LANOLINE n. f. est emprunté (1890) à l'allemand Lanolin (O. Leibreich, av. 1885), mot formé du latin lana (→ laine), de -ol, du latin oleum (→ huile), et -in. L'anglais lanolin, attesté en 1885, a pu servir de modèle.
❏  Le mot désigne une matière grasse extraite du suint de la laine des moutons et utilisée en pharmacie et cosmétologie.
LANSQUENET n. m. est emprunté (v. 1490), avec francisation de la finale, à l'allemand Landsknecht « fantassin », littéralement « serviteur, compagnon du pays » (Commynes, VIII, 21 : « Lansquenetz, qui vault autant à dire comme compaignons de païs »). Le mot est composé de Land « terre, pays » (→ lande) et de Knecht « valet, serviteur », terme correspondant à l'anglais knight et au néerlandais knecht, et dont l'étymologie reste obscure.
❏  Nom d'un fantassin allemand servant en France comme mercenaire aux XVe et XVIe s., lansquenet est devenu par métonymie celui d'un jeu de cartes (1542) : ce jeu a été introduit en France par les lansquenets et il a connu une certaine vogue dans les milieux populaires jusque vers 1870.
LANTANIER n. m. est une adaptation (1817) du latin scientifique de Linné, lantanus, venant lui-même d'un mot français disparu, lantane « viorne » (1611), d'origine gauloise. Le mot désigne une plante des régions tropicales, arbuste à fleurs colorées.
L LANTERNE n. f. est issu (1080) du latin lanterna, lui-même emprunté, peut-être par un intermédiaire étrusque à en juger par le suffixe -erna, au grec lamptêr « vase à feu où l'on brûlait des torches de résine ou du bois sec », d'où « flambeau », et « lampe », de lampein « être lumineux, briller » dont un dérivé à donné lampe*.
❏  Lanterne, employé dès les premiers textes avec son sens usuel, entre dans quelques locutions dont prendre des vessies pour des lanternes, déjà attestée sous la forme vendre vecies por lanternes vers 1210, et qui a subi l'influence d'un sens figuré de lanternes « contes absurdes, ridicules » très vivant entre le XVIe et le XVIIIe siècle. ◆  D'anciens sens particuliers se conservent dans des expressions, tel celui de « fanal placé sur une potence pour l'éclairage de la voie publique » (XVIe s.), réalisé dans le refrain révolutionnaire les Aristocrates à la lanterne !, et dans mettre à la lanterne (1789) « pendre qqn (en se servant des cordes des réverbères) ». ◆  L'emploi du mot pour désigner l'appareil d'éclairage d'un véhicule (1835), désuet depuis le succès de phare, subsiste dans l'expression lanterne rouge qui fait allusion à la lanterne rouge à l'arrière du dernier véhicule d'un convoi et a correspondu aussi à « maison close », leur entrée étant signalée ainsi, au milieu du XIXe siècle. ◆  Le mot désigne aussi (1685) un ancien appareil de projection (lanterne magique).
■  Depuis le XVIe s., lanterne a reçu quelques emplois analogiques, notamment en architecture (1546) où il désigne une sorte de tribune d'où l'on voit sans être vu et (1559) un dôme vitré surmontant un édifice pour l'éclairage par en haut. ◆  Certains sens techniques sont vieillis mais on peut signaler en zoologie lanterne d'Aristote (1805, Cuvier, lanterne), dénomination de l'appareil masticatoire des oursins, dont Aristote avait noté la ressemblance avec une lanterne.
❏  Le mot a produit des dérivés aux valeurs particulières : LANTERNIER n. m. (v. 1260) « fabricant de lanternes », qui a pris sous l'influence de lanterne « conte absurde » le sens figuré de « débiteur de fadaises » (fin XVIe s.) et « homme irrésolu » (1587), disparu après le XVIIe siècle.
