2 LOLO n. m., mot du créole guadeloupéen, s'emploie aussi en français pour une petite boutique vendant de l'alimentation et des produits courants.
LOMBARD, ARDE adj. est tiré (XIIe s.) du nom de la Lombardie, province du nord de l'Italie. Ce nom français correspond à l'italien Lombardia, du latin médiéval Langobardia (VIIe s., Paul Diacre), emprunt au germanique Langbard, analysé comme signifiant « aux longues barbes », étymologie à laquelle on préfère « aux longues haches » (Cf. le francique dans hallebarde, et l'allemand Barte). Le passage de lan- à lon-, en latin, s'explique par l'attraction de longus « long ».
❏
Le mot qualifie ce qui a rapport à la Lombardie et, comme nom, les habitants ou originaires de Lombardie.
Le lombard n. m. s'applique au dialecte italien de Lombardie, avec Milan pour centre.
◆
En histoire de l'art,
bande lombarde se dit du bandeau ornemental vertical et plat caractéristique de l'architecture romane originaire de Lombardie.
◆
La Lombarde n. f. désigne dans le sud-est de la France, le vent qui souffle du Piémont (attesté en 1810 à Gap).
En français médiéval (1260), le mot a été appliqué, du fait de l'activité financière de l'Italie — à laquelle le français doit le mot banque — aux prêteurs sur gages et, péjorativement, aux usuriers. Ce sens a vécu jusqu'à la fin du XVIIIe s., époque où le lombard n. m. désigne le mont-de-piété (attesté 1762).
LOMBES n. m. pl., d'abord lumbe au singulier (XIIIe s.), est emprunté au latin lumbus (surtout au pluriel lumbi) « rein, échine, dos », par métonymie « organes sexuels de l'homme », mot rapproché du vieil islandais lend, de l'ancien haut allemand lentī, et de mots slaves. Le diminutif latin lumbuli « rognons » a donné l'ancien et moyen français lomble (v. 1120, lumbles), ancien nom des reins et, au singulier, du filet de bœuf et de l'échine de porc (XIVe-XVe s.).
❏
Le mot, au sens de « reins », a reculé au profit de reins ; il a reçu au XVIe s. son acception actuelle de « régions postérieures de l'abdomen situées de chaque côté de la colonne vertébrale, au-dessous de la cage thoracique » (v. 1560, Paré).
◆
Comme le mot latin, et le français reins, il donne lieu à un emploi littéraire au sens métonymique de « lieu de manifestation du désir sexuel ».
❏
LOMBAIRE adj. a constitué l'ancien nom (1488,
lumbaire n. m.) de la ceinture qui servait à cacher les organes génitaux. Il a été adjectivé (v. 1560) dans le sens anatomique de « relatif aux lombes », substantivé (1805,
les lombaires) par ellipse du substantif désignant un élément anatomique, surtout les vertèbres. Il a été repris (1834) à propos des plumes qui garnissent la région des reins chez les oiseaux.
◈
La dérivation a été relancée par l'élément
LOMBO-, qui représente
lombes ou
lombaire dans quelques termes de médecine comme
lombo-costal, ale, aux adj. (1805, Cuvier), aujourd'hui abandonné,
LOMBO-SACRÉ, ÉE adj. (1867), de
sacrum* et, au milieu du
XXe s.,
LOMBALGIE n. f. (1931),
LOMBALGIQUE adj. (v. 1950),
LOMBARTHROSE n. f. (1950),
LOMBOTOMIE n. f., LOMBOSTAT n. m. (1962 dans les dictionnaires généraux).
❏ voir
2 LONGE, LUMBAGO, LUNCH.
LOMBRIC n. m., d'abord au pluriel lumbris (fin XIIe s.) puis lombrics (1555), est emprunté au latin lumbricus « ver de terre, ver intestinal », mot rapproché du gallois llyngyr « vers intestinaux ».
❏
Le mot est le nom scientifique du ver de terre.
❏
En référence à la forme du lombric, on a formé LOMBRICAL, ALE, AUX adj., immédiatement spécialisé en anatomie dans la dénomination muscles lombricaux (1562, Paré) pour les petits muscles fusiformes des phalanges des mains et des pieds.
◆
LOMBRICOÏDE adj. (1814) « en forme de lombric » s'emploie en médecine dans ascaride lombricoïde (ou lombricale), ainsi que LOMBRICIFORME adj. (1873).
◆
La zoologie a introduit le terme de classification LOMBRICIENS n. m. pl. au XXe siècle.
