JAJA n. m., l'un des noms argotiques du vin (rouge), serait, selon Gaston Esnault, le redoublement de la première syllabe de jarret, au sens figuré de avoir, donner du jarret, « de la force, de la vigueur ». Un synonyme plus récent, jinjin, semble avoir une autre origine.
? JALON n. m., attesté au début du XVIIe s. (1613 jallon de nasse, 1690 dans un livre d'horticulture), est d'origine incertaine. Il s'agit peut-être d'un terme de métier formé sur le même radical que jaillir*. On a aussi proposé un rapprochement avec l'ancien français gielle « bâton utilisé en vénerie pour tendre des filets », mais cela ne résout guère le problème, car ce dernier est d'origine inconnue. P. Guiraud suggère d'y voir une forme normanno-picarde de jallier, gielle « bâton », qu'il interprète comme représentant le latin jaculum « javelot », dérivé de jacere (→ gésir, jeter).
❏  Après une attestation de sens obscur (jallon de nasse), le mot apparaît en 1690 dans un traité d'horticulture, désignant une tige plantée en terre pour déterminer un alignement, une direction, une distance, etc.
■  Son sens figuré usuel de « ce qui sert à diriger, situer qqn, qqch. » est apparu au XIXe s. (1812).
❏  Le dénominatif JALONNER v. tr., d'abord employé en horticulture (1690), est spécialement usité en technique militaire (1867) et possède aussi un sens figuré (1834). ◆  En sont issus JALONNEMENT n. m. (1840) et JALONNEUR n. m. (1835) « celui qui place des jalons » et « soldat que l'on place pour servir de jalon ».
1 JALOUSIE → JALOUX
2 JALOUSIE n. f. est emprunté (1549), avec francisation, à l'italien gelosia, correspondant du français 1 jalousie. Gelosia désigne par métonymie un treillis dissimulant les femmes aux regards (av. 1494 en contexte oriental).
❏  Emprunté dans le même contexte que l'italien, le mot, depuis le XVIIIe s. (1757), s'applique à un volet mobile formé de lattes parallèles. La fréquence de jalousie, dérivé de jaloux, fait que le mot conserve des connotations psychologiques (Cf. La Jalousie, roman de Robbe-Grillet, dont le titre joue sur les deux homonymes).
L'homonyme 3 JALOUSIE n. f. (1542) « amarante », aujourd'hui « œillet de poète », est une altération (d'après jalousie) de l'ancien gelesis (XVe s., gelesia, gelasia en latin médiéval), probablement issu d'un gaulois °gelisia.
L JALOUX, OUSE adj. et n., variante (XIIIe s.) de gelos (1160) ou gelus (1170), est un mot dont l'histoire présente une certaine complexité. Il est issu du bas latin zelosus « plein d'amour et de prévenance » (Ve ou VIe s.), lui-même dérivé du bas latin (Vitruve, Ausone) zelus (→ zèle), surtout attesté en latin chrétien et emprunté au grec zêlos « empressement, ardeur, rivalité, envie », à rattacher à zêtein « chercher, rechercher », verbe d'origine obscure. Pour justifier la finale, au lieu de la forme en -eux attendue, on a invoqué un emprunt à l'ancien provençal gelos « jaloux », attesté dans le vocabulaire amoureux des troubadours depuis 1140 environ. Le mot serait passé en français, comme amour, par l'intermédiaire de la lyrique d'oïl, influencée par celle d'oc. Wartburg a poussé plus loin cette hypothèse en expliquant que zelosus provient directement du grec zêlos, plus riche de sens, et qui serait passé dans le latin de la Narbonnaise. Cependant, la diversité et l'ancienneté des sens de jaloux en ancien français, où il n'est pas limité au vocabulaire amoureux, contrairement à l'ancien provençal, rend douteuse l'hypothèse d'un emprunt global à cette langue. À cela s'ajoutent d'autres hypothèses, entre autres celle qui fait de jaloux un terme originaire (comme amour) de Champagne orientale, centre courtois de première importance.