Le verbe familier LANTERNER v. intr., employé en moyen français au sens érotique de « se livrer à la sodomie » (1392), d'après lanterne « pénis » (Rabelais), a été très vivant aux XVIe et XVIIe s. avec les sens figurés d'« être irrésolu, indécis à agir » (1546), surtout régional, puis « faire attendre qqn en lui contant des futilités » (av. 1660). Ces valeurs proviennent du sens figuré de lanterne (ci-dessus). ◆  Le verbe a pris, pendant la Révolution, le sens de « pendre à la lanterne » (1790), lié à la Terreur.
■  Il a produit LANTERNERIE n. f. (1542) et le synonyme plus récent LANTERNEMENT n. m. (1869) « fait de faire attendre, de traîner ».
On a appelé LANTERNISTES n. m. pl. (1696) les membres d'une Académie de Toulouse qui se rendaient avec une lanterne à leurs réunions nocturnes.
■  LANTERNEAU n. m., diminutif masculin de lanterne (qui a donné le féminin lanternelle, 1556), est enregistré en 1721 au sens technique de « chaussée pratiquée dans les marais salants », sorti d'usage au XIXe s. (apr. 1856). ◆  Il s'est spécialisé en architecture pour une petite tourelle à colonnettes au-dessus d'un dôme (1840), une petite cage vitrée au-dessus d'un escalier (1894).
■  Il partage ces sens avec LANTERNON n. m. (1758), doublet d'usage moins technique que littéraire.
❏ voir LAMPADAIRE, LAMPE.
LANTIPONNER v. intr. est composé (1666) de lent*, avec influence de lanterner*, et de ponner, représentant transformé du latin ponere « poser » (→ ponant, pondre, poser).
❏  Le verbe, relevé pour la première fois chez Molière (Le Médecin malgré lui), a eu le sens de « faire les choses maladroitement, harceler en tiraillant » (jusqu'au XVIIIe s.). Il s'est implanté avec la valeur de « perdre son temps en discours inutiles, en “lanternes”, tenir des propos sans intérêt » (1718), quelquefois avec la nuance de « tergiverser, faire des difficultés ». Il est alors synonyme de formations dialectales telles que lanticaner, lantibardaner (Lyon, Macon), et lantiberner (Chablis, Villeneuve-sur-Yonne), et il a vieilli, puis disparu au XIXe siècle.
❏  Le vieillissement de lantiponner entraîne celui de ses dérivés, LANTIPONNAGE n. m. (1666) et LANTIPONNIER n. m. (1694).
LAP ou LAPE, pronom est l'apocope de la peau*, au sens de « rien ». Ce terme argotique est passé dans l'usage populaire, surtout par l'expression bon à lape « bon à rien » (1901), tandis que la locution que lape « rien du tout » (1893) n'est pas sortie du registre de la langue verte, de même que le dérivé LAPUCHE (1895).
LAPALISSADE n. f. est dérivé (1861, Goncourt) du nom de Jacques de Chabannes, seigneur de La Palice ou La Palisse (1470-1525) sur lequel on fit, à une époque mal déterminée, une chanson de forme naïve qui finissait ainsi : « Un quart d'heure avant sa mort, il était encore en vie ».
❏  Le mot est synonyme de l'expression vérité de La Palisse « vérité trop évidente ». La notion correspond naïvement au concept logique de jugement analytique.
LAPER v. tr. est dérivé (v. 1165) d'une onomatopée lap- traduisant le bruit du lapement. L'hypothèse d'un emprunt aux langues germaniques (allemand lappen, moyen néerlandais lapen, anglais to lap) n'est pas nécessaire, le mot existant également dans plusieurs langues romanes (génois lappa « boire », andalou lapo « gorgée »).
❏  Le verbe est employé à propos d'un animal et, par analogie (v. 1200), d'un homme qui boit en aspirant avec la langue. Il comporte alors souvent la nuance familière de « boire avidement (de l'alcool) » (v. 1200), assumée plus tard par lamper (ci-dessous).
❏  En sont dérivés LAPEMENT n. m. (1611), le nom d'agent LAPEUR, EUSE (XXe s., aussi LAPPEUR) et LAPÉE n. f. désignant une quantité de liquide qu'on peut boire en une fois.
■  LAPETTE n. f., en français de Belgique, désigne une boisson, un café dilué dans beaucoup d'eau (Cf. lavasse, en français de France).
