ISOCÈLE adj. est un emprunt savant (1542) au bas latin isosceles « qui a deux côtés égaux » (d'un triangle), lui-même du grec isoskelês, de même sens, littéralement « qui a les jambes égales », composé de iso- (→ iso-) et de skelos « jambe ». Le mot s'est aussi écrit isoscèle (1542), graphie déjà moins fréquente au XVIIIe s. mais que Littré jugeait la seule correcte et étymologique.
❏  Isocèle conserve la valeur étymologique en géométrie, surtout dans triangle isocèle.
❏  Il a pour dérivé ISOCÉLIE n. f. (1873 ; 1867, isoscélie), d'après le grec tardif isoskelia « égalité des côtés ».
❏ voir SCOLIOSE
ISOLÉ, ÉE adj. est un emprunt (1575) à l'italien isolato « construit en îlot », « séparé », participe passé du verbe isolare « rendre comme une île », « séparer » (attesté au XVIe s.), lui-même dérivé de isola « île » et « îlot de maisons », issu du latin insula comme le français île*.
❏  D'abord employé en architecture, l'adjectif qualifie ce qui forme un édifice indépendant (comme une île) ; il ne se répand que dans la seconde moitié du XVIIe s. (1676, Félibien, colonne, maison isolée) puis s'applique à une personne séparée des autres hommes (1694, cœurs isolés). ◆  Au XVIIIe s., isolé se dit figurément d'un élément du discours détaché de son contexte (1758, Rousseau, passage isolé) et prend le sens général de « séparé de choses de même nature » (1759, Voltaire). L'adjectif s'emploie ensuite en parlant d'un fait séparé de son environnement en vue d'une analyse (1794, Condorcet) puis qualifie un fait rare ou unique (1831, Lamennais). ◆  Il s'applique spécialement, dans le vocabulaire militaire, à un soldat qui n'appartient à aucun corps (1835) ; un isolé n. m. s'emploie dans le même sens (1893). ◆  En emploi concret, isolé, en électricité (1867), s'applique à un corps qui n'est pas en contact avec un conducteur (Cf. ci-dessous isolateur).
❏  Le dérivé ISOLER v. tr. a d'abord signifié « faire prendre la forme d'une île » (1653, Saint-Amant, en parlant d'une prairie) ; il est ensuite employé comme isolé en architecture, au sens général de « séparer (qqch.) des objets environnants » (1690, d'un château). S'isoler « se séparer des autres hommes » (av. 1697, Mme de Sévigné) précède l'emploi transitif (1752) en ce sens. ◆  Isoler est utilisé également au XVIIIe s. en électricité (1749) et au figuré au sens de « considérer à part, hors d'un contexte » (une question, un mot, etc.) [1761, Rousseau]. Puis le verbe s'emploie spécialement en chimie (1821, isoler un corps simple) et à propos d'un malade contagieux (1824). En acoustique, isoler une pièce (v. 1950) signifie l'insonoriser avec des matériaux isolants.
Les nombreux dérivés du verbe conservent l'idée générale de « séparation ».
■  ISOLEMENT n. m., d'abord employé en architecture (1701), est peu employé avant les années 1770. Le mot désigne la situation d'une personne isolée (1778, Mirabeau), s'emploie en parlant d'un pays (1779, Beaumarchais), puis il entre dans le vocabulaire de la physique (1783). Au XIXe s., il s'utilise en parlant d'un malade (1824) d'où par extension d'un détenu. Enfin, le mot s'applique en politique à l'absence d'engagement d'un pays avec d'autres nations (déb. XXe s.).
■  ISOLATION n. f. (1774, Beaumarchais) est sorti d'usage pour désigner l'état d'une personne sans soutien ou réduite à la solitude, supplanté par isolement. ◆  Le mot s'est spécialisé comme terme de physique (1803), puis en psychanalyse (déb. XXe s.) à propos d'un mécanisme de défense propre à la névrose, qui consiste à isoler un comportement de sorte que sa relation avec le reste de l'existence se trouve rompue. En technique (av. 1958), il se dit de l'action de protéger une pièce contre le froid, le bruit. Dans plusieurs emplois, ce pourrait être un anglicisme.
■  ISOLATEUR, TRICE adj. (1783) et n. m. (1832) est un terme de physique spécialisé comme nom en électricité pour « dispositif isolant ».
