LIGAMENT n. m. est un emprunt du vocabulaire anatomique (1520) au latin ligamentum « lien », spécialement en médecine « bande, bandage », formé sur le supin de ligare (→ lier).
❏  Le mot désigne un faisceau de tissu fibreux blanchâtre reliant les éléments constitutifs d'une articulation ou maintenant divers organes.
❏  Il a produit les adjectifs LIGAMENTEUX, EUSE (1503 ; 1478, ligamental) « de la nature des ligaments » et LIGAMENTAIRE (1903) « qui concerne les ligaments ».
❏ voir LIGATURE, LIER.
LIGATURE n. f., d'abord ligadure (1377), est emprunté au bas latin ligatura « action de lier », spécialisé en médecine et employé figurément au sens d'« empêchement, inhibition », dérivé de ligare (→ lier). La forme initiale du mot français est probablement due à l'influence du provençal ligadura (1465).
❏  Le mot a été introduit dans son acception médicale pour désigner une opération consistant à attacher, serrer avec un lien, afin de panser une plaie (1671), de lier un vaisseau, une tumeur (1690). ◆  Par métonymie, il désigne concrètement ce qui lie (XVIe s.), finissant de supplanter l'ancien français liure (fin XIIe s.), dérivé de lier avec les deux mêmes sens en chirurgie.
■  Le sens imagé de « ce qui lie, inhibe » (1480), appliqué spécialement à l'impuissance sexuelle due à un maléfice (1584-XVIIe s.), est sorti d'usage sauf archaïsme littéraire ; cet emploi est en rapport avec l'expression ancienne nouer l'aiguillette*.
■  Le mot est employé concrètement dans l'usage commun (1538), mais ne s'est pas répandu, gêné par la concurrence de lien. Il a acquis d'autres sens techniques, désignant un caractère d'imprimerie qui joint deux lettres ensemble (1680), un bandage autour de la plaie d'un arbre en horticulture (1796), le morceau de filin avec lequel, en marine, on serre et on réunit provisoirement les pièces d'un mât, d'une vergue (1845).
❏  Le dérivé LIGATURER v. tr. (1800), « lier avec une ligature », est usuel en médecine, chirurgie.
Le latin ligare, par l'intermédiaire de l'anglais, a fourni deux termes de science dans la seconde moitié du XXe siècle. LIGAND n. m. est un emprunt à l'anglais, où le mot est pris au latin ligandum, gérondif de ligare, alors que LIGASE n. f., autre anglicisme (1981), vient de ligare et de l'élément -ase. Ligand désigne une molécule liée à l'atome central d'un complexe, ou fixée à une protéine par des liaisons spécifiques, ligase, un enzyme permettant l'union de deux molécules. L'ADN ligase catalyse l'union de deux fragments d'ADN.
G LIGE adj. est issu (1080) d'un bas latin °laeticus ou °liticus, « qui a la position d'un letus », dérivé de letus (Gloses de Malberg) ou litus (Loi salique). Ce mot, qui a donné la double forme lète, lite en ancien français, désignait des hommes dont le statut était intermédiaire entre la liberté et la servitude, chez certains peuples germains de l'époque des invasions : leur condition, semblable à celle des colons romains, était supérieure à celle des serfs puisqu'ils avaient la capacité juridique et pouvaient posséder un patrimoine ; par affranchissement, ils pouvaient devenir libres. Letus, litus est issu d'un francique °lepu, et appartient à la même famille de mots que l'allemand ledig « libre, disponible ». Le bas latin connaissait déjà laetus, mot d'origine germanique, pour désigner un mercenaire établi sur la rive gauche du Rhin pour cultiver la terre et défendre la frontière : ce colon devait le service militaire en échange de l'allocation d'une terre et conservait les droits et usages de son pays, mais non son organisation politique.
❏  Lige, également liege en ancien français, est devenu un terme d'institutions féodales, qualifiant un vassal tenant un certain type de fief, qui était lié plus étroitement que d'autres envers son suzerain. Par métonymie, il qualifiait aussi le suzerain envers lequel le vassal était tenu par l'hommage lige (1080), et aussi le fief (1080), valeurs disparues en français classique.
■  Par extension, l'adjectif est devenu un caractérisant psychologique signifiant « fidèle, dévoué », d'abord dans un contexte féodal (v. 1155), puis en parlant d'un amant (v. 1225). Ce sens s'est maintenu de nos jours dans des emplois plaisants, dans le syntagme homme lige (1837), réactivation d'une expression féodale (1165-1170). Lige et surtout homme lige ne s'emploient plus qu'en histoire et, au figuré, dans un style soutenu.
