INTERPHONE n. m., qui apparaît avant 1952 (d'après P. Gilbert), est un composé de [télé]phone et d'intér[ieur], probablement d'après l'anglais interphone (attesté en 1942), pour désigner un appareil de communication téléphonique intérieur.
INTERPOLER v. tr. est un emprunt (1364-1373, Bersuire, au participe passé interpollez) au latin classique interpolare, terme technique (foulage du drap) signifiant proprement « refaire, donner une nouvelle forme » d'où par figure « falsifier, notamment en introduisant dans un texte » ; le verbe peut représenter un composé de inter- « entre » (→ inter-) et de polire « rendre uni » (→ polir), ou bien un dénominatif de l'adjectif interpolus (var. interpolis) « refait, remis à neuf ».
❏  D'abord employé en ancien et en moyen français au sens de « qui n'est pas continu », le verbe prend ensuite (1704) le sens moderne d'« insérer par erreur ou par fraude (un mot, une phrase) dans un texte ». ◆  Il est employé en mathématiques (1819) sans idée d'erreur pour « intercaler des valeurs intermédiaires dans une série de valeurs connues ».
❏  Deux mots ont été empruntés à des dérivés du latin interpolatum, supin de interpolare.
■  INTERPOLATION n. f. (1364-1373, Bersuire, « interruption »), emprunt au latin impérial interpolatio « action de changer ça et là » et en bas latin « altération, erreur », est attesté au XVIe s. pour désigner l'action de remettre une chose en état. Le nom désigne ensuite l'action d'interpoler en parlant d'un texte (1702) et en mathématiques (1812).
■  INTERPOLATEUR, TRICE n., didactique, est d'abord attesté isolément (1578) au sens de « personne qui cherche à fausser la vérité », comme le bas latin interpolator, puis (1702) dans son emploi moderne, « celui qui altère un texte ».
INTERPOSER v. tr. représente un emprunt (1355, interposé ; 1538 à l'actif), francisé d'après poser*, au latin classique interponere « intercaler, placer entre », « mettre entre » aux sens concret et abstrait ; le verbe est composé de inter- (→ inter-) et de ponere « placer, poser » (→ pondre). Le participe passé interpositus a été emprunté sous la forme interposite, adjectif (1389) « intermédiaire », employée jusqu'au début du XVIIe siècle.
❏  Le verbe actif apparaît au XVIe s. dans un emploi figuré, avec le sens de « faire intervenir », littéraire (1538, interposer un médiateur), puis dans un emploi concret (1546) avec celui de « poser, placer (qqch.) entre deux autres ». S'interposer (1690, aux sens physique et moral) est plus courant en emploi abstrait (s'interposer dans une dispute).
❏  INTERPOSÉ, ÉE adj. est introduit en français avant le verbe comme terme de droit (1355, personne interposée) qualifiant une personne qui, servant d'intermédiaire, apparaît dans un acte juridique en son propre nom, à la place de l'intéressé. ◆  Par analogie, l'adjectif signifie « qui sert d'intermédiaire », notamment dans la locution par personnes interposées (1558, B. Des Périers), laquelle a donné lieu, par extension, à des expressions où personne est remplacé par un nom de personne, de collectivité ou de chose exprimant l'idée d'intermédiaire ; par nations, journaux, etc. interposés (1971).
INTERPOSITION n. f., emprunté au dérivé latin classique interpositio « introduction, insertion, intercalation », est introduit (1165) avec le sens étymologique, disparu, de « ce qui est posé entre deux choses pour les séparer ». Il se dit ensuite (1390, F. e. w.) de la situation d'un corps interposé entre deux autres. Depuis la fin du XVIe s., il signifie par figure « intervention (en particulier d'une autorité supérieure) » (1587), emploi rare d'où vient l'usage juridique (1765, interposition de personnes).
+ INTERPRÈTE n., attesté isolément au début du XIVe s. (1321, interpreite), apparaît sous la forme moderne à la fin du XIVe s. (interpréter et interprétation sont plus anciens). C'est un emprunt au latin classique interpres, -etis « intermédiaire, courtier, chargé d'affaires » puis « commentateur » et « traducteur », en particulier par oral. Le mot est probablement un ancien terme juridique composé de inter- (→ inter-) et d'un élément -pres, qui représente peut-être une forme nominale d'un verbe disparu, signifiant « acheter » ou « vendre » et qui serait apparenté à pretium (→ prix).
