L
3 LA n. m. est la première syllabe (v. 1223) du mot latin labii, au troisième vers de l'hymne de saint Jean-Baptiste, de Paul Diacre, choisie arbitrairement par Gui d'Arezzo (995-1050).
❏
Le mot désigne la sixième note de la gamme en do majeur ; il entre dans la locution donner le la, au propre (1831) et au figuré, « donner le ton » (1866) ; Cf. gamme.
L
LÀ adv. et interj., attesté (1080) peu après les formes occitanes lai, lay (v. 980), est issu du latin illac « par là » (→ il), dont le c est tombé dans la langue parlée (depuis Plaute). La diphtongaison attendue du a a probablement été empêchée par la fréquence d'emploi d'illa(c) devant un adverbe.
❏
Le mot, qui a supplanté l'ancien français
ila (v. 1120), s'applique originellement au lieu où l'on va, par opposition à
ici (
ci dans les premiers textes), mais cette opposition s'est entièrement perdue dans les emplois courants modernes, où
là indique aussi (et abusivement) l'endroit où l'on est. La même chose se produit dans son emploi au sens temporel d'« alors, à ce moment » (1135) qui se déterminait anciennement par opposition au temps du locuteur. Depuis 1511,
là assume aussi l'idée figurée d'« à ce point » (en particulier avec
en : en être là).
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Très tôt, sont apparues différentes possibilités de construction : là introduit une proposition relative avec où, que, qui (1080) et la langue classique préférait dire c'est là où quand nous disons aujourd'hui c'est là que. Depuis le XVIe s. (1545), là où est spécialement employé pour indiquer une opposition, assumant un rôle voisin de tandis que. Depuis les XIIe-XIIIe s., là accompagne un pronom ou adjectif démonstratif (→ cela, celui) pour le renforcer.
◆
Il s'emploie souvent précédé d'une préposition ou dans une locution prépositionnelle : de là (1080) [Cf. ci-dessous delà], çà et là (v. 1175) [Cf. çà], par là (v. 1208), qui s'emploie aussi au figuré depuis 1240, notamment dans en passer par là (1611) et dans par ci par là (av. 1538).
◆
Là s'emploie très tôt (1080) avec un autre adverbe, combinaison ayant d'abord donné là-jus (v. 980) « en bas » (du latin deorsum dont il reste une trace dans jusant*), et là-sus « en haut » (du latin su(r)sum ; → sus) ; ces composés ont été supplantés par là-dessous (v. 1180) et là-dessus (1580 au figuré). S'y sont ajoutés là-dedans (v. 1160), son antonyme là-dehors (1200 ; 1160, la hors), sorti d'usage, et là-contre, aujourd'hui archaïque, ainsi que là-haut (1456) qui s'opposait primitivement à là-bas (1532). L'opposition s'est perdue en même temps que les deux locutions ont changé de sens : à l'origine, là-haut avait le sens religieux de « dans le ciel » (on désignait Dieu comme celui qui est là-haut) et, symétriquement, là-bas signifiait « dans les enfers », valeur réactivée, sans être clairement perçue par le locuteur moderne, dans le titre du roman de Huysmans Là-bas (1891). Les deux locutions ont pris un sens laïc au XVIIe s. et, progressivement, là-bas a glissé vers le sens actuel « à quelque distance, au loin » (av. 1833). Ce faisant, il usurpe le sens originel de là mais, celui-ci se confondant avec ici, ce renforcement est devenu nécessaire.
◆
L'idée de localisation éloignée le cède à celle, positive, d'une présence immédiate, dans l'usage populaire. Être un peu là (1897 Courteline), se poser là correspondent à « être très présent et à la hauteur ».
■
Depuis 1611, là (parfois là ! là !) est employé comme interjection dans les dialogues. Au XVIIe s., dans cet emploi, il était souvent orthographié sans accent grave, avant que Furetière et l'Académie ne préconisent la graphie actuelle. L'usage moderne tend à l'associer à une autre interjection (ah là ! ouh là ! ah là là !). Familièrement, il reprend parfois un mot que l'on vient d'exprimer.
DELÀ prép. et adv. résulte de la soudure (v. 1160) de
de* et
là*.
■
La préposition delà, usuelle jusqu'au XVIIe s. au sens spatial de « plus loin que », a été remplacée par la locution prépositionnelle PAR DELÀ (1669, Racine). Une autre locution prépositionnelle, de delà (XIIIe s.), qui mettait l'accent sur la provenance (« d'un lieu situé de l'autre côté de »), est sortie d'usage. L'usage adverbial de delà s'est lui aussi modifié au XVIIe s. : son emploi au sens local (v. 1175) l'a cédé à là bas lorsque cette dernière locution a acquis son sens moderne. Il a mieux résisté en association avec delà dans la locution deçà et delà « de côté et d'autre », dont une variante plus concise, deçà, delà (1549) est surtout connue pour ses emplois littéraires (Une chanson de Verlaine) [→ ça].