❏ voir 1 ALLÉGEANCE.
LIGHT adj., prononcé à l'anglaise laït, est un emprunt oral des années 1980 à l'anglais publicitaire. L'adjectif anglais, « léger », s'est spécialisé pour les produits alimentaires à basses calories. Le français l'a repris dans cet emploi, le sens référentiel étant « sucré avec des édulcorants de synthèse » et, plus généralement, « pauvre en calories ou en produits nocifs » (cigarettes light). ◆  Un sens figuré de pure mode, dans quelques domaines, oppose ce qui est light à ce qui est hard. ◆  Ce mot, qui perturbe la graphie du français, est complètement inutile, tous les emplois pouvant parfaitement correspondre au français léger. Light est surtout fréquent en épithète de noms de marque (un Coca light).
L + LIGNE n. f. est issu (v. 1080, lign), du latin linea, féminin substantivé de l'adjectif lineus, -a, -um « de lin », de linum (→ lin), qui désigne proprement un fil de lin, puis toute espèce de fil textile ou de corde et, par analogie, une ligne tracée ou géométrique. À l'époque impériale, le mot se dit aussi de l'hérédité.
❏  Ligne a été jusqu'au XVIe s. un nom pour l'ensemble des membres d'une même famille, avant de céder cette signification à ses dérivés lignage et lignée (→ ci-dessous). ◆  Le sens concret de « fil tendu dans une certaine direction » (v. 1140) a bientôt donné des emplois techniques se rapportant au cordeau des maçons, des jardiniers, ainsi qu'au fil muni d'un hameçon pour pêcher (1185), avec l'expression très courante pêche à la ligne, surtout associée au délassement individuel, alors que le mot s'emploie aussi pour le procédé commercial, s'opposant à au filet. Les poissons de ligne sont ainsi désignés dans les poissonneries (bar de ligne, par exemple). ◆  Au XIXe et au XXe s., de nouveaux emplois techniques sont apparus, liés à l'utilisation du courant électrique (ligne télégraphique), puis ligne à haute tension, etc., emplois concrets à la différence de ceux que peut avoir ligne en transport (ci-dessous). L'informatique les a encore enrichis (ci-dessous).
■  L'accent étant moins mis sur la matérialité de l'objet que sur son aptitude à indiquer une direction, le mot désigne un trait continu (XIIe s.), en particulier formé par la plume ou le pinceau (v. 1119) d'où, par métonymie, l'ensemble des caractères (écrits, imprimés) rangés sur une ligne droite (XIIIe s.). ◆  Ce type d'emploi a produit les expressions à la ligne (1685), aller à la ligne (1845, après mettre à la ligne 1694), tirer à la ligne (1867) « écrire longuement et inutilement ». La comptabilité, d'après l'ancien usage de présenter les résultats des comptes de gestion selon une forme réglementaire dite ligne de compte (1611), a donné la locution figurée faire entrer en ligne de compte (1835), dont on note déjà une variante chez Montaigne (dès 1580). ◆  Un autre emploi de ligne pour « marque, trait » est celui du français de Belgique pour la raie des cheveux. Par analogie, ligne s'applique à une suite d'objets ou de personnes disposés sur le même plan et faisant face du même côté ; dans le domaine militaire (1654), il a inspiré les expressions techniques arrière ligne (1751), ligne de direction, ligne d'opération (1835). De l'idée de « ligne de troupes faisant face à l'ennemi » viennent la locution figurée usuelle être en première ligne (1829) et l'emploi dans troupe de ligne (1835), et, en français de Belgique, ...de ligne, précédé d'un nombre ordinal, pour une unité d'infanterie. L'accent est encore mis sur la disposition et la direction, en escrime (1690) et en artillerie (1765, ligne de tir). ◆  Avec un sens qui rejoint celui de trait et dans lequel se confondent les notions de « trace » et de « direction », ligne dénomme diverses réalités concrètes, depuis le sillon de la paume (v. 1555), spécialement en chiromancie dans les lignes de la main, jusqu'au système de rails ou de fils électriques destinés au transport ou à la transmission (1845) et, par métonymie, le trajet emprunté par un service régulier (1889).
Cette idée de « voie » avait valu au mot dès le moyen français, le sens figuré de « conduite, direction dans laquelle on agit », par exemple dans les locutions suivre la ligne droite (1538), ne pas s'écarter de la ligne, spécialement, dans le domaine de la politique (1869). ◆  Ultérieurement, ligne a développé le même sens abstrait que trait dans l'expression les grandes lignes [de qqch.] (1873). C'est avec une valeur voisine que les lignes sont évoquées dans la locution faire bouger les lignes « modifier les idées, les habitudes établies » (fin des années 1990). ◆  C'est encore le sémantisme de la direction qui est mis en œuvre en transport, concrètement dans ligne de chemin de fer, d'où les grandes lignes, les lignes de banlieue, abstraitement dans lignes aériennes.
