INTERFACE n. f. est emprunté (1965) à l'anglais interface « surface placée entre deux portions de matière ou d'espace » (1882), d'où « lieu d'interaction entre deux systèmes, deux organisations, etc. » (1962) et « dispositif destiné à assurer la connection entre deux systèmes ». Le mot est formé de inter- « entre » (→ inter-) et de face « surface, aspect », de même origine que le français face*.
❏  Le nom reprend les sens abstraits de l'anglais en physique et dans le vocabulaire technique ; il désigne spécialement la jonction entre deux éléments d'un système informatique et s'emploie aussi métaphoriquement.
❏  Le terme technique INTERFAÇAGE n. m. est dérivé en français (v. 1974).
INTERFÉRER v. est un emprunt (1819, Arago et Fresnel) à l'anglais to interfere (XVIe s.) « se frapper l'un l'autre, s'entrechoquer » d'où « s'entremêler, conjuguer ses effets », employé spécialement en physique (1801, Th. Young), et qui signifie aussi, depuis le XVIIe s., « entrer en collision ou en opposition » et « intervenir ». Le verbe anglais est lui-même emprunté à l'ancien français s'entreferir « se frapper l'un l'autre, s'entrechoquer » (v. 1165), composé de entre* et de férir* « frapper ».
❏  Le verbe est introduit comme intransitif en physique au sens de « produire des interférences » (voir ci-dessous) ; il s'emploie également au figuré (1823 ; repris en 1902) pour « intervenir, s'immiscer ». En emploi transitif, il a eu le sens de « produire une interférence avec » (déb. XXe s.).
❏  INTERFÉRENCE n. f. est aussi un emprunt à l'anglais interference « intervention, immixtion » (1783) et terme de physique (1802, Th. Young). Le substantif anglais est dérivé de to interfere interprété comme un composé du latin ferre, et formé sur le modèle de mots comme différence.
■  Le mot français est introduit en physique (1819, Fresnel) pour désigner le phénomène résultant de la superposition de deux mouvements vibratoires de même nature, ainsi nommé et décrit par Young. ◆  Il est employé au sens général d'« intervention contradictoire » (1823, repris au XXe s.) puis, par métaphore, pour « superposition » (attesté en 1910, Péguy). Par analogie, il est employé en météorologie (1928) et en médecine (XXe s.).
■  De interférence provient en physique INTERFÉRENTIEL, ELLE adj. (1858).
■  INTERFÉROMÈTRE n. m. (1901, Fabry ; suffixe -mètre), « instrument mesurant la distance des franges d'interférence », est emprunté à l'anglais interferometer (1897, in Oxford Supplement ; l'invention de Michelson date de 1882), d'où INTERFÉROMÉTRIE n. f. (attesté en 1938), pris à l'anglais interferometry (1911), et son dérivé INTERFÉROMÉTRIQUE adj. (1934).
■  INTERFÉRENT, ENTE adj. (1836), formé sur interférence, adapte l'anglais interfering (1802, en physique), participe présent de to interfere.
■  INTERFÉRON n. m., terme de biochimie, est emprunté à l'anglais interferon, terme créé en 1957 par Isaacs et Lindenmans, et dérivé de to interfere « intervenir dans ». Le mot est attesté dans les dictionnaires français en 1963.
INTERFOLIER → FOLIO
INTÉRIEUR, EURE adj. et n. m., francisation (1535) de interior (1406, adj.), est un emprunt au latin classique interior « plus en dedans » et au figuré « plus personnel », « plus étroit », « qui n'est pas du domaine commun » et « à l'abri de ». Interior, comparatif de inter (→ inter), a remplacé un adjectif supposé °interus « du dedans, intérieur ». Le pluriel interiora, comme substantif, a désigné les parties intérieures (d'une maison) et les parties internes du corps, spécialement les intestins. Ce sens a été emprunté en français où le mot a signifié « entrailles » dans enteriors (d'un oisel) (XIVe s., exemple isolé), et interieures (1542).
