IRANIEN, IENNE adj. et n. est dérivé (1840) de Iran, nom de la Perse moderne (Cf. persan).
❏  Le mot se dit de ce qui est relatif à l'Iran et désigne (1867, n. m.) une des langues du groupe iranien.
❏  IRANISANT, ANTE n., dérivé (1877) d'Iran ou d'Iranien d'après les mots analogues en -isant (Cf. arabisant), désigne un spécialiste de l'Iran ancien (langue : persan ; civilisation).
L IRE n. f. est issu (fin Xe s.) du latin ira « colère » et « motif de colère », d'origine mal déterminée.
❏  Le français conserve ces sens, le mot, remplacé par colère dans l'usage courant, devenant au XVIIe s. « un peu vieux mais toujours reçu dans la belle poésie » (Richelet, 1680), puis « en usage dans le burlesque » (Trévoux, 1704). Il a encore des emplois littéraires et plaisants.
❏  IRASCIBLE adj. est un emprunt savant (v. 1175, iraiscible) au bas latin irascibilis, dérivé du latin classique irasci « se mettre en colère », lui-même dérivé de ira.
■  L'adjectif est introduit avec la valeur étymologique pour qualifier une personne prompte à s'irriter, à s'emporter. Au XIVe s., il passe dans le vocabulaire de la philosophie scolastique (1370-1372, puissance irascible), sens sorti d'usage, de même que l'irascible n. m. (1694) ou faculté irascible (1718) « celle des trois facultés de l'âme qui porte à la colère ». Le sens initial est resté vivant en français moderne, à la différence de ire.
IRASCIBILITÉ n. f., dérivé de l'adjectif ou emprunt savant au dérivé bas latin irascibilitas, est littéraire (1444 ; 1370-1372, Oresme, irasabilité).
IRÉNIQUE adj. est emprunté (1867) au latin ecclésiastique moderne irenicus, lui-même emprunté au grec eirênikos « pacifique », dérivé de eirênê « paix ».
❏  Cet adjectif très didactique qualifie ce qui apaise les querelles religieuses et s'emploie notamment dans livres iréniques « destinés à rétablir ou à consolider la paix (entre chrétiens de confessions différentes) ». Irénique se dit par analogie (v. 1960) de ce qui est empreint d'irénisme.
❏  De l'adjectif dérivent IRÉNISTE n. (1931), « personne qui croit à la paix perpétuelle », et IRÉNISME n. m. (attesté en 1962) « attitude de compréhension et de conciliation » (Cf. œcuménisme).
IRIDIUM n. m. est emprunté (1805) à l'anglais ; le mot a été créé par le chimiste Smithson Tennant en 1804 à partir du latin classique iris, iridis « arc-en-ciel » (→ iris), en raison des couleurs variées qu'offrent les combinaisons de ce métal.
❏  Le mot désigne un métal très dur et très lourd, extrait de certains minerais du platine.
❏  L'adjectif dérivé IRIDIÉ, ÉE (1872) s'applique à ce qui est allié avec de l'iridium (platine iridié, notamment en parlant de l'étalon matériel du mètre).
IRIS n. m. est un emprunt (1re moitié XIIe s.) au latin iris, iridis pris au grec Iris, Iridos, nom de la messagère des dieux, personnification de l'arc-en-ciel, d'où « arc-en-ciel », et par ailleurs « partie colorée de l'œil » et « fleur d'iris », parce que sa coloration fait penser à l'arc-en-ciel.
❏  Le mot désigne d'abord, comme en latin, une variété de quartz qui présente les couleurs de l'arc-en-ciel.
■  Par un autre emprunt au latin (XIIIe s.), il désigne une fleur ornementale et la plante vivace, à feuilles en lame d'épée, qui la produit. Dans ce sens, il s'emploie parfois au féminin.
■  Iris se dit ensuite (1478), après yride (v. 1370), de la partie de l'œil percée à son centre d'un orifice (la pupille), sens directement emprunté au grec par les médecins. ◆  Le mot, pour « arc-en-ciel » (1478, aussi écharpe d'Iris), est sorti d'usage ; il s'emploie par analogie (1690) pour désigner les couleurs de l'arc-en-ciel et, spécialement (1765), les cercles de couleur qui entourent un objet vu à travers une lentille. ◆  Vert d'iris désigne une couleur vert pâle (1680) ; poudre d'iris (1685 ; 1835, iris) « poudre utilisée en parfumerie » vient de ce que cette poudre est tirée de l'iris de Florence (XVIe s.). ◆  Du sens anatomique vient l'emploi en photographie (diaphragme [à] iris, et absolument iris).