L
LONG, LONGUE adj., n. et adv. est issu (v. 980) du latin longus « étendu », qui est employé sur un plan spatial et temporel, comme son correspondant grec makros (→ macro-) dont il a tous les sens. Il se rattache à une racine représentée dans le gotique laggs « long », mais absente de la partie orientale de l'aire indoeuropéenne.
❏
Long, employé dans les premiers textes avec une valeur temporelle, est attesté depuis 1080 avec son sens spatial. Au féminin, la forme actuelle
longue a remplacé au
XIIe s. la forme primitive
longe. Le mot possède ses sens les plus usuels avant le
XIIIe siècle, relatif à l'espace et au temps. L'adjectif spatial s'emploie à propos de ce qui dépasse la moyenne, dans sa plus grande dimension. En français d'Europe, il ne s'applique qu'aux choses, mais au Proche-Orient, en Afrique subsaharienne, à Djibouti, à Madagascar, il s'emploie pour « de haute taille », là où seul
grand est d'usage en français d'Europe et d'Amérique du Nord
(il est plus long que son père), aussi comme nom
(un long).
◆
Dans un emploi spécialisé, il qualifie (
XIVe s.) la quantité d'une voyelle (par opposition à
brève), et entre dans la construction
long à et infinitif (1538).
◆
Au
XVIIe s., il se dit d'une sauce (par opposition à
épais).
◆
Il qualifie ce qui remonte loin dans le temps (1664), par exemple dans l'expression
de longue date, depuis longtemps.
■
Son emploi substantivé au masculin remonte au XIIe s. (v. 1175) : il est toujours introduit par de, au, en pour décrire une chose envisagée du point de vue de sa longueur, notamment dans les locutions de long, en long, et tomber de tout son long (1464). La locution de long en large apparaît au début du XIXe s. (v. 1811) au terme de l'évolution de l'ancienne locution de lonc, de lé (v. 1155), tandis que en long et en large (1676) marque l'aboutissement de en lonc ou en lé (1230) où lé* représente le latin latus.
◆
Depuis le XIIIe s., long entre également dans tout au long, tout du long ; au féminin, à la longue signifie « après une certaine durée ».
■
Long est quelquefois employé adverbialement (1050, longes « longuement ») après quelques verbes (dire, savoir) et dans le domaine de l'habillement (1499) où il s'oppose à court.
❏
Long a produit un assez grand nombre de dérivés. Le groupe le plus ancien est constitué de mots usuels.
■
LONGUEMENT adv. (1050, lungament) est employé avec un sens temporel (→ longtemps) et, depuis le XIVe s., au sens d'« en exposant par le détail ».
■
LONGUEUR n. f., d'abord lungur (1199), longor, s'est d'abord employé au sens temporel, puis au XIIe s. (v. 1140), spatial.
◆
Le mot désigne à la fois la dimension de qqch. dans le sens de sa plus grande étendue, opposé à largeur, puis (v. 1170) la grandeur qui mesure cette dimension.
◆
Au sens d'« espace de temps », le mot entre dans des expressions du type à longueur de temps (v. 1500) et s'est spécialisé pour « longue durée » (fin XVe s.), des longueurs s'appliquant à de longs délais (1529). Il désigne la durée d'un discours, d'où des longueurs (1585), « passages trop longs ».
◆
La valeur scientifique de « grandeur linéaire fondamentale », de nature spatiale, se développe au XVIIIe s. (1765) ; d'où, au XIXe s., le syntagme longueur d'onde*.
◈
LONGUET, ETTE adj., réfection (1314) de
longet (v. 1160), correspond à « un peu long, dans le temps ».
■
LONGUET n. m. désigne le marteau long et fin des facteurs de pianos (1765), puis, par une dérivation indépendante, (1922) un petit pain biscotté mince et long.
■
1 LONGE n. f., ancien féminin de long, désigne (v. 1165) une corde ou courroie servant à attacher un cheval, et (v. 1200) une lanière qui retient la patte du faucon.
◈
LONGER v. tr., d'abord attesté par son participe passé
longiez tissé, tressé et depuis le
XIVe s. sous la forme
longier avec des sens passés depuis à
prolonger* et
allonger*, est rare avant le
XVIIe siècle.
◆
Il est alors employé en vénerie dans
longer le chemin (1655), d'abord en parlant d'un animal, puis d'une chose disposée le long d'un espace (1805).
