2 NOUVELLE n. f., pour désigner une œuvre littéraire et, par métonymie, un genre littéraire, est emprunté (1414) à l'italien novella « récit imaginaire » (1348-1353, Boccace, Le Décaméron), de même origine que le français 1 nouvelle, et employé au sens de « récit concernant un événement présenté comme réel et récent ».
❏
La traduction en français du Décaméron, œuvre constituée de cent récits répartis sur dix journées, et des Facéties du Pogge, fournit le modèle d'un genre qui, à la fin du moyen âge, remplace le fabliau et le « dit » en vers. Ce sont, par exemple, les Cent Nouvelles nouvelles, titre qui exploite l'homonymie avec 1 nouvelle, l'Heptaméron de Marguerite de Navarre. En français moderne, nouvelle est plus précis que récit, narration et, en tant que genre littéraire, se distingue de conte par la nature du contenu et de roman par l'ampleur.
◆
On notera que l'anglais novel, repris lui aussi (XVIe s.) à l'italien novella à propos des récits de Boccace, a évolué vers le sens plus général de « roman, fiction » (XVIIe s.), le sens de « nouvelle » étant réalisé par short story.
❏
Le dérivé
2 NOUVELLISTE n. « auteur de nouvelles » est attesté (1852) chez Baudelaire qui l'emploie à propos d'Edgar Poe. On a employé aussi
novéliste, novelliste et
NOUVELLIER n. m. (1847, Balzac) qui n'a pas vécu.
◈
Deux autres mots, l'un de musique, l'autre de théorie littéraire, peuvent être rattachés à ce mot.
NOVELETTE n. f. est emprunté à l'allemand
Novelette, créé par Schumann (1838) à partir de l'italien
novella « récit », et surtout du nom de Clara
Novella, cantatrice. Ce genre musical pour piano a été illustré par Schumann, puis par d'autres compositeurs (tel Poulenc).
◆
NOVÉLISATION n. f. est un emprunt au dérivé nord-américain de l'anglais
novel « roman »,
novelization, désignant la transformation en roman d'un récit de scénario (cinéma, télévision), opération symétrique de l'adaptation d'un texte romanesque en scénario. Le mot, apparu vers 1980, est heureusement rare en français.
NOVA, au pluriel NOVAE n. f. est le féminin substantivé (fin XIXe s.) de l'adjectif latin novus « nouveau » (→ 1 neuf) par ellipse du substantif dans le syntagme stella nova « étoile nouvelle ». L'anglais nova est attesté depuis 1877 par Chambers qui attribue la paternité du mot à Herschel.
❏
Le mot désigne en astronomie une étoile non visible à l'œil nu qui présente brusquement un éclat très vif mais dont l'intensité décline ensuite.
❏
On a appelé SUPERNOVA, au pluriel SUPERNOVAE n. f. (mot enregistré dans Larousse, 1949) une nova de très forte magnitude. Il s'agit probablement d'un emprunt à l'anglais où le mot (attesté en 1934) est formé du latin super et de nova.
NOVATEUR, TRICE adj. et n. est emprunté (1578) au latin novator « celui qui renouvelle », formé sur le supin novatum de novare « changer, innover », de novus (→ neuf).
❏
En français, le mot est d'abord employé comme nom et, depuis 1770, également comme adjectif. Jusqu'au XVIIIe s., il était toujours péjoratif (de même que nouveauté) et s'appliquait presque exclusivement aux propagateurs d'idées nouvelles en matière religieuse. Furetière (1690) applique le mot à Calvin, à Luther, et l'associe au nom de réformateur.
◆
Son emploi s'est étendu dans la seconde moitié du XVIIIe s. cependant qu'il a perdu, lentement, sa valeur défavorable. Il est partiellement concurrencé par innovateur.
❏
Du même groupe latin, on a emprunté
NOVER v. (1482), supplanté par
innover* mais repris comme terme de droit financier (1868), et
NOVATION n. f., emprunt juridique (1307,
novacion) au latin
novatio, -onis également employé en droit et formé sur le supin de
novare. La langue courante connaît surtout
innovation, mais en droit financier,
novation a pris un sens spécial : « remplacement par convention d'une valeur obligatoire par une autre » (d'où le verbe
nover).