■  ISOLOIR n. m. a désigné (1783) une sorte de tabouret qui permettait d'isoler qqn lors d'expériences d'électricité. Le mot s'est dit (1849) d'un endroit où l'on est à l'écart ; avec cette valeur il s'emploie couramment (1914) en parlant de la cabine où un électeur s'isole pour préparer son bulletin de vote.
■  ISOLANT, ANTE adj. (1789) et n. m. (1890), participe présent d'isoler, est un terme d'électricité, pour « qui isole, empêche le courant de passer ». Il s'emploie aussi en linguistique dans langues isolantes (1867), caractérisées par la juxtaposition d'éléments simples dont la valeur dépend de la place ou de l'intonation (par ex. le chinois). Le mot s'emploie aussi au figuré (XXe s.) au sens de « qui constitue une barrière morale ».
■  ISOLABLE adj. (1845) signifie « qui peut être isolé ».
■  ISOLÉMENT adv., dérivé d'isolé, est relevé à la fin du XVIIIe s. (1787, Féraud).
ISOLAT n. m. (1947), peut-être formé d'après habitat, est un terme didactique désignant un groupe ethnique isolé. Le mot s'emploie aussi en biologie (1962, suffixe comme dans filtrat) et se dit du matériel obtenu à partir d'organismes vivants, à des fins d'analyse.
ISOLATIONNISME n. m. « politique d'isolement » est un emprunt (1931) à l'anglo-américain isolationism (1922), formé d'après isolationist, de isolation, lui-même emprunté au français, et usité en politique comme isolement l'est en français ; aux États-Unis, le mot s'est appliqué à la politique d'isolement des États-Unis à la fin du XIXe siècle.
■  Le mot ne s'est répandu en France qu'à partir de 1945, comme ISOLATIONNISTE adj. (1938) et n. (1946), qui en dérive ou est emprunté à l'anglo-américain isolationist (1899, n.).
❏ voir ISOREL.
ISOMÈRE adj. et n. m. est une adaptation (1830, Berzelius) du grec isomerês « pourvu d'une part égale », composé de iso- (→ iso-) et de -merês, de meros « part, partie, portion », à rapprocher du latin merere (→ mérite).
❏  L'adjectif qualifie en chimie des composés ayant la même formule brute et des propriétés différentes dues à un agencement différent des atomes dans la molécule. ◆  Le mot a été repris (mil. XXe s.) en physique nucléaire, probablement d'après l'anglais (1934), pour qualifier deux noyaux de même composition dont l'énergie est différente.
❏  ISOMÉRIE n. f., d'abord (1691) emprunt direct au grec comme terme d'arithmétique, a été reformé comme dérivé d'isomère en chimie (1831) puis en physique atomique : isomérie nucléaire (mil. XXe s.), d'où ISOMÉRIQUE adj. (1831, Berzélius), aussi en physique atomique d'après l'anglais isoméric (1934).
■  ISOMÉRISME n. m. (1867), emprunt à l'anglais isomerism (1838), ISOMÉRISATION n. f. (1905), emprunt à l'anglais isomerization (1891), ISOMÉRISER v. tr. (mil. XXe s. dans les dictionnaires), emprunté à l'anglais to isomerize (1891), concernent tous trois l'isomérie chimique.
ISOREL n. m. est un nom déposé (1952) probablement formé d'après isoler*.
❏  Le mot désigne un matériau isolant fait de particules de bois encollées et agglomérées en panneaux sous très forte pression.
ISOTHERME adj. et n. f., attesté d'abord comme adjectif (1816, A. de Humboldt, en français), est formé de iso-* et du grec thermê « chaleur » (→ -therme), de thermos « chaud ».
❏  Terme didactique et courant, le mot signifie « qui a la même température » (1816, parallèles isothermes), d'où en climatologie lignes isothermes (1845) ou isotherme n. f. (1873). ◆  Par extension (1867), l'adjectif qualifie en physique ce qui se produit à température constante et s'applique spécialement (mil. XXe s.) à un camion, un wagon, etc. dont l'intérieur se maintient à une température constante.
❏  En dérivent ISOTHERMIQUE adj., employé en géographie (1845) et en physique (1877), et ISOTHERMIE n. f., terme de physiologie (1906) et de physique (1911, Poincaré).
