IRRÉPRESSIBLE → RÉPRESSION
IRRÉSOLU, IRRÉSOLUTION → RÉSOUDRE
IRRIGUER v. tr., après une première attestation au XVIe s. du participe passé irrigué (1505), réapparaît au début du XIXe siècle. C'est un emprunt au latin irrigare « conduire, amener l'eau dans », « arroser » et au figuré « baigner » ; le verbe est formé de ir- (→ 2 in-) et de rigare « faire couler (l'eau, le sang, etc.) en dirigeant », « arroser » au propre et au figuré.
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Une forme erger, aboutissement phonétique du latin, est attestée en ancien vaudois en 1527, pour « arroser, irriguer ».
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Reprenant les valeurs du verbe latin, irriguer s'emploie d'abord pour « arroser (une prairie à l'aide de canaux) » (1835), emploi généralisé plus tard. Il est sorti d'usage en médecine pour « arroser une plaie » (1873). Il se dit ensuite par analogie (1947) pour « arroser naturellement (les tissus de l'organisme) », en parlant du sang, des liquides organiques, et dans le domaine économique pour « provoquer une arrivée importante (de capitaux, etc.) ».
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IRRIGATEUR n. m. désigne d'abord (1827) un instrument servant à irriguer les prés, puis en médecine (1832) un instrument destiné à faire des lavements, des injections ; cet emploi a disparu, ainsi que le sens de « personne qui irrigue » (1847, Balzac).
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IRRIGABLE adj. est attesté en 1839.
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IRRIGATION n. f. est emprunté au latin irrigatio « action d'arroser », formé sur irrigatum, supin du verbe latin.
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Le mot, attesté isolément au XVe s. en médecine, est repris dans ce sens en 1754. Depuis le début du XVIe s. il désigne l'arrosage des terres. Les emplois par analogie, parallèles à ceux du verbe, apparaissent au milieu du XXe siècle.
IRRITER v. tr. est un emprunt (1352-1356 au passif, Bersuire) au latin irritare ou inritare « exciter, stimuler », « provoquer » et « indisposer », que Ernout et Meillet considèrent comme un « mot expressif, sans étymologie », c'est-à-dire d'origine obscure.
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Le verbe reprend dans ses premiers emplois le sens latin de « mettre qqn dans un état de nervosité hostile » ; la construction irriter à (1510) est sortie d'usage ; s'irriter, relevé en 1640 (Corneille), est toujours en usage.
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Le sens de « rendre plus vif (un sentiment) » (1587 ; 1535, inriter) est archaïque et littéraire.
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Parallèlement, le verbe reprend le sens latin de « rendre douloureux, en déterminant une légère inflammation » (1536). Il a été utilisé au figuré pour « donner plus de force à un élément » (1559) par exemple dans irriter la mer (1564), également dans un contexte poétique, au pronominal, en parlant des flots (1583, employé jusqu'au XIXe s.).
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Irriter correspond en sciences naturelles à « faire réagir sous l'effet d'un stimulus » et s'emploie d'abord au participe passé (1755, nerfs irrités).
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IRRITANT, ANTE adj. qualifie (1549) ce qui met (qqn) en colère ; le mot est vieilli appliqué à ce qui détermine l'irritation (1555), d'où
un irritant n. m. (1835), ou, en biologie (1753), à ce qui provoque des réactions nerveuses ; il qualifie ce qui agit fortement sur les nerfs (1851).
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Plusieurs mots sont empruntés à des dérivés du latin
irritare ou de son supin.
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IRRITAMENT n. m., mot de la langue classique (av. 1650, Guez de Balzac), désignait ce qui excite, stimule. Sous la forme irritement, il avait signifié en moyen français « provocation » (1352-1356) et « irritation » (1544), comme le latin irritamentum auquel il est emprunté.
