IN PACE ou IN-PACE n. m. inv. vient (1440) de l'expression latine (vade) in pace « (va) en paix », prononcée en refermant le cachot sur le prisonnier, et employant le mot pax.
❏  Le mot, d'abord dans l'expression mettre in pace, désigne (1690) un cachot où l'on enfermait à perpétuité certains coupables scandaleux, dans un établissement religieux. Le mot est employé, notamment par les écrivains romantiques, comme symbole de l'arbitraire et de la cruauté de la justice religieuse (Inquisition, etc.).
IN PARTIBUS loc. adj. représente une abréviation (1703) de in partibus infidelium « dans les régions des infidèles », terme de droit canonique créé dans le latin moderne de l'Église, de pars, partis « région » (→ part).
❏  Dans le vocabulaire de l'Église, in partibus se disait d'un évêque titulaire d'un diocèse situé dans un pays non chrétien, donc sans clergé ni fidèles, et qui remplissait des fonctions d'auxiliaire auprès d'un évêque résidentiel. Par analogie, dans un emploi didactique ou ironique, la locution s'emploie pour « sans fonction réelle » (1788).
IN PETTO loc. adv. (1674, La Fontaine), d'abord en latin in pecto (1657), est emprunté à la locution italienne avere in petto « tenir cachée une décision déjà prise » (XVIIe s.), proprement « avoir dans le cœur, l'esprit ». Petto est issu du latin pectus « poitrine, cœur », « siège de l'intelligence et de la pensée », de la famille de pectere, pexus (→ expectorer, pis).
❏  In petto s'est employé à propos de cardinaux non proclamés, en parlant d'une décision pontificale. La locution moderne signifie « dans le secret du cœur ».
INPUT n. m. est un emprunt (1953) à l'anglais input, dérivé de to input « mettre dedans », de in- « dans, dedans » et de to put « mettre » ; le mot anglais a d'abord signifié « contribution monétaire » (XVIIIe s.) puis au XIXe s. « entrée » (d'un mécanisme, d'un processus). Il s'oppose à output « sortie ».
❏  Input est passé en français dans l'emploi spécialisé qu'il a pris en anglais, au milieu du XXe s., pour désigner l'entrée des données dans un système informatique ; il s'emploie par extension dans le vocabulaire de la psychologie, en parlant de l'entrée des « données » dans un organisme vivant. Output est également usité au sens de « produit de sortie ».
IN-QUARTO adj. inv. et n. m. reprend (1529) une locution latine signifiant « en quart », composé de in- « en, dans » et de quarto, ablatif de quartus « quatrième » et « quart », dérivé de quattuor (→ quatre).
❏  En imprimerie, le mot se dit en parlant du format d'un livre dont la feuille d'impression, pliée en quatre feuilles, forme huit pages (par abréviation in-4°). Comme les autres locutions de ce type, il est aussi substantivé (1704, un in-quarto).
INQUIET, ÈTE adj. est un emprunt savant (1588, inquiete au masculin ; puis 1596) au latin inquietus « troublé, agité » et au figuré « qui s'agite ; qui n'a pas de repos, turbulent », formé de in- (→ 1 in-) et de quietus, dérivé de quies « repos » (→ coi ; quiet).
❏  L'adjectif conserve le sens figuré du latin. Depuis le XVIIe s., il s'applique aussi (1662) à ce qui dénote l'inquiétude (œil inquiet) et se dit d'une personne qui n'est pas satisfaite de sa situation (1669, Bossuet), sens vieilli d'où procède avec une valeur positive l'idée de personne tourmentée par une exigence morale ou intellectuelle (XVIIe s.). Avec l'idée d'« agitation », l'adjectif s'applique au sommeil (1671). ◆  Au sens de « qui remue sans cesse » (1678), il a qualifié les personnes. Il ne s'emploie que littérairement à propos de choses.
❏  INQUIÉTEMENT adv. (1611) « de manière inquiète » est très rare.
