INDEX n. m. inv. est un emprunt savant (1520) au latin index « celui qui montre, indique, dénonce », d'où par spécialisation « index » (doigt), « indicateur, dénonciateur », « catalogue, liste, table », « pierre de touche », « inscription », etc. Le mot latin est formé de in- (→ 2 in-) et d'un élément -dex, dicis (pour -dix, -dicis) à valeur de nom d'agent, représentant la racine indoeuropéenne °deik-, °dik- « montrer » qui avait à l'origine un caractère religieux ou juridique, et qu'on retrouve dans le latin dicere (→ dire), dans des composés formés sur -dex (→ bénir, indiquer, juge, etc.) et dans le grec dikê « la règle, le droit », « la justice ».
❏  Dans son premier emploi, index désigne le doigt de la main le plus proche du pouce, ainsi nommé parce qu'il sert à indiquer, à désigner. Le nom reprend au XVIIe s. d'autres sens du latin ; il se dit (1690, Furetière) d'une table alphabétique, placée à la fin d'un ouvrage, et contenant les termes correspondant aux sujets traités, les noms cités. Dans le vocabulaire technique (1690), il désigne un objet mobile sur un cadran, destiné à fournir des indications numériques. ◆  Il s'est appliqué spécialement (1690) au catalogue des livres dont le Saint-Siège interdisait la lecture, pour des motifs de doctrine ou de morale ; ce catalogue, aussi appelé indice*, a été supprimé en 1965 ; de ce sens vient la locution figurée (1816) mettre (qqn, qqch.) à l'index « le signaler comme dangereux pour qu'on s'en détourne ». ◆  Par spécialisation du sens de « liste alphabétique », le mot s'emploie (XXe s.) en documentation (index systématique) et en lexicologie (index du vocabulaire de Racine). ◆  Il est utilisé en économie (1907, alors par anglicisme) et en médecine (déb. XXe s.) avec le sens d'indice*, plus courant.
❏  INDEXER v. tr. a été proposé par Richard de Radonvilliers (1845) pour « mettre à l'index », sens non retenu. ◆  Le verbe n'est attesté dans l'usage que depuis le milieu du XXe s. au sens d'« attribuer à (un document) une marque distinctive qui renseigne sur le contenu et qui permet de le retrouver » (1948), d'où ensuite son emploi en informatique (v. 1963). ◆  Indexer se dit en économie (1955) pour « lier les variations d'une valeur économique à celle d'un élément de référence (nommé indice*) déterminé ».
■  Le nom d'action INDEXATION n. f., proposé en 1845 pour « mise à l'index », s'emploie en documentation (1948 ; le synonyme INDEXAGE n. m., attesté v. 1963, semble rare) et en économie (1955).
■  INDEXEUR, EUSE n. est surtout un terme technique de documentation (v. 1970).
❏ voir INDICE.
INDICE n. m. est la réfection savante (1306) de la forme adaptée endice (v. 1130), emprunt au latin indicium « révélation », « dénonciation », « signe », « indice », dérivé de index, indicis (→ index).
❏  Le mot reprend (1306) le sens latin de « dénonciation », en usage jusqu'à l'époque classique. Mais indice, spécialement utilisé en parlant d'une maladie, emploi où il est remplacé aujourd'hui par symptôme, a aussi désigné (XIIe s., endice, puis 1488) un signe apparent qui indique qqch. avec probabilité, puis l'index mobile sur un cadran et, en droit (XVIIIe s.), un fait connu qui sert à constituer la preuve par présomption, sens demeuré vivant. ◆  Il a désigné au XVIe s. celui qui indique (1529), en particulier un dénonciateur (1541), et a été en concurrence avec index*, comme nom d'une table indicative (v. 1500 ; v. 1590, en droit canon, indice expurgatoire). Il s'est dit aussi du doigt nommé index (v. 1560 ; 1534, doigt indice).
