INFINITIF, IVE n. m. et adj. est un emprunt (1368, muef [mode] infinitif) au latin impérial des grammairiens infinitivus (modus) « l'infinitif », dérivé du latin classique infinitus « sans fin, sans limites » et « indéfini » (→ infini).
❏
Le mot désigne en grammaire la forme nominale du verbe, exprimant l'idée d'état ou d'action d'une façon abstraite et indéterminée.
+
INFIRME adj. représente une réfection (v. 1265), d'après le latin, de l'ancien français enferm ou enferme « faible, malade » (v. 1050), attesté jusqu'au XVIe s. et aboutissement du latin classique infirmus « faible », physiquement et moralement ; infirmus est formé de in- (→ 1 in-) et de firmus « ferme, au moral et au physique », d'où « solide, fort » (→ ferme). En français moderne, infirme et ferme ne sont plus sentis comme apparentés.
❏
Le mot, peu usité sous sa forme moderne avant le XVIe s., s'est dit pour « malade » ; il s'est employé au sens de « qui manque de force, physique ou morale » (1539, Marot), courant dans la langue classique et en parlant d'une plante peu vigoureuse (1690). Il s'applique à une personne atteinte d'une ou plusieurs infirmités (1673, Molière), d'où membre infirme, puis à ce qui présente des défauts, des faiblesses graves (1803, Chateaubriand).
❏
INFIRMITÉ n. f. est une réfection (v. 1380), d'après le latin, de l'ancien et moyen français
enfermeté (v. 1050), employé jusqu'au début du
XVIe siècle et sans rapport direct avec
enfermer. Ce mot est lui-même une réfection, d'après
enferm (ci-dessus), de
enferté, issu par voie orale du latin classique
infirmitas « faiblesse, maladie », dérivé de
infirmus.
■
Le nom, vieilli pour « indisposition sérieuse, maladie habituelle » (v. 1380), s'est employé de l'époque classique jusqu'au XIXe s. pour « faiblesse physique » (1413) et pour « caractère faible (de l'homme) » (1564).
◆
Le sens moderne, « maladie, accident, faiblesse qui rend infirme », est relevé chez Malherbe (av. 1628) ; en emploi littéraire, il se dit pour « défaut, imperfection » (XIXe s.).
◈
INFIRMIER, IÈRE n. représente une réfection (1398,
n. m.), d'après
infirme, de l'ancien français
enfermier (1288), dérivé de
enferm encore relevé au
XVIIe s. (1675).
■
Le mot désigne, comme l'ancien enfermier, une personne qui soigne des malades sous la direction des médecins ; le féminin est attesté (1765) dans l'Encyclopédie. C'est aujourd'hui un nom de profession médicale organisée, soumise à des diplômes.
◈
INFIRMERIE n. f. (1509) « lieu où l'on reçoit des malades, des blessés » a remplacé l'ancien français
enfermerie, attesté du
XIIIe s. à 1675. Le mot est sorti d'usage pour désigner un établissement charitable (
XIXe s.) ; il s'emploie par extension et familièrement (1829) au sens de « maison où tout le monde est malade ». Alors que
infirme et
infirmité entrent dans le champ sémantique de la pathologie, de la maladie,
infirmier et
infirmerie, qui ne sont plus rattachés spontanément ni à
infirme, ni à
enfermer, correspondent à des emplois administratifs, et entrent dans le champ du vocabulaire hospitalier.
INFIRMER v. tr. est un emprunt (1370-1372, Oresme) au latin infirmare « affaiblir » au propre, « réfuter » et en droit « annuler », dérivé de infirmus (→ infirme).
❏
Le verbe signifie d'abord « affaiblir (une assertion, etc.) dans son autorité » ; il est ensuite usité en droit (1379) au sens d'« annuler ou réformer (une décision) ».
❏
En dérivent les termes de droit
INFIRMATIF, IVE adj. (1501) et
INFIRMABLE adj. (1842).
