LÉGITIME adj. est emprunté (1266) au latin legitimus, de lex, legis (→ loi), « établi par la loi », « conforme aux règles », substantivé en latin médiéval au féminin pour désigner l'épouse (av. 1081), et au masculin pour désigner l'héritier légitime (av. 1250).
❏  Légitime, « fondé en droit », est synonyme de légal dans certaines expressions juridiques, moins nombreuses aujourd'hui qu'autrefois. Dans le domaine juridique, il est employé notamment en parlant d'un lien de parenté reconnu par la loi (v. 1300), par exemple un mariage (v. 1398), et, depuis le XVIe s., signifie aussi « conforme à l'équité, au droit naturel », spécialement légitime défense (v. 1810). En histoire, en politique, on parle de roi (1589), de souverain, etc. légitime. ◆  Plus couramment, l'adjectif correspond à « juste, justifié par le bon droit » (1588), s'opposant alors à légal, et indiquant l'existence d'un droit supérieur pouvant ne pas coïncider avec le droit positif. Ce droit supérieur a pu être identifié au droit divin au cours de l'histoire (notamment au XIXe s., par exemple dans monarchie légitime) ; Cf. ci-dessous légitimité, légitimiste. ◆  Le féminin substantivé (1562) a désigné l'institution destinée à protéger les héritiers légitimes, sens avec lequel il a produit LÉGITIMAIRE adj. (1579) « qui appartient à la réserve légale », mot sorti d'usage. ◆  Depuis 1845, le nom féminin la, sa légitime est employé populairement comme synonyme d'épouse (par opposition à maîtresse, concubine), elliptiquement pour femme, épouse légitime, retrouvant ainsi un sens du latin médiéval.
❏  Légitime a produit LÉGITIMEMENT adv. (1266) « conformément à la loi » et (XVe s.) « avec raison ».
■  LÉGITIMER v. tr. (v. 1280) signifie d'abord « reconnaître (un enfant naturel) comme digne des droits de l'enfant légitime », puis « rendre légitime, reconnaître pour légitime » et (1694) « reconnaître pour authentique ». ◆  Les sens plus courants, dans l'usage moderne, de « justifier au nom du droit naturel » (v. 1780) et « rendre légitime (un état de fait) » (1821) sont apparus les derniers.
■  LÉGITIMATION n. f. (1340) a suivi le même développement juridique et (1855) courant.
LÉGITIMITÉ n. f. (1694), précédé par le latin médiéval legitimitas, « naissance légitime » (1220), est apparu au sens de « qualité de ce qui est juste » ; il est devenu à la fin du XVIIIe s. un terme du vocabulaire politique, par exemple sous la plume de Chateaubriand, ardent défenseur du droit fondé sur le principe de l'hérédité de la couronne dont devaient se réclamer les princes de la branche aînée des Bourbons.
■  En ce sens, il a entraîné la formation des termes idéologiques LÉGITIMISTE n. et adj. (1830, Balzac) et LÉGITIMISME n. m. (1839, Baudelaire), relatifs aux partisans de la branche aînée des Bourbons après la révolution de 1830.
Le préfixe il- a servi à former les vocables antonymiques ILLÉGITIME adj. (1458, emprunt au latin juridique illegitimus), ILLÉGITIMEMENT adv. (XVe s.) et ILLÉGITIMITÉ n. f. (av. 1615), ce dernier plus rare. La nuance entre cette série et celle de illégal est celle qui existe entre la notion de loi écrite et celle de droit naturel (Cf. ci-dessus).
LEGS n. m. ne se rattache pas à léguer comme on le croit spontanément, mais à laisser* : c'est en effet l'altération (1466), à la suite d'un faux rapprochement étymologique avec le latin de même sens legatum (→ légat), de l'ancien français lais « ce qu'on laisse à un héritier », déverbal de laisser*.
