INTIMER v. tr. est emprunté (1325) au bas latin intimare « faire pénétrer dans », spécialement « faire pénétrer dans les esprits », d'où en droit « faire connaître, annoncer, publier » ; le verbe dérive du latin classique intimus « ce qui est le plus en dedans, le plus intérieur » au propre et au figuré (→ intime).
❏  Introduit avec un sens général : « avertir (qqn) de qqch., faire savoir », qui ne s'est pas maintenu, le verbe s'emploie depuis la même époque (1332) avec le sens de « signifier, déclarer (qqch. à qqn) avec autorité » et en droit « signifier légalement » (Cf. notifier).
❏  Le dérivé INTIMÉ, ÉE adj. et n., terme de droit, apparaît comme adjectif (1412) dans partie intimée « assignée en justice » puis comme substantif (1460-1466) pour désigner le défendeur en appel, emploi typique de la langue classique (Cf. l'Intimé, personnage des Plaideurs de Racine).
INTIMATION n. f. est un emprunt (1322) au dérivé bas latin intimatio « démonstration », « exposition », « accusation » et, en latin médiéval, « notification judiciaire ». ◆  Ce terme juridique ancien s'est employé aussi pour « mise en demeure » (1768, Rousseau).
INTIMIDER → TIMIDE
INTITULER v. tr. est emprunté (v. 1393) au bas latin intitulare « appeler, intituler », composé de in- (→ 2 in-) et de titulare « donner le titre de », dérivé de titulus « écriteau, affiche » puis « inscription », « épitaphe », « titre d'un ouvrage » et, par figure, « titre donné à qqn » d'où « renom, gloire ». Forme à redoublement, titulus repose peut-être sur une racine indoeuropéenne °tele- « plan » (→ titre).
❏  Le verbe apparaît avec le sens qu'il avait en latin, « donner un titre à (un livre) » ; s'intituler signifie (v. 1500) « se donner le titre, le nom de », fréquemment employé par ironie avec l'idée d'usurpation. ◆  Depuis le XVIIe s., intituler s'emploie en droit pour « mettre une formule en tête de (un acte, une loi) » (1662, La Fontaine). ◆  Par extension du premier sens, le verbe signifie (1853, Labiche) « désigner par un nom », s'appliquant surtout, selon l'étymologie, au titre donné à qqch.
❏  INTITULÉ n. m., attesté une première fois (1578, intitul) au sens de « titre (d'un livre) », repris en ce sens en 1787, désigne en droit (1694) une formule en tête d'une loi, d'un acte.
INTONATION n. f. est un dérivé savant (1372) du latin médiéval intonare « entonner », lui-même adapté d'après l'ancien français entonner*, verbe emprunté au latin classique intonare « tonner », « résonner », « faire entendre avec fracas », « faire gronder », dérivé de tonare (→ tonner).
❏  Le mot apparaît comme terme de musique avec le sens de « mise dans le ton (d'un chant) » ; il signifie ensuite (1552, Rabelais), toujours en musique, « action ou manière d'émettre avec la voix un son musical ». ◆  Intonation désigne à partir du XVIIIe s. (v. 1770) le ton que prend la voix, l'ensemble des caractères phonétiques de hauteur d'un énoncé (Cf. accent, inflexion) ; de là vient l'emploi en linguistique, où langues à intonations est remplacé par langue à tons*.
❏  Du nom dérivent les termes didactiques (phonétique) INTONATIF, IVE adj. (XXe s.) « relatif à l'intonation » et INTONÉ, ÉE adj. (XXe s.).
INTOXIQUER v. tr., d'abord sous les formes entosiquier (1450), intosiquer (1484), intocciquer (1521, -cc- équivaut à -x-), est un emprunt au latin médiéval intoxicare « empoisonner » ; le verbe est composé de in- (→ 2 in-) et du latin classique toxicum « poison », lui-même emprunté au grec toxikon (pharmakon) « (poison) pour flèches » (→ toxique), dérivé de toxon « flèche, arc ». ◆  En ancien français, le latin avait abouti aux formes entuschier « empoisonner » (v. 1155, Wace), entoschier, entoukier (XIIe s.).