■  INQUIÉTER v. tr., emprunt (v. 1170) au dérivé latin inquietare « agiter, troubler », s'emploie d'abord au sens concret de « troubler la tranquillité, tourmenter », d'où spécialement en droit ancien (1479) « troubler qqn dans la possession de qqch. », puis (1611) « harceler » et « causer du tracas à qqn » ; ces emplois ont vieilli. ◆  Inquiéter s'emploie ensuite dans le domaine moral (1645) pour « troubler en suscitant un sentiment d'inquiétude », d'où s'inquiéter au sens de « manifester de l'inquiétude (au sujet de qqn, qqch.) » (1662) et par affaiblissement « s'enquérir de, s'occuper de connaître » (1677, Mme de Sévigné). Des premiers emplois vient le sens de « poursuivre (qqn), menacer d'une sanction », surtout au passif. Sur la forme de l'impératif négatif, ne t'inquiète pas, l'usage oral familier a imposé t'inquiète, correspondant à « pas de souci, ne t'en occupe pas ».
■  INQUIÉTANT, ANTE adj. est attesté en 1714 ; il a pris la valeur affaiblie d'« étrange et peut-être dangereux ».
■  INQUIÉTEUR, EUSE n. (1611 ; 1285, inquiteor) n'est guère vivant. On le trouve cependant chez Gide.
■  INQUIÉTUDE n. f. est un emprunt (1447) au dérivé bas latin inquietudo « agitation » et spécialement « vexation », « ennui », « absence de repos moral, anxiété » dans le vocabulaire chrétien. On relève aussi une forme altérée et isolée, enquetume (v. 1230). ◆  Inquiétude, avec l'idée de « mouvement », d'« instabilité », signifie d'abord « manque de repos » (sens sorti d'usage), puis « état d'agitation d'un esprit insatisfait » (1530). Il est ensuite employé dans le domaine moral (1580), désignant un état pénible provoqué par l'attente, la crainte de qqch., sens aujourd'hui courant. À la fin du XVIe s., il s'emploie spécialement, avec la première valeur, pour désigner une agitation du corps (av. 1590), d'où des inquiétudes (av. 1685) « petites douleurs des membres qui provoquent une espèce d'impatience » ; ces sens ont disparu, mais la locution figurée avoir des inquiétudes dans les jambes (1878) « avoir envie de donner des coups à qqn » s'est employée fin XIXe-début XXe siècle. Dans l'emploi philosophique et moral, le mot, lié à l'idée d'« instabilité », conserve jusqu'au XIXe s. un sens péjoratif ; la valeur favorable vient du fait que l'idée de « crainte » domine aujourd'hui.
INQUISITEUR, TRICE n. m. et adj. est emprunté (1294, n. m.) au latin inquisitor « celui qui examine, recherche », « enquêteur » qui désigne un magistrat chargé de la police religieuse en latin médiéval (1233). Le mot est formé sur inquisitum, supin de inquirere « faire une enquête » (→ enquérir), verbe composé de in- et de quaerere, quaesitus « chercher, rechercher », « demander » (→ quérir).
❏  Inquisiteur est d'abord relevé au sens de « juge, enquêteur », comme terme de droit ; le mot se spécialise ensuite et inquisiteur (de la foi) (1321) désigne un juge de l'Inquisition*. Au XVIIIe s. (1748), inquisiteurs d'Espagne et de Portugal concerne la même institution, alors que Inquisiteurs d'État à Venise dénomme les magistrats de le République de Venise chargés de la police secrète, d'après l'italien de même origine inquisitore « magistrat vénitien ou génois chargé du maintien de l'ordre public » (XVIe s.). ◆  Le mot a été repris au XVIe s. avec le sens de « personne qui fait des recherches, des études minutieuses » (1562, Rabelais), sens sorti d'usage en emploi substantif mais maintenu comme adjectif (1842), notamment pour qualifier un œil, un regard (Cf. scrutateur).