❏  Tandis que lais s'est maintenu avec d'autres sens, legs s'est imposé comme terme juridique et a développé la valeur figurée de « ce qui est transmis, héritage » (1830) qui correspond à léguer.
❏  PRÉLEGS n. m. a été formé (1690) comme déverbal de préléguer (→ léguer), pour désigner en droit un type de legs particulier avant le partage.
LÉGUER v. tr., d'abord leghier (XIIIe s.), est emprunté au latin legare, dérivé de lex, legis (→ loi), dont le premier sens a dû être « fixer par contrat » ou « charger par contrat ». Le rapport avec le nom a vite cessé d'être perçu et legare a pris le sens de « déléguer à qqn (une charge) », en particulier, en droit privé, « déléguer à ses héritiers l'exercice d'une autorité posthume, la charge d'un legs » et parallèlement « déléguer, députer (qqn) pour faire qqch. ».
❏  Le verbe a reçu du latin le sens du droit privé et la valeur extensive, qui s'est conservée dans le composé déléguer* et le dérivé légat*, mais léguer est surtout vivant avec son acception juridique, liée à lais devenu legs*, à partir de laquelle il a développé la valeur figurée de « transmettre » (1821), « laisser comme bien sacré, confier » (1840).
❏  PRÉLÉGUER v. tr., emprunté (1508) au latin praelegare, de prae (→ pré-) et legare, se rapporte au fait de léguer qqch. à qqn avant le partage (→ prélegs, art. legs).
❏ voir ALLÉGUER, DÉLÉGUER, LÉGAT, LÉGATAIRE, LEGS, RELÉGUER.
LÉGUME n. m., d'abord lesgum (XIVe s.), legum, puis légume (1530), est emprunté au latin legumen, mot qui semble avoir d'abord désigné les plantes dont le fruit est une cosse (pois, fève, etc.) par opposition à (h)olus, mot désignant les légumes verts, en particulier le chou. Par suite, legumen a désigné dans l'usage courant toute espèce de plantes potagères (voire chez certains auteurs, des plantes fourragères) et est passé dans les langues romanes. L'étymologie populaire l'a rapproché de legere « cueillir » (→ lire), mais on est plutôt en présence d'un mot non indoeuropéen, emprunt à une langue inconnue. En français, légume a éliminé l'ancien doublet populaire leüm, leun, attesté de 1170 au XIVe s. et conservé dans quelques parlers du domaine franco-provençal (suisse lion) et une partie du domaine occitan.
❏  Jusqu'au XVIIe s., le mot est resté très proche du sens originel du latin legumen, recouvrant toutes les plantes potagères cueillies pour servir d'aliment, mais plus particulièrement les graines comestibles venant en gousses (pois, fèves, lentilles, plus tard haricots).
■  L'acception moderne s'est esquissée au XVIIe et au XVIIIe s., avec l'introduction de l'adjectif légumineux, et le déclin d'herbe au sens de « légume ». D'abord masculin, puis féminin en langue classique, légume commence au XVIIe s. à être employé aux deux genres ; le masculin s'est imposé presque partout sauf pour le sens métaphorique, argotique puis familier, de « personnage important » (1832, une grosse légume ; 1903, une légume). ◆  Divers syntagmes comme légumes verts, légumes secs (au XVIIIe s. : « les légumes se mangent verds ou secs », Encycl.) précisent l'emploi du mot au sens propre. ◆  L'emploi du singulier à valeur collective (de) la légume (XIXe-XXe s.), abandonné parce qu'il était senti comme populaire et fautif, réactive en fait les premiers emplois du mot, sous la forme leum, leun. ◆  En français d'Afrique, le mot s'applique en particulier aux feuilles comestibles, qu'elles soient consommées cuites ou crues (Cf. salade).
■  L'emploi au figuré pour « malade dans un état végétatif prolongé » est un calque de l'anglais vegetable, et a en français une connotation très pénible qu'il n'a pas en anglais, où l'idée de « vie végétale » reste présente.