❏  De l'emploi du mot en botanique dérive IRIDACÉES n. f. pl. (1850), qui a remplacé la forme IRIDÉES n. f. pl. (1798-1799).
Le sens anatomique a fourni les termes didactiques IRIEN, IENNE adj. (1814) « de l'iris de l'œil », IRITIS n. f. (1818) « inflammation de l'iris », et 1 IRIDIEN, IENNE adj. (1860).
De l'emploi pour « arc-en-ciel » vient 2 IRIDIEN, IENNE adj., didactique et rare. ◆  IRISER v. tr. (1749, s'iriser, Buffon) « colorer des couleurs de l'arc-en-ciel » est plus rare que le participe passé adjectivé IRISÉ, ÉE (quartz irisé). ◆  Du verbe dérivent les termes littéraires IRISATION n. f. (1833, G. Sand), IRISEMENT n. m., (1873, A. Daudet) et IRISABLE adj. (1877).
IRIDESCENT, ENTE adj., littéraire, dérivé savant (1842) du latin iris, s'applique à ce qui a des reflets irisés ; en dérive IRIDESCENCE n. f. (1924).
■  IRONE n. f., dérivé (v. 1900) de iris, désigne en chimie le principe auquel l'iris doit son odeur.
IRID-, IRIDO-, élément issu du grec iris, iridos au sens de « partie colorée de l'œil », sert à former des termes de médecine, tels que IRIDOTOMIE n. f. (1855), IRIDOSCOPE n. m. (1866), IRIDODILATATEUR, TRICE adj. (1909) ; IRIDOLOGIE n. f. « diagnostic fondé sur l'examen de l'iris de l'œil », et IRIDOLOGUE n.
❏ voir IRIDIUM.
IRISH COFFEE n. m., anglicisme (relevé en 1959), est une locution signifiant « café (coffee) irlandais (Irish) ».
❏  Le mot désigne une boisson composée de café sucré chaud et de whisky irlandais, nappée de crème. La traduction café irlandais, en usage, n'a pas supplanté l'anglicisme.
IRLANDAIS, AISE adj. et n., attesté chez Baïf (1567, archers Irlandois) et certainement antérieur, est dérivé de Irlande, nom d'une île de l'archipel britannique. Le nom propre Ireland vient en anglais de l'irlandais Eire et de land « terre », de même origine que lande*. Eire est d'origine incertaine ; on a évoqué le gaélique lar(-fhonn) « Ouest (du pays) » et I-iarunn, l'« île (i) du fer » (iarunn, d'où l'anglais iron).
❏  Qualifiant ce qui est relatif à l'Irlande et à ses habitants, le mot désigne en particulier (XVIIIe s., n. m.) le groupe des parlers celtiques d'Irlande. ◆  Cheval irlandais, ou irlandais n. m. désigne une espèce répandue en Irlande et en Bretagne au XIXe siècle.
IRONIE n. f. est emprunté (fin XIIIe s., yronie) au latin ironia, lui-même repris au grec eirôneia proprement « interrogation », d'où « action d'interroger en feignant l'ignorance », sens dû à la méthode de Socrate qui, en interrogeant ainsi ses interlocuteurs, visait à déjouer la suffisance de certains d'entre eux et à faire apparaître leur ignorance. Eirôneia dérive du verbe eirôneuesthai, lui-même de eirôn, -ônos « qui interroge en affectant l'ignorance ».
❏  Rare avant le XVIe s., le mot s'emploie d'abord pour désigner une forme de raillerie qui consiste à dire le contraire de ce que l'on veut faire entendre ; le sens étymologique est repris en rhétorique au XVIIe s. (av. 1680), sens précisé plus tard (1840) en ironie socratique. ◆  Une ironie se dit par métonymie (1656, Pascal) pour « parole ironique » puis « disposition railleuse » et « apparence ironique ». ◆  Le mot désigne figurément ce qui semble être une moquerie insultante, en parlant de faits (1764), d'où ironie du malheur (1807, Mme de Staël), ironie du sort (1810). ◆  Du sens rhétorique vient point d'ironie (1902) « signe de ponctuation destiné à indiquer au lecteur un passage ironique dans le texte », d'usage rare par rapport à point d'exclamation.