■
INFIRMATION n. f., emprunt au latin infirmatio (dérivé du supin du verbe), s'emploie en droit (1478) et désigne l'action d'infirmer une assertion (1867). Cette famille de mots est restée didactique.
INFIXE n. m., attesté dans le Supplément du Littré (1877), est un emprunt savant, sur le modèle de suffixe*, préfixe*, affixe*, au latin infixus « fixé, imprimé dans », participe passé de infigere « fixer, ficher dans » ; le verbe est composé de in- « dans, en » et de figere, fixus « ficher » d'où « fixer* ».
❏
Infixe, terme de linguistique, désigne un élément qui s'insère à l'intérieur même d'un mot, parfois d'une racine (Cf. affixe).
INFLAMMATION n. f. est emprunté (2de moitié du XIVe s.) au latin inflammatio « action d'incendier, incendie », puis « inflammation » et « excitation, ardeur », mot formé sur inflammatum, supin de inflammare (→ enflammer).
❏
Inflammation est d'abord attesté avec le sens figuré de « vive irritation, colère » encore usité à l'époque classique, par exemple chez Molière. Il apparaît, à la même époque, dans l'emploi médical repris du latin et aujourd'hui courant.
◆
À la fin du XIVe s. (v. 1390), il a le sens propre de « grande chaleur, haute température », qui a disparu, comme celui d'« incendie » repris par la suite (1509) au latin ; de cette valeur subsiste l'emploi didactique pour désigner un phénomène par lequel une substance combustible s'enflamme, prend feu (1552).
❏
Du nom dérive
INFLAMMATEUR n. m. (1874), terme technique.
■
INFLAMMATOIRE adj., dérivé savant (av. 1590, Paré) du latin inflammare, est un terme de médecine passé dans la langue courante.
◆
Le composé ANTI-INFLAMMATOIRE adj. et n. (XXe s.), formé à l'aide de 1 anti-, est aussi un terme de médecine.
◈
INFLAMMABLE adj. est dérivé savamment (v. 1390), par suffixation en
-able, du verbe
inflammare, formé de
in- (→ 2 in-) et de
flammare. Le latin médiéval
inflammabilis (v. 1227) a pu servir de modèle.
■
D'abord employé au sens propre pour « qui a la propriété de s'enflammer facilement et de brûler rapidement » (v. 1390 ; 1780, air inflammable), l'adjectif est relevé dans un emploi figuré à la fin du XVIIIe s. (1787, caractère inflammable).
■
Le dérivé INFLAMMABILITÉ n. f., qui correspond au latin médiéval inflammabilitas (v. 1360), est didactique au sens propre (1641) et rare au figuré (1829).
■
ININFLAMMABLE adj. (de 1 in-), attesté isolément au début du XVIIe s. (1616), est repris à la fin du XVIIIe s. (1785, corps ininflammable) ; il est rare au figuré (1801).
❏ voir
ENFLAMMER.
INFLATION n. f. est un emprunt savant (v. 1300) au latin inflatio « enflure, gonflement (de l'estomac) », « flatulence » et « inflammation », formé sur inflatum, supin du latin inflare « souffler dans ou sur, enfler », « gonfler » et « enfler le ton » (→ enfler).
❏
Le mot apparaît comme terme de médecine avec le sens de « gonflement » (v. 1300,
inflation du membre) qui a disparu au profit d'
enflure.
◆
Il est attesté ensuite au figuré (v. 1375) pour « action de s'enorgueillir » et dans un emploi métaphorique avec le sens d'« excès, abus prétentieux » (1511,
inflation de science).
◆
Il a conservé en médecine le sens (1549) de « gonflement (d'un tissu, d'un organe) par infiltration de gaz ou de liquide »
(Cf. emphysème, œdème).