❏  Le dérivé 1 LÉGUMIER n. m. (1715), « jardin où l'on plante des légumes », fournit également un adjectif LÉGUMIER, IÈRE « relatif aux légumes » (1790). ◆  2 LÉGUMIER n. m. se dit d'un plat couvert dans lequel on sert les légumes (1873). Le mot s'est employé en Belgique pour « maraîcher », sens attesté dans l'Anjou au XIXe siècle. En français du Maghreb, légumier vaut pour « marchand de légumes ». ◆  3 LÉGUMIER, IÈRE n. semble récent (att. 1998) pour « producteur de légumes », plus général que maraîcher.
■  LÉGUMISTE n. (1767) est tombé dans l'oubli, tant au sens de « maraîcher » que comme dénomination d'une secte végétarienne anglaise (1867).
■  LÉGUMINE n. f. est enregistré en 1845 comme nom scientifique de l'albumine végétale contenue dans les graines de légumineuses ; il est sorti d'usage.
LÉGUMINEUX, EUSE adj. et n. f. pourrait être emprunté (1570) au latin médiéval leguminosus, pour qualifier les plantes dont le fruit est une gousse comestible. En ce sens, il a été substantivé dans la classification botanique (1763, les légumineuses), succédant à l'ancien légumage (1549-1660) et captant le sens le plus ancien de légume.
Légume est entré au XIXe s. dans les noms d'ustensiles de cuisine COUPE-LÉGUMES n. m. (1845) et HACHE-LÉGUMES n. m. (1866).
LEISHMANIE n. f. est la francisation de LEISHMANIA, pris (1908) à l'anglais, où le mot est dérivé de Leishman, botaniste anglais découvreur avec Donovan de ce parasite. C'est le nom d'un protiste à flagelles, parasite des cellules endothéliales, des tissus et organes.
❏  LEISHMANIOSE n. f. (1907) désigne la maladie provoquée par les leishmanies, et caractérisée par divers symptômes, dont des lésions cutanées.
LEITMOTIV → MOTIF
LEMME n. m. est un emprunt scientifique (1613) au latin lemma, pris au grec lemma, présent dans dilemme*.
❏  Le mot désigne en mathématique un résultat intermédiaire obtenu au cours d'une longue démonstration, et en philosophie, une proposition accessoire, résultant d'une démonstration ou admise, et permettant de poursuivre un raisonnement. En linguistique, un lemme est la forme canonique d'un mot variable (masculin singulier d'un nom, infinitif ou première personne du singulier de l'indicatif d'un verbe).
❏  Le dérivé LEMMATISER v. tr. correspond au sens linguistique ; c'est un emprunt (v. 1970) à l'anglais to lemmatize, de lemma, d'où LEMMATISATION n. f.
LÉMURE n. m. est un emprunt savant (1488) au latin lemures, au pluriel, « spectres qui reviennent la nuit tourmenter les vivants », mot que l'on rapproche sans certitude du grec lamia, nom d'un démon femelle vorace, supposé dévorer les vivants, mot encore usité en grec moderne et donnant lieu à l'emprunt lamie*.
❏  Le mot se limite à l'évocation des mythes de l'antiquité romaine.
❏  LÉMURIENS n. m. pl. est issu (1804) du latin scientifique lemur, nom donné par Linné au maki, animal qui ne sort que la nuit, comme un lémure. ◆  Il désigne un sous-ordre de mammifères primates, aussi appelés paresseux.
■  LÉMUR n. m. a été adopté en français (1873) pour désigner le maki.