■  D'autres emplois indiquent surtout la capacité de la ligne à séparer deux choses contiguës, que celles-ci soient imaginaires et intellectuelles comme en géographie, ligne équinoxiale (1553) « équateur » d'où absolument ligne dans le passage de la ligne, ou concrètes (XVIIe s.). Cette dernière valeur est particulièrement féconde en marine, dans lignes d'eau (1835), après ligne d'eau (1690), en sport (1858, ligne blanche, ligne de départ) et dans le domaine de la signalisation routière (ligne continue et discontinue, ligne jaune, en France, ayant été remplacé par ligne continue). Ligne jaune, notamment, matérialise une limite à respecter (franchir la ligne jaune, aussi blanche). Le mot ligne s'emploie en sport, pour désigner des limites linéaires. Cet emploi correspond souvent à celui de line en anglais (par exemple dans ligne rouge, ligne bleue, délimitant les sections de la patinoire, au hockey — courant au Québec). ◆  Dans le prolongement de l'idée d'un trait qui sépare, ligne se réfère à un tracé qui limite un objet, un corps (1845), et s'étend, au singulier avec une valeur collective ou au pluriel, au dessin général du corps humain, d'où, familièrement, avoir la ligne « être svelte » (v. 1935).
Avec l'idée de disposition en long, le mot, par calque de l'anglais line, sert (années 1980) à désigner la dose de cocaïne déposée en long et aspirée avec un petit tube.
■  Dans une série de techniques développées aux XIXe, XXe et XXIe siècles, le mot ligne a pris des valeurs courantes : ligne électrique, ligne téléphonique, avec des expressions comportant le mot ligne (ci-dessous). En informatique, l'expression anglaise on line est rendue en français par en ligne, pour « connecté » (imprimante en ligne), « accessible avec un terminal, un ordinateur » (commerce en ligne). Cependant, l'emploi de hors ligne pour off line ne s'est pas imposé.
Par calque de l'anglais, ligne s'emploie pour « liaison téléphonique » (être en ligne, etc.), avec des expressions propres au français québécois, comme garder la ligne (hold the line), fermer la ligne (raccrocher en français de France). Les interférences entre des emplois de l'anglais line et ceux du français ligne produisent, dans d'autres acceptions, des usages propres au Québec, tels ligne d'assemblage (« chaîne de montage »), ou attendre en ligne (« en file » Cf. faire la queue*).
❏  Créés au XIe et au XIIe s., deux dérivés prolongent le sens le plus ancien de ligne en généalogie : 1 LIGNAGE n. m., d'abord linage (1050), recouvre, avec une valeur collective, l'ensemble des parents d'une souche commune, concept capital dans la féodalité, mais déjà confiné à des emplois spéciaux au XVIIe s., et aujourd'hui repris par les historiens et les ethnologues, tout comme son dérivé LIGNAGER, ÈRE n. et adj. (1411).
■  LIGNÉE n. f. (v. 1120) s'oppose à lignage en ce qu'il désigne seulement la descendance d'une personne ; il demeure vivant avec la valeur figurée de « descendance spirituelle » (en locution dans la lignée de) et dans des spécialisations scientifiques en biologie (1907) et en ethnologie.
Le dérivé ancien LIGNER v. tr. (XIIe s.) procède d'autres sens de ligne. Il couvrait un champ d'emplois très vaste de « lancer » (XIIe s.) à « pêcher à la ligne » (1553 en ancien normand) et, au figuré, de « marquer moralement » (v. 1360) à « décider, décréter » (XIVe s.). De nos jours, à côté d'une valeur technique (XIIIe s.), il s'applique surtout à l'acte par lequel on trace des lignes parallèles sur le papier (1530). La marine l'emploie dans l'expression ligner une voile « la disposer pli par pli sur un de ses côtés » (1867).
■  Le verbe a produit les dérivés 1 LIGNEUR n. m., LIGNÉ, ÉE adj., 2 LIGNAGE n. m. d'usage relativement technique, ainsi que LIGNARD n. m. (1848), mot d'abord péjoratif qui ne s'applique plus qu'au compositeur qui fait la ligne courante en typographie (1877), puis (XXe s.) aux électriciens des lignes à haute tension.
De la ligne pour la pêche, procède 2 LIGNEUR n. m. qui désigne (années 1960) un bateau équipé pour la pêche à la ligne (opposé à fileyeur).