❏  Le dérivé IRONISER v. signifie d'abord (1644-1645, tr. ; 1690, intr.) « railler finement » ; le verbe est vieilli au sens transitif de « tourner en dérision » (1838).
■  IRONISTE n. et adj. (1776, Restif de la Bretonne) est aujourd'hui vieilli pour désigner une personne, un polémiste, qui pratique l'ironie ; son dérivé IRONISME n. m. (1897) est encore plus rare.
IRONIQUE adj., attesté en 1521 (yronicque), est probablement antérieur (Cf. ironiquement) ; l'adjectif est emprunté au bas latin ironicus, lui-même au grec eirônikos, dérivé de eirôn.
■  Terme de rhétorique, l'adjectif s'emploie à partir du XIXe s. avec la valeur extensive du nom, en parlant des événements (1831).
■  IRONIQUEMENT adv. (v. 1500) correspond aux valeurs de l'adjectif ; il est usuel.
I. R. M. ou IRM n. m. est le sigle de imagerie par résonance magnétique, et s'emploie couramment pour ces techniques ainsi que pour l'examen qui les utilise.
IROKO n. m., attesté en 1962 en français, est un emprunt au yoruba. Le mot dénomme un arbre des forêts d'Afrique tropicale (Moracées) exploité pour son bois, et ce bois. Faux iroko se dit d'un autre arbre de la même famille, dont l'écorce battue sert à fabriquer un tissu végétal (le tapa, en français du Pacifique et de Polynésie).
IROQUOIS, OISE adj. et n. (1609), d'abord écrit irocois (1603, Champlain) puis iroquois (1644), représente une déformation d'un mot de la langue iroquoise signifiant « vraies vipères ».
❏  D'abord employé pour désigner un groupe indien de l'Amérique du Nord, le mot s'est dit ensuite (1718), avec une valeur péjorative, d'une personne dont la conduite, les paroles paraissent bizarres, et, en argot français ancien (1808), d'un imbécile, puis d'un individu quelconque. Cf. Indien. L'adjectif, attesté dès 1609, s'est notamment employé pour qualifier un style poétique grossier (1703 au Canada), sens disparu. Ces valeurs sont à rapprocher de celles de huron et d'indien (en argot).
Dans les années 1980, une coiffure apparentée à celle des punks, tempes rasées et crète verticale, fait nommer iroquois ceux qui l'arborent. ◆  Le substantif désigne au sens propre (1645, écrit Hiroquois au Canada) l'ensemble des langues indiennes du même groupe que celle que parlent les Iroquois ; il a été employé péjorativement (1842) pour « langage inintelligible » (c'est de l'iroquois [1835 en français du Canada] ; Cf. c'est du chinois, de l'hébreu).
IRRADIER v. est emprunté (XVe s., irradyer) au latin impérial irradiare « projeter ses rayons sur », « rayonner, briller », formé par préfixation (→ 2 in-) à partir de radius « baguette pointue », puis « rayon lumineux » (ordinairement représenté par une lame à pointe aiguë) (→ radiation, rayon).
❏  Le verbe apparaît au sens d'« illuminer », d'abord au participe passé dans un contexte religieux (irradiez du Saint-Esprit, v. 1470) ; il est repris au XVIe s. comme intransitif avec le sens de « déverser ses lumières », en parlant de l'intelligence (1545), puis n'est plus attesté. ◆  Il réapparaît au début du XIXe s. pour servir de verbe à irradiation (ci-dessous), au sens de « se propager en rayonnant », en parlant d'une source lumineuse (1808, intr.), puis en parlant d'un feu, d'une source de chaleur (1842, pron.) et d'une sensation douloureuse (1867). ◆  Depuis le début du XXe s., irradier s'emploie spécialement et transitivement pour « exposer (un organisme ou une substance) à l'action de certaines radiations » en particulier à la radio-activité. ◆  De là, IRRADIÉ, ÉE adj. et n.
❏  L'adjectif dérivé IRRADIANT, ANTE, d'abord attesté au XVe s., est repris à la fin du XIXe s. au figuré, puis au XXe s. en parlant d'une source de lumière.