❏  Le nom a eu, isolément, le sens de « crieur public » : c'est l'idée d'« intermédiaire » qui est alors retenue. ◆  Dans les emplois postérieurs et jusqu'au XIXe s., c'est avec la valeur générale d'intermédiaire que le sémantisme se développe. Interprète désigne celui ou celle qui transmet et explique la volonté des dieux (fin XIVe s., n. f. ; 1549, n. m. Ronsard), valeur didactique comme l'emploi au sens de « personne qui explique le sens d'un texte » (1466). ◆  Le mot reprend au XVIe s. un sens latin (1562), désignant qqn qui traduit un texte écrit d'une langue dans une autre ; il a été supplanté par traducteur dans cette acception. À la fin du XVIe s. (1588, Montaigne), interprète se dit de ce qui fait connaître ce qui est caché, d'où, dans le langage précieux du XVIIe s., les muets interprètes « les yeux ».
■  C'est vers la fin du XVIe s., après l'apparition des valeurs modernes de traduction et de traduire, que le mot commence à s'employer (1596) pour désigner une personne qui traduit oralement ; il remplace alors trucheman (→ truchement) et donne lieu au XXe s. à des syntagmes (école d'interprètes, interprète de conférences), le mot désignant alors une profession distincte de celle de traducteur.
■  De la valeur générale d'intermédiaire vient ensuite (1636) l'emploi pour « personne qui a charge de faire connaître les sentiments, les intentions, etc. de qqn ». Le mot est repris au XIXe s. pour désigner le comédien qui joue un rôle au théâtre en « traduisant » de manière personnelle les intentions d'un auteur (1847, Balzac) ; il s'emploie aussi en musique, au cinéma, etc.
❏  INTERPRÉTARIAT n. m. est dérivé (1890) d'interprète, au sens moderne, sur le modèle de secrétariat ; critiqué par les puristes, le mot est devenu d'usage courant, concurrencé cependant par interprétation.
INTERPRÉTER v. tr. est un emprunt savant au latin classique interpretari, dérivé de interpres, qui signifie « expliquer, éclaircir », « traduire », « prendre dans tel ou tel sens », « comprendre la pensée de qqn ». ◆  Le verbe, attesté au XIIe s., est le mot le plus ancien de la série. Comme interprète et interprétation, il a évolué à partir du sens général de « rendre clair, expliquer » (1155) avec diverses spécialisations : interpréter un songe (1458), interpréter une loi (1694). ◆  Il a eu le sens général de « traduire d'une langue dans une autre » que ce soit par écrit ou oralement (v. 1434), la valeur qui correspond au sens moderne d'interprète ne se spécialisant qu'au XXe s. (comme transitif et intransitif ; Cf. interprétation). ◆  La valeur plus abstraite, « proposer un sens à qqch. » (1538), est toujours vivante. ◆  Le verbe s'emploie d'après le sens correspondant d'interprète dans le domaine artistique (1844, Balzac). ◆  Terme d'informatique (av. 1970), il signifie d'après l'anglais « déduire les actions liées aux éléments d'un programme » d'où INTERPRÉTEUR n. m. (v. 1970) ; cet emploi vient de l'anglais interpreter (1954). ◆  Le moyen français a eu interpreteur « celui qui donne des interprétations » (XIVe s.), mais le mot a disparu à l'époque classique.
■  Le verbe a fourni plusieurs dérivés : INTERPRÉTABLE adj. (v. 1380), « qui peut être interprété », a divers sens du verbe, mais surtout au sens psychologique, d'où ININTERPRÉTABLE adj. (1840).
■  INTERPRÉTATIF, IVE adj. (v. 1380), terme didactique « qui constitue une interprétation », a pour dérivé INTERPRÉTATIVEMENT adv. (XVe s., isolément), rare.
■  INTERPRÉTANT, ANTE adj. et n. a signifié « devin » (v. 1460) et a été repris en psychologie au XXe s., puis comme terme de sémiotique (v. 1970, n. m.) d'après l'anglais interpretant (Ch. S. Peirce, v. 1900 ; de to interprete « interpréter »).
■  INTERPRÉTATEUR, TRICE adj. et n. est soit dérivé du verbe (1487), soit emprunté au dérivé bas latin interpretator « qui explique » ; il est sorti d'usage.
Sur interpréter ont été formés des préfixés : RÉINTERPRÉTER v. tr. (1549), d'où RÉINTERPRÉTATION n. f. (attesté au XXe s.), correspond à plusieurs valeurs du verbe, alors que MÉSINTERPRÉTER v. tr. (attesté 1752), d'où MÉSINTERPRÉTATION n. f. (1751), concerne surtout l'acception psychologique : « donner un sens erroné à un comportement, une attitude ».