❏  L'adjectif est introduit dans le domaine religieux ; il qualifie ce qui est au-dedans de l'âme (1406) ; il est substantivé dans ce sens au XVIe s. (1549) ; de même l'homme intérieur (1535), dans la Bible, est considéré sous son aspect spirituel. ◆  L'adjectif s'emploie ensuite concrètement, par opposition à extérieur, pour qualifier ce qui est au-dedans d'une maison (1530, interior), d'un objet, d'un pays, etc. (1535) ; ce sens est aussi substantivé (1580). ◆  Au XVIIe s., intérieur a signifié « qui vit dans l'intimité de qqn » (1636), puis s'applique à ce qui concerne la vie psychologique (mil. XVIIe s.) ; en ce sens, le substantif (1656, Corneille) est sorti d'usage avant l'adjectif. L'adjectif s'emploie aussi dans le domaine religieux dans voix intérieure (1690) « inspiration de Dieu », aujourd'hui avec un sens plus large (Cf. Les Voix intérieures, de Hugo), et dans voies intérieures (1701) « dispositions pour arriver à la perfection religieuse ». Vers la fin du XVIIe s., le sémantisme se développe seulement à partir de la notion d'espace (1691, mer intérieure).
Une autre substantivation équivaut à « domicile privé, vie domestique » (1779), emploi dont procède d'intérieur (vêtement d'intérieur). Parallèlement le nom s'emploie en parlant d'un groupe, d'une condition interne (1784 ; étudier qqch. de l'intérieur). ◆  Au sens concret, ce nom désigne l'espace compris entre les frontières d'un pays (1787), d'où Ministre (et ministère) de l'Intérieur (1812), et le pays, opposé à l'étranger (1835). Une autre valeur géographique est celle que lui donne le français d'Alsace depuis l'époque de la Révolution (1794), « le reste de la France » (les Français de l'intérieur ; habiter l'intérieur). ◆  Le mot s'emploie spécialement dans le domaine de l'art à propos de ce qui est représenté dans une maison, un appartement (1829, tableau d'intérieur ; 1835, un intérieur) et au XXe s. comme terme de cinéma (1929) par exemple dans en intérieur « en studio », opposé à en extérieur. ◆  Intérieur, nom masculin, désigne en football un joueur placé à l'intérieur du terrain entre l'avant-centre et l'ailier ; il n'est attesté en ce sens qu'en 1927 mais doit être plus ancien, puisque l'abréviation 2 INTER n. m. date de 1905.
❏  INTÉRIEUREMENT adv. s'emploie d'abord avec un sens abstrait (1501 ; v. 1468, interiorement), puis avec une valeur spatiale (1534, Rabelais).
■  INTÉRIORITÉ n. f., dérivé de la forme ancienne interior (v. 1500), désigne comme le latin médiéval interioritas le caractère de ce qui est intérieur, au propre et au figuré ; il est employé en psychologie à partir de 1801.
■  INTÉRIORISER v. tr., terme de psychologie attesté en 1893 (M. Blondel), est formé d'après extérioriser*. ◆  Il a fourni INTÉRIORISATION n. f. (1899).
INTÉRO-, élément tiré de intérieur* et s'opposant à extéro-*, sert à former des termes scientifiques, notamment en physiologie, tels que : INTÉROCEPTIF, IVE ou INTEROCEPTIF, IVE adj. (1945, Merleau-Ponty ; de [ré]ceptif), d'après l'anglais interoceptive (1906), qui se dit de ce qui se rattache au milieu organique interne (opposé à extéroceptif). ◆  En dérive INTÉROCEPTIVITÉ n. f. (1945, Merleau-Ponty) « sensibilité assurée par les intérocepteurs ».
INTÉROCEPTEUR n. m. (1950) et adj. (1954), composé de [ré]cepteur, probablement d'après l'anglais interceptor (1906), désigne un récepteur périphérique qui réagit à des stimuli provenant de l'intérieur du corps (opposé à extérocepteur). ◆  INTÉROFECTIF, IVE adj., didactique (1955 ; de [ef]fectif* ; Cf. l'anglais interofective), signifie en physiologie et en psychologie « dont les effets sont intérieurs à l'organisme ».
INTÉRIM n. m. est un emprunt (1412) au latin interim, adverbe formé sur inter- « entre » (→ inter-) et signifiant « pendant ce temps, dans l'intervalle ».