❏  En moyen français, le verbe, conservant le sens du latin, correspond à « empoisonner » et, au figuré (1521), « empoisonner moralement ». Le verbe, semble-t-il, a disparu aux XVIIe et XVIIIe siècles ; il est repris au début du XIXe s. (1823, dans le dictionnaire de Boiste) au sens physiologique, précisé par rapport à empoisonner et en rapport avec toxique*. ◆  Le sens moral, figuré, réapparaît aussi, d'abord dans s'intoxiquer (1883), puis transitivement (1903) ; cette valeur s'est spécialisée en « influencer par la propagande » (v. 1959, pron.).
❏  Le dérivé INTOXICANT, ANTE adj. (1845) est un terme de médecine.
INTOXICATION n. f., emprunté au dérivé latin médiéval intoxicatio, a d'abord désigné un poison (1408) ; le sens moderne en médecine apparaît, comme le verbe, au XIXe s. (1837, état d'intoxication) ; l'emploi figuré, attesté en 1883 (intoxication littéraire), ne s'est répandu que vers 1960, abrégé familièrement en INTOX ou INTOXE (1966) n. f. devenu très courant. ◆  Le composé AUTO-INTOXICATION n. f. (1887), terme de biologie, s'emploie aussi au figuré.
Sur le verbe a été formé DÉSINTOXIQUER v. tr. (1862 ; → dé-), terme didactique et courant, spécialisé à propos du traitement des alcooliques, fumeurs et en général de ceux qui absorbent des produits toxiques (drogues, etc.). ◆  De cette valeur du verbe procède DÉSINTOXICATION n. f. (1862), utilisé au propre et au figuré, et abrégé familièrement en DÉSINTOX(E) (v. 1972), moins courant que intoxe. DÉTOXIQUER v. tr., parallèle et contraire à intoxiquer, est attesté en 1907.
INTRA- est un élément préfixal emprunté au latin classique intra « à l'intérieur de », « sans dépasser, dans les limites », qui se rattache à inter « à l'intérieur de deux », « entre* » (→ inter-).
❏  Intra- sert à former, depuis le début du XIXe s., des termes didactiques et scientifiques, le plus souvent des adjectifs formés sur des adjectifs. Les composés appartiennent au vocabulaire de la médecine, de la physiologie, de la biologie et de la zoologie ; certains se rattachent au domaine des sciences de la terre (géographie, géomorphologie). Le préfixe sert aussi à former quelques mots courants (par ex. intra-communautaire « intérieur à la communauté européenne »). Intra- a le même sens que endo-*. ◆  La variante intro- (du latin intro « à l'intérieur », qui se rattache à inter) apparaît dans des mots empruntés (introspection, introversion, etc.).
❏ voir voir au second élément.
INTRA MUROS loc. adv. et adj., attesté au début du XIXe s. (1805), est composé des mots latins signifiant « à l'intérieur des murs », intra « à l'intérieur de » (→ intra-) et muros accusatif pluriel de murus (→ mur).
❏  Le mot signifie au propre « à l'intérieur des murs, à l'intérieur de la ville » et par extension (XXe s.) « dans les limites administratives de la ville » ; il s'emploie figurément au sens de « à huis clos, dans le secret » (XXe s.).
INTRANSIGEANT, ANTE adj. est un emprunt (1875) à l'espagnol intransigente, employé pour désigner (1873) les républicains fédéralistes insurgés contre le pouvoir central ; ce mot est dérivé de transigente, participe présent de transigir « transiger », emprunté au latin classique transigere (→ transiger).
❏  L'adjectif s'applique à une personne qui n'admet aucune concession, aucun compromis ; il qualifie sans connotation péjorative une personne qui s'attache à vivre sans faire de concessions, en accord avec ses principes, ses idées. Le nom masculin L'Intransigeant a servi de titre à un journal fondé par H. Rochefort en 1880, qui sera au XXe s. abrégé en L'Intran, manifestant la démotivation du titre.
❏  INTRANSIGEANCE n. f. (1874) est dérivé de l'adjectif ou emprunté au dérivé espagnol intransigencia ; il a les valeurs correspondantes à l'adjectif.
INTRANSITIF → TRANSITIF
INTRANT n. m., attesté en 1552 comme terme d'histoire, est emprunté au latin intrans, participe présent de intrare (→ entrer). Réapparu au XXe s., le mot se dit en économie d'un élément qui entre dans la production d'un bien (intrants agricoles, industriels). Spécialement, le mot désigne un élément supplémentaire introduit pour améliorer une opération culturale (engrais, pesticides). Intrant peut remplacer l'anglicisme input.
