LAUDANUM n. m., (XIVe s.), d'abord laudamum (XIIIe s.), est une altération du latin ladanum, emprunt au grec ladanon « résine d'un arbuste, le ciste ».
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Le mot a désigné l'opium, puis (1620) une teinture alcoolique d'opium employée en pharmacie, comme soporifique et calmant.
LAUDATIF, IVE adj. est un emprunt tardif (1787) au latin laudativus « qui concerne l'éloge, qui loue, exprime une louange », en particulier « démonstratif » (en rhétorique), dérivé de laudare (→ 1 louer).
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Le sens est d'abord « qui contient un éloge » puis « qui fait ou implique un éloge ».
❏
Au XVIe s., on employait LAUDATEUR, TRICE n. et adj. (1530), emprunté au latin laudator « celui qui loue » et juridiquement « celui qui fait une déposition élogieuse », lui aussi dérivé de laudare.
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Le mot, tombé en désuétude aux XVIIe et XVIIIe s., a été repris vers 1801 et est employé en histoire romaine avec son sens juridique (1845) ; il reste didactique, à la différence de laudatif qui sert d'adjectif à 1 louer, en concurrence avec louangeur et élogieux (→ éloge).
LAURE n. f. est un emprunt (1670) au latin médiéval laura, pris au grec laura « chemin étroit », appliqué à l'alignement des cellules où vivaient des anachorètes. Dans l'histoire du christianisme, le mot s'applique à un petit groupement de cellules d'ermites. Par extension, il désigne un monastère orthodoxe (emploi attesté en français au milieu du XIXe s.) ; la laure de Kiev.
LAURÉAT, ATE n. et adj. est emprunté (1530) au latin laureatus « couronné de laurier », de laurea « laurier », forme féminine substantivée à l'époque impériale correspondant à laurus de même sens (→ laurier).
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Le mot, repris avec le sens du latin, entre spécialement dans l'expression poète lauréat (1705) désignant un poète qui, dans une cour, a reçu une couronne de laurier en consécration de son talent et se voit pensionner pour célébrer les événements remarquables (l'institution existe toujours en Angleterre).
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Depuis 1822, il est employé comme nom avec son sens moderne de « personne qui remporte un prix dans un concours ».
❏
Le mot latin laureatus est également représenté par un terme de style plus littéraire, LAURÉ, ÉE adj. (1496-1498) « couronné de laurier » (1545) et, en numismatique, « orné de laurier » (1828), dont on a dérivé LAURER v. tr. (1888) « couronner de laurier ».
❏ voir
BACCALAURÉAT.
LAURENTIEN, IENNE adj. et n. est dérivé du nom du Saint-Laurent, et aussi du radical de Laurentides, chaîne de collines dominant la vallée du Saint-Laurent. L'adjectif s'applique à ce qui concerne le Saint-Laurent et sa région. L'expression colonie laurentienne s'applique, à l'époque de la Nouvelle-France, aux établissements français s'étendant de Québec à Montréal, le long du fleuve. L'adjectif et nom s'applique aussi à la région des Laurentides.
LAURIER n. m. est dérivé (1080) de l'ancien français lor (XIe-XIIIe s.), issu du latin laurus (voir lauréat), emprunt probable à une langue méditerranéenne, de même que le mot grec daukhna (thessalien), laphnê (à Pergame). L'arbre, distingué pour son parfum puissant et sa capacité de brûler vert avec un fort crépitement, était considéré comme l'allié des forces de lumière et de feu et consacré à l'Apollon solaire. Il ne pouvait servir à aucun usage profane et était pris comme emblème de gloire et de victoire à Rome et en Grèce. L'usage de couronner les généraux triomphants d'une couronne de laurier est à l'origine de certains dérivés (→ lauréat) et d'une valeur symbolique passée en français.
❏
Le mot, désignant l'arbre, est employé avec son sens métonymique de « feuillage de l'arbre » (fin XIVe s.) pour symboliser la gloire du vainqueur (1550), plus généralement la gloire, le succès (av. 1663) ; il entre dans les locutions se reposer sur ses lauriers (v. 1700, sous une forme légèrement différente) et s'endormir sur ses lauriers (1791).