❏  Le mot désigne d'abord en français un intervalle pendant lequel une fonction est vacante ; de là (1690) par intérim « pendant l'absence du titulaire, provisoirement » et le sens administratif d'« intervalle entre deux événements ». ◆  Intérim se dit ensuite, par métonymie (1835), de l'exercice d'une fonction pendant cet intervalle (un intérim) [Cf. remplacement] et, au XXe s. en économie, d'une organisation de travail temporaire (agence d'intérim).
❏  Le dérivé INTÉRIMAIRE adj. et n. (1796 ; 1867, n.) désigne la personne chargée d'une fonction par intérim et, spécialement (XXe s.), un salarié qui n'exerce que des travaux temporaires pour le compte d'une entreprise spécialisée.
INTERJECTION n. f. est emprunté (v. 1300) au latin interjectio « intercalation, insertion », « parenthèse », terme de grammaire et de rhétorique formé sur interjectum, supin de interjicere « placer, jeter entre, interposer ». Le verbe est composé de inter- (→ inter-) et de jacere, jactus « jeter, lancer » (→ jeter).
❏  Interjection, terme de grammaire, désigne un mot invariable qui peut être employé isolément et être inséré dans le discours pour traduire, d'une manière vive, une émotion, une sensation, un appel, etc. ; dans cet emploi (contrairement à exclamation), le mot désigne plutôt la forme grammaticale que le contenu expressif. ◆  Il est employé ensuite (1611) pour désigner l'action de faire intervenir, sens emprunté au bas latin et disparu, puis spécialement en droit, d'après interjeter, l'action d'interjeter (un appel) [1690, Furetière].
❏  INTERJECTIF, IVE adj., terme de linguistique, est dérivé (1765) d'interjection ou emprunté au bas latin interjectivus « intercalé ».
■  INTERJECTIONNEL, ELLE adj., « composé d'interjections » (1875), est d'abord relevé dans un emploi métaphorique chez Baudelaire (1857).
INTERJETER v. tr. est composé d'inter- et de jeter*, pour rendre le latin interjicere. L'ancien français a eu la forme francisée entrejeter « intercaler » (v. 1200). ◆  Interjeter signifie en droit « introduire, faire intervenir (un appel) » (1461, interjecter appellations ; 1465, interjecter appel), puis, dans la seconde moitié du XVe s., « lancer (un propos) avec vivacité ». La forme interjecter, sous l'influence d'interjection, a été reprise au XIXe s. et signifiait « insérer (une parole) dans le discours d'un autre » (1841).
INTERLOCK n. m. est un emprunt technique (1951) à l'anglais interlock, adjectif (XXe s.), dérivé de to interlock « enclencher », « s'entrecroiser, s'entremêler », composé de inter- « entre » (correspondant au français inter-*) et de to lock « fermer ».
❏  Cet anglicisme désigne un métier à tricoter et, par métonymie, le tissu de coton indémaillable obtenu avec ce métier.
INTERLOCUTEUR → LOCUTEUR
INTERLOCUTION → INTERLOQUER
INTERLOPE n. m. et adj. représente un emprunt (1685, La Courbe) à l'anglais interloper (v. 1590), nom dérivé de to interlope « courir entre deux parties et recueillir l'avantage que l'une devrait prendre sur l'autre », d'où « s'introduire, trafiquer dans un domaine réservé à d'autres ». Ce verbe est composé de inter- (de même origine que le français inter-*) et de lope, qui serait une forme dialectale de to leap « courir, sauter », issue du vieil anglais (Cf. le correspondant néerlandais loopen « courir »).
❏  Le mot s'emploie d'abord en français (1685, vaisseau interlope) pour qualifier et désigner comme en anglais un navire marchand qui trafique en fraude (dans des pays concédés à une compagnie de commerce) [1687, faire le métier d'interlope]. Il est sorti d'usage comme nom (1755, Mirabeau) pour désigner un commerce maritime frauduleux et une personne vivant de ce commerce. ◆  Il signifie par extension (1723) « dont l'activité n'est pas légale » (commerce interlope).
■  Le mot est relevé ensuite (1772, n., Voltaire) au figuré, en parlant d'une personne, et comme adjectif, signifiant « d'apparence louche, suspecte » (monde interlope, 1841, Balzac). C'est cette valeur sociale qui l'a emporté, mais le mot a vieilli même dans cet emploi.