INTRÉPIDE adj. est emprunté (1495) au latin impérial intrepidus proprement « qui ne tremble pas », d'où « courageux » et « qui ne donne pas lieu à l'effroi » ; le mot est composé de in- (→ 1 in-) et du latin classique trepidus « qui s'agite », en particulier « inquiet, tremblant » (→ trépider).
❏  L'adjectif s'emploie avec le sens étymologique, qualifiant qqn qui ne tremble pas devant le danger (1694, un intrépide). Par extension, intrépide (aussi en emploi substantif) qualifie une personne qui ne se laisse pas rebuter par les obstacles, qui reste ferme dans sa conduite (déb. XVIe s.). Le mot, dans cet emploi, est rare avant le début du XIXe siècle.
❏  De l'adjectif dérivent INTRÉPIDITÉ n. f. (1665), employé au sens fort et au sens étendu (1672), et INTRÉPIDEMENT adv. (1691).
INTRIGUER v. tr. et intr. est emprunté (1532) à l'italien intrigare, forme septentrionale de intricare, lui-même pris au latin classique intricare « embrouiller, embarrasser » (→ intriquer). Le verbe italien signifie d'abord (fin XIIIe s.) « embrouiller » et « mettre dans l'embarras, rendre perplexe » ; de l'idée d'embarras, on passe aux sens de « se livrer à des affaires compliquées, à des intrigues » (av. 1541) et de « s'immiscer (dans une affaire) » (1545) puis à celui d'« éveiller la curiosité » (av. 1610).
❏  Le verbe français reprend les diverses valeurs de l'italien. Il est attesté au XVIe s. pour « embrouiller » (1532) et intricqué se dit (1572) d'une affaire compliquée. S'intriguer de (qqch.) s'est employé au sens de « se mêler, s'intéresser à » (av. 1630, d'Aubigné ; 1655, s'intriguer dans une affaire, Retz). ◆  Le verbe intransitif est ensuite relevé aux sens modernes : « mener une intrigue » (1656, Pascal) puis le transitif pour « embarrasser (qqn) en excitant sa curiosité » (1678-1679, La Fontaine). De l'idée de manœuvre vient intriguer un ouvrage « le lancer » (1692), emploi disparu au XVIIIe siècle. À la même époque, intriguer une pièce a signifié « en composer la trame, l'intrigue » (1764, Voltaire ; 1740, intrigué « qui a une intrigue »).
❏  Le dérivé péjoratif INTRIGAILLER v. intr., « s'occuper d'intrigues mesquines », a été usité pendant la Révolution (1794) ainsi que INTRIGAILLEUR n. m. (v. 1770, Turgot), encore relevé au XXe s., et INTRIGAILLERIE n. f. (1792), que l'on trouve encore chez A. Daudet (1899).
INTRIGUE n. f. est emprunté à l'italien intrigo déverbal de intrigare attesté au milieu du XIVe s. Le mot est parfois masculin au XVIIe s., d'après l'italien.
■  Intrigue désigne d'abord (1578) une liaison amoureuse, généralement secrète, puis se dit d'une situation compliquée et embarrassante : ce sens attesté en 1636 est donné pour familier au XVIIIe s. et vieilli au XIXe siècle ; il apparaît dans homme d'intrigue « intrigant » (1622), hors d'intrigue (1694) « hors d'affaire » et spécialement « hors de danger », expressions sorties d'usage. ◆  L'idée de complexité est présente dans l'emploi pour désigner l'ensemble des événements qui forment l'essentiel de la narration d'un roman, d'une pièce, etc. (1637, Scudéry) ; de ce sens toujours usuel vient comédie d'intrigue (1798 ; 1751, pièce d'intrigue). ◆  À cette valeur s'ajoute celle de « secret » : intrigue désigne une négociation menée avec habileté (1647) et un ensemble de combinaisons secrètes et compliquées pour réussir une affaire (1654). Le mot a aussi signifié dans la langue classique « habileté à intriguer » (v. 1660, entrigue).
1 INTRIGANT, ANTE adj. et n. est apparu au XVIe s. (1583) et est repris au début du XVIIIe s., souvent écrit intriguant ; ce participe présent adjectivé correspond à l'italien intrigante. Le mot qualifie qqn qui recourt à l'intrigue pour parvenir à ses fins (1671, n.).