■  Indice entre au XIXe s. dans le vocabulaire didactique ; il se dit d'une indication numérique qui sert à exprimer un rapport, en physique (1829, indice de réfraction), en anthropologie physique (1868, Broca, indice céphalique), et désigne une indication numérique ou littéraire qui sert à caractériser un signe, spécialement en documentation (1851, Cournot), en mathématiques (1873), en musique (1885). ◆  Le mot est repris avec l'idée de « rapport » en économie, emploi devenu courant (déb. XXe s., indice des prix, et dès 1867, nombres-indices), au XXe s. dans le vocabulaire militaire (1922), en médecine (indice thérapeutique), en chimie (indice d'octane), etc. Dans le vocabulaire administratif, indice de traitement signifie « nombre affecté à un échelon d'un grade, d'un emploi ». Indice d'écoute (apr. 1960) désigne le nombre de personnes, évalué en pourcentage, ayant écouté ou regardé une émission de radio, de télévision à un moment donné. ◆  À partir du premier sens, indice est repris en linguistique au XXe s., indice de classe désignant un élément morphologique servant à répartir les unités du lexique en classes, dans certaines langues. ◆  Enfin, dans la théorie sémiotique de Ch. S. Peirce, indice, opposé à icone* et à symbole* (index en anglais), se dit d'un signe qui renvoie à son objet par une action physique, par une connexion (par exemple la girouette par rapport au vent).
❏  Indice a fourni plusieurs dérivés d'usage didactique.
■  INDICIEL, ELLE adj. a eu le sens général (1540) de « qui indique » ; le mot est repris (mil. XXe s.) en linguistique (1953), en mathématiques, en économie et en sémiotique.
■  INDICIAL, IALE, IAUX adj. (1945) « qui s'appuie sur des index » est rare, parfois remplacé par INDICAL, ALE, AUX adj. (mil. XXe s.).
■  INDICER v. (v. 1970) « attribuer des indices pour identifier des variables » est un terme d'informatique.
■  INDICIAIRE adj., dérivé savant du latin indicium, s'est employé comme nom masculin (1475) au sens de « chroniqueur ». On le retrouve ensuite dans le doy indiciaire « l'index (de la main) » (av. 1506) et dans table indiciaire « index » (1537), tous deux en concurrence avec indice (ci-dessus). ◆  Le mot est repris au XXe s. en droit (1936, impôt indiciaire) et dans le vocabulaire administratif (grille indiciaire).
❏ voir INDIQUER.
INDICTION n. f., d'abord écrit indictiuns (1119) et repris par latinisme sous la forme indiction (1526), est un emprunt savant au bas latin indictio « avis, notification », « publication d'un rôle d'impôt », « convocation (d'un concile à une date donnée) », « période de quinze ans », mot dérivé de indictum, supin de indicere « publier, notifier » ; le verbe est formé de in- marquant l'aboutissement (→ 2 in-) et de dicere « dire* » (→ indiquer).
❏  Indiction désigne, en parlant de l'Antiquité, une période (de quinze ans dans le Bas-Empire romain) pour laquelle le budget était fixé à l'avance, période utilisée ensuite dans le comput ecclésiastique. Dans le vocabulaire religieux (1526), le mot désigne la convocation à un jour dit d'un concile, d'un synode, puis s'emploie au sens de « prescription » (fin XVIe s., indiction d'un jeûne).
❏  INDICT n. m. est un emprunt au latin indictum « chose prescrite », participe passé neutre substantivé de indicere, et a signifié (mil. XVe s., adj.) « établi par un édit ». Le nom est attesté au XVIIIe s. au sens de « fixation à un jour dit (d'une foire) » ; il est sorti d'usage.
INDIEN, IENNE n. et adj., attesté vers 1265 (yndiien n. m. chez B. Latini), est un emprunt savant au bas latin Indianus, dérivé du latin classique India « Inde », du grec India, de Indos « Indus ». C'est un nom propre indoeuropéen (Cf. le sanskrit sindhu « fleuve » et, spécialement, « Indus », et aussi Sind, nom propre d'une région du Pakistan irriguée par le cours inférieur de l'Indus).
❏  Indien se dit d'une personne née aux Indes ou qui habite les Indes ; l'adjectif s'applique à ce qui est originaire des Indes, notamment dans toile indienne (1359), devenu INDIENNE n. f. (1632) « toile de coton peinte ou imprimée » qui se fabriquait primitivement aux Indes. ◆  Par extension, indien, en français de la Réunion, de l'île Maurice, se dit d'une personne d'origine indienne.