La variante nasalisée LAMPER v. tr. (1642), d'usage d'abord familier au sens de « boire avidement » est aujourd'hui spécialisée et démotivée par rapport à laper. Il a subi l'influence de lampe*, attesté un peu plus tard pour « estomac (qui reçoit un liquide) ». Lamper et LAMPEUR, EUSE n., sont courants en français de l'île Maurice pour « se soûler » et « ivrogne ».
■  Le verbe et son dérivé LAMPÉE n. f. (1678) « gorgée bue avidement » sont probablement influencés par le sens figuré de lampe « estomac » (s'en mettre plein la lampe).
LAPEREAU → LAPIN
L LAPIAZ n. m. inv. a été pris par les géologues, dans les années 1860, à des formes dialectales franco-provençales de Savoie et de Suisse romande, comme lapja, lapies, n. m. pl. (1463 à Fribourg) signifiant « dalles », et issues du latin lapis « pierre. »
❏  Le mot désigne des crevasses en réseau des terrains calcaires. Variante LAPIES (plur.).
LAPIDAIRE n. m. et adj. a été formé savamment comme nom (v. 1121) selon un type latin lapidarius attesté au XIIIe s. comme dénomination d'un traité sur les propriétés des pierres précieuses. Ce mot, qui désignait aussi le tailleur de pierres, est la substantivation de l'adjectif lapidarius « de pierres, chargé de pierres, taillé dans la pierre », dérivé de lapis « pierre » et « objet en pierre » (→ lapis-lazuli), mot qui a été supplanté par petra (→ pierre).
❏  Le nom désigne d'abord un traité sur les propriétés des pierres, dans le cadre des grandes compilations encyclopédiques médiévales (Cf. bestiaire). ◆  De nos jours, il désigne la personne qui taille les pierres précieuses et semi-précieuses (1263-1270) et, depuis 1840, un instrument, une meule dont se servent les polisseurs d'acier.
■  L'adjectif, repris (XVIe s.) au latin avec le sens de « relatif aux pierres », a développé ultérieurement, par l'intermédiaire de style lapidaire (1704) « style des inscriptions gravées sur la pierre », le sens figuré de « concis, succinct » (1797). Par glissement, celui-ci a reçu la valeur supplémentaire de « frappant, percutant » (1840), évoquant à la fois une formule nerveuse, bien frappée, et l'image du jet de pierres (→ lapider).
❏  Le mot a produit LAPIDAIRERIE n. f. (v. 1876) « industrie du lapidaire » et l'adjectif LAPIDAIREMENT adv., tous deux rares.
❏ voir LAPIDER, LAPILLI.
LAPIDER v. tr. est emprunté (v. 980) au latin lapidare « tuer à coups de pierres », de lapis « pierre » (→ lapidaire, lapilli).
❏  Le sens initial de « tuer à coups de pierres » se rapporte d'abord, d'après la Bible, à un type de peine capitale autorisé par la loi juive. Par affaiblissement, lapider signifie aussi « frapper avec des pierres, attaquer en jetant des pierres », mais son sens figuré, « maltraiter en paroles, injurier » (1549), est sorti d'usage au profit de la locution équivalente jeter la pierre. Son extension à d'autres pratiques violentes, « dévaster » (v. 1380) et « torturer », a tourné court.
❏  Les dérivés LAPIDEMENT n. m. (XIIe s.) et LAPIDEUR, EUSE n. (1611, lapidour) ont eu du mal à s'imposer, concurrencés par LAPIDATION n. f. (XIIe s.) « massacre », puis (1611) « action de lapider », et LAPIDATEUR, TRICE n. (1487), empruntés respectivement au latin lapidatio et lapidator. Tous ces mots sont didactiques.
Le composé DILAPIDER v. tr. (1220) a été emprunté au latin dilapidare qui, peu employé au sens propre de « cribler de pierres », avait développé le sens figuré de « gaspiller », très répandu à basse époque et dans la langue de l'Église : la métaphore est analogue à jeter, lancer (par les fenêtres) avec l'idée de dissémination.