ALIGNER v. tr. (v. 1150) est d'un usage plus général que ligner avec le sens de « disposer sur une même ligne droite » ; il compte plusieurs sens particuliers dont « écrire, tracer (des signes du langage, des mots) les uns à la suite des autres » (XVIIIe s., 1752 avec une valeur péjorative impliquant la prétention de celui qui écrit). ◆  Au XIXe s., le pronominal s'aligner a pris le sens familier de « se mettre en ligne pour se battre en duel » (1845). ◆  Employé concrètement pour « se mettre sur la même ligne », le verbe s'emploie au figuré, par exemple en politique pour « se soumettre aux exigences d'une puissance politique » (1948).
■  Le dérivé ALIGNEMENT n. m., apparu dans un sens juridique ancien (1387), désigne l'action de disposer sur une ligne droite (1428), spécialement dans un commandement militaire (1774) et, au figuré, de se conformer aux opinions d'un plus puissant (v. 1950).
■  ALIGNOIR n. m., nom d'un outil servant à fendre les blocs d'ardoise, remonte au moyen français (1410, alignouer) mais les autres dérivés sont postérieurs, que ce soit ALIGNEUR, EUSE (1842), le préfixé DÉSALIGNER v. tr. (1842) ou ALIGNAGE n. m. (1908), nom donné à la division d'un bloc en parties parallèles.
■  RÉALIGNER v. tr. (mil. XXe s.) s'emploie pour « aligner ce qui ne l'était plus », et s'applique notamment à une valeur financière, à un prix. Le dérivé RÉALIGNEMENT n. m. est attesté en 1960.
■  NON-ALIGNÉ, ÉE adj. (1960) qualifie ce qui ne se conforme pas à une politique commune. Le mot est apparu à propos des pays refusant l'alignement sur la politique dirigée par les États-Unis comme sur celle de l'Union soviétique, la disparition de celle-ci donnant au mot, comme à NON-ALIGNEMENT n. m. (1963) une valeur surtout historique, ou bien plus générale.
Sur alignement, a été formé le composé RADIOALIGNEMENT n. m. (1941) qui correspond au balisage d'une ligne de navigation maritime ou aérienne par ondes radioélectriques (→ balise, phare : radiophare).
ENLIGNER v. tr. (1676), terme de charpentier, de relieur (1694) et de maçon (1735), se limite à un usage technique, avec son dérivé ENLIGNEMENT n. m. (1752).
En revanche, SOULIGNER v. tr. (1706 ; 1704, sous-ligner) est usuel, tant avec son sens propre « tracer une ligne au-dessous de (notamment de l'écriture) » qu'avec le sens figuré « signaler à l'attention en insistant » (1794). ◆  Le substantif d'action qui lui correspond hésite entre SOULIGNEMENT n. m. (1828) et SOULIGNAGE n. m. (v. 1850).
■  SOULIGNEUR n. m. (1782), d'abord employé au sens figuré à propos d'un critique qui souligne ce qui lui plaît ou ce qui lui déplaît, puis qui s'attache aux détails (1842), a disparu.
■  Sur le même modèle a été formé SURLIGNER v. tr. (1985), « recouvrir (une partie d'un texte) d'un trait de marqueur à encre transparente », dit SURLIGNEUR n. m. On emploie aussi SURLIGNAGE n. m.
Ligne a aussi produit deux diminutifs employés à la pêche : LIGNETTE n. f. (1723) plus ancien au sens propre de « petite ligne » aujourd'hui inusité, et LIGNEROLLE n. f. (1773).
Un certain nombre de composés en -ligne se rapporte à la suite de traits graphiques : ce sont les termes techniques INTERLIGNE n. f. (v. 1600), qui fut en concurrence avec entreligne, employé au XVIe et au XVIIe s., d'après le moyen français entreligner (1318), et MIXTILIGNE adj. (1732), de nos jours en minéralogie.
■  Le premier a produit INTERLIGNER v. tr. (1579), dont on a tiré INTERLIGNAGE n. m. (1872).
■  Toujours en typographie, ligne sert à former TIRE-LIGNE n. m. (1680) et, ultérieurement, LIGNOMÈTRE n. m. (1906) et LIGNE-BLOC n. f. (1953) en relation avec linotype.
■  CURVILIGNE adj., réfection savante (1613) du type antérieur courbeligne, attesté une fois au XVIe s., prend ligne au sens de « trait » et appartient à la description didactique ; il s'oppose à rectiligne*.
❏ voir ALINÉA, COLLIMATION, LIN, LINÉAIRE, LINÉAMENT, LINOTYPE.