■
Enfin, aussi formé sur le supin de novare, NOVATOIRE adj. est un terme de droit (1874) dans acte, effet novatoire.
L
NOVEMBRE n. m. est issu (1119) du latin november (au génitif novembris), proprement « neuvième mois de l'année », de novem (→ neuf), parce que le calendrier romain commençait en mars.
❏
Le mot désigne le onzième mois de l'année.
NOVI n. m. est un emprunt (1861) à l'occitan novi, novia, nobi, nobia (XIVe s.), du latin novus (→ neuf, nouveau). Dans la France occitane, de l'Auvergne à la Provence et au Languedoc, le mot s'emploie pour « nouveau marié » ou, surtout au pluriel, « fiancé(s) » (les novi, les novis).
NOVICE adj. et n. est un emprunt ancien (1176) au latin novicius « nouveau, récent », dérivé de sens technique tiré par renforcement (selon Alfenus) de l'adjectif novus (→ neuf). Novicius était notamment employé à propos de l'esclave dont la servitude était récente et, en latin chrétien, de celui qui prenait l'habit d'un ordre religieux et se formait à la vie conventuelle avant de prononcer ses vœux (déb. Ve s., adj. et n.). Il est substantivé au neutre novicium (par ellipse de verbum) pour désigner un néologisme, une innovation langagière.
❏
En français, le mot a d'abord le sens d'« inexpérimenté » (1176, adj.), puis s'emploie comme nom (XIIIe s.), perdant toute valeur caractérisante psychologique, spécialement dans un contexte monacal (v. 1278), puis aussi à propos d'un apprenti matelot de seize à dix-huit ans (1805).
◆
Il reprend un contenu psychologique d'inexpérience à propos d'une personne qui n'a pas l'expérience du monde (surtout dans le domaine de l'amour).
❏
NOVICIAT n. m. (1535) est d'abord un terme religieux qui correspond au latin médiéval de même sens noviciatus (1330). Par métonymie, il désigne la partie d'un couvent réservée aux novices (1609) et, par analogie, se dit littérairement de l'apprentissage que l'on fait d'une profession, d'une activité particulière (1611).
NOVILLO n. m. est un emprunt (1902) à l'espagnol novillo, dérivé de novo au sens de « jeune », appliqué au jeune taureau de combat.
❏
NOVILLADA n. f., autre emprunt direct (1924) à l'espagnol, ainsi que NOVILLERO n. m. (1935, en anglais 1932 sous la plume d'Hemingway) s'emploient pour « corrida de novillos » et « matador qui, n'étant pas encore confirmé, ne peut toréer que des novillos ».
❏ voir
NEUF, NOUVEAU.
NOVOCAÏNE n. f. est le nom commercial (1894), par contraction de novococaïne, de cocaïne, d'un anesthésique local administrable par injection.
NOVOTIQUE n. f. a été formé (1980) avec la finale de informatique sur novo-, élément virtuel tiré du latin novus (→ neuf).
❏
Le mot désigne l'ensemble des techniques et des phénomènes économiques nouveaux liés à l'informatique, concept aussi inutile que le mot est mal formé.
L
NOYAU n. m. est issu (déb. XIIIe s.) du bas latin nucalis, adjectif dérivé de nux (→ noix) dont le diminutif nucleus a donné plusieurs mots en français (→ nucléaire). Nucalis, « de la grosseur d'une noix, semblable à une noix », a été substantivé en latin populaire pour désigner le centre dur et ligneux de certains fruits. L'ancien provençal en a tiré nogalh, nogaill avec un changement de suffixe (→ nougat).
❏
En français, le mot, sous la forme
noiel, noiaus puis
noyau (1530), désigne la partie dure d'un fruit ; dans ce sens, il entre ultérieurement dans l'expression
eau de noyau (1721) « liqueur à base d'amandes de noyaux, généralement d'abricots » d'où, elliptiquement,
du noyau (1922). Dans ce sens premier, le mot a donné lieu à une expression de la dureté, pour un siège, avec
rembourré avec des noyaux de pêche (déjà chez Stendhal, 1801).