◆
Parmi les locutions adverbiales formées avec delà, en delà n'a eu qu'une expansion réduite ; par delà « plus loin, de l'autre côté » (XIIIe s.) s'est mieux maintenu, mais seul au delà (1538) est devenu courant avec cette même valeur spatiale.
◆
Ces deux locutions ont développé une valeur figurée, au delà recevant la valeur quantitative et qualitative de « encore plus, encore mieux » (Pascal). Symétriquement à en deçà, il a servi à construire une locution prépositionnelle, au delà de (v. 1550) de sens local et figuré (1580-1592, au delà de nos forces), et il a été substantivé plus récemment : l'au-delà (1866, Amiel). Cet emploi est presque totalement accaparé par la valeur de « l'autre monde » se plaçant dans la série des dénominations adverbiales ici-bas, là-haut et (archaïque) là-bas. L'emploi susbtantivé est le seul cas où le trait d'union demeure obligatoire.
❏ voir
DESSOUS (là-dessous), VOILÀ.
LABEL n. m. est emprunté (1899, dans La Vie américaine) à l'anglais label « étiquette, marque distinctive » (1679), sens issu de celui de « ruban, bande de tissu » (v. 1320) avec lequel le mot a été emprunté à l'ancien français label, lambel, labeau, lambeau « ruban pendant en manière de frange » (→ lambeau).
❏
Ni l'anglais ni l'américain n'ont spécialisé le mot dans le sens d'« étiquette syndicale » et de « marque de qualité, image de marque » (1938) qui motivèrent son emprunt en français. Les puristes en ont tiré argument pour le critiquer, mais il s'est intégré, surtout au deuxième sens, largement attesté depuis 1963.
◆
Il a été emprunté une seconde fois vers 1970 comme terme d'informatique à l'anglais label, au sens (1961) de « caractère ou groupe de caractères servant à identifier un ensemble de données constituant une unité dans un ensemble plus vaste ».
◆
Enfin, le mot, au sens anglo-américain de « marque commerciale », s'est spécialisé pour « firme éditrice de disques » (années 1990).
❏
Les dérivés LABELLISER v. tr. (1983) et LABELLISATION n. f. s'appliquent à toutes sortes de produits commercialisés.
LABEUR n. m. est emprunté (v. 1120, labur) au latin labor, -oris « travail » (en tant qu'effort fourni), souvent avec une idée d'« effort fatigant, épreuve ». Le mot semble apparenté à labare « glisser » (→ labile) et devait signifier à l'origine « charge » (sous laquelle on chancelle) ; de là, on serait passé au sens de « peine, souffrance » et, par un nouvel affaiblissement, à « travail, effort », valeur qui est passée au français et à l'anglais labor. Le mot classique pour le travail était en latin opus « résultat » et opera « activité » (→ œuvre), labor étant réservé surtout à la langue rustique pour les travaux particulièrement durs, d'où le sens technique de « labour » conservé en français jusqu'au XVIe s. (→ labourer).
❏
Le mot signifie d'abord « affliction, peine, malheur », sens propre à l'ancien français et, gardant l'idée de peine, désigne un travail pénible (1155). La valeur concrète de « fruit du travail » assumée, par métonymie, par le pluriel (v. 1120) a disparu avant l'époque classique, où le mot, même au sens de « travail pénible », est considéré comme archaïque (« il vieillit », Furetière). D'usage plutôt littéraire dans son acception générale, il est marqué comme populaire en français moderne, quand il est synonyme de
travail.
■
Depuis 1730, il a une valeur technique en imprimerie où il désigne un travail de composition et d'impression important, et, par métonymie, la branche de l'imprimerie spécialisée dans la confection des « labeurs », dont les ouvriers s'appellent les labeuriers (1874).
❏
LABORIEUX, EUSE adj. est emprunté (v. 1200,
laborios) au latin
laboriosus « qui demande de la peine, pénible », « qui se donne au travail », de
labor.
■
Son premier sens, « consacré au travail », est aujourd'hui archaïque, et le mot est surtout employé au sens de « qui travaille beaucoup » (v. 1370), et (en parlant d'une chose) « qui coûte beaucoup d'efforts ». L'usage moderne lui ajoute parfois la connotation péjorative de « dans lequel on sent l'effort » (1873).
◆
L'expression classe laborieuse (1845), en parlant des travailleurs, appartient au vocabulaire socialiste, puis marxiste.
◈
En est dérivé
LABORIEUSEMENT adv. (1489, v. 1361 ;
laboureusement).
❏ voir
COLLABORER, ÉLABORER, LABORATOIRE, LABOURER.