LIGNEUX, EUSE adj. a été emprunté (v. 1505) au latin lignosus « semblable à du bois », de lignum « bois » et plus précisément « bois à brûler » par opposition à materies (→ matière) « bois de construction ». Son pluriel ligna désignait les bûches (sens conservé dans l'espagnol lena) et lignum avait aussi des acceptions métonymiques de « noyau, écale (d'un fruit), objet en bois, planche, tablette ». Il est issu — comme le savaient déjà les Anciens — par °leg-no-m, du verbe legere « ramasser, assembler, cueillir » (→ lire) parce que l'on ramassait les branches mortes pour le feu. Son représentant en ancien français, leigne, a été supplanté par bois*.
❏  Le mot est employé en botanique pour qualifier ce qui est constitutif du bois, en a les caractères et l'aspect (racines ligneuses, 1505 ; plantes ligneuses, 1814). Par analogie, il a été repris en médecine (phlegmon ligneux) avec l'idée de consistance.
❏  L'adjectif a pour dérivé savant LIGNOSITÉ n. f. (1845). ◆  Le préfixé PYROLIGNEUX, EUSE adj. (1802) qualifie un acide obtenu par distillation sèche du bois, et des substances contenant cet acide ; comme nom masculin, les pyroligneux sont la partie aqueuse des produits de distillation du bois (cétones, alcools).
Lignum a servi par la suite à former SE LIGNIFIER v. pron. (1669) « prendre la nature, la consistance du bois », d'où LIGNIFICATION n. f. (v. 1840).
■  Un autre dérivé savant est LIGNITE n. f. (1765, Encyclopédie) avec une valeur rapidement plus spécifique que « bois fossile », c'est-à-dire « type de combustible (charbon) ».
■  Quelques mots didactiques apparaissent au XIXe s. : LIGNIVORE adj. (1805, Cuvier) et LIGNICOLE adj. (v. 1840), en zoologie, LIGNINE n. f. (1813) en chimie.
1 LIGOTER v. tr. est dérivé (1605, ligotter) de ligote n. f. attesté dès l'ancien français au sens de « courroie intérieure du bouclier » (v. 1275). Ce mot se rattache évidemment au latin ligare (→ lier), probablement par un intermédiaire méridional. À ce titre, on peut évoquer le gascon ligo « lien, chaîne » (XIVe s.), déverbal de liga « lier », correspondant gascon de l'ancien provençal liar (av. 1150), d'abord attesté au sens figuré religieux de « retenir les péchés » et, au XIIIe s., au sens concret, « attacher, lier » (av. 1250). Ce mot gascon a donné un dérivé ligot (Landes) « lien (de gerbe, de fagot) », que le français a emprunté sous cette forme.
■  LIGOT n. m. n'est attesté qu'à la fin du XVIe s. (1596) au sens de « jarretière », repris au XVIIIe s. (1758) pour désigner par métonymie un petit fagot (lié) servant d'allume-feu. La reprise en argot de LIGOTE n. f. (1837, Vidocq) à propos d'une cordelette servant à lier la ou les mains d'un malfaiteur peut provenir du verbe.
❏  Le verbe a d'abord été employé dans un contexte rural pour « émonder, tailler, nettoyer (la vigne) ». Il doit être très antérieur, comme le suggèrent les mots occitans (ci-dessus). Le passage du mot à l'argot des malfaiteurs est obscur. Le verbe est attesté dès 1800 par son participe présent substantivé ligotantes (ligotandes), puis à l'actif (1815) pour « lier, garrotter ». Il s'est répandu avec la valeur de « lier étroitement » en relation avec ligote (ci-dessus), au cours du XIXe s., perdant toute connotation argotique ou familière et acquérant des emplois figurés.
❏  LIGOTAGE n. m., d'abord défini dans l'argot des malfaiteurs comme une technique consistant à enchaîner les mains avec une ficelle que l'on serre savamment jusqu'à ce que le sang jaillisse (1879), ce qui suppose cette valeur spéciale pour le verbe, sert aujourd'hui simplement de nom d'action à ligoter, au propre et (1883) au figuré.
Un verbe argotique 2 LIGOTER est une suffixation de lire, sans rapport avec le verbe 1 ligoter.
LIGUE n. f. est emprunté (déb. XIVe s.) à l'italien liga (XIIIe s.) « alliance », forme ancienne et septentrionale de lega, déverbal de ligare (→ lier) qui est la forme primitive de legare.