ISOTONIQUE adj. est une adaptation (1897) de l'allemand isotonisch, formé par A. Pick en 1882 et dans un autre domaine par de Vries en 1884, à partir du grec tardif isotonos « de tension, d'intensité égale », de iso- (→ iso-) et tonos (→ tonus), par suffixation en -isch (→ -ique).
❏  L'adjectif qualifie une solution qui a la même tension osmotique qu'une autre solution, sens emprunté à l'allemand (H. de Vries) ; en médecine sérum isotonique (ou physiologique) [1922] désigne un sérum artificiel, ayant la même concentration moléculaire que le sérum sanguin. L'acception introduite en physiologie par A. Pick, « qui a une tonicité uniforme ou égale à une autre à laquelle on la compare », est reprise au milieu du XXe s. (contraction isotonique).
❏  Du premier sens vient ISOTONIE n. f. (1902) et du second ISOTONICITÉ n. f. (mil. XXe s.) d'après tonicité*.
1 ISOTOPE n. m. et adj. est un emprunt (1914) à l'anglais isotope (1913), mot créé par F. Soddy et composé du grec iso- (→ iso-) et de topos « lieu, place » (→ topo-).
❏  Le mot désigne chacun des éléments de même numéro atomique (occupant la même place dans la classification de Mendeleïev), mais de masse atomique différente (même nombre de protons mais nombre différent de neutrons).
❏  En dérive 1 ISOTOPIE n. f. (1924), d'après l'anglais isotopy (1919, Soddy).
1 ISOTOPIQUE adj. (1914) est emprunté à l'anglais isotopic (1913, Soddy ; déjà employé dans un autre sens en chimie, 1904), dérivé de isotope.
■  ISOTONE adj. (1934) a été formé à partir de isotope, avec substitution de n à p, par référence au p de proton et au n de neutron, l'adjectif signifiant « qui possède le même nombre de neutrons (et un nombre différent de protons) ».
RADIO-ISOTOPE n. m., terme de physique forgé en anglais (1946), désigne tout isotope radioactif d'un élément chimique (radioélément), comme le carbone, le sodium, l'iode, le phosphore, pouvant être utilisé comme marqueur, traceur.
2 ISOTOPE → 2 ISOTOPIE
1 ISOTOPIE → 1 ISOTOPE
2 ISOTOPIE n. f. est composé (v. 1965, Greimas) de iso-* et du grec topos « lieu, place », employé en rhétorique, notamment aux sens de « fondement d'un raisonnement », « sujet ou matière d'un discours », « lieu commun » (→ topo-).
❏  Ce mot didactique, créé et employé par A.J. Greimas et ses disciples en sémiologie du discours, désigne un ensemble de catégories sémantiques, repérables en plusieurs points de l'énoncé, qui permettent d'assigner une valeur unique et cohérente aux unités ambiguës dans le discours.
❏  2 ISOTOPIQUE adj. (v. 1965, Greimas) s'applique à ce qui est relatif à une isotopie.
ISOTROPE adj. représente (1840, Cauchy) une adaptation du grec byzantin isotropos « de même caractère », composé de iso- (→ iso-) et de tropos « direction », « manière », « façon de se comporter » (→ -trope).
❏  Cet adjectif signifie « qui présente les mêmes propriétés dans toutes les directions, spécialement les mêmes propriétés physiques ».
❏  ISOTROPIE n. f. en a été dérivé (1890), de même que son contraire préfixé ANISOTROPE adj. et n. m. (1858) de an- privatif, d'où ANISOTROPIE n. f. (1890).
ISRAÉLITE n. et adj., attesté en 1458 (Israellite, n. ; 1480, ysraelite, adj.), est un emprunt au bas latin Israelita, grec Israêlitês, adaptation à l'aide du suffixe -(i)tês de l'hébreu yiśre᾿ēlî, adjectif tiré de yiśrā᾿el « Israël », nom donné à Jacob après sa lutte contre l'ange (Genèse, XXXII) et, par extension, au peuple juif.