Inflation, comme terme d'économie (1919), reprend l'anglais inflation « gonflement », dérivé (XIVe s.) de to inflate, formé sur le supin de inflare, qui a pris (1838 aux États-Unis) le sens financier de « hausse des prix causée par un accroissement excessif des instruments de paiement entraînant une dépréciation de la monnaie ».
◆
Inflation, comme déflation*, est passé en français au moment de la crise monétaire européenne qui suivit la guerre de 1914-1918, l'emprunt inflationniste paraissant antérieur. Par extension du sens économique, inflation se dit pour « excès, surabondance avec dévalorisation » (1922, inflation des mots, L. Daudet ; 1919, dans une comparaison chez le même).
❏
INFLATIONNISTE n. et adj. est emprunté (1894) à l'anglais
inflationist n. et adj., dérivé de
inflation, attesté depuis 1870 pour désigner, en tant que nom, un partisan de l'inflation, puis comme adjectif au sens de « qui a rapport ou tend à l'inflation », plus courant en français.
■
Le terme d'économie ANTI-INFLATIONNISTE adj. (de 1 anti-) est attesté en 1949.
❏ voir
DÉFLATION.
INFLEXION n. f. est emprunté (fin XIVe s.) au latin inflexio « action de plier », puis terme de grammaire, dérivé de inflectum, nom qui correspond au verbe inflectere « plier, infléchir », au propre et au figuré. Le verbe est formé de in- (→ 2 in-) et de flectere « courber » au propre et au figuré (→ fléchir), d'où « faire tourner, diriger », « détourner, changer » et l'emploi en grammaire.
❏
Le nom désigne dans ses premiers emplois l'état de ce qui est infléchi, le mouvement par lequel qqch. s'infléchit, sens aujourd'hui didactique ; il est rarement employé avant le XVIIe s. où il se dit (1636) d'un changement de ton dans la voix ; inflexion a été aussi utilisé en grammaire (1690) pour flexion. Du premier sens vient l'emploi en optique (1739, Voltaire, inflexion de la lumière) et en mathématiques (1765, point d'inflexion).
◆
Par figure, inflexion se dit d'une modification dans l'orientation d'une pensée, d'un sentiment (1828, Sainte-Beuve).
◆
Le mot est repris en phonétique (1893), où inflexion vocalique désigne le changement de timbre d'une voyelle sous l'influence d'un phonème voisin.
❏
INFLÉCHIR v. tr. a été formé au
XVIIIe s., au participe
INFLÉCHI, IE adj. et au pronominal
S'INFLÉCHIR (1738), pour servir de correspondant verbal à
inflexion, de
in- (→ 2 in-) et de
fléchir*.
■
Il a fourni INFLÉCHISSEMENT n. m. au propre (1888) et au figuré (XXe s.).
❏ voir
FLEXION, RÉFLEXION.
INFLIGER v. tr. est emprunté (1451) au latin classique infligere « heurter contre », « lancer contre », « infliger à », d'où en latin médiéval « punir » (v. 1250) ; infligere est composé de in- (→ 2 in-) et de fligere, flictus « battre » ; ce verbe archaïque, seulement usuel en composition, n'est pas représenté dans les langues romanes ; il appartient à un ensemble de mots expressifs aux formes divergentes, comme le vieux slave blizna « cicatrice » et le gotique bliggwan « frapper ».
❏
Le verbe français est d'abord employé en droit, au sens d'« imposer (une peine à qqn) », peu usité avant le XVIIe siècle et aujourd'hui sorti d'usage. Il signifie par extension « faire subir (une peine matérielle ou morale à qqn) » (1807, pron., Mme de Staël), d'où par affaiblissement « imposer (une contrainte, des ennuis, etc.) » (av. 1850). Il faut aussi noter l'expression courante infliger un démenti à qqn.
❏
INFLICTION n. f. est emprunté (1486) au latin inflictio « action d'infliger une peine », formé sur le supin de infligere. Il en a repris le sens en droit, puis a signifié en administration « imposition (d'une amende, d'une taxe) », sens didactique et vieilli.
