L JAUNE adj., adv. et n., d'abord jalne (1080), est issu du latin galbinus, dérivé de galbus « vert pâle, jaune-vert », mot d'origine inconnue mais dont le radical gal- fait supposer un groupe de mots indoeuropéens. Galbinus, qui traduit le grec khlôros (→ chlore), a supplanté en latin de Gaule les désignations principales du jaune en latin : flavus « jaune clair, brillant » (d'où flavescent) et fulvus « jaune foncé, brillant ».
❏  Dès l'ancien français, jaune « couleur de l'or, du safran » exprime aussi la couleur parcheminée d'un visage, dénotant fatigue ou maladie (1265), et l'altération d'une autre couleur (le vert, le blanc en particulier). Il est employé dans quelques syntagmes lexicalisés dès le XVIe s., puis dans fièvre jaune (1814), métal jaune « l'or » (1834, Balzac), race jaune (1840) désignant les Asiatiques, et péril jaune « causé par la race jaune », dont le sémantisme, de toute façon raciste, s'est déplacé du plan démographique au plan économique. ◆  Les emplois abstraits du mot, souvent péjoratifs, s'inscrivent dans le prolongement d'une ancienne symbolique médiévale : couleur de l'Éternité, le jaune joue un rôle important dans les vêtements sacerdotaux ; mais, couleur terrestre, il est aussi l'attribut de Judas, stigmatisé par la trahison et il représente le soufre, instrument des forces lucifériennes. Cette tradition infâmante se perpétue dans étoile jaune, insigne imposé aux juifs par les nazis en référence à un usage médiéval, et précédemment passeport jaune (1859, sur papier jaune) « passeport des anciens forçats ». ◆  Quant à maillot jaune (1919, → maillot), vêtement qui distingue le premier au classement du Tour de France, tout au long du Tour, l'expression vient de la couleur du papier du journal l'Équipe, parrain de l'épreuve, à cette époque, tout en utilisant le symbole positif de la couleur solaire. ◆  C'est une opposition à rouge qui a fait appeler syndicats jaunes les syndicats créés en 1899 pour agir en collaboration avec les classes dirigeantes, leur emblème étant un brin de genêt et un gland jaune (Cf. ci-dessous la substantivation).
■  Jaune, substantivé dès le XIIe s. (v. 1165), se prête à de nombreux emplois métonymiques, désignant un objet par sa couleur (1538, jaune d'œuf), une matière qui teint en jaune (1669). ◆  Un, une Jaune se dit aussi, avec une connotation raciste, d'un Asiatique (1867, les Jaunes). ◆  Un peu avant 1900, des corporations d'ouvriers s'opposaient aux « rouges » (communistes et socialistes) et ont adopté la couleur jaune pour leurs affiches (en 1900, à Monceau-les-Mines) et leur insigne, un genet et un gland jaunes. Ces groupes et leurs adhérents furent nommés jaunes par leurs adversaires, et on appela un jaune le membre d'un syndicat jaune (1899) ainsi que l'ouvrier refusant de prendre part à une grève. ◆  La symbolique négative de la couleur est à l'origine d'emplois parallèles à ceux de l'adjectif, d'une allusion au cocuage avec l'expression populaire peindre en jaune « tromper (son conjoint) » (dans Zola, 1877).
■  Avec une image concrète, la jaune fut un des noms de l'eau-de-vie (1858), repris à la fin du XXe s. pour « apéritif anisé, pastis ».
■  L'usage adverbial du mot se borne à la locution rire jaune (XVIIIe s.).
❏  JAUNISSE n. f. (XIIe s.), réfection de jalnisse, d'abord jaloncie (v. 1100), désigne une maladie du foie (hépatite) colorant le teint en jaune et, par analogie, une maladie des arbres (1651) et des vers à soie (1742). La locution familière en faire une jaunisse correspond à « éprouver du dépit ».
■  Plusieurs adjectifs insistent, dès l'ancien français, sur l'idée d'une « couleur altérée, sans éclat », tels JAUNASSE (fin XIIe s.), ultérieurement JAUNÂTRE (1530).