À l'aube du XVIe s. (1505, récit du voyage de Goneville) Indien qualifie un indigène d'Amérique parce que les navigateurs du XVe s. se croyaient arrivés aux Indes par la route de l'Ouest. Dans cet emploi, indien est aussi substantif (1721). Le mot s'emploie ensuite (XIXe s.) de façon plus restreinte, par allusion à l'image conventionnelle des Indiens « peaux-rouges » d'Amérique du Nord, dans la vision nord-américaine de la conquête de l'Ouest. Il entre dans quelques locutions : à la (en) file indienne (2e moitié XIXe s.), équivalent de à la queue leu leu, vient de la vogue des récits sur les Indiens, où ces derniers avancent ainsi sur le « sentier de la guerre ». Nage à l'indienne (1901) ou indienne n. f. (nage indienne est sorti d'usage) désigne une nage sur le côté, les jambes en ciseaux ; l'été des Indiens, l'été indien traduction de l'anglais Indian Summer, correspond au Canada à ce que l'on nomme en France été de la Saint-Martin ; l'expression a remplacé Été des Sauvages, le mot sauvage ayant désigné jusqu'au XIXe s. les autochtones américains, en français du Canada.
■  L'Indien d'Amérique ayant longtemps été considéré comme dangereux, indien a pris en argot familier de France (mil. XXe s.) le sens d'« individu dangereux » (à rapprocher de peau-rouge, apache), puis d'« individu quelconque plus ou moins tenu pour suspect ».
❏  À partir d'indien ont été formés des dérivés savants.
■  INDIANISTE désigne comme adjectif (1814, des Anglais Indianistes) puis comme nom (1832) un spécialiste des langues et civilisations indiennes au premier sens du mot (→ indologue) ; indianiste est rare (adj., mil. XXe s.) pour « relatif aux Indiens d'Amérique ».
■  INDIANISME n. m. se dit de l'étude des langues et civilisations de l'Inde (1840 ; → indologie) et signifie « caractère indien » (1866) et « idiotisme propre aux langues de l'Inde » (1873). ◆  Le nom s'emploie aussi (XXe s.) pour « caractère propre aux Indiens d'Amérique, plus tard appelés Amérindiens » et plus récemment, d'après l'espagnol indianismo, courant au Mexique, désigne l'intérêt porté aux cultures autochtones d'Amérique latine.
■  INDIANISER v. tr. ne s'emploie (1892) que par référence à l'Inde ; en dérive INDIANISATION n. f. (1942).
De indienne n. f., désignant une cotonnade, dérivent les termes techniques INDIENNEUR n. m. (1790) et INDIENNERIE n. f. (1869), aujourd'hui vieillis.
❏ voir AMÉRICAIN (AMÉRINDIEN), DINDE, DINDON, INDIGO, INDO-.
INDIFFÉRENT, ENTE adj. et n. est un emprunt (fin XIIIe-déb. XIVe s.) au latin indifferens « indifférent, ni bon ni mauvais », « qui ne se préoccupe pas », formé par Cicéron pour traduire le grec adiaphoros « non différent » à partir de differens, -entis, lui-même de differe (→ différent, différer).
❏  L'adjectif signifie d'abord « sans distinction, sans différence », sens sorti d'usage (Cf. ci-dessous indifféremment) comme l'emploi du nom indifférent pour « impartialité » (1440-1475). Au XVIe s., l'adjectif s'applique comme en latin à ce qui, d'un côté comme de l'autre, présente un intérêt ou une absence d'intérêt (1529, en parlant de choses). ◆  L'adjectif est ensuite employé, au XVIIe s., sans idée de choix ou d'opposition ; il signifie « sans intérêt, sans importance » (1634, Corneille) en parlant d'une chose, et s'applique, par reprise d'un sens du latin, à une personne qui marque de l'indifférence en amour (1643, Rotrou ; 1669, n.) et, plus généralement (1669), ne s'intéresse pas à qqch. ou qqn (la construction indifférent sur qqch. est sortie d'usage) ou qui n'est pas émue. De là, une substantivation, surtout au masculin (1694), par exemple dans un bel indifférent. ◆  En parlant de choses, le mot signifie (1641) « qui ne tend pas vers telle chose plutôt que vers telle autre », d'où en sciences « sur lequel ne s'exerce aucune force capable de modifier l'état » (XVIIIe s.). L'adjectif qualifie aussi au XVIIe s. la personne qui n'est pas en faveur d'un parti plutôt que d'un autre. ◆  Indifférent correspond ensuite (1671) à « qui n'intéresse pas », en parlant de personnes, et spécialement « qui n'inspire pas de sentiment amoureux ».