LENDEMAIN → DEMAIN
L LENDIT n. m. est issu (v. 1120), avec agglutination de l'article défini l', du latin médiéval indictum « ce qui est fixé, annoncé », attesté en latin chrétien au sens de « commandement, notification », et employé au moyen âge pour désigner les foires publiques (1096) en tant qu'elles sont proclamées, annoncées par le ban. Le mot désigne en particulier les fêtes célébrées le 8 juin 1048 en l'honneur des reliques de la Passion reçues en 1047 par l'abbaye de Saint-Denis, ces fêtes ayant entraîné la création de foires dans le bourg. Une foire extérieure, résultat de l'extension de la première, a été créée et cédée par Louis VI aux moines (charte de donation du 3 août 1124). Peu après, indictum désigne la foire elle-même (1138-1145). Le mot est la substantivation du participe passé neutre de indicere « déclarer publiquement, notifier, fixer », formé de in- (→ in-) et dicere « montrer, désigner, dire » (→ index).
❏  Après une attestation isolée au sens général de « notification, commandement », le mot a été repris comme désignation de la foire qui se déroulait une foi l'an à Saint-Denis au mois de juin (1176-1181). Par métonymie, il s'est appliqué au congé accordé au Parlement et aux Universités pour se rendre à cette foire (1690, Furetière écrit landi et signale que la foire existe encore, moins solennelle qu'autrefois).
LÉNIFIER v. tr. est emprunté (XVe s.) au bas latin lenificare « adoucir » (en médecine), du latin classique lenis « doux » (au toucher puis en général), mot sans étymologie connue éliminé par dulcis (→ doux), et de fecere (-ficere) (→ faire).
❏  Terme de médecine, lénifier a développé vers 1845 le sens figuré d'« apaiser, calmer », d'usage soutenu.
❏  Son participe présent LÉNIFIANT, ANTE adj. est employé en médecine (1850) et au figuré (1890).
■  Le nom correspondant, LÉNIFICATION n. f. (XIVe s.), formé sur le radical du verbe latin, est plus rare.
D'autres mots se rattachent au même groupe.
■  LÉNITIF, IVE adj. (1325), emprunté au latin médiéval lenitivus (1250), attesté avec un sens figuré dès 1574 et substantivé, en médecine (XVIe s.), puis au figuré (1696).
■  Le terme de phonétique LÉNITION n. f. (1933) « affaiblissement articulatoire d'une consonne » est dérivé du supin de lenire « adoucir, calmer », lequel était représenté en moyen français par lénir (XVe s.).
L + LENT, LENTE adj. est issu (1080) du latin lentus « souple, élastique, flexible » d'où « mou » au physique et au moral, « indolent, nonchalant » ; sous l'Empire, le mot a même pris la valeur de « persistant, tenace » et de « visqueux ». L'origine de lentus est obscure : il peut s'agir d'un emprunt à l'étrusque, le rapprochement avec l'ancien haut allemand lindi « doux, tendre », lui-même isolé, ne permettant pas de proposer une origine indoeuropéenne (germanique).
❏  Le champ d'emploi du mot, plus vaste en ancien français, s'est considérablement simplifié au XVIe, puis au XVIIe s., au profit du sens de « mou, qui manque de rapidité », attesté dès les premiers textes en parlant d'un être, puis aussi d'une chose (v. 1250), et, à partir du XVIe s., de l'esprit (1580), d'une maladie (v. 1580), puis du pouls (1680), sens à la fois physique et psychologique. ◆  D'autres valeurs, reprises au latin aux XVe et XVIe s., ont été abandonnées, par exemple « flexible, souple » (XVe s.), « humide, moite » (v. 1580), « visqueux, gélatineux » (v. 1550), qui sont des latinismes savants. ◆  Les connotations concrètes ayant disparu, l'adjectif a aujourd'hui une valeur surtout temporelle, parfois psychologique, et s'oppose à rapide.
❏  LENTEMENT adv. (v. 1155) n'a pas suivi le même type d'évolution : il n'a pas dévié de son sens initial, « de manière lente », dans l'espace et (v. 1265) dans le temps, sinon pour exprimer psychologiquement l'idée de « mollement, sans ardeur » (v. 1220 ; puis v. 1600). Il s'oppose à rapidement et à vite.