■  JAUNET, ETTE adj. (1125) « un peu jaune », n'est pas péjoratif. Il est substantivé pour désigner de petites fleurs jaunes, dites aussi jaunet d'eau (1539), un oiseau jaune, le serin. Par une autre métaphore, le jaunet fut longtemps un nom pour « pièce d'or » (1640-XIXe s.).
JAUNIR v. (1213) « rendre jaune » et comme intransitif « devenir jaune », a donné l'adjectif JAUNISSANT, ANTE (v. 1550), à partir de son participe présent, ainsi que les dérivés JAUNISSURE n. f. (1564), JAUNISSEMENT n. m. (1636), et le terme technique JAUNISSAGE n. m. (1881) « dorure ».
JAUNOTTE n. f. est le nom régional (1907 en français) de la chanterelle ou girolle, champignon d'un beau jaune.
? 1 JAVA n. f., attesté depuis 1901, est d'origine inconnue : l'emploi comme nom commun du nom de l'île de Java est à écarter, de même que l'idée d'une corruption supposée auvergnate de ça va en cha va, d'où java (proposée par A. Boudard). Une forme du verbe aller ou du verbe avoir (j'ai, il va...) est probablement en cause.
❏  Le mot, d'abord argotique, désigne une façon de danser en remuant les épaules (1901, faire la java) et, par métonymie, une danse saccadée à trois temps (1919, danser la java), ramenée d'Argentine et en vogue dans les bals populaires des faubourgs. ◆  Le mot s'est répandu dans l'usage populaire et familier avec les sens d'« astuce, manœuvre » (1935, connaître la java, sorti d'usage) et de « fête, noce » (1901, d'où 1951, partir en java), très courant en milieu rural. Un autre sens argotique (milieu XXe s.) correspond à « correction, passage à tabac ».
❏  JAVANAIS, AISE adj. et n. m. recouvre lui aussi deux homonymes à dissocier : le terme ethnique (1813 ; on a dit javan, 1598), correspondant à l'île de Java, n'a probablement rien à voir avec la désignation populaire (1857 ; 1855 par allusion) d'un procédé argotique de déformation systématique des mots au moyen d'un infixe av, sinon par calembour. Le procédé semble se référer au verbe avoir : de la conjugaison de j'ai en j'avais, on serait passé à j'avavais, le rapprochement avec le nom des habitants de Java fournissant la finale.
2 JAVA n., vient probablement du nom de l'île indonésienne. Le mot désigne en français d'Afrique une cotonnade imprimée (en apposition, un pagne java).
JAVEL (EAU DE) n. f., attesté pour la première fois en 1830 sous la forme incorrecte eau de javelle, vient de Javel, nom d'un ancien village de la banlieue de Paris devenu aujourd'hui un quartier du XVe arrondissement (autour de la station de métro Javel), où se trouvait une usine de produits chimiques, créée en 1777.
❏  L'usage courant tend à employer javel (de la), par ellipse de la forme complète eau de javel.
❏  Le nom a produit JAVELLISATION n. f. (1916) et JAVELLISER v. tr. (1919) dont le participe passé JAVELLISÉ, ÉE est adjectivé.
L JAVELLE n. f., d'abord gevele (v. 1160), gavele (v. 1190), puis javelle (v. 1250), est issu d'un latin populaire °gabella dont on a une transcription en javella dans un cartulaire de Chartres en 846. Ce mot, également passé dans l'espagnol gavilla et le portugais gavela, est d'origine gauloise, comme l'indique l'irlandais gabal « saisir », et désignait ce qu'on rassemble par tas, par poignées.
❏  Le mot désigne chacune des poignées de blé, coupé pour en faire des gerbes, que l'on couche sur la terre, et aussi un fagot d'échalas, de sarments de vigne (1307), sens très vivants régionalement. ◆  L'accent mis sur la notion de monceau lui a valu en ancien français le sens figuré de « tas (de victimes) » (v. 1190) qui a disparu, et, ultérieurement, des emplois techniques. ◆  Javelle s'est dit d'un tas de huit morues séchées (1867, Littré) et pour le tas de sel provenant du raclage des tables salantes (1893). ◆  La locution figurée tomber en javelle (1704), d'abord en parlant d'un tonneau dont les douves et les fonds se séparent, puis avec une valeur générale de « tomber en pièces », est sortie d'usage.