LABIAL, ALE, AUX adj. est dérivé avec le suffixe -al (1580) du latin labium (plus souvent au pluriel labia, forme interprétée comme un féminin singulier) « lèvre », terme archaïque et post-classique appartenant à la langue parlée, la langue classique utilisant labra (→ lèvre), de même origine.
❏
Labial est apparu comme terme de phonétique ; il est substantivé en ce domaine depuis 1797 (une labiale). Depuis 1753, il fournit l'adjectif correspondant à lèvre dans l'usage didactique (anatomie, zoologie), usage peut-être influencé par l'anglais labial (1650).
❏
Ses dérivés sont des termes de phonétique :
LABIALISER v. tr. (1846) et
LABIALISATION n. f. (1889), pour la transformation d'un son en labiale, les adjectifs
LABIO-DENTAL, ALE, AUX (1905) et
LABIO-VÉLAIRE (1905) associant les lèvres et les dents,
APICO-LABIAL, ALE, AUX (
XXe s.), les lèvres et le voile du palais.
■
BILABIAL, ALE, AUX adj. (1908) qui tend à concurrencer labial dans son acception restrictive « articulé par les deux lèvres ».
LABILE adj. est emprunté (XIVe s., in F. e. w.) au bas latin labilis « glissant, enclin à tomber », de labare « glisser de manière à tomber, s'écrouler », au physique et au moral (→ laps, lapsus).
❏
Le mot, qui a supplanté la forme populaire lable, a qualifié des réalités abstraites précaires, changeantes, comme la mémoire, l'âme, la fortune ; en moyen français il a aussi eu le sens de « fugace, fuyant » et s'est appliqué à une personne moralement fragile, qui cède facilement (XVIe s., labile à). L'usage moderne l'a restreint à un emploi didactique en sciences, spécialement en botanique à propos d'un pétale qui tombe facilement (1840) et en chimie (1931). Le sens abstrait s'est limité à l'usage littéraire.
❏
Le dérivé LABILITÉ n. f., attesté au XVIe s. au sens moral de « fragilité » (labilité 1527), a été réintroduit dans la langue didactique moderne (1904, Revue générale des sciences).
LABORATOIRE n. m. est formé savamment (1620) sur le supin (laboratum) du latin laborare (→ labourer) avec le suffixe -oire.
❏
Le mot se rapporte d'abord à un local aménagé pour faire des expériences scientifiques, notamment l'officine du pharmacien (1620) et le local du chimiste (1671). La Fontaine l'a employé à propos du cabinet de toilette (1699).
◆
Le XVIIIe s. a étendu son emploi au local où le distillateur prépare ses produits (1727) et, figurément, au lieu où l'on fait des recherches intellectuelles, où l'on étudie (1765). Il en a également fait le nom technique de la partie d'un four à réverbère où s'effectuent les échanges de chaleur, les réactions chimiques (1757).
◆
À la même époque, le mot s'est dit d'un atelier de travailleurs manuels (1727), mais ce sens ne s'est pas imposé.
◆
Le XXe s. a apporté un certain nombre de syntagmes : laboratoire municipal (1902), laboratoire d'hygiène (1962), animal de laboratoire, homme, expérience de laboratoire et a emprunté à l'anglais language laboratory l'expression laboratoire de langue.
❏
Le mot est familièrement abrégé en
LABO n. m. (1894).
■
LABORANTINE n. f. (1918) est emprunté à l'allemand Laborantin « femme travaillant dans un laboratoire », féminin de Laborant, lui-même dérivé savamment (apr. 1650) du latin laborans, -antis, participe présent de laborare.
◆
Le français a créé un masculin LABORANTIN au milieu du XXe s., d'après le féminin et la recherche s'enorgueillit de robots laborantins.
LABOURER v. tr. est emprunté au latin classique laborare, de labor (→ labeur), « travailler, se donner du mal », spécialement (en emploi transitif) « mettre en valeur, cultiver », sens très utilisé en latin médiéval.
❏
Labourer est apparu au sens général de « se donner de la peine, travailler », maintenu jusqu'au
XVIIe s., souvent sous la forme
labeurer, influencée par
labeur.
■
Il s'est spécialisé de bonne heure à propos du travail agricole, et plus précisément de celui qui consiste à retourner la terre au moyen d'instruments aratoires (1119, intr. ; 1155, tr.). En ce sens, il a supplanté les anciens verbes arer (du latin arare), usuel jusqu'au XVIe s. et maintenu dans certains parlers (→ araire), et gaaigner (→ gagner). Il n'a pas conservé le sens analogique, « faire l'acte charnel » (1375), qui représente une métaphore fondamentale, assimilant la Terre mère à la femme (ce qui correspond aux rites de fécondité).
◆
Le verbe s'emploie à propos d'une ancre qui ne tient pas au fond (1534) et, couramment, par hyperbole, dans se labourer le visage (1873), pour « se griffer ».