INTERPRÉTATION n. f. est emprunté (1160-1174, Wace) au latin classique interpretatio « explication », « traduction », « action de démêler », dérivé du supin du verbe latin.
■  Son évolution est analogue à celle du verbe : « action de donner une signification », d'abord à des songes, puis à des actes, des paroles, etc. (1440-1475), ensuite « action d'expliquer qqch. dont le sens est obscur » (1487). Le nom correspond aussi à interprète et à interpréter au théâtre (1853). ◆  Au sens de « traduction par écrit » (1326, selon T. L. F.), où il correspondait à interprète et à interpréter, il est sorti d'usage, au bénéfice de traduction. ◆  Il a été repris au sens moderne d'interprète, concurrençant et remplaçant interprétariat, pour « action de traduire oralement et immédiatement » et « métier d'interprète » (apr. 1945), par exemple dans interprétation simultanée. ◆  La valeur psychologique de délire d'interprétation (1909) est propre au substantif. En revanche, en informatique, il correspond à interpréter. ◆  Avec un sens large de « déchiffrer les signes naturels », l'expression québécoise centre d'interprétation est un lieu d'observation et de reconnaissance guidée des phénomènes naturels.
■  Le composé PHOTO-INTERPRÉTATION n. f. (av. 1966 ; de photo-) désigne l'analyse des photographies aériennes.
INTERRÈGNE → RÈGNE
INTERROGER v. tr., réfection (1399) de interroguer (1355), est un emprunt au latin classique interrogare qui a d'abord signifié « demander les avis (de plusieurs personnes) » puis, en parlant d'une seule personne, « interroger », et a pris en droit le sens de « questionner », « poursuivre en justice » et enfin « argumenter », en philosophie. Ce verbe est composé de inter- (→ inter-) et de rogare dont les premiers sens étaient « s'adresser à » et « poser une question à (qqn) » (→ rogatoire). Rogare est sans doute apparenté à regere (→ régir). Interrogare avait normalement abouti en ancien français, par évolution phonétique, à enterver « interroger qqn », « exprimer qqch. » (v. 1165) ; cette forme conserve le sens de « comprendre » en argot, de Villon jusqu'au XVIIIe siècle ; par métathèse, elle est devenue (1725) 2 entraver*.
❏  Le verbe conserve le sens latin de « questionner (qqn) », d'abord dans un contexte juridique puis avec une valeur générale. Le pronominal est employé chez Rabelais (1532, se interroguer) pour « se demander ». ◆  Depuis le XVIIe s., interroger signifie « examiner attentivement (qqch.) pour y trouver réponse à une question » (1674, Racine), et interroger qqn se spécialise dans un contexte scolaire (1690). ◆  S'interroger, en emploi réfléchi « se poser des questions à soi-même », est attesté chez Diderot (av. 1784).
❏  Plusieurs mots ont été empruntés à des dérivés de interrogare ou de son supin interrogatum.
■  INTERROGATOIRE n. m. est emprunté au latin médiéval interrogatoria « interrogatoire », neutre pluriel substantivé de l'adjectif du bas latin interrogatorius « d'interrogatoire » en droit, dérivé de interrogator. L'adjectif a signifié en droit « qui procède par interrogations » (1265). ◆  Le nom désigne les questions posées par le juge au cours d'un procès (1327) ; il est concurrencé dans ce sens, au XVIe s., par interrogatif. Il s'applique aussi au procès-verbal de ces questions (1680). ◆  Il s'emploie pour « question » (1547) puis « ensemble de questions posées à qqn », hors du contexte juridique (1842).
■  INTERROGATION n. f. reprend les emplois du latin classique interrogatio en droit et dans l'usage général (1283), puis en grammaire, notamment pour désigner le signe graphique dit point d'interrogation (1550), et en rhétorique (1680). Il se dit d'une chose obscure qui demande une explication (1807, Mme de Staël). Point d'interrogation est également usité au figuré pour « question non résolue » (XIXe s.).
■  INTERROGANT, ANTE adj. est emprunté au participe présent du verbe latin, interrogans ; il a désigné qqn qui interroge (1370, Oresme) et qualifie ce qui exprime l'interrogation (1529, point interrogant), une personne qui a la manie d'interroger (1692). Tous les emplois ont vieilli.