❏  Le dérivé INDIFFÉREMMENT adv. (1314, indiferanment), qui conserve le sens ancien de l'adjectif « sans distinction », est sorti d'usage au sens (1520) de « avec froideur ».
■  INDIFFÉRENTISTE n. et adj. a désigné en religion (1721) la personne qui accepte tous les dogmes religieux, refusant de donner la préférence à l'un d'eux. ◆  INDIFFÉRENTISME n. m. (1750) lui correspond.
■  INDIFFÉRER v. tr. (1888), considéré comme un barbarisme par les puristes, est courant dans la langue familière pour « être indifférent (à qqn) ».
INDIFFÉRENCE n. f. est emprunté (1372) au dérivé bas latin indifferentia « état physique qui ne présente rien de particulier », « synonymie » en latin impérial.
■  C'est le sens concret qui est d'abord repris. Le mot réapparaît au XVIIe s. avec le sens général d'« état d'une personne indifférente » (1606) ; il s'emploie spécialement dans le domaine religieux (XVIIe s., Pascal, indifférence de la religion ; 1817, Lamennais, indifférence en matière de religion). ◆  À l'emploi de l'adjectif concernant les choses correspond un usage en sciences (1855, indifférence magnétique).
❏ voir DIFFÉRENCE, DIFFÉRENT.
INDIGÈNE adj. et n., attesté chez Rabelais (1532), est un emprunt savant au latin classique indigena adj. et n. « originaire du pays, indigène », composé de indu-, forme renforcée archaïque de in- « dans » (→ 2 in-), et de -gena « né de », de genere « engendrer » (→ géniteur), remplacé en latin classique par la forme à redoublement gignere. Ces verbes se rattachent à une racine indoeuropéenne °gen(e)-, °gne- « engendrer » et « naître » (→ -gène).
❏  Indigène adj., latinisme chez Rabelais, s'applique à une personne qui habite depuis longtemps dans une région. ◆  Le mot est repris au XVIIIe s., d'abord en parlant d'une plante originaire du pays où elle se trouve (1743, Geoffroy), et opposé à exotique, puis d'une personne (1756, Voltaire ; 1762, n.) et d'un animal (1778, Buffon) ; en ce sens, l'adjectif est didactique.
■  Indigène s'emploie également à partir du XVIIIe s. au sens d'« originaire d'un pays occupé par les colonisateurs » (1770, n.) ; le mot est aujourd'hui courant en ce sens, mais considéré comme péjoratif et souvent insultant, dans une perspective anticolonialiste. Au début du XIXe s., l'adjectif s'applique à ce qui est propre à une population indigène (les langues indigènes d'Europe), mais cet usage est très didactique. Le mot, dans son sens usuel, est en concurrence avec autochtone, aborigène (plus didactique). Son emploi, dans le contexte colonial, était en général lié à une classification ethnique, parfois raciale. ◆  Ce n'est pas le cas en français d'Afrique, où l'adjectif peut qualifier des objets de fabrication artisanale traditionnelle (savon indigène).
❏  INDIGÉNAT n. m. est attesté (1699) au sens de « droit de cité », en parlant de la Pologne. ◆  Le mot est repris au XIXe s. pour désigner le fait d'être indigène dans une région (1861, Proudhon) et le régime administratif spécial appliqué dans certaines colonies (1888), aujourd'hui aboli.
■  INDIGÉNISME n. m. désigne une attitude favorable à des populations indigènes (1923 au Canada), aussi par traduction de l'espagnol du Mexique, comme INDIGÉNISTE adj. et n. (1948). En particulier l'indigénisme désigne un courant intellectuel et littéraire d'Haïti, lié à la revue Indigène (1926), revendiquant l'héritage africain, avant le mouvement antillais et africain de la négritude*.
INDIGENT, ENTE adj. et n. est un emprunt savant (1275-1280) au latin indigens, -entis « qui est dans le besoin », participe présent de indigere « manquer de », formé de indu-, forme renforcée archaïque de in- « dans » (→ 2 in-), avec valeur intensive, et de egere « être dans le besoin, manquer de ». On rapproche ce verbe de mots germaniques comme l'ancien haut allemand eko-rūdo « seulement » et le vieil islandais ekla « manque ».