❏  Dans les premiers textes, jaloux a le sens de « qui désire ardemment qqch. », synonyme de désireux. Il signifie également « qui est farouchement attaché à la conservation de qqch., d'un avantage ». Ce sens, resté vivant dans l'expression biblique Dieu jaloux (XIIIe s.), c'est-à-dire « qui veut être aimé et servi sans partage », et dans quelques expressions de la langue littéraire (jaloux de ses opinions, 1718), n'est resté courant qu'avec sa spécialisation amoureuse, elle aussi ancienne (1170), développée par des comparaisons (jaloux comme un tigre, etc.).
■  Le sens d'« envieux, qui éprouve de l'ombrage à l'idée qu'un autre jouit d'un avantage qu'il n'a pas » est attesté depuis 1250. ◆  L'adjectif est employé comme substantif (v. 1200), essentiellement aujourd'hui avec la spécialisation amoureuse (1635, Corneille).
❏  1 JALOUSIE n. f., d'abord jalosie (1181-1191), gelosie (v. 1250), recouvre le sentiment d'inquiétude concernant la fidélité de la personne aimée. Son sens plus général d'« attachement vif à un bien, un avantage » (v. 1250) s'est limité, en relation avec celui de l'adjectif, à un usage littéraire. Le sens général courant d'« envie devant ce qu'un autre possède » est attesté depuis 1501, longtemps après la valeur correspondante de l'adjectif.
■  JALOUSEMENT adv. (XIIIe s.) se rattache à l'idée d'envie de ce que l'on n'a pas et (av. 1622) à la crainte de se dessaisir de ce que l'on a.
■  JALOUSER v. tr. (v. 1300) s'emploie pour « regarder avec envie ce que possède autrui » et ne s'applique qu'à titre exceptionnel à la jalousie amoureuse.
JALMINCE adj. est une suffixation argotique de jaloux (1899) avec le même sens que cet adjectif. Un dérivé JALMINCERIE n. f. pour « jalousie » (1926) est beaucoup plus rare.
❏ voir 2 JALOUSIE.
JAMAIS adv. résulte de la soudure (XIIIe s.) de ja mais (v. 980), formé avec les anciens adverbes ja (→ déjà) et mais « plus » (→ désormais, mais).
❏  Le mot a pris ses sens actuels dès l'ancien français, entre le Xe et le XIIIe s., d'abord pour indiquer une négation par rapport au temps (Xe s.), puis également, dans un sens positif, pour indiquer une action à venir (1130), une éventualité (1160). En ancien français, ne... ja et ne... jamais ne s'employaient que par rapport à l'avenir, tandis que, pour le passé, on se servait de ne... onques (du latin unquam). C'est seulement à partir du XIVe s. que ce dernier a décliné face à ne... jamais. Du XIe au XIIIe s., l'usage distinguait entre ne... ja et ne... jamais, le deuxième ayant le sens de « ne... plus jamais », conformément à l'étymologie. Depuis, ne... ja a disparu au profit de ne... jamais, auquel il a fallu ajouter alors plus pour rendre l'idée dont il avait été l'expression. Ainsi s'explique la tautologie de l'élément -mais (qui signifie étymologiquement « plus ») et plus dans (ne... plus) jamais. ◆  La locution à jamais, équivalente de pour toujours, est attestée depuis 1275 et quelquefois renforcée en à tout jamais (av. 1526) ; elle a remplacé pour jamais, pour tout jamais, usuels en langue classique. ◆  Au XVIe s. sont apparues les locutions jamais plus (1552), au grand jamais (1573) après au grand fin jamais (1546), cette dernière, plus familière, représentant une substantivation et indiquant aussi une dénégation catégorique. Plus jamais (ça) ! semble récent. Jamais de la vie est attesté en 1841.
JAMBALAYA n. m., mot du créole, désigne en français de la Louisiane un plat de riz accompagné de crevettes, d'huîtres ou de viande. Au figuré, il s'emploie pour « mélange ».
L + JAMBE n. f. est issu (1080) du bas latin gamba « paturon de cheval », étendu aux autres quadrupèdes et à l'homme. Ce dernier est un emprunt populaire au grec kampê, proprement « courbure », d'où spécialement « articulation du pied du cheval » (→ hippocampe), mot qui a des correspondants dans plusieurs langues indoeuropéennes, tels le lituanien kâmpas « coin, bord » ou le lette kampis « bois rond, crochet ». Il a supplanté le mot classique pour désigner la jambe, crus (celui-ci, dans le domaine ibérique, a cédé la place à perna qui en langue classique signifiait « gigot, jambon » et qui a fourni l'espagnol pierna, le portugais perna).