INTERROGATIF, IVE adj. et n., emprunté au bas latin interrogativus « qui exprime l'interrogation », spécialement en grammaire, en reprend le sens (1499). Point interrogatif (1550) a concurrencé point d'interrogation jusqu'au XIXe siècle. Le mot substantivé a signifié aussi interrogatoire (1507). L'adjectif s'applique encore à ce qui exprime l'interrogation (1529). ◆  Formé sur interrogatif et négatif, l'adjectif INTERRONÉGATIF, IVE s'emploie en linguistique à propos des interrogations portant sur une phrase négative.
■  INTERROGATEUR, TRICE n. et adj. est sorti d'usage (1530) au sens général du bas latin interrogator « celui qui interroge », conservé en droit (1549). Il est employé spécialement dans un contexte scolaire (1725), où il a été remplacé par examinateur. L'adjectif s'applique à ce qui exprime une interrogation (1867).
INTERROGAT n. m., emprunté au bas latin interrogatum, neutre substantivé du participe passé de interrogare, est un ancien terme de droit (1543) pour interrogation ; il a eu à l'époque classique le sens général de « question » (1611).
INTERROMPRE v. tr. (1515-1520), d'abord interrumpre (1501), est la réfection d'après le latin des formes entrerumpre (déb. XIIe s.), antrerompre (v. 1160), entrerompre (v. 1195, encore usité au début du XVIIe s.), faites d'après entre et rompre. Le verbe moderne est emprunté au latin classique interrumpere « mettre en morceaux, briser, détruire », puis « interrompre (un discours) », composé de inter- (→ inter-) et de rumpere, ruptus « briser, casser » au propre et au figuré (→ rompre).
❏  Le verbe apparaît en français avec le sens propre du latin, « rompre, fendre », usité jusqu'au XVIIe siècle ; il s'emploie ensuite (v. 1195) avec le sens figuré de « rompre la continuation de (qqch.) ». De là vient son emploi dans interrompre la parole à (qqn) (1456-1467) « couper la parole à (qqn) », disparu à l'époque classique, puis interrompre qqn (1559), toujours vivant, de même que les emplois à valeur temporelle pour « empêcher la continuation de (qqch.) » (1501). La formule de politesse sans vous interrompre, prononcée quand on interrompt qqn, est attestée en 1671 ; elle est sortie d'usage. S'interrompre « s'arrêter de faire qqch., de parler » (1675) est toujours en usage. ◆  Interrompre s'emploie aussi en parlant de l'espace (1694, interrompre un chemin). On passe ensuite de l'idée de « suspendre l'activité de (qqn) » à celle de « déranger » : interrompre qqn dans son travail (1789).
❏  ININTERROMPU, UE adj. est formé sur le participe passé du verbe (1754).
■  Plusieurs dérivés du latin interruptum, supin de interrumpere, ont été empruntés. ◆  INTERRUPTION n. f. reprend le bas latin interruptio « discontinuation », en droit « interruption de l'usucapion » et « réticence » en rhétorique. Le mot, d'abord juridique (1281, -rupcion ; XIIIe s., entreruption, isolément), désigne un fait qui trouble dans la jouissance d'un droit. Il est attesté en rhétorique (1538) ; on relève à partir de Montaigne le sens général d'« action d'interrompre qqch., état de ce qui est interrompu » (fin XVIe s.). Puis interruption est utilisé à propos d'une personne qui parle (1671), d'où sans interruption (1671) d'abord en parlant d'un discours. ◆  Le préfixé ININTERRUPTION n. f. (1845 ; → 1 in-) est littéraire.
■  INTERRUPTEUR, TRICE n. reprend d'abord (1572) au bas latin interruptor le sens de « celui qui interrompt le cours de qqch. » ; au XVIIe s. apparaît l'emploi (1688) pour « personne qui interrompt celui ou celle qui parle ». ◆  Ces valeurs générales sont devenues très rares depuis que le mot désigne couramment un dispositif permettant de couper ou de rétablir le passage du courant électrique dans un circuit (interrupteur électrique, 1857 ; puis interrupteur seul).
■  INTERRUPTIF, IVE adj. (1875), emprunté au latin médiéval interruptivus « qui interrompt » (1292), est un terme de droit ou didactique.
