KORRIGAN, ANE n. est emprunté (1831) à un mot breton désignant un esprit malfaisant auquel on donne soit l'apparence d'un nain, soit celle d'une fée. Le mot appartient au dialecte de Vannes ; c'est le féminin de korrig « gnome », diminutif de korr « nain », mot gaélique (cory en cornouaillais).
❏
Le mot apparaît dans le Journal de Michelet qui rapporte la tradition bretonne selon laquelle les korrigans habiteraient les dolmens, forceraient les voyageurs à danser en rond avec eux, voleraient les enfants, etc.
KOT n. m. est un emprunt du français de Belgique au flamand (néerlandais) kot « réduit, débarras », de même origine germanique que l'anglais cottage.
❏
Le mot désigne une chambre, un studio loué à un(e) étudiant(e). Les dérivés KOTER v. intr. « vivre dans un kot » et KOTEUR, EUSE n. sont aussi en usage en français de Belgique.
KOTO n. m. est la transcription, attestée en français en 1907, mais sans doute antérieure (on trouve koto en anglais dès 1795), d'un mot japonais, désignant une sorte de cithare à cordes de soie enduites de cire, qui se joue avec ou sans plectre ; une variété à six cordes est consacrée au culte shintô, la musique profane se jouant sur un koto à treize cordes.
KOUBBA n. f., successivement adapté en cube (1568), cubee (1608), kubbe (1776) et repris sous la forme koubba (1845-1846), est emprunté à l'arabe qubba « coupole », « édifice en forme de dôme ou surmonté d'un dôme », en particulier « abritant la tombe d'un personnage vénéré ».
❏
Le mot a été repris dans cette dernière acception spécialisée, dans le contexte de l'Afrique du Nord. Il est en concurrence avec marabout.
KOUGELHOF n. m., d'abord gouglouff (1827) puis kougelhof (1861, chez Erkmann-Chatrian), est emprunté à l'alémanique d'Alsace et de Suisse gugelhupf, également gugelhopf « gâteau à pâte levée aux raisins secs, cuit dans un moule rond muni d'une cheminée centrale ». Le mot est formé de gugel, équivalent de l'allemand Kugel « boule », mot apparenté à l'anglais cudgel et au moyen néerlandais koghele désignant à l'origine un bâton au bout émoussé, et remontant à une racine indoeuropéenne °geu- « courber, arquer ». Le second élément est dérivé de l'allemand Hefe « levure », issu, par l'ancien haut allemand hevo, d'un verbe germanique °hafjo « lever », qui serait apparenté à la même racine que le latin capere « prendre » (→ capter).
❏
Le mot, sous de nombreuses graphies, désigne la pâtisserie alsacienne décrite ci-dessus.
KOUIGN AMANN n. m. est un emprunt (attesté en français, par écrit, en 1956) à un mot composé breton, formé de kouign ou kuign « pâtisserie » (transcrit cuigne dans Littré), d'origine discutée, et amann « beurre ».
❏
Le mot, courant en français de Bretagne occidentale, parfois connu hors de Bretagne, désigne un gâteau feuilleté et caramélisé, riche en beurre et en sucre.
KOULAK n. m. est emprunté (1917 ; au plur. koulaky, 1881) au russe kulak « poing », par métonymie « personne aux poings fermés », image analogue à celle de grippe-sou, mot appliqué aux grands fermiers. Le mot est probablement emprunté au turco-tartare kulak « poing », apparenté au turc ḳul « main ».
❏
Le mot se réfère à un riche propriétaire terrien dans la Russie pré-révolutionnaire et à un paysan-propriétaire en Union soviétique. Il s'est diffusé en français et en d'autres langues lorsque, dans les années 1930, le gouvernement soviétique fit campagne contre ces paysans riches.
◆
Par calque du russe, on parle alors aussi de DÉKOULAKISATION n. f. et de DÉKOULAKISER v. tr. (1933).
KOULIBIAK ou KOULIBIAC n. m. est emprunté (1902) au russe kulebjaka, désignant un pâté en croûte d'abord à base de chou, puis de viande, de poisson, mot d'origine inconnue. La forme koulbac est attestée en français dès 1855.
❏
Le mot se rapporte à un mets de la cuisine russe, préparation de poisson en croûte.
KOUMIS ou KOUMYS n. m. est un emprunt, d'abord adapté en cosmos (1634), komiiz (1663) puis écrit kumis (1823) et koumis (1832), au russe kumys (d'abord komyz', komuz' au XVe s.). C'est en russe un emprunt aux langues turco-tartares.
❏
Le mot désigne une boisson d'Asie centrale, voisine du kéfir, à base de lait fermenté de jument, d'ânesse, de chamelle ou de vache.