❏  Jambe se dit à la fois de la patte d'un animal (1080) et du membre inférieur de l'être humain (1150). ◆  Dès l'ancien français, il développe des sens analogiques, s'appliquant (1321) à chacun des poteaux soutenant le linteau d'une porte et, de là, s'employant en terme de charpente (jambe de force, 1609). Il dénomme les branches d'un compas (1546) et, plus techniquement, une pièce oblique servant d'étai dans le bâtiment (1676), un fil qui forme un des côtés de la maille d'un filet (1829). ◆  Le sens de « membre inférieur de l'homme », à partir du XVIe s., a donné lieu à des locutions encore usuelles : cela me (lui...) fait la jambe belle (1670), qui a connu plus d'une variante jusqu'à sa forme actuelle faire une belle jambe à qqn (1857), se réfère au fait de montrer une « belle jambe » par une démarche avantageuse. Jouer qqn par-dessous la jambe (1671), forme initiale de traiter (1829) et faire par-dessous la jambe (1844), fait probablement allusion aux joueurs de paume ou de boule. ◆  Citons aussi l'image hardie de prendre les jambes à son cou (1690 ; 1740 avec son sens actuel), d'abord prendre ses jambes à son col (1618), et la locution plus récente tenir la jambe à qqn (1901), employée par métaphore dans le contexte d'une conversation interminable pour « retenir qqn » (Cf. aujourd'hui ne pas lâcher les baskets). D'autres expressions, comme partie de jambes en l'air « ébats érotiques » (1894) sont familières ; d'autres sont de l'ancien argot : sur une jambe « facilement, sans effort » (1872), image proche de par-dessus la jambe (ci-dessus), ou encore troisième jambe (1864), jambe du milieu « pénis ». ◆  Le mot désigne aussi une jambe artificielle servant de prothèse (1564, jambe de bois), sens qui a donné, figurément, la locution c'est un cautère sur une jambe de bois (1808) « une mesure totalement inefficace ». ◆  Par métonymie, il dénomme aussi la partie d'un vêtement recouvrant la jambe (jambe du pantalon, 1879).
❏  JAMBIÈRE n. f. (1203), qui désigne d'abord la pièce de l'armure protégeant la jambe, a été repris au XIXe s. comme nom de la pièce d'habillement enveloppant la jambe (1851), spécialement destinée aux cavaliers (1902) et à certains sportifs (1931).
■  Jambière a éliminé dans ce sens JAMBARD n. m. (1843), attesté comme adjectif en ancien français pour « celui qui a de fortes jambes » (1305). Le mot dénomme aussi la bande servant à envelopper les jambes des chevaux (1902).
■  JAMBETTE n. f., diminutif de jambe, s'est maintenu sous deux formes : la forme picarde gambette (XIIIe s.) a été reprise en argot (→ 2 gambe). Jambette (fin XIVe s.), archaïque au sens de « petite jambe », s'est spécialisé avec quelques sens techniques, en construction (1400-1402), en agriculture, puis (1831) en marine. ◆  Une extension, pour « croc-en-jambe », s'emploie en français du Québec.
JAMBON n. m. (v. 1250), « haut de la jambe (d'un animal) », s'est spécialisé en charcuterie (apr. 1250) à propos de la cuisse ou de l'épaule du porc préparée pour être conservée. Il s'applique parfois familièrement à la cuisse humaine (XVe s.), partie de jambons, de jambonneaux (1982, Pierre Perret), correspondant à partie de jambes en l'air. D'après une stricte analogie de forme, jambon s'est dit de la guitare et du violon, dans l'argot des musiciens (1852). ◆  Son diminutif JAMBONNEAU n. m. (1606) présente le même sémantisme : à côté du sens dominant en charcuterie, il se retrouve en argot musical (1879) et dans la langue familière pour « cuisse » (1894). ◆  Le dérivé diminutif JAMBONNETTE n. f. (1897), dans l'usage régional de la Loire, de la Drôme, de l'Ardèche, se dit d'une préparation de porc haché, roulée et entourée de couenne. Le mot a été repris v. 1950 pour une préparation de viande de volaille présentée comme un petit jambon.