■
Par analogie, au cours du XVe s., noyau se dit de la partie compacte au centre d'un élément naturel ou artificiel, d'abord en architecture, à propos de l'axe central d'un escalier tournant sur lequel porte l'extrémité des marches (1475). Au XVIIe s., il prend les sens techniques de « partie pleine dans un moule » (1669) et de « masse (d'une sculpture) » (1690).
D'autres valeurs se sont développées dans les sciences depuis la seconde moitié du
XVIIIe s. :
noyau est employé en astronomie à propos de la partie la plus solide et la plus brillante d'une comète (1749), de la partie lumineuse des taches du soleil (1765) et, en géologie, pour désigner la partie centrale du globe terrestre (1791). Il est passé au
XIXe s. dans le langage des médecins pour désigner un petit amas d'éléments nouveaux, un nodule (1847).
◆
En biologie, il désigne le corps sphérique observé dans presque toutes les cellules (av. 1855) et qui constitue le support des gènes.
◆
Noyau est également employé en électricité (1890) et, depuis 1915, en physique à propos de la partie centrale de l'atome, après l'anglais
nucleus, employé en 1912 par Rutherford ; dès 1844, Faraday avait employé le terme pour un concept hypothétique
(→ nucléaire).
■
Noyau entre aussi dans le langage des météorologues (1950) à propos des fines particules en suspension dans l'air ayant la propriété d'activer la condensation, et en linguistique dénomme l'unité minimale de la phrase de base, aussi en apposition dans phrase noyau (1966 ; anglais nucleus dès 1934).
L'emploi figuré de noyau à propos d'un petit groupe de personnes est attesté à partir de la fin du XVIIIe s., avec la valeur de « élément ou groupe d'éléments donnant vie à un ensemble » (av. 1781) et celle de « petit groupe de personnes qui a donné naissance à un groupe plus vaste » (1794). Il est parfois pris au sens particulier de « petit groupe de gens qui exerce une activité au sein d'un milieu hostile » (1844).
❏
Les dérivés sont apparus dans le premier tiers du
XXe siècle.
■
Le dénominatif NOYAUTER v. tr. (1920, Congrès de Tours) procède du dernier sens de noyau, de même que son dérivé NOYAUTAGE n. m. (1920, Congrès de Tours).
■
NOYAUTEUR, EUSE adj. et n. (1932) est d'abord le nom de l'ouvrier fondeur qui exécute et pose les noyaux de moules.
◈
DÉNOYAUTER v. tr. (1922), formé sur
noyau par préfixation et suffixation, a exclusivement le sens propre de « enlever le noyau d'un fruit ».
■
On en a tiré DÉNOYAUTAGE n. m. (1929) et DÉNOYAUTEUR, EUSE n. (1929), spécialement employé au féminin dénoyauteuse pour une machine qui sert à dénoyauter les fruits.
❏ voir
NOIX, NUCELLE, NUCLÉAIRE.
L
2 NOYER v. tr. est issu, sous la forme neier (1080) puis noiier (1176-1184), noyer, du latin necare « faire périr, tuer (avec ou sans effusion de sang) », en particulier « tuer sans arme » et par spécialisation en latin médiéval « faire périr par immersion dans l'eau » (590). Ce verbe est dérivé de nex, necis « mort violente, meurtre » (à distinguer de mors « mort naturelle » → mort), mot racine de genre féminin et animé. Selon Festus, nex désignerait spécialement la mort donnée sans blessure, à la différence de caedes, dérivé de caedere « abattre, massacrer » (→ -cide, occire). Cette restriction de sens n'apparaît pas dans les textes mais on la rapprochera de la spécialisation du verbe en latin médiéval (une autre valeur possible étant « étouffer »). La racine du mot est la même que celle de noxa « faute, dommage », de nocere (→ nuire), et du grec nekros (→ nécro-).
