INEXTINGUIBLE → EXTINCTION
IN EXTREMIS loc. adv. et adj. est emprunté (1708) à une locution latine formée de in « dans » et de l'ablatif du latin extrema « les choses dernières », pluriel neutre substantivé de extremus (→ extrême).
❏  La locution, probablement antérieure au début du XVIIIe s. (elle est attestée en anglais dès 1530), signifie d'abord comme en latin « à l'article de la mort » (1708, Regnard, mariage in extremis) puis par extension « au tout dernier moment » (1843, Balzac).
INEXTRICABLE adj. est un emprunt (1365, Oresme) au latin inextricabilis « dont on ne peut se tirer » et au figuré « incurable », « indescriptible », formé par préfixation de 1 in- et de extricare « débarrasser », « démêler » au propre et au figuré, lui-même de ex- et de tricare (→ tricher).
❏  L'adjectif s'applique d'abord à ce qui est composé d'éléments embrouillés (1365, inextricables difficultés) ; il signifie ensuite (1580) « dont on ne peut sortir » (labyrinthe inextricable).
❏  Les dérivés INEXTRICABLEMENT adv. (1832) et INEXTRICABILITÉ n. f. (1832) sont didactiques ; le second est rare.
INFAILLIBLE → FAILLIR
INFÂME adj. est emprunté (1335) au latin infamis, proprement « sans renommée », d'où « décrié, perdu de réputation », dérivé par préfixation de in- (→ 1 in-) de fama « renommée », « réputation, bonne ou mauvaise » (→ famé), qui se rattache à une racine indoeuropéenne °bha- « parler » (→ fable).
❏  Le mot s'est d'abord appliqué à une personne vile (1335, adj. ; 1485, n.), l'adjectif qualifiant en particulier une personne flétrie par la loi (1348) puis ce qui entraîne une flétrissure (1553, d'un supplice), et spécialement une flétrissure légale (1690), par exemple au XVIIe s. le métier de comédien. Employé du XIVe s. à l'époque classique à propos de ce qui déshonore ou avilit qqn, il est devenu rare et littéraire en parlant d'abstractions et ne s'emploie qu'avec des substantifs exprimant des actions moralement dépréciées (crime, trahison, etc.). ◆  Par affaiblissement, il s'applique à qqn, qqch. qui provoque le dégoût (1559). Lieu infâme « de prostitution » (1690) est encore relevé dans les dictionnaires du XIXe s., mais était alors archaïque ou plaisant.
❏  Le dérivé INFÂMEMENT adv. (1478), signifiant « d'une manière vile ou déshonorante » jusqu'à l'époque classique, est aujourd'hui rare, ou pris dans un sens affaibli.
■  INFAMIE n. f. (1364-1373) a supplanté infâme n. f. (v. 1223 et jusqu'au XVIe s.), adapté du bas latin infamiun (VIe s.) « déshonneur, mauvaise réputation » ainsi que son dérivé infameté (1498) qui survit jusqu'au XVIIe siècle. Infamie est emprunté au latin infamia « mauvaise renommée, déshonneur, honte », dérivé de infamis. ◆  Le mot a suivi une évolution analogue à celle d'infâme adj. et est sorti d'usage dans la plupart de ses emplois. Encore employé dans son premier sens de « parole, action infâme » (1690, au pluriel), il survit aussi au sens de « flétrissure légale ou sociale faite à la réputation de qqn » (1492), dans quelques expressions comme marque d'infamie, et en droit (1549, estre noté d'infamie).
■  INFAMANT, ANTE adj. représente le participe présent de l'ancien verbe infamer « déshonorer, diffamer » (1470-1475), « rendre infâme par une peine » (XIIIe s., isolément ; puis 1492), lui-même réfection de enfamer « être déshonoré » (XIIIe s.), emprunt au latin infamare « faire une mauvaise réputation, décrier », verbe dérivé de infamis. ◆  Infamant, littéraire au sens de « qui déshonore » (1557), est toujours employé en droit (1670, condition infamante).
INFANT, ANTE n. est emprunté (v. 1450 au masculin et 1462-1468 pour infante) à l'espagnol infante « fils de roi » (1140, yfante), proprement « enfant », de même origine que le français enfant*.