❏  Indigent, conservant le sens du latin, signifie « qui manque des choses les plus nécessaires à la vie » ; substantivé déb. XIVe s. L'adjectif s'emploie ensuite au sens figuré (1564, Rabelais) de « pauvre ».
❏  Le dérivé INDIGEMMENT adv., attesté chez Mallarmé (1898), est d'emploi littéraire et rare.
■  INDIGENCE n. f., emprunt au dérivé latin indigentia « besoin, exigence », s'emploie au propre (1275-1280) et au figuré (1675). On délivrait autrefois un certificat d'indigence (1835) qui donnait droit à des secours publics.
INDIGESTE, INDIGESTION → DIGÉRER
INDIGNE → DIGNE
INDIGO n. m. et adj. inv. est probablement emprunté (1578), d'abord sous la forme indico (1544), au portugais indigo (seulement cité en 1695) ; on a aussi évoqué l'espagnol et le néerlandais. Tous sont issus du latin indicum, neutre substantivé de l'adjectif indicus « de l'Inde », dérivé de India « Inde » (→ Indien). De l'italien indaco (1334 ; vénitien indego, 1246), également issu de indicus, viennent en français les formes indaco (1556) et indacum (1576) qui ne se sont pas maintenues.
❏  Le mot désigne une substance colorante bleue et, par ellipse, la couleur bleue de l'indigo, d'où par extension tout bleu d'aspect semblable. Indigo se dit aussi (XVIIIe s.) de la plante qui fournit l'indigo, et, en français d'Afrique, d'un tissu teint avec de l'indigo.
❏  La plante est également nommée INDIGOTIER n. m. (1718).
■  INDIGOTIER, IÈRE n. désigne par ailleurs (1722) un fabricant d'indigo (on trouve aussi chez Flaubert INDIGOTEUR n. m. [1853] dans un emploi péjoratif) puis (1817) l'ouvrier travaillant dans une fabrique d'indigo, appelée INDIGOTERIE n. f. (indigotterie, 1657).
■  De indigo ont été aussi tirés INDIGOTINE n. f. (1828), terme de chimie, et le composé INDIGOÏDE adj. (1908 ; de -oïde), terme technique.
INDICAN n. m. (1873), emprunt probable à l'allemand Indican (1855, Schunck), est tiré de indicum, avec suffixation en -an des composés azotés. Le mot désigne un glucoside extrait des feuilles de l'indigo.
INDE n. m. (v. 1165) et adj. (v. 1150), terme technique, est un emprunt ancien au latin indicum, sans doute par l'intermédiaire de l'ancien provençal indi, endi (XIIe s.). Le mot désigne et qualifie en ancien français la couleur bleu foncé violacé extraite de l'indigo ; il s'emploie à partir du XVIe s. (1559) pour désigner la substance tinctoriale donnant ce bleu, extraite de la guède ou de l'indigotier (en ancien provençal, XIIIe-XIVe s.) ; en ce sens il a été éliminé par indigo.
■  INDIUM n. m. est formé (1863) comme l'allemand Indium (1863) à partir du radical de indigo, à cause de la couleur caractéristique d'une raie spectrale de ce métal.
INDULINE n. f., emprunté (1886) à l'anglais induline (1882), est formé de ind(igo), du diminutif -ul(e) et de (anil)ine*. Il désigne en chimie toute matière colorante bleue dérivée de l'aniline.
+ INDIQUER v. tr. est un emprunt savant (1510, Bloch et Wartburg) au latin classique indicare « indiquer », « dénoncer », « révéler » et « donner le prix de, évaluer », dérivé de index, indicis (→ index, indice). L'emprunt français reprend aussi les sens du latin classique indicere « déclarer officiellement, notifier, annoncer » et « imposer, prescrire », dérivé de dicere (→ dire) par préfixation (→ 2 in-). ◆  Indicare avait abouti par voie populaire à l'ancien français aengier (XIIe s.) « augmenter, accroître », puis enger (XVIe s.) dont dérive engeance*. Par ailleurs, un dérivé gallo-roman, °indictare, avait donné enditier (1050) « indiquer, faire connaître », puis enditer (XIVe s.) qui se maintient jusqu'à la fin du XVIe siècle.