❏  Le mot est apparu en français pour désigner une association d'États ayant des intérêts communs. Par analogie, il s'applique depuis le XVe s. à une association formée à l'intérieur d'un État pour défendre des intérêts religieux (la Sainte Ligue ou la Ligue, 1598, mouvement catholique pendant les guerres de religion) ou politiques. ◆  Il a développé le sens figuré, souvent péjoratif, de « coalition, complot » (1636), spécialisé à la fin du XIXe s., en France, à propos de mouvements d'extrême droite. Depuis 1863, il se dit aussi d'une association qui se propose de défendre des buts moraux, humanitaires (Ligue des droits de l'homme, Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, LICRA) et des intérêts liés à la solidarité entre des États, avec la Ligue arabe, fondée en 1945.
❏  Son dérivé LIGUER v. tr. (1564) est, dès les premières attestations, surtout employé au passif ou au pronominal.
■  Il a produit LIGUÉ n. m. « qui est de la Ligue » (1596) et LIGUEUR n. m. (1585, 1591, ligueux) dans le contexte des guerres de religion, au sens de « partisan de la Ligue ». ◆  En dehors de ce sens historique, ligueur est employé depuis 1900 (Barrès) au sens de « membre d'une ligue politique » et s'est dit notamment de membres de ligues d'extrême droite hostiles au pouvoir.
LILAS n. m. et adj., altération (1651) de lilac, est emprunté, peut-être par l'intermédiaire de l'espagnol lilac, à l'arabe līlak, lequel vient du persan līlak, variante de nīlak « bleuté ». Ce mot est dérivé de nīl « bleu, indigo », d'où l'anglais nil et anil, le français anil (Cf. aniline). Le persan nīl est apparenté au sanskrit nīla dont vient l'hindi līl. Le turc a leilaq. La plante doit son nom à la couleur bleutée des fleurs de certaines variétés. L'anglais lilac (XVIIe s.) est emprunté à l'ancienne forme française ou à l'arabe.
❏  Le mot désigne un arbrisseau à fleurs en grappe blanches, roses, violacées, bleutées selon les variétés.
■  L'adjectif de couleur (1757), quelquefois substantivé (1867), se réfère à la variété à fleurs mauve rosé.
LILIACÉES n. f. pl. est un emprunt (1718) au latin des botanistes liliaceae, lui-même tiré de l'adjectif bas latin liliaceus, dérivé de lilium (→ lis).
■  Le mot désigne une famille de plantes monocotylédones comprenant le lis, la tulipe, la jacinthe, le muguet, LILIACÉ, ÉE adj. (1762) qualifiant ce qui est de la nature, de l'apparence du lis.
LILIAL, ALE, AUX adj. est un dérivé savant (1492) du latin lilium « lis » (→ lis).
❏  Cet adjectif semble inusité avant la fin du XIXe s., époque où il est repris par l'école symboliste pour qualifier au figuré ce qui est digne du lis, emblème de pureté.
LILLIPUTIEN, IENNE adj. et n., introduit en français en 1727 dans la première traduction des Voyages de Gulliver, le roman de Jonathan Swift (1726), par l'abbé Desfontaines, traduit Lilliputian désignant l'habitant du pays imaginaire de Lilliput mesurant seulement six pouces de taille. En anglais, le mot est employé hors du contexte swiftien dès 1727 (Fielding) pour le nom et 1728 (Morgan) pour l'adjectif.
❏  Employé par Diderot (1765) au sens de « celui qui est minuscule, insignifiant », le mot est aussi adjectif dans ce sens de « minuscule » depuis 1779. La renommée universelle du roman de Swift a effacé tout caractère d'anglicisme ressenti à ce mot, phonétiquement aussi évocateur en français que dans la langue d'origine, où lill- correspond à la prononciation relâchée de little « petit ».
L 1 LIMACE n. f. est issu (1181-1190), de même que l'espagnol limaza et l'italien du nord lümasa, d'un latin populaire °limacea, féminin d'un °limaceus de même sens qui serait dérivé du mot classique limax, -cis « limace » et, en concurrence avec coclea, « escargot ». On admet généralement que limax est emprunté au grec leimax, mais le mot grec ne figure que dans Hésychius et peut n'être qu'une transcription de la graphie latine.
❏  Limace a éliminé l'ancien limaz, limas qui remonte au masculin °limaceus et qui, avec son diminutif limaçon (ci-dessous), servait à distinguer trois types d'animaux, la limace rouge et la limace grise (ou loche), sans coquille, le limaçon, petit et avec coquille, et l'escargot, grand et avec coquille. Depuis la fin du XIVe s., l'usage méridional de déguster ce dernier a gagné le Nord, ce qui a répandu en français le mot escargot*, d'origine provençale. Limace a alors cessé d'être employé en ce sens dans la langue littéraire pour se réserver au gastéropode incomestible sans coquille (XVIe s.) ; cependant, il l'a gardé dans quelques dialectes avec une apposition au nom (comme dans lima à coque, Maine) [→ colimaçon].