■  JAMBAGE n. m. (1369) a suivi un développement analogique, se spécialisant en construction (comme jambe et jambette) pour dénommer chacun des montants verticaux d'une baie de fenêtre, de porte (1453), de cheminée (1502), et la chaîne de pierre qui soutient l'édifice, sur laquelle on pose de grosses poutres (1416). Son emploi le plus courant se rapporte à l'élément vertical de certaines lettres (1680). ◆  Le mot réactive tardivement le sens propre de jambe, dans l'expression droit de jambage (av. 1834), remplacée ensuite par droit de cuissage, et celui de « membre d'un animal » en vénerie, où il désigne (1832) la partie de la peau d'un animal recouvrant les pattes, lorsqu'on la détache.
■  1 JAMBIER n. m. (1409) a désigné la pièce de bois maintenant écartées les jambes d'une bête abattue pendant que le boucher la prépare. ◆  En construction (1803), il se dit d'une pièce que les ouvriers s'attachent aux jambes lorsqu'ils montent à la corde.
■  2 JAMBIER, IÈRE n. et adj., homonyme du précédent, a été formé en anatomie comme nom du muscle qui fléchit le pied sur la jambe (v. 1560). L'adjectif (1611) correspond à cette valeur et s'emploie aussi en art vétérinaire.
JAMBÉ, ÉE adj., dérivé de jambe, qualifie la jambe envisagée sous l'angle de sa conformation (1582, mal jambé). Rare avant le XIXe s., il reste d'un usage limité.
■  Les dérivés formés ultérieurement relèvent de l'usage technique : JAMBIN n. m. (1723), terme de pêche, s'applique à une nasse de forme allongée ; JAMBELET n. m. (1877), en bijouterie, se dit d'un « bracelet » porté à la jambe.
ENJAMBER v. tr. (XIIIe s.) répond à l'idée de « passer par-dessus un obstacle » et (v. 1382) d'« empiéter sur », cette dernière donnant lieu à sa spécialisation en versification (1660-1668, Boileau). ◆  Le nom d'action se partage entre ENJAMBÉE n. f. (apr. 1250, engambée) « distance franchie par un long pas », d'où à grandes enjambées, et ENJAMBEMENT n. m. (1562), ce dernier se réservant la spécialisation en versification (1680).
■  Il ne reste rien de l'ancien entrejamber v. intr. (1611) « croiser les jambes », mais la même formation se retrouve dans ENTREJAMBE n. m. (1751), terme d'ébénisterie, repris pour désigner la partie du corps située entre les jambes (XXe s.), dans le contexte de l'habillement ou avec des connotations sexuelles.
■  UNIJAMBISTE n. et adj. (1914) désigne et qualifie une personne amputée d'une jambe.
❏ voir CROC-EN-JAMBE (art. CROC), GAMBADE, GAMBE, INGAMBE.
JAMBOREE n. m. est un emprunt (1920) à un mot anglais des États-Unis, désignant d'abord (1808) une fête bruyante et peut-être emprunté à un mot hindi (d'après O. Bloch). En français, l'emprunt concerne une réunion internationale de scouts.
JAMBOSE n. m., écrit jambos en 1602, est un emprunt, par le portugais jambos, à l'hindi jambu. Le mot a été altéré en JAMEROSE (jamrose chez Bernardin de Saint-Pierre, 1788), d'après rose. Il désigne une grosse baie rouge à odeur de rose, comestible, d'un arbre ou arbrisseau tropical de la famille des Myrtacées, à grandes fleurs. L'arbre est nommé JAMBOSIER ou JAMEROSIER n. m. (jamrosier dans George Sand).
JAM SESSION n. f., emprunt à l'anglo-américain, de jam « foule, masse », au figuré (1827) « réunion, réception » et session, pris au français, désigne une réunion de musiciens de jazz qui improvisent, et leur improvisation.
En français du Québec, l'anglais to jam est passé en français sous la forme JAMMER v. intr. « faire une improvisation collective ».
JANISSAIRE n. m. est l'altération (1546) de jehanicere (1457), lequel est emprunté, par l'intermédiaire de l'italien giannizzero (av. 1470), au turc yenīčerī, proprement « nouvelle (yeñī) troupe (čerī) ». Le corps des janissaires fut créé dans la seconde moitié du XIVe s. sous le règne du sultan Mūrad Ier (1362-1389) et supprimé en 1826 par le sultan Mahmud II.