❏  Indiquer signifie d'abord « faire voir (qqch., qqn) d'une manière précise par un geste, un signe, etc. ». Le verbe est attesté au sens de « dénoncer un coupable » (1611), à nouveau chez Montesquieu (1748) ; il a pris en argot (XIXe s.) le sens de « fournir des indications relatives à un acte délictueux », d'après indicateur. ◆  Il s'était spécialisé au XVIIe s. comme terme de médecine au sens de « faire connaître la médication appropriée », d'où le composé contre-indiquer (ci-dessous) et s'emploie surtout au participe passé (remède indiqué). ◆  Il a ensuite (1690) le sens de « faire connaître à qqn, en le renseignant (une chose, une personne) », spécialement indiquer un lieu à qqn « lui expliquer comment s'y rendre ». L'acception particulière (1688) de « convoquer à une date déterminée » n'est plus en usage. ◆  L'emploi au sens de « déterminer et faire connaître » (XVIIIe s.) a vieilli sauf dans la langue juridique. Dans le domaine des arts, indiquer a pris le sens (av. 1803, La Harpe) de « représenter en s'en tenant aux traits essentiels, esquisser ». Avec un sujet nom de chose, le verbe signifie (1835) « faire connaître le caractère de (un être, un événement) en servant d'indice ».
❏  À part le composé préfixé CONTRE-INDIQUER v. tr. (1770) qui correspond au sens médical de indiquer et s'emploie comme lui surtout au participe passé, en relation avec contre-indication (ci-dessous), la série lexicale de indiquer est faite d'emprunts.
■  INDICATION n. f. est emprunté (1333) au latin classique indicatio, -onis « indication de prix, taxe » et « mise à prix », de indicatum, supin de indicare. ◆  Le mot se dit de l'action d'indiquer, de ce qui est indiqué ; de là son emploi spécial en médecine (1478) pour « signe, symptôme », sorti d'usage, et pour « médication, remède qu'indique le médecin » (XVIIe s.) — d'où CONTRE-INDICATION n. f. (1697) —, et enfin le sens plus général d'« indice, signe » (1708). ◆  Indication semble peu employé aux XVIIe et XVIIIe siècles ; il est repris au XIXe s. pour désigner une information indiquée (1834 ; chercher des indications), spécialement en peinture (1853, Delacroix).
■  INDICATIF, IVE adj. et n. m. est un emprunt (XIVe s.) au dérivé bas latin indicativus « qui indique » et terme de grammaire (indicativus modus). ◆  Le mot est d'abord un terme de grammaire (XIVe s., n. m. ; fin du XVIe s., adj., mode indicative), désignant le système des formes verbales, le mode employés pour présenter un procès énoncé sans aucune interprétation. L'adjectif s'applique (1466) à ce qui sert à indiquer.
■  Indicatif n. m. est repris avec ce sens (1873), pour désigner le signal distinctif de chaque émetteur-récepteur télégraphique ou radiophonique (indicatif d'appel) ; le nom se dit (1945) d'un fragment musical qui annonce une émission radiophonique régulière.
INDICATEUR, TRICE n. et adj. est un emprunt (v. 1490) au bas latin indicator « accusateur », de indicare, mais peut être considéré comme dérivé d'indiquer quant aux autres sens.
■  Le mot est d'abord attesté comme nom, pour désigner une personne qui dénonce un coupable ; ce sens, repris au XVIIIe s. (1748, Montesquieu), employé par les bandits d'Orgères (1799) est rare avant le XIXe s. où il est abrégé, en argot, en INDIC n. m. (1894).
■  L'adjectif s'applique aussi (1549) à ce qui indique qqch., porte une indication ; le nom est repris au XVIIe s. en ce sens (1690), équivalant à index. ◆  Indicateur n. m. désigne aussi un livre, une brochure donnant des renseignements divers (1792), puis un instrument servant à donner des indications quantitatives (1851, Cournot) et un dispositif donnant des indications (1853, Flaubert). ◆  Par extension, le nom s'emploie en chimie (1922) à propos d'une substance qui permet de déceler une réaction chimique, d'où indicateur radioactif (Cf. traceur), et en économie (XXe s.) pour désigner une variable dont certaines valeurs sont significatives d'un phénomène. Le nom est aussi employé en linguistique (v. 1970, n. m., indicateur syntagmatique), et le féminin INDICATRICE n. f. en sciences (mil. XXe s.).