■  Le caractère visqueux de la limace, sa lenteur et la répulsion qu'elle inspire souvent font que le mot se prête à des comparaisons à connotation péjorative. Dès le XIIe s., on disait combattre à la limace en parlant de qqn qui ne risque un combat qu'avec un adversaire très faible.
❏  LIMAÇON n. m. (v. 1120) a désigné une tortue, puis (v. 1200) un mollusque gastéropode à coquille. En français de Belgique, il s'emploie aussi pour « limace ». Par analogie avec la coquille de l'animal, il a acquis quelques acceptions spéciales au XVIIe s. : il a désigné un escalier en spirale (1640, degré à limaçon ; 1690, escalier à limaçon) avant de reculer devant colimaçon*. ◆  En anatomie (1684), le mot désigne la cavité de l'oreille interne et (1693) en géométrie la courbe inverse d'une conique propre par rapport à l'un de ses foyers.
■  LIMAÇONNER v. tr. (av. 1590), « tailler en spirale », puis (1611) « tourner en spirale », est encore employé quelquefois au pronominal (av. 1755) avec la valeur figurée de « rentrer dans sa coquille ».
❏ voir COLIMAÇON.
2 LIMACE → LIME
? LIMANDE n. f., apparu sous la forme lumande (v. 1225), est un mot d'origine incertaine : il peut être dérivé, avec le suffixe -ande, de l'ancien et moyen français lime, désignant ce même poisson (v. 1249). Dans ce cas, il serait, comme l'italien lima, à rattacher au latin lima (→ 2 lime) : le poisson a reçu son nom d'après la rugosité de sa peau qui serait « bonne pour limer ou qui mériterait d'être limée ».
❏  Le mot, nom d'un poisson ovale et plat, comestible, se prête à quelques emplois figurés populaires désignant (1808) une femme maigre et plate ou (sens disparu) un homme qui s'humilie (de faire la limande « s'aplatir »).
■  Il semble que les sens techniques ne procèdent pas du nom du poisson, mais soient à rattacher à la même famille que 2 limon* « brancard » : son suffixe représenterait un gaulois anta-, -anto dont le groupe -nt- serait devenu -nd- peu avant la disparition de ce suffixe.
2 LIMANDE serait donc un autre mot quand il désigne une pièce de bois plate et étroite (1319-1327), une bande de toile goudronnée dont on enveloppe un cordage (1831), une règle large et plate dont se servent les menuisiers (1840). Cependant, la confusion homonymique en fait dans l'usage une valeur figurée du nom du poisson, par l'idée de platitude.
❏  En ce sens, il a produit le verbe LIMANDER v. tr. (1363) « garnir de planches » puis « envelopper un cordage d'une limande pour le garantir du frottement » (1842).
1 LIMBE n. m. a été emprunté (1415) au latin limbus, d'abord lembus, terme technique sans étymologie établie qui signifie « bandeau servant de bordure à une étoffe » et de là « bandeau zodiacal » d'où « marge, bord, zone ». Le sens n'interdit pas tout rapprochement avec nimbus, nebula « nuage » (→ nébuleux, nimbe).
❏  Apparu au sens de « bord gradué d'un cercle servant d'instrument de mesure », limbe désigne aussi (1690) le bord du disque d'un astre. ◆  Par analogie, il est employé en botanique (1690) pour la partie large et aplatie d'une feuille, d'un pétale, de la corolle.
❏  Son dérivé LIMBAIRE adj. (1845) est un terme de botanique, et 1 LIMBIQUE adj. (1850 au fig.) se rattache à l'emploi spécialisé du nom en anatomie.
❏ voir LIMBES.
2 LIMBES n. m. pl. est emprunté (fin XIVe s.) au latin limbus (→ limbe) qui, dans la langue ecclésiastique médiévale, désigne le séjour des âmes avant la mort du Christ, celles-ci étant comme en « bordure » de l'enfer (XIe s., limbus ; XIIIe s., limbi patrum) ainsi que celles des enfants morts sans baptême (limbus, limbi puerorum, XIIIe s.).
❏  Limbes, d'abord au singulier puis (1544) au pluriel, désigne le séjour des âmes des justes avant la rédemption du Christ ainsi que le séjour des âmes des enfants morts sans baptême (1608). ◆  Le mot, absent des Écritures, recouvre une notion longtemps discutée dans l'Église catholique. Déjà employé au XVIe s. avec l'idée d'un séjour sans souffrance, par allusion à l'Ancien Testament où les justes attendent l'avènement du Christ. ◆  Il a reçu la valeur figurée (av. 1741) de « région indéfinie », symbole d'un état d'incertitude.