INTERSECTION n. f. est emprunté (v. 1390) au latin intersectio, terme d'architecture signifiant « coupure des denticules », composé de inter- (→ inter-) et de sectio « action de couper », « division (en géométrie) » (→ section), dérivé de secare, sectus « couper, découper », « couper en deux » et au figuré « trancher une question, décider » (→ scier). On relève en moyen français la forme intersecation (1362-1363), dérivée du verbe intersequer (1377, sei intersequer « se croiser »), lui-même emprunté au composé latin intersecare « couper par le milieu, séparer, diviser ».
❏  Introduit avec le sens d'« interruption » qui ne semble pas avoir vécu, le mot est repris au XVIIe s. comme terme de géométrie pour désigner (1640, Oudin) le lieu de rencontre de deux lignes, deux surfaces ou deux volumes qui se coupent ; d'où l'emploi spécial en anatomie (1818, intersection tendineuse), puis en logique et au XXe s. en mathématique ensembliste (intersection de deux ensembles « ensemble des éléments appartenant à la fois à ces deux ensembles »). Le symbole de l'opérateur d'intersection s'écrit ⋂ et se dit 3 INTER n. m. ◆  Par analogie, intersection s'emploie couramment (1893) comme équivalent de « croisement, carrefour ».
❏  INTERSECTER v. tr., dérivé du radical d'intersection, apparaît chez Chateaubriand (1831, pron.) avec le sens de « couper en formant une intersection » ; le verbe est rare, sauf en mathématiques. L'adjectif didactique INTERSECTÉ, ÉE (v. 1900) est dérivé du participe passé du verbe ou formé savamment d'après le latin intersectus. ◆  INTERSECTIONNER (S') v. pron., rare, s'emploie au figuré (1838, « se croiser ») et au propre (1924, Gide).
INTERSÉCANT, ANTE adj., terme d'architecture attesté en 1875 (Ch. Blanc), est une formation savante d'après le participe présent intersecans du verbe latin. On relevait déjà en moyen français (1562) interséquant « d'intersection », participe présent de se intersequer.
INTERSIGNE → SIGNE
INTERSTICE n. m. est emprunté (1528), d'abord écrit intertisse (1495), au bas latin interstitium « interstice, intervalle », formé sur le thème de parfait interstit du latin classique interstare « se trouver entre » ; ce verbe est composé de inter- (→ inter-) et de stare, status « se tenir debout » (→ ester ; station).
❏  Interstice se dit comme en latin d'un intervalle de temps (1495, intertisse de temps) et s'emploie dans le domaine spatial (1528, « région de l'air ») ; ces emplois ont disparu. ◆  Le mot s'est ensuite spécialisé pour désigner un petit espace vide entre deux corps, en anatomie (1575, Paré, « espace intervertébral ») puis avec une valeur générale (1793, Lavoisier). ◆  Interstice a été repris avec la valeur temporelle ancienne comme terme de droit (1693), puis avec une valeur générale, ceci jusqu'à la fin du XIXe siècle.
❏  Le dérivé INTERSTITIEL, ELLE adj., didactique, n'a conservé que la valeur spatiale, en anatomie (1832), en médecine (1922), en physique et en zoologie ; l'adjectif est très rare pour qualifier un « interstice » temporel (1898, A. Daudet).
INTERSYNDICAL → SYNDIC
INTERTRIGO n. m. est un emprunt (1798) au latin intertrigo « écorchure, excoriation », composé de inter- (→ inter-) et d'un dérivé de tritus, participe passé de terere « frotter, user en frottant » d'où « user », « battre le grain ». Ce verbe se rattache à une racine indoeuropéenne de valeur technique °tre- « user en frottant » comme le grec tribein « frotter, user » (→ triturer).
❏  Ce terme de médecine désigne une inflammation de la peau au niveau des surfaces en contact.
INTERVALLE n. m., qui apparaît d'abord au féminin (2e quart du XIIIe s., intervale), puis au masculin (1306), est emprunté au latin classique intervallum, « espace entre deux pieux d'une palissade », mot technique militaire dont le sens s'est étendu à « distance qui sépare deux points dans l'espace ou dans le temps ». Le mot latin, également attesté comme terme de musique dès l'époque classique, est composé de inter- « entre » et de vallum, valli « palissade » et « rempart », terme collectif peut-être tiré de valla, -orum, ancien pluriel de vallus « pieu », qui désignait la palissade élevée sur la levée de terre entourant le camp romain. ◆  Le latin avait par ailleurs donné en ancien français entreval, nom masculin (XIIe s.), avec une valeur spatiale et temporelle, également en moyen français, ainsi que entrevalle (fin XVe s., encore relevé en 1611). On trouve intervalle au féminin jusqu'à la fin du XVIe s. et isolément au XVIIIe s. (Rousseau).