❏  Le mot, en passant en français, a désigné individuellement un soldat d'élite de la garde du sultan turc. Ce terme d'histoire turque s'est appliqué parfois au satellite d'une autorité despotique.
JANSÉNISME n. m. est tiré (v. 1650, enregistré en 1680) du nom du Hollandais Corneille Jansen (1585-1638), évêque d'Ypres qui, dans son ouvrage l'Augustinus, interprétation de la thèse de saint Augustin (paru en 1640, deux ans après sa mort), expose l'idée que la grâce divine est accordée aux uns et refusée aux autres dès la naissance.
❏  Le mot désigne la doctrine chrétienne hérétique professée par Jansen, répandue en France par A. Arnauld dans ses Apologies pour Jansenius (1644-1645) et par le couvent de Port-Royal, doctrine condamnée par l'Église après 1650 comme apportant une restriction dangereuse au libre arbitre. Très tôt, le jansénisme recouvrit une mentalité et un courant d'opinion irréductible à la seule question de doctrine théologique, se présentant comme un rigorisme moral hostile à l'attrition, à la réception trop facile des sacrements et à tout relâchement. Il se présenta aussi comme un courant de contestation politique, plusieurs jansénistes adoptant le parti de la Fronde, refusant la raison d'État, remettant en cause la monarchie de droit divin et défendant la conscience personnelle. Ces deux extensions de sens sont attestées a posteriori (respectivement 1794 à propos du rigorisme de Caton, et 1840 Sainte-Beuve).
❏  JANSÉNISTE n. est attesté en 1656 dans les Provinciales de Pascal, comme dénomination du partisan du jansénisme et comme adjectif qualifiant ce qui se rapporte à cette doctrine. L'extension est analogue à celle de jansénisme vers le sens moral d'« austère et intransigeant » (1690) (Cf. puritain), quelquefois avec une valeur critique (av. 1703, jansénistes de l'amour). Aux XVIIe et XVIIIe s., le concept est opposé à Jésuite. ◆  Le mot s'est spécialisé en matière d'art, de style, qualifiant un crucifix dont les bras sont presque à la verticale (longtemps considéré comme symbolique de la spiritualité janséniste) et aussi une reliure très sobre, sans ornement (1862).
JANSÉNIQUEMENT adv. (1872, Gautier) avec une valeur morale, JANSÉNISER v. tr., JANSÉNISANT, ANTE adj., JANSÉNISATION n. f., attestés (1920) dans l'Histoire du sentiment religieux de Brémond, sont didactiques et peu usités.
L JANTE n. f. est issu (v. 1170) d'un bas latin °cambita (devenu °gambita), lui-même emprunté à un gaulois °cambita « cercle de bois formant la périphérie d'une roue », de cambo « courbe ». Cette racine se retrouve dans l'irlandais camm, le cymrique cam, ainsi que dans les toponymes gaulois Cambodunum, Camboritum.
❏  Le mot, avec ses variantes chante (XVIe s.) et gante (1741) dans l'ancienne langue, a été repris avec le sens de l'étymon, appliqué ensuite (fin XIXe s.) aux roues de bicyclette, d'automobile, etc. En argot de cycliste, rouler sur la jante signifie « être épuisé ».
❏  JANTILLE n. f., d'abord sous la forme normanno-picarde gantille (1304), la forme actuelle étant enregistrée dans Furetière (1690), désigne la palette d'une roue hydraulique.
■  DÉJANTER v. tr. (1611), « ôter les jantes de (une roue) », est sorti d'usage, et a été reformé en cyclisme (XXe s., attesté 1945) à propos des pneumatiques, au pronominal et au participe passé (pneu déjanté).
■  ENJANTAGE n. m. (1930) désigne l'action de mettre des jantes à une roue.