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IRRITATION n. f., emprunt au latin irritatio « action d'irriter » et « sensation irritante », se dit de l'état d'une personne irritée (v. 1400) et d'une inflammation légère (1694) ; le nom désigne (1830) l'état des nerfs irrités, mais il est sorti d'usage pour parler de l'action d'irriter au moyen d'un stimulus (1834).
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Le terme de médecine IRRITATIF, IVE adj. (1498) est dérivé de irritation ou du latin médical.
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IRRITABLE adj., emprunt au latin irritabilis « qui irrite » et « susceptible », a d'abord eu (1520) le sens de « qui provoque la colère », disparu, et en biologie (1757) « qui fait réagir les nerfs ».
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Il s'applique couramment (1829) à une personne qui se met facilement en colère.
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IRRITABILITÉ n. f., attesté en 1672 sous la forme latine irritabilitas (mot du latin impérial, dérivé de irritabilis), n'est relevé qu'en 1754 en biologie, pour désigner l'une des propriétés des nerfs, et en 1778 en emploi courant, pour « caractère d'une personne irritable ».
IRRORATION n. f. est un emprunt (1694) au latin chrétien irroratio, dérivé de irroratum, supin de irrorare « couvrir de rosée », « asperger », lui-même composé de ir- (→ 2 in-) et de rorare « couvrir de rosée » et au figuré « humecter, arroser », dérivé de ros, roris (→ rosée).
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Le mot désigne d'abord la pratique superstitieuse qui consistait à arroser une plante avec des liquides provenant d'un malade, pour le guérir. Il se dit aujourd'hui de l'action d'humecter par vaporisation (1825).
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IRRORER v. tr., emprunt au latin irrorare, a signifié « arroser » (1532, Rabelais) puis « vaporiser » (XIXe s.) ; il est sorti d'usage, comme son dérivé IRRORATEUR n. m. (1825).
IRRUPTION n. f. est un emprunt savant (1495) au latin irruptio « invasion (des eaux) », formé sur irruptum, supin de irrumpere « se précipiter dans », « envahir », employé spécialement en termes militaires ; ce verbe est formé de ir- (→ 2 in-) et de rumpere, ruptus « briser violemment » (→ rompre). Irrumpere a été emprunté en moyen français sous les formes adaptées irrumpre (1463), irrompre (1530) avec les sens du latin.
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Irruption s'emploie d'abord pour désigner une invasion soudaine et violente ; il est repris au début du XVIIIe s. en parlant d'idées, de sentiments (1701).
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Le premier emploi concret concerne les eaux qui débordent (1749) et l'entrée brutale de qqch. (1805), sens disparus.
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Irruption désigne aujourd'hui l'entrée en force et en masse de personnes dans un lieu (1789) et, par extension, l'entrée brusque et inattendue d'une personne (1833), d'où la locution faire irruption.
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Par confusion avec éruption « sortie brusque », irruption s'est employé (1797, Chateaubriand, et début XIXe s.) en parlant d'un volcan.
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Le dérivé IRRUPTIF, IVE adj. (XXe s.) est rare.
ISABELLE adj. inv., d'abord dans l'expression couleur d'Isabelle (1595 ; 1633 en emploi libre), est emprunté au prénom espagnol Isabel, forme populaire de Élisabeth, transformé en Isabelle d'après le latin médiéval Isabella (Cf. Isabel, Isabeau en français au XIVe s.). Le rapport entre le prénom et la couleur est peu clair : Littré reprend une anecdote qui attribue à Isabelle la Catholique le vœu, lors du siège de Grenade en 1491, de ne pas changer de chemise avant la prise de la ville, mais il s'agit probablement d'une explication pittoresque forgée a posteriori.
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Qualifiant une couleur jaune pâle, l'adjectif est lexicalisé dans
soie isabelle (1633) ;
isabelle n. m. est attesté dans ce sens en 1640.
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L'adjectif s'applique aujourd'hui à des chevaux (
cheval isabelle ; 1841,
n. m.).
