute de commune mesure puis dans un emploi non scientifique (1768, Diderot) à ce qui est très grand, également comme substantif masculin (1810, Mme de Staël).
❏  Le dérivé INCOMMENSURABLEMENT adv. est didactique (1850, Michelet).
■  INCOMMENSURABILITÉ n. f., emprunt savant (1636, Mersenne) au dérivé latin médiéval incommensurabilitas (v. 1267), succède au dérivé français incommensurableté (1377, Oresme).
INCOMPÉTENT → COMPÉTER
INCONDITIONNEL → CONDITION
INCONDUITE → CONDUIRE
INCONGRU → CONGRU
INCONNU → CONNAÎTRE
INCONSTITUTIONNEL → CONSTITUER
INCONTINENCE → 1 CONTINENT
INCONTOURNABLE → CONTOURNER
INCONVÉNIENT n. m. est un emprunt savant (v. 1223) au latin classique inconveniens adj. « qui ne s'accorde pas, discordant », formé de in- (→ 1 in-) et de conveniens « convenable, séant », participe présent de convenire (→ convenir) ; le mot a pris en latin impérial le sens de « qui ne convient pas » (à qqch.) puis, en bas latin, au neutre pluriel, désigne par substantivation les choses qui ne conviennent pas.
❏  Inconvénient signifie d'abord « accident fâcheux », « malheur », sens sorti d'usage depuis la fin du XVIIe s., le sens faible de « désagrément » étant employé jusqu'au XIXe siècle. Le mot reprend ensuite (1314), comme adjectif, le sens du latin impérial, « qui ne convient pas », rare à partir du XVIIe siècle. ◆  À partir du XVIe s., le nom désigne la suite fâcheuse (d'une action, d'une situation) puis (fin XVIIe s.) l'erreur résultant d'une théorie, emploi sorti d'usage. Par extension il signifie (1690) « désavantage », à propos d'une chose qui, par ailleurs, peut être bonne.
INCORPOREL, INCORPORER → CORPS
INCRÉMENT n. m. est une réfection (1529) de la forme encrement (1445), emprunt savant au latin incrementum « accroissement », « développement », « augmentation », de increscere « croître, s'accroître », formé de in- (→ 2 in-) et de crescere (→ croître).
❏  Incrément reprend d'abord le sens latin, « accroissement » (1529), sorti d'usage. Il s'emploie spécialement en mathématiques pour désigner un accroissement infiniment petit de la quantité d'une variable (1738, Voltaire) ; cette valeur vient de l'anglais (1721) et du latin de Newton incrementum (1687) ; en ce sens, on dit aujourd'hui différentielle ou accroissement arbitraire. ◆  Par un nouvel anglicisme, le mot s'emploie en sciences et en informatique (1974) pour désigner l'accroissement de la valeur d'une variable à chaque phase de l'exécution d'un programme.
❏  Incrément a fourni plusieurs dérivés d'emploi scientifique : INCRÉMENTAL, ALE, AUX adj. (v. 1970), d'après l'anglais incremental ; INCRÉMENTER v. tr. (v. 1970), d'après l'anglais to increment, d'où INCRÉMENTATION n. f. (av. 1974), et INCRÉMENTIEL, ELLE adj. (av. 1973), lui aussi d'après l'anglais incremential, appliqué en informatique à ce qui permet un traitement séquentiel immédiat des informations.
INCRIMINER v. tr. a été emprunté (1558) au bas latin incriminare « accuser », dérivé par préfixation en in- (→ 2 in-) du latin classique criminare ou criminari « accuser de façon calomnieuse », lui-même de crimen, -inis, d'abord « décision judiciaire », d'où en latin classique « accusation, grief », et en latin impérial « crime* ». On relève avant le français l'ancien provençal encrimar « accuser » (XIIe-XIIIe s.).
❏  Incriminer s'est introduit avec le sens de « déclarer (qqn) criminel » et s'est substitué à criminaliser au moment de la Révolution française ; le verbe, vieilli en ce sens, est remplacé par inculper. ◆  Incriminer signifie par extension « mettre en cause », soit une chose (1859, Sainte-Beuve) soit une personne, d'abord au pronominal (1863, Flaubert), d'où (déb. XXe s.) « considérer (qqch., qqn) comme responsable, sans qu'il y ait faute ».
❏  Le verbe a fourni les dérivés d'emploi rare INCRIMINATION n. f. (1829 ; on trouve en moyen français crimination « accusation », XVIe s.), INCRIMINABLE adj. (1842) et INCRIMINATEUR, TRICE adj. (1918, Proust).