❏  INQUISITION n. f. est emprunté (v. 1175) au dérivé latin inquisitio « recherche, enquête » à l'époque classique et « interrogatoire de témoins, poursuite, procès » en latin médiéval, spécialement, « enquête concernant la foi » (1223). ◆  Son cheminement sémantique est parallèle à celui d'inquisiteur, signifiant d'abord « enquête, recherche » (v. 1175), inquisition se dit ensuite (1265) d'une enquête concernant la foi, d'où Tribunal de l'Inquisition et, absolument, l'Inquisition pour désigner la juridiction instituée par le pape Grégoire IX qui réprima, dans toute la chrétienté, les crimes qualifiés d'hérésie et de sorcellerie ; par métonymie, inquisition désigne les membres de ce tribunal (la Sainte Inquisition). L'emploi du mot par analogie, avec une valeur péjorative, est attesté au XVIIe s. (1686, Bayle).
■  Le dérivé INQUISITIONNER v. tr. (1843, Proudhon) est rare.
■  À des dérivés du latin inquirere ont été empruntés trois adjectifs. ◆  INQUISITIF, IVE adj. (fin XIVe s.) est pris au bas latin inquisitivus. ◆  INQUISITORIAL, ALE, AUX adj. est un dérivé savant (1516) du latin médiéval inquisitorius « qui interroge », « enquête » (1293), ou dérivé de inquisiteur. Il est didactique au sens historique, et littéraire au sens analogique de « digne d'un inquisiteur » (1570 ; repris en 1755). ◆  INQUISITOIRE adj. semble emprunté (1587) au latin médiéval inquisitorius, et s'emploie en droit pénal (procédure inquisitoire).
❏ voir ENQUÊTE.
INRACONTABLE → CONTER
INSANE adj. représente un emprunt (1784) à l'anglais insane « qui n'est pas sain mentalement, fou » (XVIe s.), lui-même emprunté au latin insanus « malsain, malade », surtout usité pour « qui n'est pas sain d'esprit » ; l'adjectif latin est composé de in- (→ 1 in-) et de sanus (→ sain).
❏  Insane, d'emploi littéraire, a conservé son sens étymologique mais seulement en parlant de choses ou d'actions ; il s'emploie plus couramment par extension pour qualifier ce qui est sans intérêt (Cf. inepte). ◆  Il est aussi substantivé.
❏  INSANITÉ n. f. est également un emprunt (1784) à l'anglais insanity « folie » (XVIe s.), lui-même emprunté au latin insanitas (dérivé de insanus), moins courant que son équivalent insania. Ce dernier est à l'origine du français insanie « folie » (v. 1510), emprunt disparu. ◆  Insanité se répand au début du XIXe s., notamment au sens métonymique (une, des insanités) de « parole ou action insensée, dénuée de bon sens » (1832). Il est plus courant que l'adjectif insane.
INSATIABLE adj. est emprunté (v. 1310, insaciable) au latin insatiabilis « qui ne peut être rassasié », dérivé par préfixation (→ 1 in-) de satiare « satisfaire, rassasier », lui-même dérivé de satis adv. (→ assez).
❏  Reprenant la valeur de l'étymon, l'adjectif s'applique à ce qui n'est jamais satisfait ou comblé, dans le domaine abstrait (v. 1310, avarice insaciable ; 1483, un (une) insaciable n.) ou concret (soif, faim insatiable).
❏  Le dérivé INSATIABLEMENT adv. (1450, insaciablement) est littéraire.
■  INSATIABILITÉ n. f., emprunté (1544) au dérivé bas latin insatiabilitas, s'est substitué au moyen français insatiableté (1576), dérivé de insatiable, mais est demeuré didactique et rare.
❏ voir SATIÉTÉ.
INSATISFACTION → SATISFAIRE
INSCRIRE v. tr. reprend (1482, s'inscripvre, inscripre), par francisation d'après écrire*, un emprunt du XIIIe s., enscrire, au latin inscribere « écrire sur », « mettre une inscription à », formé de in- (→ 2 in-) et de scribere (→ écrire).
