K

KABBALE → CABALE
KABIG n. m. (noté kabik en 1965) est un emprunt au breton kabig.
❏  Le mot désigne un manteau court à capuche, muni d'une poche formant manchon sur le devant, et utilisé en navigation.
KABUKI n. m. est emprunté (1895) à un mot japonais dont les trois syllabes signifient « chant » (ka), « danse » (bu) et « personnage » (ki). Ce mot dénomma, par un jeu graphique, un genre théâtral né au début du XVIIe s. avec l'époque Edo, lorsque la danseuse O. Kuni interpréta, à partir de 1603, des danses et des chants qui furent dit kabuki, d'un terme désignant dans la langue populaire de l'époque un comportement exubérant et quelque peu marginal. Le genre du kabuki, dans lequel les dialogues alternent avec les chants et les intermèdes de ballet, se constitua au XVIIe et au XVIIIe s., assimilant la gestuelle des marionnettes (théâtre bunraku) et profitant du déclin de celles-ci.
❏  Le mot reste didactique en français, et moins répandu que nô.
KACHA n. f., écrit kâscha (1852, kacha 1861), est emprunté au russe kacha. Une forme francisée cachat, emprunt oral, se lit en 1822. Le mot remonte, comme le polonais kasza « orge mondé cuit dans du lait » (repris par le français en 1791) et le tchèque kaše, au mot kasia dont l'origine est incertaine.
❏  Le mot désigne un plat populaire russe et polonais, équivalent du gruau, bouillie de céréales parfois additionnée d'œufs, de crème aigre, de miel.
KADDISH n. m., écrit kaddesh en 1666 (et attesté plus tôt en anglais, 1613) est un emprunt au mot araméen signifiant « saint ».
❏  Le mot désigne la prière juive, en araméen, récitée à la fin de chaque partie de l'office.
KAFIR n. m., emprunt à l'arabe kāfir, « incroyant, infidèle » a été transcrit en français au XVIIe s. sous la forme kafer (1683), à la fin du XVIIIe s. par kafir. Mot « de relation », il fait partie des termes par lesquels les musulmans désignaient les infidèles, comme giaour ou roumi (réservé aux chrétiens).
KAFKAÏEN, ÏENNE adj. est l'adjectif dérivé (1945), avec le suffixe -ien, du nom de Franz Kafka, écrivain tchèque de langue allemande (1883-1924), dont l'œuvre romanesque exprime l'angoisse de la condition de l'homme moderne : une situation sans issue dans une atmosphère oppressante et un espace labyrinthique.
❏  Le mot, qui a supplanté les variantes kafkien (1939) et kafkéen, qualifie ce qui appartient à Kafka et à son œuvre. Il s'est répandu dans l'usage courant pour caractériser un monde, une situation, un individu sinistre, absurde et dérisoire (1965, chez le traducteur A. Vialatte, qui note la vogue de cet adjectif chez les éditorialistes de journaux et les critiques littéraires).
KAGOU ou CAGOU n. m., emprunt à une langue kanak du Sud (le druba), désigne un oiseau au plumage gris perle, aux pattes et au bec de couleur corail, qui pousse un cri ressemblant à un jappement. Le mot est courant en français de Nouvelle-Calédonie, dont cet oiseau est l'emblème (la graphie cagou y est la plus fréquente, par exemple dans les contes pour enfants).
KAÏ-KAÏ, interj. est une onomatopée évoquant un bruit de mâchoires, employée par Goscinny dans la bande dessinée Lucky Luke, et mis dans la gueule d'un chien pour exprimer un sentiment pénible.
KAÏNA adj. inv., mot tahitien, se dit en français de Polynésie de ce qui est traditionnel et identifié comme typique de la culture polynésienne (un orchestre kaïna).
KAISER n. m., d'abord kayser (1859), est emprunté à l'allemand Kaiser « empereur ». Ce mot, comme son correspondant néerlandais keiser, vient de l'adoption précoce, dans les langues germaniques, du latin Caesar, nom de famille dans la gens Julia, puis titre porté par les empereurs romains, peut-être par l'intermédiaire du grec kaîsar (→ césar, tzar).
❏  Le mot, d'abord relevé chez Hugo dans La Légende des siècles, pour « empereur », est le nom donné par les Français à l'empereur d'Allemagne, de 1870 à 1918, et particulièrement à Guillaume II (1913).
❏  KAISERLICK n. m., écrit kaiserlique en 1792, emprunt à l'allemand kaiserlisch « impérial », est un terme d'histoire désignant les soldats de l'empereur d'Allemagne pendant la Révolution, et aussi les émigrés français des pays germaniques coalisés contre la France.
KAKÉMONO n. m. est emprunté (1878, Goncourt) à un mot japonais composé de kakeru « suspendre » et mono « chose » (→ kimono), et désignant une peinture sur soie ou sur papier, de forme longitudinale, suspendue verticalement et pouvant se rouler autour d'un bâton. Son correspondant chinois guàfú « peinture suspendue », ou lìzhou « rouleau vertical », ne recouvre pas exactement la même réalité.