■  LENTEUR n. f. semble recouvrir à la fois le dérivé de lent (1355) et le représentant savant du latin lentor « flexibilité, souplesse, viscosité ». Le sens de « manque de rapidité dans l'action » d'où « manque de rapidité dans la compréhension, la réflexion » (1671, lenteur d'esprit), d'où au pluriel des lenteurs « retard dans l'accomplissement d'une chose » (1679), s'est imposé. ◆  En revanche, d'autres valeurs, concrètes, « moiteur, viscosité » (v. 1560-1636) et abstraites, « paresse, manque d'ardeur » (1606-1715), ont disparu.
RALENTIR v. a été formé (v. 1550) par préfixation en re- de l'ancien alentir, lui-même variante de allenter et attesté jusqu'au XVIIIe siècle. Le verbe signifie « rendre plus lent (un mouvement, un déplacement) », dans l'espace, puis aussi (1580) dans le temps. ◆  Par extension, il s'emploie avec la valeur de « rendre moins intense » (v. 1580). ◆  L'emploi intransitif (1774) a quasiment éliminé le pronominal se ralentir (1653), devenant très courant avec le développement des transports (chemins de fer, puis automobile) comme antonyme d'accélérer.
■  RALENTI, IE, son participe passé, a été adjectivé (1690) puis, ultérieurement, substantivé au masculin (1921) en technique cinématographique, et s'est répandu dans la locution au ralenti (1935), au propre et au figuré.
■  RALENTISSEMENT n. m. (1584) lui sert de nom d'action.
■  RALENTISSEUR n. m., d'introduction plus récente (1903), est le nom d'un dispositif servant à réduire la vitesse. ◆  En physique, le mot s'applique à une substance utilisée dans un réacteur nucléaire pour ralentir les neutrons émis au moment de la fission des noyaux de matière combustible (1962 dans les dictionnaires généraux).
❏ voir LANTIPONNER, RELENT.
L LENTE n. f., d'abord lentres (v. 1100), puis lente, est issu du latin populaire °lenditem « œuf de pou », accusatif pris pour un nominatif, du latin classique lens, lendis, terme populaire qui a été déformé de manières diverses (on relève lendis, lendix, lendina et le pluriel lendines auxquels remontent l'italien lendine et l'espagnol liendre). Sans pouvoir reconstituer un terme originel commun, on note des formes voisines (n + dentale) dans plusieurs groupes indoeuropéens, le baltique °gninda, le gallois nedd, le grec konides, ou même l'ancien haut allemand hniz, l'arménien anic : elles incitent à poser un type populaire déformé de diverses manières.
❏  Le mot, désignant l'œuf du pou, est demeuré en usage dans la mesure où ce parasite est combattu par l'hygiène.
L LENTILLE n. f. est issu (v. 1170) du latin populaire lentīcula, autre forme du classique lentĭcula « lentille, plante et graine » et, de là, tout objet en forme de lentille (tache de rousseur, etc.). C'est le diminutif plus répandu de lens, lentis, mot de même sens, probablement emprunté (nom indoeuropéen ou italique).
❏  Lentille, d'abord employé comme un singulier à valeur collective, désigne la plante et (v. 1170) sa graine comestible. Il ne s'emploie plus qu'au pluriel, le singulier désignant une graine.
■  Son ancien sens de « tache de rousseur » (1300, lantille) est aujourd'hui vieilli tout comme l'adjectif qui lui correspond, LENTILLEUX, EUSE adj. (XIIIe s. ; fin XIe s., lentileus).
■  Par une autre analogie de forme avec la graine, lentille a fourni le nom d'une plante aquatique (XVe s., lentille d'eau).
■  Le mot est passé au XVIIe s. dans le vocabulaire de l'optique (dès 1637, Descartes parle de verre en forme de lentille), tant pour les instruments d'optique qu'en lunetterie et, beaucoup plus tard, par analogie, en optique électronique. D'autres emplois techniques ont suivi (1743, lentille de pendule). ◆  Aujourd'hui, le nom de la légumineuse et celui du verre optique sont deux homonymes, sémantiquement séparés. Le second désigne aussi des formes géométriques (lentille biconvexe, biconcave, etc.).