INTERLOQUER v. tr. est emprunté (mil. XVe s.) au latin classique interloqui « couper la parole (à qqn) », « interrompre pour parler » et, en bas latin juridique, « rendre une sentence interlocutoire » ; le verbe est composé de inter- (→ inter-) et de loqui « parler, s'exprimer » qui a éliminé fari (→ fable) avant d'avoir été lui-même remplacé par parabolare (→ parler).
❏  Le verbe emprunte d'abord au latin son emploi juridique au sens d'« interrompre (une procédure) par un jugement dit interlocutoire » (XVe s., intr. ; 1680, tr.) ; il était encore vivant au XIXe siècle. À partir du XVIe s., interloquer a signifié comme en latin « interrompre le discours de qqn » (1549, intr.), emploi disparu au XVIIe siècle. ◆  Du sens juridique vient interloquer qqn « porter contre lui une sentence interlocutoire » (1680).
■  Par figure, interloquer prend vers la fin du XVIIIe siècle le sens de « embarrasser, rendre (qqn) interdit, décontenancé » : il est d'abord attesté au participe passé interloqué (1787), puis à l'actif (1798).
❏  Deux mots ont été empruntés à des dérivés du verbe latin interloqui.
■  INTERLOCUTOIRE adj. (1283, adj. et n.) est tiré du latin interlocutum, supin du verbe ; on trouve aussi interloquitorius en latin médiéval (v. 1298). L'adjectif qualifie une décision judiciaire qui, en préjugeant le fond de la demande, ordonne une mesure d'instruction (1380, jugement interlocutoire) ou de sursis, sans statuer définitivement sur les prétentions des parties.
■  INTERLOCUTION n. f. est emprunté (1546) au dérivé latin classique interlocutio « action d'interrompre en parlant, interpellation » et en bas latin juridique « sentence interlocutoire ». ◆  Il est d'abord employé au sens étymologique « interruption faite dans une conversation », aujourd'hui disparu. Le mot a vieilli dans son emploi juridique (1611) et reste rare au sens de « discours qu'échangent des interlocuteurs » (1685). ◆  Il a été repris récemment pour désigner une situation d'échange linguistique.
❏ voir INTERLOCUTEUR (art. LOCUTEUR).
INTERLUDE n. m. est un emprunt (1819) à l'anglais interlude, mot ancien (1303) désignant d'abord un intermède, une petite pièce comique entre des mystères ou des moralités, puis, spécialement, une petite pièce musicale d'intermède (titre d'une œuvre de Purcell, publiée en 1718). On relève en moyen anglais des formes comme enterlude, entirlodie, adaptations du latin médiéval interludium, attesté dans le domaine anglais et composé de inter- « entre » et du latin classique ludus « jeu ». Selon une autre hypothèse (Bloch et Wartburg), interlude serait un emprunt à l'italien interludio, dérivé savant du latin tardif interludere « jouer entre deux représentations », composé de inter- et de ludere « jouer » (→ ludique). Le mot français, encore absent de Littré (1867), figure dans le dictionnaire de l'Académie en 1935. Il a pu être emprunté à l'anglais et à l'italien, à plusieurs reprises.
❏  Interlude désigne d'abord un petit intermède dans un programme dramatique, musical, puis (1873) un morceau d'orgue joué entre les versets d'un choral et une courte pièce exécutée entre deux autres plus importantes (1897-1900, V. d'Indy). ◆  Le mot s'emploie par figure (1870) pour « épisode, laps de temps, généralement divertissant ». Par extension du premier emploi, interlude s'applique au cinéma et à la télévision (mil. XXe s.) ; dans ce dernier médium, l'interlude, pause parfois poétique, a été éliminé par l'hystérie des publicités et des clips.
+ 1 INTERMÈDE n. m., réfection (1597) de intermedie (1554), est un emprunt à l'italien intermedio, d'abord adjectif signifiant « qui représente un état de transition » (1502), puis nom masculin (XVIe s.) désignant un divertissement donné entre les différentes parties d'un spectacle, notamment d'une pièce de théâtre. Intermedio est lui-même emprunté au latin classique intermedius « interposé, intercalé », composé de inter- (→ inter-) et de medius « qui se trouve au milieu », « intermédiaire », « moyen » (→ médium).