INFLORESCENCE n. f., attesté chez Lamarck (1792), est un emprunt au latin scientifique inflorescentia, formé par Linné (1770) d'après efflorescentia (→ efflorescence), sur le latin inflorescere « se couvrir de fleurs », verbe composé de in- (→ 2 in-) et de florescere, dérivé de florere (→ fleurir), lui-même de flos, floris (→ fleur).
❏
Inflorescence désigne en botanique le mode de groupement des fleurs d'une plante et, par métonymie, le groupe de fleurs ainsi formé.
INFLUENZA n. m. est emprunté (1782, Mme D'Épinay) à l'italien, peut-être par l'intermédiaire de l'anglais, où il est attesté en 1743. Le mot a été introduit en France après une importante épidémie qui avait débuté en Italie. Le mot italien, relevé au sens médical avant 1363, est un emprunt au latin médiéval influentia (→ influence) qui avait été employé dans l'ancienne médecine pour traduire le grec epirroê « flux (de sang) », du verbe rhein « couler » (→ rhume).
❏
Le mot, vieilli ou littéraire, a été remplacé par grippe*.
INFLUER v. est un emprunt (1375, Oresme) au latin classique influere « couler (dans, sur) », « s'insinuer dans », et en latin médiéval « exercer une influence » (v. 1267), formé de in- (→ 1 in-) et de fluere « couler », par extension « s'écouler, tomber mollement », d'où « se laisser aller sans retenue » ; fluere vient peut-être d'un croisement entre une racine indoeuropéenne °sreu- « couler » non représentée en latin (Cf. sanskrit srávati « il coule ») et une racine °bhleu- qui indique l'émission d'un liquide.
❏
Influer apparaît avec le sens d'« exercer une influence (sur qqn, qqch.) » qui est resté courant et notamment utilisé en parlant des astres (1453). Le verbe s'est employé à l'époque classique (1404, C. de Pisan) au sens de « faire pénétrer (une force, une action) dans », « inspirer une chose matérielle ou morale » et, avec une valeur concrète, pour « couler, pénétrer dans » (1536, intr.).
❏
Plusieurs mots sont empruntés à des dérivés du latin
influere.
■
INFLUENCE n. f. est un emprunt du XIIIe s. (v. 1240) au latin médiéval influentia « flux provenant des astres et agissant sur l'action des hommes et des choses » (attesté en 1241), dérivé de influere (→ influenza).
◆
Influence conserve d'abord le sens de l'étymon, le mot désignant ensuite l'action attribuée aux astres sur la destinée humaine. Par extension, il se dit dès le XIIIe s. de l'action lente et continue exercée sur une personne ou une chose. De là vient le sens d'« autorité, prestige de qqn, qui amène les autres à se ranger à son avis » (1780), d'où « autorité politique ou intellectuelle acquise par un pays, une civilisation, etc. à un moment donné » (1793, Mme de Staël, l'influence française). Au XIXe s., influence s'introduit par analogie dans le vocabulaire scientifique pour désigner un effet produit à distance (1814). Au sens psychosocial dominant « action, effet qu'une personne exerce sur d'autres », l'expression familière le faire à l'influence (1901) donne au mot la valeur d'« intimidation ».
■
Le dérivé INFLUENCER v. tr., d'abord relevé (1771) au sens large d'« exercer une influence sur », est un mot critiqué à la fin du XVIIIe siècle ; il s'emploie aussi en parlant d'une chose (1805, Cuvier) et est devenu usuel dans de nombreux domaines.
◆
En dérive INFLUENÇABLE adj. (1831, Mérimée), d'où INFLUENÇABILITÉ n. f. (mil. XXe s.), didactique.