■  Dilapider, comme ses dérivés DILAPIDATEUR n. m. (1433, rare av. fin XVIIIe s.) et DILAPIDATION n. f. (1465, rare av. 1762), également empruntés au latin, réalise seulement cette idée de « gaspillage ».
LAPILLI n. m. pl. (1756), rare av. le XIXe s., d'abord lapillo au singulier (1824) puis lapilli avec généralisation du pluriel (1834), est emprunté à l'italien lapillo employé en vulcanologie dès le XVIe s. par spécialisation du sens de « petite pierre ». Ce mot est emprunté au latin lapillus, diminutif de lapis « pierre » (→ lapidaire, lapider, lapis-lazuli). Lapillus avait donné le français lapille, latinisme très rare, attesté en 1568 et 1628.
❏  Le mot a été repris à propos des petites pierres projetées par un volcan. Il désigne aussi les tufs ponceux désagrégés.
❏  Il a pour composé LAPILLIFORME adj. (1873), formé avec l'élément -forme* pour qualifier des matériaux dont la structure et la forme rappellent les lapilli.
? LAPIN, INE n. est issu en moyen français (v. 1450) de lapereau par changement de finale, l'élément -in pouvant provenir de connin, variante de connil « lapin ». LAPEREAU, d'abord lapriel (1330), laperiaus au pluriel (1376) puis lappereaux (v. 1393), est issu d'un thème ibéro-roman °lappa « pierre plate », à l'origine du portugais lapa « roche saillante, caverne, grotte » (907 dans un texte latin) et d'autres formes du domaine ibérique que l'on trouve à la base du portugais laparo « lapereau », dialectal lapouço, etc. La localisation des premières attestations du mot dans l'extrême nord du domaine gallo-roman, et non en Ibérie, a été expliquée par le fait qu'on y faisait probablement commerce par voie de mer des peaux de lapin, ces animaux étant très abondants sur le territoire ibérique. L'évolution de sens résulte d'une métonymie, du nom du terrier à celui d'« animal de terrier ». P. Guiraud, contestant cette hypothèse, rattache le mot à l'ancien français lapriel, au portugais laparo, du latin leporellus « levreau » (→ lièvre), le petit lapin étant assimilé au petit lièvre ; il invoque pour la forme lapin un croisement avec le verbe laper* au sens de « manger avidement ». ◆  Le mot s'est substitué à l'ancien français connin, d'abord connil, issu du latin cuniculus, mot de forme diminutive qui, selon Pline, serait d'origine espagnole, et qui vit dans l'espagnol conjo et l'ancien provençal conilh. Le mot a disparu au XVIIe s. à cause des jeux de mots obscènes qu'il occasionnait depuis le XIIe s. (→ con) et ne s'est maintenu que dans certains patois (Alpes-Maritimes, Suisse romande).
❏  Lapin, nom d'un petit mammifère rongeur très prolifique, a définitivement éliminé connin, connil au XVIIe siècle. Il a récupéré une partie des valeurs symboliques de lièvre, évoquant un comportement peureux, fuyard.
■  C'est aussi à partir du XVIIe s. qu'il a développé quelques valeurs métaphoriques : le féminin lapine y a commencé de s'appliquer à une femme particulièrement féconde (1649, Scarron) ; le masculin lapin s'est dit en parlant d'un homme gaillard, actif, résolu (1790), spécialement dans l'argot militaire (1809).
■  Par allusion aux cages exiguës dans lesquelles on entasse les lapins, le mot a désigné un voyageur pris en surnombre dans les voitures publiques (1783), d'où au XIXe s. un voyageur « monté en lapin » dont le déplacement n'est pas inscrit à un compteur et dont le conducteur empoche les six sous (1876). Ce sens argotique, sorti d'usage, est à l'origine de l'ancienne locution faire cadeau d'un lapin à une fille « ne pas payer ses faveurs » (1878-1879), modifiée en poser un lapin (1881), variante qui s'est répandue dans l'usage familier avec le sens de « ne pas être au rendez-vous convenu » (1888).
■  La fécondité de l'animal a inspiré l'emploi de lapin dans un contexte érotique, d'abord dans l'argot du collège (1858) puis dans l'expression populaire chaud lapin (1928), probablement favorisée par l'existence antérieure de la locution chaud de la pince (1866), de même sens, où pince représente le membre viril.
