KITSCH n. m. inv. et adj. inv. est un mot allemand introduit vers 1960 (1962, E. Morin, L'Esprit du temps). L'allemand kitsch est probablement dérivé de kitschen « ramasser la boue des rues » d'où « rénover des déchets, revendre du vieux » (en Bavière) plutôt qu'emprunté à l'anglais sketch « esquisse » (→ sketch). Le kitsch s'est affirmé dans la Bavière de l'hyperromantique et maniériste Louis II, où le mot apparaît vers 1870 pour qualifier des reproductions d'art bon marché. Il connaît une première diffusion autour du modern style de 1900 et un « second souffle » mondial, contemporain du pop art, vers 1960. Concept inséparable de la triade industrie-masse-consommation, il prospère dans les lieux et les moments de civilisation « flottante ».
❏  Le mot, en histoire de l'art et dans l'usage courant, s'applique au caractère esthétique d'objets de grande diffusion surchargés, inauthentiques, de mauvais goût. Un concept plus scientifique correspond à « objet dont la finalité et le sens sont transférés ». Dans l'usage courant, il s'applique à tout ce qui relève d'un mauvais goût provocant.
1 KIWI n. m., d'abord kivi-kivi (1828), puis kiwi (1842), est emprunté à un mot maori désignant un oiseau de Nouvelle-Zélande, l'aptéryx. L'anglais kiwi, kiwi-kiwi a pu servir d'intermédiaire.
2 KIWI n. m. est emprunté (v. 1975) à l'anglais kiwi (v. 1972), elliptique pour kiwi fruit, kiwi berry (1966), nom d'un fruit appelé antérieurement chinese gooseberry (1925) « groseille à maquereau chinoise » parce qu'on l'importa de Chine pour le cultiver en Nouvelle-Zélande. Le nom actuel vient probablement du surnom donné aux fruits néo-zélandais, par allusion à l'oiseau kiwi (→ 1 kiwi), symbole néo-zélandais. Le nom savant du fruit, actinidia, figure dans le Dictionnaire des sciences de Poiré (1924) sans mention du fait qu'il est comestible.
❏  D'abord commercialisé en France comme denrée de luxe, le kiwi, acclimaté dans le sud de la France et cultivé abondamment, est devenu un fruit banal, le mot devenant usuel vers 1980.
KLAXON n. m. est emprunté (1911) au terme anglo-américain klaxon (1910), marque déposée, du nom de la firme qui fabriquait cet avertisseur d'automobile. On rencontre des graphies klakson (1921), claxon, clakson (1919) et même claskson.
❏  Klaxon est un mot critiqué que l'on conseille de remplacer par avertisseur ; cependant, il s'est généralisé, de même que son dérivé KLAXONNER v. intr. (1930), qui a supplanté corner en ce sens.
KLEENEX n. m. nom d'une marque nord-américaine (1925, d'après clean « propre ») de mouchoirs de papier jetables, est passé dans l'usage général avec la diffusion massive de ce produit, dans les années 1960.
■  On l'a employé en opposition ou comme attribut, pour qualifier ce que l'on rejette après s'en être servi.
KLEPTOMANE n. et adj. est composé savamment (1896), avec l'élément klepto- tiré du grec kleptês « voleur », dérivé de kleptein « voler, dérober, dissimuler », verbe contenant une racine exprimant le vol par ruse (→ clepsydre), et de -mane (→ manie). Une graphie à initiale cl- est également acceptée.
❏  Le mot désigne, d'abord en psychiatrie puis couramment, une personne qui vole par pulsion obsessionnelle.
❏  KLEPTOMANIE n. f. est formé (1906) de klepto- et de -manie pour désigner l'obsession du kleptomane.
KNACK n. m. est un mot alsacien (attesté par écrit en 1969) ; pris à l'allemand Knackwurst « saucisse (Wurtz) croquante ». C'est, en français régional d'Alsace, le nom de la saucisse dite de Strasbourg dans le reste de la France.
KNICKERBOCKERS ou KNICKERS n. m. pl. est emprunté (1863) à l'anglo-américain knickerbockers (1859), par abréviation, knickers (1881) désignant des pantalons de sport serrés juste au-dessous du genou. Ce mot est l'emploi comme nom commun de Knickerbocker, nom donné aux membres des familles new-yorkaises descendant des premiers colons hollandais dans le livre de Washington Irving, A History of New York (1809). L'écrivain américain choisit de publier son ouvrage sous le pseudonyme de Dietrich Knickerbocker en l'honneur de son ami Herman Knickerbocker, qui vivait près d'Albany. Ce sont les éditions illustrées de ce livre, montrant plusieurs descendants de colons vêtus de ce genre de culotte, qui seraient à l'origine du nom du vêtement.