❏
En français,
neier, noier a dès les premières attestations le sens transitif de « faire périr dans l'eau » et, à la forme pronominale
se noyer, celui de « se donner la mort par immersion » (1174-1176). À la même époque, il est employé intransitivement au sens de « disparaître dans les eaux » (1174-1178), là où l'usage moderne emploie le pronominal
se noyer.
■
Au XIIIe s., par extension, noyer développe le sens de « recouvrir d'une quantité d'eau, de liquide suffisante pour éteindre, étouffer, faire disparaître », en particulier dans les locutions noyer dans le vin (1240-1280, se noier de vin), surtout noyer ses soucis dans (le vin...) (XVe s.), et noyer dans le sang (1673, le complément désignant une ville).
■
Plusieurs sens particuliers apparaissent au XVIIe s. tels ceux de « envelopper complètement dans une maçonnerie (un objet de bois ou de fer) » (1605) et, dans l'usage général, « mouiller abondamment » (1607), se noyer de pleurs le visage continuant noyer en plours (fin XIIIe s.).
■
La forme pronominale commence à être employée au figuré avec le sens de « se laisser submerger, perdre pied » (av. 1628), d'où la locution se noyer dans les détails (1831, Balzac) et par métaphore se noyer dans un crachat (1690), une goutte d'eau (Bossuet), un verre, un bol d'eau « se perdre dans les détails ».
■
Noyer exprime aussi avec une valeur péjorative l'idée de « faire absorber et disparaître dans un ensemble vaste et confus ; rendre indiscernable », spécialement en peinture (1676).
◆
Son sens classique figuré de « ruiner le crédit de (qqn) » (1680) est sorti d'usage.
◆
Ultérieurement, le verbe prend, toujours avec l'idée d'indiscernabilité, le sens de « rendre sa pensée confuse, insaisissable, par un langage prolixe », par exemple dans se noyer dans des explications (1770).
◆
La locution noyer le poisson (1932), d'abord employée techniquement en pêche (1888) pour « épuiser le poisson une fois ferré en lui élevant par moment la tête hors de l'eau », a été influencée par le sens figuré et correspond à « rendre incompréhensible, s'en tirer par des paroles confuses ».
❏
NOYÉ, ÉE, le participe passé, est adjectivé et substantivé avec divers sens du verbe : il désigne un mort par noyade (v. 1200) et une personne en train de se noyer (1690), au figuré, une personne ruinée, submergée (1546).
■
L'adjectif qualifie aussi un regard brumeux (1832). On appelle techniquement NOYÉ-D'EAU n. m. une nébulosité dans la pâte à papier (1803).
◈
Noyer a produit deux noms d'action.
■
Le premier, NOYADE n. f. est apparu sous la Terreur (1794) au sens d'« action de noyer plusieurs personnes à la fois », à propos des exécutions sommaires et massives ordonnées par le conventionnel Carrier en 1793 à Nantes.
◆
La valeur étendue et plus neutre de « fait de se noyer par accident » n'est attestée qu'une cinquantaine d'années plus tard (1846).
◆
Le mot est aussi pris au figuré pour l'action de perdre l'honneur, de ruiner son crédit (1866).
■
NOYAGE n. m. (1949, Larousse) est limité au sens technique d'« action de submerger, de recouvrir de liquide ».
■
Le préfixé ENNOYER v. tr. (1554, ennoier « submerger ») est un terme de géographie signifiant « recouvrir (une zone terrestre) » en parlant de la mer ou de l'eau et évoquant un phénomène durable, à la différence d'inonder.
◆
Il a produit ENNOYAGE n. m. (1932 ; 1870, autre sens).
■
DÉNOYER v. tr. « dégager (une galerie noyée) » et son dérivé DÉNOYAGE n. m. apparaissent au XXe s. dans l'usage technique.
L
NU, NUE adj. et n. m. est issu (1080) sous les formes nud, nut et nu du latin nudus « dévêtu », « dénudé de, dépouillé de », quelquefois employé comme le grec gumnos (→ gymn[o]-) et, peut-être à son imitation, aux sens de « légèrement vêtu » et « sans ornement, simple ». Il semble qu'il y a eu un adjectif indoeuropéen représenté par un dérivé thématique à vocalisme radical long que l'on trouve dans le vieux slave nagŭ, le lituanien nůgas, et dans des dérivés pourvus de suffixes divers (en latin, dans les langues germaniques...).