❏  Infant est le titre qu'on donnait aux enfants puînés de la famille royale et parfois de quelques grandes familles, en Espagne et au Portugal ; on trouve en ce sens enfant de Castille à la fin du XIVe s. chez Froissart et l'on relève infante de Foix (1514), infant de Savoie (1552). ◆  Le mot, employé comme terme d'affection dès le XVIe s. au féminin, est attesté au début du XVIIIe s. au masculin (1701, Furetière). ◆  Infante, pour désigner une femme peu vertueuse (1752), s'est employé jusqu'au milieu du XIXe siècle.
INFANTERIE n. f. est un emprunt (1553), d'abord adapté sous la forme enffanterie (av. 1502), à l'italien infanteria au sens de « troupes à pied » (XIVe s.) ; infanteria dérive de infante « enfant », qui avait pris au XIVe s. le sens de « fantassin », peut-être à partir d'un sens « jeune homme qui n'est pas en âge de combattre à cheval » (Cf. italien moderne fante « fantassin » et « valet »). Infanteria a été supplanté par fanteria (av. 1363), emprunté en français sous la forme fanterie, attestée de 1547 à 1596 ; le français a aussi employé au XVe s. enfant de pied, enfant à pied pour fantassin*. Infante vient du latin infans comme le français enfant*.
❏  Infanterie a désigné l'ensemble des gens de guerre marchant et combattant à pied ; le mot se dit ensuite de l'arme chargée de la conquête et de l'occupation du terrain, avec les syntagmes infanterie de marine (1774), infanterie coloniale (1902), aujourd'hui historique, infanterie portée (1948), aéroportée, etc.
1 INFANTICIDE adj. et n., attesté isolément au XVIe s. comme adjectif (1564), est emprunté au latin chrétien infanticida « meurtrier d'un enfant », composé de infans (→ enfant) et de -cid-, forme en composition de la racine de caedere « tuer », sans correspondant indoeuropéen hors du latin.
❏  Le mot conserve en français le sens du latin. Il est substantivé (1721) et repris au XIXe s. comme adjectif (1835).
❏  2 INFANTICIDE n. m. est emprunté (1611) au latin chrétien infanticidium « meurtre d'un enfant », de même origine que le précédent. Il s'est employé au XVIIIe s. pour « avortement provoqué », emploi repris lors des polémiques récentes sur l'avortement. ◆  On relève isolément enfanticide (XVIe s.), dérivé de enfant.
INFANTILE adj. est un emprunt (1560) au latin infantilis « enfantin », dérivé de infans, infantis (→ enfant). Il succède à la forme ancienne enfantil (v. 1200) dérivée de enfant et encore relevée en 1611.
❏  Le mot apparaît avec le sens d'« enfantin » ; il équivaut à puéril dans un emploi péjoratif chez Calvin (1560), sens repris à la fin du XIXe s. et devenu courant. ◆  En médecine l'adjectif s'applique (1863) à ce qui est relatif à la première enfance ; il se dit spécialement (déb. XXe s.) d'un sujet dont le développement physiologique, psychologique, s'est arrêté au stade de l'enfance et, par extension, d'une personne, d'un comportement qui n'est pas jugé adulte.
❏  INFANTILISME n. m. s'emploie en médecine (1871) et couramment pour « tendance à se comporter d'une manière infantile, non adulte ».
■  L'adjectif a fourni au XXe s. les dérivés INFANTILITÉ n. f. « caractère propre à l'enfant » (attesté en 1949, S. de Beauvoir), INFANTILEMENT adv. (1951, Malraux) et INFANTILISER v. tr. (av. 1966), d'où INFANTILISATION n. f. (1970), INFANTILISANT, ANTE adj. ces derniers mots, liés au sens moderne d'infantile, infantilisme, étant assez usuels.
INFARCTUS n. m. est un mot du latin scientifique moderne (1826, Laennec), et correspond à une graphie altérée de infartus, participe passé du latin classique infartire, variante de la forme usuelle infercire « bourrer, fourrer dans, remplir ». Infarcire est formé de in- (→ 2 in-) et de farcire « garnir » (→ farcir). On relève en anglais infarction à la fin du XVIIe s. (1689, Harvey) au sens de « ce qui obstrue (un organe) ».
❏  Le nom désigne la nécrose d'un organe, par obstruction de l'artère qui assure son irrigation ; son seul emploi courant est infarctus du myocarde, par ellipse infarctus, Cf. aussi angine de poitrine. ◆  On relève dans le style journalistique (1968) l'emploi métaphorique du mot pour « engorgement d'un réseau routier » et « crise grave ».
❏  À partir du radical de infarctus ont été formés savamment (mil. XXe s.) les dérivés didactiques et rares INFARCI, IE adj. et INFARCISSEMENT n. m., plus proches de la forme-source latine.