❏  Le mot désigne une personne qui appartient à la communauté juive ; il s'emploie, en concurrence avec juif qui a parfois des connotations indésirables. Il entre dans la locution employée à l'époque classique (1690) un bon Israélite « un homme franc et sincère » (d'après la parole du Christ à propos de Nathanaël, Évangile de Jean, I, 47). ◆  Israélite est didactique pour « descendant de Jacob » et comme synonyme de hébreu.
❏  ISRAÉLISTE adj. est un synonyme ancien (1847, Balzac) de israélite.
■  ISRAÉLITISME n. m. ne s'emploie plus (1881, Renan) pour judaïsme.
ISRAÉLIEN, IENNE adj. et n. dérive (1948) du nom de l'État d'Israël, fondé le 14 mai 1948 ; le mot qualifie ce qui concerne l'État d'Israël (le shekel est l'unité monétaire israélienne) et désigne qqn qui vit en Israël, en est originaire. ◆  L'élément ISRAÉLO- sert à former des composés dont le sens est « relatif à Israël et à une autre entité politique ou géographique » (les relations israélo-américaines). Un emploi courant est ISRAÉLO-ARABE, notamment à propos des quatre conflits entre Israël et ses voisins arabes (1948-1949 ; 1956 ; juin 1967, la « guerre des Six Jours » ; octobre 1973, la « guerre du Kippour »).
-ISSIME, suffixe tiré du latin -issimus ou de l'italien -issimo, entre dans la formation d'adjectifs à valeur superlative, dont certains sont empruntés à l'italien (par ex. rarissime, sérénissime) ; la base est un adjectif (richissime) ou parfois au XXe s. un nom de personne ; ce suffixe, à la mode dans les années 1950-1960, a servi à former des adjectifs plus ou moins plaisants.
L ISSU, UE adj., d'abord sous la forme eissuz (1120-1150) puis issu (v. 1200), est le participe passé de l'ancien verbe intransitif ISSIR (v. 1200), d'abord escire (1re moitié Xe s.) et eissir (1080). Issir représente l'aboutissement du latin exire « sortir », « se mettre en marche » et, au figuré, « sortir (de la vie) », « provenir, tirer son origine de », « être écoulé (du temps) ». Le verbe latin est formé de ex- (→ ex-) et de ire « aller », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °ei-, °i- « aller ».
■  Le verbe issir a été employé au sens de « sortir » (1re moitié Xe s.) et au figuré pour « en finir avec qqch. » (v. 1200). Supplanté par sortir au XVIe s., il est sorti d'usage au XVIIe s. seulement utilisé au passé composé, au figuré (1680, Richelet). Il ne s'emploie aujourd'hui que par archaïsme littéraire.
❏  Issu, ue signifie « qui est né, sorti » d'une personne, d'une espèce, etc., puis s'applique par figure (1656) à ce qui provient, résulte de qqch.
❏  ISSANT, ANTE adj. et n., participe présent adjectivé du verbe issir, terme de blason (1651), s'applique à des figures d'animaux qui, ne présentant que la partie supérieure du corps, semblent sortir de l'écu. ◆  Il a pour composé CONTRE-ISSANT, ANTE adj. (1694).
ISSUE n. f. représente le féminin substantivé d'issu. Le mot désigne (v. 1155, Wace) une ouverture offrant la possibilité de sortir d'un lieu, d'où la locution prépositive à l'issue de au figuré « en sortant de, à la fin de » (1273). Plus tard, issue désigne (1501) la manière dont on se sort d'une affaire, dont une chose arrive à son terme, d'où faire issue « sortir d'une situation désagréable » (av. 1560, Du Bellay) et l'emploi moderne du mot, « moyen de se sortir d'affaire » (1671).
■  Depuis la fin du XVIIe s., issue désigne un lieu par où peut sortir qqch. (1690) puis s'emploie dans l'expression sans issue, au propre (1764) et au figuré. ◆  Par ailleurs le nom a exprimé l'action de sortir (v. 1165) et la conclusion d'une chose (v. 1175), emplois disparus en français classique. ◆  En droit féodal (1244) droits d'issue se disait de ce que devait payer un vassal quand il sortait de la domination de son suzerain. Le mot a aussi désigné (1393) le dernier service d'un repas.
Enfin les issues au sens de « viscères » a disparu en parlant des humains, mais s'est conservé (1332) en parlant des animaux, spécialement en boucherie. ◆  Au pluriel le mot s'utilise aussi pour désigner (1751) ce qui reste des moutures après séparation de la farine.