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Par ailleurs le substantif désigne (1872) un cépage américain à raisins noirs ; dans cet emploi, le mot a probablement une autre origine, le prénom Isabel existant aussi en anglais.
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ISARD n. m. apparaît d'abord dans bouc ysarus (1387-1391) et est écrit ensuite ysard (1553) et aussi issars au pluriel (1614). Le mot et ses variantes sont attestés des deux côtés des Pyrénées ; on relève isard en catalan (XIVe s.) et dans le domaine aragonais sisardo, chizardo et sarrio, d'où vient le castillan sarrio (1625) ; en France, on trouve à l'ouest des Pyrénées le type sarri et ses dérivés sarride « troupe d'isards », sarriat « petit de l'isard », et à l'Est le type isart. Certains rattachent ces formes au basque izar « étoile », à cause de la tache blanche portée par les jeunes isards sur le front ; le suffixe basque -di, qui exprime la présence, expliquerait le type isar-t. Pour d'autres, l'ensemble des formes, d'origine préromane, viendrait d'une base préindoeuropéenne ibérique izarr- de sens obscur, peut-être antérieure au basque. Le passage à -rr-, -rd- s'expliquerait par des raisons phonétiques. La variante graphique izard est rare et archaïque.
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Le mot a supplanté dans les Pyrénées chamois, mot employé dans les Alpes (Cf. aussi le portugais camuza) pour désigner le même animal ; il demeure régional.
ISATIS n. m. est un emprunt (1740) au grec isatis « plante fournissant un colorant bleuté », appelée surtout pastel. Le mot, faisant allusion à cette couleur, a été appliqué par les zoologistes à un renard polaire dont la fourrure, blanche en hiver, a des reflets gris bleuté en été (appelé couramment renard bleu).
ISBA n. f., relevé chez La Pérouse (1797), est emprunté au russe izba « maison traditionnelle en bois de sapin », d'origine incertaine. Il s'agit peut-être d'une création slave à partir de istopit' « chauffer » ou d'un emprunt au germanique °stuba, représenté par le haut allemand stuba « endroit chauffé » ; on y a vu aussi un emprunt au latin populaire °extupa (→ étuve). On trouve antérieurement la forme wisbys (1669), résultant d'une mauvaise transcription de visby « dans les isbas », le mot russe étant ici à l'accusatif pluriel avec agglutination de la préposition v « dans ». La graphie izba (1863, Mme de Ségur) est sortie d'usage.
❏
Le mot conserve le sens du russe.
ISCHION n. m. (1538, Chauliac) est attesté isolément au XIVe s. sous la forme adaptée scie, puis chez Rabelais (1534) écrit ischie. Le mot est emprunté au grec iskhion chez Homère, « os du bassin où s'emboîte le fémur », puis « hanche ».
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C'est au sens disparu de « hanche » que le mot est introduit. Ce terme d'anatomie désigne aujourd'hui (1538) une partie de l'os coxal — les deux autres étant l'ilion et le pubis — en bas et en arrière du bassin.
❏
Le dérivé ISCHIATIQUE adj. « de l'ischion », employé dans veine isciatique (1687), nerf ischiatique (1761), succède à isciatique, ischiatique n. f. pour « sciatique » (1532, Rabelais ; 1605, goutte ischiatique).
❏ voir
SCIATIQUE.
-ISER est un suffixe verbal savant emprunté au bas latin -izare, qui correspond au grec -izein. Ce suffixe entre dans la formation de verbes transitifs à valeur factitive, dérivés de substantifs (alcooliser), et de verbes à valeur intransitive construits sur des noms de peuples ou de langues (helléniser). Utilisé depuis le XIVe s. (tyranniser, 1370), il reste très productif au XXe s., en particulier pour former des verbes dans le vocabulaire didactique (robotiser) et dans la langue littéraire.
ISINGLASS n. m. est emprunté (1803) à l'anglais isinglass (1660), d'abord isonglas (1545), altération probable, d'après glass « verre », du néerlandais huisenblas, en moyen néerlandais huusblas « vessie (blas) d'esturgeon (huus) ».