■  2 INTRIGANT, ANTE adj. (XXe s.) s'applique dans l'usage littéraire à ce qui étonne, rend perplexe.
■  Il correspond à INTRIGUÉ, ÉE adj., tiré du participe passé (1735), pour « dont la curiosité est excitée ».
INTRINSÈQUE adj. est emprunté (1314) au latin scolastique intrinsecus « intérieur » (v. 1115, terme de philosophie), adjectif qui s'oppose en bas latin à extrinsecus (→ extrinsèque), tiré de l'adverbe latin classique intrinsecus « au-dedans, intérieurement ». L'adverbe est composé de °intrim, issu de interim qui se rattache à inter (→ inter-), et de l'adverbe secus « le long de », apparenté à sequi, secutus (→ suivre).
❏  Intrinsèque, terme didactique, a été emprunté en anatomie (1314, « intérieur »), qualifiant ce qui appartient à un organe (v. 1500, veines intrinsecques). ◆  Au XVIe s. apparaît un emploi substantivé l'intrinsèque (des cueurs) [1528], désignant la partie la plus intime, l'émotion, le cœur, expression en usage à l'époque classique, encore relevée chez Saint-Simon. L'adjectif s'est employé aussi aux XVIe et XVIIe s., pour « intime » (1544, B. Des Périers). ◆  Il apparaît à la même époque (1561, Calvin) comme terme de philosophie pour qualifier ce qui est intérieur à un objet de pensée, ce qui appartient à son essence (1690, vertu, qualité intrinsèque) ; de là vient l'emploi figuré (1704) pour qualifier la valeur qu'a un objet, indépendamment de toute convention, surtout en parlant de la monnaie.
❏  Le dérivé INTRINSÈQUEMENT adv., didactique, signifie d'abord « intérieurement » (fin XVe s.) puis « intimement » (1569). Il est attesté dans son emploi moderne, en philosophie, en 1677 (Retz).
INTRIQUER v. tr., qui apparaît au participe passé (entriké, v. 1300 ; intriqué, XVe s.), n'est repris qu'au XXe s. comme verbe transitif, après intrication. C'est un emprunt au latin classique intricare « embrouiller, embarrasser », composé de in- (→ 2 in-) et de tricae, -arum, nom féminin pluriel, « bagatelles, sornettes » et « embarras, difficultés », mot d'origine obscure (→ intriguer).
❏  Le verbe, très didactique, signifie « rendre complexe, entremêler ».
❏  INTRICATION n. f., terme didactique, dérivé du verbe ou emprunté au latin intricatio (formé sur intricatum, supin du verbe), apparaît (v. 1270) au sens d'« enchevêtrement ». ◆  Repris après 1870, il désigne l'état de ce qui est entremêlé.
L INTRODUIRE v. tr. est une réfection (1292), d'après le latin, de la forme entreduire (v. 1120), aboutissement phonétique du latin classique introducere « conduire, amener dans », composé de intro- (→ intra-) et de ducere, ductus « tirer à soi » d'où « conduire, mener ». Ce verbe est un ancien terme de la langue pastorale, opposé à agere « pousser » (→ agir) ; il s'est employé au figuré dans de nombreuses acceptions et s'est appliqué à tout ce qui se rapporte à l'idée de « conduire, tirer sans discontinuité » ; il appartient à la même famille que dux, ducis « chef » (→ duc) et se retrouve dans plusieurs composés (qui ont fourni conduire, déduire, induire, produire, traduire, etc.).