◆
Depuis 1834, il est employé moins noblement dans un contexte culinaire, pour « feuille d'une variété de laurier (le laurier-sauce) utilisé comme assaisonnement ».
❏
Par analogie, il fournit le premier élément de noms d'arbustes qui n'appartiennent pas à la famille du
laurier. LAURIER-TIN (1615,
laurier-tinus),
LAURIER-ROSE (1617),
LAURIER-CERISE (1690).
◆
Formé ultérieurement,
LAURIER-SAUGE (1803) est synonyme de
laurier commun (le laurier antique).
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Le radical du latin laurus a servi aux chimistes à former LAURIQUE adj. (1867, Littré) et LAURATE n. m. (1873) désignant un sel.
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En botanique, les dérivés latins savants de
laurus, laurineae et
lauraceae, ont donné les termes français
LAURINÉES n. f. pl. et
LAURACÉES, tous deux antérieurs à 1846
(Dictionnaire universel d'histoire naturelle).
L
LAUZE ou LAUSE n. f., attesté en français central chez Stendhal (1801), est emprunté à l'anc. provençal lauza, lausa « pierre plate » (1174). Ce mot semble issu du gaulois *lausa, d'origine inconnue, peut-être préceltique (non indoeuropéenne).
❏
Le mot désigne une pierre plate servant de dalle ou de couverture (un toit de lauzes). Son usage s'étend de la Lorraine à la Bourgogne, à l'Auvergne, à la Provence. Dans toutes les régions où existaient (ou existent encore) des toits de lauzes, le mot est familier. Il est assez connu dans le reste de la France.
LAVABO n. m. est tiré (1503) de la formule du Psaume XXVI, 6 : lavabo inter innocentes manus meas « je laverai mes mains au milieu des innocents », prononcée par le prêtre en se lavant les mains après l'offertoire. Le mot est la première personne du futur de l'indicatif de lavare (→ laver).
❏
Les premiers emplois s'inscrivent normalement dans un contexte liturgique pour désigner le linge avec lequel le prêtre essuie ses mains (1560) et, par métonymie (1721), la prière commençant par
lavabo.
■
Ce n'est qu'au XIXe s. que le mot passe dans l'usage commun, désignant (v. 1801) une table de toilette puis (1805) par métonymie la cuvette, souvent placée dans un évidement de cette table et, par suite, la cuvette à eau courante, entrant dans le domaine de l'appareillage sanitaire.
◆
Par une seconde métonymie, le mot désigne également une pièce réservée à ce dispositif (sens plus ou moins éliminé par cabinet de toilette) et surtout (XXe s.), au pluriel et par euphémisme, les lieux d'aisances publics à proximité desquels il y a (parfois) un lavabo (Cf. toilette).
■
En ce sens, le français a aussi utilisé l'anglicisme LAVATORY n. m. (1894 ; 1890, « boutique de coiffeur avec cabinet de toilette »), mot anglais issu du bas latin lavatorium.
LAVALLIÈRE n. f. et adj. est tiré (1874 chez Mallarmé) du nom de la duchesse de La Vallière (1644-1710), favorite de Louis XIV, qui portait ces sortes de cravates à large nœud flottant.
❏
Ce terme d'habillement est employé seul ou en apposition après
nœud, et
cravate. La
cravate lavallière ou
lavallière était, au tournant du
XXe s., typique des artistes, ou du moins du type social de peintre alors à la mode, le rapin.
■
Comme adjectif signifiant « de couleur feuille morte », en parlant d'une reliure (1874), le mot vient cette fois du nom du neveu de la duchesse, L.-C. de la Baume Le Blanc, duc de La Vallière (1708-1780), célèbre bibliophile français.
LAVANDE n. f., d'abord lavende (v. 1300), est probablement emprunté, malgré la chronologie connue à l'italien de même sens lavanda (attesté au XVIe s.). Celui-ci est issu, par une transposition sémantique due à l'usage des sommités de lavande dans l'eau du bain et pour parfumer le linge frais lavé, de lavanda « action de laver » (XVe s.), lequel est emprunté à l'adjectif verbal, au pluriel neutre, de lavare (→ laver). L'ancienneté de l'anglais lavender (anglo-normand lavendre, v. 1265) et le latin médiéval lavendula (1250) font cependant douter du bien-fondé de l'hypothèse d'un étymon italien.