■
Le participe passé labouré, substantivé, est employé régionalement au sens de « terre, champ labouré » (masculin dans le nord et l'ouest de la France, féminin en Suisse romande).
❏
Son déverbal
LABOUR n. m. (v. 1165) a pris de bonne heure sa spécialisation agricole sous l'influence du latin médiéval
labor (→ labeur). Après avoir désigné, par métonymie, le produit de la terre labourée, il désigne le travail de la terre, des champs et, par métonymie, une terre labourée.
◈
Les autres dérivés de
labourer ont tous acquis cette valeur au
XVIe s. par spécialisation de l'idée large de « travail aux champs ». C'est le cas de
LABOUREUR n. m. qui a supplanté (v. 1155) l'ancien
loreür « celui qui travaille, qui produit qqch. » (v. 1118), peut-être issu du latin médiéval
laborator (933). Cependant, le mot a conservé longtemps quelque chose de son ancien sens dans des emplois poétiques qui en font le synonyme de
paysan. Régionalement, on appelle la taupe-grillon le
laboureur (1611), puis la
LABOUREUSE n. f. (1931).
■
LABOURAGE n. m. (v. 1225), apparu comme labour au sens concret de « produit du travail de la terre », a désigné en général le travail des champs (v. 1250), puis spécifiquement l'action de retourner la terre pour la cultiver (1552).
■
LABOURABLE adj. (1308) a perdu dans le même temps son sens de « cultivable », pour « qui peut être labouré » (1552).
LABRADOR n. m. est l'emploi comme nom commun (1900) du toponyme Labrador, qui désigne une vaste péninsule de l'Amérique du Nord et pour lequel l'étymologie la plus répandue est la suivante : le mot viendrait du portugais lavradór « gros fermier », spécialisation du sens de « travailleur » avec lequel il répond au français laboureur (→ labourer). John Cabot en fit le nom de la péninsule en l'honneur d'un marin portugais, Joâo Fernandes, connu sous le nom de Lavradór parce qu'il possédait une ferme aux Açores, et qui participa à l'expédition de Cabot au Groenland à la fin du XVe siècle. Labrador entra dès la fin du XIIIe s. dans pierre de Labrador (1783), puis au XIXe s., dans les expressions canard du Labrador (1867) et chien du Labrador (1867) en zoologie. Le premier rend l'allemand Labradorstein, dénomination inventée par Werner et correspondant à l'anglais Labradore stone (1778) ; les deux autres correspondent à l'anglais Labrador duck et Labrador dog (1842 ; dès 1829, The dog was of the Labrador breed).
❏
Le nom commun correspond à ces trois emplois, le sens le plus usuel correspondant au chien.
❏
Le terme de minéralogie est concurrencé par LABRADORITE n. f. (1874, Verne) « variété de feldspath à reflets opalins », formé avec le suffixe -ite des noms de pierres.
1 LABRE n. m. est emprunté (1797 ; 1754, selon Bloch et Wartburg) au latin des naturalistes Labrus (1738), lequel est tiré du latin labrum (→ lèvre) par allusion aux lèvres épaisses de ce poisson.
❏
Le mot désigne un poisson marin à dentition double et lèvres épaisses, comestible mais peu estimé.
❏
Les zoologistes ont reformé le mot 2 LABRE n. m. (1817, Latreille, dans Cuvier) pour dénommer la pièce squelettique impaire, située en avant de la bouche des insectes, analogue à une lèvre supérieure. Ils l'appliquent également au bord externe d'une coquille univalve.
LABYRINTHE n. m. est emprunté, sous la graphie labarinte (1418) puis labyrinthe (1540), au latin labyrinthus « bâtiment dont il est difficile de trouver la sortie », attesté à basse époque au figuré et lui-même emprunté au grec laburinthos, employé aussi au figuré pour des raisonnements tortueux, mot que sa finale -inthos fait regarder comme préhellénique. Une hypothèse souvent admise le rapproche de labrus qui serait un nom lydien de la hache, et l'interprète comme « la maison de la double hache, insigne de l'autorité ». Le mot aurait d'abord été employé en Crète à propos d'un complexe de cavernes, puis d'un ensemble de bâtiments réunis par des passages contournés, des couloirs inextricables (pour son rôle dans la mythologie grecque, Cf. dédale).
❏
Labyrinthe, repris avec son sens propre, quelquefois avec majuscule, en référence au labyrinthe de Crète (1553)
[Cf. dédale], est employé depuis 1540 au sens figuré d'« enchevêtrement compliqué ».
◆
Par extension, il s'applique à des dispositifs spatiaux compliqués, en particulier à un petit bois taillé d'allées entretenues, dans un parc (1677), au dallage en méandres d'un pavement d'église que les fidèles suivaient à genoux (1852).