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Ce terme technique reprend les sens de l'anglais : il désigne le mica utilisé comme verre isolant puis, par analogie d'aspect, équivaut à « gélose » (1876) et se dit par retour possible au sens étymologique, d'une matière gélatineuse extraite des cartilages et des vessies natatoires de poissons (1877).
ISLAM n. m. est un emprunt (1697) à l'arabe (᾿islām), proprement « soumission, résignation » nom d'action tiré du verbe aslama « il s'est soumis », spécialement « à Dieu », quatrième forme de salama, salima « il est sain, libre, en sécurité ».
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Le mot désigne la religion prêchée par Mahomet, fondée sur le Coran ; avec l'initiale majuscule, Islam se dit de l'ensemble des peuples qui professent cette religion.
❏
Islam a fourni plusieurs dérivés.
ISLAMISME n. m. (1697) signifie « religion musulmane » ; il a pour dérivé
ISLAMISTE adj. (1803, Chateaubriand).
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ISLAMITE adj. et n. (1759) a été supplanté par musulman.
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ISLAMIQUE adj. (1835, Lamartine) s'applique à ce qui est relatif à l'Islam ; à la différence du précédent, il est resté en usage.
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ISLAMISER v. tr. « convertir à l'islam, intégrer au monde islamique » (1862, Renan) est fréquent au participe passé ISLAMISÉ adj. (1902) et a fourni ISLAMISATION n. f. (1903).
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ISLAMITÉ n. f. fait partie des mots exprimant la spécificité d'une culture, d'une communauté, dans ce cas à propos de l'ensemble des pays d'Islam ou islamisés, de tous les musulmans.
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ISLAMOLOGIE n. f. « étude de l'Islam » est un composé didactique récent (mil.
XXe s.), de
-logie, comme
ISLAMOLOGUE n., formé avec
-logue.
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ISLAMOPHOBIE n. f. et ISLAMOPHOBE adj. et n. apparus dans les années 1980, renvoient à une hostilité de principe à l'égard de l'Islam et des musulmans, et notamment, dans le contexte français, à l'égard des Maghrébins immigrés.
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PANISLAMIQUE adj. est attesté en 1921.
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PRÉISLAMIQUE adj. (attesté dans les années 1930) à côté de
ANTÉISLAMIQUE adj. s'applique aux faits culturels, historiques, littéraires, langagiers, antérieurs à l'hégire ou à l'islamisation, dans les premières zones de diffusion de la religion et de la civilisation islamiques (à propos, notamment, de la langue arabe, de la poésie).
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ARABO-ISLAMIQUE adj., qualifie ce qui concerne à la fois le monde arabe et l'islam.
ISLANDAIS, AISE adj. et n. dérive (1732) du nom toponymique Islande qui signifie « terre (land) de glace (eis, is, Cf. anglais ice) ».
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Le mot s'applique d'abord à une personne qui habite ou est originaire d'Islande. Comme nom masculin, il désigne (1827, n. m., Ampère) la langue scandinave parlée en Islande depuis le IXe s., qu'il s'agisse du vieil islandais ou d'islandais moderne.
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En France, Islandais n. m. est le nom donné à un pêcheur breton faisant les campagnes de pêche à la morue sur les bancs d'Islande (1883, P. Loti ; Cf. terre-neuvas) ; en ce sens le mot est aussi adjectif (1906, goélette islandaise).
ISMAÉLIEN, IENNE n. et adj. est tiré de la transcription française du nom de Ismaél (Isma'il), mort en 762, avant son père, l'imam Djafar al-Sadiq qui l'avait désigné pour lui succéder. Il est considéré par certains chiites, appelés pour cela ismaéliens, comme le dernier imam. Comme adjectif, on parle de la diaspora ismaélienne.