❏  Le dérivé LENTILLON n. m. (1835) désigne une variété de lentille à petite graine rouge.
LENTICULAIRE adj. est emprunté (1314) au latin lenticularis « de lentille », dérivé de lens. ◆  Le mot a été employé substantivement comme nom d'un instrument de chirurgie à l'extrémité en forme de lentille. Adjectivé dès le XIVe s., il entre au XVIIe s. dans le vocabulaire de l'optique (1690, verre lenticulaire), probablement d'après l'anglais (1658, lenticular optick glasses). Il s'est aussi spécialisé en anatomie (1735, os lenticulaire) et en géologie (1765, pierre lenticulaire).
■  Au XVIIIe s., la botanique a emprunté LENTICULE n. f. (1803), par le latin scientifique lenticula (1763), au latin classique lenticula. Dès le XVIe s., le mot figure dans une glose (1541) et est attesté chez A. Paré au sens de « bouton, pustule en forme de lentille ». Il désigne aujourd'hui la lentille d'eau.
■  LENTICELLE n. f. a été dérivé savamment (1825) du latin lens, lentis d'après les diminutifs en -cellus, -cella pour désigner une tache rouge ovale qui se forme sous l'épiderme des arbres. ◆  En est dérivé l'adjectif LENTICELLÉ, ÉE (1847).
LENTISQUE n. m., réfection (1538) de lentisce (XVe s.), est probablement emprunté, étant donné l'aire géographique où l'on trouve l'arbre, à l'ancien provençal lentiscle (XVe s.), issu d'un latin populaire °lentisculus, diminutif du latin classique lentiscus de même sens. Ce dernier, vraisemblablement emprunté (avec un suffixe rappelant les noms grecs en -iskos), est à l'origine de l'ancien français lentisc (XIIIe s.), probablement lui aussi par l'intermédiaire de l'ancien provençal lentisc (XIVe s.).
❏  Le mot désigne un arbuste des régions méditerranéennes et arides, utilisé notamment pour sa résine ou mastic.
1 LÉONIN, INE adj. est emprunté (v. 1160) au latin leoninus « de lion, propre au lion », spécialement employé dans la langue juridique à basse époque, dans l'expression societas leonina « société dont un membre prend la part du lion », allusion aux fables latines où le lion, ayant fait association avec d'autres animaux, s'adjuge toutes les parts du butin. Le mot est dérivé de leo, leonis (→ lion).
❏  L'adjectif qualifie ce qui rappelle le lion et, plus strictement, (déb. XIIIe s.) ce qui est propre au lion. ◆  Par allusion aux fables de Phèdre, puis de La Fontaine (I, 6), il qualifie (1680) une affaire, un contrat dans lesquels une personne se taille la « part du lion ».
2 LÉONIN, INE adj. est l'adjectif formé (v. 1175, rime lionime) sur le nom de Léon (Leo) de Saint-Victor, chanoine ayant vécu à Paris au XIIe s. et qui avait mis à la mode des vers latins dans lesquels une même assonance est répétée plusieurs fois. Une influence secondaire de 1 léonin* est probable, la richesse des vers étant rapprochée du caractère noble et altier du « roi des animaux ».
❏  Ce terme de poétique qualifie des rimes très riches dans lesquelles plusieurs syllabes sont identiques et (1680) des vers (latins ou français) dont les deux hémistiches sont assonancés ou riment.
LÉOPARD n. m., réfection (leopart, v. 1200) des formes semi-populaires leupart (1080), liepart (v. 1170), est emprunté au bas latin leopardus de même sens. Ce dernier est composé de leo (→ lion) et de pardus, nom du mâle de la panthère, que l'on rapproche du grec pardos dans le groupe de pardalis « panthère, léopard », lui-même emprunté à une langue orientale non déterminée. On a vu dans pardus l'emprunt du mot grec, mais Chantraine fait de pardos l'adaptation de pardus, tout comme le mot tardif leopardos serait, selon lui, adapté du latin leopardus.