❏  Les dérivés du mot se sont éteints, exception faite de JAVOTTE n. f. (1840), contraction de javelot(t)e (1832), terme technique appliqué à une masse de fonte qui soutient les grosses enclumes ou l'enclume d'un marteau-pilon.
■  On rencontre encore quelquefois le préfixé ENJAVELER v. tr. (1352) « disposer en javelles les céréales coupées », lequel avait absorbé le simple javeler (XIIIe s.).
JAVELOT n. m. est un terme dont l'aire d'origine est limitée au domaine d'oïl : on y distingue le type anglo-normand gaveloc (1140) et le type javelot (1135). Étant donné la localisation des formes en -oc qui semblent originelles, il est probable que le mot soit emprunté à l'anglo-saxon zafeluc par une variante °zafeloc que l'on reconstitue d'après le vieil anglais gafeluc, le moyen anglais gavelock (encore dialectal et terme d'histoire). Zafeluc, qui désigne une arme de jet légère, est abondamment attesté dans les gloses, de la fin du Xe au début du XIIe s. ; c'est un mot d'origine celtique, correspondant en cymrique soit à gafloch « fourche, lance », soit à gaflog « fourchu ». Dans le premier cas, le mot serait emprunté à un ancien brittonique °gabal-akko que l'on déduit du breton gauloc'h « qui a de longues cuisses » ; dans le second cas, le mot est emprunté à °gabal-àk-o que l'on déduit du breton gaolek « fourchu », les deux formes remontant à un celtique primitif °gabal « fourche ». Certains, à l'encontre de cette hypothèse, font valoir que rien ne prouve que le javelot ait été d'abord une arme fourchue. Les formes en -ot qui se sont imposées et généralisées sont issues des formes anglo-normandes, par substitution du suffixe -ot (plus familier) à la finale -oc. L'hypothèse d'un rattachement direct au gaulois °gabalaccos, °gabalus « fourche », proposée par Wartburg, est moins satisfaisante pour la géographie linguistique.
❏  Javelot, « arme de trait », désigne aussi, depuis 1880, un instrument de lancer en athlétisme ; par métonymie, il désigne la discipline olympique du lancer du javelot.
❏  Son dérivé JAVELOTÉ, ÉE adj. (1963) est utilisé en handball pour qualifier un tir au but fait de loin, qui évoque le lancer du javelot.
■  Le radical de javelot a servi à former JAVELINE n. f. (1451) « arme de jet plus mince et plus légère que le javelot ».
? JAZZ n. m., d'abord jass (Stein's Dixie Jass Band, 1916, peut-être déjà 1914, Bert Kelly, s'agissant de musiciens blancs), jezz (1918), puis jazz (1920), est emprunté à l'anglo-américain jazz employé d'abord parmi les Noirs et attesté au double sens de « danse » et de « genre musical ». Son étymologie reste obscure en dépit de nombreuses hypothèses : pour les uns, ce serait un mot d'origine africaine ou une forme issue du nom de Jasbo Brown, musicien. Une étymologie (attribuée à Lafcadio Hearn) fait allusion à un verbe argotique noir, en usage à la Nouvelle-Orléans vers 1870-1880, qui signifierait « exciter » avec une connotation rythmique et érotique. Bien que d'un emploi très courant, le mot a maintenu en français la prononciation dj de l'initiale.
❏  Le mot, d'abord relatif à une danse négro-américaine, sur une musique syncopée apparentée au ragtime, désigne (1921) une musique des Noirs des États-Unis ou inspirée de son style. Historiquement, il correspond à une musique faite par le peuple, issue du blues et du gospel song (→ gospel). Né dans le sud des États-Unis, notamment à la Nouvelle-Orléans, le jazz, émigré à Chicago, puis dans tous les États-Unis, est devenu une musique universelle, écoutée par les Noirs, surtout pour la danse, puis par des publics de plus en plus variés (à partir de 1920-1930). Les styles se sont alors succédé, engendrant des expressions comme jazz-hot (« chaud », d'après l'anglais hot jazz) et des caractérisations de style, de swing* (dans les années 1935-1945) à rythm and blues. Vers 1955, le jazz devient une musique plus savante, avec le be-bop ou bop, le free-jazz « jazz libre » lui succédant (v. 1965). Par ailleurs, le jazz ancien et classique fait l'objet de revivals (« renaissances ») et le jazz moderne élaboré coexiste avec des formes populaires influencées par la pop-music et le rock*.