-ISME, suffixe savant, vient du grec -ismos, par l'intermédiaire du bas latin -ismus, et sert à former des substantifs masculins. Ce suffixe a été très utilisé, sous la forme -ismus, dans le latin scolastique, d'où il est passé en français, entrant dans la formation de nombreux dérivés à partir de la Renaissance. Il a été très productif dans la première moitié du XIXe s. pour construire des termes politiques, économiques et philosophiques, puis s'est employé dans l'ensemble du lexique.
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Joint à un nom ou à un adjectif, -iste forme des termes politiques et sociaux avec la valeur de « système d'opinions », « attitude, tendance », souvent combiné avec des préfixes comme anti-, pro-..., des termes de philosophie, de science, de religion (« doctrine », « croyance »), des termes littéraires, artistiques (« école, tendance ») ; -isme dénote une attitude positive par rapport à la croyance, etc. représentée par la base.
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Par ailleurs, il a pour valeur « attitude et activité (conforme à la tendance qu'exprime la base) », par exemple dans constructivisme ou « favorable à une personne, un groupe » (américanisme). Correspondant parfois à l'idée d'« activité professionnelle » (journalisme), le suffixe peut exprimer un caractère ou un état particulier, une maladie (mongolisme).
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-isme se construit aussi avec des noms propres (bovarysme), notamment en politique (gaullisme), avec des verbes (dirigisme) ou des syntagmes (je-m'en-foutisme). La plupart des mots en -isme correspondent à une forme en -iste* (adj. et n.).
ISO- est un premier élément tiré du grec is(o)-, de isos « égal », dont l'origine est inconnue, et qui a donné en grec un grand nombre de composés. Iso- entre dans la composition de nombreux termes scientifiques en géographie, géophysique, médecine... ; il signifie « égal », opposé à hétéro- et à aniso-, et peut aussi indiquer une équivalence, une identité entre des éléments. Les composés sont souvent directement empruntés au grec.
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ISOCHRONE adj. (1682), d'abord
isochron (1675) et auparavant noté chez Descartes en caractères grecs (1629,
isokronoi pl.), est emprunté au grec
isokhronos « contemporain » puis « égal en durée », de
khronos « temps, durée »
(→ chrono-). Ce terme scientifique signifie « dont la période a une durée constante ».
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En ce sens, on emploie aussi
ISOCHRONIQUE adj. (1867).
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Isochrone se dit aussi de neurones qui ont la même chronaxie.
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Il a un dérivé, ISOCHRONISME n. m. (1700).
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ISOGONE adj. conserve en mathématiques (1682) le sens de son étymon, le grec
isogônios « qui a des angles égaux » (et, tardivement, « qui a le même nombre d'angles »), de
gônia « angle »
(→ genou).
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Le mot s'emploie aussi en géographie (1902) dans lignes isogones « lignes qui relient sur une carte les points de la Terre ayant une même déclinaison magnétique ».
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On emploie également avec ce sens ISOGONIQUE adj. (1864 ; Cf. anglais isogonic, av. 1859) et ISOGONAL, ALE, AUX (attesté XXe s. ; Cf. anglais isogonal, 1857).
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ISOMORPHE adj. formé avec
-morphe s'emploie en chimie (1821), appliqué à un corps qui présente la même structure cristalline qu'un autre, en mathématiques (1905, Poincaré) et au sens général de « qui correspond à des réalisations de la même structure », spécialement en linguistique (
XXe s.).
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Il a pour dérivé ISOMORPHISME n. m. (1824) ; la variante ISOMORPHIE n. f. (1845) est vieillie.
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ISODYNAME adj. et n. f. est une adaptation (1834) du grec
isodunamos « d'une puissance (ou d'une valeur) égale », de
dunamis « puissance, force »
(→ dynam[o]-).
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Le mot s'est d'abord employé en botanique, puis (1873) en physique ; repris en géographie d'abord comme nom féminin (1863) puis comme adjectif (1873), il désigne une ligne reliant des points de la Terre où l'intensité horizontale du champ magnétique terrestre prend la même valeur. L'adjectif s'applique ensuite en physiologie (1898) à ce qui apporte à l'organisme un même nombre de calories que la même quantité d'un aliment différent.