❏  On en a tiré 2 LIMBIQUE adj. « relatif aux limbes » (1873).
L 1 LIME n. f. est issu (v. 1175) du latin lima « lame de fer striée servant à user les métaux par le frottement », abstraitement « retouche, correction, comme par le travail de la lime » ; lima est d'origine inconnue.
❏  Le mot a été introduit avec son sens concret, mais dès ses premières occurrences, il présente des valeurs figurées qui sont sorties de l'usage après l'époque classique. En moyen français, lime sourde (XVe s.) s'est appliqué, par allusion au travail insidieux, sans bruit, de l'outil, à une femme hypocrite (XVe s.), à une personne sournoise (1532), et lime douce s'est dit (1640) d'une mauvaise langue employant la flatterie. Le sens figuré de « soins qu'on apporte à parfaire un ouvrage » (v. 1665), par exemple dans travail à la lime, s'est maintenu plus longtemps, dans un style recherché.
■  Par analogie, lime désigne en zoologie (1797) un mollusque marin à la coquille striée.
❏  L'ancien sens argotique de lyme (1527) puis lime (1597) « chemise » subsiste dans le dérivé argotique 2 LIMACE n. f. (1725 limasse, 1821), aujourd'hui démotivé et rapproché de l'homonyme limace. Il s'agirait d'une évolution de sens également suivie par le catalan, l'espagnol et le portugais lima, du fait que la chemise frotte contre la peau. En français, l'influence du verbe élimer, relatif à l'usure d'un vêtement causée par le frottement, a dû également jouer.
LIMER v. tr. est issu (v. 1175) du latin limare, dérivé de lima « polir, user avec une lime » et, au figuré, « perfectionner ». Comme le substantif, le verbe a eu des valeurs figurées qui ont disparu ou vieilli ; le sens figuré médiéval « ronger, détruire, exciter, irriter » (v. 1175) est sorti d'usage au XVIe s. ; ceux de « quereller, peiner » (1256), « corriger avec soin » (1532), ne se sont pas maintenus au-delà du XVIIe s. (« chercher avec peine, mentalement », 1613). ◆  Il en va de même des extensions « lécher pour polir » (XIIIe s.), « ôter avec la langue les viscosités couvrant les nouveau-nés » (1387). ◆  D'autres spécialisations figurées, tel « user comme sous l'action d'une lime », attesté tardivement (1833), se sont maintenues, surtout grâce au participe passé adjectivé limé (déb. XIXe s.), de même que le sens érotique, « coïter (longuement) », attesté au XVIIIe s., notamment dans les textes de Sade, et qui correspond à frotter.
Le déverbal 2 LIME, employé aux sens figurés de « peine, tourment, application » (XIIe s.), a lui aussi disparu au XIVe siècle. ◆  LIMEUR, EUSE n. (v. 1130) désigne à la fois un ouvrier et, depuis le XIXe s., une machine utilisée pour le rabotage des métaux (1857 au féminin ; 1877 au masculin).
LIMAILLE n. f. (XIIIe s.) désigne l'ensemble des parcelles métalliques détachées par l'action de la lime ; le mot resté usuel est quelque peu démotivé.
■  Il n'en va pas de même pour LIMAGE n. m. qui, après avoir dénommé (fin XVe s.) l'ouvrage d'un artisan dûment limé, désigne plus tard (par le hasard des attestations) l'action de limer (v. 1550).
ÉLIMER v. tr. (XIIe s.) est le seul préfixé verbal de limer à s'être maintenu ; il a eu les sens figurés de « purifier, polir » (v. 1225), disparus.
■  Le sens d'« user une étoffe par le frottement », d'abord et surtout au participe passé adjectivé élimé (1690) et le pronominal s'élimer (1694), puis aussi par la construction transitive (1826), est seul usuel. Cette valeur doit être antérieure aux attestations, une acception figurée pour « affaiblir l'intérêt de » (v. 1580) pouvant en provenir.
❏ voir LIQUETTE, peut-être LIMANDE.
3 LIME n. m. → 2 LIMON
LIMERICK n. m. est un emprunt répandu au milieu du XXe siècle à l'anglais Limerick, nom d'une ville irlandaise, employé pour désigner les poèmes d'un comique absurde d'Edward Lear, publiés en 1846. Ces petites pièces furent à la mode en Angleterre peu après 1900, puis en Europe.