❏  Le verbe reprend d'abord le sens général de « faire entrer (qqn) dans un lieu ». Il s'emploie au figuré (v. 1180, entroduire) pour « préparer par l'éducation à la pratique de qqch. » (introduire qqn à la poésie). Il signifie ensuite « faire qu'une chose devienne commune dans un endroit » (1468), d'abord au participe passé (1308, instroduiz). ◆  Du sens « enseigner à (qqn) » vient une valeur très spéciale, « initier la mariée aux secrets du lit nuptial » (v. 1430), qui correspond au latin ducere uxorem domum « emmener l'épouse chez soi » d'où « se marier » (en parlant d'un homme). ◆  Au XVe s., le participe passé introduit entre dans le vocabulaire du droit pour « que l'on a fait commencer » (1470) ; la forme active n'apparaît qu'au début du XIXe s. (1804). ◆  Au XVIe s., la valeur générale du verbe se spécialise : introduire signifie « faire admettre (qqn) dans une société » (1509), « faire figurer (un personnage) dans une œuvre » (1529) et « donner accès à (qqn) auprès d'une personne importante » (1569). Au XVIIe s., le verbe s'emploie aussi en parlant de choses concrètes ; le sens de « faire entrer (une marchandise) dans un pays » (1615) a disparu mais a produit l'emploi pour « faire venir (qqch.) pour la première fois dans un lieu ». ◆  Introduire signifie aussi concrètement (1642, Corneille) « faire pénétrer (une chose dans une autre) ». Cet emploi a une spécialisation érotique, évoquant la pénétration sexuelle (depuis le XVIIe s.), avec l'emploi figuré normal (Cf. baiser) pour « tromper, duper », se faire introduire correspondant à se faire avoir, se faire mettre. ◆  Avec la valeur d'« enseigner », introduire prend le sens de « servir de première initiation, en parlant d'une science par rapport à une autre » (1690). ◆  Un emploi spécialisé apparaît en fauconnerie dans introduire un oiseau au vol « commencer à le faire voler » (1732). ◆  S'introduire « pénétrer subrepticement dans un lieu » est relevé en 1732 et introduire une marchandise en contrebande en 1797.
❏  Du radical du verbe dérive INTRODUCTIBLE adj. (XXe s.), d'emploi littéraire.
Plusieurs mots sont empruntés à des dérivés de introductum, supin du verbe latin.
■  INTRODUCTION n. f., emprunt au dérivé latin classique introductio, signifie d'abord « enseignement » (XIIIe s.) et « insertion » (1314), en parlant d'un chapitre dans un livre ; ces emplois ont disparu comme celui de « préambule d'un sermon » (1355). ◆  Le nom désigne ensuite l'action de faire connaître dans un milieu ce qui y était inconnu (1553), en parlant de personnes (1598) et d'animaux (1600). Parallèlement, introduction désigne ce qui prépare qqn à la pratique d'une chose, en religion à la pénitence (1560, Calvin). Il s'emploie ensuite pour « action de faire entrer des personnages dans une œuvre » (1636). ◆  À la fin du XVIIe s., introduction s'emploie avec une valeur concrète pour « action de faire entrer une chose dans une autre » (1690). ◆  Au figuré le mot entre dans le vocabulaire du droit (1718, introduction d'une instance). ◆  Du sens de « préambule » vient (1726) celui plus large et devenu courant de « texte préliminaire et explicatif en tête d'un ouvrage » (Cf. préface), puis de « prélude » en musique (1838). Lettre d'introduction, par laquelle on recommande qqn, est relevé en 1848.
■  INTRODUCTEUR, TRICE n., emprunt au dérivé bas latin introductor, est attesté isolément au XIIIe s. sous les formes adaptées introduitor et entroduteur, désignant celui qui instruit, puis sous la forme moderne (1538) avec le sens, également disparu, de « celui qui établit (des études) ». ◆  Le nom, rare pour désigner qqn qui favorise l'accès d'une personne auprès d'une autre (1606, n. m. ; v. 1670, n. f.), s'emploie aussi (1713) en parlant de la personne qui, la première, introduit un usage, une mode, etc. dans un lieu ou un milieu.
■  Introducteur a fourni INTRODUCTIF, IVE adj., qui a signifié « instructif » (1520) puis est devenu un terme de droit (1721) et s'emploie plus largement (1833, Balzac) pour qualifier ce qui constitue une introduction.
■  INTRODUCTOIRE adj., emprunté au dérivé bas latin introductorius « qui initie », a été employé à la fois (1314) comme nom pour « introduction » et comme adjectif, équivalent didactique d'introductif.
Sur le verbe a été composé RÉINTRODUIRE v. tr. (1817) qui a fourni RÉINTRODUCTION n. f. (1817) et RÉINTRODUCTEUR, TRICE n. (1905, Péguy).