L JANVIER n. m. est issu (fin XIIe s. ; 1119, jenvier) du bas latin januarius de même sens, substantivation de l'adjectif januarius « de Janus » dans januarius mensis. Celui-ci est dérivé de janus « passage » et spécialement, à Rome, « passage voûté, galerie où se tenaient les marchands et les changeurs ». Le mot vient peut-être d'une racine signifiant « aller ». Personnifié et divinisé, Janus symbolisait la nation par ses deux visages opposés, placés, l'un devant, l'autre derrière la tête, ainsi que par la forme de son temple, qui comportait deux portes opposées. Dieu des commencements, Janus présidait au début de l'année ; le mois de passage d'une année à l'autre lui était consacré. Son dérivé janua « porte, passage » n'a donné aucun mot en français ; il a été concurrencé et évincé par les représentants de ostium (→ huis) et de porta (→ porte).
JAPON n. m. est l'emploi comme nom commun (1723) de Japon. Ce nom géographique est probablement la corruption, par l'intermédiaire du chinois jeh-pun, pays du « soleil levant », de l'appellation japonaise Nihon « le lever du soleil » (645), d'où Nippon. Les Portugais et les Espagnols ont appris le mot sous sa forme chinoise ou malaise (japoung) lors de leur découverte de l'Extrême-Orient, au XVIe siècle.
❏  Le mot désigne une porcelaine originaire du Japon et tout objet en porcelaine japonaise (1864, des vieux chines et des vieux japons). ◆  Il s'emploie aussi en papeterie pour un papier ivoire très résistant, originairement fabriqué au Japon, utilisé pour les éditions de luxe (1879, Mallarmé). ◆  Il se rapporte également à un bois employé pour teindre les textiles en rouge (1902, bois du japon ou Japon).
❏  Le dérivé JAPONAIS, AISE adj. et n. (1605 ; japonois 1608) a été en concurrence avec la forme japanois (1575).
■  Exception faite de JAPONNER v. tr. (1730, japoner), « soumettre (la porcelaine) à une nouvelle cuisson pour lui donner l'apparence de celle du Japon », la création de dérivés, au XIXe s., correspond à la découverte et à la vogue de l'art japonais en France.
■  JAPONISER v., après une attestation indirecte de japonisé dans le vocabulaire de la mode (1829, épingle japonisée « à tête de couleur »), est relevé chez Goncourt (1876) pour « rechercher des œuvres d'art japonaises ». Cet écrivain, grand amateur d'art japonais, semble forger l'emploi substantivé de JAPONISANT, ANTE n. (1881, un japonisant frénétique) à propos du collectionneur et, plus largement, du spécialiste de la civilisation et de l'art japonais. Le mot a évincé JAPONISTE n. (11 février 1872), créé parallèlement à JAPONISME n. m. (31 décembre 1876), terme d'histoire du goût recouvrant l'intérêt pour l'art japonais et l'influence qu'il exerce sur l'art occidental, en particulier dans le dernier tiers du XIXe s. (1937, Francastel). ◆  Autre témoin de cet engouement, JAPONAISERIE n. f., formé (1868, Goncourt) sur le nom et adjectif ethnique japonais, s'est répandu au détriment de JAPONNERIE ou JAPONERIE n. f. (1878, Zola), titre d'une œuvre de P. Loti (Japonerie, 1889). Il recouvre le sens concret d'« objet, curiosité provenant du Japon », et le sens général de « goût pour l'art, la civilisation japonaise ».
? JAPPER v. intr., d'abord attesté (XIIIe s.) en emploi transitif, est d'origine incertaine. Il s'agit probablement d'un dérivé de l'onomatopée jap- exprimant un aboiement, forme originaire des domaines occitan et franco-provençal (on relève japar « aboyer » en ancien provençal et son déverbal jap, jamp après 1150).
❏  Le mot est passé en français dans un sens spécialisé, « aboyer d'une façon aiguë et claire » (surtout en parlant d'un jeune chien), mais il a conservé le sens large d'« aboyer » en Normandie, dans les parlers du Centre et en franco-provençal. Ce sens s'est conservé en français du Québec. ◆  Par analogie (1306), le verbe s'emploie aussi familièrement à propos d'une personne pour « parler fort, criailler ».