❏
Le mot désigne une plante de la famille des Labiées, arbrisseau aux fleurs bleues en épi, d'un parfum délicat.
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Il est employé en apposition au sens métonymique de « couleur de lavande, bleu-mauve » (1586) et sert à désigner l'essence de lavande utilisée en parfumerie et le parfum lui-même (déb. XXe s.).
❏
En sont dérivés un adjectif de couleur, d'usage régional, LAVANDÉ, ÉE adj. (1669, gris lavendés), ainsi que 2 LAVANDIÈRE n. f. (1907) « terrain planté de lavandes », à ne pas confondre avec 1 lavandière (→ laver), et LAVANDIN n. m. (1945) « hybride de lavande et d'aspic ».
LAVANE n. f., emprunt à un mot ouolof, est le nom donné à des contes en forme de fables, répandu en français par l'écrivain sénégalais francophone Birago Diop (Contes et lavanes, 1963).
LAVE n. f., précédé par laive « pierre volcanique » (1587), est emprunté (1739) à l'italien lava (av. 1712) « matière volcanique en fusion », d'origine napolitaine et sicilienne. Ce dernier, également « coulée » (au figuré), est issu du latin labes « écoulement », de labi « glisser, tomber » (→ labile, laps, lapsus).
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Le mot désigne la matière volcanique en fusion, par exemple dans coulée de lave, lave en fusion.
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Il s'applique aussi à cette matière une fois refroidie et pétrifiée, notamment utilisée comme pierre de construction. Cette acception, sous la forme laive, est plus ancienne.
❏
On en a tiré l'adjectif didactique LAVIQUE, enregistré en 1840.
L +
LAVER v. tr. est issu (v. 980) du latin lavare, verbe qui, à l'origine, marquait un état et s'employait absolument avec une valeur réfléchie. Le sens transitif de « baigner, nettoyer » était réservé à un verbe apparenté, mais au vocalisme différent, lavere. Par la suite, lavare a été traité comme un transitif et a fini par supplanter lavere, conservé par ses composés qui ont donné ablution*, alluvion*, diluer*. Sans que l'on puisse dégager une forme indoeuropéenne précise, la même racine se retrouve dans un nom d'instrument celtique, les verbes grec louein et arménien loganam « se baigner », des substantifs germaniques comme l'ancien haut allemant louga « lessive », le vieil islandais lauăr « lessive », laug « bain chaud ».
❏
Le verbe exprime le fait d'enlever la saleté de qqch. avec un liquide, notamment de l'eau, et (1080) de nettoyer le corps ou une de ses parties. Dès le XIIe s., il est employé au figuré avec l'idée de « débarrasser (qqn) de souillures morales » (v. 1120) et de « réparer et faire réparer (un acte qui entache la réputation) », d'où laver qqn de qqch. (1691), se laver d'un opprobre, d'un affront (1718), sens réalisé en particulier dans laver un affront, un outrage (v. 1190). S'en laver les mains (1180) est une allusion biblique à Ponce Pilate dans l'Évangile, qui se lave les mains et se déclare innocent du sang de Jésus, et rejoint par une métaphore du sens concret la valeur figurée.
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La valeur symbolique purificatrice du fait de se laver, de laver, est elle-même à l'origine de l'emploi du verbe dans un contexte religieux (fin XIIIe s.).
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Le sens concret a donné plusieurs extensions et emplois particuliers dès le XIIe s., laver une plaie (v. 1170), en médecine, puis différents emplois techniques en chimie (1676), charpenterie (1676), traitement de la laine (1680), en orfèvrerie (1867), en prospection des minerais (1893). Machine à laver se dit en France de l'appareil automatique pour laver le linge, appelée lave-linge en Belgique, alors que la machine à laver la vaisselle est plutôt nommée lave-vaisselle n. f.
◆
Par ailleurs, d'après l'idée de « couler le long de » (1538), le verbe a pris le sens d'« arroser » en parlant d'une forte pluie, d'un cours d'eau (1694).