■
INFLUENT, ENTE adj., emprunt au latin influens (participe présent du verbe), s'applique aux choses (1520) et surtout aux personnes qui ont de l'influence (1701).
◆
Un homonyme disparu, dérivé de influer, a signifié « qui coule, déborde sur » (v. 1510).
■
INFLUX n. m. est un emprunt (1547) au bas latin influxus « action de couler dans » et « influence (des astres) » en latin médiéval ; le nom s'est d'abord employé en parlant des astres.
◆
Il désigne au XVIIIe s. l'action exercée de façon mystérieuse par une force (1768-1772, en parlant de celle de l'âme sur le corps), d'où le sens de « force agissante », spécialement dans influx nerveux (1834, Broussais).
❏ voir
INFLUENZA.
INFORME adj. est emprunté (déb. XVIe s.) au latin informis « non façonné, brut », « mal formé, difforme, hideux », composé de in- (→ 1 in-) et de forma « forme* ».
❏
L'adjectif s'applique d'abord à ce qui n'a pas de forme déterminée, spécialement au figuré (1580, Montaigne, conceptions informes) ; il se dit aussi (1591, Desportes) de ce dont on ne peut définir la forme, qui ne peut être reconnu par sa forme.
◆
Informe s'emploie à partir du XVIIe s. en parlant d'une chose dont la forme n'est pas achevée (1668, La Fontaine) ou dont les formes sont disgracieuses (1668). Par analogie, l'adjectif s'applique en droit (1690) à ce qui n'est pas dans les formes prescrites. Au figuré, il signifie « flou, incertain ».
+
INFORMER v. tr. représente une réfection (XVe s.), d'après le latin de l'ancien français enformer « donner une forme à » (1174), « instruire de » (1275), attesté jusqu'au XVIe s., issu de informare « façonner, donner une forme » et au figuré « représenter idéalement », « former dans l'esprit », « se faire une idée de », composé de in- (→ 2 in-) et de formare (→ former). Cette réfection est hésitante quant à forme, qui a des variantes (soi infourmer, 1286), et quant au préfixe (einformer, transitif, 1351).
❏
Le verbe, d'abord pronominal, signifie « mettre au courant (qqn de qqch.) », d'où
informer (qqn) que « faire savoir (à qqn) que » (1392,
infourmeir que). Il se fixe et se spécialise dans le domaine judiciaire (1538,
informer) au sens de « faire une instruction en matière criminelle ».
◆
Au
XVIe s., il reprend le sens latin de « donner une forme à » (1567), spécialement en philosophie (1572, « donner une forme sensible », en parlant de l'âme ; 1617, d'un principe spirituel). Il a eu le sens de « questionner (qqn au sujet de qqch.) » (av. 1615,
informer qqn de qqch.) mais reste usuel dans une valeur très proche du sens initial. Au
XXe s., il subit l'influence des significations récentes de
information.
En droit, le participe passé substantivé est employé dans un plus ample informé (1671) « une information plus ample (de l'affaire) », d'où l'expression jusqu'à plus ample informé.
❏
INFORMATEUR, TRICE n. et adj. est apparu au
XIVe s. au sens de « rapporteur » (v. 1354) puis désigne celui qui est chargé de faire une enquête (
XVe s.), qui informe, instruit (1458). Il est repris au
XIXe s. et désigne qqn qui donne des informations, ou dont le métier est de recueillir des informations (1838 ;
informeur, v. 1797, ne s'est pas maintenu).
■
INFORMATIF, IVE adj. s'est dit (1520, vertu informative) pour « qui sert à représenter ». Repris au XXe s. et alors lié à information, l'adjectif signifie « qui apporte de l'information ».
◈
INFORMATION n. f. dérive de
informer ; en effet, le latin
informatio signifiait « conception, explication (d'un mot) », « dessin, esquisse », sens non attestés en français.