❏  Le mot est introduit en français avec le sens de l'italien ; il s'emploie ensuite (1682, La Fontaine) en parlant de ce qui interrompt provisoirement une continuité. ◆  Au XVIIIe s., il désigne un petit opéra-bouffe servant de lever de rideau (1765), puis (1894) un interlude instrumental.
❏  INTERMÉDIAIRE adj. et n., attesté en 1678, est antérieur, car l'adverbe dérivé est employé dès 1605 ; c'est un dérivé savant du latin classique intermedius.
■  D'abord adjectif, intermédiaire qualifie ce qui est entre deux termes et se trouve placé dans une situation moyenne ; le sens du XVIIIe s., où l'adjectif s'appliquait à des gages échus pendant les vacances (1704), en est une spécialisation. ◆  Comme nom, le mot a désigné un état intermédiaire (1762, Rousseau) ; un intermédiaire s'emploie encore en parlant d'une personne qui, se trouvant entre deux autres, les met en rapport (1774, Beaumarchais) ; il a vieilli en parlant d'une chose (1787, Feraud). De ces emplois procèdent les locutions sans intermédiaire « directement » et par l'intermédiaire de (1800). ◆  L'adjectif s'emploie dans l'usage courant et dans des domaines spécialisés, en politique (1797, pouvoir intermédiaire), en botanique (1817), en géologie (1831, terrain intermédiaire), etc. ◆  Intermédiaire, nom masculin, désigne spécialement l'action de s'entremettre entre deux choses, deux personnes (1835) et en particulier, en économie, une personne qui intervient dans un circuit commercial (av. 1850).
■  Le dérivé INTERMÉDIARITÉ n. f. (1838, Académie) est didactique et rare.
INTERMÉDIAT, ATE adj. et n. est dérivé savamment du latin intermedius ; il a qualifié une personne (1519) et s'est employé au sens d'« intermédiaire » dans temps intermédiat (1542) ; en histoire, on parle de congrégation intermédiate (1694), et, pour le nom, de lettres d'intermédiat (1690).
2 INTERMÈDE n. m., emprunt au latin intermedius, désigne en pharmacie (1702) une substance employée pour faciliter le mélange de deux ou plusieurs corps ; le mot est sorti d'usage ou didactique dans l'emploi pour « intermédiaire ».
INTERMEZZO n. m., introduit par Mallarmé (1868), est emprunté à l'italien intermezzo (déb. XVIe s. ; 1720, en musique), variante de intermedio et formé à l'aide de mezzo « à demi », du latin medius. On relève chez d'Aubigné (fin XVIe s.) une adaptation sous les formes intermeze, intermese.
■  D'abord employé à propos d'une œuvre littéraire valeur encore en usage (il a été utilisé par Giraudoux comme titre), le mot reprend le sens de l'italien et se dit pour « intermède » (1873), puis désigne en musique (1885) un intermède, une partie, le plus souvent intercalaire, d'une œuvre musicale.
INTERMITTENT, ENTE adj. est un emprunt (1559) au latin classique intermittens, participe présent de intermittere « laisser au milieu, dans l'intervalle », « laisser du temps en intervalle » d'où « interrompre, suspendre » ; le verbe est composé de inter- (→ inter-) et de mittere, à l'origine « laisser aller », « laisser partir » puis « envoyer » (→ mettre).
❏  L'adjectif qualifie ce qui se présente par intervalles, d'abord dans un contexte médical (1559, maladie intermittente ; 1680, en parlant d'une fonction physiologique). Il s'applique en particulier, et couramment, à une source (1757, fontaine intermittente), en parlant de notions abstraites (1860, Baudelaire) et, plus rarement, pour qualifier une personne dont l'activité, la présence, etc. est discontinue (fin XIXe s.). ◆  Les intermittents du spectacle désigne les personnes qui n'ont d'emploi dans ce domaine que de manière intermittente.
❏  Le dérivé INTERMITTENCE n. f., littéraire, signifie d'abord (1660, intermitance) « intervalle », spécialement en médecine (1721, intermittence du pouls ; 1787, intermittence de la fièvre). Le mot s'emploie ensuite (1812) pour « discontinuité », en parlant d'une fontaine, d'où sans intermittence (1835), par intermittence, et au figuré (1812) en parlant d'un sentiment (les « intermittences du cœur », chez Proust). ◆  Le dérivé INTERMITTEMMENT adv. (1894, Goncourt) est rare.