❏  Il a produit quelques dérivés au XVIe s. : JAPPEMENT n. m. (1529) est plus usuel que JAPPEUR, EUSE adj. et n. (1546), surtout utilisé comme substantif (1565) en parlant d'une personne qui criaille sans cesse. ◆  JAPPEUX, EUSE adj. se dit au Québec d'un chien qui aboie souvent et, au figuré, d'une personne qui parle très fort. ◆  JAPPE n. f., apparu vers 1555 sous la forme jap « aboiement », a reçu (av. 1707) le sens populaire (aujourd'hui disparu) de « caquet, babil ».
JAQUE n. m. est l'emprunt (v. 1525) du malayalam (langue dravidienne) tsjakka « fruit d'un arbre (artocarpus integrifolia) dont la pulpe blanche et farineuse se consomme cuite ». Le mot a d'abord été repris par l'intermédiaire de l'italien ciccara (1444 et 1510) sous les formes éphémères chiacare et (1540) ciaquara ; il a été réintroduit par l'intermédiaire du portugais jaca (1535) sous les formes iaca (1553, donné comme mot étranger), iaque (1611), jaque.
❏  Il a pour dérivé JAQUIER n. m. avec le suffixe -ier des noms d'arbres, d'abord sous la forme jacquier (1688) pour jaquier (1779) ; cet arbre de la famille des Moracées, qui produit des jaques, a souvent été confondu avec l'arbre à pain, qui en est très proche.
JAQUEMART ou JACQUEMART n. m. est emprunté (1422, dans le domaine franco-provençal) à l'ancien provençal jacomart, jaquomart (1472), lequel est dérivé de Jaqueme, forme provençale pour Jacques. Encore aujourd'hui, le mot vit surtout dans le midi de la France. Le latin médiéval jaquemardus était l'une des dénominations dérivées de jaque (→ jaquette) pour « cotte de mailles ». Jacquemart est attesté avec ce sens vers 1480 (→ jacques).
❏  Le mot désigne la figure sculptée d'un homme d'armes muni d'un marteau et frappant les heures, d'abord attesté dans un inventaire des biens des ducs de Bourgogne, puis repris chez Rabelais avec une majuscule (1534, Jacquemart). La réalité désignée est bien antérieure puisque c'est en 1363 que Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, fit démonter et emporter par charrois à Dijon, où il la fit remonter, la célèbre horloge de Courtrai, avec ses jaquemarts (restitués par Dijon en 1961).
1 JAQUETTE n. f. est le diminutif (1374, jaquete) de jaque (1374, jaques au pluriel), mot de genre masculin désignant notamment un pourpoint à manches rembourré, en usage au moyen âge, lui-même de Jacques, sobriquet donné aux paysans insurgés en 1358 (→ jacquerie, jacques), parce que ce vêtement court et simple rappelait celui que portaient les paysans. Contrairement à une hypothèse avancée, c'est le mot français, dont le diminutif jaquet est revenu en français par l'anglais, qui est à l'origine des mots correspondants dans les autres langues romanes.
❏  Si jaque est seulement un terme d'histoire du costume, jaquete puis jaquette (1446) continue d'être utilisé. Après avoir désigné un vêtement d'homme ajusté sur le buste et à jupe flottante, ainsi qu'une tunique monastique, il a désigné (1446 jusqu'au XIXe s.) la robe portée par les petits garçons avant leur première culotte.
■  Le mot désigne aujourd'hui, en français de France, une veste féminine de tailleur (1908 ; dès 1783, « veste courte ajustée à la taille ») et un vêtement masculin ajusté à la taille et à longs pans arrondis (1832), qui ne se porte plus que dans de rares cérémonies. En français de Suisse, le mot s'applique à ce qu'on appelle en France un cardigan. Au Québec, la jaquette est une chemise de nuit et jaquette d'hôpital a un sens voisin. L'anglicisme jacket (djakèt'), nom masculin, vaut pour « veste » ou « blouson ». ◆  En argot, l'expression être de la jaquette flottante (1901, Bruant) désigne les homosexuels passifs, peut-être parce que la jaquette évoque un homme vu de dos et surtout, parce que ce vêtement est fendu derrière. En outre, un dérivé féminin de Jacques, souvent péjoratif, a pu s'appliquer aux homosexuels. En emploi absolu, on trouve filer de la jaquette « pratiquer le coït anal » (1928). ◆  Par une métaphore comparable à celle de jupe, jaquette a pris (1874) le sens technique de « manchon d'acier renforçant le tube d'un canon ».