❏  Relativement ancien, JAZZ-BAND n. m. (1918) est emprunté à un mot américain qui signifie « orchestre (band) de jazz » (1916). Le mot et la chose se sont répandus en France à la fin de la Première Guerre mondiale, d'abord dans des noms propres d'orchestres annoncés par les publicités des music-halls parisiens. ◆  Après avoir suscité le dérivé JAZZ-BANDISME, n. m. jazz-band s'est démodé dès 1935, remplacé par orchestre de jazz (1925) ou par jazz tout court (un jazz, 1920).
■  JAZZMAN n. m. (avant 1948) est emprunté à l'anglo-américain jazzman (v. 1930 ; une première fois en 1906). On note quelquefois la graphie jazz-man (1960).
■  Jazz a produit depuis le milieu du XXe s. JAZZISTE n. (1943) ; JAZZISTIQUE adj. (1954), didactique ; JAZZIFIER v. (1961), adaptation de l'anglais to jazzify (1922) qui a supplanté jazzer (1923) répondant à l'anglais to jazz ; JAZZIQUE adj. (1971) ; JAZZOLOGUE n. (1971). ◆  L'emprunt à l'adjectif anglais JAZZY semble récent, dans un emploi extensif, évoquant une atmosphère, un style.
L JE pron. pers. est issu (1080) d'un latin tardif eo (VIe s.), de même que tous ses correspondants romans, l'ancien français eo, io (842), l'italien io, l'espagnol yo, le portugais eu et le roumain eu. Eo est la contraction du latin ego, qui a des correspondants dans plusieurs langues indoeuropéennes, le grec egô (→ ego), et, sans voyelle finale, le gotique ik, le vieil islandais ek, etc. ◆  D'abord employé par la langue littéraire pour mettre la personne qui parle en valeur et l'opposer à d'autres, ego a pris de bonne heure, dans la langue parlée, le simple rôle d'exposant de la première personne ; l'affaiblissement de son rôle peut expliquer le passage à la forme eo. ◆  L'ancien français possède une grande variété de formes (gié, jeo, jo) résultant de divers traitements phonétiques de eo selon que la force d'accent était maintenue ou non. La forme atone je viendrait elle-même d'un affaiblissement de jo.
❏  Je, pronom personnel, est accolé à une forme verbale conjuguée, sauf dans la formule juridique je soussigné, vestige de l'usage ancien de je comme forme forte accentuée (encore attestée au XVIIe s.).
■  Je est substantivé comme nom invariable (le, un je), spécialement en philosophie (1871) où il désigne le principe auquel l'individu attribue ses actes et ses états ; selon les philosophes, il est soit opposé, soit assimilé à moi (→ moi).
+ JEAN n. m. correspond à différents emplois lexicalisés (attestés à partir du XVe s.) du prénom Jean, anciennement Johan, Jehan, issu du bas latin Johannes, d'origine hébraïque.
❏  Jean, prénom masculin très répandu, a eu une fortune particulière dans le lexique et la phraséologie populaires. Employé seul, il a désigné le sot, le niais (XVe s.), comme Jacques*, le cocu (1457), le curé (1616, messire Jean). ◆  Il s'est employé dans le vocabulaire du jeu de tric-trac, d'abord dans la locution faire jean « faire deux points au jeu » (Rabelais), et pour tout accident par lequel on peut gagner ou perdre des points au jeu (1690). Tous ces emplois ont vieilli ou disparu, de même que certains usages comme élément de composés à valeur dépréciative, jean-bête « imbécile » ; jean qui ne peut « impuissant » ainsi que de pseudo-noms propres désignant certaines professions : jean Guillaume « bourreau » ; jean-Farine « bouffon de comédie » (1656) ; jean de la Suie « savoyard, ramoneur ». D'autres composés concernent des objets : jean des Vignes « vin » (v. 1550) ; jean du Bos « bâton » (v. 1550) ; jean le Blanc « ostie (chez les protestants) » (1611) ; jehan l'Enfumé « jambon » (1612) ; tous ces pseudo-noms ont disparu. Quelques composés plus fréquents ont resisté (voir ci-dessous). ◆  Jean a enfin servi à dénommer diverses espèces animales et végétales, dès le XIVe s., par allusion à la période de la Saint-Jean.