◆
Il est employé en peinture avec l'idée de « délayer une couleur avec de l'eau et l'étendre à plat » (1660).
❏
La dérivation, importante, commence dès le
XIIe s. avec
LAVURE n. f. (v. 1155,
laveüre), mot dont une forme antérieure
lavadure (v. 1050) peut remonter au latin populaire
°lavatura (v. 1125).
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Le mot s'est employé en médecine dans l'expression
lavure de chair en parlant de l'ensemble des tissus sanguinolents (1314).
◆
En reliure, il concerne l'opération consistant à laver les feuillets d'un livre avant de le relier (1690).
◆
L'expression
lavure de vaisselle « eau qui a servi à la vaisselle » a été usitée (1849) comme terme dépréciatif populaire pour une personne ;
Cf. rinçure.
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1 LAVANDIÈRE n. f. (1180) a été formé avec l'élément -andière dérivé de -ande (du latin -andus) pour désigner une femme qui lave le linge par profession. Il a été repris pour dénommer un petit oiseau qui fréquente le bord des cours d'eau (1555), à cause des mouvements de sa queue comparés à ceux d'une blanchisseuse battant le linge. LAVADAIRE ou LAVADÈRE n. m. s'est dit, en français d'Afrique centrale, du domestique chargé de l'entretien du linge.
■
LAVOIR n. m. (fin XIIe s.) a désigné un bassin à ablution et un évier (1283) avant de s'appliquer spécifiquement au bassin où on lave les draps (1465) et, par métonymie, à l'édifice qui l'abrite (1611). Il s'est spécialisé en technique pour le dispositif permettant de laver le minerai (1714).
◆
Le mot s'emploie en français de Belgique à propos de ce qu'on appelle en France laverie ; on dit aussi salon-lavoir.
◆
L'expression bateau lavoir, employée à propos d'un lavoir installé sur la berge d'une rivière, sur un ponton, a été appliquée par plaisanterie à la maison de Montmartre où vivaient des peintres et des écrivains, au début du XXe s. (notamment Picasso, Max Jacob...).
■
LAVEMENT n. m. (déb. XIIIe s.) n'a jamais été courant au sens général d'« action de laver » : il s'est spécialisé dès les premières attestations en liturgie (lavement des pieds, etc.).
◆
Dès l'ancien français (XIIIe s.), le mot s'est spécialisé à propos de l'injection d'un liquide dans le gros intestin (1628), en concurrence avec clystère, en français classique, avec des syntagmes comme poire à lavement ; c'est de cette acception que provient le sens figuré de « personne importune » (1877). Au figuré, pressé comme un lavement (1894 à Lyon) correspond à comme la colique.
■
LAVEUR, EUSE n. et adj. (1390) « celui qui lave » se dit spécialement de celui ou celle qui lave la vaisselle (1680, laveur d'écuelles) et, au masculin, du laveur de cendres d'orfèvre (1832), du laveur d'or (1849).
◆
Au XIXe s., il s'applique à divers appareils effectuant les opérations de lavage dans diverses industries (1867, d'abord en papeterie).
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Par ailleurs, il s'emploie en apposition dans raton* laveur.
◆
LAVEUSE n. f. se dit au Québec de la machine à laver le linge.
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LAVAGE n. m. (1432) assume le sens général d'« action de laver » qui fait défaut à lavement ; il a reçu quelques acceptions métonymiques concrètes (1547, lavage de chaux) et des spécialisations correspondant à celles du verbe, dans l'industrie (1740) et en médecine (1890, lavage d'estomac). Par métonymie, lavage se dit en français québécois du linge lavé (étendre le lavage), là où on dit en France, la lessive.
◆
L'usage familier l'emploie au figuré en parlant d'une vente au rabais d'effets, de meubles (1839), sens archaïque, et d'une réprimande (1890, lavage de tête), sens correspondant à un emploi du verbe.
◆
Lavage de cerveau désigne (1959) une action psychologique exercée sur une personne pour lui faire renier ses habitudes et convictions ; l'expression est calquée sur l'anglais brain washing.
◆
PRÉLAVAGE n. m. (années 1960) désigne un premier lavage, un lavage préalable, et spécialement (1967) le premier cycle de lavage dans une machine à laver, un lave-linge. Le verbe PRÉLAVER v. tr. semble postérieur (v. 1970).
