JUSTIFIER v. tr. est emprunté (v. 1120) au latin chrétien justificare « traiter avec justice, déclarer (qqn) juste », dérivé de justus (→ juste) au moyen de -ficare (→ faire).
❏  Le mot signifie « disculper (qqn) en justice ». En moyen français, il est employé hors du contexte juridique pour « prouver, établir un fait » (1368) et s'étend à « prouver le bien-fondé d'une opinion, d'un jugement » (1587, justifier de). Il comporte parfois la nuance de « confirmer après coup » (1670), par laquelle il se sépare de légitimer.
■  De l'ancien sens technique de « vérifier une mesure » (1260) procède la spécialisation du verbe en typographie, d'abord pour « égaliser la profondeur d'une matrice en passant la lime sur la surface » (1521), puis pour « aligner selon une règle ».
■  Le sens de « rendre juste comme la grâce fait du pécheur » (1564) est apparu en même temps que la spécialisation de justice en théologie.
❏  Le verbe a produit plusieurs adjectifs et leurs antonymes en in-. JUSTIFIABLE attesté une fois (v. 1300) avec une valeur active et repris au XVIIIe s., est plus rare que INJUSTIFIABLE (1701) « que l'on ne peut justifier », d'où « inacceptable ».
■  JUSTIFIANT, ANTE (1345) est spécialisé en théologie (XVIIe s., grâce justifiante) et en typographie.
■  JUSTIFIÉ, ÉE adj. correspond à « qui a reçu une justification » et, en typographie, « aligné ». ◆  INJUSTIFIÉ, ÉE adj. (av. 1830) n'a que le sens moral.
Mais JUSTIFICATION n. f. a été emprunté (v. 1120, justificaciun), parallèlement au verbe, au latin chrétien justificatio, et a suivi la même évolution que lui. En typographie, il est usuel pour « action de justifier » et « largeur de la colonne », et abrégé familièrement en justif. ◆  Au sens moral, il a servi à former AUTOJUSTIFICATION n. f. (v. 1950).
■  JUSTIFICATIF, IVE adj. et n. m. est dérivé (1535) du supin de justificare ; depuis 1913, il est substantivé par ellipse de document justificatif.
■  JUSTIFICATEUR, TRICE n. (1512) puis adj. (1801), emprunt au bas latin ecclésiastique justificator, est surtout employé en typographie (1723) à propos de l'ouvrier, puis aussi de l'outil qui fait la justification des lignes.
JUTE n. m. est emprunté (1849) à l'anglais jute, nom de la fibre extraite d'une plante herbacée, importée principalement du Bengale (1746), et de la plante elle-même (1861). Le mot anglais est un emprunt au bengali jhōṭo, jhuṭo, du sanskrit jūṭa, variante de jaṭā « tresse de cheveux ».
❏  Le mot désigne la plante, la fibre et (1901) l'étoffe grossière faite avec cette filasse et servant notamment à faire des toiles d'emballage, des sacs.
JUVÉNILE adj. et n. m. est emprunté (v. 1112, juvenil) au latin juvenilis « propre à la jeunesse, plein d'entrain, fort, violent », formé sur le modèle de puerilis (→ puéril) sur juvenis (→ jeune).
❏  Le mot se sépare de jeune, s'employant dans l'usage soutenu comme épithète de qualité avec le sens de « qui concerne les jeunes » (délinquance juvénile).
■  Au XXe s., il a développé quelques emplois didactiques en géologie thermale (1931, eaux juvéniles) et en zoologie où il est substantivé (v. 1978) par emprunt à l'anglais juvenile au sens de « jeune d'une espèce animale ».
❏  Son dérivé JUVÉNILEMENT adv. (1544) est d'usage littéraire, tout comme JUVÉNILITÉ n. f. (1495) qui représente le dérivé latin juvenilitas « caractère juvénile ».
■  La langue didactique a formé en médecine JUVÉNILISME n. m. (1906), « infantilisme atténué », sur le modèle de infantilisme.
JUXTA- → JOUXTE