■  JEAN-FOUTRE n. m., attesté dès 1657, en 1661 sous la forme janfoutre, s'est maintenu avec la valeur injurieuse (1750) de « propre à rien » et de « lâche, personne sans dignité » (1792), produisant JEAN-FOUTRERIE n. f. (1790), dénomination du caractère et d'une action de jean-foutre. ◆  On lui connaît la variante atténuée JEAN-FESSE n. m. (1609) et la forme euphémistique JEAN-SUCRE n. m. (av. 1842, Stendhal), qui a disparu.
■  GROS-JEAN n. m. « niais » n'a eu cours qu'au XVIIIe s. mais s'est maintenu dans la locution relativement usuelle être Gros-Jean comme devant (1678) qui témoigne aussi de l'ancien emploi de devant à valeur temporelle, pour « avant cela ».
■  JEAN-DE-NIVELLE n. m. (av. 1660, Scarron) « lâche » est sorti d'usage, le nom lui-même étant encore connu par une chanson (C'est le chien de Jean de Nivelle).
■  JEAN-JEAN n. m., réduplication (1828) de Jean, s'est appliqué à un conscrit niais avant de désigner en général un niais ; il est archaïque.
JEANNOT n. m., diminutif de Jean, a été lui aussi lexicalisé au sens de « sot, niais » (1397, Jehannot), s'employant également comme adjectif et en apposition, fournissant à La Fontaine l'appellation du lapin (Jeannot lapin, 1678) par allusion à la naïveté prêtée à l'animal. ◆  D'après le nom d'un personnage de niais, affecté d'un défaut de langage et popularisé par Dorvigny (Janot, ou les battus paient l'amende, 1779), il a produit JEANNOTISME n. m. (1779) ou JANOTISME n. m. (1828-1829), appliqué à la niaiserie et à un défaut de style consistant à intervertir certains membres de phrase, provoquant des équivoques burlesques. Ce dérivé est sorti d'usage.
JEANNETTE n. f., diminutif de Jeanne, féminin de Jean, a été lexicalisé comme nom d'objet. Après avoir désigné une étoffe, une fourrure (1548), il s'est dit d'une espèce de plante mal définie (1615), puis du narcisse des poètes (1845). ◆  Il désigne aussi une mince chaîne d'or à laquelle s'attache une croix, portée par les femmes sur la gorge (1782), et, par métonymie, cette croix (1812) également nommée croix à la jeannette (1867). ◆  Par une autre figure, inexpliquée, il se dit couramment de la planchette de bois servant à repasser les manches des vêtements (1922).
■  JEANNETON n. f., le diminutif hypocoristique de Jeannette, s'applique depuis La Fontaine (1669, janneton) à une fille de moyenne vertu.
❏ voir DON JUAN, YANKEE.
JEAN, JEANS → BLUE-JEAN
JEEP n. f. est emprunté (v. 1942) à l'anglo-américain jeep (1941), nom donné à une voiture tout-terrain construite par Ford pour l'armée américaine. Le mot est la retranscription de la prononciation des initiales des G. P. (djipi), de General Purpose « tous usages », influencée par le nom d'un personnage de bande dessinée, Eugene the Jeep, à l'astuce et à la force légendaires (dans Popeye, créé le 16 mars 1936 par E. C. Segar).
❏  Le mot apparaît en français vers 1942 mais il ne s'est diffusé massivement qu'au moment du débarquement des Américains en France, en 1945. Jeep a normalement pris le genre féminin en français d'après voiture et automobile (il est masculin en français du Canada).
JELLO n. m., nom d'une marque commerciale nord-américaine, tiré de l'anglais jelly « gelée », s'emploie en français québécois et en général en français nord-américain pour une gélatine parfumée aux fruits, de couleur vive.