◈
LONGÈRE n. f. est un dérivé régional de l'ouest de la France (Anjou, Vendée...) désignant un long mur, puis (attesté en 1729) un ensemble de bâtiments de ferme assez bas, disposés en long.
◈
Un second groupe de dérivés de sens plus restreint ou technique apparaît à partir du
XVIIe s. avec
1 LONGUE n. f., substantivation de l'adjectif féminin en musique (1690), le terme argotique
2 LONGUE (1815) « année » par ellipse de
longue année (dès 1725,
longe en ce sens dans le milieu des forçats) et le terme technique
LONGOTTE n. f. (1873) « calicot gros et lourd ».
■
Un autre terme technique, LONGERON n. m., attesté une fois en 1280 pour « poutre d'un moulin », a été repris vers 1767 dans un autre sens avant de se spécialiser en métallurgie au milieu du XIXe s. (v. 1873), notamment en construction automobile, puis aéronautique.
◈
Au
XIXe s. sont apparus des composés didactiques formés sur l'élément
longi-, tels
LONGILIGNE adj. (1888) et plusieurs termes de description zoologique :
LONGIPENNE, LONGIROSTRE, LONGICORNE, adj., ainsi que des composés.
■
LONGUE-VUE n. f. (1825), d'après lunette de longue vue (1667) désigne une lunette d'approche.
■
LONG-COURRIER n. m., (1867) en marine et (1959) en aviation, désigne un bateau, puis un avion de transport desservant de longues distances, l'idée initiale de « transport du courrier » s'effaçant au profit de « transport de voyageurs ».
◈
ALLONGER v. tr. est formé (v. 1160) de
1 a- et
long, avec suffixe verbal.
◆
Il signifie « rendre plus long », au sens spatial, puis temporel. Parmi les emplois spéciaux, d'après « étendre, déployer (un muscle) », on trouve
allonger une botte (en escrime, 1717),
un coup, une gifle. Allonger le pas a une autre valeur. L'argot familier emploie le verbe pour « tendre (de l'argent) », « donner »
(il va falloir les allonger). Le verbe est aussi intransitif.
◆
S'allonger pron. se dit notamment des personnes, pour « se coucher » et au figuré « avouer »
(Cf. se mettre à table).
■
ALLONGEMENT n. m. (1209, alongemens) correspond au fait de devenir plus long (espace et temps).
◆
ALLONGE n. f., déverbal (alonghe, XIIIe s.) a deux valeurs : « pièce qui allonge, prolongement » (1541 en marine), d'où « crochet de boucherie » (1680) et par ailleurs « coup porté en allongeant le bras » (1893 en escrime) et « longueur du bras (pour frapper) », en boxe (1897).
■
Le préfixé RALLONGER v. tr. (ralongier, 1266) ajoute à l'idée d'allonger celle d'une pièce ajoutée à cet effet. Mais l'intransitif (fin XIXe s., les jours rallongent) est synonyme du verbe simple.
◆
RALLONGEMENT n. m. (1329 au figuré ; 1445 au concret) correspond au verbe.
◆
RALLONGE n. f., déverbal (1373 en Flandres, puis au XVIIIe s.) désigne une pièce ajoutée pour allonger, spécialement une table (1765), et s'emploie par métaphore (mil. XIXe s.), surtout pour « somme ajoutée, supplément ». Rallonge s'est spécialisé en argot pour « augmentation de peine de prison » (1886), et au XXe s. « supplément d'argent ».
◆
RALLONGIS n. m., formé (mil. XXe s.) d'après raccourci, concerne un trajet qui allonge un parcours.
◈
ÉLONGER v. tr., d'abord
eslongier (
XIIe s.), signifiait « écarter de soi », d'après l'ancien sens de
long « éloigné », comme dans
longue-vue. Ses formes alternaient avec celles de
esloigner (→ éloigner), y compris au pronominal (
XIIe s.).
■
Tombé dans l'attraction du sens usuel de long, il est devenu synonyme de allonger (fin XIIe s.), restreignant son usage à « étendre un câble dans le sens de la longueur », en marine (1797). Doublant longer, il s'est spécialisé en marine à propos d'un bâtiment qui navigue en longeant (1764).
■
2 ÉLONGATION n. f. (1377) a eu une évolution originale puisqu'il a conservé le sens d'« éloignement qui résulte de la différence entre le mouvement de deux planètes », repris en astronomie au dérivé bas latin elongatio. Il l'a étendu en physique à la distance entre la position extrême prise par un élément vibrant et sa position d'équilibre, mais n'a pas gardé le sens général d'« éloignement », vivant au XVe siècle.