INFATUER v. tr. est emprunté (v. 1380) au latin infatuare « rendre sot, déraisonnable », formé de in- marquant l'aboutissement de l'action (→ 2 in-) et de fatuus « insensé, sot », puis « insipide » à l'époque impériale (→ fade).
❏  Le verbe, d'abord employé au sens étymologique, signifie ensuite « inspirer un engouement excessif ou ridicule (à qqn) » au participe passé adjectivé (1488, infatué de) puis (1530) au pronominal. L'usage actif, lui aussi du XVIe s. (1530), est devenu très rare. ◆  Être infatué de soi (de ses mérites, etc.) ou être infatué « être excessivement content de soi » (1689, La Bruyère) reste employé, mais le pronominal (av. 1704) est littéraire.
❏  Le dérivé INFATUATION n. f. est sorti d'usage au sens d'« engouement » (1622) et le sens de « suffisance, fatuité » (1836) est littéraire.
■  DÉSINFATUER v. tr. (1690) est sorti d'usage, comme DÉSINFATUATION n. f. (1845).
+ INFECT, ECTE adj. est un emprunt du moyen français (v. 1361) au latin infectus, participe passé de inficere « mettre dans (un bain de teinture) », « imprégner », puis « empoisonner, infecter », formé de in- (→ 2 in-) et de facere « faire* ». On trouve d'ailleurs en ancien français enfait au sens d'« infecté » (v. 1200).
❏  Dans les diverses acceptions, c'est l'idée de répugnance attachée à qqch. ou à qqn qui domine. Au XIVe s., infect est relevé aux sens de « perverti » en parlant du goût (v. 1361) et d'« empesté, plein de miasmes » (1363). L'adjectif s'est aussi employé au sens d'« infecté » en parlant d'un lieu, d'une personne (1439), puis s'applique à ce qui excite le dégoût moral (v. 1500), d'où son emploi à propos de paroles déshonnêtes (1564). ◆  Au XVIe s., il a signifié « contagieux », et se dit (1552) de ce qui a une odeur ignoble, souvent due à la corruption : il s'est d'ailleurs employé (1636) en parlant d'une viande pleine de vers. ◆  La valeur la plus courante aujourd'hui, « qui est détestable en son genre, qui a un aspect repoussant », semble apparaître au milieu du XIXe s. (Flaubert). Aujourd'hui très usuel, cet emploi sépare sémantiquement l'adjectif des dérivés et préfixés : c'est un intensif de mauvais (Cf. ignoble).
❏  Le dérivé INFECTER v. tr. est vieilli au sens d'« imprégner (l'air, l'eau) d'émanations malsaines » (1416). Le verbe est sorti d'usage ou devenu littéraire au sens abstrait (1431) de « corrompre » (par ex. par le vice). ◆  Il s'emploie aujourd'hui, depuis le XVIe s. (1520), pour « communiquer l'infection à (qqn, qqch.) » mais a disparu au sens d'« empester (l'air, un lieu) par une odeur infecte » (1530).
INFECTION n. f. a été emprunté au dérivé bas latin infectio « action de teindre », au figuré « fait de subir l'action de » et « salissure, souillure », en particulier chez les auteurs chrétiens. Infectio vient de infectum, supin de inficere.
■  Infection s'est employé au pluriel dès la fin du XIIIe s. au sens de « pensée impure ». Le nom a été repris (1314) à propos de la pénétration dans l'organisme de germes pathogènes et des troubles qui en résultent. Depuis le XVe s., il s'emploie pour « chose infecte » (1412, infeccion), sens aujourd'hui familier, pour « grande puanteur » (1465) et par ailleurs désigne une maladie contagieuse (1484) et la propagation d'une maladie (1552). Il est sorti d'usage ou littéraire aux sens (1616) de « putréfaction », « émanations malsaines ». ◆  Infection s'emploie aussi au figuré pour « mal, corruption qui se transmet » (attesté 1829) en relation avec infectieux. ◆  Au XXe s. le nom, d'après le sens étymologique, désigne en phonétique (1933) le fait, pour le système des consonnes d'une langue, d'être influencé par l'articulation des voyelles qui leur succèdent.
■  Du radical d'infection a été dérivé INFECTIEUX, EUSE adj., qui s'applique à ce qui s'accompagne d'infection (1821) et à ce qui communique, détermine une infection (1840) ; en viennent le dérivé savant INFECTIOSITÉ n. f. (1858), devenu archaïque, et le composé ANTI-INFECTIEUX, EUSE adj. (1905).