-ISTE, suffixe savant d'origine grecque (-istês) passé en français par le latin -ista, sert à la formation de substantifs désignant des personnes et d'adjectifs qui correspondent souvent à un dérivé en -isme*.
❏  Les mots ainsi formés se rapportent à l'exercice, par la personne désignée, d'un métier (journaliste), d'une activité (canoéiste), d'une spécialité (urbaniste) ou à son adhésion à une doctrine, un mode de vie, de pensée, etc. (royaliste, communiste, gaulliste, humaniste). Le plus souvent, à un mot en -iste correspond un nom masculin en -isme*. La formation de mots en -iste reste très productive, spécialement avec les noms propres (maoïste, castriste, etc.) ; seules des difficultés phonétiques peuvent bloquer le système. ◆  Les composés en -iste se prêtent à la préfixation par anti- (antistructuraliste), parfois par pro- (procommuniste).
ISTHME n. m. est un emprunt (1538), précédé par la forme ismon (v. 1240), au grec isthmos « passage étroit ou resserré », employé en géographie et par analogie en anatomie pour « cou, gorge ». Le mot est à nouveau emprunté (1552) d'abord sous la forme latine (1527), cette fois au latin classique isthmus, spécialement en parlant de l'isthme de Corinthe, et « détroit », emprunt au grec.
❏  Introduit comme terme d'anatomie, ismon désignait le gosier (v. 1240).
■  Isthme et ses variantes se disent d'une langue de terre séparant deux mers, et réunissant une presqu'île au continent (1527, isthmus « l'isthme de Corinthe » ; 1556, isthmos, au sens général).
❏  ISTHMIQUE adj. (1626) est dérivé du nom ou emprunté au latin isthmicus, lui-même du grec isthmikos de même sens.
■  Il s'applique d'abord, dans odes isthmiques (1626), aux odes composées par Pindare à la gloire des vainqueurs aux jeux (Jeux isthmiques, 1636), qui se disputaient tous les trois ans sur l'isthme de Corinthe, en l'honneur de Poséidon. On a aussi nommé ces jeux isthmies (1636, n. f. pl.) du grec isthmia, nom neutre pluriel. Les odes isthmiques sont également appelées les isthmiques n. f. pl. (1765).
? ITAGUE n. f. a été employé sous des formes variées parmi lesquelles : utange (v. 1138), utague, uitage (v. 1155), witage (v. 1225), ytaigue, ytague (XVIe s.), enfin itague (Encyclopédie, 1765). Ce mot d'origine incertaine est peut-être un emprunt à l'ancien nordique °útstag, composé de út « hors de » et de stag « étai d'avant, cordage ». La multiplicité des variantes (on trouve aussi étagle, étague, itacle, utacque, etc.) s'expliquerait par le contact des différentes langues des marins ; la rareté du u initial en français a pu contribuer à l'instabilité du mot.
❏  En revanche, le sens de ce terme de marine est constant ; il désigne un cordage ou (récemment) un filin d'acier fixé à une voile qu'il permet de hisser ou de déplacer.
ITALIEN, IENNE adj. et n., d'abord écrit ytaliiens n. m. pl. (1265 ; graphie moderne en 1512), est dérivé du nom propre Italie, emprunt au latin Italia, ou est un emprunt à l'italien italiano (attesté 1re moitié XIVe s.) « de l'Italie », qualifiant aussi (av. 1519) ce qui est relatif à la langue latine ; italiano dérive de Italia « Italie », emprunté au latin Italia, de Itali, Italorum, nom de peuple.
❏  Le nom a d'abord désigné les habitants de l'Italie ; l'italien n. m. pour « la langue italienne », c'est-à-dire le toscan littéraire, est relevé en 1512. — Voir l'encadré. ◆  L'adjectif s'applique à ce qui concerne l'Italie (1551, en parlant de personnes ; 1606, de choses), d'où à la manière italienne (1587), à l'italienne. ◆  Italienne n. f. « écriture bâtarde » (1765) a disparu. ◆  Le nom s'est employé (1718) pour « homme jaloux » et pour « sodomite », emplois sortis d'usage au XIXe siècle. ◆  Par ellipse de Comédiens italiens ou de théâtre des Italiens, les Italiens n. m. pl. a désigné l'ancien théâtre parisien où l'on interpréta à l'origine le répertoire de la Commedia dell'arte, ou la troupe installée à Paris, de 1659 à la fin du XVIIIe s., qui se consacra d'abord à ce répertoire.