◆
Le nom est d'abord attesté (1274) au sens juridique et courant d'« enquête faite en matière criminelle » (1323,
faire des enformations « procéder à des enquêtes judiciaires »). Il a à partir du
XIVe s. le sens courant de « renseignement que l'on obtient de qqn » (v. 1360, au pluriel), puis par extension désigne au pluriel (v. 1500) l'ensemble des connaissances réunies sur un sujet donné ; mais il est rare en ce sens avant le
XXe siècle.
◆
À la fin du
XVe s. (1495),
information se dit pour « action de donner une forme », sens didactique aujourd'hui disparu.
◆
Le mot se spécialise dans la seconde moitié du
XIXe s., désignant l'action de prendre des renseignements (
voyage d'information, 1867). Le sens aujourd'hui le plus usuel apparaît sous la III
e République, avec le développement de la presse : il s'agit alors de l'information que l'on porte à la connaissance d'un public (1886, Zola) ; d'où, au début du
XXe s., les acceptions « ensemble des informations » et « action d'informer (le public) ».
◆
Au pluriel, le mot s'emploie pour « bulletin d'informations » (1972, abréviation familière
INFOS, n. f. pl.), le singulier
une info, l'info, s'étant généralisé ensuite.
■
De ces valeurs viennent (apr. 1950) plusieurs dérivés et composés, liés au développement des moyens et des techniques d'information (médias) : DÉSINFORMATION n. f. (1954) et DÉSINFORMER (1959) qui, contrairement à la morphologie, concernent une manière trompeuse d'informer, et non la privation d'informations sur qqch., INFORMATIONNEL, ELLE adj. (1961), SOUS-INFORMATION n. f. (v. 1965), SURINFORMATION n. f. (1969).
◈
Par ailleurs,
information, par emprunt de sens (v. 1950) à l'anglais
information, se spécialise pour désigner un élément ou un système pouvant être transmis par un signal ou une combinaison de signaux
(théorie de l'information).
◆
L'expression
autoroute de l'information (voir autoroute, sous automobile), qui traduit l'anglo-américain
highway, désigne un réseau à grand débit capable de transporter des millions d'informations élémentaires à la seconde, en télématique.
■
C'est de ce sens qu'est issu INFORMATIQUE n. f. et adj. (1962), mot créé par Ph. Dreyfus sur le modèle de mathématique, électronique et qui a lui-même servi de modèle pour de nombreux dérivés analogiques (bureautique, robotique, etc. : voir les radicaux). Le mot désigne la science et l'ensemble des techniques automatisées relatives aux informations (collecte, mise en mémoire, utilisation, etc.) et l'activité économique mettant en jeu cette science et ces techniques. L'informatique est en rapport avec les notions de calcul, de classement, d'ordre (Cf. ordinateur), de mise en mémoire et, avec la gestion automatique des données, des informations au moyen de logiciels* et du matériel approprié. Le développement rapide de l'informatique explique l'abondance des termes formés en français.
■
Le dérivé INFORMATICIEN, IENNE n. (1966) désigne un ensemble d'activités professionnelles liées à l'informatique.
■
Informatique a aussi plusieurs composés.
◆
TÉLÉINFORMATIQUE n. f. (1968), TÉLÉMATIQUE n. f. (1977), de télé(communications), MINI-INFORMATIQUE n. f. (1974), devenu rare, MICRO-INFORMATIQUE n. f. (1978), lié à micro-ordinateur, et usuel PÉRI-INFORMATIQUE n. f. (1978).
■
Dans le même domaine, INFORMATE n. m. a été proposé (v. 1970 ; de inform[ation] et [auto]mate) pour traduire l'anglicisme hardware (matériel des calculateurs et ordinateurs) mais a été supplanté par matériel.
■
INFORMATISER v. tr. (1969, au participe passé), « traiter (un problème, une activité), organiser par les moyens de l'informatique », a fourni INFORMATISABLE adj. (1970) et INFORMATISATION n. f. (1971).