■  À partir d'infection ont été formés DÉSINFECTION n. f. (1630), qui correspond à désinfecter (ci-dessous), AUTO-INFECTION n. f. (1883) et SURINFECTION n. f. (1926), « infection survenant, par des germes différents, au cours d'une maladie infectieuse », entraînant le verbe SE SURINFECTER v. pron. (1960).
PRIMO-INFECTION n. f., formé sur le latin primus « premier » (1920), désigne une infection qui se produit pour la première fois, notamment par le bacille de la tuberculose, alors décelée par cuti-réaction. Le mot s'est plus tard appliqué à d'autres états infectieux.
INFECTEMENT adv. (1922, Proust), rare, est directement dérivé de l'adjectif infect, et ne concerne que le sens moderne « détestable, ignoble ».
En revanche, RÉINFECTER v. tr. (1549), RÉINFECTION n. f. (1907) et la série préfixée en dés- (→ 1 dé) se rattachent aux valeurs propres, physiologiques, comme infection.
■  DÉSINFECTER v. tr. (1556) semble assez rare avant le début du XVIIIe s. où il prend une valeur figurée (av. 1704, se désinfecter d'une opinion) qui a disparu. ◆  Il devient usuel au début du XIXe s. avec les progrès de l'hygiène, lorsque apparaissent les dérivés DÉSINFECTANT, ANTE adj. (1803) puis n. m. (1820) et DÉSINFECTEUR n. m. (1834, au figuré), ce dernier demeuré rare. ◆  Quant à désinfection, formé sur infection (voir ci-dessus), il sert de substantif au verbe désinfecter et suit son évolution de fréquence.
INFÉODER v. tr. est attesté d'abord au participe passé (1411, infeode) par emprunt au participe passé infeodatus, du latin médiéval infeodare (1109-1120) « concéder un fief », formé avec le préfixe in- (→ 2 in-) sur feodum (→ fief ; féodal). Le verbe, refait sur le participe passé ou repris directement du latin médiéval, est relevé par Richelet en 1680 ; il a remplacé l'ancien infeuder « investir d'un fief » (1393), qui reprenait le latin médiéval infeudare (1097), de feudum (→ fief).
❏  Inféoder signifie, aujourd'hui en histoire, « donner (une terre à un vassal) pour qu'il la tienne en fief ». Il s'emploie par figure au pronominal (1827), au sens de « se soumettre » (comme le ferait un vassal), puis plus couramment à l'actif pour « soumettre à une autorité » (1836, Lamartine).
❏  Le participe INFÉODÉ, ÉE adj. a les valeurs du verbe.
■  INFÉODATION n. f. a remplacé (1467) infeudacion (1393 ; de infeuder), tous deux précédés par les formes du latin médiéval infeodatio (1064-1084) et infeudatio (1198) ; c'est un terme d'histoire, employé comme le verbe au figuré (1835, Balzac).
INFÉRER v. tr. est emprunté (v. 1370) au latin inferre, proprement « porter, jeter dans, vers, sur, contre », d'où des emplois variés, par exemple « faire violence à qqn », « porter une accusation » et « produire, mettre en avant (un raisonnement) » ; inferre est formé de in- (→ 2 in-) et de ferre « porter » (→ -fère) qui se rattache à la racine indoeuropéenne °bher- « porter ».
❏  Inférer a été employé (v. 1370) jusqu'au XVIe s. au sens d'« introduire, causer, faire naître », par exemple de la violence dans les rapports entre deux personnes ou une fraude dans une affaire. ◆  Il reprend dès le XIVe s. un autre sens du latin et signifie « tirer une conséquence, déduire » (1372 ; 1530, inférer que), emploi réservé au langage didactique.
❏  INFÉRENCE n. f., peut-être dérivé du verbe d'après le latin médiéval inferentia, s'est employé pour « conséquence » (1606). ◆  Le mot désigne (1765, Encyclopédie) une opération logique par laquelle on admet une proposition en raison de son lien avec d'autres propositions tenues pour vraies.
INFÉRIEUR, EURE adj. est un emprunt (1461-1466 ; également au XVe s. inferiore) au latin inferior « plus bas » et « d'un rang inférieur », comparatif de inferus « en bas, en dessous » (→ enfer).