■  La référence à la rapidité de l'animal poursuivi par les chasseurs a suscité courir comme un lapin (1809), et son comportement agité, la locution fou comme un lapin (années 1970), et la façon dont on tue un lapin en l'assommant par un coup derrière la tête l'expression coup du lapin (1850). ◆  Une image plaisante, avec allusion à la consommation culinaire d'un pseudo-lapin, en fait, un chat, est lapin de gouttière (1867) « matou ». L'authentique lapin jouant un rôle important dans la cuisine, en pays francophone — mais pas dans les îles Britanniques ni aux États-Unis — une phraséologie en est issue (lapin chasseur, lapin sauce moutarde...) à côté de celle qui caractérise le lapin de garenne, par exemple.
Enfin, le mot lapin est proscrit par les navigateurs.
■  Dans des régions francophones où le lapin d'Europe est inconnu, le mot sert à désigner de petits mammifères qu'on lui compare, comme en français d'Afrique, le « lièvre » d'Afrique.
❏  LAPINER v. intr. (1732) « mettre bas, en parlant d'une lapine » a reçu en argot le sens métaphorique d'« accroître démesurément sa famille » (1907).
■  LAPINIÈRE n. f. (1762) désigne le lieu peuplé de lapins et (1873) l'endroit où on en élève, le clapier.
■  LAPINISME n. m. a été formé ironiquement sur le modèle des termes didactiques en -isme (XXe s.) pour indiquer la fécondité excessive d'un couple, d'un groupe humain.
Quant à LAPEREAU n. m., dont on a vu qu'il était à l'origine de la série, il a reculé devant l'usage très courant de lapin, mais s'est maintenu en français moderne, dès lors senti comme un dérivé diminutif, pour « jeune lapin ». Il est usuel en cuisine.
LAPIS-LAZULI n. m. est emprunté (XIIIe s.) au latin médiéval lapis lazuli (XIe s.). Le premier élément de ce composé est lapis « pierre » (→ lapidaire, lapider, lapilli), « objet rappelant la pierre », mot sans correspondant dans les autres langues indoeuropéennes, éliminé par petra (→ pierre). Le second élément est le génitif du latin médiéval lazulum « pierre fine d'un bleu azur », lui-même emprunté à l'arabe populaire °lāzūrd, correspondant à l'arabe classique lāzaward, lāzuward de même sens, emprunt au persan lāžward (→ azur).
❏  Le mot désigne une pierre fine d'un bleu azur employée en bijouterie ; la forme abrégée LAPIS n. m. (1580) est aussi employée avec une valeur adjective pour la nuance de couleur bleue évoquant celle de la pierre.
❏  LAZULITE n. f. (1795), dérivé de lazuli, désigne cette même pierre.
LAPON, ONE adj. et n. est emprunté au latin médiéval Lapo, onis, lui-même pris au suédois lapp, pris à cette langue.
❏  Le mot (attesté dès 1584) qualifie ce qui appartient à la Laponie, région du nord de la Norvège, de la Suède et de la Finlande peuplée par des finno-ougriens. Le lapon est le nom de leur langue.
1 LAPS n. m. est emprunté (1266) au latin lapsus (→ lapsus) « mouvement de glissement, d'écoulement, de course rapide », spécialement en parlant du temps (lapsus temporis, IVe s.).
❏  Le mot est très rare en emploi isolé, mais laps de temps « durée » (1266), d'ailleurs non analysé et démotivé, reste usuel. Les sens non temporels d'« écoulement (d'une fontaine) » (1564) et de « chute » (1611) sont sortis d'usage à l'époque classique.
❏  2 LAPS, LAPSE adj., attesté en 1314 au féminin, est issu de lapsus « qui est tombé » (→ lapsus), au figuré, dans l'expression laps et relaps « qui a quitté une fois, puis deux, la religion catholique ».