❏
Nu, employé dans sa première attestation au sens figuré de « dépouillé de la chair »
(os nut), signifie « dévêtu » (déb.
XIIe s.), souvent renforcé en
tout nu (1530,
tout fin nu),
nu comme un ver (v. 1278) et, par extension, « mal et pauvrement vêtu » (1176-1181), sens devenu archaïque. L'expression
nu, nue en chemise, « vêtu seulement d'une chemise », ne s'emploie plus.
■
Dès 1080, l'adjectif qualifie aussi une épée sortie de son fourreau, puis un cheval sans harnais ni selle (1590), un œil sans lunettes ou sans appareil optique, dans la locution à œil nud (1690), devenue à l'œil nu (1798).
◆
Il a en outre des emplois techniques en zoologie (1636) et en botanique (1763, graine nue).
■
L'adjectif qualifie au figuré une chose dépourvue d'ornement, etc. (1155), notamment une terre, un terrain sans verdure ni arbres (1609), une habitation mal ou peu meublée (1690).
◆
Au XXe s., en français de Madagascar, on emploie l'adjectif à propos d'un produit alimentaire commercialisé sans emballage.
◆
Depuis le XVIe s., il réalise l'idée de « simple, dépouillé » à propos de réalités abstraites, notamment la vérité (1547), le style (1549), avec des connotations péjoratives ou favorables, selon les contextes.
■
Il entre dans la locution adverbiale à nu (1174-1176) « sans vêtement » et en parlant d'un cheval que l'on monte sans selle ni harnais (1660), en concurrence avec à poil et à cru.
■
Il est substantivé dans le nu, un nu (1535) pour désigner une partie du corps laissée nue et spécialement, en arts, pour la représentation du corps humain nu (1669).
❏
Nu entre dans quelques composés.
■
NU-PIEDS n. m. (1951) désigne une sandale légère ; on disait (1937) des pieds nus, emploi aujourd'hui désuet.
■
NUE-PROPRIÉTÉ n. f. (1765), terme de droit civil, aussi écrit sans trait d'union (Littré), s'oppose à usufruit. NU-PROPRIÉTAIRE n. (1845), lui correspond.
■
De nu est dérivé NUEMENT, NÛMENT adv. (1210) « en état de nudité », également au figuré « simplement » (1213) et « sans fard » (1350), rare et d'usage littéraire.
◈
Le radical du latin
nudus a servi à former
NUDISME n. m. (1932) et
NUDISTE n. et adj. (1929), ce dernier ayant très rarement le sens de « peintre de nus » et se rapportant à un naturiste (1932), également comme adjectif (1932 ; 1933,
camp nudiste).
❏ voir
NUDITÉ, DÉNUDER, DÉNUER ; VA (VA-NU-PIEDS).
NUBILE adj. est emprunté (1509) au latin nubilis « en âge d'être mariée (d'une jeune fille) », dérivé de nubere « se marier, pour une fille » (→ noce), étendu dans la langue populaire à l'homme, pour lequel l'expression propre était domum ducere, proprement « conduire à la maison ».
❏
Le mot a été introduit avec la valeur juridique « en âge d'être marié » (âge nubile), en parlant d'une fille puis indifféremment des deux sexes (1611). Il reste attaché à la jeune fille qu'il qualifie comme « pubère, formée » (1509).
❏
Son dérivé savant NUBILITÉ n. f. (1750) désigne l'état d'une jeune fille (quelquefois d'un adolescent) en âge de se marier, d'où la puberté.
?
NUBUCK n. m., terme attesté en 1979, mais probablement antérieur à la Seconde Guerre mondiale, est d'origine incertaine. On évoque un emprunt à l'anglais où il résulterait de new buck « nouveau daim », de new « nouveau », mot germanique reposant sur la même racine indoeuropéenne que le latin novus (→ nouveau), et buck « daim », lui aussi d'origine germanique (peut-être apparenté à bouc*).