INDISPENSABLE → DISPENSER
INDISPOSER → DISPOSER
INDISTINCT → DISTINGUER
INDIVIDU n. m. est un emprunt (1377, Lanfranc) au latin individuum qui en latin classique (Cicéron) traduit le grec atomos « atome » (littéralement « qu'on ne peut couper »), puis en latin médiéval correspond à « ce qui est indivisible », pour désigner un objet unique par opposition à genus, species, d'où genre, espèce. Le nom latin est la substantivation de l'adjectif individuus « indivisible » et « indivis », formé de in- (→ 1 in-) et de dividuus « divisible », « divisé », de dividere « diviser, partager » (→ diviser), formé de di- et d'un verbe °videre non attesté à l'état simple.
❏  Individu s'emploie d'abord au sens large, pour « être formant une unité distincte », par opposition à genre et espèce (1377, individue, puis 1546, Rabelais, qui emploie aussi son individu « sa propre personne »). ◆  Le mot est aussi attesté comme adjectif (1486) signifiant « indivisible », sens disparu comme l'emploi pour « individuel » (fin XVIe s.). Individu reprend dans la langue classique (1611) en physique le sens latin d'« élément indivisible » (Cf. atome). ◆  Il désigne à partir du XVIIe s. un membre de l'espèce humaine (1680, Richelet) et entre dans le vocabulaire de la biologie au sens de « corps organisé vivant une existence propre, et qui ne saurait être divisé sans être détruit » (1738, J. B. d'Argens). ◆  Comme terme scientifique, il s'est dit aussi (1814, B. de Saint-Pierre) de l'unité élémentaire d'une société.
Terme didactique devenu usuel, individu désigne (1755, Rousseau) un membre d'une collectivité humaine, puis est employé, souvent péjorativement, au sens de « personne quelconque » (1791, Robespierre, l'individu royal) ; en ce sens il ne s'emploie pas au singulier pour désigner une femme.
❏  INDIVIDUEL, ELLE adj. et n., emprunté au latin scolastique individualis (v. 1115), signifie d'abord (1372) « indivisible ». ◆  L'adjectif, aussi écrit individual (1490), s'applique ensuite à ce qui a le caractère d'un individu (av. 1475, G. Chastellain) puis à ce qui est propre à l'individu (1546, Rabelais). ◆  Individuel est repris au XVIIIe s. au sens de « qui concerne une seule personne » (1764, Rousseau). Substantivé, il désigne spécialement (1934, n. m.) un sportif n'appartenant à aucune équipe, puis se dit d'un compartiment de wagon-lit, d'une chambre d'hôtel pour une personne seule, pour traduire l'anglais single, lui-même très employé. ◆  Le dérivé INDIVIDUELLEMENT adv. (1551) est usuel. ◆  Le préfixé INTERINDIVIDUEL, ELLE adj. est un terme didactique (1897) formé sur individu.
■  Sur individuel ont été dérivés savamment plusieurs mots. INDIVIDUALISÉ, ÉE adj. (1732) est didactique et littéraire ; INDIVIDUALISER v. tr. (1765, Diderot) a fourni par dérivation les mots didactiques INDIVIDUALISATION n. f. (1803), INDIVIDUALISANT, ANTE adj. (1849), INDIVIDUALISABLE adj. (mil. XXe s.).
■  Le préfixé DÉSINDIVIDUALISER v. tr. (1924) est littéraire, son dérivé DÉSINDIVIDUALISATION n. f. (1936) didactique.
■  Le dérivé INDIVIDUALITÉ n. f. (1760, Ch. Bonnet) désigne l'ensemble des caractères propres à un individu, d'où son emploi pour « originalité » (1779, Diderot) ; il est didactique au sens de « ce qui existe à l'état d'individu » (1761). Une individualité est employé (1830, Balzac) pour « individu » considéré dans ce qui le différencie des autres ; cet emploi est signalé comme un néologisme par Littré ; individualité, au sens (1830) de « personne douée d'un caractère marqué », est concurrencé par personnalité.