❏  Le verbe, rare jusqu'au XVIe s., apparaît avec le sens d'« écrire qqch. (dans un livre, sur une liste) pour transmettre l'information, en conserver le souvenir » (XIIIe s.), d'où spécialement les sens de « noter des noms sur un registre » (1482 ; 1636, pron.) et « écrire, graver (sur la pierre, etc.) » (1611). ◆  En droit, s'inscrire en faux ou à faux (1611) signifie « s'inscrire en vue d'établir la fausseté d'une pièce », d'où au figuré s'inscrire en faux contre qqch. « lui opposer un démenti » (XVIIe s.). ◆  Le verbe s'emploie aussi en mathématiques (1647, Descartes) au sens de « tracer dans l'intérieur d'une figure une autre figure ». Par figure, inscrire s'emploie au sens de « placer, insérer dans un cadre plus général », plus courant au pronominal.
❏  INSCRIT, ITE adj. et n. a signifié « marqué d'une inscription » (1532), « intitulé » (1541) ; l'adjectif s'applique à une personne (1835) dont le nom figure sur une liste ou qui est engagée dans une organisation (député non inscrit). Inscrit ou inscrit maritime désigne (1864) un marin immatriculé sur les registres de l'Inscription maritime. ◆  En français de Suisse, colis inscrit correspond à recommandé en français de France. ◆  En matière électorale, les inscrits sont opposés aux non-inscrits (1940). ◆  En parlant d'une figure géométrique, inscrit signifie « inclus » (dans une autre figure), par opposition au préfixé EXINSCRIT, ITE adj. (1877), d'emploi didactique. ◆  En France, NON-INSCRIT, ITE adj. et n. s'emploie en politique (1930) à propos de parlementaires qui ne sont inscrits à aucun parti.
INSCRIPTION n. f. est un emprunt (1444, inscripcion) au dérivé latin inscriptio « action d'inscrire sur », « inscription ». Le mot s'est dit d'abord en droit du fait de s'inscrire comme partie dans un procès (encore au XIXe s.). Il a signifié ensuite « titre d'un dossier » (1480), « texte écrit ou gravé » (1509), d'où le sens « ensemble de caractères écrits ou gravés ». En droit, inscription de faux, à faux est attesté dès 1585. ◆  Inscription se dit ensuite de l'action d'inscrire, de s'inscrire (1615), spécialement en géométrie (1690) et en parlant d'un étudiant dans une faculté (1721, Trévoux). Le mot désigne enfin (1690) une brève indication destinée à informer le public.
Le préfixé RÉINSCRIRE v. tr. (1876) a donné RÉINSCRIPTION n. f. (1877).
■  Du supin inscriptum ont été dérivés INSCRIPTIBLE adj. (1691) en géométrie, et INSCRIPTEUR, TRICE adj. et n. m. (1811), terme rare. ◆  DÉSINSCRIRE v. tr., surtout au pronominal et au participe passé (1995), et DÉSINSCRIPTION n. f. correspondent au fait de résilier l'inscription à une liste (par exemple un abonnement).
INSCULPER v. tr., attesté isolément au XVe s. (1497) et repris au début du XIXe s. (1819, Boiste), représente un emprunt au latin insculpere « tailler, sculpter dans », composé de in- (→ 2 in-) et de sculpere (→ sculpter) qui a remplacé en ce sens la forme plus ancienne scalpere « tailler, graver » et « sculpter ».
❏  Ce verbe didactique signifie en orfèvrerie « frapper, marquer d'un poinçon destiné au contrôle des objets en métal précieux ».
❏  En dérive le terme technique INSCULPATION n. f. (1813).
INSECTE n. m. est un emprunt savant (1553) au latin insecta, pluriel neutre substantivé de insectus, participe passé de insecare « couper, disséquer », composé de in- (→ 2 in-) et de secare, sectus « couper » (→ section) ; le latin insecta représente un calque du grec entoma (zô̩a), littéralement « (bêtes) coupées », ainsi nommées à cause des formes étranglées de leur corps (→ entomo-).