❏
Le mot désigne en commerce un cuir de bovin tanné, poncé sur fleur pour lui donner une surface veloutée comme celle d'un daim véritable mais ne provenant pas d'un cervidé. Dans l'usage courant, l'appellation daim est souvent utilisée (abusivement en technique et en commerce) pour nubuck.
NUCELLE n. f., mot de botanique, est un dérivé didactique (1830) du latin nux, nucis, pour dénommer ce qui se disait nucleus en latin (→ noix, noyau), à savoir la partie centrale de l'ovule des plantes phanérogames, où se situe la cellule reproductrice.
NUCLÉAIRE adj. est formé savamment (1834, dict. de Jourdan) sur le latin nucleus, diminutif de nux (→ noix) qui désigne le noyau, la partie dure d'un corps, la partie interne d'une chose (Cf. les emplois de noyau en français).
❏
Nucléaire est d'abord employé par les botanistes au sens ancien de « relatif au noyau de la cellule végétale, à son contenu », avant d'entrer dans le vocabulaire de la biologie au sens de « relatif au noyau de la cellule » (1857, le noyau étant ainsi dénommé avant 1855).
■
Depuis 1919, c'est un terme de physique qui signifie « relatif au noyau de l'atome » (l'anglais nuclear est attesté en ce sens depuis 1914). L'adjectif devient courant dans les années 1950 avec le sens de « qui concerne l'énergie du noyau atomique », entrant dans les syntagmes énergie nucléaire (1951), centrale nucléaire (1962) et substantivé en le NUCLÉAIRE n. m. (1966) pour désigner cette énergie. Le développement de cet emploi est partiellement dû au besoin de différencier le domaine de l'énergie atomique pacifique du domaine militaire, où l'on continue d'employer atomique.
◆
Nucléaire est également employé en sociologie dans la description de la famille restreinte moderne (1949 ; en anglais nuclear family, Murdoch) et en linguistique (1953) pour ce qui se rapporte au noyau de la phrase.
❏
L'adj. a pour dérivés NUCLÉARISER v. tr. (1915), d'où NUCLÉARISATION n. f. (1959).
❏
À l'exception des couples
MONONUCLÉAIRE adj. (1897) et
MONONUCLÉOSE n. f. (1901),
POLYNUCLÉAIRE adj. (1899) et
POLYNUCLÉOSE n. f. (1903), termes de biologie et de médecine concernant des cellules à un seul ou à plusieurs noyaux, les dérivés et composés de
nucléaire ont trait au sens du mot en physique et sont apparus après 1950.
■
THERMONUCLÉAIRE adj. et n. m. (1950) est sorti de l'usage scientifique strict à cause de son emploi dans bombe thermonucléaire.
■
En revanche, ÉLECTRONUCLÉAIRE adj. et n. m. (1962) et ÉLECTRONUCLÉARISATION n. f. (1972) ne sont que des termes techniques.
■
DÉNUCLÉARISER v. tr. et DÉNUCLÉARISATION n. f. (tous les deux v. 1957). Les craintes concernant les dangers engendrés par l'exploitation de l'énergie nucléaire ont succédé à l'euphorie des années 1960, mais on relève ANTINUCLÉAIRE adj. dès 1960, avant son antonyme PRONUCLÉAIRE adj. (v. 1970).
■
Du latin nucleus, on a tiré les éléments NUCLÉO-, NUCLÉ- qui entrent dans la construction d'un certain nombre de termes scientifiques en biochimie et en physique nucléaire ; par exemple, NUCLÉO-ÉLECTRIQUE adj. (1974) qualifiant l'électricité produite à partir de l'énergie nucléaire.
◈
Quant à
NUCLÉON n. m., terme de physique nucléaire désignant chacun des éléments constituant le noyau atomique, il est formé (1923) de l'élément
nucléo- et du suffixe
-on de
proton et
neutron.