❏  Le mot désigne un pantalon large et court serré sous le genou, utilisé en sports, pour l'escalade (1885, A. Daudet, Tartarin sur les Alpes : knicker-bockers de montagne), le ski et le golf (v. 1930), autrefois également en cyclisme. Le mot et la chose sont à peu près sortis d'usage, sauf par allusion à la mode masculine entre 1880 et 1930 ; l'expression pantalons de golf s'y était un moment substituée.
KNOCK-OUT n. m. inv. est emprunté par la langue de la boxe (1899) à l'anglais knock-out (1898), substantif verbal de to knock out « éliminer, faire sortir par un coup » (1591, spécialement en boxe depuis 1883). Le verbe est composé de to knock « cogner, frapper » (v. 1000), mot probablement d'origine onomatopéique — à comparer à l'ancien norrois knoka — et de l'adverbe out « dehors, au-delà de certaines limites », mot ayant des correspondants germaniques, et d'origine indo-européenne incertaine (Cf. hystérie). La prononciation française est hésitante (le k initial ne se prononce pas en anglais) et la prononciation québécoise de knocker « choquer, sidérer », conforme à l'anglo-américain (c'est-à-dire nâké : ça m'a knocké ben raide, dans le Petit Guide du parler québécois de Mario Bélanger) n'est pas identifiable par un locuteur du français de France.
❏  Le mot désigne le coup qui met hors de combat un boxeur pendant plus de dix secondes et l'état du boxeur ainsi éliminé. ◆  L'emploi adjectif (dès 1905) est propre au français et correspond au participe passé knocked out de l'anglais. ◆  L'abréviation courante par les initiales K.-O. date de 1909. Des milieux de la boxe, les deux termes sont passés dans l'usage familier.
❏  Ce n'est pas le cas du dérivé KNOCKOUTER v. tr. (1907), ni d'un autre terme de boxe de formation similaire, KNOCK-DOWN n. m. inv. (1909) « mise à terre d'un boxeur (qui se relève avant d'être mis knock-out) », emprunt à l'anglais knock down (1690 ; 1809 comme terme de boxe), de to knock down « étendre à terre de plusieurs coups ». L'adverbe down « en bas » est issu par aphérèse de adown (aujourd'hui dialectal ou poétique), anciennement adune, formé de a- et du datif de dun « colline », mot apparenté au français dune*.
KNOUT n. m. est un emprunt, attesté en 1681, au russe knut « fouet », pris à l'ancien nordique (langue des Varègues) knuti « nœud ».
❏  Le mot désigne un instrument de supplice de l'ancienne Russie, un fouet dont les lanières de cuir sont terminées par des boules ou des crochets de métal. Il s'applique aussi au supplice.
❏  Un dérivé KNOUTER v. tr. (1797) semble inusité.
KOALA n. m., attesté pour la première fois en 1817 (Cuvier), est un emprunt à l'anglais d'origine australienne koala (1802), de koolah, küla, nom d'un mammifère (marsupial) australien grimpeur, dans une langue indigène. Il n'est pas exclu que koala soit dû à une mauvaise lecture de koola. Jules Verne écrit koula, probablement d'après l'anglais koolah.
KOB n. m. est un emprunt du XVIIIe s. (dans Buffon) à la langue wolof du Sénégal, pour désigner une grande antilope aux cornes en lyre (le kob de Buffon) ainsi qu'une autre antilope plus petite. La variante koba ou coba a cours en français d'Afrique.
KOBOLD n. m. est emprunté (1835, Faust de Nerval) à l'allemand Kobold désignant dans les contes un lutin familier, chargé de veiller sur les métaux précieux enfouis dans la terre. Le mot serait issu du gotique °kuka-hulths « celui qui tient la maison », croisé avec le latin médiéval cobalus « esprit de la montagne », « gnome » ; son premier élément est apparenté à l'ancien norrois kofi « maison » et le second élément -hult, -hold apparaît dans des noms de démons (tel le gotique unhultho « diable »).
❏  Le mot est didactique et ne s'applique qu'aux légendes germaniques.
❏ voir COBALT, GOBELIN.