❏  Intervalle est d'abord employé avec une valeur temporelle, désignant un espace de temps qui sépare deux moments, deux époques, deux périodes. Le mot s'emploie ensuite (v. 1355) avec une valeur spatiale pour désigner la distance qui sépare un objet d'un autre. ◆  Par figure, il se dit (1440-1475) d'un incident désagréable entre deux personnes, mais ce sens a disparu. ◆  Le mot entre dans la locution adverbiale par intervalle(s) [1538] utilisée avec les deux valeurs et signifiant « de temps à autre » et « de place en place » ; sans intervalle « sans relâche » (1611) est sorti d'usage. ◆  Avec sa valeur temporelle, le nom s'emploie spécialement, comme le latin intervallum, en musique (1629, Descartes), peut-être d'après l'italien intervallo (1546). Il désigne aussi (1680) un moment d'arrêt, par exemple entre les parties d'un spectacle. ◆  Par métaphore de la valeur spatiale, intervalle s'est dit de l'inégalité de condition sociale (fin XVIIe s., La Bruyère), sens disparu après la période classique, puis équivaut à « différence » (1831, Stendhal). ◆  En mathématiques (XXe s.), intervalle désigne l'ensemble des nombres compris entre deux nombres donnés.
❏  Le dérivé didactique INTERVALLAIRE adj. qualifie ce qui est placé dans les intervalles (1560, isolément en architecture), spécialement en botanique (1817). Il est sorti d'usage pour « intermittent » (v. 1570), repris au XIXe s. (A. Dumas) et rare.
INTERVENIR v. intr. est emprunté (1363 selon F. e. w.) au latin intervenire « survenir pendant », « se trouver entre », « interrompre » et « se mêler à », composé de inter- « entre » et de venire (→ venir). ◆  L'ancien français a eu les formes adaptées entrevenir « survenir, se produire (en parlant d'événements) » (v. 1190) et entervenir (1282) « prendre part à qqch., intervenir », celle-ci encore employée au XVIIe siècle ; elle est probablement distincte de s'entrevenir « marcher l'un contre l'autre, se rencontrer » (v. 1155), qui représente vraisemblablement un composé de venir et disparaît beaucoup plus tôt, après des interférences de significations. (mil. XVIe s., M. Scève, s'entrevenir contre).
❏  Le verbe signifie « se produire, arriver » et n'est attesté au XVe s. qu'en droit (1475). ◆  Il s'emploie ensuite (1551) en parlant d'une personne avec le sens général de « prendre part à une affaire, à une action en cours, dans l'intention d'agir sur son déroulement », le plus souvent avec l'idée d'aide (par ex., intervenir dans un débat) ; il est usité spécialement au XIXe s. dans le domaine politique et signifie « entrer en action dans un conflit, une guerre » (1845, faire intervenir la force armée). ◆  Dans le dernier tiers du XIXe s., il prend le sens plus large de « jouer un rôle parmi d'autres éléments » (1876, Renan). Par analogie intervenir entre se dit (1885, Zola) pour « avoir lieu, se produire » : cet emploi, aujourd'hui rare, a été critiqué. ◆  Intervenir s'emploie spécialement en médecine (1902) pour « agir énergiquement dans le but d'enrayer l'évolution d'un mal » et, en particulier, « pratiquer une intervention chirurgicale » (v. 1915).
❏  Le dérivé INTERVENANT, ANTE adj. et n., participe présent du verbe, signifie d'abord « personne qui intervient » (1606), en particulier dans un procès (1666, n. m., Furetière ; 1680, adj.). ◆  Le nom est devenu relativement courant (1879) pour désigner une personne qui prend la parole au cours d'un débat, d'une discussion.
INTERVENTION n. f., emprunté (v. 1322) au bas latin juridique interventio « garantie, caution » (dérivé du supin du verbe), est d'abord attesté au sens général : « action d'intervenir » ; il s'est employé, en parlant de choses (1552), au sens de « fait de survenir », « événement », sorti d'usage. L'emploi juridique est attesté en 1690 (Furetière). ◆  Au début du XIXe s., apparaît l'emploi spécial en politique pour désigner l'acte d'un État qui agit militairement hors des frontières, puis différents emplois dans les domaines économique, international, social. ◆  Le mot se dit plus généralement (1860, C. Bernard) pour « action, rôle (de qqch.) » ; il s'emploie depuis la seconde moitié du XIXe s. dans le domaine médical et en particulier en chirurgie (1877).