❏  Le mot désigne un grand carnassier félin à robe marquetée des régions tropicales, pris quelquefois en poésie, à cause des blasons, comme symbole de l'Angleterre (fin XIVe s.). Le mot est employé spécialement en héraldique (XVIe s.) à propos d'un lion représenté « passant », et non « rampant ».
■  Par analogie, il se dit d'un poisson, anciennement le merlu (1611), et de nos jours, dans l'expression léopard de mer (XXe s.), d'un phoque carnivore des mers australes.
■  Par une métonymie habituelle, le mot désigne la fourrure du félin utilisée en pelleterie (1924) et, dans tenue léopard (1968), une tenue militaire de camouflage tachetée.
❏  LÉOPARDÉ, ÉE adj. (1501) qualifie une robe, une peau mouchetée comme celle du léopard, spécialement en blason (1502) le lion passant.
LÉPID(O)-, élément savant, est tiré du grec lepis, lepidos « écaille », « coquille », « éclat de métal » (→ lépiote), dérivé de lepein « éplucher, enlever l'écorce », également par métonymie « manger » et, dans les comédies, par métaphore « battre » (→ lèpre). Le verbe grec n'a pas de correspondant dans les langues indoeuropéennes, mais il existe quelques thèmes nominaux qui répondent formellement aux formes grecques, comme le lituanien lāpas « feuille », l'albanais lapë « lambeau, feuille », le lituanien lōpas « pièce, lambeau ».
❏  L'élément entre dans la formation de termes des sciences de la nature. Le plus ancien est aussi le plus important et le plus courant. LÉPIDOPTÈRES n. m. pl. (1754) est l'adaptation du latin scientifique lepidoptera employé par Linné (1744) et composé de lepis, lepidos et de pteron « plume d'aile » d'où « aile » (→ -ptère). Le mot dénomme un ordre d'insectes aux quatre ailes couvertes de minuscules écailles, dénommés couramment, sous leur forme adulte, papillons.
■  Il a produit quelques termes d'usage didactique, tels LÉPIDOPTÉRISTE n. (1860), LÉPIDOPTÉROLOGIE n. f. (1873), MICROLÉPIDOPTÈRES n. m. pl. (1873) et MACROLÉPIDOPTÈRES n. m. pl., ce dernier formé au XXe s. comme antonyme du précédent.
Lépido- a été productif au XIXe s. en minéralogie : — LÉPIDOLITHE n. m. « mica blanc » (1803), en paléontologie : LÉPIDODENDRON n. m., proprement « arbre à écailles », désignant un arbre fossile de l'ère primaire (1828), — et surtout en zoologie avec LÉPIDOPE n. m. (1808, par le latin scientifique lepidopus), proprement « pied écailleux », LÉPIDOSIRÈNE n. f. (1873), LÉPIDOSTÉE n. m. (1875, par le latin scientifique lepidosteus), termes qui dénomment tous des poissons.
LÉPISME n. m. est l'adaptation du latin scientifique lepisma (Linné, 1767), repris au grec lepisma « écorce ou écaille enlevée », dérivé de lepis.
■  Le mot, après avoir désigné momentanément (1803) un poisson du genre du sciène, désigne un insecte appelé communément poisson d'argent.
❏ voir LÉPIOTE.
LÉPIOTE n. f. est la francisation (1816) du latin scientifique lepiota (1801) formé sur le grec lepion, plus souvent lepis « écaille, croûte, coquille, éclat de métal », par allusion aux écailles couvrant le chapeau de ce champignon. Le mot est dérivé de lepein « éplucher, enlever l'écorce » (→ lépid[o]-).
❏  Le mot désigne un champignon caractérisé par un long pied fibreux, un anneau et un chapeau écailleux, le plus souvent comestible.