KOUROS n. m. est emprunté (attesté 1934 ; certainement antérieur) au grec kouros, forme ionique de koros « jeune garçon » et par métaphore, « rejeton d'une plante, branche ». L'origine du mot est inconnue, l'hypothèse la plus solide le rattachant au thème de kore- « nourrir » et « faire croître », apparenté aux verbes latins creare (→ créer) et crescere (→ croître).
❏
Le mot désigne une statue de la Grèce antique représentant un jeune homme nu.
❏
KORÊ ou KORÈ n. f. est emprunté au grec korê, féminin de koros, « jeune fille », aussi « poupée, pupille » (Cf. pupille) et, en architecture, « statue féminine », en particulier « caryatide ». Le mot, attesté en 1933 dans les dictionnaires, est certainement bien antérieur (Cf. core, 1844 en anglais, Kore en allemand). Il a été repris pour désigner une statue grecque représentant une jeune fille.
KRAAL n. m. est un emprunt (1735) à un mot afrikaans (néerlandais d'Afrique du Sud), d'origine romane, apparenté à l'espagnol corral et au portugais curral « enclos ».
❏
Le mot, dans les langues européennes, a servi à désigner un village de Hottentots, puis (1877) un enclos, notamment pour les éléphants, ou pour le bétail. En français d'Afrique, le mot peut désigner un lieu malpropre.
KRACH ou KRACK n. m. est emprunté (1877) au néerlandais krach sous l'influence de l'allemand Krach, déverbal de krachen « craquer », employé une fois en 1857 et répandu à la suite de l'effondrement des cours de la Bourse à Vienne, le 9 mai 1873. L'allemand doit cette spécialisation à l'anglais correspondant, crash, attesté au même sens depuis 1817. Crash, proprement « bruit, craquement » (XVIe s.), vient de to crash « craquer » (XIVe s.), formation expressive analogue au français craquer*.
❏
Le mot s'est répandu en français en 1881 à propos du « krach » de l'Union générale. Il s'est étendu à la situation d'une banque qui ne peut plus faire face aux demandes de retrait (1891), puis à un effondrement des cours de la Bourse.
KRAFT n. m., enregistré à partir de 1931 dans les dictionnaires, est d'origine germanique, probablement emprunté au suédois kraftpapper, littéralement « papier force », peut-être par l'intermédiaire de l'anglais où le mot est attesté dès 1907, mais non de l'allemand, où il est rare et relativement récent. Le suédois kraft, « force », appartient à un important groupe germanique constitué par l'allemand Kraft, le néerlandais kracht, l'anglais craft, le norvégien et le danois kraft ; la plupart de ces mots ont conservé le sens primitif de « force, pouvoir, capacité ». Le rattachement de cette famille à la racine indoeuropéenne °ger- « tourner » (→ giratoire, girolle), proposé par Kluge, n'est pas confirmé.
❏
Le mot, seul ou en apposition à papier, désigne un papier d'emballage très résistant.
KRAK n. m. est la reprise, au XIXe s. (1871) d'un mot d'ancien français, écrit crac (1195), alors pris à l'arabe karak « château fort », lui-même provenant de formes araméennes et syriaques en karka « ville, place fortifiée ». Le mot ne s'applique qu'aux châteaux forts construits par les croisés en Syrie, au XIIe s. (le krak des chevaliers).
KRAKEN n. m. est un emprunt du XVIIIe siècle (kraxen, 1764) à un mot norvégien, aussi écrit krakjen, à propos d'un monstre marin des légendes scandinaves.
KREMLIN n. m., surtout connu à propos de Moscou, est emprunté (1762) au russe kreml, nom commun « citadelle, forteresse » (XVe s.), qui vient probablement d'une variante de krom, kroma « frontière, marche ». Comme nom commun (didactique), le mot désigne la partie centrale fortifiée des anciennes villes russes (le kremlin de Smolensk). Il n'est courant que comme nom propre, à propos de celui de Moscou, symbole du pouvoir russe.
❏
De là les composés KREMLINOLOGUE n. (années 1960, Cf. l'anglais kremlinologist, 1960), « spécialiste de l'étude du gouvernement soviétique, puis russe » et KREMLINOLOGIE n. f. (1966, sans doute d'après l'anglais).
KRILL n. m. est un emprunt au norvégien krij « petite friture », passé par l'anglais krill (1912) et répandu en français dans les années 1970, pour désigner les crustacés minuscules qui servent de nourriture aux grands cétacés (baleines bleues).
KRISS n. m. est un emprunt des voyageurs de la Renaissance au malais keris, kris, pour désigner un long poignard à lame sinueuse. L'expression la plus courante est : kriss malais.
KRYPTON n. m., nom d'un gaz rare attesté en français dès 1998, est l'emprunt immédiat du mot formé en anglais par le physicien Ramsay à partir du grec kruptos « caché ». Le nom de cet élément de numéro atomique 36 est assez connu parce qu'il est utilisé en éclairage (ampoules au krypton).