❏  Le mot s'est diffusé dans le langage des arts, comme témoin de la vogue de l'art japonais en France et en Occident, dans les années 1880-1900.
1 KAKI n. m., en composition dans ssibu-kaki (1765), puis adapté en caque dans figue caque (1820) et kake (1830), formes francisées supplantées par kaki (1822), est l'adaptation du latin scientifique kaki (1712, chez le voyageur et naturaliste allemand Kaempfer) puis Diospyros Kaki (Linné), emprunt à un mot japonais.
❏  Le mot désigne un plaqueminier originaire d'Extrême-Orient, de nos jours acclimaté en France méridionale, et son fruit (1820). Introduit en sciences naturelles, il s'est diffusé à la fin du XIXe s. avec le japonisme et l'accession du public français aux estampes japonaises (représentant le fruit).
2 KAKI adj. et n. m. n'est pas issu, comme on pourrait le croire, du nom de fruit kaki pour sa couleur : le mot, qui apparaît d'abord sous la forme khaki (1898), puis kaki (1916), est un emprunt à l'anglais khakee, khaki, attesté depuis 1857 comme nom au sens de « couleur brun jaunâtre, étoffe de cette couleur utilisée dans l'armée britannique en Inde pour la confection d'uniformes », et depuis 1863 comme adjectif. C'est un emprunt à l'ourdou et hindi ḫākī « poussiéreux, couleur de poussière », lequel vient du persan.
❏  Le mot, introduit avec le sens métonymique de « tissu employé pour la confection des vêtements indiens », s'est répandu comme adjectif (1900) et nom de couleur à la suite de l'adoption de cette couleur dans l'armée française, qui renonce alors au « bleu horizon » (1916, Barbusse en parlant de soldats). ◆  Le mot, en français d'Afrique, peut désigner un tissu de coutil, notamment pour des uniformes scolaires, quelle que soit sa couleur. Aux Antilles, un kaki se dit d'un vêtement de couleur kaki.
KALA-AZAR n. m. est pris à un mot d'Assam, de kala « mal » et azar « maladie », désignant une grave maladie causée par un protiste parasite, la leishmanie. Syn. leishmaniose.
KALACHNIKOV n. f. est un emprunt au russe, de la marque d'armes automatiques qui fabrique ce pistolet-mitrailleur, exporté en de nombreux lieux du monde (attesté dans les années 1970).
KALÉIDOSCOPE n. m., dès 1818 au figuré dans le titre Le Kaléidoscope philosophique et littéraire ou l'Encyclopédie en miniature, est emprunté à l'anglais kaleidoscope, nom formé par le savant D. Brewster qui inventa l'instrument et en déposa le brevet en 1917. Il est composé des mots grecs kalos « beau » (→ calli- dans calligraphie), eidos « image, aspect » (→ idole), et skopein « regarder » (→ -scope), exprimant l'idée de « regarder une belle image ».
❏  Le mot, désignant un cylindre où des fragments colorés sont reflétés par un jeu de miroirs angulaires, formant des figures symétriques, a inspiré de bonne heure (1818) un emploi figuré exprimant l'idée d'une succession rapide et changeante (de sensations, impressions) et un emploi métaphorique (1880).
❏  On en a tiré KALÉIDOSCOPIE n. f. (1836), d'usage littéraire, KALÉIDOSCOPIQUE adj. (1835, Balzac, au figuré), littéraire ou technique au sens propre, moins rare au figuré pour « qui change rapidement d'aspect », et KALÉIDOSCOPER v. tr. (1895), aujourd'hui vieilli.
KAMIKAZE n. m. et adj. a été emprunté (1953) au japonais kamikaze. Le premier élément de ce mot, kami, signifie « supérieur », d'où « seigneur, maître » et, dans la religion shintoïste, « entité supérieure à l'homme par sa nature (soleil, lune, typhon), divinité ». Il a fait l'objet d'un emprunt indépendant en français (1845). Le second élément kaze signifie « vent ». À l'origine, ce mot désigne deux typhons qui ont détruit la flotte d'invasion mongole en 1274 et en 1281. Il a été repris vers la fin de la Seconde Guerre mondiale pour désigner les avions chargés d'explosifs qui devaient s'écraser en piqué sur les navires américains.
❏  Le mot est passé en français avec ce sens, désignant le pilote volontaire de l'avion ou l'avion lui-même (en concurrence avec avion-suicide) et, par extension, toute personne qui s'expose volontairement à un grand danger, ainsi que des actions considérées comme suicidaires.
KANA n. m. inv., apparu dans les composés hiragana et katakana au XIXe s. (article japonais du Grand Dictionnaire de Pierre Larousse, 1873), est un emprunt au mot japonais désignant les signes syllabiques pouvant noter la langue japonaise, à côté des caractères chinois appelés kanji.
KANAK → CANAQUE