■  INDIVIDUALISME n. m. se dit (1825) de la théorie qui voit dans l'individu la suprême valeur, dans le domaine politique, économique ou moral ; le nom désigne ensuite (1834) l'attitude d'esprit qui favorise l'initiative et la réflexion individuelle, et (1839, Balzac) la tendance à l'égoïsme. ◆  Le mot est devenu un terme de sociologie (1904) désignant la théorie qui cherche à expliquer les phénomènes historiques et sociologiques par l'action consciente des indidivus. ◆  Le dérivé INDIVIDUALISTE n. (1825) et adj. (1836) a suivi une évolution sémantique parallèle.
INDIVIDUER v. tr. est emprunté (fin XVe s.) au latin scolastique individuare « donner son individualité à, individualiser » (XIIIe s.) ; il en conserve le sens dans des emplois didactiques ; ses deux participes ont donné les mots didactiques INDIVIDUÉ, ÉE adj. (1907, Bergson) et INDIVIDUANT, ANTE adj. (1920, Goblot).
■  Un autre terme didactique, INDIVIDUATION n. f. est un emprunt (1551) au latin scolastique individuatio « fait de devenir un individu, d'être doté d'une existence singulière » (XIIIe s.), dérivé de individuus.
INDIVIS, ISE adj. est un emprunt (1332) au latin indivisus « non partagé » qui s'est spécialisé dans le vocabulaire juridique au sens d'« indivis » (pro indiviso « en commun ») ; le mot est préfixé en in- (→ 1 in-) de divisus, participe passé de dividere « diviser, séparer » (→ diviser).
❏  L'adjectif s'est d'abord employé en droit dans la locution adverbiale pour indivis « sans division, sans partage en commun », aujourd'hui par indivis (1347). Il qualifie (1562) un bien sur lequel plusieurs personnes ont un droit et qui n'est pas matériellement divisé entre eux, d'où par ellipse propriétaires indivis (1526, indevis).
❏  De l'adjectif dérivent des termes de droit : INDIVISÉMENT adv. (1551 ; 1497, indiviseement) « par indivis », INDIVISION n. f. (1765), auparavant « absence de division », préfixé de division (1606), et INDIVISAIRE n. (1936).
INDO- est un premier élément de mots composés, tiré du latin Indus (grec Indos) « de l'Inde » (→ indien).
❏  Indo- entre dans la composition de plusieurs mots didactiques, comme INDO-PERSAN, ANE adj. (1827), et courants, tel INDOCHINOIS, OISE adj. et n. (1840), qui a vieilli après la disparition de l'entité coloniale appelée Indochine. ◆  Plusieurs composés concernent la linguistique. INDOEUROPÉEN, ENNE adj. et n. (1836, A. Pictet) a été probablement composé d'après l'anglais Indo-European, attesté en 1813 ; le mot se dit des langues d'Europe et d'Asie qui ont une origine commune ; il a supplanté INDOGERMANIQUE adj. et n. m. (1810), mot créé par les philologues allemands (attesté seulement en 1823 et en concurrence avec indoeuropäisch) ; on a dit aussi indo-germain, aine adj. (1827). En dérive INDO-EUROPÉANISTE n. (fin XIXe s.). — Voir l'encadré « Langues indoeuropéennes ». ◆  INDO-ARYEN, ENNE adj. (1934) s'applique aux langues indoeuropéennes parlées dans le sous-continent indien. ◆  On relève aussi INDO-HELLÉNIQUE adj. (1846), INDO-IRANIEN, IENNE adj. et n. m. (1902), termes de linguistique.
INDOLOGIE n. f. (XXe s.), emprunt à l'anglais indology (1888), d'où INDOLOGUE n. et INDOLOGIQUE adj., concerne l'étude du continent indien.
❏ voir INDIEN.
⇒ encadré : Indoeuropéen (langues indoeuropéennes)
INDONÉSIEN, IENNE adj. et n. dérive (v. 1885) de Indonésie, nom propre de pays, composé de indo- (→ indo-) et du grec nêsos qui correspond au latin insula (→ île) ; le mot est sans doute emprunté à l'anglais Indonesia qui apparaît en 1850, comme indonesian.
❏  Le mot désigne ce qui se rapporte à l'Indonésie et à ses habitants.
INDRI n. m. est un emprunt au malgache, pour désigner un grand lémurien de Madagascar au pelage épais et soyeux de couleur brune. Le mot est attesté en 1780 en français ; son nom repose sur un contresens, l'expression indri ! signifiant simplement « le voilà, c'est lui ! ».