◆
En médecine, le mot s'applique à une plaie qui s'agrandit (1478), à la distension d'un muscle (1538), à une extension provoquée de nerfs, de la colonne vertébrale (1845).
❏ voir
BARLONG, ÉLOIGNER, LOIN, LOINTAIN, LONGANIME, LONGÉVITÉ, LONGITUDE, LONGTEMPS, OBLONG, PROLONGER.
LONGANE n. f. est emprunté (1616) au chinois long-ien ou lumien, littéralement « œil (yen) de dragon (long) », pris comme nom d'une espèce de fruit aux baies globuleuses et lisses. Ce mot est passé, par les récits de voyages, dans le latin du XVIe s. du jésuite italien Matthieu Ricci (mort en 1610) d'où vient la première attestation en français, dans le portugais longana (1688, sous la forme longans), dans l'anglais longan, lungung, lungan, parallèle à l'allemand Longane.
❏
La forme longane s'est imposée aux dépens d'adaptations exotiques comme long-yen (1735 et 1808) pour désigner ce fruit très voisin du litchi*, quelquefois en apposition dans litchi longane (1789).
◆
Par métonymie, le mot désigne aussi l'arbre produisant ce fruit (1789, Lamarck, comme traduction du latin des botanistes euphoria longane).
❏
En ce sens, il est concurrencé par LONGANIER n. m., attesté chez Lamarck (1789), qui cite M. Céré ; Cf. litchi longanier (1873).
◆
Un LONGANISTE n. m., en français de l'île Maurice, est un sorcier guérisseur.
LONGANIME adj. est un emprunt de la langue littéraire, d'abord sous la forme longuanime (1487), au latin chrétien longanimis « patient avec indulgence », de longus (→ long) et animi, génitif d'animus (→ âme).
❏
Le mot est un synonyme plus rare de magnanime indulgent.
❏
Le nom correspondant LONGANIMITÉ n. f. a été emprunté le premier (fin XIIe s., longanimiteit) au dérivé bas latin et latin chrétien longanimitas « patience indulgente ».
◆
Il a développé par extension (déb. XIIIe s.) le sens de « patience à endurer les souffrances morales » ; il est didactique.
L
2 LONGE n. f. provient (v. 1165) d'un latin populaire °lumbea, féminin substantivé de °lumbeus, lui-même dérivé de lumbus « les reins » (partie du corps appelée vulgairement ainsi mais distincte de l'organe) [→ lombes].
❏
Ce terme de boucherie désigne une pièce prise dans le long de l'épine dorsale du veau ou du chevreuil et surtout du porc (v. 1278).
❏
Son dérivé SURLONGE n. f. (1393) a été repris pour désigner un morceau de bœuf, en relation avec l'anglais sirloin, lui-même emprunté à l'ancien français surloigne, forme archaïque de surlonge. Surlonge sert à traduire sirloin en français du Canada ; il ne s'emploie guère en France.
❏ voir
LUNCH.
LONGÉVITÉ n. f. est l'emprunt tardif (1777) du bas latin longaevitas « longue durée de la vie », dérivé du latin longaevus « d'un grand âge », de longus (→ long) et aevium (→ âge).
❏
Longévité n'exprime pas toujours une notion de « longue durée » ; depuis 1839, il est aussi employé avec le sens plus général de « durée de la vie » (chez les démographes, les biologistes).
LONGITUDE n. f. est emprunté (1314) au latin longitudo, nom correspondant à longus (→ long).
❏
Introduit au sens général de « longueur » sur le plan spatial, puis aussi temporel (v. 1560), le mot s'est spécialisé (v. 1361) en astronomie dans longitude du ciel (d'après le latin tardif, VIe s.). Il a reçu son sens courant (1525) en géographie, s'opposant à latitude.
❏
L'adjectif didactique
LONGITUDINAL, ALE, AUX (1314,
longitudinaus), dérivé du latin
longitudo au moyen du suffixe
-al, a gardé son sens premier « dans le sens de la longueur », et perdu le sens de « relatif à la longitude » qu'il avait pris (1543) à la suite du nom. L'épistémologie l'emploie avec une valeur abstraite à propos des études menées sur un seul ou quelques individus suivis tout au long de leur développement.
■
LONGITUDINALEMENT adv. (1732) est très didactique.
LONGTEMPS adv. et n. m. résulte (1498-1515) de la soudure des éléments de l'ancien adverbe long temps (v. 980), de long* et temps*.