■
En anatomie (1690), il se dit de l'ensemble des cavités sinueuses de l'oreille interne, avec un dérivé LABYRINTHITE n. f. (1912) « inflammation du labyrinthe ».
❏
Le dérivé le plus ancien,
LABYRINTHIQUE adj. (1549) est peut-être emprunté au bas latin
labyrinthicus « relatif au labyrinthe ». D'usage courant, il correspond aux divers sens, propre et figuré, du nom, y compris dans la spécialisation anatomique (1814).
■
Labyrinthe a produit ultérieurement l'adjectif LABYRINTHÉ, ÉE (déb. XIXe s.), littéraire, et des composés, tel le terme de paléontologie LABYRINTHODONTE n. m. (1873) désignant un batracien fossile remarquable par la structure compliquée de ses dents (odontos en grec), ou LABYRINTHIFORME adj. (1893).
LAC n. m. est emprunté (v. 1120) au latin lacus désignant toute espèce de réservoir à eau — le réservoir d'eau public à Rome aussi bien qu'une citerne ou un bassin — et, par extension, tout objet en forme de réservoir. Le mot a des correspondants dans les langues indoeuropéennes, de l'italo-celtique (→ 1 loch) jusqu'au slave (vieux slave loky), et dans le grec lakkos « trou, réservoir, citerne ».
❏
Apparu en français avec le sens de « fosse », qu'il doit au latin chrétien, lac est attesté avec son sens moderne depuis 1165 ; il a éliminé la forme populaire lai, relevée au XIIIe s. aux sens de « fosse » et d'« étang ». Il est entré dans l'expression figurée moderne tomber dans le lac (1880) « être dans l'embarras », peut-être influencée par une expression homonyme, tomber dans le lacs, de même sens (1867 ; 1787, au pluriel), où lacs est pris au sens figuré d'« embarras, piège » (→ lacs). Cette hypothèse semble confirmée par l'expression être dans le lac(s), glosée doublement « être pendu » (lac au sens de « corde »), et « être dans l'embarras » (lac au sens de « piège »).
❏
LACUSTRE adj., formé (1573) avec le suffixe
-ustre de
palustre « propre au marais », est d'un usage didactique pour « relatif à un lac ».
■
Rare avant le XIXe s., il est employé spécialement en archéologie, en botanique (1783) et en géologie (1821).
◆
Il est entré dans SOUS-LACUSTRE adj. (1872), terme technique de géologie.
❏ voir
LACUNE, LAGON, LAGUNE.
L
LACER v. tr., d'abord lacier (1080), est issu du latin laqueare « lier, garrotter », « enlacer, enserrer », de laqueus « nœud coulant, lien, piège » (→ lacs).
❏
Le mot, passé en français avec le sens demeuré usuel, « attacher deux choses avec un lacet », n'a gardé aucune des extensions figurées qu'il avait en ancien français : « lier par une condamnation », « posséder qqn moralement » (1226), au pronominal « s'engager à » (XIVe s.). Tout au plus l'idée d'« étreindre » (XIIIe s.) demeure-t-elle dans le sens technique et rare de « couvrir la femelle, en parlant du chien » (1530).
◆
Dans ses emplois actuels, lacer est étroitement lié à lacet*, le pronominal se lacer correspondant à « lacer son corset », en parlant d'une femme (1573). La spécialisation « joindre une voile à une autre (à l'aide d'un lacet) », en marine (1687), est sortie d'usage.
❏
La dérivation, abondante en substantifs, commence par
LACIS n. m. (v. 1130,
laceïz) qui, à partir du sens propre « réseau de fils entrelacés », désigne par analogie différents types de réseaux, dès 1170 en architecture puis en anatomie (1690). Ultérieurement, le mot a développé la valeur figurée de « réseau dense et compliqué » (1844), d'usage littéraire.
◆
LAÇURE n. f., d'abord
laceure (
XIIe s.), a perdu son sens d'« attache » au profit de
lacet, et la quasi-totalité de ses anciennes acceptions. Il ne se dit plus que de l'action de lacer (1829) et de la partie d'un corsage fermée par un lacet passant par des œillets (1902).
■
LACEUR, EUSE n. a également régressé, sortant d'usage comme nom de l'ouvrier qui fabrique des lacets pour être repris à propos de celui qui fait des filets de pêche ou de chasse (1769).
■
LAÇAGE n. m., employé en ancien français au sens moral d'« attachement, lien » (v. 1320), a été repris comme substantif d'action (1845).
■
Il a presque évincé de cet emploi LACEMENT n. m. (1611), surtout réservé à un sens technique concret, « ouvrage (de tapisserie) fait en laçant » (1617).
■
LACERIE n. f., autrefois lasserie (1765), également technique, a trait aux ouvrages les plus fins des vanniers.