■
LAVASSE n. f. (1447), formé avec un suffixe péjoratif, a désigné une pluie torrentielle avant de se dire d'un aliment liquide sans saveur (1829), en particulier d'un mauvais café trop étendu d'eau (1866).
■
LAVABLE adj. « qu'on peut laver » date lui aussi du XVe siècle.
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LAVERIE n. f. (1584) signifie d'abord « action de laver », et aussi « petit local où l'on lave la vaisselle » (dès 1555), sens disparus.
◆
Puis, il se réfère comme terme technique à l'endroit dans lequel on fait des lavages industriels, en particulier de minerais (1776).
◆
Le sens de « pièce où on lave le linge » (1857) en a fait un synonyme de blanchisserie, spécialement en parlant d'un établissement commercial en libre-service (1951), sens aujourd'hui usuel, par exemple dans laverie automatique (appelé lavoir en Belgique).
■
LAVETTE n. f. (1636) désigne un petit torchon pour laver la vaisselle. En Lorraine, Alsace et dans la zone franco-provençale, surtout en français de Suisse, il se dit d'un carré de tissu éponge pour faire sa toilette (Cf. la débarbouillette du Québec).
◆
Par le même type de métaphore que chiffe, le mot s'applique familièrement à une personne sans énergie, sans courage (1862). En argot, le mot a désigné la langue (1867).
■
LAVIS n. m. correspond (1676) à la spécialisation du verbe en termes d'arts pour une technique proche de l'aquarelle.
■
LAVÉE n. f. (1752), « quantité de ce qu'on peut laver en une fois », est parfois employé spécialement en relation avec laver à propos de la laine.
◈
L'élément verbal
LAVE- a servi à former une série de noms d'objets courants, de
LAVE-MAINS n. m. (1471) encore en usage pour un lavabo de taille réduite à
LAVE-PIEDS n. m. (1775),
LAVE-PINCEAUX n. m. (1907), utilisé par les peintres,
LAVE-PONT n. m. (1962) s'emploie en marine.
◆
LAVE-VAISSELLE n. m. (1925, répandu v. 1969) est devenu usuel depuis la diffusion de cet appareil électroménager, plus souvent appelé
machine à laver en France.
◆
LAVE-AUTO n. m. est l'adaptation au français de l'anglais
car wash, attesté en 1970 en français du Canada, usuel notamment au Québec, rare en français d'Europe (1997 en France), pour une station de lavage automatique pour automobiles.
◈
Voir aussi lave-dos*, lave-glace*, lave-linge*, lave-phares*.
◈
Le verbe a donné dès l'ancien français deux séries de préfixés verbaux.
RELAVER v. tr. (v. 1175) signifie « laver de nouveau, une seconde fois ». Outre ce sens itératif, le verbe possède en français de Lorraine, du nord de la France, de Belgique, de Suisse romande (attesté 1670) la valeur spéciale et courante de « laver (la vaisselle) ».
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Il a produit RELAVAGE n. m. (1878).
◈
DÉLAVER v. tr. (
XIIIe s.), d'abord au sens de « salir » et (1398) « purifier », signifie encore aujourd'hui « éclaircir à l'eau » (v. 1585), produisant à son tour
DÉLAVÉ, ÉE adj. plus courant que le verbe pour « d'une couleur trop éclaircie, passée »,
DÉLAVAGE n. m. et
DÉLAVURE n. f. (
XXe s.), techniques ou rares.
❏ voir
ABLUTION, ALLUVIUM, COLLUTOIRE, DÉLUGE, DILUVIUM, LATRINES, LAVABO, LAVANDE, LISIER, LOTION.
LAXATIF, IVE adj. et n. m. est emprunté (XIIIe s.) au latin médiéval laxativus « émollient », dérivé de laxare « relâcher » (→ lâcher).
❏
Le mot, introduit comme adjectif et quelquefois abrégé en laxif au XVIIe s. (1611), est également employé comme substantif. Bien que de formation savante, il s'est plus répandu que son synonyme relâchant*.