❏
En tant qu'adverbe, longtemps signifie que la durée concernée est longue : il ne fait pas double emploi avec longuement, adverbe de manière (→ long), qui laisse entendre que l'on consacre au procès tout le temps nécessaire (ou trop de temps).
◆
Il est employé substantivement (v. 1145, de lonc tens) en complément d'une préposition (avant, de, depuis, pour).
◆
Dans la langue classique, de longtemps « pour longtemps » était synonyme de depuis longtemps (on disait aussi dès longtemps au même sens).
◆
Depuis 1835, longtemps est employé avec un verbe au futur à la forme négative pour indiquer une longue durée dans l'avenir.
◆
Longtemps est entré dans quelques locutions, comme il y a longtemps (1563).
◆
En français de l'océan Indien, d'après le créole, l'expression létemps longtemps s'emploie pour « autrefois, il y a longtemps ».
LOOK n. m. est un emprunt récent (v. 1980) à l'anglais look, proprement « regard », d'où « allure, aspect, apparence ». Ce mot est dérivé (XIIe s.) de to look « regarder », « avoir l'air » (XIIIe s.), verbe correspondant à l'ancien saxon lōkon.
❏
Lancé par le langage de la mode, des média et de la publicité, look, d'abord employé dans le domaine vestimentaire pour « apparence, style extérieur », s'est rapidement étendu à d'autres domaines, apparaissant, aux yeux de ceux qui l'emploient, comme la cristallisation d'un certain air du temps, d'une époque parfois appelée âge du look.
❏
La création de
SE LOOKER v. pron., attesté vers 1983 (style journalistique) au sens d'« acquérir une image, se donner un look », témoigne de l'engouement pour le mot et son concept, qui serait aussi bien rendu par plusieurs mots français (
allure, aspect, voire les mots familiers
tronche, bobine, etc.).
LOOKÉ, ÉE adj. a les mêmes emplois.
■
RELOOKER v. tr. « donner une apparence nouvelle à (qqch., qqn) » (1985) manifeste la lexicalisation en français, avec le dérivé plus rare RELOOKAGE n. m.
LOOPING n. m., apparu (1903) dans l'expression looping the loop, puis absolument looping (1911), est emprunté à l'anglais looping the loop, « exercice d'acrobatie consistant à décrire une boucle verticalement », de to loop the loop d'après lequel le français avait formé boucler la boucle (1814). La locution anglaise est formée de to loop « boucler » (1832) et du nom dont ce verbe est dérivé, loop « boucle, section de corde repliée sur elle-même » (v. 1400), mot sans étymologie connue.
❏
Les premiers « bouclages de la boucle » furent en 1903 des exercices d'acrobatie à vélo au music-hall (Folies-Bergères).
◆
Mais c'est de la figure de voltige aérienne que le mot devait recevoir son sens définitif (1911).
❏
LOOPER n. m. (1917), « aviateur qui effectue des loopings », n'a pas vécu.
LOPE n. f. est issu par abréviation (1899) de lopaillekem lui-même abrégé en LOPAILLE (1887), traitement en largonji de copaille « homosexuel » (1883), lequel est dérivé de copain* avec substitution du suffixe péjoratif -aille à la finale.
❏
Le mot est argotique pour désigner un homosexuel, et, par préjugé, pour « homme lâche, mouchard » (1899).
❏
On en a dérivé LOPETTE n. f. « petite lope » (1889) dans la même double valeur d'« homosexuel passif » et d'« individu méprisable pour sa lâcheté ».
LOPIN n. m. est dérivé (av. 1280, Rutebeuf) de l'ancien français lope (qui n'est cependant attesté au sens de « morceau » qu'au XVe s.), de même origine que loupe*.
❏
Le mot s'est d'abord employé à propos d'un morceau de nourriture, en particulier de viande, spécialement un morceau empoisonné destiné au loup (1378).
◆
Il ne s'est maintenu qu'au sens particulier de « petite surface (de terre cultivable) », (v. 1430) notamment dans lopin de terre, et avec quelques acceptions techniques, comme « morceau de fer destiné à être façonné ».
◆
On l'a utilisé argotiquement au sens de « crachat, postillon » (1867).
LOQUACE adj., apparu tardivement (1765, Voltaire), est emprunté au latin loquax, loquacis « bavard, verbeux, babillard », dérivé de loqui « parler », pris ici dans son acception péjorative. Ce verbe, qui ne s'est maintenu qu'à travers ses dérivés et composés (→ locution, éloquence, interloquer), est sans étymologie claire ; on le rapproche sans certitude du celtique, avec l'irlandais -tluchur dans le vieil irlandais atluchur « je remercie », duttluchur « je prie », mais sans pouvoir établir une famille indoeuropéenne.