◆
Son dérivé
NUCLÉONIQUE adj. et n. f. (1950) est probablement emprunté à l'anglais de même sens
nucleonic, adj. (1946), dérivé de
nucleon (1923) avec le suffixe
-ic. Le mot a été introduit dans la terminologie scientifique française par les physiciens Théo Kahan et Claude Magnan.
◈
La chimie biologique connaît plusieurs autres dérivés et composés, dont
NUCLÉIQUE adj. servant à qualifier les acides du noyau de la cellule (1896), essentiels dans la constitution du matériel génétique.
◆
L'adjectif emprunté à l'anglais
nucleic (acid) a servi à former deux composés,
ribonucléique et
désoxyribonucléique (→ ribo-).
■
NUCLÉASE n. f. (1906) désigne l'enzyme qui catalyse la scission des acides nucléiques.
■
NUCLÉINE n. f. (1882) a été remplacé par NUCLÉOPROTÉIDE n. m. (1903), « combinaison d'un acide nucléique et d'une protéine basique ». Lorsque l'acide est ribonucléique, on parle de NUCLÉOPROTÉINE n. f. (1908, Revue gén. des sc.), formant la substance même des chromosomes.
■
NUCLÉOSIDE n. m., qui succède (1907) à nucléosine (1897), désigne la combinaison moléculaire qui est à la base des nucléotides.
■
NUCLÉOSOME n. m. (1938), de soma, désigne la structure biochimique de la chromatine.
■
NUCLÉOTIDE n. m. « unité élémentaire des acides nucléiques » est attesté en 1961 (1963 dans les dictionnaires généraux).
◈
NUCLÉIDE n. m. (
nuclide, 1958, puis
nucléide, années 1960) dénomme un atome défini par son état d'énergie nucléaire, son numéro atomique et son nombre de masse.
◆
RADIONUCLÉIDE n. m. (
radionuclide en 1959) désigne un nucléide radioactif.
■
La formation de mots de biochimie en nuclé(o)- est ouverte.
◈
L'élément
nuclé- sert aussi à former
NUCLÉOLE n. m. (1844) « organite des noyaux cellulaires », d'où
NUCLÉOLÉ, ÉE adj. (1877) et
NUCLÉOLAIRE adj. (1897).
◈
Par ailleurs, le latin
nucleus a fourni
NUCLÉUS ou
NUCLEUS n. m., d'abord en botanique (1834, Jourdan) pour « nucelle », puis en préhistoire pour désigner un noyau de roche dure taillé par éclats (1864).
◆
En physique (v. 1970) le mot, par réemprunt à l'anglais, s'applique au noyau atomique entouré des électrons. Le mot a d'autres valeurs didactiques, en concurrence avec
noyau ; il a servi à former
PRONUCLÉUS n. m. (1897), terme de biologie.
■
Enfin, on a formé sur nucleus le terme de biologie NUCLÉÉ, ÉE adj. « qui possède un ou plusieurs noyaux » (1855, nuclé).
NUDITÉ n. f. est emprunté (v. 1350) au bas latin nuditas, -atis « état d'une personne ou d'une partie du corps nue » et au figuré « défaut d'ornement (du style) », dérivé de nudus (→ nu).
❏
Nudité a supplanté les anciennes formes issues de
nuditas par évolution phonétique,
nuiteit, nueté (fin
XIIe-
XVe s.). Le mot désigne l'état d'une personne nue ou d'une partie du corps dénudée.
■
Le pluriel est particulièrement employé dans la langue classique pour désigner les parties du corps nues ou presque nues qui sont habituellement couvertes (1687, Fénelon, Traité de l'éducation des filles), spécialement en peinture (1657) pour la représentation esthétique d'un sujet nu : Furetière le glose par « figures lascives ou sans aucune draperie » (1690).
■
Depuis le XVe s. (1470), nudité est aussi employé au figuré pour l'état de ce qui est dépouillé d'ornements et, spécialement en littérature, du style (1840). Depuis le XVIIe s. (1663) il se dit aussi, avec une valeur morale favorable, de l'état d'une chose révélée dans sa vérité, sans fard ni dissimulation.