LAXISME n. m. et LAXISTE adj. sont deux termes didactiques formés tardivement (1895 et 1908 respectivement) sur le latin laxus « lâche, desserré » (→ lâcher).
❏
Ces mots sont apparus dans un contexte théologique, à propos d'une doctrine qui tend à supprimer les interdits et à les limiter, et de là, se sont étendus couramment à toute tendance à la tolérance excessive, notamment dans un contexte sociopolitique.
LAYETTE n. f., d'abord liette (1378) et laiette (av. 1400), est le diminutif en -ette de l'ancien français 2 laie (1357) « boîte, coffret », encore utilisé avec des sens spécialisés, notamment en musique pour désigner la partie inférieure du sommier de l'orgue. Laie est en général considéré comme emprunté au moyen néerlandais laeye « petite caisse », qui correspond à l'allemand Lade de même sens et appartient à un groupe de mots germaniques. La racine verbale (anglais to lade « charger », allemand laden) se retrouverait dans des mots slaves comme le vieux slave kladą, klasti « mettre, poser » (→ lest). P. Guiraud propose d'y voir plutôt le déverbal de l'ancien laier « laisser un espace vide », variante de laisser*.
❏
À l'origine, le mot désignait un coffret ou un tiroir servant à ranger des papiers, des vêtements, de menus objets personnels.
◆
Par une métonymie du contenant au contenu, il a pris (1671) le sens, aujourd'hui courant, d'« ensemble des vêtements d'un nouveau-né ».
❏
LAYETIER n. m. (1582), nom de celui qui fabrique, qui vend des boîtes, des caisses, et LAYETERIE n. f. (1765), nom de l'industrie correspondante, n'ont pas suivi l'évolution de layette, et ne conservent que le premier sens de layette.
LAZARET n. m. est emprunté (1577) à l'italien lazzaretto « lieu de quarantaine pour les malades atteints de maladies incurables et contagieuses », mot attesté dans le Journal du Vénitien G. Priuli (1494-1512). Ce mot est la corruption, probablement sous l'influence de S. Lazzaro « saint Lazare », patron des lépreux, de Santa Maria di Nazaret, Nazareto au XVe s., nom d'une île vénitienne où l'on mettait en quarantaine, depuis 1348, les malades contagieux revenus de Terre sainte.
❏
Le mot a désigné une léproserie (sens encore répertorié en 1771) avant de s'appliquer au bâtiment où se font le contrôle sanitaire et la mise en quarantaine des contagieux dans un port (1690), au
XXe s. dans un aéroport, et, ultérieurement, au local d'un hôpital destiné aux enfants suspects d'affections contagieuses (
XXe s.).
LAZARO n. m. de Saint-Lazare, prison parisienne depuis 1779, a désigné en argot une prison militaire (1886), puis (mil. XXe s.) une prison centrale.
❏ voir
LADRE.
LAZZARONE n. m., prononcé à la française ou à l'italienne, est adapté en lazzaron par S. Mercier (1782). C'est un emprunt au napolitain lazzarone, augmentatif de lazzaro ou lazaro « mendiant », de Lazzaro « Lazare » (→ ladre, lazaret).
❏
Le mot, courant à l'époque romantique, s'applique aux Napolitains du peuple, et correspond à une image sociale figée, de paresse, de gaieté et d'insouciance, plus littéraire que sociologique.
LAZZI n. m. est emprunté (1700, Théâtre italien de Gherardi) à l'italien lazzi, pluriel de lazzo, attesté depuis 1660 au sens de « jeu de scène bouffon ». L'hypothèse selon laquelle lazzi viendrait d'une abréviation de l'azzi pour l'azzioni « les actions » (du latin actio, → action), employé dans les indications scéniques des jeux bouffons, est très contestable d'un point de vue phonétique. Le mot italien pourrait plutôt être emprunté à l'espagnol lazo « ruse, artifice trompeur » (XIIIe s.), proprement « lacet » (→ lacs, lasso).
❏
Lazzi a pénétré en France comme un terme de la Commedia dell'arte ; par extension (1732), il désigne des plaisanteries bouffonnes et moqueuses (surtout au pluriel, ce qui est le cas du mot italien). Le français admet le pluriel lazzis à côté de lazzi.