■  De l'emploi du nom en économie et en politique dérivent : INTERVENTIONNISTE adj. et n. (1837), « favorable à une intervention » et par extension (1922) dans quelque domaine que ce soit, et INTERVENTIONNISME n. m. « intervention de l'État » (1897), rare au sens étendu (1927). ◆  Le composé NON-INTERVENTION n. f. (1830) est un terme de politique internationale, comme son dérivé NON-INTERVENTIONNISTE adj. et n. (1838) pour le principe qui consiste à s'abstenir d'intervenir dans les affaires d'un autre État. Cf. ingérence et non-ingérence.
INTERVERTIR v. tr. est emprunté (1507) au latin intervertere « donner une autre direction », « détourner de sa destination », « dépouiller qqn de qqch. », composé de inter- (→ inter-) et de vertere, versus « tourner, faire tourner », « renverser » et au figuré « changer, transformer » (→ version ; inverse, invertir).
❏  Le verbe s'emploie au propre pour « déplacer (les éléments d'une série) en renversant l'ordre primitif », et au figuré (1611) pour « détourner de l'argent » et « tromper », sens sortis d'usage. Au sens initial, il s'utilise dans intervertir les rôles (1866, Amiel).
❏  INTERVERTI, IE adj. s'emploie en chimie (1867, sucre interverti) et s'est dit (1885) pour « inverti* sexuel ».
■  INTERVERTISSEMENT n. m. (1re moitié XVIIIe s., Saint-Simon), « action d'intervertir », n'a pas vécu.
INTERVERSION n. f. est emprunté (av. 1570 ; 1507, d'après Bloch et Wartburg) au bas latin interversio « action de prendre à contre-sens », « falsification », dérivé de interversum, supin du verbe. ◆  Le mot français s'emploie comme le verbe, au propre et au figuré. En chimie (déb. XXe s.), il est synonyme d'inversion*.
INTERVIEW n. f. est un emprunt (attesté 1884, mais antérieur ; Cf. le dérivé) à l'anglais interview (1514), lui-même emprunté au moyen français entreveue (→ entrevue) dont il reprend d'abord le sens général, avant de passer dans la langue du journalisme aux États-Unis (1869).
❏  C'est dans le vocabulaire de la presse que interview s'est introduit en français pour désigner l'entretien au cours duquel un journaliste interroge une personne (sur sa vie, ses projets, etc.), dans l'intention de publier un article. Largement répandu dans l'usage courant, le mot est féminin, mais parfois employé au masculin (attesté 1891), le genre neutre anglais étant généralement traduit en français par le masculin. ◆  Par métonymie, il désigne la publication de cet entretien (1906) et, par extension, le genre journalistique constituant les interviews. En sciences, le mot, pour « interrogatoire », est très critiqué et fortement concurrencé par entretien.
❏  Ce nom a produit en français le dérivé INTERVIEWER v. tr. (1883), d'après l'anglais to interview (1869, comme terme de journalisme), « soumettre (qqn) à une interview » ; son dérivé INTERVIEWAGE n. m., relevé chez Goncourt (1887), est un synonyme rare et vieilli d'interview.
■  INTERVIEWÉ, ÉE adj. et n. est attesté en 1890.
■  INTERVIEWEUR, EUSE n. (mil. XXe s.) est une francisation de INTERVIEWER n. m., lui-même emprunté (1881) à l'anglais interviewer (1869) ; on ne relève pas d'emploi du mot au féminin en français.
INTESTAT adj. m. et f. est un emprunt (1310) au latin intestatus « non attesté » et, en droit, « qui n'a pas fait de testament », composé de in- (→ 1 in-) et de testatus, participe passé de testari « témoigner » et « prendre à témoin », « faire un testament » ; ce verbe dérive de testis « témoin » (→ testament, tester).
❏  Le sens de l'adjectif est douteux dans sa première attestation ; réattesté en 1388, il conserve le sens de l'étymon et s'emploie dans la locution adverbiale ab intestat (1409, héritier ab intestat), du latin juridique ab intestato.
1 INTESTIN, INE adj. est un emprunt (1351-1356, Bersuire) au latin intestinus « intérieur », employé au figuré dans bellum intestinum « guerre civile » et dérivé de l'adverbe intus « de l'intérieur » puis « au-dedans, intérieurement », lui-même formé à partir de in- « dans, en » (→ 2 in-).