❏  Insecte, reprenant d'abord la valeur de l'étymon grec, s'est employé pour désigner un petit animal invertébré dont le corps est divisé par étranglements ou par anneaux ; au XVIIe s., on appelait insectes les animaux qui, pensait-on, vivent encore après qu'on les a coupés (le serpent par exemple) et ceux dont le corps était, ou bien divisé en anneaux (vers, arthropodes) ou bien apparemment inorganisé (huîtres, mollusques en général). ◆  La notion moderne se construit progressivement, avec l'évolution de la zoologie (XVIIIe-déb. XIXe s.). Insecte désigne aujourd'hui un petit animal invertébré à six pattes, souvent ailé, et subissant des métamorphoses. L'usage courant du mot inclut les arachnides et les myriapodes, alors qu'en zoologie, la classe des insectes exclut ces arthropodes. ◆  À la fin du XVIIe s., insecte est employé (av. 1696) par figure du premier sens, pour désigner un être vil ; cet emploi, analogue à celui de ver (de terre), est devenu archaïque.
❏  À partir de insecte ont été composés : INSECTIVORE (1764, adj. ; 1805, Cuvier, n. m. pl.), terme de zoologie qualifiant des oiseaux.
■  INSECTOLOGIE n. f. (1771, Trévoux), didactique, est plus rare que entomologie.
■  INSECTICIDE (1838, adj. ; 1858, n. m.) est couramment employé en parlant de produits qui détruisent les insectes et d'autres invertébrés.
■  INSECTARIUM n. m. (1922 ; suffixe latin -arium) est rare pour désigner le lieu où l'on présente une collection d'insectes vivants.
■  INSECTIFUGE adj. et n. m. (v. 1930 ; de -fuge) est encore plus rare.
IN-SEIZE → SEIZE
INSELBERG n. m. est un emprunt des géographes (1908) à ce mot norvégien, de insel « île » et berg « montagne », pour désigner une butte isolée ayant résisté à l'érosion au milieu d'une plaine.
INSÉMINATION n. f. est un dérivé savant (1694) de inseminatum, supin du latin impérial inseminare « semer dans, répandre dans, féconder », formé de in- locatif et du verbe latin classique seminare (→ semer, séminaire) ; le verbe dérive de semen, seminis « semence », lui-même dérivé de serere, satus « semer » et « planter », qui se rattache à la racine indoeuropéenne °se- « semer ».
❏  Insémination apparaît d'abord pour désigner un procédé thérapeutique ancien destiné à obtenir la guérison d'un malade en semant et en faisant pousser dans de la terre une plante imprégnée de matières morbides produites par cette maladie. ◆  Le mot, disparu dans cet emploi, a été repris au XXe s. pour désigner (av. 1931) le procédé qui consiste à féconder artificiellement une femelle animale ; insémination artificielle, terme de zootechnie d'usage courant (1936), se dit aussi des êtres humains.
❏  Sur le latin classique semen a été formé INSÉMINÉ, ÉE adj. (1897 ; de 1 in-), terme de botanique.
■  INSÉMINER v. tr., emprunté (1931) au latin inseminare, s'emploie en biologie et couramment ; en dérive INSÉMINATEUR, TRICE adj. et n. (1950, n. m.).
INSENSÉ → 1 SENS
INSÉRER v. tr. est emprunté (1363) au latin inserere, insertus « introduire », « intercaler » et aussi « greffer », peut-être par confusion avec l'homonyme inserere issu de serere, satus « semer, planter ». Le verbe latin est formé de in- locatif et de serere, sertus « tresser, entrelacer » et « lier ensemble, enchaîner ».