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Le dérivé ISODYNAMIQUE adj. est employé en géographie (1836, ligne isodynamique) et en physiologie (1911).
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ISODYNAMIE n. f., emprunt attesté isolément (1556) au sens de « règle des équipollences », est emprunté au grec tardif isodunamia « égalité de puissance, de force ou de valeur », de isodunamos. Le mot est repris en physiologie (1907).
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ISOMÉTRIQUE adj. (1832, en mathématiques), dérivé savant du grec tardif
isometros, signifie « dont les dimensions sont égales » et s'emploie aussi en minéralogie (1845), en géométrie (1902,
perspective isométrique), en métrique (1958) où l'on utilise aussi
ISOMÈTRE adj. (attesté 1962).
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ISOMÉTRIE n. f., d'abord utilisé en arithmétique (1797), pour désigner une opération par laquelle on réduit deux ou plusieurs fractions à un même dénominateur, se dit aujourd'hui (mil. XXe s.) d'une transformation ponctuelle laissant invariantes les distances (aussi transformation isométrique).
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ISOCLINE adj. est emprunté (1845) au grec
isoklinês « qui penche également », de
klinein « pencher »
(→ climat, enclin). Terme scientifique (physique, géographie), l'adjectif signifie « d'égale inclinaison magnétique » (1873,
lignes isoclines ; av. 1931,
n. f., une isocline).
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ISOCLINAL, ALE, AUX adj. (1885) est de même origine avec le suffixe -al, d'après anticlinal* (Cf. anglais isoclinal, 1882 en ce sens ; dès 1839, « isocline »). En géologie, l'adjectif signifie « dont les flancs ont la même inclinaison ».
◈
ISOBARE adj. et n. f. est un emprunt (1863) au grec
isobarês « d'un poids égal (à) », de
baros « pesanteur, poids » qui se rattache à une racine indoeuropéenne
°gwer- « lourd »
(→ baryton, grave).
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Terme de météorologie, isobare signifie « d'égale pression atmosphérique », comme son dérivé ISOBARIQUE adj. (1877).
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ISOÉLECTRIQUE adj. (1904) désigne
(point isoélectrique) la valeur à laquelle une substance en solution a une charge électrique nulle.
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ISOGLOSSE n. f. et adj. est un emprunt (v. 1900 ; Meillet emploie le mot en 1908) à l'allemand
Isogloss (1892, Bielenstein), formé du grec
iso- et de
-glôssos « qui a la langue, qui parle (de telle ou telle manière) », de
glôssa « langue ».
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Le mot désigne une ligne correspondant à l'ensemble des lieux limites présentant un même phénomène linguistique et séparant, sur une carte, deux aires dialectales distinctes.
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À partir d'
isomère*, iso- s'est spécialisé en chimie comme premier élément de noms d'isomères, comme
ISOBUTANE n. m. (1886 ; de
butane), qui semble avoir été précédé par l'anglais
isobutane (1876).
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ISOPRÈNE n. m. est un emprunt à l'anglais
isoprene (Williams, 1860), mot-valise formé de
iso- et
propylène. Il désigne un carbure d'hydrogène pouvant fournir par polymérisation, des substances ayant les propriétés du caoutchouc.
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ISOPODE, après avoir qualifié comme adjectif (1806) des animaux aux pattes semblables, s'est appliqué comme nom à un ordre de crustacés malacostracés sans carapace souvent parasites, vivant sur terre ou dans l'eau.
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ISOPTÈRES n. m. pl., de
-ptère, s'applique à un ordre d'insectes à deux paires d'ailes semblables, les termites.
❏ voir
ISOCÈLE, ISOMÈRE, ISOTHERME, ISOTONIQUE, ISOTOPE, ISOTOPIE, ISOTROPE.