❏  L'adjectif français apparaît dans un emploi figuré, aujourd'hui littéraire, qualifiant les conflits, les luttes qui ont lieu à l'intérieur du corps social. Il est sorti d'usage en parlant de ce qui se passe à l'intérieur d'un lieu (1532, Rabelais), du corps humain (1549, fièvre intestine), de l'âme (fin XVIe s.), d'une chose quelconque (1690). D'une manière générale, il a vieilli à cause de 2 intestin, sauf dans guerre intestine.
❏  Par ailleurs, le latin intestinum « entrailles », neutre substantivé de intestinus (par la même figure que interiora et interna — → intérieur, interne —, Cf. aussi entrailles) a été emprunté sous la forme 2 INTESTIN n. m., au pluriel (XIVe s.) puis au singulier (1538). Le pluriel latin intestina a été repris en moyen français sous la forme intestine, nom féminin (XVIe s.). ◆  D'abord employé comme équivalent de boyau (terme réservé habituellement aux animaux), l'intestin ou les intestins désigne la partie du tube digestif qui va de l'estomac à l'anus ; en anatomie, il est qualifié pour nommer les différentes parties de cet organe : intestin grêle (v. 1560, au pluriel ; 1690, au singulier), gros intestin (1636) [Cf. aussi côlon]. Intestin s'emploie aussi par métaphore (l'intestin de Paris, 1862, Hugo).
Du nom dérive INTESTINAL, ALE, AUX adj. (1370) « de l'intestin », mot médical et courant (grippe intestinale, etc.).
INTIFADA n. f., mot arabe signifiant « soulèvement », est employé internationalement (1987 en français) pour dénommer le soulèvement des Palestiniens contre Israël dans les territoires occupés (Gaza, Cisjordanie) notamment par jets de pierres (on a parlé de la guerre des pierres).
INTIME adj. est emprunté (1376-1377) au latin intimus « ce qui est le plus en dedans, au fond », superlatif de interior (→ intérieur).
❏  L'adjectif est d'abord employé pour qualifier une personne très unie, étroitement liée avec une autre ; il s'applique ensuite (déb. XVIe s.) à la vie intérieure, généralement secrète, d'une personne. Du premier sens vient ensuite l'emploi comme nom pour « ami très cher » (1616, D'Aubigné) et du second la qualification de ce qu'il y a de plus profond, en particulier par rapport à Dieu, cet emploi étant lui aussi substantivé (1651, Pascal). Par extension de l'idée d'« union avec autrui », intime s'applique à ce qui relie étroitement les choses (1765). ◆  On relève, à partir de la fin du XVIIIe s. (1780), une application aux écrits autobiographiques, qui ne sont généralement pas destinés à la publication (1816, Journaux intimes). ◆  Au début du XIXe s., l'adjectif, s'appliquant au domaine des relations amicales, signifie (1806) « qui réunit des intimes, se passe entre intimes » ; puis l'adjectif qualifie un lieu, une atmosphère qui crée ou évoque l'intimité (1849). ◆  L'idée de « domaine privé, secret » de l'individu est reprise à cette même époque romantique pour qualifier ce qui est strictement personnel et généralement tenu caché aux autres, en particulier ce qui se manifeste par un contact charnel (1821, Hugo, union intime des corps) et aussi la proximité sentimentale (1833, Balzac).
❏  Le dérivé INTIMEMENT adv. (attesté en 1406) suit l'évolution de l'adjectif.
■  INTIMITÉ n. f., attesté chez Mme de Sévigné (1684), a suivi la même évolution sémantique. Le mot désigne d'abord ce qui est intérieur et secret puis (1735) le caractère étroit d'un lien et, spécialement (1740), une liaison, des relations étroites entre des personnes. S'appliquant à la vie privée, on relève (1810) la locution dans l'intimité et le sens métonymique de « confort d'un endroit où l'on se sent isolé du monde extérieur » (1848, Michelet). ◆  Une autre métonymie donne à ce mot, en français de certains pays d'Afrique, le sens de « réception entre amis (intimes) ».
■  INTIMISTE n. et adj. s'applique notamment au domaine de l'art, qualifiant une peinture qui évoque des scènes d'intérieur (1881, Huysmans), un peintre qui privilégie ce thème (1905, n. m.), et est aussi appliqué à la littérature. ◆  Le dérivé INTIMISME n. m. (1905), rare au sens de « goût pour la vie intérieure », désigne en peinture et en littérature une école ou une manière intimiste.
❏ voir INTIMER.