LAPSUS n. m. est emprunté savamment (1826 ; peut-être 1630 dans lapsus calami, selon Bloch et Wartburg) au latin lapsus, proprement « action de trébucher », au figuré « erreur » dans lapsus calami, memoriae, linguae, génitifs des mots calamus « roseau » (→ calame, chalumeau), memoria (→ mémoire) et lingua (→ langue). Lapsus, us, est le nom d'action correspondant au verbe labi « glisser, tomber », « commettre une faute ». Aucune des parentés auxquelles on a pensé pour ce verbe ne satisfait, à moins de recourir à un groupe de mots expressifs, à fortes variations de forme et de sens, ce qui permettrait peut-être de le rapprocher de labor « travail » (« charge sous laquelle on chancelle » ?) [→ labour].
❏  Le mot a été introduit pour désigner une défaillance de la mémoire (lapsus memoriae) puis, plus couramment, une faute que l'on commet par inadvertance, en écrivant (lapsus calami, 1836 ; peut-être 1630) ou en parlant (1855, lapsus linguae). La vulgarisation de la psychanalyse freudienne, où le lapsus est un symptôme important, assure le succès du mot, employé absolument, au XXe siècle.
❏  COLLAPSUS n. m. est un emprunt médical (1785) du latin collapsus, nom d'action qui correspond au verbe collabi « tomber d'un bloc, s'affaisser », composé de con- et de labi. Le mot s'emploie en pathologie pour une chute subite des forces provoquant un état proche de la syncope. Par extension, il renvoie à un état de grande faiblesse physique ou morale.
❏ voir LABILE, LAPS, LASSE.
LAPTOT n. m. attesté au XVIIIe s. (1752, dictionnaire de Trévoux).
❏  Ce mot, vieux en français général, connu en Afrique, notamment au Sénégal, désignait les débardeurs et porteurs des ports de la côte d'Afrique occidentale.
? LAQUAIS n. m., d'abord attesté dans le sud-ouest de la France (1470, laquaiz au pluriel), en particulier sous des variantes préfixées (1477, halagues, alagues, alacays), est d'origine obscure : en s'appuyant sur les formes laquet « valet de pied » et halague, on a invoqué un emprunt au turc ulaq (vlak en orthographe moderne) « courrier », peut-être par l'intermédiaire du grec byzantin oulakês. Cette origine exotique exigerait des preuves plus convaincantes. Bloch et Wartburg y ajoutent l'influence de l'ancien provençal lecai « gourmand » (voir ci-dessous) pour expliquer le suffixe -ai, mais cette hypothèse se heurte à un problème chronologique. On a aussi proposé d'y voir un emprunt au catalan alacay, qui serait lui-même issu de l'arabe al qā᾿id « le chef » (→ caïd) ; le mot est en effet ancien en catalan (1470, lacayo ; 1490, alacayo) ainsi qu'en espagnol (déb. XVe s., lacayo) mais la forme catalane alacay n'est attestée qu'en 1558 au sens de « domestique », et l'étymon arabe fait difficulté d'un point de vue phonétique. Enfin, on y a vu un emprunt à l'ancien provençal lecai « glouton, avide », de lec(h)ar « lécher » (→ lécher), en s'appuyant sur une intéressante documentation dialectale (essentiellement basque) ; mais il y a là aussi un problème phonétique, le a initial des formes anciennes ne pouvant s'expliquer que par des contaminations. Les premiers emplois du mot appuient l'hypothèse catalane.
❏  Le mot a d'abord désigné un soldat catalan, un arbalétrier, puis un courrier dans l'armée (1527). Il s'est fixé avec son sens moderne de « valet » (1547), donnant parfois lieu à des emplois péjoratifs : menteur comme un laquais (1736) a disparu, avoir une âme de laquais est archaïque. Le mot a eu le sens de « nègre littéraire ». Il est aujourd'hui connoté comme historique et ne s'applique, sauf métaphore, qu'aux XVIe, XVIIe et XVIIIe s., à l'exception des laquais en livrée, ou à la française dont on parle encore pour le XIXe et le début du XXe s. (en concurrence avec valet, qui le remplace).
❏  LAQUÉISME n. m. (1704), antérieurement laquaïsme (1610), « condition de laquais », est inusité.