◈
Un premier élément de mots-valises,
INFO-, correspond à
informatique. On le trouve dans
INFOGRAPHIE n. f. (v. 1970) « création d'images assistée par ordinateur », d'où
INFOGRAPHISTE n. (années 1980),
INFOGRAPHIQUE adj., et aussi dans
INFOBULLE n. f. « bulle consultable présentant une explication concernant un élément (bouton, image..., texte) de l'écran ».
INFOTHÈQUE n. f. (1995) correspond à « centre de documentation multimédia utilisant la Toile ».
INFORTUNE n. f. représente un emprunt (1370-1372, Oresme) au latin infortunium « malheur, châtiment, revers de fortune », formé de in- (→ 1 in-) et de fortuna (→ fortune).
❏
Le mot, littéraire, reprend les sens du latin, « revers de fortune » (1370-1372) et « malheur, mauvais sort » (1370-1386), d'où compagnon d'infortune (1797 ; XVIIe s., sœur d'infortune), et le sens disparu de « manque de réussite ».
◆
L'acception dominante, « malheur », fait que le mot s'est détaché de fortune lorsque ce dernier a vieilli au sens de « chance ».
◆
Au premier sens, le mot s'est spécialisé dans infortune conjugale (1853, Flaubert) « fait d'être trompé par son conjoint », devenu archaïque ou stylistique.
❏
INFORTUNÉ, ÉE adj. est emprunté (1370-1372) au latin infortunatus « malheureux, qui est dans l'infortune », formé à partir du participe passé de fortunare « faire réussir », dérivé de fortuna. Il est aujourd'hui archaïque, après avoir été un mot noble, d'emploi littéraire.
INFRA adv. est un emprunt tardif (1862) au latin infra adv. et prép., signifiant « au-dessous » (par opposition à supra), « plus bas », employé au propre et au figuré. Infra se rattache à inferus « qui se trouve dessous » (par opposition à superus) (→ enfer). L'ancien provençal avait emprunté le latin sous la forme enfra adv. et prép. (XIe s.).
❏
En français, infra, terme didactique, s'emploie comme adverbe pour renvoyer à un passage qui se trouve plus loin dans un texte (Cf. ci-dessous, ci-après, plus bas), et comme préposition pour « après ».
❏
INFRA-, élément de composition tiré du même mot latin, indique que le second élément se trouve dans une position inférieure (par ex. infra-marin, infra-terrestre) ou indique un niveau, une valeur inférieurs à ceux qui sont exprimés par le second élément (par ex. infra-conscient, infra-sensible). Il s'oppose à ultra-*.
◆
La formation de mots composés à partir de infra- n'apparaît qu'au XIXe s. (1831, infraxillaire pour infra-axillaire). Il s'agit le plus souvent d'adjectifs formés sur des adjectifs ; on trouve cependant, en français du Canada, INFRA-NORD n. m. « zones présentant de manière atténuée les caractères propres du Grand Nord ». Les composés appartiennent tous au vocabulaire scientifique ou technique. Ceux qui sont bien intégrés s'écrivent aujourd'hui soudés.
❏ voir
ROUGE (INFRAROUGE), SON (INFRASON), STRUCTURE (INFRASTRUCTURE).
INFRACTION n. f. représente un emprunt (1250) au bas latin infractio « action de briser », formé sur infractum, supin de infringere composé de in- (→ 2 in-) et de frangere, fractus « briser » (→ fraction) qui se rattache à une racine indoeuropéenne °bhreg- (Cf. l'anglais to break). Infraction a été emprunté sous l'influence sémantique de enfreindre* dont il a éliminé les anciens dérivés, enfraignement « action de rompre, de violer » (1209), enfrainture « action de briser », « infraction » (1211) et enfrainte (1307).