❏  Insérer est d'abord employé avec l'idée de « faire entrer un élément dans un ensemble », précisément au sens d'« introduire un texte (clause, article, phrase) dans un autre », d'où les emplois dans le domaine juridique, en parlant d'ouvrages de l'esprit, et dans le domaine de l'édition avec le (ou la) prière d'insérer « notice sur un livre et son auteur ». ◆  Au XVIe s., le mot est employé, d'abord au participe passé adjectivé (1541), en parlant d'une personne au sens d'« intégrer dans un ensemble », aujourd'hui courant au pronominal, s'insérer dans... Puis apparaissent des emplois spéciaux, avec l'idée de « fixation » : en anatomie (1562, s'insérer, Paré) « être attaché sur » (en parlant des muscles), puis (1599) « greffer » sens du verbe latin, en botanique et en chirurgie (Cf. implanter). Depuis le XVIIe s., insérer se dit pour « introduire, ajouter (un feuillet dans un livre) » (1636). Le verbe s'emploie aussi sans idée d'incorporation, pour « mettre, glisser dans ».
❏  Du verbe dérivent INSÉRABLE adj. (1838) « qui peut être inséré » et RÉINSÉRER v. tr. (1846).
INSERTION n. f. est emprunté (fin XIVe s.) au bas latin insertio « insertion (dans un écrit) », « greffe », formé sur insertum, supin de inserere. ◆  Le développement sémantique du nom est parallèle à celui du verbe. D'abord employé en botanique (fin XIVe s. ; rare avant 1690), il se dit aussi (1535, incertion) en parlant d'un texte, spécialement en droit. L'emploi concret en anatomie est relevé chez A. Paré (1562). ◆  Au XIXe s., apparaît un premier emploi figuré (1851 ; insertion d'une vie [animale] sur une autre [organique]) ; le nom s'emploie (1932, Bergson) en parlant de personnes, au sens d'« intégration dans un groupe » (insertion sociale). ◆  De cet emploi vient le syntagme institutionnel (France) Revenu minimum d'insertion, abrégé en R.M.I. n. m. (1988) « revenu garanti aux personnes démunies ». La notion d'insertion peut s'opposer à celle d'exclusion.
■  Le préfixé RÉINSERTION n. f., apparu v. 1960, est courant avec cette valeur. ◆  DÉSINSERTION n. f. se dit de l'arrachement du point d'attache (d'un muscle, tendon, ligament), et en général du fait de cesser d'être inséré, intégré à un groupe.
INSERT n. m. est un emprunt (1946) à l'anglais insert, dérivé de to insert (lui-même emprunté au latin inserere), d'abord terme de typographie (1893, « insertion [dans une épreuve] » ; 1907, « encart »), puis de cinéma (1916) au sens de « très gros plan bref, souvent fixe, introduit entre deux plans ordinaires ». Le mot est emprunté dans ce sens et employé, par extension, dans les domaines de la radio, de la télévision et de la publicité. ◆  Insert s'emploie aussi (XXe s.) pour désigner une pièce insérée dans un moule avant injection (en anglais, 1913). ◆  Insert désigne aussi (v. 1980) un appareil de chauffage inséré dans une cheminée et conçu pour fonctionner au bois, par convection naturelle ou à l'aide d'une soufflerie électrique.
INSIDIEUX, EUSE adj. est un emprunt savant (1420) au latin insidiosus « qui dresse des embûches, perfide » et « plein d'embûches », dérivé de insidiae « fait de s'établir à un endroit », d'où « embuscade » et par extension « perfidie, ruse ». Insidiae dérive de insidere « être assis (quelque part) » d'où « être établi, fixé », (au physique et au moral), verbe formé de in- (→ 2 in-) et de sedere « être assis, sièger » (→ seoir).
❏  L'adjectif, littéraire, reprend la valeur de l'étymon, « perfide », une première fois en 1420 (traictiez insidieux), mais il reste peu usité jusqu'au XVIIe s., où il est noté « nouveau » dans Vaugelas (1647). Depuis le XVIIIe s., il qualifie une maladie qui se développe progressivement (1765) et aussi une personne qui dresse des embûches (1785, Beaumarchais).
❏  Le dérivé INSIDIEUSEMENT adv. (1549) est littéraire.