INTERMISSION n. f., emprunté au dérivé latin intermissio « discontinuité, interruption », « suspension, relâche », est sorti d'usage au sens d'« interruption » (1377). On a dit sans intermission « sans interruption » (1417). Il est rare pour « intervalle », en médecine (1680, intermission de fièvre).
INTERNE adj. et n. est attesté isolément (XIVe s.) comme substantif signifiant « ce qui est à l'intérieur » et repris comme adjectif au XVIe s. (v. 1560, Paré). Le mot est emprunté au latin classique internus « intérieur, interne » et au pluriel neutre interna « le dedans », « entrailles » ; internus (→ inter-).
❏  L'adjectif s'applique à ce qui appartient au-dedans de qqch., d'abord en médecine à ce qui affecte l'intérieur du corps (maladie interne). Par figure, il s'emploie dans un contexte abstrait (1580, Montaigne, causes internes). À partir de la fin du XVIe s., interne qualifie ce qui est situé en dedans ou est tourné vers l'intérieur (1597), d'où son emploi en géométrie (1704, angles internes). Avec la première valeur, l'adjectif s'est dit par figure de sentiments, d'affects (mil. XVIIIe s., sentiment interne). ◆  L'adjectif s'emploie par ailleurs dans observation interne « introspection » (1845) puis en philosophie (1907, sens interne « conscience »).
■  À partir du XIXe s., interne (nom d'abord masculin) désigne un étudiant en médecine qui loge dans l'hôpital auquel il est attaché (1818) et un élève logé et nourri dans l'établissement qu'il fréquente (1829, n. ; 1935, élève interne). À cet emploi correspond le dérivé internat (ci-dessous). ◆  Médecine interne (v. 1973) désigne la discipline concernant les phénomènes pathologiques atteignant l'organisme dans son ensemble ; le syntagme est un calque de l'anglais internal medecine « médecine » stricto sensu, opposé à « chirurgie » : de cet emploi dérive INTERNISTE n. (1970). Voir la remarque ci-dessous.
❏  INTERNEL, ELLE adj. (1403), employé pour « intérieur » psychologiquement, est un ancien terme de religion ou un archaïsme littéraire.
■  INTERNER v. tr., attesté en 1704 au pronominal s'interner, au sens de « s'unir intimement (par exemple avec un ami) », encore relevé au milieu du XIXe s., a été employé au XIXe s. avec des sens aujourd'hui disparus : « aller habiter à l'intérieur du pays » (1838), « importer (des marchandises) » (1842).
■  Il entre dans le vocabulaire juridique (1845) et signifie « imposer (à qqn) une résidence » (Cf. assigner), sens disparu mais d'où vient l'emploi moderne « enfermer par mesure administrative », spécialement (déb. XXe s.) « enfermer dans un hôpital psychiatrique », qui remplace dans l'usage enfermer. Ces emplois semblent postérieurs à celui de internement. Cependant, le verbe s'emploie en français d'Afrique à la fois pour « hospitaliser » et « placer (un enfant) dans un internat ».
■  Du verbe dérivent INTERNEMENT n. m. (1838), qui suit les emplois du verbe, et INTERNÉ, ÉE adj. (1858) et n. (1867), employé en parlant d'un aliéné (déb. XXe s.).
INTERNAT n. m., dérivé de interne, désigne d'abord (1820) une école où vivent des internes, la situation d'un élève interne (1825, Balzac) et l'ensemble des internes (1867). ◆  Le mot s'emploie spécialement en parlant de la fonction d'interne des hôpitaux (1845) et du concours d'accès à cette fonction (av. 1890).
Remarque. Le latin internus, opposé à externus où l'on reconnaît les racines in- et ex- « dans » et « hors de », a été pris tel quel en français, au moyen âge, comme nom, puis au XVIe siècle comme adjectif. Parmi les domaines d'application, au début du XIXe siècle, l'enseignement est le plus notable. Les internes couchent dans l'établissement où ils sont éduqués. Le mot entre en médecine hospitalière dès 1818 : les internes sont les apprentis médecins vivant dans l'hôpital. Le dérivé internat manifeste l'existence de ces deux valeurs du mot. En médecine, le mot acquiert avec le concours d'internat sa valeur moderne, qui échappe à l'idée du dortoir de collège pour accéder à celle d'une formation médicale supérieure.