◈
Le préfixé
DÉLACER v. tr. (1080) « relâcher le lacet de » a suivi la même restriction de sens que
lacer auquel il sert d'antonyme. À l'époque du port du corset féminin, il a concerné particulièrement le fait de délacer le corset, au pronominal
se délacer.
■
Il a produit DÉLACEMENT n. m. (1636), d'emploi limité (en partie à cause de l'homonymie avec délassement).
◈
ENLACER v. tr. (v. 1120), proprement « lier, enserrer deux objets en les mêlant », a conservé le sens figuré de « saisir qqn étroitement, embrasser » (
XIIe s.), souvent dans un contexte érotique, de même que son dérivé
ENLACEMENT n. m. (v. 1190), quelquefois employé avec une valeur abstraite (1846).
■
Le préfixé DÉSENLACER v. tr. (1579) et son dérivé DÉSENLACEMENT n. m. (1636) n'ont aucune vitalité hors de la langue littéraire.
◈
ENTRELACER v. tr. (
XIIe s.) « enlacer l'un dans l'autre » décrit, plus qu'
enlacer, le fait de disposer plusieurs choses selon un plan complexe (1787). Son participe passé
ENTRELACÉ, ÉE est adjectivé.
■
Dès le XIIe s., il a produit ENTRELACEMENT n. m., auquel correspond concrètement le dérivé de lacs*, entrelacs.
❏ voir
LACS (LACET), LASSO, LAZZI.
LACÉRER v. tr. est emprunté (v. 1355) au latin lacerare « mettre en morceaux, déchirer, dévaster » (sens physique et moral), dérivé de l'adjectif lacer « déchiré » et « qui déchire », surtout utilisé dans la poésie et dans la prose impériale. Il n'est pas exclu que cet adjectif soit plutôt le dérivé postverbal de lacerare ; en tous cas, les deux mots se rattachent à une racine indoeuropéenne °lak- représentée dans le grec lakis « déchirure », le russe lokhma « haillon ».
❏
À côté de son sens général, lacérer s'employait particulièrement, en droit ancien, au sens de « déchirer un écrit, un livre par autorisation de justice » (1690) ; l'expression lacérer une affiche (XXe s.) reprend cette nuance.
❏
En est issu
LACÉRABLE adj. (1867,
Littré), d'emploi rare.
◈
LACÉRATION n. f. (1356,
laceracion) est emprunté au latin
laceratio « action de déchirer », du supin de
lacerare. C'est un mot didactique et rare.
◈
DILACÉRER v. tr. (v. 1150,
dilazerer) a été emprunté avant
lacérer au latin
dilacerare, composé intensif de
lacerare. Il a évincé le type populaire
delazrer (v. 1120) « déchirer », et concurrence
lacérer dans la langue littéraire ; sa spécialisation en chirurgie (1565) a vieilli.
■
DILACÉRATION n. f., emprunté (1419) au latin dilaceratio, n'est guère usité hors de l'usage technique médical.
❏ voir
LANCINANT.
L
LÂCHER v. tr., d'abord lascier (1080), laschier, lascher (1256), est issu d'un latin °lassicare, forme dissimilée du latin populaire laxicare, fréquentatif de laxare (→ laisser) « relâcher, détendre », dérivé de laxus « lâche, détendu » (au physique et au moral), mot de la même racine que le grec °lagos (→ lagopède).
❏
Le verbe signifie d'abord « laisser aller en détendant ce qui retient (bride, rênes, corde) », sens dont procède l'emploi figuré de la locution
lâcher la bride, anciennement
le frein (v. 1235,
laschier les frains) « rendre à qqn sa liberté d'action ».
◆
Avec des mots comme
main, doigts pour complément, il prend la valeur de « desserrer » (
XIIIe s.) et, de là, correspond à « laisser échapper » (1538), avec un complément concret et dans des locutions comme
lâcher prise (1560 au figuré, voir le composé ci-dessous),
lâcher pied « commencer à reculer » (av. 1600). L'extension « laisser partir (un coup), décocher (un coup de poing, une arme qui part) » (1530) est sortie d'usage, mais on retrouve l'idée de « laisser partir » en argot pour « donner de l'argent, payer à contrecœur » (elliptiquement
les lâcher).
■
Lâcher qqn « lui rendre sa liberté » (XVe s.) a pâti de la concurrence du composé relâcher (ci-dessous) bien que des valeurs familières modernes (ci-dessous) reprennent cette idée. Lâcher des chiens, des sergents (1552) correspond à « laisser partir à la poursuite de ».
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L'expansion sémantique se poursuit au XVIe s. dans le domaine du langage avec lâcher un mot (v. 1580) « parler inconsidérément » puis aussi « parler à dessein » (1688) et, familièrement, « avouer » qui correspond à des locutions métaphoriques comme lâcher le paquet, le morceau (1878).