INTROÏT n. m. est un emprunt (1360), d'abord sous la forme introïte, nom féminin (fin XIIIe-déb. XIVe s.), au latin classique introitus « action d'entrer », « entrée d'un lieu, accès » et au figuré « introduction, commencement » ; le mot s'est employé en latin ecclésiastique pour désigner (IXe s.) une pièce de chant inséparable de l'entrée du célébrant et de sa marche vers l'autel ; au VIe s., on désignait cette pièce sous le nom de Antiphona ad Introïtum. Introitus est dérivé de introire « aller dans, entrer », composé de in- (→ 2 in-) et de ire « aller », qui a fourni le futur d'aller* et se rattache à une racine indoeuropéenne °ei-, °i- « aller ».
❏  Introït garde le sens du latin chrétien. ◆  Au XVe s., il a repris le sens figuré du latin classique et désigné l'introduction, le début (d'un discours, d'une œuvre), d'abord au féminin (1466), puis au masculin (1545) ; ces valeurs, comme la locution prendre son introïte « commencer » (fin XIVe s., Ch. de Pisan), sont sorties d'usage.
INTROJECTION n. f., relevé en 1909 (Lalande), est la francisation de l'allemand Introjektion, mot créé (1888) par le psychologue allemand Avenarius (1843-1896), sur le modèle de Projektion à l'aide du préfixe intro- (de même origine que intra-), pour désigner l'opération par laquelle la conscience de chaque individu est conçue comme intérieure à son organisme, et la représentation des objets extérieurs comme une objectivation d'états internes.
❏  C'est en ce sens que le mot est introduit en français, en philosophie. Puis introjection est repris en psychanalyse, toujours d'après l'allemand, où il désigne (Ferenczi, 1909 ; puis Freud, 1915) le processus inconscient par lequel l'image d'une personne est incorporée au Moi et au Surmoi.
❏  Du nom dérivent les termes de psychanalyse INTROJECTIF, IVE adj. (attesté 1946, Mounier) et INTROJECTER v. tr. (XXe s.) ou INTROJETER, « incorporer par introjection ».
INTROMISSION n. f. est un dérivé savant (1465) du latin intromissus, participe passé de intromittere « faire entrer », composé de intro- « à l'intérieur de » (→ intra-) et de mittere, missus (→ mettre). Le verbe latin a été emprunté en moyen français sous la forme intromettre « introduire, faire entrer » (1541-1543) (→ s'entremettre).
❏  Le nom a désigné le fait d'être mêlé à qqch. (1465). ◆  Il entre dans le vocabulaire didactique (1573, A. Paré) pour désigner l'action d'introduire un organe dans un autre, spécialement la copulation du mâle et de la femelle (1751). ◆  Au XVIIIe s., il s'emploie en physique (1762) ; un sens figuré « introduction », en parlant de personnes (attesté en 1893, Goncourt), est sorti d'usage.
INTRON n. m. est composé (1979) de intr(o)- (→ intra-) et du suffixe -on* utilisé pour former des termes de physique.
❏  En biologie intron désigne la portion d'A. D. N. d'un gène d'eucaryote qui n'est pas recopiée par l'A. R. N. messager (on dit aussi séquence non codante).
■  Le mot s'oppose à EXON n. m. (1979 ; de ex-), où la séquence de codage est exprimée.
INTRONISER v. tr., attesté sous la forme moderne au XIIIe s., est aussi relevé avec diverses graphies : intronixer (v. 1223), intronizer (v. 1380 ; encore au XVIe s.), inthronizer (1549, par latinisation, jusqu'au XVIIe s.) ; c'est un emprunt au latin ecclésiastique inthronizare « placer sur un trône épiscopal », lui-même emprunté au grec enthronizein, composé de en « dans » et d'un verbe dérivé de thronos « siège d'apparat (pour le roi, le juge, la Pythie) » puis, en grec chrétien, « trône épiscopal » (→ trône).
❏  Le verbe, qui signifie d'abord « placer sur un trône », « placer dans une situation prédominante », s'emploie en parlant d'un souverain (v. 1485), d'un évêque (1690). ◆  Par extension, parfois avec une connotation ironique, il se dit pour « installer dans une fonction » (attesté 1839), et s'emploie figurément (1832, pron., Balzac) au sens d'« introduire de manière officielle ou solennelle », en parlant de choses (introniser une mode, une science), puis de personnes, dans certaines sociétés qui élisent leurs membres.
❏  Le dérivé INTRONISATION n. f. s'emploie comme le verbe, en parlant d'un évêque (fin XIVe s.), d'un souverain (déb. XVIe s.), et au figuré (1837, Michelet).