❏  L'adjectif conserve les valeurs du latin ; il a un sens concret, « qui est situé plus bas » (1461-1466), et abstrait, « qui occupe une place au-dessous dans une hiérarchie, une classification », spécialement en parlant d'une personne (XVe s., adj. ; 1482, n.), et rarement au féminin. Il s'emploie ensuite au figuré (1540) pour « qui est d'une plus faible valeur, importance, qualité, etc. ». ◆  Du premier sens vient l'emploi en astronomie (1562, planètes inférieures) et en géographie : « dont l'altitude est inférieure, qui est plus près de la mer » (1690). ◆  Au figuré, le mot est repris par Cuvier (1805) dans animaux inférieurs « moins complexes dans leur organisation », plus tard interprété comme « peu avancés dans l'évolution ».
❏  Le dérivé INFÉRIEUREMENT adv., « d'une manière inférieure » (1584), « à une place inférieure » (1802), est rare.
■  INFÉRIORISER v. tr., dérivé savant de inférieur d'après inferior (R. de Radonvilliers avait proposé, en 1845, infériorer), est d'abord attesté au participe présent adjectivé (1878, J. Vallès), puis à l'actif (1893, Saint-Pol-Roux) pour « donner un sentiment d'infériorité à (qqn) ». Le verbe s'emploie ensuite (1919) au sens de « placer dans une situation inférieure » puis est repris d'après les emplois psychologiques des dérivés pour « sous-estimer la valeur de (qqn, qqch.) » (1970). ◆  Le dérivé INFÉRIORISATION n. f. est didactique (1894).
■  INFÉRIORITÉ n. f. est une réfection (1588, Montaigne), d'après le latin inferior, de inferieurité « situation inférieure (d'une chose) » (1538), repris en 1860. ◆  Infériorité désigne chez Montaigne l'état de ce qui est inférieur (en rang, en valeur, etc.), d'où l'emploi en grammaire (1863, comparatif d'infériorité) et les syntagmes de psychologie sentiment d'infériorité (1922, Proust), complexe d'infériorité.
INFERNAL, ALE, AUX adj. est emprunté (v. 1130), d'abord sous la forme adaptée enfernal (1119), au bas latin infernalis, dérivé de infernus, qui a donné enfer*. Une variante infernel a eu cours en moyen français (v. 1480).
❏  Le mot qualifie ce qui appartient à l'enfer chrétien et, beaucoup plus rarement, aux enfers dans d'autres religions, notamment le paganisme antique. ◆  Depuis le XVIIe s. (attesté 1667) il s'emploie, comme démoniaque, à propos de ce qui évoque l'enfer, le mal, la punition (les flammes infernales) avec des spécialisations portant sur diverses caractéristiques symboliques de l'enfer*, tel pierre infernale en alchimie, « azotate d'argent » (1690) ou machine infernale (1701), toujours connu pour « explosif, bombe à retardement ». ◆  Comme d'enfer, l'adjectif s'est affaibli jusqu'à devenir un synonyme de « très mauvais », « insupportable » (1680) et, par des syntagmes comme douleur, rire infernal, un simple intensif : une allure infernale. ◆  De nouvelles spécialisations sont apparues au XXe s., comme cycle infernal (des salaires et des prix). Le mot s'applique aux personnes, pour « insupportable », un enfant infernal, il est infernal correspondant à des emplois de démon, diable.
❏  L'adjectif a pour dérivé INFERNALEMENT adv. (v. 1390 ; infernellement, XVe s.), assez rare, et INFERNALITÉ n. f. (v. 1775, isolément ; puis v. 1790 et 1844), archaïsme d'emploi exceptionnel.
INFESTER v. tr. est un emprunt (1390) au latin infestare « attaquer, harceler, ravager » et au figuré « altérer, corrompre », dérivé de infestus « hostile », « menacé » et « infesté » ; l'adjectif est formé de in- (→ 2 in-) et d'un élément -festus, que l'on retrouve dans manifestus (→ manifeste), d'origine incertaine, qui comporte peut-être l'idée de « prendre ».
❏  Infester s'est employé aux sens d'« importuner, harceler (qqn) » (1390), « outrager (qqn) » (1468), puis « ravager (un pays) en s'y livrant à des actes de brigandage » (1552). ◆  En médecine, probablement sous l'influence d'infecter*, il a signifié (1570) « atteindre (d'une maladie) ». ◆  Il s'est employé à la fin du XVIe s. au sens de « hanter (un lieu) », en parlant des esprits, puis à partir du XVIIe s. au sens maintenant courant d'« être très abondant, au point d'envahir complètement, et de provoquer des dégâts » (1690), d'abord en parlant d'animaux nuisibles, plus tard (1835) de plantes. ◆  Au début du XXe s., le verbe est repris en médecine (1910) au sens de « pénétrer dans l'organisme et l'envahir », en parlant de parasites.