❏
Loquace est un synonyme recherché de bavard et exprime quelquefois la nuance d'« éloquent, expansif », qui en atténue la valeur péjorative.
❏
Son dérivé
LOQUACEMENT adv. (1866) est d'usage plus littéraire.
■
Le nom correspondant LOQUACITÉ n. f., emprunté au dérivé latin loquacitas, est attesté une première fois en 1486 et a été repris au XVIIIe s. (Voltaire).
LOQUE n. f. est emprunté (v. 1460) au moyen néerlandais locke « boucle, mèche de cheveux » qui a aussi donné au français l'ancien lok « mèches de laine grossière » (1274-1300) et l'adjectif locu « ébouriffé, hirsute » (v. 1200-XVe s.). Locke (aujourd'hui lok) correspond par exemple à l'anglais lock, à l'allemand Locke, au suédois lock, au danois lok. Ces mots se rattachent à un germanique °lokkaz, °lukkaz, lui-même apparenté à une racine indoeuropéenne se rapportant à l'idée de « plier ». On rapproche aussi le grec lugos « branche flexible que l'on peut tresser », le latin luctari (→ lutter).
❏
Le passage au sens de « chiffon », en français, s'explique parce que la mèche, comme le chiffon, pend de façon informe. Ce premier sens vit encore dans le nord de la France (la loque à reloqueter « chiffon à poussière ») et en Belgique là où on emploie en France chiffon ou torchon, mais en français de France, il a été évincé par celui de « vieux vêtement usé » avec la locution usuelle tomber en loques (1832). Il s'est dit, dans le langage argotique puis familier, pour « vêtement » (1886), de manière non péjorative (d'où loqué, se loquer, ci-dessous).
◆
Employé au XVe s. avec le sens figuré de « mou » (adj.), loque a pris (1880) le sens figuré de « personne sans énergie, sans ressort ».
◆
Par analogie, il désigne en Belgique la peau du lait ; par spécialisation, il se dit pour « maladie infectieuse du couvain de l'abeille » (1863).
❏
LOQUETEUX, EUSE adj. est dérivé (v. 1500) du moyen français
loquet « frange » (v. 1461), diminutif de
loque. Il qualifie une personne misérable, en guenilles (parfois substantivé), et plus rarement un vêtement (1803).
■
LOQUEUX, EUSE adj. (1863) qualifie spécialement un couvain atteint de la loque.
◈
Le préfixé
DÉLOQUETÉ, ÉE adj. (1455), formé à partir de l'ancien
loqueté « déchiré », est encore employé quelquefois dans le style littéraire.
◈
L'argot a formé la série
LOQUÉ, ÉE adj. « habillé » (1935), dans
bien, mal loqué, SE LOQUER v. pron. (v. 1930),
SE DÉLOQUER v. pron. « se déshabiller » et
DÉLOQUÉ, ÉE adj. « dévêtu ».
❏ voir
BRELOQUE.
LOQUEDU ou LOCDU, UE adj. et n. est un abrégé de l'argot loquedutoc, largonji de toqué, apparu dans les années 1930. D'abord adjectif, il correspond à « mauvais, lamentable » ; comme nom, c'est une injure, pour « personne méprisable ». Tous les emplois ont été « parasités » par le sémantisme de loque, loqueteux.
LOQUET n. m., attesté depuis la fin du XIIe s., est, soit le diminutif de l'anglo-normand et normand loc « système de fermeture des portes et fenêtres » (1174-1176), lui-même emprunté à l'ancien anglais loc (anglais lock « serrure », to lock « fermer à clef »), soit le diminutif du moyen néerlandais correspondant loke. Les mots anglais et néerlandais remontent, de même que l'allemand Loch et l'ancien norrois lok, à une racine germanique commune.
❏
Le mot désigne un système de fermeture de porte, spécialement (1643) la barre fermant une écoutille. Il entre dans la dénomination couteau à loquet (1834).
❏
Loquet a produit le verbe archaïque
LOQUETER, autrefois construit intransitivement au sens d'« agiter le loquet pour indiquer que l'on veut entrer » (fin
XIVe s.) et employé quelquefois de nos jours au sens transitif de « fermer au loquet ».
■
Le diminutif LOQUETEAU n. m. (1676) est d'usage technique.