❏
Le mot désigne la transgression, la violation d'une loi, d'un engagement ; il s'emploie en droit et, couramment, en parlant de la violation d'une loi de l'État entraînant une peine fixée par la loi. Il a eu au XVIe s. le sens de « déchirement, rupture » (Rabelais, 1552).
❏
INFRACTEUR, TRICE n., emprunté (1419) au bas latin infractor « celui qui brise » (formé sur le supin de infringere) et désignant une personne qui commet une infraction, est sorti d'usage.
❏ voir
ENFREINDRE.
INFRANCHISSABLE → 1 FRANC
INFRANGIBLE adj., relevé sous la forme infragible au XVe s. (1488), est un composé par préfixation (→ 1 in-) de l'ancien adjectif frangible « sujet à se briser » (XVe s.) ; cet adjectif a été dérivé savamment, par suffixation en -ible, du radical du latin frangere, fractus « briser » (→ infraction ; enfreindre).
❏
Littéraire ou didactique, l'adjectif s'applique à ce qui ne peut être brisé, détruit et s'emploie aussi par figure (1564) pour « impossible à détruire ».
INFUS, USE adj. est emprunté (XIIIe s.) au latin classique infusus, participe passé de infundere « verser dans », « répandre dans, sur », « faire pénétrer » (→ infusion) ; en latin chrétien, scientia infusa se disait de la connaissance « versée » par Dieu dans l'âme (d'Adam), et non acquise.
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L'adjectif est attesté au XIIIe s. aux sens de « enduit de » (infus en) et de « répandu dans, infusé » (infus a), qui ont disparu. Il est repris en théologie au XVe s. (grâce infuse), puis dans l'acception plus générale de « répandu dans l'âme », en parlant de connaissances, de vertus, etc. (fin XVe s.). Science infuse (1680) s'emploie ironiquement et sans référence religieuse, dans la locution avoir la science infuse (1834) « savoir sans avoir appris », d'où « prétendre tout savoir ».
INFUSION n. f. est un emprunt (fin XIIe s.) au latin classique infusio « action de verser dans », puis « infusion, injection », qui a pris en bas latin le sens d'« action d'humecter, d'arroser », « épanchement » ; infusio est dérivé du supin de infundere « verser dans, sur », « faire pénétrer », de in- (→ 2 in-) et fundere « fondre », « se répandre » (→ fondre, infus).
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Le mot est d'abord un terme de théologie, signifiant « pénétration dans l'âme de grâces surnaturelles ou de certaines facultés ».
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Il est attesté dans un emploi technique disparu pour « enduit » (« ce qui a été répandu »).
Infusion s'est dit ensuite en médecine (1572) de l'action de répandre sur une plaie un liquide qui contient des principes médicamenteux.
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Le mot se spécialise (1605) pour désigner l'action de laisser tremper dans un liquide une substance, notamment végétale, dont on veut extraire les principes solubles (Cf. infuser ci-dessous) ; de là vient le sens courant (1611) « liquide infusé », spécialement « tisane de plantes » (à l'exclusion du thé).
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Le mot a été repris dans le vocabulaire religieux (1688, baptême par infusion) au sens d'« action de verser » ; cet emploi est archaïque.
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Du nom a été tiré
INFUSER v. tr., d'abord terme de religion disparu pour « faire pénétrer (une âme dans un corps) » (1380). Le verbe prend le sens large (1478) de « verser un liquide dans un récipient », sorti d'usage sauf en emploi figuré dans
infuser un sang nouveau à qqn, qqch. Par figure, il signifie « faire pénétrer en communiquant (un sentiment, une vertu, etc.) » (1516) et s'emploie comme terme d'alchimie (v. 1516) en parlant de la communication d'une vertu à une substance.
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L'emploi moderne, lié au sens courant d'
infusion, est attesté en 1575 et assez courant (
laisser infuser, intr.).
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Le participe passé l'est aussi, mais INFUSÉ n. m. (1798) est un terme de pharmacie.
❏ voir
INFUSOIRE.