JE-M'EN-FOUTISME → FOUTRE
JE-NE-SAIS-QUOI ou JE NE SAIS QUOI pron. indéf. et n. m. inv. est relevé pour la première fois à la fin du XIIIe s. sous la forme elliptique ne sai quoi au sens de « quelque chose ».
❏  Depuis 1531, l'expression est employée adjectivement pour qualifier un être ou une chose indéfinissable ; substantivé au XVIIe s. (1639), il correspond a « élément, chose indéfinissable ». L'expression est érigée en concept philosophique par Jankélévitch dans Le Je-ne-sais-quoi et le Presque rien (1957).
JÉRÉMIADE n. f. est dérivé, au moyen du suffixe -ade (1738), du nom du prophète Jérémie (Jeremias en latin), auteur du livre des Lamentations à propos des malheurs de Jérusalem.
❏  Le mot, généralement employé au pluriel, est attesté pour la première fois en 1738 mais une citation donnée par Trévoux (1743) laisse penser qu'il est antérieur ; dès 1648, on relève l'expression ancienne faire le Jérémie « se lamenter », dans le style burlesque. Elle témoigne du retournement ironique, péjoratif, de l'éloquence ardente du prophète biblique.
❏  Le radical de jérémiade a servi à former le verbe rare JÉRÉMIADER v. intr. (1845, proposé par Richard de Radonvilliers), encore employé, et JÉRÉMIER v. intr. (1857, repris au XXe s.), à peu près inusité.
❏ voir JERRICAN.
JEREZ → XÉRÈS
JERK n. m. est emprunté (1965) à l'anglo-américain jerk, nom d'une danse consistant à imprimer des secousses à tout le corps, spécialisation de sens de l'anglais jerk « secousse, saccade » (XVIe s.), également « spasme musculaire » en physiologie (1805). Ce mot, synonyme des formes anciennes jert (XVIe s.) et yerk, serait d'origine onomatopéique.
❏  Le mot est passé en français avec la vogue de la danse.
■  Il a produit JERKER v. intr. (1966).
JÉROBOAM n. m. est emprunté (1897 A. Hermant) à l'anglais jeroboam (1816) « grande coupe », (1889) « grande bouteille de vin », du nom de Jeroboam, roi d'Israël « fort et vaillant » (Rois, XI, 28) et « qui a fait commettre (des péchés) à Israël » (Rois, XIV, 26).
❏  Le mot désigne une grosse bouteille de vin ou d'alcool, généralement de champagne, d'une contenance de quatre bouteilles ordinaires (ou deux magnums).
JERRICAN ou JERRYCAN n. m. est emprunté (1944) à l'anglais jerrycan, jerry-can ou jerricane n. (1943) « gros bidon servant au transport de produits pétroliers ». Le mot est formé de Jerry, diminutif de Jeremy (→ jérémiade) et sobriquet donné par les Anglais aux Allemands en 1914 (probablement par altération de German « Allemand »), et de can « récipient ». Ce dernier a des correspondants dans les langues germaniques, mais pourrait être apparenté au bas latin canna (VIe s.), à l'origine de l'ancien français channe, chane « cruche, vaisseau ». L'objet désigné a été emprunté par l'armée anglaise aux troupes allemandes et adopté par les forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale.
❏  Le mot désigne un bidon quadrangulaire à poignée, d'environ vingt litres, utilisé notamment pour stocker et transporter du carburant.
JERSEY n. m. est emprunté (1667) à l'anglais Jersey, nom de la plus grande île de l'archipel anglo-normand, réputée pour ses ouvrages de tricot. En anglais, le mot a d'abord le sens d'« ouvrage tricoté » (1583, jarnsy) puis de « vêtement collant », qu'il s'agisse d'un tricot de corps ou d'un chandail, valeur (déb. XIXe s.) spécialement appliquée au tricot des marins.
❏  Le mot a passé en français au sens aujourd'hui archaïque de « laine, drap de Jersey », mais ne s'est répandu qu'à la fin du XIXe s. au sens de « pull-over moulant » (1881), lui aussi hors d'usage (mais courant en espagnol). ◆  Son sens moderne de « tissu tricoté, souple, présentant le même aspect qu'un tricot à la main au point de jersey » est attesté depuis 1899, et l'expression point de jersey depuis 1930.