Enfin, il est charitable de prévenir les profanes qu'un interniste, mot apparu vers 1970, est bien un médecin, mais n'a rien d'autre à voir avec l'interne que cet état. Médecine interne renvoie au premier sens du mot, à l'intérieur du corps, les interna en latin, mot qui a donné la forme populaire entrailles.
INTERNATIONAL → NATION
INTERNET n. m. est un nom propre formé en anglais. Son origine est discutée. On évoque internetworking of netmorks, d'où internetting (Bob Taylor, 1971) ; le mot se diffuse après un article de Vinton Cerf et Bob Kahn (1974) à propos de packed network intercommunication.
❏  Le mot, employé en français sans déterminant (se connecter sur Internet) ou avec l'article défini (l'Internet), et aussi en apposition (le réseau Internet), s'écrit en général avec la majuscule. Il désigne un réseau mondial de réseaux télématiques utilisant le même protocole de communication. Le monopole effectif de ce réseau fait que son nom peut être assimilé à un nom commun à référence unique. → cyber-, toile, web.
❏  Sur Internet est formé INTERNAUTE n. (1995) « personne qui utilise régulièrement Internet », composé devenu courant, au détriment de cybernaute.
INTERNONCE → NONCE
INTÉRO- → INTÉRIEUR
INTERPELLER v. tr. est emprunté (1364-1373, Bersuire) au latin classique interpellare « interrompre (qqn) qui parle », « déranger (le cours d'une action), troubler », employé dans la langue juridique à partir de l'époque impériale. Le verbe latin est composé de inter- (→ inter-) et de la forme -pellare, usitée seulement en composition où elle a pris le sens spécial de « s'adresser à » ; elle est dérivée de pellere, pulsus « pousser », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °pel- « agiter » (→ pulsion).
❏  D'abord attesté isolément au sens d'« invoquer, réclamer » (1364-1373, interpeller aide), le verbe est employé par Rabelais avec le sens étymologique de « couper la parole à qqn » et aussi pour « intercéder » (1534), sens encore vivants au début du XVIIe siècle. ◆  On le trouve ensuite au sens de « sommer qqn (de répondre, de s'expliquer) », dans la construction interpeller qqn de et infinitif (1599) puis comme transitif (1694) ; de là l'emploi général pour « poser une question » (1780), en particulier en droit pénal. De là aussi l'usage spécial dans le domaine politique, né sous la Révolution (1790, Mme Roland), au sens de « demander à (un ministre, un gouvernement) de s'expliquer (sur ses actes, sa politique) ». Cet emploi est devenu courant avec la IIIe République : on parle du droit d'interpeller les ministres avant 1918. ◆  Le verbe se dit aussi pour « mettre (une personne) en garde à vue » et s'emploie presque comme arrêter.
■  Par analogie, interpeller se dit (1880, Hugo) pour « interroger, appeler » (le destin, la fatalité, etc.). Au XXe s. (1969), le verbe s'emploie avec un nom de chose pour sujet au sens de « constituer un appel pour (qqn), avoir un intérêt psychologique vif pour (qqn) », emploi à la mode vers 1970-1980, dans un vocabulaire pseudo-psychologique (ça m'interpelle quelque part).
❏  Du verbe dérive INTERPELLATIF n. m. (mil. XXe s.), terme de linguistique (Cf. appellatif).
Deux mots ont été empruntés à des dérivés du supin de interpellare, interpellatum.
■  INTERPELLATION n. f. reprend d'abord (1352, interpellacion) au latin classique interpellatio le sens d'« action d'interrompre un discours », puis au bas latin le sens juridique (1599) de « sommation (faite à qqn) de faire ou dire qqch. ». ◆  L'emploi en politique est attesté en 1789, et seulement en 1823 le sens général : « action d'adresser vivement la parole à qqn ».
■  INTERPELLATEUR, TRICE n. désigne d'abord (1549) celui qui interrompt, comme le latin classique interpellator, et son développement sémantique est parallèle. Il est attesté en politique en 1790 et dans un sens plus général en 1791, avant les autres mots de la série.