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La spécialisation pour « faire rendre au ventre (ses excréments) » (XVIe s.) et, plus généralement, « laisser s'écouler (une humeur du corps) » (1552, laschier ses larmes), donne lieu à quelques locutions familières comme lâcher de l'eau « uriner » (1635), qui a vieilli, lâcher un vent (1690), un pet, d'où en lâcher une (1808), un (1867).
Dans le domaine des relations humaines, le verbe est passé au XVIe s. de la valeur de « laisser en liberté » à celle d'« abandonner, quitter » (av. 1544), reprise plus tard avec une connotation familière impliquant brusquerie et désinvolture (1808), en particulier dans le domaine amoureux (Cf. laisser tomber, larguer) ; dans le contexte d'une compétition sportive, une figure spatiale correspond à « distancer (les concurrents) » (1884). À l'impératif, lâche-moi les baskets (années 1980) est une demande qui équivaut à fous-moi la paix. Ont suivi de nombreuses expressions où lâcher a pour complément divers mots exprimant l'intimité (lâche-moi la grappe, le coude, le slip...).
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LÂCHE adj. et n., d'abord
lasche (v. 1131), aujourd'hui détaché du verbe par le sens, se partage entre la valeur morale de « poltron, sans courage » et le sens concret de « non tendu, non serré » (v. 1200). Le sens moral, sans correspondant net chez le verbe, se rapporte peut-être à une manifestation physique de la peur (dès le
XIIe s. dans le pronominal
soi eslachier) par une image analogue à celle de
trouille. Mais il peut s'agir de l'extension d'une autre acception, « sans énergie, mou » (v. 1200), liée à l'ancien sens de
lâcher « céder, faiblir », et tendant à s'estomper derrière celle de « peureux » dans les emplois où le mot qualifie une chose
(lâche complaisance), sauf en parlant du style (1718), de la pensée, où la métaphore du sens concret « détendu, non serré » est sensible. Cependant, le sens de « paresseux » se détache nettement dans certains usages régionaux (
Saint Lâche « patron des paresseux »,
faire la saint Lâche).
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L'emploi adverbial du mot, concret (1690, coudre lâche), est concurrencé par LÂCHEMENT adv. (v. 1155) pour « de manière peu serrée ». Lâchement a surtout le sens moral d'« indignement » (1538) ; celui de « mollement, paresseusement » (1538) ne s'étant pas maintenu.
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Plus encore que l'adjectif et l'adverbe, le substantif LÂCHETÉ n. f. (v. 1131, lascheté) tend à ne s'employer que dans le sens moral dépréciatif de « bassesse et manque de courage », ceci dès l'ancien français.
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Les anciens substantifs de sens moral,
lâchement n. m. (
XIIIe s.),
lâchesse n. f. (
XIIe s.),
lâche n. f. (
XIVe s.) et
lâchance n. f. (
XIVe s.) ont tous disparu.
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LÂCHÉE n. f. (XIVe s.), anciennement « relâchement », puis (1611) « fait de laisser aller », se rencontre encore quelquefois pour « fait d'émettre ».
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Le masculin LÂCHÉ est spécialisé dans le langage des arts pour « manque de précision, de clarté » (1842).
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LÂCHAGE n. m. (1855), introduit tardivement dans l'usage populaire, s'est spécialisé au sens figuré de lâcher pour « abandon, fait d'abandonner ».
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L'infinitif substantivé LÂCHER n. m. (1873) est utilisé spécialement à propos d'un lancement de ballons, d'oiseaux, et en termes de gymnastique.
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LÂCHEUR, EUSE n. (1858), lui aussi tardif, s'est imposé au sens familier de « personne qui lâche, qui abandonne », d'où « personne sur laquelle on ne peut pas compter ».
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De l'expression
lâcher prise « abandonner », on a tiré en psychologie le nom composé
LÂCHER-PRISE n. m. (1983), exprimant le fait de se détacher d'une cause de stress.
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RELÂCHER v. tr., d'abord
relaschier (v. 1155), a signifié « remettre (une punition), renoncer (à une action), pardonner (un péché) » jusqu'à l'époque classique. Dès le
XIIe s., il signifie « apporter une certaine négligence à » et « interrompre, diminuer (une activité, un effort) » (v. 1170), spécialement dans
relâcher son attention. Cette notion de diminution a valu au verbe d'être employé dans les constructions
relâcher qqch. à (1651) « abaisser à »,
relâcher qqch. de (1647) « réduire en enlevant de », aujourd'hui sorti d'usage.
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Le sens de « laisser (qqn) s'en aller, lui rendre sa liberté » (v. 1278) a fait reculer dans ce sens l'emploi du verbe simple. Avec la valeur concrète de « rendre plus lâche, détendre », le verbe s'applique à des liens (en concurrence avec lâcher) et s'emploie en physiologie (v. 1560, Paré). Le pronominal se relâcher, anciennement « se donner du repos » (XIIIe s.), assume tous les sens du verbe actif depuis le XVIIe s. (1633 au sens de « faiblir ») ; l'emploi absolu de relâcher se rapporte à « faire relâche », en marine (1580).