❏  INFESTATION n. f., emprunt (1370) au dérivé bas latin infestatio « attaque », « hostilité », a eu des emplois analogues à ceux du verbe ; signifiant d'abord « action de tourmenter », il a désigné l'action de ravager et son résultat (1558), le fait d'infester un lieu (1803). ◆  Il est aujourd'hui utilisé en médecine comme le verbe (1903).
INFIME adj. a été emprunté (1447) au latin infimus « qui est placé le plus bas », « le dernier », « le plus humble », superlatif de inferus « placé en bas » (→ inférieur).
❏  L'adjectif, attesté d'abord dans un emploi figuré, signifie surtout (1516) comme en latin « qui est placé le plus bas » en parlant d'une série, d'une hiérarchie. Par extension, il se dit pour « tout petit » (1828-1829).
❏  INFIMITÉ n. f. est attesté chez Saint-Simon au sens disparu de « caractère de ce qui est très bas » (Cf. latin infimitas), « basse condition ». Ce nom est d'usage didactique pour « faible valeur » (1873).
IN-FINE → 1 FIN
INFINI, IE adj. et n. m., réfection (XIVe s.) de la forme infinit (1216), est emprunté au latin infinitus « sans fin, sans limites », « indéfini », formé par préfixation in- (→ 1 in-) de finitus, participe passé de finire (→ finir).
❏  L'adjectif s'applique dans ses premiers emplois à ce qui, dans un ordre donné, n'a aucune limite ; cette valeur existe aujourd'hui dans l'usage courant (quantité infinie) et didactique (ensemble infini). Il se dit ensuite de ce qui n'est pas borné dans le temps, n'a pas de terme (1370-1372, adj. et n. m.) ; l'adjectif s'applique spécialement à Dieu (v. 1450, infiny) « en quoi l'homme ne conçoit aucune limite ». ◆  Par extension, infini qualifie (1552) ce qui est très considérable par la grandeur, la durée, l'intensité, le nombre, d'où le sens de « très nombreux » au pluriel (des richesses infinies). Au XVIIe s., le nom est utilisé dans la locution adverbiale à l'infini « extrêmement » (1622, à l'infiny) et « sans limites, sans fin » (1640 ; 1647, Descartes, en parlant de la puissance divine). ◆  Il désigne également (1662) ce qui est infini par l'un de ses aspects, d'où, comme nom masculin, l'infini mathématique (noté ∞). L'adjectif s'emploie couramment au sens affaibli (ci-dessus) dans l'ordre sensible, moral, etc. (1690). ◆  Le mot, repris dans le vocabulaire de la photographie (XXe s.), désigne la distance à partir de laquelle les objets donnent une image nette dans le plan focal.
❏  INFINIMENT adv. (1488), d'abord sous les formes infinitement (fin XIVe s. ; de infinit), puis infiniement (1418), a le sens strict et le sens affaibli de l'adjectif (aimer infiniment qqch.) et s'emploie spécialement en mathématiques (1719, l'infiniment grand, petit).
■  INFINITÉ n. f. est emprunté au latin infinitas « étendue infinie », dérivé de infinitus. ◆  Le nom désigne couramment (1214) une très grande quantité, un très grand nombre ; il est didactique (fin XIIIe-déb. XIVe s., infiniteis ; 1538 avec la graphie moderne) au sens de « ce qui est sans fin ». En dérivent les mots didactiques et rares, INFINITISME n. m. (1924 ; 1862, infinitéisme chez Vigny) et INFINITISTE adj. et n. (1864).
■  INFINITUDE n. f. est aussi un terme didactique (1522).
INFINITÉSIMAL, ALE, AUX adj. est emprunté (1706) à l'anglais infinitesimal « relatif aux quantités extrêmement petites » (1704), dès 1655 « l'un des points d'une série infinie », dérivé du latin infinitas ; le français classique a employé aussi infinitesime (1752, Trévoux). L'adjectif s'emploie couramment (1769) pour « infiniment petit », par extension du sens didactique et, par figure (1905), en parlant de quantités non mesurables ; il s'utilise spécialement en homéopathie (XXe s., dose infinitésimale).