KODAK n. m. est emprunté (1889) à l'anglo-américain kodak, mot créé arbitrairement en 1888 pour ses possibilités internationales d'emprunt par l'industriel américain G. Eastman (1854-1932), qui le déposa comme nom de son appareil photographique à main.
❏  Le mot, à la mode autour de 1900 et jusqu'à 1930 environ, a été supplanté par appareil-photo, de photo. Il reste vivant comme nom de marque.
KOINÉ n. f. est un emprunt (1914) au nom féminin grec koiné, substantivation de koinos « commun (à plusieurs personnes) ».
❏  Le mot, d'abord appliqué à la langue grecque commune, formée autour du dialecte attique, dans l'antiquité, s'est étendu à toute langue commune, vernaculaire, de locuteurs vivant en plusieurs lieux, ainsi qu'à une langue véhiculaire commune à des populations ayant plusieurs langues maternelles.
KOLA n. m. (1829), et aussi cola (1610), est emprunté par l'intermédiaire du latin savant (fin XVIe s.) à un mot soudanais qui désigne l'arbre et la graine qu'il produit, utilisée comme produit tonique et stimulant.
❏  Kola, nom du végétal et, par métonymie, de sa graine, dite aussi noix de kola, fournit également le nom d'une boisson à base de kola (en ce sens, on lui préfère cola).
❏  On en a dérivé le nom d'arbre KOLATIER n. m. (1905) et le terme médical KOLATISME n. m. (1935) qui désigne l'abus de kola.
❏ voir COCA-COLA.
KOLKHOSE ou KOLKHOZE n. m., d'abord kolkos (1931, dans une traduction du russe par J. Guéhenno), puis kolkhose (1935), est emprunté au russe kolkhoz (1927), combinaison de kollektivnoje khozjajstvo « exploitation agricole collective ». Khozjajstvo est dérivé de khozjain « propriétaire, patron, maître de maison », formé avec le suffixe -in indiquant l'unicité, sur un mot que l'on trouve dans les langues slaves de l'Est et qui serait emprunté au tchouvache ; ce dernier correspond à un mot turc employé notamment comme appellatif honorifique pour un maître. Ce mot vient du persan ḫawāğa, lui-même à l'origine d'un mot arabe. Le français a connu l'emprunt hogea (1559), hogia (1653), enfin hodja (Loti, 1879) en ce sens.
❏  Le mot se rapporte à une coopérative de producteurs agricoles disposant en commun d'une vaste étendue de terre et d'outils agricoles, en U. R. S. S. et dans certains pays socialistes, avant 1989-1990.
❏  KOLKHOZIEN, IENNE n. et adj. (1933) qualifie ce qui est relatif à un kolkhoze et désigne un membre d'un kolkhoze.
❏ voir SOVKHOZE.
KOMMANDANTUR n. f., francisé en commandantur lors de la guerre de 1870, écrit avec le k allemand en 1914, est emprunté à l'allemand, où le mot signifie « bureau du commandant », de Kommandant, emprunt au français.
❏  Le mot désigne en français un commandement militaire allemand, notamment dans les territoires francophones (France, Belgique) occupés par l'armée allemande de 1939 à 1945.
KOPECK n. m., d'abord copek (1607), kopek (1823), puis kopeck (1828), est emprunté au russe kopejka « centième du rouble », mot dont l'origine est controversée : il est probablement dérivé, avec un suffixe diminutif, de kopjio, kop'ë « lance ». Cette désignation viendrait de la substitution en 1535, sur la pièce de monnaie, de la figure d'Ivan IV à cheval, armé d'une lance, à celle de son prédécesseur qui était armé d'une épée. Kopjio, du vieux slave kopije, se rattache au grec koptein « couper, frapper » (→ comma). L'hypothèse d'un emprunt au turc köpek « chien », par référence à une pièce d'argent à l'effigie d'un chien, est moins probable.
❏  Le mot, essentiellement employé à propos de la monnaie russe et soviétique (avant 1991), est entré dans la locution familière ne pas avoir un kopeck (1878), variante plaisante de ne pas avoir un sou.
KORA n. m. est un emprunt à une langue mandingue (Afrique de l'Ouest) pour désigner un instrument de musique à cordes pincées, à long manche, dont le résonateur est une calebasse tendue d'une peau. On trouve le mot écrit CORA, KÔRA ; il est usuel en français d'Afrique.
❏  KORAÏSTE ou CORAÏSTE, KORISTE ou CORISTE (Senghor) n. m. Joueur de kora.