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RELÂCHEMENT n. m. (v. 1160, relaschement) a désigné l'interruption, la remise d'une peine (1458) et le repos de l'esprit (1538). Ces sens ont disparu au profit de l'idée d'« état de ce qui est relâché », au physique (v. 1560, Paré) et surtout au moral (Pascal), ainsi qu'à celle de « diminution, baisse d'intensité » (XVIIe s.).
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RELÂCHE n. f., dérivé régressif de
relâcher, a gardé le sens premier d'« interruption momentanée d'une activité », attesté une première fois v. 1175 et repris avec le mot au
XVIe s. : cette valeur est réalisée dans la locution adverbiale négative
sans relâche « sans répit » (1690). Le mot a reçu deux acceptions spéciales, en marine où, par métonymie, il désigne le lieu où un navire fait escale (1691), et au théâtre, où il concerne la suspension momentanée des spectacles (1751), aussi dans
faire relâche ; par extension, il se dit de la fermeture provisoire d'un magasin. Longtemps masculin (encore avec certains sens), il est devenu féminin vers la fin du
XVIIe s., se spécialisant en marine.
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Les deux participes verbaux sont adjectivés.
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RELÂCHANT, ANTE, attesté dès le XIVe s. au sens médical de « qui relâche les intestins », est aujourd'hui remplacé par laxatif*.
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RELÂCHÉ, ÉE est en usage à partir du XVIIe s. avec l'acception morale péjorative de « qui manque de rigueur morale » (Pascal), puis avec les sens correspondant à ceux du verbe.
❏ voir
LAIS, LAISSER, LANGUEUR, LANGUIDE, LAXATIF, LAXISME, LEGS, RELAXER.
LACONIQUE adj. est soit dérivé (1529) de Laconie, nom d'une région de la Grèce antique ayant Sparte pour capitale (latin Laconia, du grec lakôn « habitant de Laconie »), soit emprunté au latin laconicus, adaptation du grec lakônikos « de Laconie ». Les Laconiens (ou Lacédémoniens) s'étaient acquis la réputation de gens concis.
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Le mot qualifie une personne et, par métonymie, un langage, une expression brefs, sans aucun développement (1529,
langage laconique).
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Jusqu'au XVIIe s., il a également servi d'adjectif ethnique (1536) avant que ce sens ne soit réservé à LACONIEN, IENNE adj. et n., son ancien synonyme (1554 à la laconienne).
❏
Au
XVIe s.,
laconique a produit
LACONIQUEMENT adv. (1558) et
LACONISME n. m. (1556), ce dernier peut-être par calque du grec
lakônismos « imitation des manières et du langage des Lacédémoniens ».
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LACONISER v. intr., « parler succinctement » (1596), puis « vivre parcimonieusement » (1611), a vieilli, malgré un regain de vitalité dans les dictionnaires du XIXe siècle ; Cf. spartiate.
LACRYMAL, ALE, AUX adj., d'abord lacrimel (v. 1300), puis lacrimal et lacrymal, est emprunté au latin médiéval lacrimalis « qui a rapport aux larmes » (1180), substantivé au neutre lacrimale pour désigner la glande qui sécrète les larmes, dérivé de lacrima (→ larme).
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Les médecins ont introduit le mot comme nom de la glande sécrétant les larmes. L'usage moderne n'a retenu que l'adjectif (av. 1525), non pas au sens ancien de « composé de larmes », mais pour « relatif aux larmes », en anatomie (v. 1560), dans glandule lacrymale puis glande lacrymale (au XIXe s.), et conduits lacrymaux, sac lacrymal (1867).
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LACRYMA-CHRISTI n. m. est l'emprunt (1534) de la locution latine moderne
lacrima Christi « larme du Christ », employée en italien comme dénomination d'un vin muscat napolitain. L'appellation fonctionne comme un superlatif des
larmes des anges, dénomination médiévale du vin.
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LACRYMATOIRE n. m. et adj. est emprunté (1690) au bas latin médical
lacrimatorius « qui combat le larmoiement », du supin de
lacrimare. Le terme d'antiquité romaine sert à nommer un petit vase funéraire que l'on a longtemps cru destiné à recevoir les larmes des pleureuses, aussi appelé
vase lacrimaire en moyen français (1581).
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Le mot a été adjectivé plaisamment dans la langue littéraire, pour « qui fait larmoyer » (1808).
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En ce sens, il est concurrencé par le composé LACRYMOGÈNE adj. (1915), « qui engendre les larmes », fréquent dans les syntagmes gaz, grenade lacrymogène.