❏  ITALIANISER v., « rendre italien, marquer d'un caractère italien », est d'abord employé au participe passé adjectivé (av. 1555, italiennizé ; 1566, italiannizé) puis comme verbe transitif (1611, italianizer, italienniser). ◆  L'emploi intransitif pour « employer (en français) une prononciation italienne » ou « emprunter à l'italien » appartient aujourd'hui à l'histoire de la langue (1566, italianizé ; 1578, italianizer) ; ce sens est lié à l'importance de la culture italienne en France au XVIe siècle.
■  ITALIANISATION n. f. s'est d'abord employé avec l'acception du verbe intransitif (1578, italianization), avant de désigner le fait de rendre italien.
■  ITALIANISANT, ANTE n. et adj. signifie « artiste qui s'inspire de l'art italien » (1908, R. Rolland) et « spécialiste de la langue, de la civilisation italiennes » (1906 adj. ; 1923, Barrès).
■  ITALIANISME n. m. a désigné (1578, H. Estienne) une imitation de la manière de parler italienne ; Estienne employait italianizement pour l'emprunt lui-même. ◆  Le mot se dit aujourd'hui (dep. 1715) de la manière de parler propre à l'italien empruntée par une autre langue ; il est vieilli pour désigner (1829, Stendhal) un comportement propre aux Italiens.
■  ITALIANITÉ n. f., rare pour désigner l'appartenance au territoire italien (1919, Barrès), se dit du caractère propre à l'Italie, aux Italiens (1930, Morand).
De italien avec une consonne initiale pouvant provenir d'une liaison (comme les Zitals pour les Italiens) vient l'argot RITAL (1890) adj. et n., mot parfois péjoratif mais non insultant, qui a éliminé les dérivés populaires italboche (1889, formé comme alboche → boche), italo (1894) et italgo (1899, avec influence formelle très probable de hidalgo, malgré la référence nationale différente).
■  ITALIOTE adj. et n. est emprunté (1721, Trévoux) au grec Italiotês « relatif aux populations anciennes de l'Italie centrale », dérivé de Italia.
ITALO-, premier élément d'adjectifs composés, est tiré d'italien et signifie « de l'Italie et... » ; parmi les nombreux mots ainsi construits : ITALO-ANGLAIS, AISE (1866, Amiel), ITALO-FRANÇAIS, AISE (1901), ITALO-ESPAGNOL, OLE (1912, Tharaud), ITALO-ALLEMAND, ANDE (1914, Maurras).
ITALIQUE adj. et n. (1527), d'abord ytallique (1488, adj.), est un emprunt au latin italicus « d'Italie » et spécialement « de la Grande Grèce », dérivé de Italia.
■  Lettres italiques (1488) ou italique n. m. (1528, ytalicque) se dit d'un caractère typographique incliné vers la droite ; il est ainsi nommé parce que les lettres italiques ont été employées par l'imprimeur vénitien Aldo Manuce (1449 ou 1450-1515), helléniste qui édita les chefs-d'œuvre de l'Antiquité.
■  Italique qualifiait aux XVIe et XVIIe s. ce qui concerne l'Italie moderne. Heures italiennes (1690), encore relevé chez Littré (1867), s'employait pour les 24 heures du jour naturel comptées entre deux couchers de soleil consécutifs, manière de compter les heures en usage en Italie.
■  Les langues italiques (1873) ou l'italique n. m. (déb. XXe s.) désigne les langues indoeuropéennes parlées dans la partie centrale de l'Italie antique, les principales étant le latin, l'ombrien et l'osque.
⇒ encadré : La langue italienne
1 -ITE, suffixe savant d'origine grecque, vient de -itis, repris par le latin médical ; il sert à désigner des maladies de nature inflammatoire, à partir d'une base française (par ex. bronchite) ou grecque (colite). La plupart des noms ainsi formés ont eu une forme en -itis. -ite est employé plaisamment pour désigner des habitudes, des manies que l'on compare à des maladies (par ex. réunionite).