IRRADIATION n. f. est emprunté (v. 1390, irradiacion) au latin impérial irradiatio « action de rayonner », du supin irradiatum du verbe latin.
■  Le sémantisme du nom est analogue à celui du verbe ; d'abord employé au propre en parlant de l'émission de rayons lumineux, puis au figuré (1561, Calvin), il est repris à la fin du XVIIe s. pour désigner un mouvement qui part d'un centre et rayonne dans toutes les directions (1694, dans un contexte physiologique). ◆  Le premier sens est repris à la fin du XVIIIe s. (1796) pour désigner une lumière qui rayonne d'un corps lumineux et le fait paraître plus grand. ◆  De l'idée de déploiement à partir d'un centre vient l'emploi en anatomie (1805), à propos de la disposition rayonnée des fibres, des vaisseaux, etc. Irradiation s'utilise ensuite en médecine (1873, irradiation de la douleur) pour désigner la propagation de la douleur depuis son point d'origine. ◆  L'emploi pour « fait d'exposer à l'action de certaines radiations » (1926) correspond à la dernière valeur prise par le verbe.
IRRÉALISABLE → RÉALITÉ
IRRÉDENTISME n. m. est un emprunt (1890) à l'italien irredentismo, dérivé de irredento « soumis à la domination étrangère », formé du préfixe négatif ir- (→ 1 in-) et de redento « racheté », emprunt au latin redemptus, participe passé de redemire « racheter un captif », d'où « délivrer, affranchir » (→ rédimer). En Italie, l'association Irrendenta Italia (1877) s'était fixé pour mission de libérer les régions de langue italienne encore soumises à la domination de l'Empire austro-hongrois.
❏  Irrédentisme désigne la doctrine et le mouvement de revendication des nationalistes italiens. Par analogie, le mot s'est employé (1923, Barrès) en parlant d'un mouvement national s'inspirant des mêmes principes.
❏  Le dérivé IRRÉDENTISTE adj. et n. est lui aussi attesté en 1890.
IRRÉDUCTIBLE → RÉDUIRE
IRRÉFRAGABLE adj. est un emprunt (1470) au bas latin irrefragabilis « irréfutable », formé par préfixation (→ 1 in-) à partir du latin classique refragari qui signifie en droit public « voter contre, s'opposer à » et, employé au figuré, « être opposé à », « être incompatible avec ». Le verbe s'oppose à suffragari « voter », les deux verbes semblant issus d'une base -fragari, fragere, formée sur la même racine que frangere « briser » (→ enfreindre).
❏  Le premier emploi de ce mot didactique n'est pas clair ; il se dit ensuite (1508) de ce que l'on ne peut contredire ou récuser, notamment en parlant d'un fait. ◆  Le mot a qualifié ce que l'on ne peut dompter ou briser (déb. XVIe s., en parlant de l'amour, de la paix).
❏  Le dérivé IRRÉFRAGABLEMENT, adv., attesté une première fois en 1511, repris au début du XVIIe s. puis au XIXe s. (1835), est demeuré très rare.
IRRÉGULIER → RÈGLE
IRRÉMÉDIABLE → REMÈDE
IRRÉMISSIBLE adj. est emprunté (1234) au latin ecclésiastique irremissibilis « irréparable », formé de ir- (→ 1 in-) et de remissibilis « pardonnable », « aisé, doux » ; cet adjectif dérive du latin classique remissum, supin de remittere « renvoyer », « détendre » et au figuré « abandonner, renoncer à » (→ rémission), lui-même de mittere (→ mettre).
❏  L'adjectif apparaît en français, avec la valeur du latin, pour qualifier ce qui ne mérite pas de rémission et, par extension (XVe s.), ce qui, par son caractère impardonnable, cause la mort. Le mot entre dans des expressions comme péché irrémissible « péché contre le Saint-Esprit », en termes de théologie protestante (1877). ◆  Il s'emploie au XIXe s., sans valeur religieuse, pour qualifier ce qui a un caractère irréversible (mort irrémissible). Substantivé au milieu du XIXe s. (Baudelaire), l'adjectif se dit aussi par exagération pour « inexcusable, déplacé » (1883, Huysmans).
❏  IRRÉMISSIBLEMENT adv. rare (1550) apparaît d'abord sous la forme inremissiblement (1521).
IRREMPLAÇABLE → PLACE